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25 décembre 2012 2 25 /12 /décembre /2012 04:18

Brahimi à Damas, l'opposition syrienne dénonce les "massacres"

 

L'émissaire international sur la Syrie, Lakhdar Brahimi, s'est entretenu lundi à Damas avec le président Bachar al Assad des moyens de sortir du conflit pendant que l'opposition dénonçait les "massacres" commis par les forces gouvernementales.

L'émissaire spécial de l'Onu a rencontré le chef de l'Etat syrien pour la troisième fois depuis sa nomination en août, mais la situation sur le terrain s'est fortement dégradée et le diplomate algérien a dû rejoindre Damas par la route en provenance du Liban, aucun avion ne pouvant atterrir à l'aéroport de la capitale pour des raisons de sécurité.

Au lendemain d'une frappe aérienne sur une boulangerie d'Halfaya, dans la province de Hama, qui aurait fait au moins soixante morts, Lakhdar Brahimi a reconnu que "la situation en Syrie reste un motif d'inquiétude".

"Je lui ai parlé de ce que je voyais à l'étranger et des réunions que j'avais tenues avec des dirigeants de la région et d'ailleurs", a-t-il déclaré à la presse.

Le chef de la Coalition nationale syrienne (CNS), qui regroupe une grande partie des opposants à Assad, n'a pas commenté directement la venue de Brahimi à Damas mais il s'est indigné du "silence sur les massacres commis contre le peuple syrien".

"Le massacre d'Halfaya n'est pas seulement un massacre mais un message envoyé à la fois par ceux qui font partie du régime et ceux qui le soutiennent, et qui peut se résumer ainsi : ou vous mourez ou vous acceptez l'asservissement que nous vous imposerons", a écrit Mouaz Alkhatib sur sa page Facebook.

"Cet acte odieux est une nouvelle preuve de la sauvagerie du régime de Bachar al Assad, qui ne recule devant aucun moyen pour se maintenir au pouvoir", a déclaré le ministère français des Affaires étrangères dans un communiqué.

Dans la même province de Hama, dans le centre du pays, les rebelles ont dit avoir abattu lundi un chasseur de l'armée de l'air qui volait à basse altitude.

Compte tenu des restrictions imposées par le régime syrien au travail des médias, il n'a pas été possible de vérifier de source indépendante la destruction de cet avion.

 

GAZ TOXIQUE À HOMS ?

Les rebelles ont conquis ces dernières semaines plusieurs bases militaires à travers le pays. Les combats se déroulent désormais aux périphéries sud et est de Damas.

Le conflit, qui a débuté en mars 2011 par des manifestations pacifiques réprimées dans le sang avant de se transformer peu à peu en guerre civile, a fait plus de 44.000 morts selon les opposants.

Face à la progression des rebelles, les forces syriennes s'appuient sur leur aviation et leur puissance de feu supérieure. L'Otan et des responsables américains les accusent d'avoir tiré des missiles de type Scud contre l'insurrection.

Les puissances occidentales ont également mis en garde Damas contre l'utilisation d'armes chimiques, qui constitueraient le franchissement d'une ligne rouge susceptible de déclencher une intervention internationale, toujours repoussée jusqu'ici en raison du veto russe et chinois.

La Syrie a réaffirmé dimanche qu'elle n'utiliserait jamais son arsenal chimique. Des militants de l'opposition ont cependant affirmé quelques heures plus tard qu'une attaque au gaz toxique avait eu lieu à Homs (centre).

L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), ONG proche de l'opposition, a rassemblé des témoignages sur cet incident, selon lesquels six combattants rebelles auraient péri après avoir inhalé de la fumée sur la ligne de front, situé à l'intérieur même de la ville.

"De la fumée blanche sans odeur s'est répandue dans le secteur après des jets de grenades par les forces du régime", a déclaré l'OSDH. "Ceux qui ont inhalé ce gaz ont dit ressentir des vertiges et des maux de tête et certains ont eu des attaques."

L'OSDH a souhaité que le Comité international de la Croix-Rouge dépêche des experts dans la région. Un cas similaire d'attaque au gaz toxique annoncé par l'opposition avait été jugé faux par des experts militaires, mais aucun n'a fait de commentaire sur l'incident de Homs. Erika Solomon tempsreel.nouvelobs


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Syrie, est-il déjà trop tard ?

 

La crise syrienne a divisé, depuis des mois, nombre de lecteurs de ce blog. Et, au-delà, beaucoup de mouvements de gauche, notamment dans le monde arabe (lire Nicolas Dot-Pouillard, « La crise syrienne déchire les gauches arabes »).

Deux points de vue se sont affrontés : 

 
— le premier voyait dans l’insurrection syrienne un prolongement des révoltes dans le monde arabe, provoqué par les mêmes causes (autoritarisme du régime, corruption, aspirations de la jeunesse à la liberté, etc.) ; 
— le second, tout en admettant parfois les défaillances du régime, y voyait pour l’essentiel un complot visant un régime qui s’était opposé aux Etats-Unis et à Israël.

Pour ma part, j’ai expliqué que cette insurrection ne se différenciait pas fondamentalement de celles qui avaient balayé les régimes tunisien et égyptien. Que la violence du régime n’avait aucune excuse, et qu’elle avait accéléré la militarisation de l’insurrection. Dans le même temps, je constatais que la Syrie reste un enjeu géopolitique important et que l’intervention massive du Qatar et de l’Arabie saoudite n’est pas dictée par l’amour de ces pays pour la démocratie.

En août 2012, j’avais mis l’accent sur l’impasse en Syrie et sur les conséquences dramatiques de la prolongation du conflit (« Que faire en Syrie ? »). Le récent rapport de la commission des droits de l’homme des Nations unies (« Independent International Commission of Inquiry on the Syrian Arab Republic established pursuant to United Nations Human Rights Council Resolutions S-17/1, 19/22 and 21/2 » (PDF), 20 décembre) apporte un éclairage inquiétant et devrait nous amener tous à privilégier une sortie de crise politique, ce qui signifie cessez-le-feu et négociations.

La question n’est plus de savoir si le régime tiendra ou non, mais si la Syrie restera une entité unie ou deviendra un champ de bataille confessionnel et ethnique. L’envoyé spécial des Nations unies a mis en garde le 20 décembre contre des génocides qui frapperaient les minorités, notamment alaouite (« U.N. anti-genocide envoy : Syria minorities face reprisal risk »). (Lire, dans le numéro de janvier 2013 du Monde diplomatique, l’article de Sabrina Mervin, « L’étrange destin des alaouites syriens ».)

Ce que dit le rapport de la commission des droits de l’homme des Nations unies confirme ce pessimisme :

« La montée des tensions a conduit à des affrontements armés entre les différents groupes armés le long d’une ligne confessionnelle. De tels incidents ont eu lieu dans des communautés mixtes ou lorsque des groupes armés ont tenté de s’emparer de zones habitées majoritairement par les communautés minoritaires pro-gouvernementales. Certaines communautés minoritaires, notamment les alaouites et les chrétiens, ont formé des groupes d’autodéfense pour protéger leurs quartiers des forces anti-gouvernementales en établissant des points de contrôle autour de ces zones. Certains de ces groupes locaux, connus sous le nom de comités populaires, auraient participé aux côtés des forces gouvernementales à des opérations militaires dans les environs de Damas, dans les quartiers de Tadamon et Sayeda Zeinab. Les personnes interrogées affirment que le gouvernement a fourni des armes et des uniformes à ces groupes. » (...)

« Ces derniers mois, il y a eu une nette évolution dans la façon dont les personnes interrogées présentent le conflit. En décrivant le bombardement d’un village dans le gouvernorat de Lattaquié par les forces gouvernementales, une personne interviewée a souligné que les bombardements provenaient des “villages alaouites”. Une autre personne interrogée, décrivant les attaques au sol à Bosra, dans le gouvernorat du Sud Deraa, a déclaré que les tensions entre les communautés chiite et sunnite dans la ville montaient en puissance, avec une violence de plus en plus inévitable. »

« Des groupes minoritaires du pays, tels que les Arméniens, les chrétiens, les druzes, les Palestiniens, les Kurdes et les Turkmènes ont été entraînés dans le conflit. Cependant, les lignes confessionnelles sont plus marquées entre la communauté alaouite, d’où sont issus la plupart des cadres supérieurs du gouvernement et de l’armée, et la majorité sunnite, qui appuie dans l’ensemble (mais pas uniformément) les groupes anti-gouvernementaux armés. »

« Les attaques, les représailles et les craintes de celles-ci ont conduit à l’armement des communautés et à leur entrée dans le conflit. Une personne interrogée, un Turkmène de Lattaquié, résumait ainsi la situation : “Il est trop dangereux de vivre à côté de voisins qui sont armés et [qui vous considèrent comme un rebelle], alors que vous, vous restez sans armes”. »

« Les forces gouvernementales et les milices alignées avec le gouvernement ont attaqué des civils sunnites. Une personne interrogée, présente dans Bosra à la fin octobre, a rapporté que “des membres d’une milice chiite”, des gens de son voisinage, conduisaient des perquisitions. Elle a déclaré que la milice lui avait dit qu’“ils tueraient tous les sunnites dans la région et que la région leur appartenait”. Une autre personne interrogée a déclaré qu’elle avait régulièrement vu des sunnites tirés hors de leurs voitures et battus aux points de contrôle de l’armée le long de la route principale reliant Deraa et Damas. »

« La Commission a reçu des informations crédibles selon lesquelles des groupes armés anti-gouvernementaux attaquent les alaouites et les autres communautés minoritaires pro-gouvernementales. Une des personnes interrogées, un combattant de l’Armée syrienne libre à Lattaquié, a expliqué en détail comment ils avaient capturé des membres des forces gouvernementales : les sunnites ont été emprisonnés tandis que les alaouites ont été immédiatement exécutés. » (...)

« La plupart des combattants étrangers s’infiltrant en Syrie pour rejoindre les groupes anti-gouvernementaux armés (ou pour lutter de façon indépendante à côté d’eux) sont sunnites, originaires de pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord. La nature de plus en plus confessionnelle du conflit pousse d’autres acteurs à y entrer. Le Hezbollah chiite a confirmé que ses membres participent à la lutte en Syrie aux côtés du gouvernement. Il y a eu également des rapports, encore non confirmés, indiquant que des chiites irakiens viennent se battre en Syrie. L’Iran a confirmé le 14 septembre que les membres des Gardiens de la révolution apportaient “un soutien intellectuel et consultatif” en Syrie. » (...)

Sur le rôle et la place des salafistes dans l’insurrection, loin des rumeurs et des affabulations de part et d’autre, on lira avec intérêt, comme toujours, le rapport de l’International Crisis Group, « Tentative Jihad : Syria’s Fundamentalist Opposition », 12 octobre 2012.

Revenons au rapport des Nations unies :

« Les communautés chrétiennes sont réparties à travers la Syrie, avec les plus grandes communautés, avant le conflit, vivant dans les gouvernorats d’Alep, de Damas et de Homs. Dans la ville de Homs résidaient environ 80 000 chrétiens, dont la plupart ont maintenant fui à Damas, et pour certains vers Beyrouth. Seuls restent à Homs quelques centaines d’entre eux. Une personne interrogée, en parlant des événements récents dans le gouvernorat d’Al-Suweida, a confirmé que les communautés sunnite et druze s’étaient affrontées, faisant plusieurs morts. Le 29 octobre, une voiture piégée a explosé devant une boulangerie à Jaramana, un quartier majoritairement chrétien et druze à Damas. »

(...)

« Les témoignages recueillis indiquent que les groupes anti-gouvernementaux armés omettent systématiquement de se distinguer de la population civile. L’obligation de chaque partie au conflit, en vertu du droit international coutumier, de séparer les personnes et les biens civils des objectifs militaires est particulièrement pertinente lorsque les objectifs militaires se trouvent dans des zones densément peuplées. L’échec manifeste à faire ces distinctions a donné lieu au départ de civils de leurs foyers et a contribué à l’augmentation alarmante des personnes déplacées et des réfugiés. »

(...)

« La guerre d’usure qui est menée en Syrie a apporté des destructions et une souffrance humaine incommensurables à la population civile. Alors que le conflit s’éternise, les parties sont devenues de plus en plus violentes et imprévisibles, ce qui les a conduites à des comportements en infraction avec le droit international. Le seul moyen de parvenir à une cessation immédiate de la violence est un règlement politique négocié qui réponde aux aspirations légitimes du peuple syrien. La Commission soutient fermement la mission de M. Lakhdar Brahimi, le Représentant spécial conjoint de l’ONU et de la Ligue des Etats arabes dans ses efforts pour amener les parties à un tel règlement. »

Il me semble que l’heure n’est plus à savoir qui il faut blâmer en premier pour cette situation (je pense que le régime est le premier responsable). Mais de savoir comment sortir de cette spirale pour préserver la Syrie et le peuple syrien.

Il est désolant de constater que le porte-parole du Quai d’Orsay omet l’appel du rapport à une solution négociée pour affirmer (21 décembre) seulement que :

« Le rapport de la commission d’enquête confirme l’ampleur des souffrances que doit endurer tout un peuple en raison de l’obstination criminelle d’un régime dont le seul but est sa propre survie. Un tel régime n’a plus aucune légitimité. Bachar Al-Assad doit partir et laisser la place sans délai à un gouvernement de transition répondant aux aspirations légitimes de liberté du peuple syrien. La France appelle la Coalition nationale syrienne à s’engager à ce que les groupes armés qui lui sont affiliés respectent les droits de l’Homme et le droit international humanitaire. Tous les coupables sans exception des crimes dénoncés par la commission d’enquête devront répondre de leurs actes devant la justice. »  Alain Gresh blog.mondediplo

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