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24 mars 2012 6 24 /03 /mars /2012 04:41

La guerre en Libye est toujours en cours


On a récemment fêté le premier anniversaire du début de la révolution. Il y a quelques mois, le Secrétaire général de l’OTAN, Rasmussen, a annoncé que la ‘mission’ en Libye a été « une des missions les mieux réussie de l’histoire de l’OTAN ». Cependant, dans beaucoup d’endroits dans le pays, des milices armées règnent de sorte que les tensions et la violence augmentent.

 

L’opération Unified Protector (Protecteur Unifié), comme l’on a nommé la guerre de l’OTAN contre la Libye, a officiellement pris fin le 31 octobre 2011. Nous pouvons lire sur le site web de l’OTAN que « la mission de l’Alliance de protéger les civils contre des attaques ou des menaces a ainsi été achevée ».

 

Cela fait penser un peu au moment mémorable le 1er mai 2003 où le président Bush prononce trop vite les mots ‘mission accomplie’ de son porte-avions Abraham Lincoln. Le régime de Saddam Hussein était tombé. Toutefois, quelques années plus tard il semblera que le pays s’était retrouvé dans un chaos avec de nombreux massacres.

 

Depuis que la mission a réussi avec ‘succès’, on constate le silence du côté de l’OTAN. Quatre mois après la changement de pouvoir, il semble que la Libye est tombée dans les mains des centaines de milices qui ont pris les rênes. Le problème est connu dans les quartiers généraux de l’ouest, mais on préfère ne pas trop en parler. Il s’agit de milices soutenues et même armées par l’OTAN et ses alliés dans leur combat contre le régime libyen. Quand le ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reynders, a rendu visite au pays au début du mois de février, il a promis de libérer des fonds pour aider au désarmement. D’après ce qu’on dit, le ministre trouvait qu’il était trop dangereux d’y passer la nuit et donc il a continué son voyage vers Tunis.

 

Un rapport récent d’Amnesty International (AI) donne une image peu positive de la situation dans le pays. La situation est ‘hors contrôle’, résume l’organisation des droits de l’homme. Selon ce rapport, des centaines de milices armées agissent individuellement, en dehors de l’autorité du gouvernement central. Leurs actions et refus de désarmer menacent de déstabiliser le pays. Les milices entrent régulièrement en conflit entre elles causant plusieurs morts et blessés. Il est question des ‘milliers’ d’emprisonnés soupçonnés d’être des partisans de Kadhafi. Beaucoup d’entre eux se font maltraiter et torturer entrainant, dans certains cas, la mort.

Le rapport d’AI n’est pas une surprise. Ainsi, il a été découvert que l’ancien ambassadeur en France, Omar Brebesh, a été tué par une de ces milices après son arrestation. Selon le rapport de l’autopsie, il avait succombé à des blessures qu’il n’a pu recevoir que pendant son emprisonnement.

 

Médecins Sans Frontières (MSF) avait déjà dénoncé la situation. En janvier, l’organisation avait annoncé qu’elle retirait son personnel médical du centre de détention à Misrata : la torture de centaine de prisonniers venait d’être avérée. Selon MSF, l’organisation devait recoudre les prisonniers pour qu’ils soient maltraités à nouveau.

 

Un autre fait connu : la poursuite, les violences et même les nettoyages ethniques de la population noire. Les 30.000 habitants noirs de Tawargha qui ont été chassés de leur ville pendant la guerre, ne peuvent toujours pas retourner car les milices de la ville voisine de Misrata leur en empêchent. Ensuite, des milliers d’habitants ont fui leur maison, surtout dans les monts Nefoussa, à Syirte et à Bani Walid. Ils sont toujours visés en raison de leur supposé soutien au régime de Kadhafi.

La Libye en tant qu’Etat n’existe plus. Non seulement le Conseil National de Transition (CNT) n’a pas de prise sur ses milices armées, mais il témoigne même d’un certain refus de les désarmer et de les mettre sous son autorité. De plus, aucune action n’a été faite pour examiner les crimes. Ainsi, aucune analyse a été menée sur les 65 corps que l’on a trouvés dans un hôtel à Syrte, bien que tout un tas de preuves sur les responsables existent.

 

Un rapport d’International Crisis Group (ICG) donne tout aussi peu une image réjouissante de la situation et craint une fragmentation du pays. L’ICG estime que les milices possèdent autour de 125.000 armes et sont en train de ‘s’institutionnaliser’. Elles prennent plusieurs assument des actions, indépendamment du pouvoir central, telles que la registration des personnes et l’arrestation ainsi que l’enfermement des présumés coupables. La disparition du pouvoir central et le fait que pendant la guerre les opérations militaires avaient lieu à basse échelle, font que le paysage politique est plein de tensions. Les loyalistes de Kadhafi qui sont passé à l’opposition et qui ont ensuite été mobilisés contre leurs anciens dirigeants, sont maintenant accusés par les révolutionnaires d’appartenir à l’ancien ordre. Dans différents endroits comme à Bani Walid ou à Koufra, il y a eu des affrontements armés entre plusieurs tribus. A Koufra, au sud de la Libye, il y aurait eu plus de 100 morts selon l’agence de presse AFP. Il y a également eu des tensions religieuses entre séculaires et islamistes. Depuis le début de la guerre, les islamistes radicaux ont utilisé la situation pour s’armer dans les entrepôts non surveillés et désertés. Selon les services secrets algériens, beaucoup d’armes modernes seraient tombées dans les mains d’Al-Qaida au Maghreb islamique.

 

D’après l’ICG, une hypothèque lourde pèse sur l’avenir de la Libye. Beaucoup de Libyens risquent de perdre leur foi dans le procès politique, à moins que le CNT arrive à reprendre contrôle sur les milices. Il semble que l’OTAN aura de nouveau crié victoire trop tôt.   Ludo De Brabander   michelcollon

 

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Al Sanoussi inquiète la France


L'ancien chef des services de renseignement libyen Abdallah al Senoussi, actuellement détenu en Mauritanie où il tentait de trouver refuge, inquiète la France.

Cet ancien homme-lige de Mouammar Kadhafi détiendrait des informations sur le financement de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007.

Surnommé "la boîte noire de Kadhafi", Senoussi, gendre de l'ancien dictateur libyen est détenu au quartier général des services de sécurité à Nouakchott en raison de son rôle dans la répression menée contre les insurgés en 2011.

L'homme intéresse les puissances occidentales et en particulier la France en raison des informations auxquelles il a eu accès pendant le règne de Kadhafi.

"C'est le principal témoin de la corruption financière et des accords qui ont impliqué de nombreux dirigeants et pays, dont la France", dit une source haut placée dans le renseignement arabe.

"Il sait tout de l'attentat de Lockerbie, de l'accord qui a suivi, (de l'attentat contre le DC-10) d'UTA, des canaux financiers, du financement par Kadhafi de présidents et de leur campagne électorale. Il était au centre du réseau de corruption financière qui a existé pendant 40 ans sous Kadhafi", ajoute cette source.

Selon Noman Benotman, analyste libyen de la Quilliam Foundation, Senoussi, qui est âgé de 62 ans, était au courant de tous les secrets et complots meurtriers ourdis par Kadhafi.

D'après lui, Nicolas Sarkozy nourrit un intérêt particulier pour l'arrestation de Senoussi, pas seulement parce que sa cote de popularité pourrait bénéficier d'un procès de l'homme qui était derrière l'attentat contre le DC-10 d'UTA qui avait coûté la vie à 170 personnes au-dessus du désert du Ténéré en 1989.

En privé, des sources au sein des services de renseignement affirment que Nicolas Sarkozy souhaite l'extradition de Senoussi vers la France surtout pour empêcher un procès public qui pourrait aboutir à la révélation d'informations gênantes.

Parmi celles-ci figure le versement supposé de 50 millions d'euros par Kadhafi pour soutenir la campagne électorale du candidat Sarkozy en 2007. Le financement aurait été organisé via un réseau complexe et secret de banques et de sociétés.

Une information de même nature a été rapportée il y a une dizaine de jours à Paris par le site internet d'information Mediapart qui faisait état d'une note rédigée par un témoin devenu enquêteur privé, Jean-Charles Brisard, rapportant les propos d'un deuxième homme censé avoir eu connaissance du versement de la somme par le régime Kadhafi. 
maghrebemergent

 

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 À Syrte, les fidèles de Kadhafi ruminent leur déchéance

Une rue dévastée de Syrte, en novembre dernier. Selon le maire, la ville aurait perdu 30% de ses habitants. Crédits photo : Lorenzo MOSCIA/ARCHIVOLATINO-REA/Lorenzo MOSCIA/ARCHIVOLATINO-REA

L'ancien fief du Guide, détruit comme nulle autre ville, se sent aujourd'hui abandonné par les autorités de Tripoli.

À Syrte, aux environs désertiques de laquelle Mouammar Kadhafi est né et où il a été tué dans l'ultime bataille de la guerre civile, une population de vaincus rumine sa déchéance. La vitrine des rêves mégalomaniaques du Guide est plus détruite qu'aucune autre ville en Libye. Peu d'immeubles symbolisant l'ancien pouvoir ont été épargnés et dans plusieurs quartiers totalement dévastés, chaque maison regarde sa voisine par la béance de ses trous d'obus.

Les boutiques de l'avenue Dubaï n'ont pas encore toutes rouvert. Les belles villas du quartier Dollar, où réside encore un cousin du dictateur, et où se retrouvait jadis le premier cercle du régime, sont souvent encore fermées. Mais, plus loin, la vie reprend, et les habitants reviennent. Des ONG occidentales se chargent des bombes, obus, roquettes et grenades qui n'ont pas explosé. Déjà près de 2000 engins explosifs, dont quelques bombes de l'Otan, ont été neutralisés, sur place, ou dans le désert proche. «La situation à Syrte était comparable à celle de Sarajevo ou Bagdad», indique Paul McCarthy, responsable de DDG, la première organisation à être arrivée en ville, début novembre 2011.

Les animaux ont disparu

Ceux qui ont pris en main les destinées de la ville tentent maladroitement de donner le change, s'inventant un passé de «Malgré-nous» ou de résistant. Le petit peuple, composé de fils de Bédouins attirés par un appartement, l'eau courante et le téléviseur, pleure sur ses biens perdus et paraît déboussolé. «Moi j'étais pour la révolution, certifie Assil Kadhafi Warfalli, un dandy issu de la tribu de l'ex-dictateur, mais maintenant il faudrait que les étrangers qui ont gagné la guerre ne se mêlent plus des affaires intérieures libyennes.»«Il y a des choses que j'ignorais, en fait je ne savais rien», affirme de son côté Omar Houasse, qui a gardé son poste de journaliste à l'unique radio de la ville, laquelle encourageait à repousser les «croisés» et le «retour des colonisateurs italiens» au début de la bataille de Syrte.

«Mais al-Jazeera et al-Arabiya [deux télévisions arabes] mentaient aussi!», s'insurge Mohammed Bouchaala. «Un jour al-Arabiya a annoncé que 800 personnes avaient manifesté contre Kadhafi au carrefour sous mes fenêtres. Et il n'y avait personne!», À côté de Mohammed, son jeune frère s'est manifestement battu jusqu'au bout face aux rebelles de Misrata. «Oui, on nous avait donné des armes et des uniformes. C'était pour défendre nos maisons», explique l'aîné de cette nombreuse fratrie qui a regagné le quartier n° 2 de Syrte, aujourd'hui complètement détruit. «Dès le début de la guerre, c'est à des civils, à des voisins que je connaissais, qu'on a appris à utiliser des mitraillettes et des mortiers. Même les missiles Grad, ce n'est pas compliqué à faire marcher. Mais regardez, poursuit Mohammed en montrant les ruines du quartier n° 2. Quand nous avons fui, les révolutionnaires ont tout cassé et ils ont pillé nos maisons»…

Le 17 février dernier, jour du premier anniversaire de la révolution, alors que Tripoli et Benghazi étaient en fête, les gens de Syrte sont, eux, restés chez eux. «Le 17, on avait peur de leur réaction, mais, en fait, eux aussi avaient peur», explique Moussa Saouessi, qui commande la petite vingtaine de jeunes combattants de la brigade Ali Bouchofa. Avec une poignée de copains, il est allé s'entraîner près de Tripoli, avant de revenir avec les unités de Benghazi.

Les jeunes de la katiba Ali Bouchofa ont pris possession de l'ancienne ferme de Mouammar Kadhafi. Sur 400 ha clos par de hauts murs, la terre est encore verte et tranche avec la sèche nudité ocre des alentours. Aujourd'hui vides, les silos à grain et les hangars attestent de l'activité agricole passée. Le matériel d'arrosage ne fonctionne plus. Les animaux ont disparu, même les pigeons ont déserté leurs tours. La demeure et la tente du Guide ont été pillées et détruites.

2997 maisons détruites

Dans ce qui fut la maison réservée à des gardes, Moussa Saouessi s'enorgueillit de «n'avoir pas fait d'arrestation». Il avoue «comprendre le sentiment de rage des habitants de Syrte». «La tribu de Kadhafi a aussi subi ce qu'ont vécu les autres Libyens», dit-il, avant d'estimer que «c'est maintenant de l'histoire ancienne».

Dans l'ancien quartier des ministères, Mohammed Kablane revendique de n'avoir pas organisé de festivités le 17 février dernier. Mohammed Kablane est le nouveau maire intérimaire de Syrte. Il est également le nouveau président du conseil de toutes les villes et bourgades de la région. Personne ne sait qui l'a nommé. «Nous avions formé le conseil en secret, avant la chute de Syrte», chuchote-t-il dans le salon en cuir de son bureau de 70 m2 qui était jadis celui du ministre de l'Éducation.

Le représentant de Syrte souffre que sa ville soit marginalisée, mais affirme que les habitants ont pris en main leur destin. Ce sont eux, et eux seuls, qui font la police. Maintenant, veut croire le maire, «il faudra que les brigades des autres villes présentent des preuves pour que des accusés leur soient livrés».

Mohammed Kablane ne dispose pas de statistiques sur le nombre de personnes tuées, disparues ou arrêtées. Il assure en revanche qu'encore 30% des quelque 50.000 habitants de Syrte ne sont pas revenus, que 2.997 maisons ont été détruites, et que plus de 2000 méritent des réparations lourdes.

C'est dans ces résidences réservées jadis aux hôtes de marque africains que nombre de sans-logis ont trouvé refuge. Forcé d'abandonner son appartement détruit et pillé du quartier de Giza, Mohammed Daou a élu domicile dans une villa de deux niveaux d'environ 200 m2 face à la mer. Sol en marbre, larges baies vitrées, cuisine aménagée, au rez-de-chaussée, chambres et salle de bains équipée au premier. «Non, je n'ai pas essayé le sauna et le Jacuzzi, parce que je ne veux pas m'habituer à ce luxe», confesse ce fils de Bédouin, qui n'a que faire de la modernité africaine fantasmée deMouammar Kadhafi. Mohammed Daou veut quitter cette villa car, explique-t-il, «ce n'est pas une maison pour nous, Libyen». Il montre les larges baies vitrées, qui ne permettent pas de protéger l'intimité des femmes de son foyer. Et puis il pointe au plafond les dispositifs anti-incendie. «Nous, les Libyens, souligne-t-il sans rire, nous fumons chez nous. Eh bien, mon voisin, il n'a pas compris quand de l'eau venue du plafond lui est tombée sur la tête! lefigaro

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