LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 22.07.11 | 13h23 • Mis à jour le 22.07.11 | 20h49
Sur cette photo, prise d'un téléphone mobile et relayée par Shaam News Network, des manifestants protestent contre le régime syrien dans la banlieue de Damas Maadamiya, mardi 19 juillet 2011. Sur le portrait de Bachar Al-Assad, on peut lire : "Pars. Nous n'avons pas confiance. Tu partiras et nous resterons car la Syrie est nôtre. Assez de l'injustice et des morts."AP
Jour de prière dans le monde musulman, le vendredi est devenu depuis le début du printemps arabe la journée centrale des contestations. Secouée par un mouvement de révolte sans précédent contre le régime depuis la mi-mars, la Syrie a connu une nouvelle journée de manifestations, vendredi 22 juillet. Plusieurs civils ont été tués par les forces du régime, selon des militants des droits de l'homme.
- La police charge des manifestants kurdes dans l'est du pays
Des manifestations ont débuté vendredi dans plusieurs villes, notamment dans le gouvernorat d'Hassaké (Nord-Est), dont la population est majoritairement kurde, selon des militants. "Des centaines de manifestants ont commencé à défiler dans les localités kurdes" d'Amouda, de Derbassiyé et de Ras al-Ain, a indiqué Abdel Karim Rihaoui, chef de la Ligue syrienne des droits de l'homme.
Pour mettre fin à ces rassemblements, des centaines de policiers et miliciens fidèles au président syrien Bachar Al-Assad ont chargé vendredi à coups de matraques des milliers de manifestants pro-démocratie dans la ville à majorité kurde de Kamichli, dans l'extrême est de la Syrie, rapportent des témoins.
La police a également fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser la foule, faisant plusieurs blessés. Les manifestants ont crié des slogans pour réclamer des libertés politiques et l'arrêt de la discrimination des autorités envers la minorité kurde, ajoutent ces témoins.
C'est la première fois qu'est signalée une action aussi violente des forces de l'ordre contre des manifestants kurdes depuis le début du soulèvement en Syrie il y a quatre mois.
- Plus de 1,2 million de manifestants à Hama et Deir Ezzor
Comme chaque vendredi depuis le début de la révolte, mi-mars, les Syriens étaient appelés à manifester à la sortie des mosquées, après la prière hebdomadaire. Selon Rami Abdel Rahmane, chef de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), plus de 1,2 million de personnes ont répondu à l'appel à Hama et à Deir Ezzor, près de la frontière irakienne, mais huit civils ont été tués dans la dispersion de rassemblements.
"A Deir Ezzor, ils étaient plus de cinq cent cinquante mille à la fin de la manifestation, et à Hama, ils étaient plus de six cent cinquante mille", a-t-il assuré, précisant que les forces de sécurité étaient absentes dans ces deux villes.
Selon M. Abdel Rahmane, les manifestants ont scandé des slogans contre le régime et exprimé leur solidarité avec les villes assiégées par les forces de sécurité, en particulier Homs (Centre), théâtre de violences meurtrières depuis une semaine.
- Les violences se poursuivent à Homs
Les violences n'ont d'ailleurs pas cessé dans cette ville, à laquelle la mobilisation était dédiée ce vendredi. "Deux manifestants ont été tués par les tirs des forces de sécurité qui ont dispersé des manifestations" à Homs, a déclaré Abdel-Karim Rihaoui, chef de la Ligue syrienne des droits de l'homme.
Plus au nord, "deux manifestants ont été poignardés devant la mosquée Amné à Alep (Nord) par des miliciens fidèles au régime qui ont pénétré dans la mosquée et attaqué" les fidèles, a-t-il ajouté, précisant que des dizaines d'autres manifestants avaient été blessés ou interpellés.
Il y a eu aussi deux morts et plusieurs blessés à Mleiha, dans la province de Damas, un autre mort à Aazaz, dans la province d'Alep, et un manifestant tué dans le village de Kfar Rouma, dans la province d'Idleb (Nord-Ouest), selon les militants.
- A Damas, un quartier kurde isolé
A Damas, où seize manifestants avaient été tués le vendredi précédent par les forces de sécurité, des milliers de militaires ont été déployés tôt vendredi matin, isolant le quartier de Roukn Eddine, où vit une importante communauté kurde. Des milliers de personnes ont cependant manifesté dans la capitale après la prière du vendredi. Ils étaient environ cinq mille dans le quartier Midane et des milliers d'autres sont sortis de trois mosquées du quartier Hajar al-Assouad en scandant des slogans réclamant la liberté.
- Les forces de sécurité déployées dans les environs de Damas
A Douma, une localité à 15 kilomètres de Damas, où les communications téléphoniques et l'électricité étaient coupées selon un militant, les forces de sécurité quadrillaient le marché et la place de la Grande Mosquée. "Beaucoup d'habitants ont quitté la localité de crainte d'arrestations arbitraires", selon l'OSDH.
Des centaines de manifestants ont défilé dans les localités kurdes du gouvernorat d'Hassaké (Nord-Est), ainsi qu'à Soueida (Sud) et plus de douze mille personnes ont manifesté à Idleb (Nord-Ouest), selon des militants.
A Deraa (Sud), où est née la contestation contre le régime du président Bachar Al-Assad, le 15 mars, des agents de sécurité étaient déployés autour des principales mosquées, mais "des jeunes ont défilé dans la rue al-Koussour et des tirs nourris ont été entendus", a déclaré M. Abdel Rahmane.