Nawaat.org en collaboration avec Ulysse2.0 Présente “le portrait d’une mère courage”…un webdoc en trois parties retraçant l’histoire de Fatma Ouerghi la mère du martyr Ahmed Ouerghi et les motivations de son combat continuel….
1) Au nom du fils
On aura tout dit de la Révolution tunisienne, du jasmin et des réseaux sociaux. On a presque oublié que la révolution, c’est aussi du sang qui a coulé et des gens qui sont morts ; 300 selon les chiffres officiels. Parmi eux, Ahmed Ouerghi, 25 ans. Il est tombé alors qu’il surveillait son quartier avec ses amis. C’était le 16 janvier 2011 à Montfleury (banlieue sud de Tunis.)
Depuis la mort d’Ahmed, la vie de Fatma, sa maman, a complètement changé. Pas un jour sans qu’elle ne participe à une manifestation ; toujours en première ligne, brandissant inlassablement la photo de son fils, prise par le téléphone portable de son ami, quelques secondes avant qu’un milicien ne lui tire dessus.
Fatma se bat aujourd’hui pour que tous les coupables soient jugés. Avec les proches d’autres victimes, elle a créé l’Association des familles des martyrs et des blessées de la révolution. Objectif, traduire les meurtriers devant une justice indépendante et juger non seulement les exécutants mais aussi ceux qui ont donné les ordres. Mais face à la lenteur des jugements et l’impunité dont jouissent quelques hauts responsables de l’ancien régime, elle n’arrive toujours pas à faire le deuil de son fils.
2) Sur les traces d’une jeunesse volée…
Montfleury, 16 janvier 2011 à 17h30, Ahmed Ouerghi reçoit une balle dans la tête. Il décède sur le champ. Nous revenons sur les lieux avec sa maman, Fatma, qui nous fait revivre ce moment. Ahmed surveillait le quartier avec ses amis quand des miliciens les ont attaqués. Capturés par les jeunes et remis aux militaires, l’un d’eux a pu se servir d’une arme dissimulée pour tirer sur la foule euphorique. Ahmed est tombé alors qu’il criait sa joie…
Un édifice symbolisant le 7 Novembre 1987, date d’accession de Ben Ali au pouvoir, a été transformé en mémorial en hommage à Ahmed Ouerghi, martyr de la révolution. Fatma y revient pour la première fois depuis la mort de son fils.
3) Justice : la lenteur coupable
Le meurtrier d’Ahmed Ouerghi a été arrêté mais Fatma attend toujours qu’il soit jugé. Elle attend depuis bientôt cinq mois. Fatma veut également qu’on remonte aux principaux responsables de la répression encore en liberté. Elle pointe du doigt Ahmed Friâa, Ministre de l’Intérieur au moment des évènements. A Thala (nord-ouest de la Tunisie), la lenteur dans le traitement de ces affaires crée le dépit des familles des martyrs, impatientes de voir les coupables de la mort de leurs enfants jugés. Les proches des victimes disent avoir réussi à avoir les noms de ceux qui ont tiré sur leurs proches, un travail de documentation dont elles se sont chargées, mais les coupables courent toujours selon eux.
Manque de moyens, volonté de cacher quelques dossiers, mauvais fonctionnement du système, gouvernement transitoire pas tout à fait apte à gérer ces affaires, peu importe les raisons, la lenteur dans le processus du jugement est coupable aux yeux des familles des martyrs…
Documentaire réalisé par :
Sarah Ben Hamadi
Ramzi Bittibi
Avec l’aide de :
Benoit Califano
Nawat