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14 avril 2011 4 14 /04 /avril /2011 19:41

Le président déchu sorti de son bunker, que va-t-il advenir maintenant de Laurent Gbagbo ? Transféré dans le nord du pays sous la protection de l’ONU, il serait, aux dires de son successeur Alassane Ouattara, “bien sécurisé”. Tandis que circulent sur Internet les images de son arrestation, la question du sort judiciaire de l’ancien chef de l’Etat reste en suspens. Une tâche délicate dont va devoir s’acquitter le nouveau président, déjà confronté aux défis de reprendre les rênes d’un pays à la dérive, avec la mission immense de réconcilier une nation divisée et de rétablir la paix et la sécurité.

Appelant ses compatriotes à s’abstenir de toute mesure de représailles et d’actes de violence, Alassane Ouattara a multiplié ces derniers jours les déclarations d’apaisement, prônant la réconciliation et affichant une apparente volonté de mettre en œuvre des mécanismes de “responsabilisation” pour les crimes commis en Côte d’Ivoire ces derniers mois.

gbagbo-arrete.1302780632.jpg

Il a ainsi annoncé avoir demandé au garde des Sceaux l’ouverture d’une procédure judiciaire contre Laurent Gbagbo et son entourage, la mise sur pied d’une Commission Vérité et Réconciliation qui fasse “la lumière sur tous les massacres, crimes et autres violations des droits de l’Homme”, et prévu de solliciter l’intervention de la Cour pénale internationale (CPI) pour les massacres perpétrés dans l’ouest du pays. De fait, et comme le rappelle Philippe Bernard, “l’interpellation de Laurent Gbagbo ne signifie pas nécessairement la fin du conflit […] le retour à la paix dépendra aussi de la capacité du nouveau président à enclencher un processus de justice visant les auteurs de violence, y compris dans son propre camp”.

Dans ce contexte, quel peut être l’avenir réservé à son ancien adversaire, qu’il a promis de “traiter avec tous les égards dus à son statut d’ancien chef d’Etat” ? Un temps évoqué, l’exil de Gbagbo est devenu “difficilement envisageable”, une “éventualité qui va à l’encontre de l’action militaire menée par les forces républicaines, soutenues par l’ONUCI et la force Licorne, qui l’ont capturé et gardé en vie dans l’objectif de le faire comparaître dans le box des accusés”. “Laurent Gbagbo sera présenté devant la justice pour les crimes qu’il a commis”, a déclaré l’ambassadeur ivoirien à l’ONU quelques heures après l’arrestation de celui-ci à Abidjan. Certes, mais qui le jugera ?

 

Lire la suite ici : http://justice-inter.blog.lemonde.fr/2011/04/14/que-faire-de-laurent-gbagbo/

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14 avril 2011 4 14 /04 /avril /2011 19:32

Tunisia - Abderrahim Zouari, ancien ministre et dirigeant du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), l'ancien parti au pouvoir en Tunisie, a été incarcéré mercredi, selon une source judiciaire citée par l'agence officielle TAP.

Il a été incarcéré après son interrogatoire par le juge d'instruction près le tribunal de première instance de Tunis, selon la TAP, qui ne précise pas les chefs d'inculpation retenues contre le prévenu.

Lire la suite ici : http://www.985fm.ca/international/nouvelles/tunisie-nouvelle-incarceration-d-un-haut-responsa-70524.html

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14 avril 2011 4 14 /04 /avril /2011 19:18

Formation d'un nouveau gouvernment en Syrie

 

Confronté depuis le 15 mars à un mouvement de contestation sans précédent, le président syrien, Bachar Al-Assad, a promulgué jeudi 14 avril un décret officialisant la formation d'un nouveau gouvernement par le premier ministre désigné, Adel Safar. L'ancien gouvernement, dirigé depuis 2003 par Mohammad Naji Otri, avait présenté sa démission au chef de l'Etat le 29 mars.

Le nouvel exécutif a pour tâche de mener à bien le programme de réformes annoncé par les autorités, notamment la levée de la loi d'urgence en vigueur depuis 1963, la libéralisation de la presse et l'instauration du pluralisme politique. Ces réformes figurent parmi les revendications essentielles des contestataires.

Le président Al-Assad a également annoncé, jeudi, la libération prochaine des personnes arrêtées depuis le début du mouvement de contestation, à l'exception de celles qui ont commis des "actes criminels", a précisé la télévision syrienne. Des centaines de personnes ont été incarcérées, mais la chaîne officielle n'a cependant pas précisé combien d'entre elles doivent être relâchées.

L'organisation Reporters sans frontières (RSF) a indiqué pour sa part que plusieurs journalistes étrangers font partie des personnes arrêtées lors des manifestations des dernières semaines. Parmi eux, Khaled Sid Mohand, reporteur freelance  algérien, et collaboreur occasionnel du Monde, qui demande sa libération.

Source : http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2011/04/14/formation-d-un-nouveau-gouvernement-en-syrie_1507881_3218.html

 

Syrie : arrestation d'un journaliste de France Culture

Un reporter freelance pour France Culture, Khaled Sid Mohand, a été arrêté en Syrie, le 9 avril 2011 à Damas, vient d’apprendre Reporters sans frontières (RSF).

De nationalité algérienne, le journaliste se trouvait en Syrie pour couvrir les contestations au régime en place et réalisait des documentaires pour l’émission “Sur les docks” de France culture. D’après les informations recueillies par RSF, il serait incarcéré dans une prison à Damas, accusé de détention d’armes par les autorités syriennes.

Depuis le début du mouvement de contestation, les exactions contre les professionnels des médias se sont multipliées en Syrie” , dénonce RSF dans un communiqué. Toujours selon l’organisation: “Des journalistes étrangers ont été arrêtés et expulsés, et de nombreux journalistes et blogueurs syriens ont également été arrêtés”. En outre, “le pouvoir de Damas empêche les journalistes, qu’ils soient syriens ou étrangers, de couvrir les manifestations, leur interdisant de se rendre sur place”.

RSF dénonce “un black-out médiatique sur les manifestations et les exactions commises par les forces de l’ordre pour mâter la contestation” , et appelle “les autorités syriennes à libérer tous journalistes et net-citoyens, qu’ils soient étrangers ou syriens, ainsi que les prisonniers d’opinion actuellement détenus en Syrie”.

Source :  http://teleobs.info.nouvelobs.com/articles/syrie-arrestation-d-un-journaliste-de-france-culture

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14 avril 2011 4 14 /04 /avril /2011 18:27

 

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14 avril 2011 4 14 /04 /avril /2011 18:08

Misrata I: la déraison et la destruction..

Misrata II

La diplomatie piétine autant que les insurgés

Libye. Réuni hier au Qatar, le Groupe de contact reste divisé sur la livraison d’armes aux rebelles.

Tout comme le front militaire s’enlise autour de la ville stratégique d’Ajdabiya, les manœuvres diplomatiques n’avancent guère sur le dossier libyen. Convoquée il y a deux semaines à Londres, la première réunion formelle du Groupe de contact sur la Libye a eu lieu hier à Doha, au Qatar, alors que se poursuivaient les bombardements de l’Otan sur l’appareil militaire de Kadhafi à Misrata, Syrte et dans la banlieue sud de Tripoli. Elle a débouché sur la réaffirmation que le colonel Muammar al-Kadhafi devait quitter le pouvoir, dans un langage certes plus clair et plus comminatoire qu’à Londres, mais sans dire par quels moyens.

Le Groupe de contact sur la Libye regroupe 16 pays occidentaux et arabes, ainsi que l’ONU, la Ligue arabe et l’Union africaine. Une formule tellement élargie qu’immanquablement, des divergences n’ont pas manqué de se faire jour. Pas sur les grands principes mais dans les modalités de leur mise en œuvre.

Soutien. Car tout le monde semble d’accord sur le fait qu’un départ de Kadhafi simplifierait singulièrement la vie des Libyens et de la communauté internationale. Les experts en langage diplomatique auront noté que, par rapport à la réunion de Londres, les mots sont un peu plus explicites : Kadhafi n’a plus seulement «perdu toute légitimité», il doit désormais «céder le pouvoir». En revanche, le Conseil national de transition (CNT), basé à Benghazi, reste «un interlocuteur légitime qui incarne les aspirations du peuple libyen». Il n’est pas «le seul» interlocuteur légitime. La nuance est de taille car, jusqu’à présent, seule la France, le Qatar et l’Italie ont franchi ce pas. Washington et même Londres, pourtant en pointe sur le dossier libyen, n’ont pas fait cette faveur à l’instance mise en place par les insurgés de Benghazi, qui n’ont pas fait la preuve de leur sérieux pour l’instant. Mais à mesure que le temps passe, l’espoir de voir émerger des interlocuteurs de rechange, au sein même du régime libyen, s’amenuise. Le flux des défections semble s’être tari depuis le départ spectaculaire pour Londres du chef de la diplomatie du régime, Moussa Koussa. Ni ce dernier ni Ali Triki, le Monsieur Afrique de Kadhafi, lui aussi un dissident, n’ont rejoint le CNT, particulièrement méfiant à leur égard.

En guise de consolation, le Conseil national de transition s’est vu promettre «un mécanisme financier temporaire» afin d’accéder à l’aide humanitaire et financière dont il a un besoin impérieux. Le résultat le plus important - et le plus controversé - de la réunion d’hier consiste dans la promesse d’un «soutien à l’opposition libyenne, y compris toutes formes de soutien matériel». Une formule ouvrant la porte, selon les uns, comme le Qatar ou l’Italie, à des dotations en armes, mais pas selon d’autres, comme la Grande-Bretagne. Le sujet est d’autant plus controversé que l’ONU a imposé un embargo sur les armes à la Libye.

Hypothèse. Hier, en marge de la réunion, le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, évoquait à haute voix l’hypothèse d’un «vrai cessez-le-feu». Une façon de reconnaître l’impuissance de l’Otan et des insurgés. Nicolas Sarkozy et son homologue britannique, David Cameron, ont évoqué le dossier libyen hier soir.

 

Source : http://www.liberation.fr/monde/01012331635-la-diplomatie-pietine-autant-que-les-insurges

 

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L'Otan réclame plus d'avions pour les raids en Libye

Les ministres des Affaires étrangères de l'Alliance sont réunis ce jeudi à Berlin. A Misrata, ville tenue par les insurgés, au moins 13 personnes ont été tuées et 50 blessées dans une attaque des forces pro-Kadhafi.

 

• L'Otan reste divisée sur sa stratégie

Les ministres des Affaires étrangères des pays de l'Otan, réunis à Berlin jeudi, ont laissé apparaître des divergences malgré un objectif commun affirmé la veille à Doha : faire chuter Kadhafi. Paris et Londres, dont les dirigeants se sont rencontrés mercredi soir à l'Elysée, prônent notamment l'intensification des opérations aériennes contre les troupes du colonel.

Le secrétaire général de l'Alliance, qui doute que le conflit puisse être réglé militairement, a néamoins assuré que l'Otan continuerait à défendre les civils libyens «aussi longtemps que nécessaire». Anders Fogh Rasmussen a également réclamé quelques avions supplémentaires pour mener les attaques au sol. Le retrait d'une cinquantaine de chasseurs-bombardiers américains le 4 avril n'a toujours pas été complètement compensé. La demande de l'Otan a été soutenue par le Danemark, l'un des six pays participants aux raids.

Mais le chef de la diplomatie espagnole, dont le pays fournit des avions pour contrôler la zone d'exclusion aérienne et effectuer des repérages, est resté ferme sur la réticence de Madrid à participer aux raids.

» Les forces françaises engagées sur plusieurs fronts

» La base aérienne de Solenzara à l'heure libyenne

• Offensive des pro-Kadhafi à Misrata

Au moins 23 personnes, dont trois Egyptiens, ont été tuées et 50 autres blessées jeudi dans une attaque des forces loyales au régime libyen sur le secteur du port de Misrata tenu par les insurgés, à 200 km à l'est de Tripoli, selon un porte-parole de la rébellion. Les troupes fidèles à Kadhafi ont fait pleuvoir dans la matinée au moins 80 roquettes sur un quartier résidentiel, a précisé cette source. De nombreuses femmes et des enfants figurent parmi les victimes. Un autre représentant de la rébellion a affirmé que les tirs se poursuivaient dans l'après-midi.

 

Des insurgés libyens protègent l'entrée dans la ville d'Ajdabiya jeudi.
Des insurgés libyens protègent l'entrée dans la ville d'Ajdabiya jeudi. Crédits photo : AMR ABDALLAH DALSH/REUTERS

 

 

 

• Raids aériens sur Tripoli

Des avions ont survolé jeudi la capitale libyenne où de fortes explosions ont été entendues, suivies de tirs de défense anti-aérienne. Une forte explosion a été entendue vers 13 heures non loin de la résidence de Mouammar Kadhafi, suivie de tirs de l'artillerie anti-aérienne. Moins d'une heure plus tard, au moins deux explosions lointaines ont été entendues, tandis que des avions de chasse continuaient à survoler Tripoli.

• Ban Ki-moon appelle à un «cessez-le-feu immédiat»

Une réunion internationale en présence du secrétaire général de l'ONU et de la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton s'est tenue jeudi matin au siège de la Ligue arabe au Caire, pour examiner les moyens de mettre fin à la crise en Libye. Ban Ki-moon a alors appelé à une solution «politique» et à un «cessez-le-feu immédiat» en Libye. Il avait la veille estimé que 3,6 millions de Libyens, sur une population totale de 6 millions d'habitants, pourraient avoir besoin d'aide humanitaire.

De son côté, l'Union européenne a réitéré par la voix de Catherine Ashton son exigence d'un départ «immédiat» du colonel Kadhafi.

• Les Brics condamnent l'usage de la force

L'usage de la force doit être évité en Libye ainsi que dans les autres pays du Moyen-Orient qui connaissent des troubles, affirme un projet de déclaration du Brésil, de la Russie, de l'Inde, de la Chine et de l'Afrique du Sud (Brics), réunis jeudi à Sanya, en Chine. «Nous partageons le principe selon lequel l'usage de la force doit être évité», déclare le groupe, qui se dit «profondément inquiet face aux troubles au Moyen-Orient, en Afrique du Nord et de l'Ouest».

Les cinq pays émergents souhaitent que les États concernés «parviennent à la paix, à la stabilité, à la prospérité et au progrès et occupent dignement leur rang dans le monde en fonction des apirations légitimes de leurs peuples», selon le projet de déclaration. Parmi les cinq, seule l'Afrique du Sud avait voté en faveur de la résolution de l'ONU ouvrant la voie aux frappes aériennes en Libye, les quatre autres - notamment Chine et Russie, membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU - s'étant abstenus, disant craindre des victimes civiles.

• La France n'armera pas les rebelles

Nicolas Sarkozy et David Cameron ont fait le point mercredi soir leur stratégie en Libye. Ils ont manifesté leur accord pour accroître la «pression militaire» sur le régime Kadhafi. Le président français et le premier ministre britannique ont également plaidé pour un soutien accru à l'opposition libyenne regroupée au sein du Conseil national de transition (CNT), qui «incarne seul les espoirs du peuple libyen» et «représente toutes les tendances» de l'opposition, selon l'Elysée. «Il est très important qu'il sente que la communauté internationale le soutient».

Evoquant les appels lancés par le CNT pour que la coalition lui fournisse des armes, l'entourage du chef de l'Etat a fait savoir que la France avait décidé de ne pas y répondre. «Ça ne veut pas dire que n'avons pas de sympathie pour ceux qui le font, mais la France ne le fait pas», a-t-on commenté.

 

Lìre la suite ici : http://www.lefigaro.fr/international/2011/04/13/01003-20110413ARTFIG00485-la-reunion-sur-la-libye-s-ouvre-sur-des-divergences.php

 

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14 avril 2011 4 14 /04 /avril /2011 07:14

Lire :

Partie 1 : Lybie : «comprendre la guerre en Libye» 1 

Partie 2 : Comprendre la guerre en Libye (2/3)..

 

par Michel Collon

A chaque guerre, c’est ainsi. Au début, il est presqu’impossible de s’y opposer. Le matraquage médiatique est tel qu’on est immédiatement catalogué comme complice d’un monstre. Après un certain temps, quand viendront les « bavures », les morts civils, les échecs militaires et les révélations sur « nos amis », le débat finira bien par s’ouvrir. Mais au début, c’est très dur.

 

 
 
3ème partie : Pistes pour agir
 
Pour débloquer ce débat, la bataille de l’info est la clé, comme nous le disions encore il y a une semaine. [1] Et cette bataille ne peut être menée que par chacun de nous, là où il est, en fonction des personnes rencontrées, en écoutant bien ce qui les influence, en vérifiant les infos avec eux, patiemment… Pour mener efficacement ce débat, il est très important d’étudier l’expérience de la désinformation dans les guerres précédentes.
 
Les 5 principes de la propagande de guerre appliqués à la Libye
 
Cette expérience, nous l’avons résumée dans les « cinq principes de la propagande de guerre », exposés dans notre livre Israël, parlons-en ! A chaque guerre, les médias veulent nous persuader que nos gouvernements font bien et pour ça, ils appliquent ces cinq principes : 1. Occulter les intérêts économiques. 2. Inverser la victime et l’agresseur. 3. Cacher l’Histoire. 4. Diaboliser. 5. Monopoliser l’info.
Ces cinq principes ont été appliqués à nouveau contre la Libye, on s’en est rendu compte dans les pages précédentes. Pour finir, attirons l’attention sur le quatrième : la diabolisation de l’adversaire. Les va-t-en-guerre doivent toujours persuader l’opinion qu’ils n’agissent pas pour obtenir des avantages économiques ou stratégiques, mais bien pour éliminer une grave menace. Dans chaque guerre, depuis des décennies, le dirigeant adverse a toujours été présenté comme cruel, immoral et dangereux, avec les pires récits d’atrocités. Par après, beaucoup de ces récits - et parfois tous - se sont dégonflés, mais peu importe, ils avaient rempli leur rôle : manipuler l’émotion du public pour l’empêcher d’analyser les intérêts réellement en jeu. Impossible de revenir en arrière.
Nous n’avons pas eu les moyens d’aller en Libye. Par contre, nous avons été en Yougoslavie, sous les bombes de l’Otan et nous avons constaté, et prouvé, que l’Otan avait menti systématiquement. [2] Nous l’avons constaté aussi en Irak. Quant à la Libye, cela y ressemble beaucoup, mais nous n’avons pas eu jusqu’ici les moyens de procéder à des test-médias sur les infos présentées. Notre équipe Investig’Action manque encore des moyens nécessaires. Mais plusieurs observateurs ont déjà repéré de forts indices de désinformation. Par exemple, les « six mille morts qui auraient été victimes des bombardements de Kadhafi sur des civils ». Où sont les images ? Il n’y avait aucune caméra, aucun téléphone portable là-bas comme il y en avait à Gaza, à la place Tahrir, à Tunis ou au Bahrein ? Aucune preuve, aucun témoignage fiable, des démentis par les satellites russes ou des observateurs de l’UE, et pourtant l’info a tourné en boucle inlassablement et plus personne n’ose la contredire sous peine d’être taxé de « complicité ».
Une guerre civile, ce n’est jamais de la dentelle, mais ceci est vrai des deux côtés. Une info partiale essaiera toujours de nous faire croire que les atrocités sont commises d’un seul côté et donc qu’il faut soutenir l’autre. Mais il convient d’être très prudent sur de tels récits.
 
Qui nous informe ?
 
Ce qu’il faut pouvoir montrer autour de nous, c’est que la diabolisation ne tombe pas du ciel. Elle est diffusée par des médias qui prennent parti, souvent sans le dire. Et c’est quand même toujours la première question à se poser dans une guerre : m’a-t-on fait entendre l’autre partie ?
Pourquoi en Europe et aux Etats-Unis, les médias sont-ils à fond contre Kadhafi ? Et pourquoi, en Amérique latine, en Afrique, en Asie, en Russie, dénonce-t-on au contraire une nouvelle croisade impérialiste ? Ils se trompent tous ? Les Occidentaux savent toujours tout mieux ? Ou bien chacun est-il influencé par ses médias ? Alors, devons-nous suivre aveuglément nos médias ou les tester ?
Nous avons été abondamment abreuvés sur les côtés négatifs de Kadhafi. Mais qui nous a signalé ses aspects positifs ? Qui nous a parlé de son aide aux projets de développement africain ? Qui nous a dit que la Libye connaissait, selon les institutions internationales , le plus haut « indice de développement humain » de toute l’Afrique, loin devant les chouchous de l’Ouest comme l’Egypte ou la Tunisie ? Espérance de vie : 74 ans, analphabétisme réduit à 5%, budget de l’éducation à 2,7% du PIB et celui de la Défense à 1,1%.
 
Distinguer deux questions différentes
 
Il y a beaucoup d’intimidation intellectuelle dans le débat sur la Libye. Si vous dénoncez la guerre contre la Libye, on vous accuse de soutenir tout ce qu’a fait Kadhafi. Pas du tout. Il faut distinguer deux problèmes bien différents.
D’une part, les Libyens ont parfaitement le droit de choisir leurs dirigeants, et d’en changer par les moyens qu’ils jugent nécessaires. Les Libyens ! Pas Obama, ni Sarkozy. Tout en faisant le tri dans les accusations contre Kadhafi, entre ce qui est vraiment établi et ce qui relève de la propagande intéressée, un progressiste peut très bien souhaiter que les Libyens aient un meilleur dirigeant.
D’autre part, quand la Libye est attaquée parce que des pirates veulent faire main basse sur son pétrole, ses réserves financières et sa position stratégique, alors il faut dire que le peuple libyen souffrira encore plus sous le pouvoir de ces pirates et de leurs marionnettes. La Libye perdra son pétrole, ses entreprises, les réserves de sa banque nationale, ses services sociaux et sa dignité. Le néolibéralisme appliquera ses sales recettes qui ont déjà plongé tant de peuples dans la misère.
Mais un bon dirigeant, ça n’arrive jamais dans les valises des envahisseurs et à coups de bombes. Ce que les Etats-Unis ont amené en Irak, c’est un Al-Maliki et un petit groupe de corrompus qui vendent leur pays aux multinationales. En Irak, on n’a toujours pas la démocratie, mais en outre, on a perdu le pétrole, l’électricité, l’eau, les écoles et tout ce qui permet une vie un peu digne. Ce que les Etats-Unis ont amené en Afghanistan, c’est un Karzaï qui ne règne sur rien sauf un quartier de Kaboul, pendant que les bombes US frappent des villageois, des fêtes de mariage, des écoles et que le commerce de la drogue ne s’est jamais aussi bien porté.
Les dirigeants qui seraient imposés à la Libye par les bombes occidentales seraient pires que Kadhafi. Donc, il faut soutenir le gouvernement légal libyen lorsqu’il résiste à ce qui est vraiment une agression néocoloniale. Parce que toutes les solutions préparées par Washington et ses alliés sont mauvaises : que ce soit le renversement ou l’assassinat de Kadhafi, que ce soit la scission du pays en deux ou que ce soit la « somalisation », c’est-à-dire une guerre civile de basse intensité et de longue durée. Toutes ces solutions apporteront des souffrances aux populations.
La seule solution dans l’intérêt des Libyens est la négociation, avec des médiateurs internationaux désintéressés qui ne soient pas partie au conflit, comme Lula. Un bon accord implique le respect de la souveraineté libyenne, le maintien de l’unité du pays, la préparation de réformes pour démocratiser et mettre fin aux discriminations régionales.
 
Faire respecter le droit qui est le contraire du « droit d’ingérence »
 
Ce débat politique délicat, il faut toujours essayer de le ramener aux principes de base de la vie internationale : souveraineté des Etats, coexistence pacifique entre systèmes différents, non-ingérence dans les affaires intérieures. Les puissances occidentales aiment se présenter comme celles qui cherchent à faire respecter le droit. Mais c’est complètement faux.
On nous dit que les Etats-Unis sont aujourd’hui beaucoup plus respectueux du droit international qu’au temps du cow-boy Bush, et qu’il y a eu cette fois une résolution de l’ONU. Ce n’est pas l’endroit pour discuter si l’ONU représente vraiment la volonté démocratique des peuples ou si les votes de nombreux Etats sont l’objet d’achats et de pressions. Mais on fera simplement remarquer que cette résolution 1973 viole le droit international et, tout d’abord, la Charte fondamentale… de l’ONU elle-même.
En effet, son article 2 § 7 stipule : « Aucune disposition de la présente Charte n'autorise les Nations Unies à intervenir dans desaffaires qui relèvent essentiellement de la compétence nationale d'un Etat. ». Réprimer une insurrection armée est de la compétence d’un Etat même si on peut en regretter les conséquences. De toute façon, si bombarder des rebelles armés est considéré comme un crime intolérable, alors il faut d’urgence juger Bush et Obama pour ce qu’ils ont fait en Irak et en Afghanistan.
De même, l’article 39 limite les cas où la contrainte militaire est autorisée : « L'existence d'une menace contre la paix, d'une rupture de la paix ou d'un acte d'agression » (contre un autre pays). La Libye ne correspond à aucun de ces trois cas, et cette guerre est donc, elle aussi, illégale. A remarquer, juste pour rire, que même le Traité de l’Otan précise dès son article 1 :« Les parties s'engagent, ainsi qu'il est stipulé dans la Charte des Nations Unies, à régler par des moyens pacifiques tous différends internationaux dans lesquels elles pourraient être impliquées. 
On nous présente ce « droit d’ingérence humanitaire » comme une nouveauté et un grand progrès. En réalité, le droit d’ingérence a été pratiqué pendant des siècles par les puissances coloniales contre les pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine. Par les forts contre les faibles. Et c’est justement pour mettre fin à cette politique de la canonnière qu’ont été adoptées en 1945 de nouvelles règles du droit international. La Charte des Nations-unies a précisément interdit aux pays forts d’envahir les pays faibles et ce principe de la souveraineté des Etats constitue un progrès dans l’Histoire. Annuler cette conquête de 1945 et revenir au droit d’ingérence, c’est revenir aux temps des colonies.
Alors, pour nous faire quand même approuver une guerre très intéressée, on joue la corde sensible : le droit d’ingérence serait nécessaire pour sauver des populations en danger. De tels prétextes étaient aussi utilisés dans le temps par la France, la Grande-Bretagne ou la Belgique coloniales. Et toutes les guerres impériales des Etats-Unis se sont faites avec ce genre de justifications.
Avec les Etats-Unis et leurs alliés en gendarmes du monde, le droit d’ingérence appartiendra évidemment toujours aux forts contre les faibles, et jamais l’inverse. L’Iran a-t-il le droit d’ingérence pour sauver les Palestiniens ? Le Venezuela a-t-il le droit d’ingérence pour mettre fin au coup d’Etat sanglant du Honduras ? La Russie a-t-elle le droit d’ingérence pour protéger les Bahreinis ?
En réalité, la guerre contre la Libye est un précédent qui ouvre la voie à l’intervention armée des Etats-Unis ou de leurs alliés dans n’importe quel pays arabe, africain ou latino-américain. Aujourd’hui, on va tuer des milliers de civils libyens « pour les protéger », et demain on ira tuer des civils syriens ou iraniens ou vénézuéliens ou érythréens « pour les protéger » pendant que les Palestiniens et toutes les autres victimes des « forts » continueront à subir dictatures et massacres….
Montrer que l’intervention occidentale viole le droit et nous ramène aux temps des colonies me semble un thème à placer au centre du débat.
 
Que faire ?
 
Les Etats-Unis ont baptisé « Aube de l’Odyssée » la guerre contre la Libye. Or, leurs noms de code contiennent toujours un message adressé à notre inconscient. L’Odyssée, grand classique de la littérature grecque antique, relate le voyage de vingt ans entrepris par Ulysse à travers l’univers. A demi-mots, on nous dit ici que la Libye est le premier acte du long voyage des Etats-Unis pour (re)conquérir l’Afrique.
Ils tentent ainsi d’enrayer leur déclin. Mais, au final, ce sera en vain, les Etats-Unis perdront inévitablement leur trône. Parce que ce déclin n’est pas dû au hasard ou à des circonstances particulières, il est dû à leur mode même de fonctionnement. En 1865, le célèbre théoricien libéral du capitalisme Adam Smith soutint le président US Abraham Lincoln pour l’abolition de l’esclavage : « L’économie de tout pays qui pratique l’esclavage des Noirs est en train d’amorcer une descente vers l’enfer qui sera rude le jour où les autres Nations vont se réveiller ».
Mais en fait les Etats-Unis ont remplacé un esclavage par un autre. Au vingtième siècle, ils ont bâti leur prospérité sur la domination et le pillage de pays entiers, ils ont vécu comme des parasites et ils ont par là- même affaibli leurs capacités économiques internes. L’humanité a intérêt à ce que ce système prenne fin définitivement. Même la population des Etats-Unis y a intérêt. Pour qu’on cesse de fermer ses usines, de détruire ses emplois et de confisquer ses maisons afin de payer les bonus des banquiers et les dépenses de guerre. La population européenne aussi a intérêt à une économie non plus au service des multinationales et de leurs guerres, mais au service des gens.
Nous sommes donc à un tournant, quelle « aube » allons-nous choisir ? Celle annoncée par les Etats-Unis, et qui nous mènera vers vingt ou trente années de guerres incessantes sur tous les continents ? Ou bien une aube véritable : un autre système de relations internationales, où personne n’imposera ses intérêts par la force et où chaque peuple choisira librement sa voie ?
Comme à chaque guerre des vingt dernières années, une grande confusion règne dans la gauche européenne. Les discours pseudo-humanitaires relayés par les médias aveuglent parce qu’on oublie d’écouter l’autre version, d’étudier les guerres précédentes, de tester l’info.
Notre site Investig’Action – michelcollon.info s’efforce d’aider chacun à s’informer, à informer et à débattre. Mais nos moyens sont trop limités comparés aux grands médias. Nous lançons donc un double appel à tous ceux qui le peuvent. 1° Rejoignez notre réseau de chercheurs bénévoles pour développer l’analyse des stratégies des Etats-Unis et des autres grandes puissances, l’analyse des relations économiques et politiques ainsi que des guerres en préparation . 2° Rejoignez notre collectif d’analyse critique « Test-médias ».
Un monde sans guerre, ça dépend de chacun de nous.
 
Michel Collon, 8 avril 2011


[1] S’informer est la clé - Michel Collon lance un appel, www.michelcollon.info/S-informer-c-...
[2] Kosovo, Otan et médias, débat entre Michel Collon, Jamie Shea (porte parole de l’Otan) et Olivier Corten (professeur de droit international), 23 juin 2000, DVD Investig’Action.

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14 avril 2011 4 14 /04 /avril /2011 06:58

En Tunisie, le tourisme devient une mécanique infernale qui brise le pays

 

Djerba, Hammamet, Nabeul :  la mer, le sable fin, les palmiers... L'hiver approche, l'envie d'ailleurs se fait sentir. Parmi les destinations les moins chères : la Tunisie. Et pourquoi pas ? Nicolas Sarkozy et François Fillon y multiplient les voyages depuis 2007. Comme près d'un million de Français chaque année, vous vous préparez à réserver un petit séjour tout compris en hôtel-club sur la côte tunisienne.

Le régime de Ben Ali, une dictature ? Ah ! S'il fallait voyager uniquement dans les pays démocratiques, on ne bougerait pas de chez soi... Et puis, si cela peut rapporter un peu d'argent à ces pauvres Tunisiens....

Depuis le début des années 2000, c'est malheureusement l'inverse qui se produit : chaque voyage, chaque réservation, contractée à des prix de plus en plus discount, contribue un peu plus à rendre la vie impossible à plusieurs millions de Tunisiens

 

 

 

 

Par quel système pervers, ce que l'on pourrait juger comme un transfert de devises bienfaisant pour l'économie locale, se transforme-t-il en une spirale infernale qui plombe l'économie d'un pays tout entier ? «Pour fonctionner, le système touristique tunisien, qui reste très bas de gamme, s'est engagé dans une course à la baisse des prix, explique la chercheuse au Centre d'études et de recherches internationales (CERI), Béatrice Hibou, auteur de l'ouvrage La Force de l'obéissance – économie politique de la répression en Tunisie. Cette baisse continue des prix est conduite sous la pression notamment des tour-opérateurs qui ne cessent de faire jouer la concurrence avec d'autres destinations. Les hôteliers ont trois ressorts: proposer des services de qualité de plus en plus médiocre, jouer sur les salaires et ne pas rembourser les dettes contractées auprès des banques et de l'Etat. C'est le plus souvent ces deux derniers ressorts qu'ils utilisent, ce qui a un effet désastreux sur l'économie tunisienne, et sur les Tunisiens.»

 
 
 
 
 
«8 mois sur 12, le produit n'est pas rentable.»

Tout partirait donc des tour-opérateurs, de ces voyagistes qui imposent sans cesse des prix de plus en plus bas, qui fixent le prix du «package», comprenez du voyage tout compris. « Cette idée de course au prix bas est fausse, se défend pourtant Sébastien Boucher, directeur marketing chez Marmara, numéro un français sur le marché tunisien avec 35 % de parts de marché. Tout dépend de la saison : un package de 190 euros en basse saison, disons en janvier, pourra monter à 600 durant l'été. Les prix sont adaptés à la loi de l'offre et de la demande. Il faut bien dire que 8 mois sur 12, le produit n'est pas rentable.»

Dans ces conditions, comment Marmara s'assure-t-il, bon an mal an, de ses 330.000 «packages», son chiffre d'affaires annuel de 540 millions d'euros, pour 18 millions de résultat net (en 2008, pour l'ensemble des activités du groupe)?

Publicité pour les séjours en Tunisie de Marmara© DR

Grâce à son «modèle atypique» que le directeur marketing Sébastien Boucher, décrit comme suit : « Nous prenons beaucoup de risques, notamment sur le nombre de chambres que nous prenons à l'avance chez l'hôtelier. Nous avons en outre huit unités hôtelières, avec lesquelles nous sommes sur des contrats de location-gérance de 8 ans à 10 ans, pendant lesquels on loue toute l'année, toutes les chambres. Pareil pour les vols : en hiver, nous en faisons partir 20 par semaine depuis la France, 40 en été. Des avions qui décollent, quoi qu'il arrive, et qu'il faut remplir !»
 
Un voyage chez Marmara se décompose donc ainsi : sur un «package» de 600 euros, 100 restent en France : 75 partent en coût de distribution (ventes sur Internet, agences de voyage classiques) et 25 euros en moyenne constituent la marge de Marmara. Le reste : 50% pour l'«aérien», 25% pour la location d'hôtel, 25% pour les salaires, la nourriture, les frais divers.

Un peu plus de 100 euros donc pour l'hôtelier, pour un séjour de sept nuits en pleine saison, tout compris. Pas suffisant ces derniers temps, à les entendre. D'autant que «booker» ne veut pas dire payer : si un tour-opérateur réserve 100 chambres dans un hôtel, et ne trouve au final que 80 clients, il réglera à l'hôtelier le prix de 80 chambres.

 

Les «machines de guerre» des tour-opérateurs

 

Gérant depuis le début des années 2000 d'un hôtel sur la côte qui appartient à un groupe de tourisme tunisien, Hassan – qui demande à ce que l'on change son prénom – décrit sa situation comme «intenable. On me demande de faire une marge à deux chiffres, tout en m'imposant une baisse de plus de 10% du prix des chambres chaque année, et cela depuis 5 ans. On me réserve toujours beaucoup de chambres, mais on en paie de moins en moins,  parce qu'on a eu moins de clients. Alors, forcément, moi je paie moins derrière, et j'emploie moins de personnel...»

 

La force de l'obéissance
La force de l'obéissance© Béatrice Hibou/Editions La découverte

Aucun chiffre précis ne circule sur les faillites des entreprises tunisiennes de tourisme, ni sur celles des hôteliers, tant le secteur est sensible : en 2008, il contribuait pour près de 7% au PIB tunisien, sans compter les «effets d'entraînement» sur des secteurs comme l'artisanat, le bâtiment... Mais le phénomène existe, les voyagistes ne le nient pas. Comment expliquer alors de telles difficultés, sans interroger les pratiques des tour-opérateurs ? «Je ne sais pas, je ne suis pas spécialiste, rétorque le directeur marketing de Marmara, Sébastien Boucher. Et je ne sais pas comment fonctionnent nos concurrents. Mais la tendance, c'est de baisser les prix, c'est sûr. Nous, encore une fois, nous arrivons à fonctionner parce qu'on prend beaucoup de risques.»

 

 

Responsable commercial et marketing d'une société tunisienne de gestion hôtelière (quatre hôtels en gérance, dont deux à Hammamet), Slah livre un témoignage très différent : «Ces dernières années, nous constatons une très grande pression de la part des grands voyagistes, et des moins grands, sur ces marchés, une pression qui ne cesse de faire baisser la marge bénéficiaire des hôtels et même des agences de voyages tunisiennes. Nos relations de partenariat avec les tour-opérateurs sont donc loin d'être équilibrées ! Les tour-opérateurs refusent les augmentations nécessaires à l'hôtelier pour financer les services adéquats... Bref, tout est fait pour inciter l'hôtelier à renoncer à une partie du prix.»



«Des machines de guerre.» C'est ainsi que le consultant en tourisme et professeur-associé à HEC Lausanne,  Francis Sherly, qualifie cette pression constante des tour-opérateurs sur les prestataires tunisiens. «Avec la crise, chaque tour-opérateur essaie de trouver des solutions qui lui permette de passer raisonnablement le mauvais moment qui s'annonce ces prochains mois, analyse-t-il. De fait, les tour-opérateurs mettent sur le marché de véritables "machines de guerre" en espérant tenir le coup. On essaie de vendre à des prix sans cesse plus bas. Cette tendance va très clairement conduire d'un côté à la disparition à terme des agences de voyage. De l'autre, cela entraîne une grosse pression sur les prestataires locaux, sur les hôteliers. C'est très préoccupant. Ceux qui ont massivement parié sur les petits et moyens budgets, comme c’est beaucoup le cas en Tunisie, ceux-là se retrouvent en grande difficulté. Car désormais, les petits budgets ne peuvent plus partir. Dans ce contexte, les hôteliers n’ont pas d’autres choix que d’accepter le diktat des tour-opérateurs.» 

 

Source : http://www.mediapart.fr/journal/international/151009/en-tunisie-le-tourisme-devient-une-mecanique-infernale-qui-brise-le-pay?page_article=3

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14 avril 2011 4 14 /04 /avril /2011 06:49
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14 avril 2011 4 14 /04 /avril /2011 05:26

 

Traduction libre de certains passages :

« Une potentielle imitation des soulèvements de la Tunisie et de l’Egypte est à craindre, notamment dans un contexte de crise économique. Cela devient de plus en plus réel à la suite des événements de Deraa.

En cas d’élargissement du mouvement de contestation, le plan doit impliquer trois dimensions : information, sécuritaire et politique (économique).

Liez toute manifestation ou toute opposition au régime à des personnalités détestées par la population, comme certaines personnalités saoudiennes ou libanaises. Le tout doit être rapporté au sionisme et aux américains.

Une campagne de propagande informelle dans les médias privés dont l’objectif est de mettre en avant le spectre de la guerre tribale… Amener les catholiques et les Druzes à avoir peur des frères musulmans… Dans la région côtière, pousser les Alaouites, par diverses provocations à défendre leur régime et leur standard de vie.

Spécialisation d’éléments policiers dans la perturbation des pages facebook anti-régime… Création de pages facebook contestataires non crédibles…

Empêcher par tous les moyens la présence de  médias sur les lieux de manifestations ou autre démonstrations anti-régime…

Spécialiser des éléments de la police en «témoins oculaires» exagérant ce qui se déroule réellement pour décrédibiliser ce vecteur d’information… »

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Soure : http://www.facebook.com/SyrianFreePress#!/album.php?fbid=202795103074557&id=190512587636142&aid=45338

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14 avril 2011 4 14 /04 /avril /2011 05:05

La rédaction d'Al Jazeera English à Doha en 2008 (CM David/Wikimedia Commons).

Une idée tenace mais invérifiable s'est installée parmi les protagonistes du jeu politique moyen-oriental : la chaîne d'information Al Jazeera jouerait un rôle décisif dans les processus révolutionnaires qui secouent le monde arabe depuis quelques mois.

Cet impact présumé prend une dimension quasi-mythologique.

L'effet magique d'Al Jazeera dissipé à Bahrein

Qu'il soit positif ou négatif, cet effet supposé d'Al Jazeera semble remplir des fonctions plurielles parfois contradictoires et souvent inavouables.

La construction de ce mythe moderne se pose comme une explication transversale pour une situation extraordinaire. « La révolution Al Jazeera » permet souvent de faire l'économie d'une véritable réflexion sur les enjeux spécifiques placés dans leur contexte régional.

L'essoufflement du processus révolutionnaire à Bahreïn serait dû au supposé manque d'intérêt d'Al Jazeera pour un pays gouverné par une monarchie autoritaire sunnite dont la majorité de la population est chiite.

L'effet magique d'Al Jazeera, accélérateur du processus révolutionnaire, se serait dissipé aux frontières de l'île, au grand dam de l'opposition bahreïnie qui se déclare trahie par la chaîne.

 

Les commentaires audacieux ont disparu

Les détracteurs d'Al Jazeera ont trouvé un argument supplémentaire pour dénigrer la chaîne. En effet, sa récente légitimation, acquise grâce à la couverture des révolutions arabes, a discrédité en grande partie leur stratégie.

Les soutiens de la chaîne éprouvent une certaine gêne devant cette couverture timide. Ils tentent de justifier ce désintérêt par la taille des autres foyers révolutionnaires, comme au Yémen et en Libye.

La hiérarchie de l'information s'est imposée à toutes les grandes chaînes arabes sauf, peut-être, à Al-Manar, financée par le Hezbollah libanais ou Al-Alam, chaîne d'information en continu lancée par l'Iran.

En réalité, Al Jazeera a couvert les révoltes populaires à Bahreïn et mis l'accent sur les évènements marquants. Elle donne la parole à l'opposition bahreïnie qui a dénoncé en direct « des forces d'occupation saoudiennes ».La chaîne diffuse également les images de la brutalité de la répression des services de sécurité contre des manifestants pacifiques.

Les commentaires audacieux et dévastateurs, donnant un sens révolutionnaire aux images, c'est-à-dire la « marque de fabrique » de la chaîne, sont cependant absents. Le choix des termes et le ton restent également d'une grande neutralité. Bref, il y a un manque d'enthousiasme pour les révolutionnaires bahreïnis sur Al Jazeera.

 

Moins de militantisme pro-démocratique

Les lieux des manifestations au Bahreïn ne bénéficient pas d'une couverture médiatique permanente comme la place Tahrir au Caire et encore moins d'un appel en direct au tyrannicide du « dictateur » comme celui du cheikh Youssef al-Qaradawi contre le colonel Kadhafi.

Cette sagesse et cette prudence contrastent avec l'entrain et le militantisme pro-démocratique de la chaîne vis-à-vis des autres révolutions.

Depuis le début des protestations populaires à Bahreïn, le 14 février 2011, les éditorialistes de la presse arabe s'opposent à propos des raisons de cette couverture différenciée d'Al Jazeera.

Cette dernière n'est pas basée sur la logique géographique ni sur les affinités politiques ou diplomatiques de l'Etat qatari comme on le prétend souvent. Le clivage géographique Maghreb/Machrek et Golfe n'est pas valable non plus.

Les luttes au Yémen, dans la péninsule arabique, sont couvertes avec la même intensité que la Libye ou l'Egypte. La proximité de l'émir du Qatar avec le président syrien Bachar al-Assad influe peu sur la couverture des affrontements entre manifestants et forces de sécurité en Syrie.

 

Le clivage doctrinal entre sunnites et chiites

Deux explications ont emergé pour expliquer le traitement prudent d'Al Jazeera des luttes populaires à Bahreïn : l'hypothèse confessionnelle, d'une part, et politique, d'autre part.

Le clivage doctrinal entre sunnites et chiites pourrait expliquer le soi-disant parti pris médiatique d'Al Jazeera en faveur d'une monarchie sunnite contre des contestataires chiites, accusés d'être des alliés de l'Iran.

L'agitation de l'épouvantail de la menace iranienne sur le monde arabe sunnite vise à mettre l'Iran (chiite) et ses alliés arabes (chiites ou non) sur la défensive.

C'est l'argument de l'opposition bahreïnie et de ses sympathisants dans le monde arabe. Mais aussi de certains spécialistes de l'islam politique et autres tenants du paradigme islamiste qui ont pris l'habitude d'expliquer tout ce qui se passe dans le monde arabe par la religion.

« Contre la distinction entre les gens selon la doctrine et la secte »

Dans ses déclarations, le cheikh Youssef al-Qaradawi – souvent associé à Al Jazeera et soutien zélé des révolutions en Tunisie, en Egypte et en Libye – considère que la révolte des peuples contre leurs dirigeants et leurs aspirations démocratiques constituent des causes légitimes que la morale islamique encourage.

Dans le cas de Bahreïn, al-Qaradawi estime qu'il ne s'agit nullement de la révolte d'un peuple contre le despotisme :

« […] mais d'une révolution confessionnelle des chiites contre des sunnites et moi, je suis contre la distinction entre les gens selon la doctrine et la secte. Le danger apparaît lorsque les chiites déclarent leur allégeance à un autre pays et brandissent les portraits de Khamenei (le guide de la révolution iranienne) et Nassrallah (le secrétaire général du Hezbollah libanais), c'est comme s'ils appartiennent à un autre pays et non pas à Bahreïn. »

 

Dans cette perspective, la réussite de cette révolution labellisée confessionnelle se traduira par un gain stratégique pour l'Iran. Ses positions seront consolidées face à l'Arabie saoudite, qui a déjà perdu en Egypte, son principal soutien contre l'Iran.

 

Pas de fragmentation confessionnelle à Al Jazeera

Cependant, cet argument confessionnel est fragile et recèle une série de confusions. Tout d'abord, le mélange de l'équipe d'Al Jazeera avec la perception que al-Qaradawi peut avoir du chiisme et de l'Iran.

Al-Qaradawi est hostile à ce qu'il présente comme l'expansionnisme chiite aussi bien sur le plan doctrinal (notamment dans son pays d'origine l'Egypte) que stratégique. Il s'est également montré un farouche soutien du Hezbollah dans sa lutte contre Israël.

De même, l'émir du Qatar n'est pas connu pour son hostilité ni au chiisme et encore moins à l'Iran, avec lequel il entretient des bons rapports. La ligne éditoriale de la chaîne ne présente donc aucune sensibilité particulière par rapport au chiisme.

Le noyau dur de la rédaction est composé de journalistes jordano-palestiniens, égyptiens et maghrébins pour lesquels le clivage sunnite/chiite influe très marginalement sur leurs orientations idéologiques. En effet, leurs sociétés d'origine ne connaissent pas de fragmentation confessionnelle.

Si l'on tient compte de ces arguments, le facteur confessionnel joue un rôle non déterminant dans la couverture médiatique des évènements à Bahreïn par Al Jazeera. Il expliquerait moins ce timide traitement que le facteur politique.

 

Veto de l'Arabie saoudite sur Bahreïn

L'explication politique renvoi aux pressions insoutenables que l'Arabie Saoudite exercerait sur les autorités qataries pour leur signifier que la chute de la famille al-Khalifa constitue une ligne rouge à ne pas franchir.

Toute concession faite par le régime de Bahreïn aux contestataires sera lu, d'un point de vue saoudien, comme une faiblesse et une préfiguration de ce qui se produira en Arabie saoudite suite au précèdent bahreïni. Il y aurait donc un veto saoudien sur la couverture par Al Jazeera des évènements à Bahreïn.

L'émir du Qatar ne nourrit néanmoins pas une sympathie particulière pour la famille al-Khalifa pour des raisons liées à un différend frontalier qui a empoisonné les relations entre les deux pays. L'Arabie saoudite se considère comme le protecteur de Bahreïn notamment face à l'expansionnisme iranien.

 

L'opposition saoudienne a disparu des écrans d'Al Jazeera

La réceptivité d'Al Jazeera et du Qatar face aux pressions saoudiennes date de 2007. Depuis sa création, Al Jazeera n'a pas ménagé la famille royale saoudienne en laissant s'exprimer tous leurs opposants, notamment ceux de Londres (Saad al-Faqih et Mohamed Al-Massari).

La diffusion des casettes de Ben Laden ou des documentaires sur les scandales de corruption (liés aux contrats d'armes dans l'affaire al Yamama) était perçue par les autorités saoudiennes comme un acte d'hostilité manifeste du Qatar.

A partir de 2007, l'opposition saoudienne va disparaître des écrans d'Al Jazeera qui va infléchir sa couverture des affaires saoudiennes. Les relations entre les deux pays vont s'améliorer pour aboutir, le 6 juillet 2008, à un accord définitif sur le tracé des frontières, signé en dépit des réticences antérieures des autorités saoudiennes.

Le régime saoudien veut préserver le monopole du pouvoir politique au niveau interne et rassembler autour de lui les petits Etats du Golfe dans la guerre froide qui l'oppose à l'Iran. Cela explique mieux cette couverture prudente d'Al Jazeera.

 

Les révoltes yéménites et la marge de manœuvre d'Al Jazeera

L'image des troupes saoudiennes pénétrant le territoire de Bahreïn a pris une signification particulière au Qatar. Comme les autres pays du Golfe, le Qatar redoute l'hégémonie saoudienne au sein du Conseil de coopération du Golfe (CCG).

Ce malaise, aggravé par le différend frontalier datant de 1965 entre les deux pays, a débouché en septembre 1991 sur un affrontement militaire près de la ville d'Al-Khafus. Après le coup d'Etat orchestré par le cheikh Hamad bin Khalifa al-Thani contre son père en 1995, le Qatar sollicite la protection militaire américaine directe, tout en s'ouvrant d'une manière spectaculaire sur Israël.

Or, en dépit de la présence d'une base navale américaine à Bahreïn, les Etats-Unis n'ont pas réagi à l'initiative militaire saoudienne. Pour le Qatari, le signal est clair, si la pérennité de la famille royale en Arabie saoudite est en jeu, l'armée saoudienne est prête à une aventure au Qatar. La protection américaine ne constitue donc pas une assurance comme le croit les Qataris.

Les autorités saoudiennes ont été choquées par la facilité avec laquelle le président américain Obama s'est résigné à la chute du régime de Moubarak, pourtant considéré dans la région comme un allié stratégique des Etats-Unis.

La chute probable du régime du président yéménite Ali Abdallah Saleh – allié des Saoudiens – et l'installation d'un gouvernement issu du mouvement révolutionnaire sont susceptibles de redonner une marge de manœuvre politique au Qatar et médiatique à Al Jazeera.

C'est ce qui explique – en partie – la couverture sans concession d'Al Jazeera des révoltes yéménites, à tel point que Ali Abdallah Saleh a dénoncé, dans son dernier discours, aussi bien Al Jazeera que le Qatar.

Photo : la rédaction d'Al Jazeera English à Doha en 2008 (CM David/Wikimedia Commons/CC)

 

Source : http://www.rue89.com/2011/04/13/al-jazeera-a-perdu-la-fievre-revolutionnaire-a-bahrein-199632

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  • : ThalaSolidaire est dédié à la ville de Thala, ville phare de la Révolution tunisienne. Thala est une petite agglomération du centre-ouest de la Tunisie. Elle est connue pour son histoire antique, ses sources, ses carrières de marbre, devenues une sorte de tragédie écologique et économique, sa résistance et sa misère. Thala solidaire a pour objectif de rassembler toutes les voix INDIGNÉES pour donner à cette terre ainsi qu'à toutes autres terres un droit à la vie et à la dignité…
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