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21 juin 2011 2 21 /06 /juin /2011 19:21

Le tribunal militaire poursuit son enquête relative au meurtre d’innocents pendant la période du 17 décembre au 14 janvier. Aucun criminel n’échappera à la justice. Et le président déchu en premier!


C’est ce qu’a affirmé le colonel major Marouane Bouguerra, directeur général de la Justice militaire et représentant du ministère de la Défense nationale, vendredi lors de la rencontre avec les médias au Premier ministère.
«Le juge d’instruction militaire a émis un mandat d’arrêt contre le président déchu. Il est en train d’ajouter des éléments dans le dossier du président déchu pour demander à l’Arabie saoudite de l’extrader conformément à la convention de coopération judiciaire arabe du 6 avril 1983», signée par les deux pays. Par-delà le nombre de crimes, rendre la justice est une responsabilité nationale. «Nous devons poser deux questions: qui a tué et qui a donné l’ordre? La détermination des responsabilités va nous demander du temps. Ce n’est pas facile mais il ne faut nous précipiter. La prise en charge de l’instruction dans ces affaires par l’appareil judiciaire militaire n’est pas une opération simple, mais nous devons faire prévaloir les valeurs de sincérité et de transparence. Il ne s’agit pas non plus de vengeance. Les procès se dérouleront dans un cadre légal».
Par ailleurs, le colonel major a déclaré que 182 affaires enregistrées pendant la révolution seront examinées par trois tribunaux militaires permanents. Celui de Tunis se chargera de 130 affaires concernant 9 gouvernorats du nord et du Sahel, celui de Sfax examinera 51 affaires des gouvernorats du centre et du Sud-est et celui du Kef se chargera d’une seule affaire (celle de Thala-Kasserine).
Concernant l’affaire Slim Hadhri, tué par balle à Erramla (à Kerkennah) par un agent de la sécurité, le tribunal de Sfax examinera cette affaire de mort avec préméditation le 27 juin.
Interrogé par Kapitalis concernant l’affaire des snipers, le colonel a indiqué que le tribunal militaire a pris en charge depuis un mois cette affaire. «Les recherches se poursuivent à un rythme très accéléré pour dévoiler les circonstances des meurtres commis pendant cette période. L’appareil judiciaire militaire informera les Tunisiens des résultats de cette enquête, soit de confirmer ou d’infirmer l’existence de ces parties, et de révéler les circonstances des meurtres commis, au cours de cette période et dont la responsabilité incombe à tous ceux à qui on a attribué le nom de snipers.

 

http://www.kapitalis.com/fokus/62-national/4428-tunisie-la-justice-militaire-promet-de-faire-la-lumiere-sur-les-snipers.html

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21 juin 2011 2 21 /06 /juin /2011 19:21

L’aménagement du territoire après la révolution du 14 janvier 2011 semble intéresser, ces temps-ci, plus d’un. Administration et société civile commencent à cogiter là-dessus, encouragées en cela par la disponibilité de financements, généreusement fournis par des bailleurs de fonds fort intéressés par un «remaping» du pays devant favoriser leurs intérêts.

Dans cette première partie, nous ferons l’état des lieux. Et dans la seconde partie, l’universitaire et sociologue, Ridha Boukraa, nous propose un modèle de développement alternatif.

C’est dans cette optique que s’inscrit, entre autres, une étude en cours destinée à «évaluer la politique d’aménagement du territoire en Tunisie». Cette étude, qui sera fin prête d’ici fin 2011, est financée par l’Agence française de développement (AFD) et menée par un bureau d’étude pour le compte du département d’aménagement du territoire relevant du ministère du Transport et de l’Equipement.

 

L’objectif «déclaré» est d’optimiser la répartition des ressources naturelles et des activités, de désenclaver les zones de l’intérieur et d’identifier les mécanismes de coordination intersectorielle et d’articulation entre le central et le local.

 

L’enjeu est de taille. Car, tout projet d’aménagement du territoire, fût-il un diagnostic de l’existant, va engager l’avenir du pays et orienter tous les investissements publics et privés. Un tel projet ne peut être adopté, en principe, qu’après son examen par les conseils locaux et régionaux et par un Parlement, réellement représentatifs et librement élus, lesquelles institutions n’existent pas encore.

Une question se pose dès lors. Au nom de quelle légalité, droit et légitimité, l’actuel ministère provisoire du Transport et de l’Equipement se permet d’engager «cette évaluation» laquelle, pour peu qu’elle soit menée par des technocrates thuriféraires du dictateur déchu, risque de reproduire les mêmes inégalités et le déséquilibre régional qui ont provoqué la révolution du 14 janvier.

N’oublions pas qu’au nombre des mécanismes de la dictature mis en place par le président déchu, figurait en bonne place le plan d’aménagement du territoire de 2004.

Exécuté de fait jamais de juré, ce plan, qui n’a jamais été discuté par le Parlement, répartit le territoire tunisien en grands pôles de développement articulés autour des trois plus grandes villes de Tunisie: Tunis la capitale pour le Nord du pays, Sousse pour le Centre et Sfax pour le Sud.

Au nom d’une certaine folie des grandeurs, ces métropoles, qui seront dotées de l'infrastructure lourde en matière de transport, de communication, d'industrie, de services, sont appelées à devenir des méga-pôles censés rivaliser avec des métropoles méditerranéennes comme Marseille, Rome ou Barcelone, et rayonner sur les régions de l'intérieur.

Conséquence: selon ce plan, le reste des villes du pays, dont certaines étaient des capitales de Tunisie, ne peut être qu’au service du littoral ou du corridor d’or.

Ainsi, dans le sillage du Grand Tunis, évolueront des villes stratégiques du nord-est du pays (Bizerte, Nabeul) et du nord- ouest (Jendouba, Le Kef, Siliana, Béja, Zaghouan...). A la périphérie de Sousse, se développeront des villes comme Monastir, Mahdia et Kairouan. Et enfin à la périphérie de Sfax, évolueront les villes de Gabès, Médenine, Djerba, Tozeur, Nefta, Gafsa, Tataouine...

Le résultat d’une telle politique, on le connaît maintenant: la révolte des communautés de l’intérieur démunies contre un littoral nanti.

A suivre Un modèle alternatif de développement est-il possible? …“

 

http://www.webmanagercenter.com/management/article-107103-tunisie-amenagement-du-territoire-le-remaping-du-territoire-jeu-de-mode-ou-enjeu

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21 juin 2011 2 21 /06 /juin /2011 19:19

Le régime algérien a ressenti les révolutions de la Tunisie et de la Libye comme une menace mortelle pour sa propre pérénité. Pris de vitesse par la fulgurante révolution de jasmin, il n'a pas eu le temps de la contrarier. Mais il s'est largement rattrappé depuis. D'abord en apportant une aide massive à son compère Kadhafi. C'est uniquement à cause de l'appui sans faille du régime algérien que Kadhafi n'est pas tombé. Mais les puissances occidentales, qui le savent pertinement, et qui ont deux fers au feu, tentent de convaincre doucement cette association de malfaiteurs qu'est le régime algérien de lâcher le despote. C'est en cours de règlement, et le voyage récent du Ministre français des Affaires étrangères est principalement axé sur ce problème. Il faut ménager, n'est-ce pas, ce partenaire ombrageux qui agite une poire de gros contrats qui dépassent les 300 milliards de dollars.

Mais il y a aussi la Tunisie, que le régime algérien veut neutraliser, et domestiquer, au point où il dicte au gouvernement transitoire tunisien des désiratas complètement farfelus. Parce qu'il sait qu'il dispose de moyens de coertition particulièrement assassins.

Cela ne fait plus aucun doute. Le régime algérien a mis en branle une vaste campagne de déstabilisation de la Tunisie, en même temps qu’il déploie des montagnes de subversion pour aider le criminel Kadhafi à se maintenir au pouvoir.

Cette attitude n’est pas étonnante. Elle est même d’une logique incontournable. Le régime d’Alger, fondé sur la prédation économique, la repression des libertés publiques, et la subversion systémique, érigée en mode de gouvernance, ne pouvait pas s’accomoder d’un peuple libéré à ses frontières. Encore moins de deux peuples libérés, après tant de despotisme.

Le Président tunisien, qui a officiellement appelé les dirigeants algériens à « comprendre les changements démocratiques » qui ont cours dans son pays, s’est exprimé, en vérité, de façon très diplomatique. Parce qu’il ne peut se permettre raisonnablement de dénoncer les agissements chafouins et particulièrement dévastateurs de son puissant voisin, qui use de toutes sortes d’opérations de déstabilisation, pour tuer la révolution tunisienne, et provoquer le chaos dans ce pays. Il cherche, par tous les moyens, à faire regretter le régime policier de Benali.

Le jour où les langues se délieront, et où les journalistes occidentaux feront un vrai travail d’information, le monde entier sera choqué de ce que le régime algérien a perpétré contre les peuples tunisien et libyen. Ce jour viendra. Et bien plus tôt que ne le croient les officines algériennes de la subversion, et de la contre-révolution.

Le régime algérien n’a pas encore compris que le train de la démocratie s’est réellement ébranlé en Tunisie, qu'ilest bel et bien parti, et qu'il il ne s’arrêtera qu’en gare. Une gare nommée Liberté.

Ce régime honteux, ce ramassis de crapules malfaisantes fait tout pour gêner une heureuse transition dans ce pays frère, parce qu’il perçoit la libération du peuple tunisien comme une menace pour sa propre pérennité.

Sachant que le tourisme est une ressource vitale, vraiment vitale, pour la Tunisie, et que les touristes algériens représentent une part très importante de cette manne (la deuxième après les Allemands), il a déployé sa machine de guerre subversive, en faisant courir des rumeurs d’insécurité en Tunisie. Il a réussi à installer une véritable psychose, au sein des populations algériennes qui passaient régulièrement leurs vacances en Tunisie, depuis des années.

Nul doute qu’il fera tout pour décourager les Algériens de se rendre en Tunisie cet été, quitte à agir directement au niveau des frontières, comme il sait si bien le faire.

Mais ces manipulations criminelles n’arrêteront pas la roue de l’histoire. Le peuple tunisien finira ce qu’il a commencé, parce que sa volonté est inébranlable, parce qu’il est sobre, parce qu’il est heureux d’avoir recouvré sa dignité humaine, parce que ses espoirs sont immenses, que son civisme est à la hauteur de ses rêves, et qu’il parviendra à surmonter tous les obstacles qui sont dressés sur son chemin, par le régime criminel d’Alger, et autres groupes occultes qui espèrent inverser le cours de l’histoire.

Mais nous, Algériens et Algériennes, devons contrer cette volonté assassine du régime qui nous opprime, et qui cherche à punir les Tunisiens, pour avoir chassé ceux qui les broyaient. Nous devons dénoncer la campagne insidieuse du régime algérien. Nous devons la démentir. Pour que tous les Algériens apprennent que la Tunisie est non seulement un pays sûr, mais qu’elle est devenue un pays libre.

Que tous les Algériens qui ont l’habitude de passer leurs vacances en Tunisie ne se laissent pas dissuader de continuer à le faire. Et que ceux parmi eux qui ne connaissent pas ce beau pays fassent oeuvre utile en s’y rendant. Ils découvriront un pays merveilleux, un peuple apaisé et souriant et un accueil fraternel.

Passer ses vacances en Tunisie est devenu un acte militant. Chaque famille algérienne qui passera ses vacances en Tunisie, en plus du plaisir qu’elle y trouvera, apportera une pierre pour la construction de la nouvelle Tunisie. Dans un nouveau Maghreb.

En plus d’éviter à l’économie tunisienne de graves manque-à-gagner, nous agirons contre notre propre régime, puisque ce qui le dérange est forcément dans l’intérêt de nos peuples.

Ces souffrances inutiles que le régime algérien inflige aux Tunisiens sont vouées à l’échec. Parce que le peuple tunisien ne se laissera pas voler son immense victoire, par de vils charognards.

Et que de partout, de tous les pays du monde, du sein même des milieux populaires qui croient en l'Homme, et en sa volonté farouche de recouvrer sa dignité, naisse le désir ardent d'aller à la rencontre d'une vraie révolution, pour aller y passer des jours de bonheur, où le soleil tutoie la mer, où les rires des enfants sont des éclats de cristal. Aller passer ses vacances en Tunisie est un acte militant. Que s'y rencontrent tous les hommes et les femmes de bonne volonté, et que la volonté des peuples soit faite.

L’hymne de la Tunisie ne contient-il pas cette belle sentence ? : « Si un peuple aspire un jour à la Vie, force au joug de se briser, et au destin de se soumettre ! »

Le peuple tunisien vivra.

Sa belle révolution soufflera sur toute la région, et balaiera les miasmes de l’oppression. Et qui sait ? Peut-être parlerons nous, un jour, de vacances qui ont boosté une révolution.

Le jour n’est pas loin où nos peuples affirmeront leur pleine volonté. Vive la Tunisie ! Vive le Grand Maghreb des Peuples. Vivent tous les peuples de la terre.

 

D.Benchenouf

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21 juin 2011 2 21 /06 /juin /2011 19:18

Officiellement Centre Culturel Tunisien, le 36 rue Botzaris accueillait une annexe du RCD, le parti du dictateur tunisien Ali Ben Ali. Investi par des réfugiés tunisiens depuis le 31 mai, une masse colossale de documents potentiellement compromettants, (fiches politiques, fichiers de journalistes etc.) ont été trouvés sur place. Depuis, en 24 heures le lieu a été évacué par les forces de l'ordre et placé en extra-territorialité alors qu'un juge d'instruction s'apprêtait à perquisitionner les locaux. Bizarre...

Botzaris, l'arrière-cour française des réseaux Ben Ali
Alors que s’ouvrait le procès Ben Ali, la France découvre, sur son territoire, les arrières boutiques du régime.
Occupé depuis le 31 mai par une centaine de réfugiés tunisiens passés par Lampedusa, l’immeuble situé au 36 de la rue Botzaris dans le 19è arrondissement abritait officiellement le « centre culturel Tunsien », propriété de l’Etat tunisien. En fait, le bâtiment hébergeait jusqu'à la chute du régime Ben Ali la section française du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), le parti de l'ancien président renversé le 14 janvier dernier.

Dès le début du mois de juin, une chaîne de solidarité se constitue sur les réseaux sociaux pour venir en aide aux réfugiés. Sur place, les personnes présentes découvrent une masse d’archives colossale, beaucoup de photos, des relevés de banques, des documents, factures au nom du RCD, une lettre du RCD à Delanoë demandant la possibilité de louer le Palais Omnisports de Paris-Bercy pour un meeting électoral, mais aussi des chèques, des articles, listes de journalistes opposés au régime de Ben Ali, membres du RCD classés par région française et beaucoup de noms de politiques français. « La milice de Ben Ali stockait des fiches sur des politiques français » explique Karim Guellaty, blogueur et militant présent sur place pendant plusieurs jours.

Fondé par Nicolas Beau, auteur de Notre ami Ben Ali, le site Bakchich et « la cartographie de ses réseaux » était également surveillé. Dans un mail daté du 16 octobre 2009, le chef de la « cellule de veille » indique que son équipe « approfondira dans les prochains jours, l'analyse des comportements des membres et animateurs de ce site ».

Un bâtiment interdit d'accès à la justice en 24 heures...
Bref, une véritable base arrière française du parti-Etat Ben Ali à partir duquel il tissait sa toile et surveillait ses réseaux de fidèles et opposants.

Selon Médiapart, les lieux auraient servi à des réunions de la police politique de Ben Ali en France voire de lieu de torture des opposants.
Depuis plusieurs jours, de nombreuses voitures de polices banalisées dont les militants diffusent les plaques d’immatriculation sur twitter sont en planque dans les environs.

Le 15 juin, une partie de ces archives partent dans les mains de l’avocate Soumaya Taboubi qui entend fonder un collectif, une opération « coup de poing » parfaitement préméditée selon certaines sources.
Le 16 juin les réfugiés sont expulsés, la plupart sont relâchés mais sans endroit où dormir. Ils passeront plusieurs nuits dehors, aux abords du Parc des Buttes Chaumont, aucune solution de substitution n’ayant été trouvée. Les réfugiés tenteront de réoccuper les lieux le soir. Un certain nombre d’entre eux campe encore près des Buttes Chaumonts.
Le 17 juin, à 8 heures, on apprend que le 36 rue Botzaris dont le propriétaire est une société répondant au nom de SAHLM Universitaire Franco Tunisienne, devient annexe de l’ambassade de Tunisie et bénéficie du statut de l’extra-territorialité.

Selon Owni, à la suite d’une plainte déposée il y a quelques semaines par les associations Sherpa et Transparence International, un juge d’instruction ouvre une information judiciaire contre X, en visant Ben Ali, pour blanchiment d’argent en bande organisée. D'après nos informations, ce juge d’instruction avait l’intention de venir perquisitionner rue Botzaris dans le cadre de son enquête. Le 17 au soir, il ne peut plus être perquisitionné du fait du placement des lieux en extra-territorialité…

Une bombe politique, économique et financière ?
« Cela voudrait dire que quelqu’un dans les milieux judiciaires a fait fuiter l’info au niveau politique, à l’Etat français ou directement à l’Etat tunisien en disant : dépêchez-vous de me placer ça en extra-territorialté. D’habitude c’est une procédure qui prend un certain temps. Il y a là une aberration judiciaire : les plus hautes autorités de l’Etat tunisien demandent à la préfecture de faire évacuer le lieu, ce qui nous est confirmé par l’Ambassade mais on ne sait pas à quel titre le gouvernement tunisien demande à la France de faire évacuer les locaux puisque le 16 ce n’est pas une annexe de l’ambassade de Tunisie ? » s’interroge Karim Guellaty qui estime l’affaire sérieuse : « Personnellement, je pense que cette histoire d’archives, c’est une bombe politique, économique et financière et qu’aujourd’hui il n’est dans l’intérêt de personne que ces archives sortent et soient exploitées. Je pense notamment aux réseaux Ben Ali qui démontrent à quels points ils sont encore puissants puisqu’en 24 heures, ils arrivent à faire expulser des réfugiés par une intervention des forces de l’ordre, savoir qu’un juge d’instruction s’apprête à perquisitionner et que les locaux deviennent annexe de l’ambassade ».

Entre autres anecdotes curieuses, à la surprise générale, on apprenait hier, que le Ministre de l’intérieur tunisien est en France depuis vendredi sans que l’on sache si cela à un rapport avec ceci.
Aujourd’hui c’est une société privée mandatée par l’ambassade de Tunisie, soit le représentant en France du gouvernement de transition tunisien, qui surveille les locaux.


La police politique de Ben Ali en France

Le 36 rue Botzaris. Un lieu de sinistre réputation, connu des opposants au régime puisque à l’occasion des dix ans de régime benaliste, « 202 personnes avaient signé au 9 avril 1997 en Tunisie un appel demandant l'instauration de la démocratie. Alors que la collecte des signatures continuait, un rassemblement s’organisait, à Paris, symboliquement au 36, rue de Botzaris » rappelle Fabien Abitbol du Menilmontant blog qui en profite pour mettre en ligne un texte d’époque du journaliste et militant zapatiste Fausto Giudice : « Nous sommes rassemblés face au 36 rue Botzaris. A cette adresse, devant vous, se dresse une forteresse bien protégée par un haut mur et des grilles. Cette forteresse est à l'image du palais de Carthage où trône, retranché, le tyran tunisien, le général Zine El Abidine Ben Ali. Cette forteresse est à l'image du régime tunisien. Dans ces locaux, qui bénéficient d'un statut diplomatique, en tant qu'annexé de l'ambassade de Tunisie située rue Barbet de Jouy, se trouvent officiellement le "centre culturel" de l'ambassade et le Rassemblent des Tunisiens de France (RTF), l'amicale contrôlée par le régime. Officieusement, c'est le RCD, le parti de Ben Ali, qui siège ici. Et en réalité, cette forteresse est une des bases à partir desquelles le régime tunisien contrôle, réprime et agresse la communauté tunisienne en France. C'est d'ici que sont diffusés les ordres de Ben Ali, c'est ici que se concoctent des agressions, des campagnes d'intimidation et de calomnie contre des réfugiés tunisiens. A notre avis, les activités illégales et louches qui se déroulent au "36" sont en contradiction flagrante avec son statut diplomatique. Le "36" dépend en effet plutôt du ministère de l'Intérieur tunisien que du ministère des Affaires étrangères. Ce lieu ressemble plus à un des nombreux lieux secrets de détention et de torture disséminés en Tunisie qu'à un "centre culturel". Voilà pourquoi nous sommes ici aujourd'hui ».

Preuve que tout le monde ne pouvait ignorer l’existence de cette sombre annexe du régime Ben Ali en territoire français.

Les locaux de la rue Botzaris abritaient aussi de nombreuses autres associations, dont le Rassemblement des Etudiants tunisiens à Paris (Retap), un organisme des plus accueillants à première vue chargé d’aider les étudiants venant de Tunisie, couverture pour une officine d’encadrement politique des étudiants tunisiens en France et de surveillance des opposants.

« De nombreux tunisiens en France savaient ce qu’il y avait rue Botzaris. On en entendait parler. Personnellement, j’avais été convoqué plusieurs fois par la police politique du RCD, mais je n’y suis jamais allé. Ils voyaient que j’étais actif dans le milieu étudiant donc ils essayaient d’impressionner et de retourner les gens. Ils étaient bien organisés » confie Karim Guellaty.
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21 juin 2011 2 21 /06 /juin /2011 19:16

Bien qu'absents, le couple Ben Ali a écopé d'une première et lourde condamnation à 35 ans de prison.

Bien qu'absents, le couple Ben Ali a écopé d'une première et lourde condamnation à 35 ans de prison. © MAXPPP

L'avocat de l'ex-président tunisien dénonce une parodie de justice.

La Tunisie a décidé de rapidement tourner la page de l’ère Ben Ali : l'ex-président tunisien Ben Ali et son épouse Leïla Trabelsi ont écopé lundi d’une première condamnation par contumace à 35 ans de prison chacun. Ce verdict n'est que le premier d'une longue série de procès.

Poursuivis pour détournement de fonds publics, Zine El Abidine Ben et son épouse ont par ailleurs été condamnés par la chambre criminelle du tribunal de première instance de Tunis à des amendes de 50 millions de dinars, soit 25 millions d'euros, pour l'ex-homme fort tunisien et de 41 millions de dinars, soit 20,5 millions d'euros, pour son épouse.

Ni Zine El Abidine Ben Ali, qui s'était réfugié en Arabie saoudite le 14 janvier dernier, chassé par une révolte populaire inédite qui a mis fin à un règne de 23 ans, ni son épouse qui a fui avec lui, n'ont pas assisté à ce premier procès.

Premier volet : de l’argent détourné

La première affaire mettait en cause le couple pour accaparement et détournement de fonds publics, après la découverte de quantités faramineuses d'argent et de bijoux de prix dans un palais de Sidi Bou Said, dans la banlieue chic au nord de Tunis.

La télévision publique avait montré d'imposantes liasses de dinars tunisiens et de devises étrangères empilées dans un énorme coffre, évoquant des images de "caverne d'Ali Baba". Le procureur a demandé "les peines les plus sévères pour ceux qui ont trahi la confiance et volé l'argent du peuple pour leur gain personnel", avant de martelé : "ils n'ont pas arrêté de voler durant 23 ans".

Deuxième volet : de la drogue et des armes

Dans la seconde affaire, seul le président déchu Ben Ali est visé. Elle a trait à la découverte dans le palais présidentiel de Carthage de 1,8 kg de drogues et d'armes. L'ex-président avait rejeté en bloc par avance toutes ces accusations par le truchement de son avocat libanais Me Akram Azouri.

Un autre procès portant sur une autre affaire a été reporté au 30 juin prochain, afin de permettre aux avocats commis d'office de préparer la défense de l'ex-président.

La suite : atteinte à la sûreté de l'Etat et homicides volontaires

Plusieurs centaines de manifestants, dont certains réclamaient la peine de mort, se sont rassemblés devant le palais de justice pour demander que l'ancien président soit ramené dans son pays. "Pourquoi ont-ils commencé avec le procès pour les drogues, les armes et l'argent volé ?", a demandé une femme. "Pourquoi n'ont-ils pas commencé par le procès pour le meurtre de centaines de personnes ?"

Ben Ali doit en effet être par ailleurs jugé par un tribunal militaire pour atteinte à la sûreté de l'Etat et homicides volontaires. Plusieurs centaines de manifestants ont été tués par les forces de l'ordre durant les trois semaines de contestation.

Dans un communiqué publié lundi, ses avocats contestent la responsabilité de Ben Ali dans ces événements. "Il n'a pas donné l'ordre de tirer sur les manifestants et cela peut être prouvé par les contacts entre la présidence, le ministère de l'Intérieur et les différents ministères, qui sont enregistrés", écrivent-ils.

"Ce n'est pas de la justice", selon l'avocat de Ben Ali

L'avocat libanais de Ben Ali a dénoncé une parodie de justice après la condamnation de son client à 35 ans de prison. "C'est une plaisanterie, ce n'est pas de la justice", regrette Akram Azouri joint par Europe 1. "Le président n'a pas eu le droit à son défenseur. Il n'a pas eu le droit à la communication des charges qui lui étaient appliquées. Il a été condamné à 35 ans de prison pour des devises étrangères trouvées à son domicile deux mois après son départ", déplore-t-il.

A la question de savoir si Ben Ali irait en prison, l'avocat de l'ancien président tunisien est catégorique. "Sur la base de ce jugement, certainement pas. Monsieur Ben Ali peut rentrer demain en France et toute demande d'extradition sera refusée par vos tribunaux qui ne vont pas jamais reconnaître ce jugement", affirme Akram Azouri.

http://www.europe1.fr/International/Les-Ben-Ali-condamnes-a-35-ans-de-prison-595173/

 

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21 juin 2011 2 21 /06 /juin /2011 19:15

SANAA — Des milliers de manifestants ont défilé lundi à Sanaa pour réclamer un conseil transitoire et le départ du fils et des proches du président Ali Abdallah Saleh, accusés d'entraver la transition politique.

Dans le Sud, les combats entre l'armée et des membres présumés d'Al-Qaïda ont fait six nouveaux morts parmi les militaires engagés dans des combats avec des extrémistes armés liés à Al-Qaïda, qui tiennent la ville de Zinjibar.

"Haussez la voix et réclamez un conseil transitoire", "non à la guerre civile", ont scandé à Sanaa les manifestants, au nombre de plusieurs dizaines de milliers selon les organisateurs, les "Jeunes de la Révolution".

 

Les manifestants ont également appelé au départ du pays du fils aîné du président contesté, Ahmed Ali, commandant de la garde républicaine, et de ses neveux qui contrôlent d'autres organes de sécurité.

"Ahmed et Ammar (un neveu du président, chef de la sûreté nationale), partez", répétaient les manifestants.

M. Saleh est hospitalisé à Ryad après avoir été blessé dans une explosion le 3 juin.

Depuis son départ, les jeunes protestataires qui ont déclenché en janvier un vaste mouvement de contestation pour réclamer son départ font pression sur le vice-président Abed Rabbo Mansour Hadi pour qu'il forme un Conseil intérimaire afin d'assurer la transition du pouvoir.

M. Mansour Hadi dirige le pays de facto en l'absence du président, mais il ne s'est pas installé au palais présidentiel, où se trouve le fils aîné du président Saleh.

Dans une déclaration à l'AFP, le porte-parole de l'opposition parlementaire, Mohamed Qahtan, a accusé les fils et les proches du président d'entraver une transition pacifique.

"Le fait que les fils (et les neveux) du président s'accrochent au pouvoir qu'ils considèrent héréditaire entrave la transition", a-t-il dit.

Sanaa persiste à présenter le retour du président yéménite comme imminent, alors que des sources en Arabie saoudite affirment que son état de santé est mauvais et qu'il ne retournera pas dans son pays.

Le chef de l'Etat avait été blessé lors d'une explosion dans la mosquée du palais présidentiel. Onze de ses gardes du corps ont été tués et 124 personnes blessées, dont le Premier ministre Ali Mohammed Moujawar et le président du Parlement Abdelaziz Abdelghani, également soignés en Arabie saoudite.

Le vice-ministre des Biens Religieux (Waqf), Mohammed Yehya al-Fassil, blessé dans l'attentat et qui était soigné dans le royaume, est décédé, et a été enterré dimanche à La Mecque, ville sainte musulmane de l'ouest de l'Arabie saoudite.

Sanaa s'est installée dans une crise aiguë de carburant et de manque d'électricité qui entraîne une hausse des prix des produits. Des dizaines de stations-service ont fermé dans la capitale faute de carburant.

A Hodeida, sur le côte ouest, des médecins se sont alarmés de nombreux décès de malades dont des enfants en raison d'une coupure prolongée d'électricité.

Par ailleurs, six militaires ont été tués dans des combats nocturnes avec des combattants présumés d'Al-Qaïda aux abords de la ville de Zinjibar, située dans la province d'Abyane, dans le sud du Yémen, a indiqué lundi à l'AFP un officier.

Selon lui, les combats dans lesquels l'aviation yéménite est intervenue ont opposé les soldats "aux combattants des Partisans de la Charia, liés à Al-Qaïda", qui contrôlent depuis le 29 mai la ville de Zinjibar.

Deux officiers, dont un colonel, figurent parmi les morts, a précisé cette source selon laquelle il y aurait également de nombreux morts et blessés dans les rangs des extrémistes armés.

Treize membres présumés d'Al-Qaïda et deux soldats avaient trouvé la mort dans des combats dimanche à Zinjibar, selon des sources militaires et médicales.

 

AFP

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21 juin 2011 2 21 /06 /juin /2011 19:14

Manifestation anti-gouvernementale le 12 juin 2011 à Sanaa (Mohammed Huwais).

Manifestation anti-gouvernementale le 12 juin 2011 à Sanaa (Mohammed Huwais).

 

Les jeunes de la révolution ont décidé de persister dans leur choix de manifester jusqu'à la chute du régime. Et donc de rejeter toutes les initiatives [dites de transition] qui sont en réalité destinées à le protéger. Dans cette "Arabie heureuse", des millions de gens sont menacés de mourir de faim, des milliers sont réduits à la mendicité. Les Yéménites ont encore peur de mourir de malaria et, quarante ans après l'arrivée de l'homme sur la Lune, beaucoup continuent de rêver qu'un jour ils se déplaceront en voiture plutôt qu'à dos d'âne. Quant au président Ali Abdallah Saleh, il bradait les richesses du pays à vil prix pour s'enrichir lui-même, avec une totale insouciance de la pauvreté dont souffrent nos compatriotes.

Ce président admettait une démocratie de façade, prix à payer pour la réunification entre le Sud et le Nord et condition exigée pour obtenir l'aide internationale. Il n'empêche que la révolution a mûri dans les esprits avant de se concrétiser sur le terrain. Car, dans la démocratie corrompue de Saleh, les prétendues élections ouvertes ont au moins servi à faire naître un espoir de changement. L'opposition s'est saisie de cet espoir pour le transformer en revendication. Et celle-ci est devenue révolutionnaire quand Saleh a indûment prolongé son mandat et s'est apprêté à transmettre le pouvoir à son fils.

C'est alors que les jeunes ont commencé à sortir dans la rue et à investir les places de la Liberté et du Changement dans les différentes régions du pays. Alors qu'ici à peu près tout le monde possède au moins une arme, ces jeunes s'en sont délestés pour manifester pacifiquement. Cela était en soi le signal d'une ère nouvelle, celui d'une démocratie moderne.

Quand Saleh a senti que la fin de son règne était proche, il a fait appel à l'étranger et brandi la menace d'une guerre civile qui déstabiliserait toute la région.

C'est face à cette menace qu'on a vu surgir l'"initiative du Golfe", avec le soutien américain. Ainsi, la communauté internationale était la dernière carte que Saleh comptait jouer. Les jeunes l'ont refusée parce qu'ils ont senti que cette initiative offrait une porte de sortie pour le régime, au lieu de prendre acte de sa nécessaire disparition. En effet, elle donnait à Saleh un délai pour quitter le pouvoir et ils savaient qu'il en profiterait pour trahir une nouvelle fois ses engagements. Ils ont également refusé l'immunité accordée par cette initiative à Saleh et à d'autres piliers du régime, puisqu'ils insistent sur la restitution des richesses volées. Ces dernières doivent servir à préparer la phase qui suivra la révolution.

Pourtant, sous la pression de la communauté internationale, les partis de l'opposition officielle l'ont acceptée. Nous savons que toute division au sein de l'opposition risque d'être exploitée par le régime en place, mais nous n'accepterons pas que le sang de centaines de martyrs ait coulé pour rien. Nous persistons donc dans notre choix révolutionnaire, par des manifestations pacifiques et le recours à la désobéissance civile, jusqu'à la chute du régime.

Quoi qu'il advienne, avec ou sans soutien de la communauté internationale et des pays voisins du Golfe, les jeunes poursuivront leur mouvement. Aussi, nous appelons à ce qu'on cesse de reconnaître ce régime comme légitime. Cela évitera de nouveaux drames et de nouvelles fuites en avant du président Saleh, qui risquent de déstabiliser la région.

Nous voulons au contraire voir la communauté internationale s'engager derrière les valeurs de liberté, de justice, d'égalité et de démocratie, ces valeurs pour lesquelles se battent les jeunes. Ce serait à n'en point douter un facteur positif pour les relations futures entre le Yémen et le reste du monde. Les jeunes savent très bien que leur future démocratie sera partie intégrante du monde moderne. Toutefois, la pusillanimité actuelle de la communauté internationale à leur égard ne peut que se répercuter négativement sur le regard que ces jeunes portent sur certains pays.

 

Le courrier international

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21 juin 2011 2 21 /06 /juin /2011 19:13

L'Union européenne (UE) a appelé lundi à une transition "ordonnée et inclusive" du pouvoir au Yémen, en conformité avec l'initiative du Conseil de coopération du Golfe (CCG), afin de mettre fin aux violences dans le pays.

La violence ne peut résoudre les problèmes auxquels est confronté le Yémen, ceux qui plaident pour le chemin de la paix doivent être ceux sur lesquels ont peut compter et ceux qui sont responsables des violences contre les manifestants pacifiques doivent être traduits en justice, indique un communiqué publié au terme de la réunion des ministres des Affaires étrangères de l'UE au Luxembourg.

L'UE a souligné l'importance de procéder à une transition politique ordonnée et inclusive au Yémen, en conformité avec l'initiative du CCG, afin de répondre aux intérêts légitimes de l'ensemble du peuple du Yémen, selon le document.

Depuis le début de l'année, le gouvernement yéménite est confronté à des protestations à l'échelon national, les manifestants réclamant la démission du président Ali Abdallah Saleh, actuellement hospitalisé à Ryad, après une attaque contre son palais à Sanaa le 3 juin.

Les protestations ont provoqué des affrontements, faisant des centaines de victimes. Les terroristes, profitant de l'aggravation de la situations économique et sécuritaire du pays, ont renforcé leur emprise sur les villes reculées du sud du pays.

Le vice-président yéménite Abed Rabbo Mansour Hadi a mis en avant la priorité de maintenir la trêve avec les tribus armées soutenues par l'opposition et de remettre l'économie et la sécurité sur les rails.

Les ministres européens ont fait part de leur soutien à l'engagement de M. Hadi de respecter le processus de cessez-le-feu, de démilitariser les villes du Yémen et d'assurer une protection adéquate aux prochaines manifestations pacifiques.

Source: xinhua

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21 juin 2011 2 21 /06 /juin /2011 19:12

Une aide alimentaire américaine d'une valeur de 10 millions de dollars est arrivée dimanche au Yémen, a annoncé dimanche l'ambassade des Etats-Unis à Sanaa.

"Cette aide a été accordée par le peuple américain, par le biais de l'Agence américaine pour le développement international (USAID), au Programme alimentaire mondial. Ces aliments, qui comprennent de la farine, des haricots, de l'huile végétal, seront distribués à 416 000 personnes affectées par les conflits dans les provinces de Saada et d'Hajjah, dans le nord du pays", indique le communiqué de l'ambassade des Etats-Unis.

Cette année, les Etats-Unis ont déjà fourni une aide d'une valeur totale de quelque 35 millions de dollars au Yémen, pour des projets humanitaires et d'urgence.

Le gouvernement yéménite a été en proie pendant six ans à des affrontements avec des rebelles chiites armés, qui se sont terminés en février 2009 avec un cessez-le-feu fragile et le déplacement de plus de 300 000 civils.

Depuis le début de l'année 2011, ce pays arabe fait face à des manifestations massives, demandant le départ du président Ali Abdullah Saleh. Les conflits causés par les manifestations ont fait des centaines de morts et ont affecté le développement économique et la situation sécuritaire du pays.

Source: xinhua

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21 juin 2011 2 21 /06 /juin /2011 19:11

Depuis bientôt trois semaines, le Yémen vit sans la férule du maréchal Ali Abdallah Saleh. L'homme qui préside aux destinées de l'ancienne "Arabie heureuse" depuis l'unification de 1990, après avoir dirigé la République arabe du Yémen (le Yémen du Nord) à partir de 1978, est hospitalisé en Arabie saoudite. Grièvement blessé le 3 juin dans une mystérieuse explosion, alors qu'il se trouvait dans la mosquée de son palais présidentiel, il est resté silencieux depuis son arrivée à Riyad, une situation qui alimente les rumeurs sur son état de santé.

Pour le mouvement de contestation inspiré par les printemps tunisien et égyptien qui fait de son départ immédiat un préalable, cet empêchement a tout de l'aubaine. Avant son départ précipité, cet homme que la majorité des Yéménites a toujours connu au pouvoir ne comptait pas abdiquer. Le 22 mai, pour la troisième fois, il avait d'ailleurs repoussé un plan de sortie de crise concocté par le Conseil de coopération du Golfe (CCG) et qui scénarisait son retrait, trente jours après la signature dudit document, en échange d'une amnistie pour lui et les membres de sa famille, nombreux dans les organes de sécurité du pays.

Le système de pouvoir mis en place par le président Saleh était-il le pire à l'exclusion de tous les autres ? C'est la thèse que lui-même et ses proches développaient ces dernières semaines pour tuer dans l'oeuf toute idée de transition, en mettant l'accent sur un particularisme yéménite justifiant un mode de gouvernement parfois baroque, comme l'ont montré les câbles diplomatiques américains révélés par WikiLeaks. En dépit de leurs réserves sur le personnage, de nombreux responsables occidentaux ont longtemps semblé convaincus de la nécessité de soutenir leur allié yéménite pour éviter une "somalisation" du pays. Car les similitudes sont grandes de part et d'autre du golfe d'Aden.

Si la dissolution de l'Etat n'a pas atteint au Yémen la sorte de perfection funeste produite à Mogadiscio par vingt ans de guerres en tous genres, de puissantes forces centrifuges y sont déjà en marche, avec tout d'abord la poussée du sentiment sécessionniste au Sud, quinze ans après une première guerre civile. Ce sentiment sécessionniste s'appuie sur la dénonciation d'une "occupation du Nord", plus peuplé que l'ex-République démocratique populaire du Yémen (Yémen du Sud). Seule une forte mais complexe réponse institutionnelle semble capable d'enrayer ce mécanisme.

Dans les provinces du nord-ouest du pays, frontalières de l'Arabie saoudite, les sept années de guerre entre les forces yéménites et la guérilla conduite par Abdel Malek Al-Houthi ont laissé également des plaies béantes. S'ajoute enfin le poids du djihadisme, qu'il soit incarné par Al-Qaida pour la péninsule arabique (AQPA) ou par des groupes dont les liens avec "la Base" restent difficiles à décrypter.

Ces mouvements qui poussent au délitement du pays reposent sur un terreau social favorable. La population (25 millions d'habitants) du Yémen, pays qui compte parmi les plus pauvres du monde, va doubler dans les quinze ans à venir. Cette croissance incontrôlée rendra encore plus critique une situation économique déjà inquiétante, des classes toujours plus nombreuses accédant à un marché de l'emploi saturé, et accentuera une crise de l'eau déjà latente.

Dans ce contexte très tourmenté, quel a été le rôle du président Saleh, au cours de ses dernières années de pouvoir ? Dans la crise sudiste, la manière forte privilégiée contre les protestataires a attisé les flammes du séparatisme. Le président a aussi sa part de responsabilité dans l'échec des cessez-le-feu avec la rébellion houthiste.

Quant à son instrumentalisation des groupes armés islamistes, elle est récurrente : avérée lors de la guerre contre la tentative de sécession sudiste de 1994, suspectée dans les retraits des forces armées régulières constatés ces dernières semaines dans le sud de pays, comme à Zinjibar, dans la province d'Abyan. Ainsi, loin d'être un bouclier contre une "somalisation" de son pays, le président Saleh semble au contraire l'avoir accélérée par des choix tactiques de très court terme.

Mais en dépit d'un pluralisme politique qui fait du Yémen une exception régionale, les alternatives manquent alors qu'un empêchement durable du président n'est plus à exclure. Une bonne partie de ses adversaires d'aujourd'hui ont gravité dans son orbite avant de rejoindre les contestataires, épousant ses travers, ce qui explique la profonde défiance qui existe entre ces ralliés, pour certains puissants comme le général Ali Mohsen ou le clan tribal des Al-Ahmar, et le noyau dur des "indignés" yéménites, ce creuset de la place du "Changement", à Sanaa, dans lequel se fondent les appartenances, qu'elles soient tribales ou autres.

Ces "indignés" auraient grand besoin de soutiens extérieurs, mais ces derniers ne peuvent venir que d'acteurs perclus de contradictions, qu'il s'agisse des Occidentaux, concentrés sur la guerre contre le terrorisme, ou des riches membres du CCG, fondamentalement peu disposés à favoriser l'éclosion d'une société civile dont ils ne voudraient à aucun prix chez eux.


paris@lemonde.fr

 

Gilles Paris (Service International)

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