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28 août 2011 7 28 /08 /août /2011 23:27
«Stéphane Hessel, un Grand Monsieur auquel on a dédié une chanson»
 
 
«Stéphane Hessel, un Grand Monsieur auquel on a dédié une chanson»
Fils d'émigrés algériens établis dans un quartier populaire de Roubaix, au nord de la France, Hadadi Kaddour se définit avant tout comme un «citoyen du monde». Un saltimbanque sans frontières qui souhaite contaminer le monde de ses révoltes, de ses rêves et de sa folie car, comme disait Jacques Brel, «le monde sommeille par manque d'imprudence». On retrouve chez HK des chansons à la fois entraînantes et engagées, abordant parfois même, avec humour, les sujets de société les plus sensibles.
Certains le qualifient comme le Renaud des temps modernes, d'autres comme le Baziz du nord de la France. HK fait partie de cette race rare de chanteurs pour qui la chanson est un moyen de lutte. C'est aussi le genre de chanteur qu'on entend une fois et dont on ne peut plus s'en défaire... Ce qui lui a valu d'avoir un fan très spécial, qui n'est autre que Stephane Hessel, le très célèbre écrivain...
Le public de Tizi Ouzou aura le plaisir de le découvrir sur scène, ce jeudi, lui qui est amateur de ce genre de chanteur des causes dites perdues.

L'Expression: Bonjour HK! Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs? D'où vient votre nom HK et les Saltimbanks?
     
Hadadi Kaddour: HK, en fait, est mon nom de scène. Je l'ai choisi en prenant simplement mes initiales de Hadadi Kaddour. Je suis un fils d'émigrés algériens installés à Roubaix, dans le grand nord de la France. Mes parents sont originaires de la région de Bouira.
Et les Saltimbanks, ce sont une bande de musiciens roubaisiens comme moi. J'aime à les présenter comme des artistes aussi talentueux que déjantés. Il y a là Jeoffrey à l'accordéon, Meddhy au mandole (algérienne bien sûr), Jimmy à la guitare, Eric à la basse, Seb à la batterie, et enfin il y a Saïd, qui est lui, comédien. Il vient nous apporter ce côté «saltimbank», en se mettant en scène et en nous mettant en scène. Ils viennent d'horizons musicaux différents mais ont cette passion de la musique et de la scène. Au final, HK et les Saltimbanks donnent donc une musique pleine de mélange et d'influences entre hip-hop, chaâbi, chanson française, reggae, blues...

Il paraît que vous allez chanter à Alger? Parlez-nous de ces deux concerts. Où auront-ils lieu? Est-ce une première? Comment est-ce qu'ils ont été programmés? Qui les a organisés?
     
En fait, on joue le 18 au grand stade de Tizi Ouzou, en première partie de Rabah Asma. On avait demandé à notre tourneur de nous trouver si possible une date à Alger. Il nous avait trouvé une date le 17, la veille de notre concert à Tizi Ouzou. Mais il semble qu'à cette date, le concert n'aura finalement pas lieu. (l'entretien a été réalisé avant que le concert de Tizi Ouzou ne soit annulé suite aux émeutes).

Vous avez déjà chanté en Algérie?
     
Oui, c'était en 2008. Avec mon autre groupe M.A.P. on avait joué à la salle Ibn Zeydoun à Alger. ça avait été un concert mémorable pour nous. Et l'on l'espère pour le public aussi.

Comment appréhendez-vous ce concert devant un public qui apprécie les artistes engagés comme vous? Avez-vous eu des échos sur le public algérien?
     
D'abord, il y a bien sûr pour moi un aspect émotionnel de chanter, jouer ici, en Algérie. Mais au-delà de ça, on pense et l'on espère que notre musique et notre engagement peuvent avoir un écho ici. L'album de HK et les Saltimbanks s'appelle «Citoyens du monde». Donc, par définition on aime dépasser les frontières, jouer partout où les artistes «engagés» sont les bienvenus. C'est vrai que l'énergie de la musique et de l'engagement efface bien souvent toutes les barrières.

Parlez-nous de la relation si particulière que vous avez avec Stéphane Hessel, le Vieux Monsieur comme vous l'appelez? Comment avez-vous fait pour l'initier au rap, lui qui n'a pas la tête des fans de rap?
     
Oh, nous ne l'avons pas initié au rap! On a juste eu la chance de le rencontrer et de pouvoir échanger quelque peu avec lui. C'est surtout un Grand Monsieur qu'on aime écouter.
Un peu comme tous ces vieux sages qui ont écrit l'Histoire. Et surtout l'Histoire qu'on aime: celle de la Résistance, celle de la liberté, celle de la dignité humaine. On a écrit justement une chanson en hommage à Stéphane Hessel qu'on ne chante pas encore sur scène mais qu'on aimerait bientôt lui chanter en live. Comme ça, on pourra peut-être l'initier au rap.

En parlant de ça, vos fans sont de tous âges et des différents milieux sociaux. Comment l'expliquez-vous?
     
C'est un peu toujours cette histoire de «citoyen du monde». Les barrières, les frontières, ne sont pas que géographiques. Notre monde regorge malheureusement de murs, de portes blindées, de rideaux de fer...
On vit dans une époque où tout est prétexte à l'enfermement, à la division, à la segmentation. Nous, on a la chance de faire de la musique, et par définition la musique a vocation à rassembler. Donc, quand on y arrive on ne sait pas forcément l'expliquer, mais ça veut dire qu'on a pu «exploser» quelques murs.

En dehors du travail, êtes-vous déjà venu en Algérie?
     
Oui, j'y suis venus trois ou quatre fois pour rendre visite à la famille et dans la quête de mes «racines». Pour mieux comprendre l'histoire de mes parents, découvrir ce pays qui est toujours resté dans leur coeur, «leur pays».
J'y suis venu aussi une fois pour découvrir le «désert» algérien et ses habitants, pour certains encore «nomades». Je suis allé à Tamnarasset, et de là, avec quelques amis et quelques guides (qui sont devenus des amis), nous sommes partis à la découverte du désert du Hoggar. Tout simplement magnifique.
De ce voyage; de la façon dont nous avons été accueillis en «frères», est née la chanson Salam Alaykoum. Cette chanson ouvre notre album, et elle ouvre nos concerts. C'est une façon de rendre à ces gens formidables toute l'hospitalité et l'humanité qu'ils nous ont offertes lors de notre venue.

De quelle région êtes-vous originaire?
     
Mon père est de Bouira même et ma mère est de Ben Haroun, du côté de Palestro. Moi, je suis né à Roubaix, dans le grand nord de la France.

Dans un autre registre, comment HK passe-t-il le Ramadhan?
     
D'ordinaire, comme beaucoup je le passe à la maison à jeûner en famille. Avec ce sacro-saint rendez-vous chez la maman à l'heure du f'tour. C'est vrai qu'en ce moment le Ramadhan a lieu en été, qui est une période de travail intensif pour nous les Saltimbanks. Donc, je suis beaucoup sur la route, ce qui enlève un peu de la saveur «familiale» particulière à ce mois.

Que voulez-vous dire aux Algériens?
     
Déjà, «Salam alaykoum». Disons qu' on a plutôt des choses à partager que des mots à dire. Pour moi, la nuance est importante parce qu'on a toujours autant à donner qu'à recevoir. Par exemple, on a une chanson dans notre répertoire qui a beaucoup été reprise en France lors des dernières manifestations.
Cette chanson, c'est un slogan qu'on essaie d'abord d'appliquer à nous-mêmes mais il reflète aussi notre état d'esprit. Cette chanson c'est On lâche rien. Je crois que ces mots collent bien au peuple algérien lui qui a su démontrer bien des fois qu'il ne lâchait rien en ce qui concerne ses droits et ses libertés. Et je suis certain qu'il continuera encore et toujours à le prouver.

Un dernier mot HK?
A très vite en live. Public, je vous attends, et je vous promets que ça sera très chaud...
 
 
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Quelques notes biographiques sur Stéphane Hessel : http://fr.wikipedia.org/wiki/St%C3%A9phane_Hessel
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«Citoyen du monde » HK et les Saltmbanks


 

 
«Enfant d'une Europe» HK et les Saltmbanks
«Indignez-vous et On ne lâche rien» HK et les Saltmbanks

 

 
    
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28 août 2011 7 28 /08 /août /2011 22:58
46664, la marque solidaire de Nelson Mandela
46664, la marque solidaire de Nelson Mandela

La marque 46664 de Nelson Mandela propose des chemises pour homme colorées.  DR/4664

Le premier Président noir de l'Afrique du Sud a baptisé de son matricule une ligne de vêtements dont une partie des revenus ira à sa fondation de lutte contre le sida.

46664, c'est le matricule attribué à Nelson Mandela dès son arrivée à Robben Island en 1964. L'homme politique sud-africain de 93 ans, emprisonné sur cette île-prison au large du Cap pendant 18 ans, vient de baptiser une ligne de vêtements solidaire avec son numéro de prisonnier. 
Lancée mercredi dernier dans un grand magasin de Johannesburg, 46664 se distingue par son logo en forme de main (celle du symbole de la lutte anti-apartheid) et surtout par son engagement puisqu'une partie des fonds (entre 7 et 9%) sera reversée à sa fondation pour la lutte contre le sida. "Quand vous achetez une chemise 46664, vous n'achetez pas seulement un vêtement. Vous investissez dans un processus qui va aider à diffuser l'héritage de Nelson Mandela", a lancé Achmat Dangor, un administrateur de la fondation.  
La première collection 46664, fabriquée par le numéro un du textile sud-africain Seardel, n'est pour l'instant disponible que dans les magasins Stuttafords du Bostwana, de Namibie et bien-sûr d'Afrique du Sud. Un site de vente en ligne devrait voir le jour en novembre prochain.  
 
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Nelson Mandela, 93 ans, veut rester dans son village
 
L'ex-président sud-africain Nelson Mandela, qui était retourné dans le village de son enfance pour son 93e anniversaire à la mi-juillet, a l'intention d'y rester, rapporte dimanche l'hebdomadaire City Press.
"Le vieil homme d'Etat a informé des membres de sa famille qu'il avait l'intention d'être basé dans le village" de Qunu, dans le Transkei (sud-est), indique le journal, citant des "sources proches de la famille".
Nelson Mandela habite habituellement à Houghton, un quartier chic de Johannesburg.
Le porte-parole du gouvernement et celui de la Fondation Nelson Mandela ont indiqué qu'il n'était pas de leur ressort de commenter les mouvements de celui que l'Afrique du Sud appelle affectueusement "Madiba".
Son petit-fils Mandla Mandela avait indiqué début août qu'il était heureux et en bonne santé à Qunu.
"Les deux sont ses maisons (Johannesburg et Qunu). Il choisit juste laquelle il veut utiliser à un moment donné", avait-il indiqué, ajoutant qu'il ne savait pas quand son grand-père rentrerait à Johannesburg.
Nelson Mandela, président de 1994 à 1999, s'est retiré de la vie politique en 2004. De plus en plus fragile, il a progressivement raréfié ses apparitions publiques. La dernière remonte à la finale de la Coupe du monde de football, en juillet 2010. Sa dernière photo remonte à son anniversaire, le 18 juillet.
 
 
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28 août 2011 7 28 /08 /août /2011 21:05
La salle de bain de Aicha, fille de Kadhafi (?)
 sans commentaire ...

 

 
Un rebelle pose dans la maison d'Aïcha Kadhafi, la fille de Mouammar Kadhafi, le 26 août 2011 à Tripoli (AFP, Marie-Lys Lubrano
Des rebelles posent dans une chambre de la maison d'Hannibal Kadhafi, le 26 août 2011 à Tripoli (AFP, Marie-Lys Lubrano)
Photos de la demeure de Kadhafi
Bunker-Kadhafi-640x369--1-.jpg
Bureau-Mouammar-Kadhafi-.jpg
Cheminee-Kadhafi-640x414.jpg
Piscine-Kadhafi-640x394.jpg
Terrain-basket-Kadhafi-640x405.jpg
Salle-de-bain-Kadhafi-640x422.jpg
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28 août 2011 7 28 /08 /août /2011 20:39

 

 

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28 août 2011 7 28 /08 /août /2011 07:21
(BRUXELLES2) Les ambassadeurs du COPS se réunissent aujourd’hui, de façon exceptionnelle, avec sur leur agenda : la Syrie. Il s’agit principalement d’examiner une série de sanctions supplémentaires contre le régime syrien. Le service diplomatique européen a présenté une palette de sanctions supplémentaires. Parmi elles, des sanctions visant le circuit économique de la Syrie, notamment l’industrie du pétrole. En l’état, précise Michael Mann le porte-parole de Lady Ashton (la Haute représentante de l’UE), il s’agit davantage d’une « shopping list », une liste de services ou produits qui pourraient potentiellement être gelés dans l’Union et sur lesquels les Etats membres doivent se prononcer.
(Maj 17h) Les 27 ont décidé d’ajouter 15 personnes sur la liste des interdits de séjour dans l’UE et 5 sociétés dont leurs avoirs sont gelés. Cette mesure sera effective des son adoption formelle par procédure écrite. Ils ont également tombes d’accord sur le principe d’élargir le cercle des sanctions non seulement aux personnes qui sont impliquées dans la répression mais également a celles qui soutiennent économiquement le régime. Le principe de bannir les importations de pétrole est également acquis. Et l’assistance technique de la banque européenne d’investissement va être gelée. Ces trois mesures doivent encore faire l’objet d’une proposition législative du service diplomatique. Ce pourrait être fait « très vite », assure-t-on dans l’entourage de la Haute représentante, Lady Ashton.
Par ailleurs, les Etats membres de l’UE, membres du Conseil de sécurité de l’ONU (France, Royaume-Uni, Allemagne, Portugal) ont décidé de saisir, à nouveau, le Conseil de sécurité pour obtenir une résolution des Nations-Unies condamnant la Syrie et permettant une série de sanctions, comme l’embargo sur les armes.
 
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Les seules forces «terroristes» qui tuent en Syrie, ce sont les forces du régime El Assad
 
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28 août 2011 7 28 /08 /août /2011 07:21
Afrique du Nord : 1 2 3 puis 4 et les suivants ?

 

Après la Tunisie, initiateur du printemps arabe, l'Égypte a pris le relais du mouvement de libération.

La Libye, bon 3e vient d'achever sa bataille périlleuse contre le plus dangereux des trois dictateurs déchus bien qu'elle balbutie encore dans sa recherche de démocratie avec l'aide bénévole des Européens et des Américains. Au nord de la Méditerranée, on applaudit.

Est-ce le cas au sud ? Au Maroc et en Algérie, les deux derniers pays d'Afrique du Nord potentiellement destinés à une réelle « vie démocratique ».

algeria.jpgPourtant, les populations de ces pays auraient beaucoup à demander et à obtenir de la République algérienne démocratique et populaire et du Royaume du Maroc.

L'Algérie qui a adopté un système politique dit « républicain » où l'exécutif s'octroie la totalité des pouvoirs exécutifs, législatifs et judiciaires a encore beaucoup de chemin à parcourir avant de permettre au peuple algérien de maîtriser sa destinée de pays pétrolier relativement riche. Le Président élu tous les cinq ans n'est pas limité par le nombre de mandats qu'il peut postuler. Aujourd'hui, Bouteflika préside depuis 1999, douze ans déjà ! Un type de république à la cubaine. Sa position ambiguë sur la rébellion libyenne le dessert maintenant, au lendemain de la chute de Kadhafi, un allié fidèle.

Les attentats récents par des groupes islamistes et l'« attentat-suicide à l'entrée de l'académie militaire de Cherchell, à 100 km à l'ouest d'Alger » du 26 août 2011 ne contribueront pas à alléger la main sécuritaire du gouvernement contre Al-Qaida et tout autre mouvement « démocratique ».

maroc.jpgLe Maroc, à Monarchie constitutionnelle, sans commune mesure avec celles en vigueur en Europe chez les Britanniques, les Suédois ou les Danois, a aussi du chemin à faire avant que les libertés fondamentales n'y soient aussi bien pratiquées que dans les monarchies évoquées ci-dessus. Le Roi du Maroc Mohammed VI règne depuis 1999, douze ans aussi ! Il détient tous les pouvoirs qu'il « voudrait » réduire au profit du 1er ministre « désormais nommé » par le Parlement (dès que le référendum aura entériné la réforme de la Constitution).

US $

PIB 2010 MM$

Population

PIB par tête

Rang PIB par tête

Afrique du Sud

357,3

50,586

7,063

1

Algérie

160,3

36,3

4,416

2

Angola

85,31

19,082

4,471

3

Maroc

103,5

32,241

3,210

4

Égypte

218,5

80,721

2,707

5

Syrie

59,33

23,695

2,504

6

Nigéria

216,8

158,423

1,368

7

 

La Syrie semble être le prochain candidat à la démocratie tant la répression brutale du régime d'al-Assad le condamne à terme à céder la place à un peuple qui veut « respirer » librement.

Aucun de ces pays ne vit les libertés connues habituellement dans les démocraties. La presse est jugulée par le pouvoir ne souhaitant pas de contre-pouvoir médiatique. La justice, considérée généralement comme un pouvoir à part entière, le pouvoir judiciaire reste aux mains du pouvoir quand elle n'est pas confondue au sein du gouvernement par le ministère du même nom. En ce qui concerne le pouvoir législatif, il n'existe que l'apparence de ce pouvoir d'une Assemblée nationale incapable d'initier des lois et de les voter selon la volonté du peuple qu'elle suppose représenter.

urne.jpgEn France, pays 'démocratique', le 'pouvoir législatif' est réduit à l'enregistrement des projets de loi que le gouvernement souverain propose et impose à l'ordre du jour.

Quant au pouvoir judiciaire français, aux mains du « Parquet », bras droit judiciaire du pouvoir, il dépend directement du Ministère de la Justice qui exerce la pression suffisante sur les juges pour que leurs jugements ne déplaisent pas au Président et à son gouvernement. L'indépendance de la justice en France n'est pas encore un fait acquis absolu voire elle va subir une remise en ordre avec l'abolition décidée des juges d'instruction considérés comme trop indépendants et insuffisamment soumis aux instructions du Parquet.

C'est peu dire du parcours du combattant que devront accomplir les nouvelles démocraties africaines du Nord sans compter celles qui y aspirent.

Tous nos nobles chefs d'états européens, défendant les rebelles libyens, n'ont cure que ces pays développent ou non un sentiment démocratique puissant qui les inciterait à regarder de très près l'équilibre des avantages / inconvénients tirés des contrats qu'ils signent ou signeront avec cette Europe généreuse et altruiste (ceci sans évoquer les frères Américains, Chinois et Russes pour ne parler que d'eux). Quand les consortiums européens ou US s'en tirent mieux avec la « corruption » qui leur a permis dans le passé d'exploiter au mieux de leurs intérêts les richesses de ces pays. Ça revient moins cher d'arroser un petit nombre d'individus au pouvoir que de conclure des contrats équitables dont toutes les parties des projets bénéficieraient.

L'optimisme ne peut être de règle dans un monde régi par l'OMC, "filiale" vertueuse des États-Unis et consorts.

 

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28 août 2011 7 28 /08 /août /2011 07:06

La dynamique des "printemps" arabes a finalement passé l'obstacle libyen. La guerre civile dans laquelle avait basculé "l'Etat des masses" avait en effet porté un coup sévère à la vague partie de Tunisie.

 

Les thuwars (combattants rebelles), après la prise de Bab Al-Azizia, mercredi 24 août 2011.

Les thuwars (combattants rebelles), après la prise de Bab Al-Azizia, mercredi 24 août 2011.AFP / FILIPPO MONTEFORTE

Parce qu'elle alimentait tout d'abord l'hypothèse d'une résilience de certains régimes autoritaires ou dictatoriaux. Parce qu'ensuite la paralysie de cet "émirat" pétrolier maghrébin déstabilisait par ricochet la Tunisie et l'Egypte, obligés d'accueillir des dizaines de milliers d'expatriés chassés par les combats vers des économies déjà au point de rupture. Ces deux pays peuvent espérer aujourd'hui un répit avec la remise en route de la production pétrolière libyenne.

Même s'il faudra attendre la neutralisation définitive de Mouammar Kadhafi pour que le succès de l'insurrection soit total, un troisième régime autoritaire arabe est donc tombé depuis le début de l'année. Celui du président du Yémen, Ali Abdallah Saleh, en convalescence en Arabie saoudite depuis bientôt trois mois, est en sursis.

Tout comme celui de son homologue syrien, Bachar Al-Assad, cible d'une contestation qui a résisté depuis le 15 mars, date de son déclenchement, à une répression bien plus féroce que celle qui s'était manifestée un mois plus tôt en Libye et qui avait incité la Ligue arabe à lâcher le plus ancien de ses potentats, ouvrant la voie à une résolution historique des Nations unies, et à un soutien occidental décisif aux insurgés.

L'élan historique qui a saisi le monde arabe ne s'est donc pas enlisé dans les sables entre Tripoli et Benghazi. Pour autant, après les cinq semaines extraordinaires qui avaient vu chuter, de la mi-janvier à la mi-février, les deux figures les plus emblématiques mais en apparence les plus solides des Etats arabes, Zine El-Abidine Ben Ali et Hosni Moubarak, le cas libyen a constitué un sérieux rappel au réel.

La guerre de mouvement livrée avec succès contre le tyran par une génération spontanée d'opposants via les réseaux sociaux a depuis laissé la place à une bataille d'attrition contre ce même tyran ou bien contre le système qu'il coiffait. Les "printemps" dureront donc bien plus qu'une saison et les transitions seront nécessairement douloureuses, comme on peut le constater déjà en Egypte et en Tunisie où l'euphorie des premières semaines de liberté absolue s'est rapidement dissipée. Encore s'agissait-il de pays considérés comme "homogènes", bien loin des mosaïques régionales ou confessionnelles libyenne, yéménite ou syrienne.

POINTS DE RÉSISTANCE

Au-delà de la répression sanglante syrienne, la soif arabe de changement doit tenir compte de nombreux points de résistance et de foyers contre-révolutionnaires, notamment dans la péninsule arabique mais également au Maghreb.

Les régimes au pouvoir en Algérie et en Arabie saoudite, adossées à leurs ressources pétrolières, ont résisté jusqu'à ce jour aux appels au moindre changement. Les monarchies jordanienne et surtout marocaine ont esquissé pour leur part une évolution sans que l'on puisse savoir aujourd'hui quelle en sera la portée véritable d'autant qu'elles ont été invitées à rejoindre le Conseil de coopération du Golfe (Arabie saoudite, Bahreïn, Emirats arabes unis, Koweït, Oman, Qatar). Ce dernier risque d'apparaître pour longtemps comme un bastion du conservatisme institutionnel en dépit de la singularité du système politique koweïtien.

La dynastie des Saoud, désormais critique vis-à-vis de la répression syrienne, a d'ailleurs orchestré, sans s'attirer outre mesure les foudres occidentales, la mise au pas de la contestation au Bahreïn, en mars, qui a débouché sur le premier échec, à ce jour, des "printemps" arabes. Quelles que soient les erreurs commises par cette contestation principalement chiite, et qui dénonçait l'autorité quasi-absolue de la dynastie sunnite au pouvoir depuis trois siècles bien que minoritaire, cette répression a laissé en héritage un pays plus divisé et plus fracturé que jamais.

Après les impulsions du début de l'année, il faudra sans doute attendre les échéances électorales tunisiennes (en octobre) puis égyptiennes (qui n'ont pas encore été fixées), puis peut-être en Libye ou au Yémen, si le président Saleh passe la main, pour pouvoir prendre la mesure de l'émergence ou non de sociétés civiles capables de remplir les espaces politiques laissés vides par les régimes déchus.

Il faudra aussi mesurer le poids des populismes, notamment religieux, qui pourront également s'y exprimer. On pourra peut-être alors répondre à cette question essentielle : les régimes autoritaires arabes renversés en 2011 auront-ils été victimes d'excès conjoncturels – l'usure du pouvoir, la dérive patrimoniale –, ou d'un mal structurel – leur inadaptation à l'émancipation conquise de haute lutte par leurs sociétés ?

Gilles Paris

 

le monde.fr

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28 août 2011 7 28 /08 /août /2011 07:03

Il est communément admis que lorsque des Etats discutent d’un autre Etat, ce n’est pas pour dire que tout fonctionne.

 

 

Cela traduit au moins une préoccupation. Encore que le bilatéral est le niveau le plus bas et pas forcément le moins fort ou dangereux en relations internationales. Depuis quelques semaines, la Syrie n’échappe pas à ces sujets qui font l’ordre du jour. Et pour cause, les Syriens, qui aspirent à la liberté et au changement, font face à une impitoyable répression. Tous les moyens de l’Etat ont été engagés pour réprimer ce souffle, et désormais la Syrie évolue dans un cercle de plus en plus restreint, perdant ses amis et même ses alliés.
Il en est ainsi de l’Iran, présenté pourtant comme son principal allié dans la région avec le Hezbollah libanais, l’un et l’autre ayant décidé, à quelques heures d’intervalle, de prendre leurs distances avec le régime syrien. Le premier a affirmé, hier, que le gouvernement syrien devait répondre aux «revendications légitimes de son peuple», tout en mettant en garde contre un «vide politique» en cas de chute du président Bachar Al Assad. Le langage est fondamentalement nouveau, même si le chef de l’Etat iranien avait déjà appelé mercredi le gouvernement syrien à trouver avec ses opposants «une solution, loin de la violence», qui «sert les intérêts des sionistes».
L’on assiste à une gradation dans la position iranienne, et son évolution est substantielle, même si cela ne signifie pas lâchage de la Syrie, du moins à ce niveau-là.

 

 


L’approche iranienne se veut globale, puisqu’il est souligné que «les gouvernements doivent répondre aux revendications légitimes de leur peuple, que ce soit en Syrie, au Yémen ou ailleurs. Dans ces pays, les peuples ont des revendications légitimes et leurs gouvernements doivent y répondre rapidement», ajoutant que les événements en cours dans ces pays «sont dus au mécontentement des populations de ces pays». Adressé à un allié, le propos iranien est à la fois fort et inédit, même si les pays cités auront eux aussi à dire sur leur allié. Mais cela ne correspond-il pas à un état des lieux qui se veut très critique, puisque le chef du Hezbollah libanais, Hassan Nasrallah, a appelé vendredi les «amis» de la Syrie à œuvrer en vue de «calmer la situation» dans le pays pour éviter des conséquences «dangereuses» dans la région. La Ligue arabe a déjà décidé d’évoquer la situation en Syrie et dire au moins son inquiétude.
Elle s’y est à nouveau intéressée hier lors de sa réunion ministérielle extraordinaire. La décision est rare pour passer inaperçue, la Ligue s’étant toujours abstenue de parler de ses membres, sauf quand ceux-ci faisaient face à une menace ou une attaque extérieure. Elle n’hésite plus à se saisir de questions intérieures, même timidement.

 

 


L’organisation arabe ne pouvait se situer en deçà du travail accompli par d’autres organisations, ou peut-être même s’agit-il pour elle de prendre les devants. Ceci au moment où une mission humanitaire de l’ONU a jugé «urgent» de protéger les civils en Syrie, où la répression fait toujours des morts. «La mission a conclu que bien qu’il n’y ait pas de crise humanitaire à l’échelle nationale, il y a une nécessité urgente de protéger les civils contre l’utilisation excessive de la force», a-t-il déclaré. Selon l’ONU, le bilan de la répression s’élève à plus de 2200 morts depuis mars, et l’ambassadeur de Syrie à l’ONU, Bachar Jaâfari, a assuré le 11 août que 500 membres des forces de l’ordre avaient été tués par des manifestants depuis le début de la révolte le 15 mars. Pendant ce temps, les tractations se poursuivent au Conseil de sécurité de l’ONU, rendant vaine l’attente d’une résolution forte.

 

 

Mohammed Larbi
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28 août 2011 7 28 /08 /août /2011 06:01

 

Hamada Ben Amor, alias El General, 22 ans, s’est fait connaître grâce à son rap frondeur à l’encontre de Ben Ali. Devenu une figure de la Révolution de jasmin, il revit depuis la chute du Raïs. Il sera en concert lors de la 2e édition du Grand Ramdan, samedi 27 août, au Parc de la Villette (Paris 19e). Quand le rap fait bouger les dictateurs !

 

El General : « Le rap, c’est la voix du peuple ! »
Salamnews : Votre morceau intitulé « Raïs Le Bled » était directement adressé à Ben Ali. Quelle réaction attendiez-vous de lui ?
El General : Le titre a été écrit et mis en musique le 7 novembre, date du coup d’État médical de Ben Ali contre Bourguiba en 1987. J’ai voulu dénoncer l’injustice et le manque de liberté à travers ce rap. Je ne savais pas si le président allait écouter ma chanson ni même qu’il y aurait une révolution, mais je n’avais pas peur...
Pourquoi le pseudo « El General » ?
C’est une référence au pouvoir, censé montrer la voie et garantir la liberté. Je m’inspire aussi de figures révolutionnaires comme Che Guevara.
Votre chanson a rencontré un vif succès. Comment est-elle devenue l’hymne de la révolution tunisienne ?
Je n’ai pas prévu un tel impact et encore moins ma célébrité ! Mais je pense que j’ai aidé à propager l’esprit de la révolution.
Pourquoi ce morceau a-t-il pris tant d’ampleur ?
Depuis 23 ans, les Tunisiens avaient besoin d’entendre peut-être des paroles comme cela. Des paroles interdites... Le rappeur est par nature contestataire, nos chansons expriment ce que le peuple pense.
Votre rap a pris une dimension politique, largement écoutée chez les moins jeunes, surtout après votre arrestation...
Les anciens ont réalisé que les jeunes parlent aussi de leurs soucis. Mon arrestation a aussi exacerbé le sentiment de révolte et a donné plus d’écho à la chanson.
Ben Ali est parti, mais la situation reste chaotique...
Insha Allah, nous construirons une Tunisie meilleure : un pays sans régionalisme, dirigé par des politiques honnêtes, soucieux de l’intérêt général et non de leur profit personnel.
Justement, quel rôle souhaitez-vous jouer dans la « reconstruction » de la Tunisie ?
Je continuerai à être une force de critique, je resterai la voix du peuple à travers mon rap. À l’avenir, j’aborderai aussi des questions comme la Palestine. 



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28 août 2011 7 28 /08 /août /2011 04:47
Crise en Libye - Les Arabes appellent à débloquer les avoirs libyens
Le président du Conseil exécutif du Conseil National de Transition en Libye, Mahmoud Gibril.  
© MOHAMED HOSSAM / AFP
Les Arabes appellent à débloquer les avoirs libyens


LE CAIRE - La Ligue arabe a appelé «l'ONU et les pays concernés à débloquer les avoirs et les biens» de la Libye, selon un communiqué publié dans la nuit de samedi à dimanche au terme d'une réunion extraordinaire des chefs des diplomaties arabes.
Les ministres «appellent le Conseil de sécurité et les pays concernés à assumer leur responsabilité dans ces circonstances difficiles que traverse le peuple libyen en abrogeant la décision de bloquer les fonds, les avoirs et les biens revenant à l'État libyen», selon le communiqué.
Ils ont également appelé «l'ONU à permettre au Conseil National de Transition (CNT, organe politique de la rébellion libyenne) d'occuper le siège de la Libye à l'ONU et dans ses diverses organisations».
Le président du Conseil exécutif du CNT, Mahmoud Gibril, était à la tête de la délégation libyenne présente à la réunion de la Ligue arabe.
Le numéro deux de la rébellion libyenne a insisté sur le fait que le CNT avait besoin urgemment d'une aide financière, mettant en garde contre «une instabilité en Libye si les rebelles échouaient à rétablir les salaires et les services» dont la population a besoin.
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Le dictateur déchu introuvable - Kadhafi : faire «mieux» que Saddam ?

 

Par Nabil Benali

Trois scénarios se présentent désormais devant l'ancien chef d'Etat libyen depuis la chute de Tripoli entre les mains des rebelles du CNT.

A l'heure où nous mettons sous presse, Mouammar Kadhafi est introuvable. Sa tête est mise à prix, mort ou vif, par le CNT avec une prime de 1,7 million de dollars et nul ne sait exactement où il se trouve. Un conseiller du ministre des Affaires étrangères du Nicaragua, un pays dont l'intervention ici est aussi étonnante qu'inattendue, a affirmé que son pays était prêt à accueillir le colonel Kadhafi. Cette information avait relancé la piste d'un départ vers l'étranger du dictateur déchu, alors que la piste plusieurs fois évoquée par des rumeurs donnait Kadhafi pour partant vers l'Algérie, s'est révélée infondée. Mais ce scénario d'un Kadhafi quittant le pays reste le moins probable, d'autant que très peu de pays semblent disposé sà l'accueillir, en dehors peut-être du Venezuela de Chavez ou l'Iran d'Ahmedinejad. Il ne faudrait pas non plus compter sur les pays africains, au vu de la pression internationale mise par la CPI, et encore moins sur les pays arabes depuis la reconnaissance par la Ligue arabe du CNT, et surtout pas sur l'Arabie Saoudite qui abrite l'ancien chef de l'Etat tunisien, mais dont la monarchie n'a jamais toléré les insultes de Kadhafi à son encontre. Le CNT a, en tous cas, promis de libérer un couloir sécuritaire à Mouammar Kadhafi si ce dernier venait à annoncer son intention de quitter le pays. Mais tout porte à croire que l'ancien leader libyen a toutes les raisons de se méfier d'une telle offre, sachant qu'il est recherché par le CNT, les rebelles et certaines tribus qui ont des comptes à régler avec lui, sans compter l'Otan et la Cour pénale internationale. La quête de l'exil est donc à la fois peu probable et pratiquement impossible pour Kadhafi.

Non, le plus évident est qu'il ait décidé de rester au pays et de continuer à résister au CNT et à ses soutiens au sein de l'Otan. Cette voie ne semble avoir aucune issue, d'autant qu'il n'a plus aucun avenir politique, ni à l'intérieur ni à l'extérieur du pays, et que son régime était déjà mort au jour de la prise par le Conseil de sécurité de la résolution 1973.

Alors, quels choix se présentent à Kadhafi ? En réalité, pas beaucoup. Il peut soit rejoindre Syrte, là où l'on s'attend à une grande bataille entre ses soutiens, puisqu'il s'agit de sa ville natale et son fief, soit errer dans le désert libyen, entrer dans la plus complète clandestinité avec l'espoir de reconstruire ses forces dans le sens d'une guérilla.

Le premier scénario est corroboré par l'encerclement préventif par les rebelles de la ville de Syrte et l'offre du CNT de paix faite aux tribus locales moyennant l'abandon de Kadhafi à son sort. De plus, les troupes de Kadhafi semblent agir comme pour servir de couverture à ce dernier, en fixant le gros des troupes rebelles à Tripoli par la poursuite des attaques contre certains sites de la capitale et notamment l'aéroport et le Sud de la ville. Le porte-parole du régime déchu, Moussa Ibrahim, a pour sa part lancé un appel aux volontaires et assuré que «plus de 6.500 personnes étaient arrivées à Tripoli ces dernières heures pour rejoindre les rangs de ses partisans».

Mais il se pourrait aussi que le colonel Kadhafi soit lancé dans une toute autre perspective.

Si dans ses messages audio, Kadhafi continue d'appeler ses soutiens à poursuivre les combats et à nettoyer Tripoli, il n'a pas manqué de minimiser la prise de son quartier général de Bab el-Aziziya, à Tripoli, par les rebelles. «Bab el-Aziziya n'était plus qu'un tas de décombres après avoir été la cible de 64 missiles de l'Otan et nous nous en sommes retirés pour des raisons tactique». Si l'on ajoute le constat de la facilité avec laquelle Tripoli et ses environs sont tombés, et malgré les allégations d'un bilan de plus d'un millier de morts, on peut dire que Kadhafi a fait exactement comme Hussein Saddam lors de l'offensive américaine en 2003. L'ancien président Irakien a ordonné à ses troupes d'abandonner leurs postes de combats et d'échanger leurs uniformes contre des habits civils et de se réorganiser en groupes de guérillas urbaines. Baghdad fut prise presque sans résistance, mais le reste du plan n'a pas fonctionné pour plusieurs raisons, dont les plus évoquées sont le manque de préparation de l'armée irakienne à cette situation inédite ainsi que le peu de loyauté affiché par les troupes en déroute envers le dictateur irakien. Enfin, Hussein Saddam a été trahi par des informations de l'Armée américaine qui a réussi à le capturer après moins de 7 mois de cavale qui ont succédé à la chute de Baghdad.

Rien n'interdit de penser que c'est cette option que Mouammar Kadhafi recherche, c'est-à-dire à transformer le conflit d'une guerre de résistance, ce qu'il ne pouvait faire face aux avions de l'Otan, en une guerre de libération nationale. Le leader libyen ne s'en cache pas d'ailleurs en parlant de «lutte contre l'impérialisme et le colonialisme» , un discours par lequel il cherche à élargir ses soutiens, sinon à priver le CNT de disposer de nouvelles forces à l'intérieur du pays en le présentant pour un agent des puissances occupantes. Mais c'est surtout le seul discours qui pourrait le faire passer du dictateur sanguinaire en un patriote libérateur, une voie qui lui ferait récupérer sur le terrain politique ce qu'il a grandement perdu au plan militaire. Certes, tout indique que son sort est scellé et que sa finale mise hors d'état de nuire n'est pas très loin. Mais la véritable question n'est pas dans la personne de Kadhafi, mais de savoir s'il aura le temps d'enclencher quelque chose dans ce sens et si cela sera suffisamment puissant pour lui survivre. Voilà ce qui risque fort de déterminer le proche avenir de la Libye.

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Libye, Tunisie, Egypte: une force alternative dans le monde arabe

 

Trois régimes autoritaires voisins qui s'effondrent et c'est toute la donne géopolitique du monde arabe qui pourrait être bouleversée. Interview de Vincent Geisser, spécialiste du monde musulman, par Sarah Diffalah.

Carte du Maghreb (DR)Carte du Maghreb (DR)

La chute du régime du colonel Kadhafi va-t-elle avoir des répercussions sur les révolutions arabes en cours ?

- Cela va forcément renforcer le processus démocratique en Tunisie et en Egypte et isoler tous les autres pays arabes qui sont encore sous le principe du régime fort comme source de stabilité. Certes le changement ne va pas être radical, mais jusqu'à présent la Libye était un facteur d'instabilité et pour certains un exemple de révolution ratée. Désormais, elle va donner un argument politique à ceux qui veulent aller plus loin dans la transition démocratique.

Les relations libyennes avec ses pays voisins vont-elles être bouleversées ?

- Sur le plan économique, l'amorce d'une transition démocratique en Libye aura des effets bénéfiques directs sur son voisin immédiat, la Tunisie.

L'arrêt de la guerre et la stabilisation du pays va alléger la part des réfugiés économiques qui étaient arrivés sur le territoire tunisien – plus de 200.000 – et qui étaient en train de créer encore plus d'instabilité en Tunisie et menaçaient à moyen terme son processus démocratique.

La Libye était le poumon économique d'une main d'œuvre égyptienne importante et du tourisme tunisien. Il y a toujours eu des relations commerciales formelles et informelles entre ces trois pays. Aujourd'hui, les immigrés tunisiens et égyptiens vont pouvoir revenir très vite travailler en Libye, l'un des plus gros employeurs de la région. La stabilité régionale va tout simplement venir renforcer les liens préexistants. Comme une fenêtre, un soulagement et une opportunité énorme pour les relations économiques futures qui seront bien plus fortes qu'avant. Une continuité territoriale va se créer, comme une petite communauté économique de pays en voie de transition démocratique.

De nouveaux rapports de force peuvent-ils se créer ?

- L'Algérie voit d'un très mauvais œil la chute du colonel Kadhafi. D'abord, c'est l'un des pays qui a soutenu Kadhafi, même discrètement. Et puis, cette zone pourrait constituer désormais une menace économique. La Libye est un pays puissant économiquement disposant de l'arme pétrolière et qui en plus inscrit dans son calendrier sa volonté d'aboutir à un Etat démocratique. De quoi attirer beaucoup d'investisseurs. La Tunisie et l'Egypte vont bien sûr bénéficier de cette force.

Dans le monde arabe d'aujourd'hui la puissance économique est du côté des dictatures du Golfe. Ce pôle d'attractivité pourrait se déplacer vers ces démocraties adolescentes qui ensemble vont affronter les mêmes défis au même moment. Ce qui ne fait pas les affaires des pays du Golfe non plus.

Le regard de l'Union européenne se tournerait alors davantage vers ce Maghreb...

- Oui. Ce pôle alternatif est une menace pour l'Algérie à l'échelle du Maghreb et une menace pour les pays du Golfe à l'échelle du monde arabe.

Aussi, les injonctions des Occidentaux à l'égard des dictatures du Golfe sont restées relativement faibles lors des révoltes avortées du Barheïn, du Yemen et de l'Arabie Saoudite en raison de leurs richesses pétrolières que ces dernières brandissaient comme un chantage. Peut-être que cela va changer aussi.

Et sur le volet de la lutte anti-terroriste ?

- Je ne suis pas assez spécialiste de la question, mais je pense que la possibilité pour la Libye de financer les groupes terroristes –même si Kadhafi a été dans les dernières années l'un des plus grands soutiens de la lutte anti terroriste des Etats-Unis - va s'affaiblir.

Le nouveau gouvernement va continuer à collaborer avec les services occidentaux. Les frontières seront plus sécurisées même si certains vont profiter du chaos de la transition. Mais il est certain que ces pays seront un pôle de lutte contre le terrorisme beaucoup plus stable.

Interview de Vincent Geisser, chercheur à l'Institut de recherches et d'études sur le monde arabe et musulman, par Sarah Diffalah.

 

source : http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/monde/20110825.OBS9165/libye-tunisie-

 

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La Tunisie dans le conflit libyen : quels risques ? Quel avenir ?

 

Entre les Libyens qui fêtent leurs victoires chaque soir, dans les rues de Tunis et les affrontements entre pro-Kadhafi et rebelles aux postes frontaliers, la guerre enLibye devient un sujet récurrent de l’actualité tunisienne. Fadhel Kamel Borschen, un membre du Comité National de Transition de la section Gharyan (une ville à 90 kilomètres de Tripoli), donne son point de vue sur la suite des évènements et leurs répercussions sur les rapports entre les deux pays.

 

Henda Hendoud: Comment évolue actuellement la situation à Tripoli ?

Fadhel Kamel : Nous avons le contrôle de 90% de la ville. Nous avons réussi à localiser Kadhafi. Quelques milices du régime Kadhafi résistent encore mais d’autres cèdent. En ce qui concerne la Libye, nous contrôlons aussi 90% du territoire et nous enregistrons des avancées tous les jours grâce à nos combattants.

Henda Hendoud : Les Tunisiens se posent des questions sur l’information en provenance de la Libye. Que pensez-vous de la guerre médiatique qui dérive vers de la propagande concernant la Libye, comme les images de Seif al Islam Kadhafi juste après qu’il se soit échappé ?

Fadhel Kamel : Dans chaque guerre, il y a une guerre médiatique. Et c’est normal. Kadhafi est un homme qui aime le show, il adore se donner aux caméras et se mettre en scène ainsi que ses enfants. Les Libyens appellent ce qu’il fait «le feuilleton familial». Kadhafi contrôle six médias en Libye qui ne tiennent qu’un seul et même discours «le sauveur de la nation résiste à l’agression étrangères des occidentaux.» Ces médias ne montrent pas les crimes de Kadhafi et ne diffusent que des messages sur l’intervention de l’Otan.

Henda Hendoud: Que pensez-vous de la propagande qui va dans l’autre sens : qui ne montre pas les crimes de l’Otan ou ceux des insurgés ?

Fadhel Kamel: Nous ne pouvons pas contrôler ce genre de dérives. Les médias sont libres et ils choisissent eux-mêmes les sujets et les vérités qu’ils montrent. Quand vous dites les «crimes» de l’OTAN cela sous-entend qu’elle le fait exprès. Alors que ce n’est pas le cas. Et c’est pareil pour les insurgés. Les quelques cas de crimes de guerre représentaient des cas isolés et ils seront jugés.

Je précise que les crimes de guerre seront tous jugés après la libération du pays. Qu’il soit un militaire de Kadhafi, un insurgé ou l’OTAN, personne ne doit échapper à la justice. Nous concernant, nous faisons tout notre possible pour limiter les bavures. Vous savez que Mustapha Abdel Jalil a menacé de démissionner si les insurgés continuent à se comporter comme les milices de Kadhafi

Henda Hendoud : Quelle est selon vous la position de la Tunisie dans votre guerre ?

Fadhel Kamel: La Tunisie traverse une période difficile. Et pourtant elle a réussi à gérer les répercussions de la guerre sur son territoire. Il y a d’abord une sagesse diplomatique car le gouvernement provisoire est resté neutre. Ensuite, il y a le peuple tunisien, sa solidarité et générosité avec le peuple libyen. Vous savez qu’au Sud tunisien, au moins 600 mariages ont réuni les familles libyennes et tunisiennes ?  Sachant que la Tunisie passe par une crise économique et politique, la première dans son histoire (gouvernement provisoire, préparation pour les élections, guerre sur les frontières) , je trouve qu’il y a vraiment eu un effort de la part du pays.

Henda Hendoud : Comment voyez-vous l’évolution de la situation sur les frontières ?

Fadhel Kamel: Concernant la ville de Dehiba, les réfugiés rentrent en Libye en masse. Le camp de Dehiba est presque déserté aujourd’hui de ses réfugiés. Cependant à Ras Jedir et jusqu’à maintenant, elle est sous le contrôle des milices de Kadhafi. Il y a des confrontations à Abou Kamach (Cité industrielle sur la route de Tripoli) entre les insurgés et Kadhafi ainsi que la ville de Zouara qui est complètement isolée et sous les bombardements de l’armée de Kadhafi.

Nous avons lancé un appel à la Tunisie pour se préparer à accueillir encore plus de blessés arrivant du côté de Ras Jedir. Depuis que le gouvernement provisoire a annoncé son ralliement au Conseil National de Transition, les confrontations y sont devenues plus violentes. Concernant l’armée tunisienne, elle joue le rôle d’intermédiaire entre les deux fronts.

 

Henda Hendoud : La guerre en Libye a aussi influencé profondément la Tunisie et le quotidien du Tunisien. Les aides que reçoivent les libyens comme les matières premières qui dérivent vers la contrebande et le marché noir. Que pensez-vous de cette affaire et comment éviter le maximum de dégâts ?

Fadhel Kamel: Les marchandises qui passent par la Tunisie peuvent être classées en trois catégories. La première porte sur les aides fournies par le gouvernement, donc légales. La deuxième est fournie par les marchants libyens et ceux tunisiens et ça on ne peut pas le contrôler car il est conditionné par le marché (offre et demande). Et la troisième, c’est le trafic et qui cause problème à tout le monde.

Mais il faut préciser que le trafic va dans les deux sens. De la Tunisie, passe les matières premières (lait, céréales, huile …) et de la Libye passe l’essence, le ciment, l’or. Il y a même un marché sur les frontières où des libyens et des tunisiens échangent de marchandises. Et je pense qu’on ne peut pas contrôler ce trafic dans les conditions actuelles.

 

Henda Hendoud: On entend parler de divergences au sein du Conseil National de Transition. Ces conflits, peuvent-ils influencer le bon déroulement de la transition démocratique en Libye ?

Fadhel Kamel :Notre pays aspire à un régime démocratique. Et dans chaque démocratie, il y a diversité. Donc, c’est normal ou encore bénéfique que les membres du CNT débattent et se querellent. Finalement, tout le monde a un seul objectif qui est le bien du pays. C’est fini l’ère du seul homme, du seul avis, de la seule raison. Une fois Kadhafi parti, la Libyesera synonyme de diversité, richesse, démocratie et liberté. Après la guerre, nous envisageons des réformes dans tous les domaines et surtout ceux de la justice, de la presse, de l’éducation et de la santé…

Henda Hendoud: Et quel rôle va jouer la Tunisie dans ce nouveau processus ?

Fadhel Kamel: Le peuple tunisien est le seul qui n’a rien demandé au peuple libyen. Il a proposé ses services sans demander une contre-partie. Et nous n’allons jamais oublierla solidarité du peuple tunisien avec son frère libyen.

Je précise que les relations entre les deux pays seront encore plus fortes qu’avant. Mais surtout elles seront sur un pied d’égalité et pas dépendantes des humeurs de deux dictateurs. Comme vous le savez, à l’époque de Bourguiba et de Ben Ali, la relation entre les deux pays vivaient au rythme des ententes entre Kadhafi et ses homologues tunisiens. Kadhafi a souvent utilisé le chantage dans ses relations avec la Tunisie. Mais c’est fini, aujourd’hui, la Libye et la Tunisie seront des partenaires dans des grands projets.

Nous envisageons de faire un projet qui va réunir le Sud des deux pays. Un grand projet qui va mettre en valeur les petits et moyens investissements mais aussi des investissements lourds financés par une partie des revenus du pétrole (près de 10%). Avant de commencer, nous devons faire une étude sur toute la région.

D’autre part, la Tunisie est dotée d’une main d’œuvre qualifiée ainsi que des compétences de très haut niveau. Il ne faut pas oublier que la Libye est un très grand chantier qui aura besoin des compétences tunisiennes.

Propos recueillis le jeudi 25 août au sein de l’Association nationale libyenne parHenda Hendoud journaliste et blogueuse à Tunis.

Fadhel Kamel le jeudi 25 août à Tunis / Crédits Photo : Soukaïna

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