Le gouvernement transitoire tunisien a lancé mercredi des mandats d'arrêt internationaux contre le président déchu Zine el-Abidine Ben Ali et les membres de sa famille. Parmi ceux-ci figure le beau-frère de l'ancien président, Balhassen Trabelsi, qui se trouve à Montréal depuis la semaine dernière.
Balhassen Trabelsi possède d'importants intérêts commerciaux en Tunisie. Le milliardaire est accusé d'avoir dérobé des fonds gouvernementaux avant que la révolution populaire ne contraigne Ben Ali à quitter le pouvoir, début janvier.
Avis de recherche d'Interpol
Interpol a fait circuler un avis de recherche international depuis ses bureaux de Tunis pour arrêter Ben Ali et six membres de sa famille.
L'alerte demande à ses pays membres, dont le Canada, de « chercher, localiser et arrêter provisoirement M. [Ben] Ali et les membres de sa famille en vue d'une éventuelle extradition à Tunis ».
Or, le Canada et la Tunisie n'ont pas signé d'entente en matière d'extradition. Il reste maintenant à savoir si les autorités canadiennes vont arrêter M. Trabelsi et sous quels motifs le feraient-elles.
La Gendarmerie royale du Canada a demandé aux journalistes d'adresser leurs questions au ministère des Affaires étrangères, qui n'avait toujours pas fourni de détails sur le dossier mercredi après-midi.
Belhassen Trabelsi résident permanent du Canada
Le ministre de l'Immigration, Jason Kenney, a cependant laissé entendre que Trabelsi était un résident permanent et qu'il ne pouvait être déporté en suivant les procédures régulières d'immigration.
« En vertu de la Loi sur la protection des renseignements personnels, je ne peux faire de commentaires sur des individus », a-t-il répondu aux journalistes qui l'interrogeaient à Calgary.
« Je peux vous confirmer qu'il y avait des membres de cette famille au Canada, des résidents permanents qui ont le droit de se trouver ici », a-t-il ajouté, avant de déclarer que le gouvernement canadien n'accorderait pas de visa à d'autres membres du régime de Ben Ali qui tenteraient d'entrer au pays sans être résidents du Canada.
Ben Ali n'est pas le bienvenu au Canada
Le ministre Kenney a par ailleurs clairement indiqué que l'ancien président de la Tunisie n'était pas le bienvenu au Canada.
Des groupes tunisiens au Canada demandent à Ottawa de geler les actifs de Trabelsi et de l'extrader en Tunisie pour qu'il y soit jugé. Ils considèrent que le milliardaire est l'un des personnages influents du régime de Ben Ali, qu'ils accusent de corruption, de kidnapping et de torture.
« C'est très important pour nous que le Canada ne le laisse pas filer », a dit le porte-parole d'un groupe de solidarité tunisien basé à Montréal, Haroun Bouazzi. Selon lui, il est « vital » que le Canada et la Tunisie collaborent afin d'éviter qu'il ne s'échappe.
Balhassen Trabelsi est le frère aîné de l'épouse de Ben Ali, Leila Trabelsi. Selon un câble diplomatique publié récemment par WikiLeaks, un ambassadeur des États-Unis l'aurait qualifié en 2008 du « plus tristement célèbre membre de la famille » de Ben Ali.