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20 mai 2012 7 20 /05 /mai /2012 05:09

Interview accordée par Moncef Marzouki au journal  Le Point, 17 mai 2012

Le président de la République tunisienne, Moncef Marzouki, s'explique sur les islamistes, les femmes et la laïcité.

 

Moncef Marzouki a appelé François Hollande pour le féliciter. 

Moncef Marzouki a appelé François Hollande pour le féliciter. © Nicolas Fauqué / Le Point

 

Après le Printemps arabe, assiste-t-on à un hiver islamiste ?

 

Moncef Marzouki : Les révolutions devaient avoir lieu, les dictatures étaient insupportables. Je savais qu'on était sur un volcan, mais je ne savais pas quand l'éruption aurait lieu. Où en sommes-nous aujourd'hui ? Le XVIIIe siècle a été celui de la Révolution française, le XXe celui des révolutions russe et chinoise, le XXIe sera celui de la révolution arabe. Ces bouleversements vont mettre des années à se consolider. Quelles nouvelles configurations politiques et sociétales émergeront ? Seront-elles viables ? Le fait est que la situation est bien meilleure aujourd'hui qu'hier. À propos de l'hiver islamiste, la France est le pays le plus proche de la Tunisie et celui qui nous comprend le moins bien au sein de l'Europe. Est-ce la grille de lecture "religieuse" des Français qui les empêche de se rendre compte de ce qui se passe dans le monde arabe ?

 

Que voulez-vous dire ?

 

L'islam n'est pas l'islamisme, l'islamisme n'est pas le terrorisme et l'islamisme s'écrit au pluriel. Le spectre islamiste est extrêmement large. En Tunisie, nous avons affaire à sa partie centrale, l'équivalent du parti démocrate-chrétien en Italie. Cette partie centrale, nous l'avons démocratisée. Avant la révolution, nous avons souffert et combattu la dictature ensemble. Les islamistes, torturés par Ben Ali, ont appris aux côtés des démocrates, réprimés par le même régime. La révolution arabe a poursuivi la démocratisation des partis islamistes. Quant aux salafistes, ils sont l'équivalent de l'extrême droite européenne. Ils sont dangereux et l'on n'est pas parvenu à les démocratiser. Mais il faut cesser les analyses simplistes et la confusion entre islamisme et salafisme. En Tunisie comme ailleurs, c'est la démocratie qui triomphe, et non l'islamisme.

En France, les observateurs ne voient pas les choses de cette façon. Pour quelles raisons ?

 

Je suis un homme de gauche, laïque et démocrate, j'ai toujours été fidèle à ces valeurs, je suis même allé en prison pour les défendre. Quand j'entends certaines personnes de la gauche française me considérer littéralement comme un traître, qui a vendu son âme au diable, parce que je travaille avec les islamistes, je me dis que, décidément, elles ne comprennent rien à rien. Nous avons démocratisé le mouvement islamiste, nous l'avons amené à respecter les droits de l'homme et ceux de la femme. Il faut comprendre que nous sommes dans une société plurielle qui ne supporte plus d'être gouvernée par un parti unique. Avec le parti islamiste Ennahda, qui a gagné les législatives, nous essayons de créer une nouvelle culture, celle du pluralisme. Nous sommes sur la bonne voie, si j'en crois le prix que l'institut londonien Chatham House [le cercle de réflexion décerne chaque année une récompense, au nom de la reine d'Angleterre, à une personnalité qui a oeuvré à l'amélioration des relations internationales] vient de remettre à Rachid Ghannouchi [le fondateur d'Ennahda] et à moi-même. Nous succédons à Aung San Suu Kyi.

Pourquoi avez-vous été récompensés ?

 

Ce prix nous a été décerné parce qu'il a été reconnu que deux hommes, malgré leurs différences idéologiques, ont pu trouver une entente politique et éviter au pays une guerre idéologique. Au lieu d'entrer dans un affrontement entre laïques et islamistes, Ghannouchi et moi avons choisi de travailler ensemble sur des bases claires, sans dépasser certaines lignes jaunes et dans le but d'affronter notre ennemi commun, la pauvreté. Notre débat aura duré presque vingt ans pour réussir à élaborer cette idée commune. On a dit aux islamistes : "Vous voulez une identité arabo-musulmane ? Très bien, pourvu que ce ne soit pas une identité d'enfermement." Nos lignes jaunes sont les droits de l'homme, ceux de la femme et les libertés publiques. Ils ont accepté. Alors, nous avons élaboré un consensus. Il est dommage que la France ne le comprenne pas. Nous aurions fait une erreur en poussant à l'affrontement entre laïques et islamistes. Aujourd'hui, les ennemis numéro un d'Ennahda, ce sont les salafistes. Les Français doivent cesser de voir les laïques comme les bons et tous les autres comme les mauvais. Ou plutôt de considérer qu'on est bon si on ressemble à de petits Parisiens !

Êtes-vous optimiste ?

 

La question n'est pas de savoir si cela marchera à court terme, il s'agit de faire en sorte que cela se termine bien. En réalité, on ne pourra répondre à ces interrogations que dans dix ou vingt ans. Ce sont des bouleversements géologiques.

Les deux visions, la laïque et l'islamiste, sont-elles conciliables ? La bataille du niqab à l'université et l'affaire Nessma TV, dans laquelle les salafistes ont voulu interdire la projection d'un film parce qu'il personnifie Dieu (Persepolis, de Marjane Satrapi), ne sont-elles pas la preuve qu'ils veulent imposer leur mode de pensée ?

 

Notre société veut la modernité, les femmes libérées, le tourisme et en même temps elle souhaite préserver et défendre une identité arabo-musulmane. Personne n'est prêt à sacrifier l'un ou l'autre. Nous refusons une société d'extrémistes laïques, ceux que j'appelle les étrangers à l'espace, mais aussi une société salafiste, qui est, elle, étrangère au temps. Nous ne reviendrons pas à Médine. Il n'y a aucune crainte à avoir sur les droits de la femme. Ce sont des acquis dont les fondements ont été posés bien avant l'arrivée du président Bourguiba, qui n'a fait qu'entériner une situation de fait. Personne ne pourra jamais revenir sur ces acquis. Quant à la bataille du voile dans les universités, elle n'est pas le fait d'Ennahda, mais d'une petite fraction dangereuse représentée par les salafistes, que nous combattons. Ils causent des problèmes à court terme, ils peuvent constituer une milice, mais ils ne peuvent pas mettre en danger notre République et notre démocratie. J'ai reçu les chefs salafistes et je les ai avertis que, s'ils utilisent la violence, la République se défendra.

Les relations entre la France et la Tunisie se sont détériorées après la chute de Ben Ali. L'élection de François Hollande ouvre-t-elle de nouvelles perspectives ?

 

Le comportement de la France pendant et après les révolutions ne m'a pas satisfait. S'il n'y a pas d'ambassadeur de Tunisie à Paris, c'est pour montrer notre mauvaise humeur, de même que je n'ai pas souhaité me rendre à Paris sous l'ancien président. Dans le passé, la France a non seulement apporté son soutien à la dictature, mais elle a également maltraité les jeunes Tunisiens qui sont partis après le 14 janvier 2011 [la chute de Ben Ali - NDLR]. Je rappelle au passage que la Tunisie, pays pauvre, a, elle, accueilli près de 300 000 réfugiés libyens, que nous avons bien traités. Avec l'élection de François Hollande, nos relations vont forcément s'améliorer. Je suis très heureux, car il y a l'espoir d'une coopération d'égal à égal. Je tiens à ce que la France reste notre premier partenaire en Europe. Je suis un francophone et un francophile. J'ai passé un tiers de ma vie en France.

Que reste-t-il de l'Union pour la Méditerranée lancée par Nicolas Sarkozy ?

 

Son idée était de faire cohabiter des démocraties européennes et des dictatures d'outre-Méditerranée. La méthode était vouée à l'échec. C'était un système bancal : il n'en reste rien. L'Union européenne s'est construite autour des démocraties et elle a pris réellement son envol lorsque les dictatures grecque, espagnole et portugaise ont été balayées. Je compte sur François Hollande pour relancer cette idée autour de la coopération entre démocraties du bassin méditerranéen. lepoint.fr

 

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 La sécularisation tunisienne face au mythe du réveil islamique

 

En matière de modernité, la Tunisie fait cas d’école. C’est pour cela que le monde arabe rétrograde cherche, actuellement, à y anéantir tout esprit de sécularisme et à empêcher sa modernité de se propager.

La sécularisation trouve toujours ses origines dans la revendication de liberté individuelle, que les révolutions finissent par imposer au plan religieux. Elle dessine alors la forme de gouvernance adaptée à une société pluriconfessionnelle dans la mesure où elle revendique l’autonomie du politique par rapport au religieux.

Sécularisation et spiritualité dans une société pluriconfessionnelle

En ce sens la sécularisation est une exigence culturelle. Elle se distingue de la laïcité à la française puisqu’elle postule une autonomie réciproque du politique et du religieux et non une séparation entre ces deux domaines.

A l’évidence, la sécularisation fragilise la croyance car elle brise la matrice sociale du religieux dont le seul support est maintenant la conviction et l’engagement du croyant. Ce qui, en définitive, confère une affirmation plus personnelle à l’acte du croyant. Cette détermination du croyant crée une certaine distance entre le fidèle et l’institution religieuse dont il se réclame.

Les religieux fondamentalistes et néo-fondamentalistes ont bien compris la leçon sur la sécularisation, et c’est pour la raison fondamentale de cette compréhension qu’ils jouent forts bien et interviennent dans le social associatif, soit dit-on pour aider les frères et sœurs. L’arrière-pensée est très dangereuse pour le développent de la modernité et la liberté de la culturalité d’un peuple aspirant à la liberté de penser, d’écrire, de se déplacer, de se cultiver, d’aimer la musique, de danser, de s’habiller, d’aimer tout simplement, et sans préjugés ni interdiction, ceci et cela sont  loin d’être un esprit ou une volonté de libertinage.

Si la sécularisation semble bien être la forme de gouvernance adaptée à la modernité, elle n’est pas suffisante comme telle. Elle appelle un nouvel humanisme qui intègre le paradigme de la spiritualité, principe d’harmonie et d’équilibre d’une société pluriconfessionnelle.

L’une des caractéristiques classiques et courantes de la modernité est qu’il s’agit d’une époque «sécularisée», c’est-à-dire d’une époque marquée par un certain retrait de la religion comme «secteur dominant» dans toutes les manifestations et les sphères privées, individuelles, publiques et parapubliques.

Un processus d’émancipation des consciences et des sociétés

Une fois nous avons mis les jalons généraux, revenons, maintenant, à la définition de la sécularisation et de la laïcité qui sont deux termes politiques et sociaux qui n’ont rien à voir avec l’athéisme – terme qui renie l’existence de la divinité. Ils ont été utilisés comme argument fallacieux par les religieux pour disqualifier toute référence à la modernité et la démocratie dans son essence de liberté.

La laïcité est souvent confondue avec la sécularisation. Ce sont pourtant deux processus différents. Bien que se recoupant, convergeant et se nourrissant mutuellement, ils diffèrent néanmoins partiellement tant par leurs objets et leurs champs d’expression que par leurs modalités d’applications.

Nous savons que la laïcité est avant tout un ordre juridique et institutionnel de séparation entre les institutions fondamentalement religieuses et l’Etat. Toutefois, son objet concerne aussi les particularismes éthiques, linguistiques ainsi que l’athéisme. La référence aux seules religions dans la définition de cet ordre juridiques s’explique par des causes historiques: en Europe, l’église fut de loin le plus sûr moyen d’oppression des consciences et parfois des corps (l’inquisition).

Cependant, il ne faut négliger l’histoire des empires musulmans, c’est l’histoire des religions.

C’est pourquoi, dans un Etat laïc, ce sont les lois civiles, qui sont en vigueur  dans la sphère. Pourtant le citoyen ne cesse pas d’être croyant d’une quelconque religion, dans la sphère privée. Quant à la sécularisation ou déconfessionnalisation, son objet consiste en la disparition progressive et définitive des religions de la vie des hommes. Son champ d’application s’étend aussi à la sphère publique avant tout par la substitution des lois civiles aux lois religieuses qu’à la sphère privée. Et, c’est une loi naturelle tendanciellement linéaire même si nous sommes actuellement, et en Tunisie, dans une situation de récupération de l’histoire de la révolution pour la contrarier à un revirement anachronique.

Dans cette dernière sphère, et contrairement à la laïcité, la sécularisation consiste là-aussi en un processus d’émancipation des consciences et des sociétés humaines, ainsi que les Etats s’étendent sur des siècles, comme ce fut le cas des sociétés européennes.

Authenticité et universalité de la révolution tunisienne

Nous considérons que la Tunisie est dans ces premiers stades de sécularisation, les valeurs de la révolution du 14 janvier 2011 en attestent. Ce phénomène tunisien est aussi enclenché avec elle et il s’accélèrera, bon vent mauvais vent, dans l’avenir avec la liberté de penser, de parler et de dire, d’écrire, et de propager les idées profondes de cette révolution.

Que les religieux, fondamentalistes ou intégristes, sachent que l’histoire est en même unique et plurielle et l’homme est unique dans son essence, son évolution, son développement intellectuel et mental. C’est un processus temporel qui se met en place d’une manière tendanciellement en faveur de la sécularisation universelle.

Le cadre de la révolution du peuple tunisien est universel ainsi que son fondement; elle n’a jamais été à essence religieuse.

Cette révolution peut prendre des formes et des rythmes différents voire contradictoires. Ainsi les raisons historiques, socioéconomiques et culturelle, l’ampleur et l’intensité des luttes sociales et féministes, ainsi que leurs impacts sur les consciences font qu’elle soit, par exemple, assez avancées chez telles couches sociales (généralement les couches moyennes) et/ou dans tel pan du droit étatique, tout en coexistant pendant plusieurs décennies ou générations avec les pratiques culturelles et les pratiques sociales, d’inspirations religieuses.

La révolution du 14 janvier 2011 n’a jamais été d’inspiration religieuse. Sans amalgame cette réalité doit rester dans les mémoires d’avenir et les générations tunisiennes futures.

Le peuple tunisien a cessé alors peu-à-peu de s’inspirer aussi du religieux dans ses pratiques sociales et économiques, puis celui aussi d’exercer ses cultes.

L’histoire et la mondialité sont vecteurs de la sécularisation et de la modernité, la déconfessionnalisation a entrainé historiquement l’émancipation de plusieurs domaines, en l’occurrence la science, la philosophie, le droit, les arts, une bonne partie de la morale avec les libertés et d’avortement et du libre choix de procréation ou non (acquis du peuple tunisien), du notable progrès en matière d’égalité entre les hommes et les femmes, même s’il reste beaucoup de bataille à faire sur le plan du culturel contre l’ignorance et l’obscurantisme.

La mystification politico-idéologique du réveil islamique

Plus généralement, la déconfessionnalisation des Etats et des populations est appelée, dans les décennies et générations à venir, à se muer en phénomène planétaire, de plus en plus visible, même dans des pays où le poids du religieux et du culte est encore étouffant, écrasant, comme dans les pays du Golfe arabo-persique. Ceci en dépit du regain des intégrismes notamment musulman, avec ses tenants notamment «sahwa» (réveil) islamique (autre mystification politico-économico-idéologique car laissant croire à une innocente ferveur religieuse) et de leurs semblants en Europe, version soft de l’extrême droite (soft et trompeuse, comme l’expression d’islamistes modérés).

Pour ce qui est de la perte de terrain ou de retour victorieuse de cette confession, ce ne sont pas les laïques, les agnostiques et les athées des pays musulmans ou originaires de ces pays qui en sont les plus conscients, mais les idéologues islamistes eux-mêmes.

Ce sont petits soldats, aux consciences aliénés au service d’une fraction des détenteurs de capitaux, fonds de pension et/ou souverains latents et sans équivoques pour développer un islam de marché et de s’en prémunir en voulant «islamiser la modernité» (islamisation fondée sur la charia réactionnaire, archaïque et anachronique). Notamment par la création d’une «science  islamique», d’une finance islamique éphémère, et fantassins, et maintenant d’une école coranique, pilier d’un islam de marché où tout est flagrant et en aucune façon un islam tolérant. La tolérance d’un islam leur fait une grande peur.

La plus grande critique et la plus fondamentale est celle qui dénonce constamment le mélange du politique et du religieux. Nous considérons, en outre, que le cheminement historique qui conduit nécessairement à des formes démocratiques suppose une séparation du religieux et de l’Etat, que nous jugeons absolument nécessaire, bien que difficile à réaliser et que nous estimons quasiment difficile pour le monde musulman.

La Tunisie moderniste face à un monde arabe rétrograde

La Tunisie fait cas d’école, c’est pour cela que le monde arabe rétrograde, actuellement, cherche à anéantir tout esprit de modernité pour ne pas se  propager.

En effet, pour ce monde arabe, l’islam et le Coran s’imposent à l’ensemble des domaines et des ordres de la vie politique, économique, juridique, scientifique d’une manière la plus superficielle pour ne pas aller à l’essence des textes coraniques qui sont beaucoup plus modernistes que ce que prônent les petits soldats et les argentiers.

En ce sens, une lecture des textes dans les sphères privées de l’individu serait bien utile aux concitoyens tunisiens et à leurs élus les plus modernistes afin d’éviter les erreurs et les errances d’un temps où les nouveaux grands inquisiteurs religieux relancent les discours d’un autre âge, cette montée aux extrêmes, processus apocalyptique qui marque la défaite de la pensée, de l’humanisme, de la civilisation et le retour à l’irrationalité de la violence mimétique qui allume, jour après jour, de nouveaux foyers.

C’est la mutation future qui sera une adaptation par la sécularisation.

Par Abdelwaheb Kanzari; www.kapitalis

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19 mai 2012 6 19 /05 /mai /2012 08:03

 

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La révolution des Tunisiens confisquée par leurs élites

 

Les Tunisiens sont-ils réduits, comme sous Bourguiba et sous Ben Ali, entre dictature «islamiste» et dictature «éclairée». Les enjeux de la transition politique se réduiraient à une lutte entre les deux camps pour la conquête du pouvoir.

 

 

La révolution tunisienne semble être, une fois de plus, à un tournant décisif de son histoire. Depuis l’élection de l’Assemblée constituante le 23 octobre dernier, le torchon brûle entre le parti islamiste Ennahdha et une partie de l’opposition médiatisée sous le terme «démocrate», laquelle a refusé d’entrer au gouvernement.

 

L’indépassable clivage «moderniste»/«islamistes»

 

L’affrontement est monté d’un cran au début du mois d’avril 2012 à la suite de la répression féroce par les forces de l’ordre de manifestations réclamant le droit au travail et la liberté d’expression.

Récemment, des réunions publiques initiées par des opposants au gouvernement ont été empêchées ou perturbées par des groupuscules dont on ignore l’identité exacte, sans que ce dernier ne prenne position.

La réaction de la plupart des partis d’opposition ne s’est pas faite attendre: nous serions entrés dans la dictature théocratique et les libertés individuelles seraient plus que jamais en danger depuis l’arrivée au pouvoir de ceux dont le rêve à peine refoulé serait d’instaurer un «Tunistan».

S’il faut légitimement s’indigner des menaces réelles proférées contre les libertés d’opinion et de croyance, et s’inquiéter du fait que celles-ci pèsent moins sur les courants dits «salafistes» que sur les «démocrates», il ne s’agit pas non plus de prendre des vessies pour des lanternes. Car à quoi assiste-t-on depuis la fuite de Ben Ali sinon à la reconduite, sous d’autres termes, de la même structure de débats et d’opposition entre «modernistes», «progressistes» et autres «démocrates» d’un côté, et «théocrates» et «islamistes» de l’autre?

Ce clivage a atteint son apogée le 1er mai 2012 lors de la manifestation qui devait rappeler les enjeux sociaux et économiques de la révolution. Le slogan phare «Travail, liberté, dignité» a été noyé dans la cacophonie orchestrée d’un côté par les partisans d’Ennahda qui scandaient «Par notre âme et notre sang, nous te défendrons, ô gouvernement!» («Bil-rûh wa al-dam nifdîk yâ hukûma»), de l’autre par leurs pourfendeurs qui répliquaient «Que chute le gouvernement de la honte!» («Tasqut hukûmat al-‘âr»).

 

La question sociale reléguée au second plan

 

Cette lutte apparemment sans merci semble être l’unique jeu auquel islamistes et modernistes soient en mesure de jouer. Elle a pour effet de chasser les questions socio-économiques de l’agenda politique au profit d’une opposition fondamentalistes vsdéfenseurs de l’Etat moderne, et de reléguer ainsi la question sociale au second plan en bloquant le désir d’un grand nombre de Tunisiens de rompre avec le mode de gouvernement qu’ils connaissent depuis plus d’un demi-siècle.

En effet, les stratégies de l’opposition portée essentiellement par le Parti Républicain (émanation du Parti démocrate progressiste) et la Voie sociale et démocratique (recomposition de la gauche moderniste) mais aussi, en coulisses, par une partie des «fulûl» (résidus de l’ancien régime) se réclamant de l’héritage bourguibiste, ne visent aucunement la remise en question du régime politique ni du modèle économique qui prévalaient avant la révolution.

La plupart des leaders de l’opposition au gouvernement actuel n’ont jamais rechigné à faire alliance avec l’ancien régime recomposé au soir du 14 janvier 2011 ni à prêter main forte aux trois gouvernements provisoires – non issus d’élections – conduits successivement par Mohammed Ghannouchi et Béji Caïd Essebssi.

Les exactions commises – ordonnées, devrait-on dire – par ces gouvernements à l’encontre des mouvements révolutionnaires ont provoqué, y compris après la fuite de l’ex-président, des centaines de morts et de blessés, sans qu’aucun de ces opposants «démocrates» ne s’en émeuve ni ne s’en inquiète réellement. Leur appel à la «résistance», dans les circonstances d’aujourd’hui, sonne d’autant plus faux que les revendications populaires pour une véritable justice transitionnelle, l’assainissement des appareils judiciaire et sécuritaire, l’emploi des chômeurs et le développement des régions défavorisées n’ont trouvé jusqu’ici aucun écho dans leur programme pourtant «démocratique» et «progressiste». Celui-ci se contente, bon an mal an, de revendiquer la liberté d’opinion, de croyance et d’entreprise pour les fractions supérieures des classes moyennes, dont une large partie se serait contentée des promesses de Ben Ali le 13 janvier 2011 aux dépens des revendications de justice et d’équité socio-économiques portées par les groupes les plus défavorisés.

 

Les forces de la contre-révolution à l’œuvre dans les deux camps

 

C’est dire que dans ces conditions les protestations de l’opposition, tout entières ordonnées autour de la liberté d’expression, ne gênent en rien l’actuel gouvernement provisoire issu de la coalition entre Ennahdha, le Congrès pour la République (CpR ou Al-Moatamar) et le Forum démocratique pour le travail et les libertés (Fdtl ou Ettakatol), vainqueurs aux élections. Au contraire, ces récriminations régulières permettent de détourner utilement l’attention médiatique de tractations autrement plus inquiétantes, comme la volonté à peine voilée de nombreux cadres islamistes de s’accaparer les rouages de l’Etat ou de donner un second souffle au modèle économique néolibéral qui s’accommode de la charité individuelle et rogne toujours plus sur la solidarité nationale. C’est ainsi que l’enjeu de la justice transitionnelle, seule garantie de rupture véritable, a été sacrifié face à l’impératif de sceller des alliances avec certains symboles de l’ancien régime pour se maintenir au pouvoir.

Vue sous cet angle, la stigmatisation mutuelle des deux camps a in fine pour effet délétère de contraindre les Tunisiens à réduire leur choix, comme sous Bourguiba et plus encore sous Ben Ali, entre dictature «islamiste» et dictature «éclairée», entre Charybde et Scylla. Les enjeux de la transition politique se réduiraient ainsi à une lutte entre les deux camps pour la conquête du pouvoir, laquelle conditionnerait la redistribution de la rente entre anciennes et nouvelles élites.

On comprend, dès lors, que la lutte à laquelle on assiste aujourd’hui n’est nullement celle qui, en Tunisie comme en France, nous est donnée à voir: elle réside plutôt entre les tenants d’un ancien régime rénové, débarrassé de ses références les plus encombrantes, et les partisans d’une rupture franche et large avec les fondements et les pratiques d’un pouvoir dont les Tunisiens ne veulent plus. Sa caractéristique est qu’elle traverse les partis d’opposition tout autant que les partis au pouvoir: ces derniers sont divisés entre d’un côté un courant autoritaire et partisan du «retour à l’ordre», y compris en s’alliant avec les anciens du Rassemblement constitutionnel démocratique (Rcd, ex-parti-Etat au pouvoir), et de l’autre un courant favorable à la rupture radicale avec l’ancien régime et le jugement de ses figures tutélaires.

Cette tension est d’autant plus accentuée que les benalistes reconvertis récemment à la démocratie tentent d’achever leur refondation, drapés qu’ils sont de la légitimité historique («Bourguiba, libérateur de la femme et bâtisseur de la nation»), à défaut de pouvoir revendiquer une légitimité électorale. Détenteurs des compétences d’Etat, mais surtout de baronnies solidement établies dans les ministères-clés – Intérieur, Justice et Finances en tête –, ils sont tentés de faire chanter islamistes et démocrates pour monnayer leur retour sur la scène politique.

L’issue des prochaines semaines et des prochains mois est donc moins dans les mains de ceux qui agitent, d’un côté comme de l’autre, le perpétuel «chiffon vert» – i.e. la crainte de l’islamisme radical –, que dans celles, plus agiles et plus efficaces, des tenants du retour à l’ordre ancien.

Le peuple tunisien reste à tout le moins l’otage de ces stratégies politiques d’un temps dépassé que la révolution du 17 décembre 2010 a largement invalidées. La contestation tous azimuts à laquelle on assiste, portée notamment par les diplômés chômeurs et les familles des martyrs et des blessés de la révolution, remet au centre de la vie politique les premières victimes de ce régime qu’il s’agit de faire tomber.

Si le processus révolutionnaire en Tunisie tâtonne et paraît se chercher encore, son succès dépendra incontestablement de la capacité des groupes politiques à résister à la force de la contre-révolution sous toutes ses formes, à mettre en place une dynamique de justice transitionnelle efficace et surtout à donner une traduction politique, sociale et économique claire à son premier axe programmatique: «Le peuple veut la chute du régime» («Al-sha‘b yurîd isqât al-nidhâm»).

Par Choukri Hmed et Héla Yousfi* kapitalis

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19 mai 2012 6 19 /05 /mai /2012 05:16

Des mosquées appellent les jeunes à aller combattre en Syrie


TUNIS - Certaines mosquées tunisiennes aux mains d'islamistes radicaux appellent les jeunes à aller au jihad en Syrie contre le régime de Bachar al-Assad, a reconnu vendredi un responsable du ministère tunisien des Affaires religieuses.

C'est un problème et nous sommes en train de chercher des solutions, a déclaré lors d'un point de presse Ahmed Bergaoui, un responsable du ministère, interrogé sur les imams qui appellent les jeunes tunisiens à aller se battre en Syrie.

Selon des estimations officielles, quelque 400 mosquées sont tombées sous la coupe de radicaux depuis la révolution en Tunisie qui compte environ 5.000 lieux de culte.

Jeudi soir, le ministre de l'Intérieur Ali Larayedh avait aussi évoqué cette question, sans fournir de chiffres sur le nombre de jeunes concernés.

Nous déplorons que des jeunes s'engagent dans de mauvaises aventures. Certains ont été tués, d'autres emprisonnés, d'autres continuent de combattre en Syrie. Nous suivons ces choses de près, a-t-il déclaré en marge d'une réunion avec le chef du gouvernement libyen Abdel Rahim Al-Kib.

L'ambassadeur syrien près l'ONU, Bachar Jaafari, a évoqué le 10 mai la présence de terroristes étrangers en Syrie. Il a assuré que son gouvernement posséddait les confessions enregistrées de 26 terroristes dont certains affiliés à Al-Qaïda, précisant qu'il s'agissait pour la plupart de Tunisiens et de Libyens, plus un Palestinien et un Jordanien.

La Syrie est en proie depuis le 15 mars 2011 à une révolte populaire contre le régime de Bachar al-Assad qui s'est militarisée au fil des mois face à la répression.

Plus de 12.000 personnes, en grande majorité des civils tués par les troupes gouvernementales, ont péri en 14 mois, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Depuis l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu le 12 avril, les violences ont fait plus de 900 morts.

Lors de son point de presse, M. Bergaoui a également évoqué le pèlerinage à la Mecque, effectué par 30.000 Tunisiens chaque année.

Cette année, l'Arabie Saoudite est devenue très rigide et ne veut plus accorder de visas aux jeunes de moins de 35 ans, après avoir contasté que de nombreux jeunes restent sur son territoire, soit pour travailler soit pour rejoindre le jihad, a-t-il déclaré.

Ces jeunes doivent répondre de leurs actes devant l'Arabie Saoudite, soucieuse de combattre le terrorisme, a-t-il ajouté. 
romandie

 

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Des salafistes demandent des facilités pour aller au jihad en Syrie

 

Près de 30 salafistes se sont réunis vendredi 18 mai 2012 après la prière du vendredi devant la mosquée « El Fath » à Tunis, a constaté le correspondant de TunisieNumérique présent sur place.

Les salafistes ont agité des fanions de « Hizb Ettahrir » et le drapeau de la Syrie et se sont dirigés vers la Place du Gouvernement à La Kasbah. Ils ont déclaré que les autorités doivent leur accorder les facilités nécessaires pour qu’ils aillent « soutenir leurs frères Syriens dans leur guerre pour la libération ». tunisienumerique

 

 

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Le ministère de l’Intérieur minimise la menace terroriste en Tunisie

 

Doit-on être rassuré? Les quatre individus arrêtés la semaine dernière, à Sfax et Tunis, soupçonnés de préparer des attentats terroristes, «n’avaient pas l’intention de commettre un acte terroriste sur le territoire tunisien».

 

C’est ce qu’affirme le ministère de l’Intérieur, dans un communiqué publié mardi dernier. Est-ce à dire que ces individus planifiaient des attentats dans d’autres pays ou ont des projets de combats sur des fronts jihadistes à l’étranger? Auxquels cas, les assurances du ministère de l’Intérieur paraîtraient puériles voire irresponsables.

 

Des assurances puériles

 

Les résultats préliminaires de l’enquête ont montré que le principal suspect parmi les personnes arrêtées «n’avait pas l’intention de commettre un acte terroriste sur le territoire tunisien», indique le communiqué du ministère de l’Intérieur, très laconique et vaguement rassurant.

Suite à des informations relatives à des menaces terrorises, «les services de sécurité, mobilisés sur l’ensemble du pays, ont arrêté quatre personnes la nuit du jeudi à vendredi (10 et 11 mai, Ndlr) à Sfax et à Tunis», précise le communiqué du ministère, expliquant le retard à diffuser cette information par «son souci de garantir le succès de l’opération et pour assurer le secret de l’enquête».

«Les personnes arrêtées n’avaient en leur possession ni armes ni explosifs», a précisé le ministère. Il ajoute que «le principal suspect est un agent de la garde nationale qui s’apprêtait à quitter le pays en direction d’un pays frère (la Libye, Ndlr) dans le but d’y recevoir un entraînement militaire». Il «n’avait aucune intention de commettre un acte terroriste en Tunisie», assure encore le ministère.

Cela n’a pas empêché le ministère de l’Intérieur et le ministère public de maintenir en garde-à-vue le principal suspect et l’un de ses complices, alors que les deux autres personnes arrêtées ont été laissées en état de liberté à la disposition de l’enquête encore en cours.

 

La Tunisie devenue un vivier du jihad islamique

 

Doit-on pour autant être rassuré, au moment où les témoignages de jeunes Tunisiens arrêtés en Syrie, où ils étaient partis combattre, se multiplient, notamment à la télévision syrienne? Ces apprentis jihadistes tunisiens arrêtés vivants (beaucoup d’autres ont retrouvé la mort dans les combats) ont parlé d’éléments salafistes jihadistes qui recrutent les jeunes dans les mosquées en Tunisie, et les dirigent vers la Syrie, souvent après un entraînement sommaire en Libye.

Face à ces révélations, qui démontrent l’existence de filières de recrutement et d’entrainement de jihadistes, en Tunisie même, les affirmations soporifiques et lénifiantes du ministère de l’Intérieur résonnent comme une grave désinformation.

Ben Ali avaient peut-être tort de faire feu de tout bois, voyant parfois derrière de simples jeunes croyants pratiquants des terroristes potentiels, mais ne pas voir le feu du jihadisme qui couve sous les démonstrations de force salafistes pourrait constituer aussi une grave erreur.

Ali Lârayedh, ministre de l’Intérieur, et ses équipes doivent tenir un langage de vérité aux Tunisiens et non les bercer par des assurances qui risquent de les aveugler face à des dangers réels.

Les parents doivent aussi savoir que leurs enfants courent des risques de rencontrer des recruteurs salafistes dans les mosquées, les marchés, les bibliothèques publiques, les centres culturels et même dans les lycées et les universités. Et  qu’ils ont intérêt à protéger leurs fils contre de telles tentations… kapitalis

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19 mai 2012 6 19 /05 /mai /2012 03:07

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68 pour, 48 contre - La loi 78 est adoptée 

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Les échanges ont été vifs, et surtout longs: près de 21 heures. Mais au final, le projet de loi 78 du gouvernement Charest a été adopté vers 17h30 aujourd'hui, par 68 votes favorables, et 48 contre.


Une dizaine d'amendements ont été apportés au fil de la journée, notamment pour faire passer de 10 à 50 le nombre de personnes nécessaires pour qu'une manifestation soit soumise aux nouvelles règles — le trajet doit être fourni huit heures à l'avance à la police.

Les députés de la CAQ ont voté en faveur de la loi, alors que le Parti québécois,  Amir Khadir, Jean-Martin Aussant et les élus indépendants ont voté contre. Le libéral Pierre Paradis a quitté l'Assemblée nationale avant le vote. Il n'y a pas eu d'abstention.

La controversée pièce législative restreint strictement le droit de manifester, en plus de prévoir de fortes amendes pour ceux qui entraveront le droit des étudiants d’assister à leurs cours. Elle exige notamment que les organisateurs d’une manifestation d’au moins 50 personnes dans un lieu public fournissent leur itinéraire à la police au moins huit heures à l’avance.

La loi prévoit également la suspension de la session dans les cégeps et les universités dont les étudiants sont toujours en grève et la reprise de celle-ci en août prochain. La contestation étudiante dure maintenant depuis 14 semaines.
 

Le projet de loi a été vivement contesté par les associations étudiantes et les principales centrales syndicales du Québec.
 

Même leBarreau du Québec, dans un communiqué diffusé ce matin, a exprimé de «sérieuses inquiétudes» au sujet du projet de loi, dont il a souligné la démesure. Le bâtonnier Louis Masson est préoccupé par les limitations apportées au droit d’association et au droit de manifestation.

 

«J’estime que ce projet de loi, s’il est adopté, porte des atteintes aux droits constitutionnels et fondamentaux des citoyens, a-t-il dit. L’ampleur de ces limitations aux libertés fondamentales n’est pas justifiée pour atteindre les objectifs visés par le gouvernement.»
 

Lors de l’étude du projet de loi, qui s’était mise en branle à 20h00 hier soir, la ministre de l’Éducation,Michelle Courchesne, a dit qu’elle laissait aux policiers le soin de décider si des utilisateurs du réseau social Twitter pourront être considérés comme des organisateurs d’une manifestation illégale.
 

Mme Courchesne a déclaré qu’en fonction de «la nature et du contenu» d’un message, les agents détermineront si un appel à manifester est illégal. Elle a aussi affirmé qu’il est nécessaire d’aviser les policiers des manifestations, car ce sont les manifestations spontanées qui génèrent les plus grands risques de débordements.

 

La ministre a expliqué que cela sera notamment utile dans des grandes villes comme Montréal, où la circulation est importante. À titre d’exemple, elle a expliqué qu’il ne faut pas que des patients se rendant à l’hôpital soient retardés à cause d’une manifestation.

En début de matinée, le Parti québécois avait exprimé la crainte que la loi spéciale donne des pouvoirs excessifs et arbitraires au gouvernement.
 

Les députés péquistes ont notamment cité l’article 9 qui prévoit que le ministre de l’Éducation «peut prendre toutes les mesures nécessaires, notamment prévoir les dispositions législatives et réglementaires» pour l’application de la loi spéciale.
 

Mme Courchesne a introduit un amendement pour faire en sorte que ce pouvoir soit exercé par le gouvernement et non le ministre, comme la version originale du texte l’indiquait.  ledevoir

 


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Les  atteintes aux libertés 


 

 

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Commentaires , radio-canada

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18h56

 

Commentaire de la part de Jonathan Deschênes 

 

Une simple citation: "Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l'une ni l'autre, et finit par perdre les deux." - Benjamin Franklin

18h56

 

Commentaire de la part de Gérard Vallerey 

 

vue de France,cette loi est liberticide et constitue le premier pas vers un état totalitaire.

 

18h56

 

Commentaire de la part de Nadine Turbide 

 

On censure..

18h56

 

Commentaire de la part de Marilyne Thibault 

 

Les libéraux et la CAQ auraient du relire la Charte des droits et libertés Québecoises avant de voter une telle loi et de trahir nos principes fondamentaux ! 3. Toute personne est titulaire des libertés fondamentales telles la liberté de conscience, la liberté de religion, la liberté d’opinion, la liberté d’expression, la liberté de réunion pacifique et la liberté d’association. 10. Toute personne a droit à la reconnaissance et à l’exercice, en pleine égalité, des droits et libertés de la personne, sans distinction, exclusion ou préférence fondée sur la race, la couleur, le sexe, la grossesse, l’orientation sexuelle, l’état civil, l’âge sauf dans la mesure prévue par la loi, la religion, les convictions politiques, la langue, l’origine ethnique ou nationale, la condition sociale, le handicap ou l’utilisation d’un moyen pour pallier ce handicap. Il y a discrimination lorsqu’une telle distinction, exclusion ou préférence a pour effet de détruire ou de compromettre ce droit. 13. Nul ne peut, dans un acte juridique, stipuler une clause comportant discrimination. Une telle clause est sans effet.

 

18h56

 

Commentaire de la part de Andrée Berthiaume 

 

Comment se fait-il que personne ne parle de la loi matraque votée en 1983 par le parti québécois afin de stopper la grève des enseignants qui ne durait que depuis deux semaines? De plus, il n'y avait aucune casse. Piquetage et manifestations pacifiques.

18h56

 

Commentaire de la part de Onil LeBlanc 

 

je suis en accord avec cette loi...qui à mon avis aurais du être présenter plutôt...dans une démocracie comme la nôtre....les étudiants et surtout les syndicalismes qui vivent aux crochets de la loi ryan...non surtout pas à se mèler de politique....et outrepasser leur droit...

 

18h56

 

Commentaire de la part de Nadine Turbide 

 

Chanceux Michel, vous êtes publié

18h58

 

Commentaire de la part de Andrée Berthiaume 

 

On nous menaçait d'amendes énormes, de perte d'ancienneté, de coupures de salaire en double par journée de grève...

 

18h59

 

Commentaire de la part de Nathalie Fugere 

 

Je ne vis plus au Québec depuis plus de 20 ans, j'ai terminé mon université en 1986 avec $6,000 de dettes et je suis extrêmement surprise par l'émotivité et l'irrationalité de tous (gouvernements, étudiants et autres). Je vous souhaite une vraie démogracie et non des manifestations violentes qui malheureusement donne une mauvaise réputation à ceux qui veulent donner leur opinion dans le calme. Bonne chance!

18h59

 

Commentaire de la part de Royal du Perron 

Cette loi est vraiment abjecte. Elle brime les droits et assomme nos jeunes. Jean Charest est un conservateur d'extrême-droite, bien pire que Stephen Harper.

 

19h01

 

Commentaire de la part de line liberte 

C'est inquiétant tout ça pour l'avenir

19h02

 

Commentaire de la part de Jean-Pierre Lord 

J'invoque ma liberté de conscience, ma liberté d'opinion, ma liberté d'expression, ma liberté de réunion pacifique et ma liberté d'association ce soir !

 

19h02

 

Commentaire de la part de Denis Tremblay 

J'apprécierais un équilibre dans le temps d'antenne entre ceux qui se sentent opprimés et ceux qui sont soulagés que leurs droits soient enfin défendus.

19h03

 

Commentaire de la part de Jean-Pierre Lord 

Un jour très sombre pour la démocratie, nos droits et nos libertés fondamentales! J'ai honte!

 

19h03

 

Commentaire de la part de Nadine Turbide 

Combien de fois la question a été posée : pourquoi Charest n'a jamais voulu rencontrer les étudiants. Personne n'a voulu répondre à cette question

19h03

 

Commentaire de la part de Tibor Abramowicz 

Loi 78. Bienvenue à l'ère Duplessis

 

19h04

 

Commentaire de la part de Simon Bernier St-Pierre 

Bienvenue dans la grande noirceur.

19h04

 

Commentaire de la part de Monique Vallée 

Je suis très inquiète des conséquences du choix du gouvernement Charest d'adopter la loi 78 qui brime les droits de notre jeunesse à s'exprimer. Je pense qu'ils démontrent avoir le "pouvoir méprisant" ! Qui sera leurs prochaines victimes ?

 

19h04

 

Commentaire de la part de Real Paquin 

Pour la loi enfin

19h04

 

Commentaire de la part de Lucie Drouin 

Bonjour,

 

19h04

 

Commentaire de la part de Georges Le Gal 

Le PLQ et certains chroniqueurs ont tenté tout au court de la grève étudiante de décrire comme un extrémiste, de discréditer, de noircir Gabriel Nadeau-Dubois, mais ce fut un échec. C'est un gentilhomme merveilleux avec de belles qualités de leader. Les Québécois devraient être fiers de lui.

19h04

 

Commentaire de la part de Marilyne Thibault 

"Quand l'injustice est loi, la résistance est un devoir."

 

19h04

 

Commentaire de la part de Jean-Pierre Tailleur 

Il reste une chose à faire pour toute la population, sortir ce gouvernement aux prochaines élections. Je me souviens!!!

 

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Plusieurs milliers de personnes contre la loi 78

 

L'adoption et l'immédiate mise en vigueur de la loi spéciale 78, qui tente notamment de contrôler les manifestations, n'ont pas empêché des milliers de manifestants de marcher dans les rues du centre-ville de Montréal, vendredi.

Déjà plus d'une heure avant le début la marche, la 24e en autant de soirs, quelques centaines de personnes s'étaient déjà pointés au lieu de rassemblement habituel, le parc Émilie-Gamelin. Puis des milliers de personnes sont venus les rejoindre. Les estimations de foule variaent beaucoup sur les réseaux sociaux, de 1000-1500 personnes à plusieurs milliers.

Peu avant 21h, ils ont entrepris la manifestation en empruntant la rue Berri vers le nord tandis qu'un petit groupe de manifestants, tentant peut-être de déjouer les forces policières, tentaient une diversion vers le sud.

A l'instar des autres soirs, les policiers étaient fortement présents.

A Quebec, plusieurs centaines de personnes s'étaient donné rendez-vous devant l'Assemblée nationale.

Des manifestations devaient se dérouler dans plusieurs autres villes du Québec, dont Gatineau, Sherbrooke, Trois-Rivières et Rimouski. fr-ca.actualites 


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Manifestants sur Queen Mary

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Contre la loi 78

Manifestation déclarée illégale à Montréal

 


À peine quelques heures après l'adoption de la loi 78 et du règlement interdisant le port d'un masque, les organisateurs de la 25e manifestation nocturne, à Montréal, ont remis leur trajet aux policiers pour la toute première fois depuis le début du mouvement.

Peu de temps après le début de la marche, vers 21h, la foule était déjà estimée à près de 8000 personnes.

Réunis pacifiquement dans le but de démontrer leur mécontentement face à ces nouvelles mesures, les manifestants ont défilé dans les rues du centre-ville.

Parmi la foule, une cinquantaine de personnes masquées ont été aperçues à la tête de la manifestation. Certains participants portaient des masques à gaz et d'autres étaient vêtus de noir.

Le règlement interdisant le port d'un masque lors d'une manifestation doit entrer en vigueur dès samedi à Montréal. La loi spéciale a pour sa part été adoptée en fin d'après-midi vendredi et a été sanctionnée peu après.

Québec

Une manifestation est également en cours à Québec. Il s'agirait de la plus importante manifestation jamais vue dans la Vieille-Capitale depuis le début du conflit étudiant.

Sherbrooke

Sherbrooke n'est pas en reste. Près de 150 manifestants ont bloqué la rue Long et Belvédère en soirée. Une personne a été arrêtée pour avoir lancé des confettis à la police.

 

Galerie de photos - crédit: Agence QMI

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tvanouvelles


________________________________________________________________________________L L’Assemblée Nationale  

Ce soir, à 20h devant l’Assemblée Nationale, tous les citoyens du monde sont vivement invités à se rassembler pour défendre leur droit de s’exprimer leur liberté de rassemblement, d’expression et de manifester leur opinion.

Le 18 mai 2012 sera connu dans l’histoire du Québec comme le jour où un gouvernement a officiellement voulu faire de notre démocratie une dictature, où le gouvernement a préféré frapper sur ses citoyens plutôt que de discuter avec eux. Nous vivons un moment tragique dans l’histoire de la conscience humaine.

Soyons debouts, non-violents et lucides, face à cette atteinte directe à nos droits chèrement acquis, ceux qui constituent la base de notre société dite démocratique.

Si vous n’avez jamais posé un geste politique de votre vie, c’est le moment de le faire!  occuponsquebec

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FNEEQ-CSN - LOI 78 : UNE LOI-MATRAQUE INDIGNE DE LA SOCIÉTÉ QUÉBÉCOISE

MONTRÉAL, le 18 mai 2012 - « L’adoption en fin de journée de la loi 78, Loi permettant aux étudiants de recevoir l’enseignement dispensé par les établissements de niveau postsecondaire qu’ils fréquentent, est proprement indigne d’une société démocratique », affirme Micheline Thibodeau, vice-présidente de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN).

Sous prétexte du droit à l’éducation, le gouvernement libéral a concocté une loi qui bafoue les droits d’association, de représentation et d’expression. On reconnaît bien la constance de ce gouvernement par le mépris qu’il affiche envers les droits collectifs.

« Ce gouvernement ne négocie pas ! Les enseignantes et les enseignants de cégep peuvent en témoigner, puisqu’ils ont subi en 2005 l’imposition d’une loi décrétant une partie de leurs conditions de travail. Encore une fois, cette loi était assortie de mesures répressives qui brimaient leurs droits fondamentaux », rappelle la vice-présidente de la FNEEQ.

Au terme d’une réunion de deux jours tenue à Montréal, les délégué-es des 46 syndicats de cégep affiliés à la FNEEQ ont adopté de nombreuses propositions dénonçant la loi spéciale. « Les délégué-es ont souligné plusieurs aspects odieux de cette loi et le fait que le gouvernement utilise son pouvoir de façon abusive afin de régler un conflit dont les revendications sont légitimes. Cela démontre clairement qu’il n’a jamais voulu négocier avec les associations étudiantes », poursuit Micheline Thibodeau.

Les délégué-es ont par ailleurs mandaté la FNEEQ afin de poursuivre la lutte contre la hausse des droits de scolarité. De plus, ils ont demandé à leurs représentantes et représentants de participer à la création d’une coalition la plus large possible contre le projet de loi 78.

« Cette loi est abjecte et on assiste à la constitution d’un vaste mouvement social en faveur de la défense des droits collectifs et démocratiques, incluant le droit à l’éducation », énonce Jean Trudelle, le président de la FNEEQ. « Il faut reconnaître aux étudiants le mérite d’avoir forcé un débat public sur le droit à l’éducation et d’avoir rallié à leur cause une grande partie de la population. Ils ne sont pas seuls », termine Jean Trudelle.

Mentionnons enfin que les membres des syndicats seront très nombreux à manifester pacifiquement le 22 mai prochain à Montréal.  pressegauche

 

 

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Projet de loi 78 : un véritable manifeste contre les libertés fondamentales de tous les citoyens Québécois

QUÉBEC, le 18 mai 2012 /CNW Telbec/ - La Clinique juridique Juripop dénonce à la fois l'esprit et les effets du projet de loi 78 qui créer une forme de criminalisation du droit de manifester en plus de bafouer les libertés fondamentales protégées par les Chartes canadienne et québécoise des droits et libertés, notamment en reniant trois garanties de notre société libre et démocratique; les libertés d'expression, de réunion pacifique et d'association. Les avocats de la Clinique travaillent actuellement à bâtir la contestation judiciaire de la future loi.

 

En effet, le projet de loi 78 prive les Québécois de leur droit de manifester pacifiquement leurs opinions à l'endroit qu'ils désirent et interdit tout type d'exercice spontané de la liberté d'expression ou de réunion pacifique. Donnant également le pouvoir à une institution d'enseignement de détruire une association étudiante en lui enlevant unilatéralement le droit de percevoir des cotisations étudiantes, ce document ramène le Québec des décennies en arrière et va à l'encontre de tous les droits qui devraient normalement découler de la vie associative.

 

« Il s'agit d'un projet de loi dont les mesures sont discrétionnaires et ne pourront être appliquées autrement qu'arbitrairement. Qui décidera si un groupe de dix personnes ou plus contrevient à la loi ? Dans quelles circonstances ? Pour quelle cause ? De quel âge ? Ce projet de loi ne vise pas qu'à assurer le libre accès aux établissements d'enseignement. Il interdit les manifestations à moins de cinquante mètres de tous les lieux de savoir québécois, renie l'autonomie des universités, renverse le fardeau de preuve, et menace les étudiants et tous les québécois d'amendes pouvant s'élever jusqu'à 250 000 $. Le tout en reniant la fonction première ainsi que le rôle des associations étudiantes et en transformant ni plus ni moins chaque citoyen, étudiant ou parent en policier», a déclaré Marc-Antoine Cloutier, président fondateur et directeur général de la Clinique juridique Juripop, un organisme militant pour un meilleur accès à la justice et la progression du droit.

 

La position du Barreau du Québec 


La Clinique juridique Juripop salue et rappelle la plus récente position du Barreau du Québec qui, sans détour, invite le gouvernement à retourner à la table des négociations plutôt que de forcer l'adoption d'une loi spéciale, et ce en tout respect des cours de justice québécoises. Elle est également heureuse de lire les propos du Barreau qui souhaite travailler sur un nouveau cadre législatif inspiré des règles prévalant en matière de droit du travail. « Plutôt que d'agir comme si les associations étudiantes n'avaient jamais existé, suspendre la session de milliers d'étudiants et fragiliser encore davantage le climat social, le ministre de la justice devrait prendre ses responsabilités et agir comme protecteur des libertés civiles inscrites dans la Charte des droits de la personne dont il a la responsabilité, » a conclu M. Cloutier.

Contestation judiciaire 


Plus de cinq professeurs de droit et une dizaine d'avocats, mandatés par les fédérations étudiantes collégiale et universitaire, ont travaillé sans relâche cette nuit et continueront aujourd'hui, aux côtés de l'équipe de la Clinique juridique Juripop et de Me Félix-Antoine Dumais-Michaud, afin d'être en mesure de s'adresser rapidement aux tribunaux suivant l'adoption de la loi spéciale. Chaque citoyen est également invité à prendre part à cette vaste contestation par l'entremise du site Internet www.loi78.com

Les avocats de la Clinique juridique Juripop ont représenté de nombreuses associations étudiantes mises en cause dans les récentes demandes d'injonctions. Ils agissent par ailleurs directement sur les campus afin de favoriser leur respect. L'organisme milite depuis 2009 pour un meilleur accès à la justice.

Renseignements :

Florence Bouchard Santerre
Cellulaire : 418-934-1563; 
jack

 

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18 mai 2012 5 18 /05 /mai /2012 06:24

 Warda

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En hommage à la diva algérienne ...

 


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Dècès de l'Algérienne Warda, une des grandes cantatrices de la chanson arabe

L'une des grandes cantatrices du monde arabe, Warda Al-Jazaïra, la "rose algérienne", adulée pour sa puissante voix et ses chansons d'amour, est décédée jeudi d'une crise cardiaque à son domicile au Caire à l'âge de 72 ans. (c) Afp

L'une des grandes cantatrices du monde arabe, Warda Al-Jazaïra, la "rose algérienne", adulée pour sa puissante voix et ses chansons d'amour, est décédée jeudi d'une crise cardiaque à son domicile au Caire à l'âge de 72 ans. (c) Afp

L'une des grandes cantatrices du monde arabe, Warda Al-Jazaïra, la "rose algérienne", adulée pour sa puissante voix et ses chansons d'amour, est décédée jeudi d'une crise cardiaque à son domicile au Caire à l'âge de 72 ans.

Avec le décès de Warda, c'est "l'une des plus belles voix d'Algérie et du monde arabe (qui) vient de se taire à jamais", a déclaré la ministre algérienne de la Culture Khalifa Toumi.

Elle "nous a quittés en laissant derrière elle un silence assourdissant et une profonde tristesse", a ajouté la ministre dans un message de condoléances diffusé par l'agence de presse algérienne APS.

La dépouille de la diva arabe sera rapatriée en Algérie après une prière spéciale lors d'une brève cérémonie au Caire, selon des responsables égyptiens.

"Un avion militaire a atterri à l'aéroport du Caire pour rapatrier la dépouille", a indiqué l'un d'eux. L'appareil devait s'envoler vers l'Algérie à 12H00 GMT, a-t-il précisé.

Selon le quotidien arabophone algérien El-Khabar, le président Abdelaziz Bouteflika a ordonné l'envoi d'un avion spécial en Egypte pour rapatrier la dépouille de la chanteuse. L'agence algérienne a précisé que son enterrement aura lieu samedi après-midi au cimetière d'El Alia, à l'est d'Alger.

Selon la radio publique, la dépouille de Warda sera exposée à partir de 9H00 GMT au palais de la culture à Kouba, à Alger, pour permettre à la population de lui rendre un dernier hommage.

Avant son décès, Warda a tourné un vidéo-clip à la gloire de l'Algérie intitulé "mazal wakfin" (nous sommes encore debout), à l'occasion du 50e anniversaire de l'indépendance de l'Algérie, le 5 juillet 1962.

Depuis le 26 avril, ce clip est diffusée en boucle sur toutes les chaînes de télévision publiques algériennes.

Née en France de père algérien et de mère libanaise, la chanteuse, de son vrai nom Warda Ftouki, a toujours été, depuis l'indépendance de l'Algérie, par son art, au rendez-vous des grands événements commémorés par les autorités algériennes.

Après avoir renoncé à la chanson pendant plusieurs années à la suite d'un premier mariage, Warda accepte l'invitation du président Houari Boumediene (1965-1978) à se produire à Alger à l'occasion du 10e anniversaire de l'indépendance de l'Algérie en 1972.

La chanteuse a offert au peuple algérien un inoubliable chant patriotique, "Min baide" (de loin), véritable hymne à la gloire de l'Algérie libre mais aussi à son propre retour au pays après une longue et énigmatique absence.

Selon le quotidien arabophone algérien Echorouk, après ce retour sur scène, son époux la quitte et Warda retourne au Caire pour se consacrer à sa carrière artistique.

Elle récidive le 5 juillet 1982, vingt ans jour pour jour après l'indépendance, en interprétant une autre chanson patriotique tout aussi éternelle, "Aid El Karama" (la fête de la dignité), puis encore en 1987 avec d'autres succès dédiés aux combats de l'Algérie pour la liberté et le développement.

Warda avait commencé à chanter à l'âge de 15 ans, durant les années 1950, dans un établissement artistique appartenant à son père dans le Quartier latin à Paris.

Elle entame ensuite une riche carrière artistique en Orient, en Egypte surtout, où elle rencontre de grands noms de la chanson arabe, comme Mohamed El Moudji, Ryad Essambati, Mohamed Abdelwahab et Baligh Hamdi, un temps son époux, qui lui composeront autant de chefs-d’oeuvre de la chanson sentimentale.

La diva de la chanson arabe a vendu plus 20 millions d'albums à travers le monde. Son répertoire compte plus de 300 chansons.

Warda Al-Jazaïria était l'une des rares interprètes arabes à pouvoir dépasser les frontières linguistiques et musicales du monde arabe et symbolise la complémentarité entre ses deux versants, le Maghreb et le Machrek. tempsreel.nouvelobs


 

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 Décès de Warda El Djazairia au Caire


Warda (1).jpg

 

 

La chanteuse Warda El Djazairia est décédée aujourd’hui jeudi 17 mai vers 19 heures (heure algérienne) en Égypte, à l’hôpital du Caire, à l’âge de 72 ans, a‑t‑on appris de source sûre. La dépouille mortelle arrivera demain à l’aéroport d’Alger, nous a indiqué la famille de l’artiste. L’enterrement devrait avoir lieu dimanche.

 

Warda est née en France le 22 juillet 1940 d'une mère libanaise et d'un père algérien, Mohammed Ftouki, originaire de Souk Ahras. Initiée dès son plus jeune âge par sa mère à la chanson libanaise, elle commence à chanter en 1951, à l'âge de onze ans dans un établissement appartenant à son père. Elle se fait peu à peu connaître, notamment pour ses chansons patriotiques algériennes, mais à cause de celles‑ci, elle est obligée de quitter la France pour Beyrouth. Puis, à l’Indépendance, elle rejoint l'Algérie, où elle se marie en 1962. Son mari lui interdit de chanter. Mais en 1972, à la demande du président Houari Boumediene, elle chante pour commémorer l'indépendance de l'Algérie, accompagnée d'un orchestre égyptien. Peu après, son mari demande le divorce et Warda décide alors de se consacrer à une carrière musicale.


Elle quitte l’Algérie pour l’Égypte, où elle rencontre le compositeur Baligh Hamdi avec qui elle se remarie. Elle acquiert la célébrité en travaillant avec les plus grands compositeurs arabes, comme Mohamed Abdelwahab ou Sayed Mekawi.


Forte d’un répertoire de plus de 300 chansons, Warda El Djazairia a vendu plus de 20 millions d'albums à travers le monde. Ses chansons les plus connues sont
 Lola el malama, batwannes bik,harramt ahibbak, wahashtouni ou encore awqati btehlaw. Dans le cadre de la célébration du cinquantenaire de l’indépendance, Warda s’est dernièrement associée à l’opérateur de téléphonie mobile Nedjma pour un clip la mettant en scène avec les habitants de la petite localité de Sidi Ghilès, près de Cherchell (Tipaza). Ceux-ci, jeunes et moins jeunes, ont accueilli à bras ouverts la Diva algérienne et créé, tout au long du tournage une véritable communion avec elle en reprenant en chœur les paroles patriotiques de Mazal waqfine, la chanson du spot. tsa-algerie


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Baligh Hamdi  et  Warda El Djazairia,  une grande histoire de musique et d’amour

 

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18 mai 2012 5 18 /05 /mai /2012 05:37
Signes de division dans l'opposition, Ghalioun prêt à démissionner

 

Syrie: signes de division dans l'opposition, Ghalioun prêt à démissionner

 

Des divisions sont apparues au sein du Conseil national syrien (CNS), la principale coalition de l'opposition, son chef Burhan Ghalioun se disant prêt jeudi à démissionner dès qu'un successeur aura été nommé, à la suite de critiques liées à sa réélection.

 

Sur le terrain, l'armée syrienne a concentré ses bombardements sur la ville de Rastane (centre), un important bastion des forces rebelles, qualifiées la veille par le président Bachar al-Assad de "bande de criminels".

Et cinq membres d'une même famille, dont deux enfants, sont morts lorsqu'un obus de mortier s'est abattu sur leur maison à Douma, près de Damas, selon des militants cités par l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).


Reconduit mardi à la tête du CNS, M. Ghalioun a assuré jeudi qu'il n'accepterait "pas d'être le candidat de la division". "Je me retirerai dès que le choix se portera sur un nouveau candidat, soit par consensus soit à travers de nouvelles élections".


Quelques heures plus tôt les Comités locaux de coordination (LCC), qui animent la contestation sur le terrain, avaient menacé de se retirer du CNS, dénonçant un "monopole" du pouvoir au sein de cette instance.

Les détracteurs du CNS lui reprochent essentiellement la grande influence des Frères musulmans en son sein et son manque de coordination avec les militants sur le terrain.


Partisan d'une gauche nationaliste arabe, adoubé par la confrérie, M. Ghalioun avait émergé comme la personnalité capable de rassembler au sein d'un conseil composé de multiples tendances (islamistes, nationalistes, libéraux).


Bien que contesté, il a été reconduit à plusieurs reprises faute de consensus en faveur d'un autre opposant, bien que le règlement du CNS impose une présidence tournante tous les trois mois.


Face à cette opposition divisée, le régime tient bon malgré plus de 14 mois de révolte, fort du soutien de la Russie, dont le Premier ministre Dmitri Medvedev a mis en garde les Occidentaux contre des interventions militaires "hâtives" qui peuvent amener des extrémistes au pouvoir, des conflits régionaux voire une guerre nucléaire.


Dans le centre du pays, les forces gouvernementales ont violemment bombardé Rastane jeudi à l'aube, au rythme de "trois obus par minute", selon l'OSDH, qui a accusé le régime de chercher à "détruire graduellement" ce bastion rebelle.


Encerclée par l'armée, Rastane échappe depuis plusieurs mois au contrôle des troupes gouvernementales qui ont tenté à plusieurs reprises, en vain, de la reprendre. Le 14 mai, 23 soldats avaient été tués lors d'une tentative d'assaut.


Selon des militants, elle abrite un grand nombre de hauts gradés rebelles, qui la défendent farouchement.

Dans le sud du pays, les troupes gouvernementales se sont déployées à Deraa pour tenter "de mettre fin à la grève générale", et des tirs nourris ont été entendus, selon l'OSDH.

 

A Alep (nord), des milliers d'étudiants ont manifesté sur le campus pour réclamer la chute du régime, à l'occasion de la visite d'une délégation des observateurs de l'ONU chargés de surveiller l'application d'un cessez-le-feu largement ignoré depuis un mois, selon des militants.

 

Des vidéos diffusées par les militants montrent un grand nombre d'étudiants insultant M. Assad ou entourant un véhicule marqué du logo de l'ONU en scandant "Le peuple veut la chute du régime".

 

"Des milliers d'étudiants de plusieurs départements ont quitté les cours quand les observateurs de l'ONU sont arrivés et ont scandé des slogans hostiles au régime" et réclamé des armes pour la rébellion, a relaté un porte-parole des militants locaux, Mohammed Halabi, joint par téléphone.

 

Mercredi, M. Assad a affirmé à une chaîne de télévision russe que les législatives du 7 mai, boycottées par l'opposition, avaient montré que les Syriens soutenaient son régime face aux "terroristes". Il a aussi accusé l'opposition de recevoir "des armes et de l'argent" de l'étranger.

 

Le Premier ministre du Qatar, cheikh Hamad ben Jassem al-Thani, qui s'est dit favorables à de telles livraisons d'armes, a appelé jeudi la Syrie à mettre fin au "bain de sang".

 

En 14 mois, plus de 12.000 personnes ont été tuées en Syrie, en majorité des civils, selon l'OSDH. Des dizaines de milliers de Syriens se sont en outre réfugiés dans les pays voisins.

 

Les violences ont fait tache d'huile au Liban où des affrontements entre Libanais pro et anti-Assad ont lieu quasi quotidiennement depuis samedi dans la grande ville du nord, Tripoli, faisant au total 10 morts.

 

Jeudi, une personne a été tuée et sept autres blessées dans les combats entre habitants du quartier de Bab al-Tebbaneh, majoritairement sunnite et hostile au régime syrien, et le quartier voisin de Jabal Mohsen, à majorité alaouite pro-régime, selon un responsable des services de sécurité à l'AFP.  lexpress

 

 

 

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Le président syrien Bachar el-Assad a affirmé hier dans un entretien à une chaîne de télévision russe que les législatives du 7 mai, marquées par un boycott de l’opposition et une participation de 51,26 %, avaient montré que les Syriens soutenaient son régime face à l’opposition et aux « terroristes » qui menacent de semer le « chaos » dans la région entière.
 

« Les résultats (des élections) montrent que le peuple syrien soutient toujours la voie des réformes que nous avons annoncées il y a un an, et que la majorité soutient le pouvoir en place », a déclaré M. Assad dans cet entretien, selon la traduction en russe de la chaîne Rossia 24. « Les élections reflètent la volonté du peuple, c’est un message fort pour tous, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays », a-t-il ajouté. « Appeler à boycotter les élections, c’est la même chose que d’appeler à boycotter le peuple, ce qui fait que je ne pense pas qu’ils (les opposants) aient un quelconque poids ou une signification à l’intérieur de la Syrie », a encore dit M. Assad. « Ce n’est pas une armée, et elle n’est pas libre : ils reçoivent des armes et de l’argent de l’étranger, de différents pays, c’est une bande de criminels », a-t-il martelé, affirmant que des mercenaires étrangers avaient été capturés.



La pique à Hollande

 
Quant aux pays occidentaux, « ils ne font que parler de violence de la part du gouvernement, jamais un mot sur les terroristes », a affirmé M. Assad. « M. Annan va venir ce mois-ci en Syrie et je vais lui demander des explications », a-t-il déclaré, évoquant le médiateur de l’ONU et de la Ligue arabe, Kofi Annan, à l’origine d’un plan de sortie de crise comprenant notamment l’envoi d’observateurs internationaux et un cessez-le-feu, qui a été continuellement ignoré depuis sa proclamation en avril. Il s’en est notamment pris au rôle de la France, disant espérer une inflexion avec le départ de Nicolas Sarkozy et l’élection du socialiste François Hollande. « J’espère que le nouveau président va penser aux intérêts de la France, je suis sûr qu’ils ne consistent pas à continuer de semer le chaos au Proche-Orient et dans l’ensemble du monde arabe », a-t-il dit. Il a affirmé notamment que Paris, qui avait été en pointe dans l’intervention qui a mené à la chute du régime de Mouammar Kadhafi et a fait preuve d’intransigeance face à Damas, était « responsable de la mort de centaines de milliers de Libyens ».

« Le chaos en cours, le terrorisme, tout cela va avoir des répercussions sur l’Europe » dont les Syriens sont « les voisins », a-t-il ajouté. Le président syrien a par contre loué le rôle de la Chine et de la Russie, son principal allié sur la scène internationale. « Ce n’est pas moi qu’elles soutiennent, elles ne soutiennent pas le prétendu régime (...), elles soutiennent la stabilité de la région et comprennent le rôle géopolitique de la Syrie », a-t-il affirmé.
Parallèlement à cet entretien, M. Assad a promulgué un décret comportant les noms des nouveaux membres de l’Assemblée du peuple issue des législatives. Et, en réponse à ses propos, un membre des comités locaux de coordination, Omar Idleby, a estimé que les déclarations de M. Assad concernant les « bandes terroristes » étaient exactes, accusant toutefois le régime d’être le chef d’orchestre de ces bandes. « L’opposition n’a aucun intérêt à attaquer les observateurs de l’ONU, puisque nous en avons exigé la présence dès le premier jour de la révolte », a précisé M. Idleby. Il a accusé le régime de viser sciemment les observateurs pour faire échouer le plan Annan.

L’assassinat de cheikh Zakrit 
 

Sur le terrain, les troupes syriennes ont encore mené hier des opérations meurtrières dans plusieurs régions du pays, notamment dans les provinces de Deraa et d’Idleb, ainsi qu’à Homs. Au moins 27 personnes ont été tuées, dont 15 civils « sommairement exécutés » dans la nuit de mardi à mercredi par les forces du régime lors de l’assaut du quartier Chammas à Homs, a rapporté l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), dénonçant « un nouveau massacre ». Parmi ces victimes, un imam sunnite, cheikh Merai Zakrit, qui, selon l’OSDH, « était aimé de tous, des sunnites et des alaouites, et même des chrétiens » et « appelait à l’unité nationale ».
À Khan Cheikhoune, dans la région d’Idleb, un convoi d’observateurs de l’ONU a été visé mardi par une attaque alors qu’ils étaient à proximité de funérailles, elles-mêmes visées par un raid des forces gouvernementales qui a fait 20 morts selon l’OSDH. Les six observateurs, restés bloqués dans la ville pendant la nuit, ont regagné hier leur base à Hama, a indiqué l’ONU. Il s’agit du deuxième incident grave impliquant des observateurs de l’ONU chargés de surveiller l’application de la trêve négociée par M. Annan. En outre, selon l’agence SANA, 250 personnes arrêtées pour des faits liés à la révolte en cours ont été libérées hier.

Le « temps » pour Téhéran
 

À l’étranger, Téhéran, principal allié régional de Damas, a estimé qu’il fallait « donner du temps » au régime syrien pour appliquer le plan de M. Annan. Le ministre iranien des Affaires étrangères, Ali Akbar Salehi, a affirmé que les « autres pays, en particulier ceux de la région, doivent aider pour faire aboutir le plan Annan, car, dans le cas contraire, la région connaîtra des problèmes sérieux » en cas de vide politique à Damas. Les médias iraniens ont en outre annoncé que deux « ingénieurs » iraniens enlevés en Syrie ont été libérés grâce à la médiation de la Turquie. De son côté, Paris a condamné « avec la plus grande vigueur les nouveaux assassinats perpétrés par les forces du régime syrien contre leur propre peuple » et appelé « fermement » Damas à faciliter la distribution de l’aide humanitaire internationale. Le Comité contre la torture de l’ONU s’est, lui, inquiété d’informations « faisant état de torture systématique » en Syrie : exécutions sommaires, arrestations systématiques de blessés dans les hôpitaux, irruption des forces de sécurité dans des foyers de civils dont elles ont battu ou tué des membres, femmes et enfants inclus, torture de détenus... Pour sa part, l’armée allemande est prête à envoyer jusqu’à 10 soldats en Syrie dans le cadre de la mission des observateurs de l’ONU, a indiqué le ministère de la Défense à Berlin. Un officier d’état-major allemand devrait se rendre très prochainement sur place, a ajouté un porte-parole du ministère.
 

Enfin, dans un projet de rapport, une commission d’experts de l’ONU estime que la Syrie demeure le principal pays destinataire des livraisons d’armes en provenance d’Iran, en violation d’un embargo décrété par le Conseil de sécurité des Nations unies sur les exportations d’armes iraniennes.  lorientlejour

 

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18 mai 2012 5 18 /05 /mai /2012 05:03

La machine à perdre est déclenchée à gauche

 

Après le Parti démocratique progressiste (Pdp), un autre parti de centre-gauche, le Congrès pour la République (CpR), se coupe en deux… Pour le grand bonheur des islamistes d’Ennahdha.

 

Les dissidents du CpR ont annoncé, mercredi, la constitution d’un nouveau parti dénommé Congrès démocratique indépendant (Cdi).

 

Le Cdi a élu Abderraouf Ayadi, secrétaire général démissionnaire du CpR et membre de l’Assemblée nationale constituante (Anc), en tant que président de la commission constitutive du nouveau parti.

 

La rupture entre les deux ailes du mouvement a été consommée suite au meeting national organisé par le CpR, le 6 mai à Kairouan. Des membres du bureau politique du CpR ont, par la suite, annoncé leur dissidence en raison de «l’absence de démocratie et la consécration du népotisme et du favoritisme», par allusion aux pratiques de certains membres du gouvernement et conseillers de la présidence de la république issus du CpR.

 

Ces scissions, qui se multiplient au sein des partis de gauche, vont avoir pour principal effet de faire éclater davantage le front des forces démocratiques et progressistes et de faire ainsi l’affaire du parti islamiste Ennahdha, au pouvoir, à une année des prochaines élections législatives. Comme qui dirait que la machine à perdre est déjà déclenchée à gauche. kapitalis

 

 

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Controverse : la machine se met en branle

Les Destouriens et les Rcédistes interdits de politique durant cinq ans ? 

 

Des membres de l’Assemblée Nationale Constituante (ANC) appartenant au Congrès pour la République (CPR), avant qu’il ne soit scindé en deux, ont déposé, le 17 avril dernier, un projet de loi au bureau d’ordre de l’ANC cherchant à bannir les Rcédistes de tout droit d’appartenir à des partis politiques durant cinq ans, chose que plusieurs observateurs jugent rocambolesque.

 

Ce projet de loi, constitué d’un seul article, empêche tous ceux qui ont assumé des responsabilités politiques durant la période allant du 7 novembre 1987 au 14 janvier 2011, comme membre de gouvernement , secrétaires généraux ou secrétaires généraux adjoints du RCD, secrétaires généraux de comités de coordination ou président de cellules de faire partie d’un parti politique. Cette sanction qui a bien l’air d’être une les mettra hors-jeu tout au long de cinq longues années (certains proposent 10). C’est en quelque sorte une malédiction s’apparentant à une traversée forcée du désert. Ce projet a été discuté, dernièrement, au sein de la Commission des Droits et des Libertés au sein de la Constituante. Même s’il a gagné le soutien de plusieurs membres nahdhaouis de la Commission, il n’a pu conquérir l’unanimité.

 

Parallèlement aux débats au sein de cette commission, les parti « Al Moubadara », le parti National Tunisien et le parti National libre ont manifesté leur refus de ce projet d’exclusion des Destouriens et des Rcédistes de la vie politique. Ils considèrent qu’il s’agit là d’une punition collective et d’une atteinte aux libertés publiques et individuelles, contraire aux Droits de l’Homme les plus élémentaires. Ils pensent que c’est un précédent dangereux, qui n’a pas d’équivalent dans l’histoire contemporaine. Ils rappellent qu’ils ont été déjà punis par l’article 15 qui les avait privés de présenter leurs candidatures aux élections de la Constituante. C’était une mesure limitée dans le temps et réservée aux élections du 23 octobre. Ils précisent que les empêcher d’appartenir à un parti politique les prive de leurs droits de citoyens. Ils rappellent que ces droits ne peuvent être retirés que par des jugements prononcés par des tribunaux. Seul le pouvoir judiciaire peut priver des Tunisiens de leurs droits civiques et politiques. L’exclusion et les punitions collectives ne sont pas conformes aux valeurs de tolérance de l’Islam. Ils rappellent que les exclure par les nouveaux gouvernants ne fait que reproduire les injustices de la période dictatoriale. Ils pensent que le pays a besoin d’apaisement, de dépassement des intérêts partisans…

 

Le bureau de l’Assemblée Nationale Constituante doit examiner le projet et décider de le présenter ou non aux débats en plénière.

C’est une position politique qui dépend de la bonne volonté et du bon vouloir des gouvernants. Le paradoxe est que les Rcédiste sont convoités par Ennahdha et les autres. Lorsqu’ils veulent militer pour leur propre compte, certains veulent les en priver. Une année et demie après la Révolution va-t-on continuer à exclure par la loi au lieu de le faire à travers les urnes ?

Va-t-on laisser jouer l’émulation loyale entre partis politiques ? Ou va-t-on opter pour l’exclusion et profiter du vide?

Hassine BOUAZRA  ;letemps

 

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Abou Iyadh, chef des salafistes jihadistes, menace Ennahdha

 

Suite au refus des autorités de permettre aux deux prédicateurs marocains d’accéder au territoire tunisien le mardi dernier, Abou Iyadh, chef du mouvement salafiste jihadiste a donné une allocution à la mosquée Al Fatah, dans l’après-midi du mercredi 16 mai 2012.

Ce discours résumé dans le journal «Le Maghreb» du 17 mai 2012, a été entamé par un commentaire sur l’attitude d’Ennahdha par rapport à l’invitation des prédicateurs. Abou Iyadh a rappelé que plusieurs tentatives de négociations en faveur de l’accès des prédicateurs, ont été entreprises auprès d’Ennahdha, sauf que le parti islamiste n’a fait qu’essayer de temporiser et de se défiler de cette responsabilité. «Leur leader (visant Rached Ghannouchi) a même osé qualifier cette invitation de brandon de discorde!» s’est-il exclamé, ajoutant que le prétexte mentionné (le fait que les deux prédicateurs figurent sur la liste des personnes interdites de séjour en Tunisie), est un faux prétexte.

 

Abou Iyadh a encore haussé le ton pour accuser ouvertement Ennahdha de vouloir infiltrer leur groupe afin de saboter le meeting salafiste qui se tiendra dimanche prochain à Kairouan. Il a précisé à ce sujet que des nahdhaouis ont essayé de tenter certains jeunes délinquants en leur promettant de les blanchir et d’annuler l’ensemble de leurs crimes ou délits ; en contrepartie, ils leurs ont demandé de saboter le meeting. Il a ajouté que ce sont ces mêmes jeunes qui ont vendu la mèche et les ont dénoncés auprès des salafistes.

Par ailleurs, Abou Iyadh a menacé Ennahdha d’une réaction immédiate des militants salafistes, si jamais des incidents survenaient lors de ce meeting de Kairouan. Il a affirmé, en ce sens: «Nos jeunes ont trop longtemps fait des concessions auparavant, mais ne sont plus prêts à le faire désormais». S’adressant à ces jeunes salafistes, il leur a assuré que si le gouvernement venait à chuter, le mouvement salafiste serait la seule alternative crédible.

 

Abou Iyadh, n’a pas omis non plus de s’attaquer aux médias, les qualifiant de sournois et de menteurs. «Qu’ils meurent de rage!» a-t-il lancé à l’encontre des journalistes. Il a par la même occasion appelé ses fidèles à s’abstenir à donner une quelconque déclaration aux médias, tout en laissant entendre que les représentants de la presse pourraient assister au meeting et qu’une tente leur sera réservée. businessnews

 


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18 mai 2012 5 18 /05 /mai /2012 03:54

Loi de finances : l'opposition déplore de ne pas avoir été écoutée

 

L’opposition de l’assemblée nationale constituante, dite bloc démocratique, ne mâche pas ses mots pour critiquer la loi de finances complémentaire adoptée il y a tout juste une semaine. "La nouvelle loi n’a pas de vocation sociale, et n’est pas au niveau des aspirations populaires, des exigences de la révolution et des revendications des couches démunies et marginalisées, dit Samir Bettaieb, constituant.


Le mouvement de la voie démocratique et sociale (Coalition d’Ettajdid, du parti du travail tunisien et du pôle démocratique moderniste) et des membres du bloc démocratique de l’assemblée nationale constituante, opposition, ont tenu ce jeudi un point de presse au siège du parti Ettajdid à Tunis autour de la loi de finances complémentaire du gouvernement, qui ne répond pas, selon leurs dires, aux exigences du moment. Ils ont déploré que leurs suggestions n'aient pas été prises en compte par la majorité, l’accusant de ne pas vouloir les montrer comme une force de proposition. Ils ont pointé au passage les procédés de la majorité, ou ce qu'ils ont appelé "le vote par signal". 

"Malgré les efforts et les suggestions, nous n’avons pu opérer que des changements minimes sur la loi de finances. Aucun changement n’a eu lieu sur le budget de l’Etat complémentaire", dit Mongi Rahoui, constituant pour le mouvement des démocrates patriotes et membre du bloc démocratique.  Il s’arrête au montant de 1200 millions de dinars qui concerne la confiscation des biens mal acquis, un montant qui manque de précision, ainsi qu’aux dépenses non attribuées s’élevant à 1400 millions de dinars qui restent émaillées d’ambiguïté. L’opposition n’a pas réussi à faire ne serait-ce qu' un seul amendement dans le budget de l’Etat, déplore-t-il.  

Pour ce qui est de la loi de finances, l’opposition est prvenue à introduire des amendements au niveau de certains articles au sein de la commission des finances, même si les rapports de forces restent à l’avantage de la majorité, indique-t-il.

"Le projet de loi de finances devrait renfermer des dispositions à vocation sociale inhérentes au logement, à l’incitation au travail solidaire, à l’aide aux familles nécessiteuses, autant d’actions qui doivent bénéficier d’incitations", souligne Samir Bettaieb, pointant le gouvernement pour ne pas y avoir inscrit des propositions à vocation sociale. "Nous n’avons pas réussi à effacer les crédits des petits agriculteurs, or si nous prenons la carte électorale, nous allons trouver que la majorité des petits agriculteurs et petits pêcheurs ont voté pour Ennahdha", dit-il plus loin.  

Absence d'une stratégie de financement 

 
Noôman Fehri, du parti républicain, ancien d’Afek Tounes, est tout aussi critique. A ses yeux, la loi de finances complémentaire ne met pas la Tunisie sur la bonne voie.  Le constituant procède à une opération arithmétique pour montrer que le gouvernement est dans le tort. 

L’effectif des chômeurs avoisine actuellement les 800 mille. Toutes les études internationales montrent que la création d’un poste d’emploi pérenne nécessite 50 mille dinars. Si on multiple 50 mille dinars par 800 mille chômeurs, on obtiendra 40 milliards de dinars, c’est le montant qui doit être injecté sur huit ans, soit 5 milliards de dinars par an, pour pouvoir créer des postes d’emploi, explique-t-il. Cette démarche nécessite une stratégie de financement pour pouvoir lever les fonds. La solution consiste à créer un fonds souverain. C’est un fonds que le précédent gouvernement a qualifié de fonds générationnel. Ce fonds devrait être alimenté, dans un premier temps, par les 2,5 millions de dinars du trésor public. Avec les entreprises qui seront confisquées et d’autres privatisées dans les trois prochaines années, cette somme pourra s’élever à 5 milliards de dinars. Fort de ce fonds, on pourra s’adresser aux bailleurs de fonds :  Banque européenne d’investissements, banque mondiale, etc. et on leur demandera de le financer, ce qui nous permettra d’avoir 10 milliards de dinars, soit 25 % des 40 milliards de dinars nécessaires à la réalisation des grands projets, créateurs d’emploi. Ainsi, on encouragera les investisseurs à aller sur ces projets dont le retour sur investissements est long de cinq à dix ans", souligne en substance le constituant de l’opposition. 

"Cette proposition n’a pas été écoutée, et le gouvernement a pris 900 millions des 2,5 milliards pour des actions immédiates", indique-t-il, regrettant l’absence de stratégie de financement du programme du gouvernement.

Noôman Fehri évoque une autre proposition de l’opposition qui n’a pas été prise en compte, relative à la taxe de 5 % sur les revenus, appliquée aux entreprises Télécom. Les opérateurs Télécom sont soumis à une taxe de 5 % sur les revenus, ce qui équivaut à 140 millions de dinars. Cette taxe qui devrait servir à l’amélioration de l’écosystème des TIC, sert actuellement à couvrir le déficit de la poste entre autres, relève-t-il.  Le bloc démocratique a suggéré  qu’un article soit ajouté à la loi de finances complémentaire pour que cette taxe soit affectée à l’objectif pour lequel elle a été créée. Cette proposition n’a pas été acceptée pour des considérations politiques, bien que l’opposition se soit concertée au préalable avec le ministre de tutelle à son sujet, souligne-t-il. 

"Malgré cela, nous n’avons pas voté contre le projet de loi de finances, mais nous nous sommes abstenus, pour nous épargner les accusations de diabolisation de l’opposition", dit-il. "Ils veulent montrer que l’opposition n’est pas une force de proposition", fustige Samir Bettaieb.

Exit la loi de finances, la situation des libertés fait, également, grincer les dents de l'opposition. "La situation des libertés ne donne pas satisfaction après ce qui s’est passé à la mosquée Ezzitouna et à l’aéroport de Tunis Carthage", selon Samir Bettaieb. "La mosquée Ezzitouna a fait l’objet d’une opération de confiscation par les wahhabites, et les événements survenus à l’aéroport ont semé le désordre, ( NDLR : lors du refoulement des prédicateurs marocains), indique-t-il en substance. "Le chef du gouvernement a dit que les salafistes sont des Tunisiens et ils ne sont pas venus de la planète Mars, ceux qui sont agressés sont également des Tunisiens et méritent d’être protégés", conclut-il.  
gnet.tn

 

 

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Wided Bouchamaoui : "Nous avons besoin des investisseurs arabes"

 


Wided Bouchamaoui, présidente de l'Union Tunisienne de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat.

 

À la demande du patronat tunisien, le 15e congrès des hommes d'affaires et des investisseurs arabes se déroule les 14 et 15 mai à Tunis. Face à une situation économique dégradée, la présidente de l'Union Tunisienne de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat (UTICA) milite pour le développement des relations commerciales avec les pays arabes. Un travail de longue haleine dont les résultats ne seront sans doute pas visibles avant plusieurs années.

 

Jeune Afrique : Seize mois après la révolution, organiser le 15ème congrès des hommes d'affaires et des investisseurs arabes à Tunis revêt-il une importance particulière ?

 

Wided Bouchamaoui : Certainement, nous avons vraiment besoin d'avoir plus d'investissements arabes en Tunisie. Avec la révolution, nous aspirons à plus de transparence et donc à plus de visibilité pour le pays. Pour l'essentiel, nous exportons vers les pays européens. Il est temps de nous ouvrir aux marchés arabes.

 

Comment faire pour attirer les investisseurs arabes ?

 

Nous bénéficions d'une position géographique extraordinaire, de très bonnes compétences et nous entretenons d'excellentes relations avec les pays maghrébins et africains. Mais cela ne suffit pas. Il faut simplifier les procédures commerciales. Je suis pour un marché commun arabe avec une liberté de circulation des personnes et des marchandises. Il faut supprimer l'obstacle des visas entre les pays arabes parce qu'ils dérangent énormément les hommes d'affaires.

 

 

Que doit-faire le gouvernement tunisien ?

 

C'est pas uniquement le travail de notre gouvernement, mais celui de l'ensemble des pays arabes. Nous avons beaucoup de conventions bilatérales ou multilatérales mais malheureusement aucune n'est véritablement fonctionnelle. Il serait souhaitable que tous les pays arabes adoptent une même convention. C'est une réflexion partagée par la ligue arabe qui préconise l'adoption d'un marché commun pour 2020. Nous espérons que cela se fera beaucoup plus vite. La volonté économique existe, il faut maintenant la volonté politique.

 

Est-ce que la victoire d’Ennahdha a impulsé un retour des investisseurs arabes en Tunisie ?

 

La communauté des affaires travaille indépendamment de la couleur politique du pays. Il n'y a pas d'effet direct. L'essentiel pour les entreprises est de bénéficier d'un environnement stable et d'avoir de la visibilité. Rester tributaire des seuls marchés européens n'est pas souhaitable. La Tunisie a 800 000 chômeurs et un taux de croissance très faible, nous avons besoin des investisseurs arabes.

 

Par le passé, la plus grande part des investissements arabes s'est concentrée sur le secteur immobilier, dont la valeur ajoutée est limitée.

 

Je note une certaine évolution dans leur perception. Les investisseurs arabes ne se concentrent plus seulement sur l'immobilier, mais aussi sur le secteur de l'agro-alimentaire. Là aussi grâce à son climat la Tunisie a une carte à jouer. Le secteur pétrolier et celui des services peuvent aussi les intéresser. Le gouvernement souhaite aussi faire la promotion de projets d'infrastructures, notamment dans les régions intérieures du pays.

 

Fin juin, l'UTICA renouvellera ses instances. À moins d'un mois de l'échéance, dans quel état d'esprit êtes-vous ?

 

Très sereine. Je n'ai pas encore pris la décision de me représenter. Mais au moment où le patronat marocain va élire une femme à sa tête, je suis très fière d'avoir montré la voie.

Propos recueillis à Tunis par Julien Clémenço;  jeuneafrique

 

 

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 Les principaux projets publics présentés aux donateurs internationaux

 

Cent deux projets dont cinquante méga-projets d'un coût de 70 milliards de dollars, ont été présentés par le gouvernement provisoire, mercredi, à Gammarth, aux bailleurs de fonds, donateurs et institutions d'investissement pour assurer leur financement au cours de la période 2012-2013.


La valeur de ces projets publics (sans compter les méga- projets), présentés à l'occasion du "forum international sur le financement des projets de développement de la Tunisie nouvelle", est estimée à 8 milliards de dollars américains, selon le document synthèse des projets.

Le gouvernement cible la mobilisation de 6,5 milliards de dollars sous forme de crédits et de dons.

Projets d'infrastructure


9 projets d'infrastructure figurent SUR la liste de S projets publics présentés et dont la valeur est estimée à 3,7 milliards de dollars.

Ces projets concernent notamment le projet d'autoroute Boussalem-les frontières algériennes d'un coût de 783 millions de dinars (1200 millions de dinars) et la première tranche (150Km) de l'autoroute reliant Enfidha-Kairouan-Sidi Bouzid-Kasserine-Gafsa avec un financement estimé à 1135 millions de dollars (1740 millions de dinars).

Il s'agit également du programme de réhabilitation et d'intégration des quartiers populaires dont le coût est estimé à 172 millions de dollars (267 millions de dinars).http://sundynetwork.com/pap/scripts/imp.php?a_aid=30900010&a_bid=a6dc9da2

http://www.babnet.net/openx/www/delivery/lg.php?bannerid=179&campaignid=55&zoneid=4&OABLOCK=-86340&OACAP=8&loc=1&referer=http%3A%2F%2Fwww.babnet.net%2Fcadredetail-49626.asp&cb=b6718d8d15

Projets environnementaux


5 projets environnementaux ont été présentés et nécessitant un financement de 439 millions de dollars dont le 5ième projet d'assainissement des quartiers populaires (40 millions de dollars) et le programme d'assainissement de 80 communes de moins de 10 mille habitants.

Secteur Agricole


Concernant le secteur agricole, 13 projets ont été présentés d'un coût total de financement de 854 millions de dollars.

Ces projets concernent essentiellement les projets de gestion intégrée dans le Bassin de l'oued Medjerda, axée sur la lutte contre les inondations moyennant une enveloppe de 410 millions de dinars.

Des projets de développement agricole intégré dans les gouvernorats de Gafsa, Zaghouan, Gabès et Medenine d'une valeur se situant entre 20 et 30 millions de dollars ont également été soumis aux bailleurs de fonds.

Secteur de l'énergie


6 projets dans le secteur de l'énergie nécessitant des financements de 2000 millions de dollars ont également été exposés pour la réalisation d'une centrale à cycle combiné pour la production de l'électricité, à Sousse, d'un coût de 457 millions de dollars (686 millions de dinars), une centrale à cycle combiné à Bizerte de 510 millions de dollars (760 millions de dinars) et d'un projet de transport du gaz avec des crédits de 242 millions de dollars (363 millions de dinars tunisiens).

Secteur du transport


15 projets dans le secteur du transport d'une valeur estimée à 726 millions de dollars ont également été présentés.

Parmi ces projets il y a lieu de citer ceux relatif à la consolidation et modernisation de la ligne Tunis-Kasserine et l'extension de la ligne Enfidha-Kairouan.

Secteur de la Santé


S'agissant du secteur de la santé, 3 projets ont été présentés d'un coût total de 72 millions de dollars dont la construction d'un hôpital polyvalent à Gafsa et Béja d'une valeur respective de 35,5 millions de dollars pour chacun et d'un autre à Manouba d'une valeur de 11,2 millions de dollars.

Secteur de l'éducation

24 projets dans le secteur de l'éducation ont été présentés.

D'un coût total de 41 millions de dollars, ces projets concernent la création de collèges dans plusieurs régions du pays.  
babnet.net

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18 mai 2012 5 18 /05 /mai /2012 03:30

ENTRETIEN DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE, FRANÇOIS HOLLANDE,

AVEC LE SITE INTERNET D’INFORMATION "SLATE.FR"  (Paris, le 7 mai 2012)

 

Pacte de croissance européen

 

Q - Quel bilan tirez-vous de la demande d’un pacte de croissance européen, que vous avez portée tout au long de votre campagne ?

R - La campagne présidentielle française a eu le mérite de faire ressurgir l’exigence de croissance. Le mot figure dans le traité budgétaire. Mais, sans contenu ni application concrète. Or à défaut d’activité économique supplémentaire, il sera difficile, voire impossible de réduire les déficits et de maîtriser la dette. Des personnalités éminentes se sont prononcées en faveur de ce pacte de croissance, comme le président de la BCE (Banque centrale européenne) Mario Draghi mais aussi plusieurs chefs de gouvernement. En Espagne, au Portugal, aux Pays-Bas, en Italie, chacun admet que la seule austérité ne pourra permettre de revenir à l’équilibre des comptes publics. J’estime que pour cette seule raison, la campagne présidentielle française aura été précieuse, c’est pourquoi son déroulement et son issue ont été regardés bien au-delà de nos frontières.

 

Q - Vos solutions pour relancer la croissance semblent pourtant différentes de celles préconisées par Mario Draghi ou Angela Merkel…

R - Des réformes structurelles sont à mener pour améliorer la compétitivité, réformer la fiscalité, et renforcer notre industrie. C’est le sens du pacte productif que j’ai proposé.

L’économie de l’offre n’est pas séparable d’une stimulation plus directe de la demande. Non pas avec les formules keynésiennes d’autrefois : les moyens ne peuvent être des dépenses publiques supplémentaires, puisque nous voulons les maîtriser, ni des allègements fiscaux, qui nous sont interdits. Mais la mise en œuvre d’instruments à l’échelle européenne, cela passe par l’augmentation du capital de la Banque européenne d’investissement, la mobilisation des fonds structurels, la taxe sur les transactions financières qui permettrait de financer des travaux d’infrastructures. L’Europe pourrait enfin décider de lever l’emprunt : c’est tout l’enjeu des « eurobonds » ou des « project bonds »

 

Relations franco-allemandes


Q - La chancelière allemande est opposée à cette dernière solution…

R - Sur cette question, nous aurons des discussions avec nos partenaires, et particulièrement avec nos amis allemands, mais ils ne peuvent pas poser deux verrous à la fois, un sur les « eurobonds » et un autre sur le refinancement direct des dettes par la BCE.

 

Q - Vous n’avez pas été reçu par Angela Merkel durant la campagne, mais avez été soutenu par le chef du SPD Sigmar Gabriel. Appréhendez-vous vos premiers échanges ?

R - Non. Il n’y a aucune séquelle liée à l’élection présidentielle française. J’ai parfaitement compris qu’Angela Merkel soutienne Nicolas Sarkozy pour l’action qu’ils ont menée ensemble, même si je l’ai contestée quant à ses résultats, et aussi pour leur sensibilité politique commune. Et elle-même ne peut me faire le reproche d’adopter la même attitude à l’égard des sociaux-démocrates allemands : ceux-ci occupent par ailleurs une position-clé pour faire ratifier le traité budgétaire au Bundestag, où une majorité qualifiée est nécessaire, et posent également comme condition à cette ratification l’ajout d’un pacte de croissance.

 

Q - L’existence d’un couple « Merkozy » a été critiquée en Europe. Quelle est votre position sur ce couple franco-allemand ?

R - Autant je crois au moteur franco-allemand, autant je conteste l’idée d’un duopole. La construction européenne repose sur une relation France-Allemagne équilibrée et respectueuse. Les couples Schmidt-Giscard, Kohl-Mitterrand, et même Chirac-Schröder ont prouvé que les différences politiques n’empêchaient pas le travail commun. Mais ces dirigeants veillaient à conjuguer la démarche intergouvernementale avec le processus communautaire, c’était la meilleure façon d’éviter que nos partenaires éprouvent le sentiment d’être écartés, ou pire encore soumis.

Cet équilibre a été modifié ces dernières années. Le rapport franco-allemand a été exclusif. Les autorités européennes ont été négligées et certains pays, notamment les plus fragiles, ont eu la désagréable impression d’être en face d’un directoire.

Relations avec la Grande-Bretagne


 

Q - Vous n’avez pas non plus été reçu par David Cameron, le Premier ministre, et la presse britannique et la City n’ont pas forcément été tendres à votre égard. Sur quelles bases comptez-vous renforcer la relation franco-britannique ?

R - Reconnaissons que les Britanniques ont été particulièrement timides sur les enjeux de la régulation financière, et attentifs aux seuls intérêts de la City. D’où leurs réticences à la mise en place de la taxe sur les transactions financières et à l’harmonisation fiscale en Europe. Et qui s’ajoutent à une relative indifférence à l’égard du sort de la zone euro, car la Grande-Bretagne est davantage protégée de la spéculation puisque la Banque centrale peut intervenir directement pour le financement de la dette. L’Europe n’est pas un tiroir caisse et encore moins un self service.

Je rencontrerai rapidement David Cameron pour évoquer les avantages d’une coopération plus poussée de nos deux pays au plan industriel et pour poursuivre le rapprochement engagé en matière de défense.


Redonner l’envie d’Europe

 

Q - Comment remédier au désamour envers l’Europe, relancer l’envie d’Europe ?

R - Je le dis nettement. Et l’élection présidentielle vient d’envoyer un nouveau signal : s’il n’y pas un rétablissement de la confiance entre les peuples et l’Europe, nous assisterons à une montée des populismes qui finira par entraver le projet européen, et un jour par faire éclater la zone euro. Un sursaut est nécessaire pour fixer de nouvelles perspectives, ouvrir de nouveaux chantiers, protéger les citoyens.

Plutôt que de rechercher des nouvelles avancées sur l’Europe politique, je propose de relever un nouveau défi : après l’Europe de l’acier ou du charbon ou de l’Europe agricole au début des années 1960, le grand marché dans les années 1980, c’est « l’Europe de l’énergie » avec des objectifs communs en matière d’économies d’énergie, de montée des énergies renouvelables, de sécurité des installations…

 

Q - Vous écartez donc l’hypothèse de nouveaux traités ?

R - Oui, aujourd’hui, tout traité institutionnel serait difficile à faire ratifier sans le rétablissement d’une relation de confiance entre les peuples et l’union. En revanche, un traité sur la croissance, l’emploi et l’énergie pourrait mobiliser les opinions. La France et l’Allemagne peuvent aussi montrer le chemin cinquante ans après le traité de l’Élysée (1963), notamment sur les aspects éducatifs, universitaires et culturels.

La France, du leadership à l’initiative


Q - Sur la scène mondiale, votre prédécesseur a fait preuve à plusieurs reprises au nom de l’Europe de son leadership, sur la Géorgie, la Libye, la crise financière… Est-ce aussi votre ambition ?

R - La France n’est pas n’importe quel pays d’Europe et son président n’est pas n’importe quel chef d’État du monde. Donc il a parfois à prendre, non pas la direction ou le leadership, mais l’initiative. Nicolas Sarkozy a pu le démontrer durant le quinquennat. Cela a été parfois heureux. Je pense à l’action décidée par l’ONU en Libye. Parfois malencontreux. Je pense à l’Union pour la Méditerranée dont l’impréparation a conduit à l’échec. Oui, j’entends donner à la France toute sa place dans l’affirmation d’une ambition internationale. Sur la crise financière, ce qui a manqué, c’est de la constance et de la persévérance notamment sur la maîtrise de la finance, la lutte contre les paradis fiscaux, la taxe sur les transactions financières

De même, face à la Chine, l’Europe est allée en ordre dispersé pour résorber les déséquilibres commerciaux. Il a fallu attendre qu’Obama pose les conditions de la « réciprocité » pour que le mot même soit à nouveau prononcé, et je rappelle que la convertibilité de la monnaie chinoise aurait dû être évoquée au G20. Je considère que la réforme du système monétaire international doit être une priorité dans notre agenda.

Relations avec les États-Unis

 

Q - Les États-Unis risquent de regarder d’abord avec méfiance un changement de président en France, qui plus est pour un socialiste. Comment pensez-vous vous y faire connaître et reconnaître ?

R - J’ai parfaitement compris l’attitude du président Obama dans la campagne présidentielle française. Il n’avait aucune raison de marquer une distance avec Nicolas Sarkozy. C’est la solidarité élémentaire que se doivent des chefs d’État qui ont agi ensemble. Barack Obama lui-même est soumis cette année à réélection. Et ce scrutin aura une grande importance dans le monde.

La politique étrangère de l’administration démocrate a marqué des inflexions sérieuses et bénéfiques par rapport à la précédente. De même, nous avons des convergences sur le plan économique. Je veillerai donc à affirmer l’indépendance de la France sans compliquer la tâche de Barack Obama. Ainsi sur la présence des troupes française en Afghanistan, je réaffirmerai la position du retrait fin 2012, qui a été la mienne durant la campagne, en bonne intelligence avec nos alliés.

 

Q - Vous ne partagez pas sa position sur l’utilisation des réserves stratégiques de pétrole pour faire baisser les prix à la pompe…

R - Je le respecte. Je sais combien la question du prix des carburants pèse dans le débat politique américain. En France, la hausse continue du prix de l’énergie n’est pas sans lien avec des votes populistes qui ont pu s’exprimer. J’imagine qu’aux États-Unis la même exaspération existe.

Nucléaire iranien

 

Q - Quelle est votre position sur la crise liée au programme nucléaire iranien ?

R - Je n’ai pas critiqué la position ferme de Nicolas Sarkozy par rapport aux risques de prolifération nucléaire. Je le confirmerai avec la même force et la même volonté. Et je n’admettrai pas que l’Iran, qui a parfaitement le droit d’accéder au nucléaire civil, puisse utiliser cette technologie à des fins militaires.

 

Q - Sur ce sujet, l’administration Obama semble plus souple, plus encline à la négociation, que le gouvernement français…

R - Les Iraniens doivent apporter toutes les informations qui leur sont demandées et en terminer avec les faux-semblants. Les sanctions doivent être renforcées autant qu’il sera nécessaire. Mais je crois encore possible la négociation pour atteindre le but recherché.

Place de la France dans l’OTAN


 

Q - Vous avez parfois semblé flou quant à la présence française dans l’OTAN durant la campagne ?

R - J’ai regretté cette décision, dans les conditions où elle a été prise en 2008. Les objectifs qui avaient été posés, et notamment le renforcement du pilier européen de défense, n’ont pas été atteints.

Je n’entends pas pour autant revenir à la situation antérieure. Je demanderai une évaluation sur la place de la France et les responsabilités qui nous ont été confiées dans le commandement militaire.

Afrique et Moyen-Orient


Q - Sur l’Afrique et le Moyen-Orient, partagez-vous la position d’Alain Juppé d’une extrême fermeté vis-à-vis des islamistes avec lesquels on peut parler, à condition que certaines lignes rouges ne soient pas franchies : respect des droits fondamentaux, respect du choix libre des électeurs, acceptation de l’alternance au pouvoir ?

R - La France ne doit pas changer de principes en fonction des circonstances ou des situations. Ceux qui valaient au moment des printemps arabes, quand les régimes empêchaient l’avènement de la démocratie, doivent être évoqués avec les pouvoirs sortis des urnes dans ces mêmes pays, notamment en Tunisie et en Égypte. Le bon fonctionnement de la démocratie, l’égalité hommes-femmes ou la place respective de la société et de l’État doivent être rappelés autant que nécessaire.

L’enjeu est de savoir si des partis qui se réclament de l’islam peuvent rentrer dans un processus démocratique de long terme. C’est pourquoi la réussite de cette transition est très importante. Les Tunisiens en ont fait la démonstration, même si nous voyons bien que des menaces existent.

Situation dans le Sahel


Q - Quelle est votre analyse de la situation dans la zone du Sahel ?

R - Je suis très préoccupé de ce qui s’y passe. J’ai approuvé l’intervention en Libye, mais j’ai regretté que l’accompagnement n’ait pas suivi, et aujourd’hui une partie des débris de l’armée libyenne et des forces qui l’ont soutenue se retrouve dans cette zone, et déstabilise le Niger et le Mali. Ce n’est pas la seule cause des désordres. Là encore, l’Europe doit comprendre qu’elle aurait avantage à accompagner plus fortement le développement des pays concernés.

Nous avons aussi le problème spécifique d’Areva, qui est pour le Niger une source de retombées très significatives : on voit bien l’intérêt des forces d’Aqmi ou liées à ces réseaux d’empêcher le développement du Niger.

La France et l’islam


Q - L’arrivée au pouvoir dans de nombreux pays situés de l’autre côté de la Méditerranée d’islamistes est-elle à même de renforcer encore les peurs et les fantasmes en France qui ont été très présents pendant la campagne présidentielle française ?

R - J’ai déploré qu’il y ait eu des confusions et des amalgames. Les étrangers peuvent être d’originaire africaine, maghrébine, sans être musulmans. Et être musulmans sans être communautaristes. Je veux faire respecter en France des valeurs qui permettent à chaque individu de pratiquer le culte de son choix mais dans le cadre des règles communes de la laïcité. ambassadefrance-tn

 

 

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Version arabe

 

حديث رئيس الجمهورية السيد فرنسوا هولاند إلى موقع "سليت" على الانترنيت  

 

أي ميثاق للنمو؟

"سليت": ما هي الحصيلة التي تستخلصها من طلبك وضع ميثاق للنمو الأوروبي الذي ناديت به طوال حملتك الانتخابية؟

فرنسوا هولاند: كان للحملة الرئاسية الفرنسية الفضل في انبثاق شرط النمو مجدداً. الكلمة موجودة في معاهدة الموازنة، لكن من دون محتوى ولا تنفيذ ملموس. إذ إن لم يتشكل نشاط إقتصادي إضافي سيكون من الصعب، حتى من المستحيل، خفض العجز والتحكم بالدين. ثمة شخصيات معتبرة أعلنت تأييدها لميثاق النمو هذا، كرئيس البنك المركزي الأوروبي ماريو دراغي وكذلك العديد من رؤساء الحكومات. في اسبانيا والبرتغال وهولاندا وإيطاليا، يقر الجميع بأن التقشف وحده لا يمكنه السماح بالعودة إلى التوازن في الحسابات العامة. وأقدر بأن الحملة الرئاسية الفرنسية كانت قيمة نظراً لهذا السبب وحده، ولهذا لقيت متابعتها ونتيجتها إهتماماً تخطى حدودنا.

"سليت": تبدو حلولك لإعادة إطلاق النمو مختلفة عما تصوره ماريو دراغي أو أنجيلا مركل...

هولاند: يجب القيام باصلاحات بنيوية لتحسين القدرة التنافسية وإصلاح جباية الضرائب، وتعزيز صناعتنا. هذا هو معنى الميثاق الانتاجي الذي اقترحته.

إقتصاد العرض ليس مفصولاً عن التحفيز الأكثر مباشرة للطلب. ليس عبر صيغ كينيزية من الماضي: الوسائل لا يمكنها أن تكون نفقات عامة إضافية لأننا نريد التحكم بها، ولا تخفيضات ضريبية محظورة علينا. ولكن تنفيذ أدوات على مستوى أوروبي، يمر عبر زيادة رأسمال البنك الأوروبي للإستثمار، وتعبئة الصناديق البنيوية، والضريبة على المعاملات النقدية التي قد تسمح بتمويل أعمال البنى التحتية. ويمكن لأوروبا أخيراً إتخاذ قرار برفع نسبة الإقتراض: هذا هو كل رهان "الأوروبوند" أو "بروجيكت بوند".

العلاقات الفرنسية ـ الألمانية

سؤال: تعارض المستشارة الألمانية هذا الحل الأخير...

هولاند: سيكون لدينا مناقشات حول هذه المسألة مع شركائنا وبشكل خاص مع أصدقائنا الألمان، لكنهم لا يستطيعون وضع حاجزين في آن، واحد حول "الأوروبوند" والآخر حول إعادة التمويل المباشر للديون من قبل البنك المركزي الأوروبي.

سؤال: لم تستقبلك أنجيلا مركل خلال الحملة الانتخابية، لكنك تلقيت مساندة زعيم الحزب الاشتراكي الديموقراطي سيغمار غبرييل. هل تخشى مناقشاتكما الأولى؟

هولاند: كلا. لا يوجد أي أثر مرتبط بالإنتخابات الرئاسية الفرنسية. فهمت جيداً بأن أنجيلا مركل تساند نيكولا ساركوزي بسبب العمل الذي قاما به سوية، مع أنني اعترضت على نتائجه، وبسبب حساسيتهما السياسية المشتركة. وهي لا يمكنها أن تلومني لأنني اعتمدت السلوك نفسه إزاء الاشتراكيين ـ الديموقراطيين الألمان: يحتل هؤلاء موقعاً أساسياً للتصديق على معاهدة الموازنة في البوندستاغ، حيث من الضروري الحصول على غالبية وازنة، ويضعون أيضاً إضافة ميثاق للنمو كشرط للتصديق.

سؤال: لقد تم انتقاد وجود الثنائي "مركوزي" في أوروبا، فما هو موقفك من الثنائي الفرنسي ـ الألماني؟

هولاند: بقدر ما أؤمن بالمحرك الفرنسي ـ الألماني بقدر ما أعترض على فكرة المحور الثنائي. فالبناء الأوروبي يعتمد على علاقة متوازنة ومتبادلة الاحترام بين فرنسا وألمانيا. فالثنائي شميدت ـ جيسكار، وكول ـ ميتران، وحتى شيراك ـ شرودر أثبتوا بأن الاختلافات السياسية لا تمنع العمل المشترك. لكن هؤلاء القادة كانوا يحرصون على تلازم المسعى بين الحكومات مع المسيرة الاتحادية. كانت الطريقة الفضلى لتفادي شعور شركائنا بالاستبعاد او الشعور بما هو أسوأ أي بالخضوع.

لقد تغير هذا التوازن في هذه السنوات الأخيرة. فالعلاقة الفرنسية ـ الألمانية كانت حصرية. وتم إهمال السلطات الأوروبية وبعض البلدان، لاسيما الأكثر هشاشة، تكون لديها انطباع مزعج بأنها في إزاء حكومة المديرين.

مع بريطانيا العظمى

سؤال: وأيضاً لم يستقبلك رئيس الوزراء دافيد كاميرون، والصحافة البريطانية ومركز المال والأعمال ( السيتي) لم يكونا رقيقين حيالك. فعلى أي قاعدة تبغي تقوية العلاقات الفرنسية ـ البريطانية ؟

هولاند: فلنعترف بأن البريطانيين كانوا خجولين بشكل خاص في شأن استحقاقات التنظيم المالي، ومتنبهين فقط على مصالح مركز المال والأعمال. من هنا جاءت تحفظاتهم على وضع ضريبة على التعاملات المالية والملاءمة الضريبية في أوروبا اللتين يُضاف إليهما لامبالاة نسبية إزاء مصير منطقة الأورو، لأن بريطانيا العظمى محمية أكثر من المضاربات لأن البنك المركزي يمكنه ان يتدخل مباشرة لتمويل الدين. فأوروبا ليست دِرج حساب وليست أبداً خدمة ذاتية بحسب المزاج.

سألتقي بسرعة دافيد كاميرون للتطرق إلى فوائد التعاون الأكبر بين بلدينا على الصعيد الصناعي ولمواصلة التقارب الذي بدأ في مجال الدفاع.

إعادة بث الرغبة بأوروبا

سؤال: كيف يمكن معالجة غياب الشغف بأوروبا، وإعادة بث الرغبة فيها؟

هولاند: أقولها بوضوح، والانتخابات الرئاسية أرسلت للتو إشارة جديدة: إذا لم يكن هناك ترميم للثقة بين الشعوب وأوروبا فسنشهد صعوداً للشعبويات التي تنتهي بعرقلة المشروع الأوروبي، ويوماً تشظي منطقة الأورو. ثمة وثبة ضرورية لتحديد آفاق جديدة وفتح ورش جديدة وحماية المواطنين.

فبدل البحث عن خطوات متقدمة جديدة في شأن أوروبا السياسية، أقترح رفع تحدٍ جديد: بعد أوروبا الصلب أو الفحم أو أوروبا الزراعية في بداية الستينات، والسوق الكبرى في الثمانينات، هناك "أوروبا الطاقة" بأهداف مشتركة في مجال إقتصاد الطاقة، وصعود أنواع الطاقة البديلة وامن المواقع والأجهزة...

سؤال: إذاً إنك تستبعد فرضية المواثيق الجديدة؟

هولاند: نعم اليوم، قد يكون من الصعب التصديق على أي ميثاق مؤسساتي من دون ترميم علاقة الثقة بين الشعوب والإتحاد. في المقابل، إن ميثاقاً حول النمو والعمل والطاقة يمكنه تحريك الرأي العام. يمكن لفرنسا وألمانيا إعطاء المثل بعد خمسين عاماً على ميثاق الإيليزيه (1963)، لاسيما في الجوانب التربوية والجامعية والثقافية.

فرنسا على المسرح الدولي: من الزعامة إلى المبادرة

سؤال: أثبت سلفك على الساحة العالمية عدة مرات زعامته باسم أوروبا في شأن جورجيا وليبيا والأزمة المالية...فهل هذا هو طموحك ايضاً؟

هولاند: فرنسا ليست كأي بلد أوروبي ورئيسها ليس كأي رئيس دولة في العالم. إذاً عليه أحياناً القيام بمبادرة وليس القيادة او الزعامة. ولقد تمكن نيكولا ساركوزي من البرهنة على ذلك خلال عهده. كان ذلك ساراً احياناً ، حيث يخطر في بالي العمل الذي قررته الأمم المتحدة في ليبيا. وأحياناً يكون مكدراً، حيث يخطر في بالي الاتحاد من أجل المتوسط ذلك ان عدم الاعداد له أدى إلى فشله. نعم، أنوي إعطاء فرنسا كل مكانتها في تأكيد طموح دولي معين. وفي شأن الأزمة المالية، ما كان ينقص هو الثبات والمثابرة لاسيما التحكم بالمالية، ومحاربة الجنات الضريبية، والضريبة على التعاملات المالية.

وكذلك إزاء الصين، ذهبت أوروبا زرافات وفرادى لإمتصاص الاختلال في التوازن التجاري. وتم انتظار أوباما الذي وضع شروط "المعاملة بالمثل" لكي ترد العبارة نفسها على اللسان من جديد، وأذكِّر بأنه كان من الأحرى التطرق إلى قابلية تحويل العملة الصينية في مجموعة الدول العشرين. أعتبر بأن إصلاح نظام النقد الدولي يجب أن يكون في أولوية روزنامتنا.

(...)

سؤال: هل تعتقد بأنه من المهم أن يتحدث رئيس الدولة الفرنسية اللغة الديبلوماسية الدولية المشتركة؟

هولاند: هو في حاجة إلى فهمها والتمكن من إجراء حوار مباشر مع محدثيه. لكني متمسك باللغة الفرنسية وبالفرنكوفونية.

وحين كنت أشارك في قمم لرؤساء الأحزاب في أوروبا كنت انزعج من سماع أصدقاء رومان وبولونيين وبرتغاليين وإيطاليين يتحدثون أحياناً بالانكليزية، لكني اقبل على الصعيد غير الرسمي بامكانية إجراء الاتصالات عبر هذه اللغة. إلا أنني سأدافع في كل مكان عن إستخدام الفرنسية.

العلاقات مع الولايات المتحدة

سؤال: قد تنظر الولايات المتحدة أولاً بحذر إلى تغيير الرئيس في فرنسا، فكم بالحري إذا كان إشتراكياً. فكيف تعتقد بأنك سوف تعرِّف عن نفسك والتعرف إليك؟

هولاند: فهمت تماماً موقف الرئيس أوباما في حملة الانتخابات الرئاسية الفرنسية. ولم يكن لديه أي سبب يدفعه لأخذ مسافة من نيكولا ساركوزي. إنه التضامن الأولي الذي يتوجب على رؤساء الدول الذين تحركوا سوياً. باراك أوباما نفسه سيخضع هذا العام لعملية إعادة انتخاب. وهذه الانتخابات سيكون لها اهميتها الكبرى في العالم.

اجرت السياسة الخارجية التي إتبعتها الإدارة الديموقراطية انعطافات جدية ومفيدة مقارنة بالادارة السابقة. كما أن هناك تطابقاً بيننا على الصعيد الاقتصادي. سأحرص إذاً على تأكيد استقلال فرنسا من دون أن يعقد ذلك مهمة باراك أوباما. وهكذا فإنني سوف أجدد تأكيدي في شأن وجود القوات الفرنسية في أفغانستان على الموقف من الانسحاب قبل نهاية 2012، الذي كان موقفي خلال الحملة الانتخابية، وبرضى حلفائنا.

سؤال: إنك لا تشاركه موقفه القائم على استخدام الاحتياطات الاستراتيجية من النفط لخفض الأسعار في محطات توزيع المحروقات...

هولاند: أنا أحترمه. أعرف كم هي وطأة مسألة ثمن المحروقات في النقاش السياسي الأميركي. في فرنسا، الارتفاع المتواصل لأسعار الطاقة ليس من دون علاقة بالتصويت الشعبوي الذي قد ظهر. أظن أن السخط نفسه موجود في الولايات المتحدة.

النووي الإيراني

سؤال: ما هو موقفك من الأزمة المرتبطة بالبرنامج النووي الإيراني؟

هولاند: لم انتقد الموقف الحازم لنيكولا ساركوزي بالنسبة لمخاطر الإنتشار النووي.  وانا سأؤكد ذلك بالقوة والإرادة ذاتهما. ولن أسمح لإيران، التي لها الحق الكامل في الحصول على النووي المدني، من أن تتمكن من استخدام هذه التكنولوجيا لأهداف عسكرية.

سؤال: حول هذا الموضوع، يبدو ان الإدارة الأميركية أكثر ليونة وأكثر ميلاً للتفاوض من الحكومة الفرنسية...

هولاند: على الإيرانيين توفير كل المعلومات المطلوبة منهم والكف عن التحايل. ويجب تعزيز العقوبات بقدر ما هو ضروري، لكن أعتقد بأن المفاوضات لا تزال ممكنة لبلوغ الهدف المنشود.

مكانة فرنسا في الحلف الأطلسي

سؤال: خلال الحملة الانتخابية، ظهرت أحياناً غامضاً بالنسبة للوجود الفرنسي في الحلف الأطلسي ؟

هولاند: تأسفت لهذا القرار الذي إتخذ في الظروف التي كانت قائمة في 2008. فالأهداف التي وُضعت ، لاسيما لتعزيز الركن الأوروبي للدفاع، لم تتحقق.

لا انوي العودة إلى ما قبل هذا الوضع القائم، وسأطلب تقويماً عن مكانة فرنسا والمسؤوليات التي أُنيطت بنا في القيادة العسكرية لهذا الحلف.

علاقات فرنسا بأفريقيا والشرق الأدنى

سؤال: حول أفريقيا والشرق الأدنى، هل تشاطر ألان جوبيه موقفه المتشدد للغاية مع الإسلاميين حيث أنه بالامكان التحدث إليهم، شرط عدم تجاوز بعض الخطوط الحمر: إحترام الحقوق الأساسية، وإحترام الخيار الحر للناخبين، وقبول التداول في السلطة؟

هولاند: لا يجب أن تغير فرنسا مبادئها بحسب الظروف أو الأوضاع. ما كان يصح في أثناء الربيع العربي، حين كانت الأنظمة تمنع إنبثاق الديموقراطية، يجب التطرق إليه مع السلطات التي انتصرت عبر صناديق الانتخاب في البلدان نفسها، لاسيما في تونس ومصر. ويجب التذكير عند الضرورة بحسن سير الديموقراطية، وبالمساواة بين الرجال والنساء أو المكانة المتبادلة للمجتمع والدولة.

الاستحقاق هو معرفة ما إذا كانت الأحزاب التي تقول بانتمائها للإسلام قادرة على الدخول في مسيرة ديموقراطية بعيدة المدى. ولهذا فنجاح هذه العملية الانتقالية مهم جداً. والتونسيون أعطوا الدليل مع أننا نرى أن الأخطار لا تزال موجودة.

الوضع في منطقة دول الساحل

سؤال:ما هو تحليلك للوضع في منطقة دول الساحل؟

هولاند: أنا قلق للغاية مما يجري هناك. وافقت على التدخل في ليبيا لكني تأسفت لأن المواكبة لم تعقبه، واليوم جزء من فلول الجيش الليبي والقوات التي دعمته موجودة في هذه المنطقة، وتزعزع إستقرار النيجر ومالي. إنه ليس السبب الوحيد للفوضى. وهنا أيضاً، على أوروبا أن تفهم أنها قد تستفيد من تنمية البلدان المعنية إذا واكبتها بطريقة أكثر قوة.

ولدينا أيضاً المشكلة الخاصة بـ "أريفا"، التي تشكل بالنسبة للنيجر مصدراً مهماً جداً للعائدات: ونرى جيداً مصلحة قوات "تنظيم القاعدة في بلاد المغرب الإسلامي" أو المرتبطة بهذه الشبكات لمنع تنمية النيجر.

فرنسا والإسلام

سؤال: هل وصول الإسلاميين إلى السلطة في العديد من البلدان الواقعة في الضفة الأخرى من المتوسط من شانه أن يعزز أيضاً وأيضاً المخاوف والإستيهام في فرنسا التي كانت حاضرة جداً خلال حملة الانتخابات الرئاسية الفرنسية؟

هولاند: آسف أسفاً شديداً لحصول التباسات وإختلاط الأمور. فيمكن أن يكون الأجانب من أصل أفريقي ومغاربي من دون أن يكونوا مسلمين، وأن يكونوا مسلمين من دون أن يكونوا طائفيين. أريد أن تُحترم القيم في فرنسا التي تسمح لكل فرد بممارسة شعائره وفق اختياره لكن ضمن اطار القواعد المشتركة للعلمنة.

 

 

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17 mai 2012 4 17 /05 /mai /2012 03:16

_______L’économie tunisienne au lendemain de la chute de Ben Ali

 L’ultralibéralisme sur la sellette

 

 

 

 

Sa boutique située à l’entrée de La Casbah est bien achalandée comme toutes les échoppes d’articles d’artisanat et de souvenirs de Tunisie. Pourtant, elle est tristement déserte.



En cette journée ensoleillée d’avril, six mois après les élections de la constituante en octobre 2011, Hamadi comme tous les commerçants de Bled El Aârbi, se tourne les pouces, rêvant du temps des bonnes affaires, quand sa boutique fourmillait de touristes dépensiers.

 
Hamadi, quinquagénaire, qui tient l’affaire de père en fils, est ulcéré par les manifestations endémiques qui continuent sur l’avenue Bourguiba. «Ces gens n’ont rien d’autre à faire et causent des pertes pour mon commerce. Ils ne comprennent pas qu’ils empêchent le pays de sortir de la crise si l’instabilité perdure», s’insurgent notre interlocuteur, visiblement gavé de l’actualité politique.


Toute la machine commerciale et artisanale qui vit du tourisme est plombée depuis la révolution du 14 janvier 2011. Le retour en force des touristes, annoncé par les officiels (près de 500 000 touristes entre le 1er janvier et le 20 février 2012), est, certes, perceptible. Il n’arrive cependant pas à la moitié du chiffre réalisé l’année précédente durant la même période. Destination de masse, la Tunisie a accueilli en 2008 plus de 7 millions de touristes et se place depuis quelques années en quatrième position continentale. Le secteur touristique fournit 340 000 postes d’emploi, à quoi s’ajoutent environ 350 000 autres dans le secteur de l’artisanat et des milliers de commerces liés à ces deux secteurs.


L’instabilité et l’insécurité, générées naturellement pas la révolution, ont mis entre parenthèses cette économie. Même si celle-ci ne représente que 6,5% du PIB, la contraction des recettes touristiques a provoqué un déséquilibre macroéconomique, difficile à surmonter. L’une des conséquences négatives de la révolution aussi est la perte par la Tunisie de son leadership africain en matière de climat d’affaires, devancée par l’Afrique du Sud et l’Ile Maurice. Selon le rapport «Doing Business 2012» établi par la Banque mondiale, la Tunisie s’est classée à la 46e place sur un total de 183 pays. Un classement qui la maintient cependant loin devant beaucoup de pays arabes et même européens, comme le Maroc, le Liban, l’Egypte, l’Algérie ou encore le Luxembourg, l’Italie et la Turquie.


Miracle ou mirage tunisien !


Mais c’est surtout la guerre en Libye qui a plombé davantage l’économie tunisienne. Entre 2000 et 2010, les échanges commerciaux entre les deux pays ont atteint, selon un rapport publié par la Banque africaine de développement (BAD), un taux de croissance annuel moyen de 9%, pour une moyenne mondiale de 6%. Les deux économies intégréées doivent souffrir naturellement des effets collatéraux en cas d’instabilité politique contraignante et c’est la Tunisie qui paye le prix cher actuellement.

En atteignant un taux de croissance annuel moyen de l’ordre de 4,6%, l’économie tunisienne était considérée comme un modèle à suivre pour les pays voisins. Derrière l’aisance appuyée par les statistiques des institutions internationales, se cachait pourtant la misère de l’arrière-pays où a explosé la révolution.

 

Chômage endémique, déséquilibres des régions, injustice sociale, inégalité des chances et corruption constituaient la face cachée de la carte postale. Même la fameuse classe moyenne, fierté des pouvoirs successifs, passe au laminoir depuis la décennie précédente. «Cela n’apparaît pas clairement pour deux raisons : les Tunisiens ont de plus en plus tendance à multiplier les petits emplois, quitte à avoir des journées de forçat, et ils vivent à crédit», indiquait déjà en 2008 Hacine Dimassi, professeur d’économie à l’université de Sousse, sur les colonnes du journal le Monde. La fragilité du modèle, accentuée par la largeur du fossé entre une poignée de super-riches, notamment dans le clan de Zaba, et le peuple ; entre la bande sahélienne aisée et l’intérieure défavorisée, sont à l’origine de l’explosion sociale de janvier 2011. Sidi Bouzid, Gassrine, Thala, Gafsa et toutes les régions enclavées de l’ouest tunisien ont été privées des bienfaits économiques du modèle vanté par Ben Ali. L’agriculture, unique richesse dans ces contrées, rapportait peu aux populations.

 

Le chômage touchant davantage les jeunes diplômés, par milliers, a atteint des proportions insoutenables. Au palais de Carthage, les cris de détresse restaient inaudibles. La rupture n’était qu’une question de temps. Pendant la révolution, la rue scandait : «Du pain, du travail et de la dignité».


Poussée inflationniste


Les grèves et protestations socioéconomiques, qui s’étaient mêlées aux revendications politiques durant la révolution, ont rapporté quelques augmentations salariales à certaines catégories, à l’image des éboueurs. Ceci dit, le revenu nominal, augmenté, assure-t-il une vie meilleure face à l’augmentation générale des prix ? Hélas non. En ce début 2012, le pouvoir d’achat est érodé comme jamais et les Tunisiens sont invités à serrer davantage la ceinture. L’inflation a atteint, en effet, le taux inquiétant de 5,4 au 31 mars 2012.
Dans les grandes surfaces de distribution, les prix augmentent chaque jour, notamment pour les produits de première nécessité, non soutenus par l’Etat tels les céréales, le sucre et le café, mais aussi des fruits, légumes et viandes. Dans la rue, des banderoles accrochées au-dessus des artères principales appellent les Tunisiens à boycotter les viandes rouges.

 

L’Association de protection des consommateurs est derrière cette campagne dont le but est d’impliquer le citoyen dans la lutte contre des flambées de prix jugées l’œuvre de grossistes amateurs de lucre. Les intervenants dans le circuit de distribution profitent en effet du recul de l’Etat en matière de contrôle des prix pour augmenter les tarifs. Pourtant, en février dernier, Béchir Zaâfouri, ministre délégué chargé du Commerce, a annoncé des mesures pour préserver le pouvoir d’achat des Tunisiens, notamment en décidant le gel de certains produits comme la viande, les œufs et le poisson, une diminution du prix de certains aliments, et surtout un abaissement de 50% de la marge des supermarchés sur les œufs, la volaille et le lait. Mais ces mesures demeurent insuffisantes.


La gauche à l’assaut du libéralisme


Marwa Jendoubi, cadre moyen dans une compagnie d’assurances, touche un salaire équivalent à trois fois le SMIG tunisien. Avec deux enfants et un loyer à payer, elle boucle difficilement les fins de mois, dit-elle. « Je suis maintenant obligée de faire des calculs et de réduire mes dépenses ménagères. Mon budget ne me permet plus d’acheter de la viande comme avant. Je dois aussi renoncer à plusieurs produits qui sont devenus luxueux pour moi», juge Marwa. Mais le phénomène s’explique aussi par la crise mondiale qui affecte l’économie locale à cause de la dépendance tunisienne de la zone euro. L’un des choix de Ben Ali, aujourd’hui critiqué ouvertement par les économistes et par la gauche politique qui fait pression pour la remise en cause du model libéral.

C’est aussi l’un des enjeux de l’avenir économique du pays, qui fait intervenir les puissances occidentales, lesquelles défendent leurs propres intérêts économiques. La Tunisie compte, à titre d’exemple, plus de 1100 entreprises françaises.

 

Face à la crise, le gouvernement de Hamadi Jebali tente d’injecter du paracétamol en attendant la mise en œuvre du plan d’urgence pour 2012, annoncé jeudi 26 avril, au siège de la Constituante au Bardo, et du programme à court terme (prochain mandat parlementaire 2017-2018) et celui à long terme (2030). Les aides promises par le Qatar, par le G8, lors du sommet de Deauville, et par le nouveau patron du FMI, Christine Lagarde, lors de sa visite en février dernier, tardent à venir et le pays ne peut compter que sur lui-même actuellement.  Le taux d’endettement estimé à 40% du PIB est, certes, favorable, comparé à celui de la Grèce qui s’élève à 180%.  Mais les Tunisiens, impatients, semblent appréhender davantage la persistance des fléaux générés par l’ultralibéralisme de Ben Ali et la panne d’idées de la part des nouveaux tenants du pouvoir.
 

18% de chômeurs :

 

Les rangs des chômeurs, qui comptaient environ 700 000 individus en 2010, ont été grossis de quelque 100 000 nouveaux chômeurs des suites des fermetures en cascade d’usines ciblées par des actes de saccage et d’incendies pendant la révolution.

 

L’instabilité a aussi poussé un nombre important d’investisseurs étrangers à mettre la clé sous le paillasson, surtout à cause de revendications salariales jugées exagérées. Parmi ces chômeurs (18% de la population active), il existe environ 250 000 diplômés.

 

Une catégorie qui a été aux premières lignes de front pendant la révolution et qui aujourd’hui continue à revendiquer le droit et la priorité au travail.
Le gouvernement provisoire a tenté de soulager cette catégorie, en créant le programme AMAL et en accordant aux diplômés chômeurs une indemnité mensuelle de 200 DT.

 

Il a aussi annoncé la création de 25 000 postes dans le secteur public en attendant la mise en œuvre de grands chantiers prévus et d’autres projets publics financés par le G8.

 

Contribution de la diaspora tunisienne :

 

La diaspora tunisienne a fortement contribué à la croissance économique nationale durant les deux dernières décennies. Près de 900 000 émigrés tunisiens, résidant essentiellement en Europe, transfèrent annuellement des dizaines de millions d’euros à hauteur de 5% du PIB. Ces transferts monétaires ont atteint la moyenne de 1 611 000 DT, l’équivalent de 22,7% de l’épargne national.

 

Cette richesse fait partie des quatre premiers secteurs pourvoyeurs de devises. En plus de la participation des émigrés dans la création d’entreprises sur le sol national, leurs fonds transférés contribuent sensiblement à stimuler l’économie tunisienne.

 par Nouri Nesrouche; elwatan

 

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Vie chère, chômage, désordre, insécurité... Très préoccupante, la situation socioéconomique de la Tunisie n'en est pas pour autant désespérée. À condition que tout le monde se remette sérieusement et rapidement au travail.

 

Mohamed Bouazizi, le marchand ambulant de légumes dont le suicide, le 17 décembre 2010 dans la ville de Sidi Bouzid, avait déclenché l'insurrection populaire qui a balayé le régime de Zine el-Abidine Ben Ali, se reconnaîtrait-il dans la Tunisie de mai 2012 ? Celui qui a été promu à titre posthume symbole de la révolution endosserait probablement, à tout le moins dans son principe, la transition démocratique inaugurée par l'élection libre d'une Assemblée nationale constituante (ANC) en octobre 2011 et l'entrée en fonction, au début de 2012, du gouvernement de coalition issu des urnes.

 

 

Sans doute se féliciterait-il aussi de voir ses concitoyens, qu'ils soient favorables ou non au gouvernement, ou encore apolitiques, user sans limites d'une liberté chèrement acquise pour exprimer leurs opinions et revendications. Mais il ne pourrait que constater que, au lieu de sortir de la crise économique et sociale, le pays s'y est au contraire gravement enfoncé.

 

 

C'est peu dire, en effet, plus de un an après la révolution, que la vie quotidienne des citoyens tunisiens s'est singulièrement compliquée. Le laisser-faire est devenu roi. En l'absence des contrôleurs municipaux, qui étaient la bête noire de Bouazizi, les trottoirs ont été « colonisés » par les commerçants, qui en ont fait des sortes d'annexes à leurs boutiques, tandis que d'autres y ont bâti carrément des baraques en dur, au grand dam des piétons, forcés de partager la chaussée avec les automobilistes. Les constructions anarchiques pullulent, parfois sur le domaine public.

 

 

Spéculation

 

 

Un affairisme sauvage s'est instauré dans le pays, faisant flamber le coût de la vie. Les prix au détail des produits alimentaires - comme la viande, le poulet, les oeufs, les tomates, les pommes de terre, les petits pois et le poivron - ont quasi doublé. Même la chakchouka, ratatouille locale et plat du pauvre par excellence, est devenue coûteuse. « J'ai oublié le goût de la viande, dont le prix est inabordable depuis des mois, se plaint Mabrouka, une mère de cinq enfants croisée au marché municipal de l'Ariana, dans la proche banlieue de Tunis. Regardez mon panier, il n'y a que quelques légumes. » Une autre ménagère glisse 1 dinar (0,50 euro) au boucher, qui

lui tend un sachet où il a placé des déchets de viande sans les peser. « Juste pour le goût », me chuchote-t-elle discrètement à l'oreille.


La mafia des Trabelsi-Ben Ali et de ses sous-traitants est peut-être partie, d'autres sont restés ou ont pris sa place. Partout dans le pays, on signale des groupes organisés disposant de gros moyens financiers et agissant ouvertement pour spéculer impunément. « Yahya Ben Ali ! » (« Vive Ben Ali ! ») ont lancé par défi certains d'entre eux lorsque le président Moncef Marzouki s'est rendu au marché de gros de Bir el-Kassaa, dans la capitale, pour se présenter devant les caméras de télévision comme le défenseur du panier de la ménagère. Comme au temps où les familles du clan Trabelsi-Ben Ali régissaient les circuits de distribution, les étals regorgent, malgré une interdiction formelle du gouvernement, de pommes importées par bateaux entiers, de bananes d'Amérique latine et d'oranges en provenance d'Espagne.

 

Sabotages

 

La grogne s'est généralisée à l'ensemble du pays. Les grèves et les sit-in - sauvages ou non - sont devenus un sport national. « On en a recensé 60 000 en 2011. Le chiffre est retombé à 15 000 depuis janvier », souligne Khelil Ezzaouia, le ministre des Affaires sociales. Des chômeurs organisent des sit-in à l'entrée des entreprises pour les forcer à les recruter, empêchant physiquement les employés d'aller travailler. D'autres les imitent parce qu'ils n'ont pas réussi un concours de recrutement, comme cet étudiant en droit qui veut coûte que coûte devenir conducteur d'engin. Certains, enfin, en font un prétexte pour racketter ou saboter une activité dans le cadre d'une surenchère politique. Des manifestations massives sont organisées devant les tribunaux pour faire pression sur les juges à propos de telle ou telle affaire. Des postes de police et de la garde nationale sont attaqués et incendiés. Ici, les amandiers d'une exploitation agricole sont brûlés pour obliger l'exploitant à partir, au prétexte qu'il n'est pas originaire de la région. Là, des routes, voies de chemin de fer et artères d'accès aux ports commerciaux (comme celui de Tunis-Radès) sont coupées, ce qui isole des régions entières et bloque des activités essentielles pour les citoyens et l'économie.

 

 

En avril, de tels sit-in et sabotages étaient encore enregistrés dans des secteurs stratégiques. Avec une production annuelle moyenne de 8 millions de tonnes, dont 80 % sont valorisés sur place, la Tunisie est l'un des cinq grands opérateurs mondiaux de phosphates. Ses entreprises, la Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG) et le Groupe chimique tunisien (GCT), qui ont fusionné en 1994, se chargent de l'extraction et produisent de l'acide phosphorique et des engrais minéraux. Le chiffre d'affaires avoisinait, bon an mal an, 1 milliard de dinars (près de 500 millions d'euros). Or, avec la multiplication des mouvements sociaux depuis janvier 2011, ce chiffre est tombé à 200 millions de dinars pour 2011, alors que les cours mondiaux des phosphates sont à la hausse. Durant le premier trimestre de 2012, la production a repris, mais elle est demeurée très au-dessous de son niveau de 2010 (- 62 % pour la CPG et - 42 % pour le GCT). Comme si cela ne suffisait pas, les sit-in ont repris en avril, interrompant de nouveau les livraisons.

 

 

Les importations de biens d'équipement ont repris. La croissance du PIB est estimée, pour ce premier trimestre, à 2 %, ce qui augure une sortie de la récession.


 Emprunts

 

Mais l'hirondelle ne fait pas le printemps. Le déficit commercial s'est creusé en raison de la crise économique qui sévit dans les pays de l'Union européenne (UE), avec lesquels la Tunisie effectue 80 % de ses échanges. Conséquence directe : la balance des paiements courants s'est dégradée, ce qui a fait chuter les réserves en devises à un niveau équivalent à quatre-vingt-dix-huit jours d'importation. On s'est ainsi dangereusement rapproché du seuil de quatre-vingt-dix jours, en deçà duquel la situation devient préoccupante. De l'avis des experts, c'est là le talon d'Achille de l'économie tunisienne. Les chefs d'État du G8 avaient promis aux pays du Printemps arabe pas moins de 40 milliards de dollars (près de 30 millions d'euros) pour les aider à réussir leurs transitions démocratiques.

 

 

Mais cette promesse n'a, à ce jour, pas été honorée. De tous les partenaires du pays, seuls les États-Unis ont fait un réel effort en s'engageant à soutenir une sortie de la Tunisie sur le marché des capitaux américain. L'État a néanmoins réussi à conclure avec le Qatar un emprunt obligataire de 500 millions de dollars qui a été finalisé en avril à un taux d'intérêt de 2,5 % par an, remboursable d'ici à 2017. « Cet emprunt arrive à temps pour permettre de payer en avril 650 millions de dollars de service de la dette », note Moez Labidi, un universitaire membre du conseil d'administration de la Banque centrale de Tunisie (BCT).

 

Dans un contexte où les sources de financement autres que celle du marché paraissent asséchées, la marge de manoeuvre du gouvernement Jebali paraît limitée. Dans son programme, présenté le 26 avril avec la loi de finances complémentaire pour 2012, 6,2 milliards de dinars - sur un budget de l'État totalisant 25,4 milliards de dinars - sont consacrés au développement, notamment celui des régions défavorisées, à travers une soixantaine de grands projets d'investissements dans les infrastructures routières et les équipements collectifs. Le gouvernement prévoit également la création de 25 000 emplois dans le secteur public et mise sur une croissance de 3,5 % pour en créer davantage. Mais les économistes estiment à au moins 7 % le taux de croissance annuel requis pour s'attaquer efficacement au problème du chômage, qui touche 700 000 personnes.

 

Besoin de sérénité

 

Si la situation est difficile, elle n'est pas encore désespérée. À condition que le pays se remette sérieusement au travail, que les incitations à la désobéissance civile cessent et qu'un frein soit mis aux mouvements sociaux - quelle que soit l'obédience politique de leurs inspirateurs -, afin que les forces de l'ordre puissent se consacrer aux problèmes réels de sécurité et que le gouvernement et la Constituante soient en mesure de préparer plus sereinement la nouvelle Loi fondamentale et les textes nécessaires pour la tenue des élections générales de la mi-2013.

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L'UGTT calme le jeu

Au lendemain de la révolution, l'Union générale tunisienne du travail (UGTT) était l'ennemi à abattre aux yeux des partisans de Ben Ali, qui reprochaient à la base de la centrale syndicale d'avoir joué un rôle décisif dans les manifestations populaires qui ont contribué à le chasser du pouvoir. Peine perdue ; l'UGTT a tenu le choc et s'est entre-temps dotée d'une nouvelle direction, avec à sa tête Hassine Abassi, un homme pondéré et à l'écoute. Dans un premier temps, la centrale a fait cause commune avec l'opposition, avant de corriger le tir pour revenir à sa constante historique : placer l'intérêt du pays au-dessus de tout. Elle s'est ainsi résolue à traiter directement avec le patronat au lieu de passer par le gouvernement en place, comme c'était le cas sous Bourguiba et Ben Ali, et à nouer des relations de confiance avec les leaders de la troïka au pouvoir, au point que l'on évoque désormais la conclusion d'un pacte social, condition sine qua non du redressement économique.   jeuneafrique

 

 

 

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“Tunisie : Economie politique d’une révolution”

 

La révolution tunisienne a inspiré les écrivains pour raconter le tournant historique, celui de la renaissance d’un monde arabe libre et démocratique. Plusieurs ouvrages consacrés à cette révolution ont paru ces derniers mois, dont la majorité a été ancrée dans l’actualité. Mais cette fois-ci, l’économiste tunisien spécialiste des questions de développement et d’économie internationale, Hakim Ben Hammouda, a opté, dans son dernier livre intitulé «Tunisie: Economie politique d’une révolution», pour l’analyse.

 

L’ouvrage paru tout récemment chez l’éditeur belge De Boeck a été présenté récemment, lors d’un déjeuner de presse organisé par la délégation Wallonie Bruxelles à Tunis.


M. Ben Hammouda explique, dans son nouveau livre, les origines profondes de la révolution en Tunisie. Il estime que le fait de s’immoler par le feu de la part de  Mohamed Bouazizi  exprime des frustrations de longue date liées aux inégalités sociales et régionales, à la corruption, au népotisme et au chômage. Ces frustrations trouvent leurs origines dans les limites de l’expérience de la modernisation menée depuis les années 70 par Habib Bourguiba, le premier président de la Tunisie indépendante puis par son successeur.


Par ailleurs, l’auteur traite dans son livre de la modernisation économique conjuguée à l’autoritarisme politique dans les années 70, de la tentative d’ouverture et de réformes dans les années 80 puis de l’avènement du régime de Ben Ali et sa transformation progressive en dictature, en dernier il présente les effets de la crise globale sur la crise du régime tunisien.


Il a, de ce fait, constaté que la révolution tunisienne est le pur produit d’une conception tronquée de la modernisation telle que menée par les élites politiques depuis l’indépendance. «Ceux qui ont pris le pouvoir après l’indépendance ont mené la bataille de la modernisation de l’économie et des structures de l’Etat. Ils ont, toutefois, oublié une dimension importante de la modernisation : la démocratisation de la vie politique et le respect des libertés publiques et individuelles», précise Hakim Ben Hammouda, en ajoutant que «ce qui a desservi l’ancien régime est, en fait, son incapacité à se réformer de l’intérieur».


Il estime, entre autres, que les occasions manquées de la démocratisation de la vie politique se sont présentées aussi bien sous le règne de Bourguiba que de Ben Ali. 

 

D’autre part, l’auteur indique que l’essoufflement du modèle économique tunisien constitue la deuxième explication de l’effondrement de l’ancien régime. «Le modèle de développement, naguère considéré comme véritable force d’appui pour le régime politique, est devenu son fossoyeur», explique-t-il. La corruption qui s’est développée dès le début des années 90 et qui a bénéficié aux cercles les plus proches du pouvoir a été, toutefois, à l’origine de l’accumulation de grandes fortunes dans un temps très limité et surtout d’une main mise sur d’importants secteurs économiques, notamment dans le domaine bancaire, le tourisme, la construction immobilière...


Le népotisme a aussi freiné les investissements privés. Touché par l’incertitude et les inquiétudes croissantes liées aux pratiques de la corruption et au manque de transparence, le secteur privé a réduit ses investissements et ses prises de risques sur le futur. Ainsi, les blocages de la transition vers une croissance intensive en capital ont été à l’origine de l’aggravation du chômage et particulièrement celui des diplômés. Les blocages du modèle économique tunisien ont été renforcés dès 2008 par la crise globale dont l’onde de choc a touché de plein fouet le pays très ouvert sur l’extérieur. Plusieurs facteurs ont causé le déclenchement de la révolution, mais les défis sont majeurs à court, moyen et à long termes.


Sur le court terme, le premier défi est lié, selon l’auteur, à l’explosion de revendications sectorielles que le régime autoritaire a réussi à contenir et qui explosent aujourd’hui et exigent des solutions. Le second est d’ordre sécuritaire. Il est lié au démantèlement de l’ancien appareil sécuritaire reposant sur les anciens clans mafieux et aux difficultés de le reconstruire. Le troisième défi est lié aux difficultés de fonctionnement des institutions.


À moyen et long terme, trois autres enjeux ont été indiqués dans cet ouvrage, dont le premier est lié aux réformes politiques et à l’instauration d’un nouveau régime démocratique. Le second enjeu est d’ordre économique et concerne la définition d’un nouveau modèle de développement qui assure une véritable transition vers l’économie du savoir et des nouvelles technologies. Enfin, le dernier enjeu de taille est celui de l’émergence d’une nouvelle élite politique.


Dans les derniers pages de son livre, M. Ben Hammouda n’a pas manqué d’y ajouter une chronologie dans laquelle il a repris les dates les plus importantes de l’histoire politique et économique de la Tunisie, regroupées selon les grandes périodes historiques. leconomistemaghrebin

 


 

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La révolution des Tunisiens confisquée par leurs élites

 

Les Tunisiens sont-ils réduits, comme sous Bourguiba et sous Ben Ali, entre dictature «islamiste» et dictature «éclairée». Les enjeux de la transition politique se réduiraient à une lutte entre les deux camps pour la conquête du pouvoir.


La révolution tunisienne semble être, une fois de plus, à un tournant décisif de son histoire. Depuis l’élection de l’Assemblée constituante le 23 octobre dernier, le torchon brûle entre le parti islamiste Ennahdha et une partie de l’opposition médiatisée sous le terme «démocrate», laquelle a refusé d’entrer au gouvernement.

 

L’indépassable clivage «moderniste»/«islamistes»


L’affrontement est monté d’un cran au début du mois d’avril 2012 à la suite de la répression féroce par les forces de l’ordre de manifestations réclamant le droit au travail et la liberté d’expression.


Récemment, des réunions publiques initiées par des opposants au gouvernement ont été empêchées ou perturbées par des groupuscules dont on ignore l’identité exacte, sans que ce dernier ne prenne position.

La réaction de la plupart des partis d’opposition ne s’est pas faite attendre: nous serions entrés dans la dictature théocratique et les libertés individuelles seraient plus que jamais en danger depuis l’arrivée au pouvoir de ceux dont le rêve à peine refoulé serait d’instaurer un «Tunistan».


S’il faut légitimement s’indigner des menaces réelles proférées contre les libertés d’opinion et de croyance, et s’inquiéter du fait que celles-ci pèsent moins sur les courants dits «salafistes» que sur les «démocrates», il ne s’agit pas non plus de prendre des vessies pour des lanternes. Car à quoi assiste-t-on depuis la fuite de Ben Ali sinon à la reconduite, sous d’autres termes, de la même structure de débats et d’opposition entre «modernistes», «progressistes» et autres «démocrates» d’un côté, et «théocrates» et «islamistes» de l’autre?


Ce clivage a atteint son apogée le 1er mai 2012 lors de la manifestation qui devait rappeler les enjeux sociaux et économiques de la révolution. Le slogan phare «Travail, liberté, dignité» a été noyé dans la cacophonie orchestrée d’un côté par les partisans d’Ennahda qui scandaient «Par notre âme et notre sang, nous te défendrons, ô gouvernement!» («Bil-rûh wa al-dam nifdîk yâ hukûma»), de l’autre par leurs pourfendeurs qui répliquaient «Que chute le gouvernement de la honte!» («Tasqut hukûmat al-‘âr»).

 

La question sociale reléguée au second plan


Cette lutte apparemment sans merci semble être l’unique jeu auquel islamistes et modernistes soient en mesure de jouer. Elle a pour effet de chasser les questions socio-économiques de l’agenda politique au profit d’une opposition fondamentalistes vsdéfenseurs de l’Etat moderne, et de reléguer ainsi la question sociale au second plan en bloquant le désir d’un grand nombre de Tunisiens de rompre avec le mode de gouvernement qu’ils connaissent depuis plus d’un demi-siècle.


En effet, les stratégies de l’opposition portée essentiellement par le Parti Républicain (émanation du Parti démocrate progressiste) et la Voie sociale et démocratique (recomposition de la gauche moderniste) mais aussi, en coulisses, par une partie des «fulûl» (résidus de l’ancien régime) se réclamant de l’héritage bourguibiste, ne visent aucunement la remise en question du régime politique ni du modèle économique qui prévalaient avant la révolution.

 

La plupart des leaders de l’opposition au gouvernement actuel n’ont jamais rechigné à faire alliance avec l’ancien régime recomposé au soir du 14 janvier 2011 ni à prêter main forte aux trois gouvernements provisoires – non issus d’élections – conduits successivement par Mohammed Ghannouchi et Béji Caïd Essebssi.


Les exactions commises – ordonnées, devrait-on dire – par ces gouvernements à l’encontre des mouvements révolutionnaires ont provoqué, y compris après la fuite de l’ex-président, des centaines de morts et de blessés, sans qu’aucun de ces opposants «démocrates» ne s’en émeuve ni ne s’en inquiète réellement. Leur appel à la «résistance», dans les circonstances d’aujourd’hui, sonne d’autant plus faux que les revendications populaires pour une véritable justice transitionnelle, l’assainissement des appareils judiciaire et sécuritaire, l’emploi des chômeurs et le développement des régions défavorisées n’ont trouvé jusqu’ici aucun écho dans leur programme pourtant «démocratique» et «progressiste». Celui-ci se contente, bon an mal an, de revendiquer la liberté d’opinion, de croyance et d’entreprise pour les fractions supérieures des classes moyennes, dont une large partie se serait contentée des promesses de Ben Ali le 13 janvier 2011 aux dépens des revendications de justice et d’équité socio-économiques portées par les groupes les plus défavorisés.

 

Les forces de la contre-révolution à l’œuvre dans les deux camps

 

C’est dire que dans ces conditions les protestations de l’opposition, tout entières ordonnées autour de la liberté d’expression, ne gênent en rien l’actuel gouvernement provisoire issu de la coalition entre Ennahdha, le Congrès pour la République (CpR ou Al-Moatamar) et le Forum démocratique pour le travail et les libertés (Fdtl ou Ettakatol), vainqueurs aux élections. Au contraire, ces récriminations régulières permettent de détourner utilement l’attention médiatique de tractations autrement plus inquiétantes, comme la volonté à peine voilée de nombreux cadres islamistes de s’accaparer les rouages de l’Etat ou de donner un second souffle au modèle économique néolibéral qui s’accommode de la charité individuelle et rogne toujours plus sur la solidarité nationale.

C’est ainsi que l’enjeu de la justice transitionnelle, seule garantie de rupture véritable, a été sacrifié face à l’impératif de sceller des alliances avec certains symboles de l’ancien régime pour se maintenir au pouvoir.

 

Vue sous cet angle, la stigmatisation mutuelle des deux camps a in fine pour effet délétère de contraindre les Tunisiens à réduire leur choix, comme sous Bourguiba et plus encore sous Ben Ali, entre dictature «islamiste» et dictature «éclairée», entre Charybde et Scylla. Les enjeux de la transition politique se réduiraient ainsi à une lutte entre les deux camps pour la conquête du pouvoir, laquelle conditionnerait la redistribution de la rente entre anciennes et nouvelles élites.

 

On comprend, dès lors, que la lutte à laquelle on assiste aujourd’hui n’est nullement celle qui, en Tunisie comme en France, nous est donnée à voir: elle réside plutôt entre les tenants d’un ancien régime rénové, débarrassé de ses références les plus encombrantes, et les partisans d’une rupture franche et large avec les fondements et les pratiques d’un pouvoir dont les Tunisiens ne veulent plus. Sa caractéristique est qu’elle traverse les partis d’opposition tout autant que les partis au pouvoir: ces derniers sont divisés entre d’un côté un courant autoritaire et partisan du «retour à l’ordre», y compris en s’alliant avec les anciens du Rassemblement constitutionnel démocratique (Rcd, ex-parti-Etat au pouvoir), et de l’autre un courant favorable à la rupture radicale avec l’ancien régime et le jugement de ses figures tutélaires.

 

Cette tension est d’autant plus accentuée que les benalistes reconvertis récemment à la démocratie tentent d’achever leur refondation, drapés qu’ils sont de la légitimité historique («Bourguiba, libérateur de la femme et bâtisseur de la nation»), à défaut de pouvoir revendiquer une légitimité électorale. Détenteurs des compétences d’Etat, mais surtout de baronnies solidement établies dans les ministères-clés – Intérieur, Justice et Finances en tête –, ils sont tentés de faire chanter islamistes et démocrates pour monnayer leur retour sur la scène politique.

 

L’issue des prochaines semaines et des prochains mois est donc moins dans les mains de ceux qui agitent, d’un côté comme de l’autre, le perpétuel «chiffon vert» – i.e. la crainte de l’islamisme radical –, que dans celles, plus agiles et plus efficaces, des tenants du retour à l’ordre ancien.

 

Le peuple tunisien reste à tout le moins l’otage de ces stratégies politiques d’un temps dépassé que la révolution du 17 décembre 2010 a largement invalidées. La contestation tous azimuts à laquelle on assiste, portée notamment par les diplômés chômeurs et les familles des martyrs et des blessés de la révolution, remet au centre de la vie politique les premières victimes de ce régime qu’il s’agit de faire tomber.

 

Si le processus révolutionnaire en Tunisie tâtonne et paraît se chercher encore, son succès dépendra incontestablement de la capacité des groupes politiques à résister à la force de la contre-révolution sous toutes ses formes, à mettre en place une dynamique de justice transitionnelle efficace et surtout à donner une traduction politique, sociale et économique claire à son premier axe programmatique: «Le peuple veut la chute du régime» («Al-sha‘b yurîd isqât al-nidhâm»).

 

 

par Choukri Hmed et Héla Yousfi; kapitalis

 

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