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26 mai 2011 4 26 /05 /mai /2011 06:40
Quinze mille Grecs répondent à l'appel des "indignés" d'Espagne

 

Quinze mille Grecs répondent à l'appel des "indignés" d'Espagne

 

Quinze mille Grecs inspirés par les "indignés" d'Espagne se sont rassemblés mercredi devant le siège du Parlement, à Athènes, pour protester contre les mesures d'austérité. (Reuters/Yiorgos Karahalis)

 

Quinze mille Grecs inspirés par les "indignés" d'Espagne se sont rassemblés mercredi devant le siège du Parlement, à Athènes, pour protester contre les mesures d'austérité aux cris de "voleurs!".

"Dehors, la junte du FMI!", clamait l'une des banderoles brandies lors de cette première manifestation apolitique depuis le début de la crise liée à la dette publique.

Le rassemblement, organisé via Facebook, répondait à un slogan des manifestants espagnols, invitant les Grecs à "se réveiller".

"Nous sommes réveillés! Quelle heure est-il? L'heure qu'ils s'en aillent!", leur ont-ils répondu par banderole interposée, évoquant leurs dirigeants.

"Ça me met en colère que les Espagnols disent que nous sommes endormis. C'est le moment de se réveiller. On ne peut pas continuer comme ça", s'est indignée Elsa Karanikola, une femme au foyer de 45 ans qui a pris part à la manifestation d'Athènes, place Syndagma, où toutes les catégories d'âge étaient représentées.

En quelques jours, le groupe Facebook "Colère à Syndagma" a rassemblé 30.000 membres. D'autres manifestations ont eu lieu à Thessalonique, dans le Nord, et à Patras, dans l'Ouest.

Le gouvernement grec a annoncé lundi une série de privatisations et a promis de nouvelles mesures d'austérité pour assainir les comptes publics.

Dina Kiriakidou, Jean-Philippe Lefief pour le service français

Par Reuters
Lien : http://www.lexpress.fr/actualites/2/monde/quinze-mille-grecs-repondent-a-l-appel-des-indignes-d-espagne_996623.html
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Les "Indignés" français veulent prendre le relais
 
Les "Indignés" français veulent prendre le relais

Les "indignés" français ont laissé des traces place de la Bastille.

 

Le mouvement des "Indignados" né en Espagne, place de la Puerta del Sol à Madrid, trouve des échos dans toute l'Europe. En France, la mobilisation est encore faible.

La Bastille à Paris, la place Bellecour à Lyon, du Capitole à Toulouse, Victor Hugo à Grenoble ou celle de la République à Lille vont-elles être assaillies par des campeurs "indignés" dans les prochains jours? C'est en tous cas la volonté des collectifs qui les ont déjà prises d'assaut, surfant sur une vague qui, venue de Tunisie ou d'Egypte, a traversé la Méditerranée pour se développer en Espagne. Des initiatives très hispaniques, soutenues par des étudiants espagnols en Erasmus qui commencent à se franciser.

 

La "Réelle Démocratie Maintenant" se veut apolitique et prône la fin du système oligarchique. "Les politiques et les élites dans leur ensemble sont déconnectés de la réalité, dénonce Julien Kien, étudiant en Master II à la Sorbonne et fondateur du collectif Pas de Nom. Ce mouvement va au-delà des partis et concerne tout le monde. Les différentes affaires politiques et la crise de 2008 ont montré les limites de ce système. C'est l'occasion pour nous de faire des propositions concernant la justice, l'éducation, l'armée ou la Santé."

 

Sur les marches de l'Opéra Bastille, ils sont une centaine, surtout des jeunes étudiants pessimistes pour leur avenir, à avoir posé bagage. Loin du "village" de Madrid, dont les habitants se comptent en dizaine de milliers. Mais ils assurent recevoir les encouragements de retraités et de travailleurs de toutes sortes.

"Ce n'est pas très organisé et c'est bon signe, se réjouit Julien Bayou, du collectif Génération Précaire. Cela signifie que le mouvement est libre." Le jeune élu du conseil régional d'Ile-de-France est pourtant assez pessimiste sur les suites de la mobilisation en France: "Le contexte économique est le même qu'en Espagne, pas le contexte politique, analyse-t-il. La perspective d'alternance en 2012 laisse un espoir à bon nombre de Français découragés."

 

A travers les réseaux sociaux sur Internet, Facebook ou Twitter en particulier, les plus motivés tentent de rameuter des partisans et d'éviter l'instrumentalisation idéologique qui pourrait détourner leur message. "Nous sommes en pleine période de partiels, explique un étudiant de Nanterre, qui préfère s'atteler aux révisions. Je soutiens le mouvement, qui n'est plus seulement espagnol et s'étend y compris au Chili ou aux Etats-Unis. Mais, il ne faut pas que les anarchistes les moins audibles prennent la tête des cortèges!"

Prochain rendez-vous le 29 mai, place de la Bastille à Paris, les "Indignés" pourront juger de leur capacité de mobilisation.

 

Lien : http://www.lexpress.fr/actualite/societe/les-indignes-francais-veulent-prendre-le-relais_996533.html

 

 

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Les "Indignés" français s'organisent : quelques informations
 

Nouvelles en «vrac»  par Antoine

« Salut à tous,

Des nouvelles de Bastille.

Nous avons assisté, Gabriel, Daniel, Pierrot et moi à une belle assemblée générale. Eric est passé aussi. Et Amdi du 14 janvier sur la fin. Beaucoup de gens qui ne font pas parti du milieu militant habituel, ce qui est bon signe sur leur capacité à mobiliser. L'autre bon signe est la dimension internationale que les espagnoles ont réussi à donner à leur mouvement, présent dans toute l'Europe (30.000 personnes à Athènes, des assemblées partout en Europe, en Amérique N et S, ...). Le fonctionnement AG + commission est très bien mais pas assez rodé. Ils vont organiser une coordination des AG françaises.

Ce n'est pas vraiment un mouvement populaire en France, mais c'en est bien un en Espagne et peu le devenir partout où les raisons sociales le demandent.

Ce qui est intéressant c'est que le mouvement social en rebondissant sur l'actualité peut reprendre l'initiative, sans attendre un projet de réforme.

Ont été évoqués : les diffs sur les lieux de travail et dans les universités, la grève générale, etc ...

Je pense que ce mouvement n'est pas encore aboutit sur ses revendications, mais en comporte suffisamment (précarité, racisme, institutions internationales, non au TCE, ...). Nous pouvons contribuer à l'enrichir malgré la dimension "individuelle" apartidaire. Ce qui suppose que chacun vienne en temps qu'un individu, ce qui est un souhait assez ferme des organisateurs.

Surtout nous pouvons aider à faire le lien avec les révolutions arabes :

- nos panneaux seront les bienvenus dimanche pour la grande journée.

- samedi, nous ferons le point fixe à Barbès (RV 10h), rejoints à 13h par un collectif quartiers populaire (qui exactement ?) et à 14h par la manifestation d'ailleurs nous sommes d'ici, cette manifestation se dirigera vers République, où il y aura un concert, puis nous inviterons à rejoindre la Bastille.

- nous avons pris contact avec la commission "internationale" pour faire le lien militant avec les révolutions arabes

Vous êtes donc tous invités à :

- proposer des articles pour les panneaux d'ici vendredi matin

- venir à l'AG Bastille vendredi soir

- venir au point fixe à Barbès samedi matin pour une longe et riche journée militante

- rejoindre Bastille dimanche en début d'après midi.

- faire tourner ces informations

Chronophage !  

Le site officiel : http://reelledemocratie.com/

Quelques chiffres: 30 000 à Athènes ,plus de 500 à Paris, 200 à Bayonne, 200 à Nantes, 100 à Pau, 300 à Rennes, 300 à Toulouse, 150 à Lyon, 150 à Montpellier, 150 à Grenoble, 100 à Nancy. ça monte !!

PS pour ceux qui sont disponibles, action demain à 9h contre le G8 à Stalingrad.

RV demain jeudi à 19h au local ATTAC 21 ter rue voltaire pour une réunion sur la dette tunisienne »

 

 

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Les "Indignés" espagnols

 

 

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Avec les Indignés, au coeur de Madrid
 
  

Quand ils sont d'accord, ils lèvent les mains au ciel et les bougent comme des marionnettes. Le seul bruit qu'on entend alors, c'est le léger tintement des bracelets au poignet des filles. Pas un cri, pas une prise de bec, pas un juron. Quand ils ne sont pas d'accord, ils miment, toujours avec leurs doigts, une bouche qui se ferme. Pour se faire entendre, ils se passent de petits mégaphones à piles qui nasillent les mots d'une « révolution » en cours. Pacifique et sans doute implacable.

Voilà bientôt une quinzaine de jours que le coeur de Madrid (et de nombreuses villes espagnoles) vibre d'assemblées menées à un train d'enfer. Tôt le matin, et jusqu'à très tard dans la nuit. Ce jour-là, la Puerta del Sol, la Porte du Soleil, n'a jamais aussi bien porté son nom. Il n'est pas midi et l'astre jaune cogne sec sur ces centaines de jeunes gens assis sur le pavé. Des mains bienveillantes vaporisent de l'eau. LesIndignés, comme ils se désignent eux-mêmes, ont sorti les ombrelles.

C'est un immense bivouac foutraque de tentes Quechua, de bâches bleues tendues sur des tonnes de revendications, d'utopies et de rêves. C'est une pluie incessante de slogans, d'aphorismes, de pensées couchées à la volée sur des bouts de papier qu'on colle ou qu'on épingle ici et là. Et qui font des guirlandes. L'inusable « Si vous ne nous laissez pas rêver, nous ne vous laisserons pas dormir » se frotte au rugueux« Les gens honnêtes au soleil, les corrompus à l'ombre ».

 « Depuis le temps qu'on se plaint, on savait que ça allait arriver. Au moins, le monde entier sait qu'on n'est pas contents. » Cristina, Sayoa et Claudia ont 22 ans. Les deux premières se préparent à devenir institutrices. La troisième arrive de Londres où elle a terminé en janvier des études dans la mode. « Je vais être obligée de repartir,se résigne-t-elle. Je ne trouve rien ici. RIEN. De toute façon, quand tu trouves une place, on t'exploite. »

Tous ces jeunes, étudiants, travailleurs précaires, chômeurs ,continuent évidemment à vivre chez papa-maman, dans une capitale où les loyers et les garanties exigées par les propriétaires deviennent « délirants ». Cristina marmonne : « Quand je vois mes grands-frères de 34 et 26 ans qui habitent toujours à la maison ! »

« Une réaction sentimentale »

Au terme d'un reportage que nous avions effectué il y a trois mois en Espagne, nous nous étonnions que la jeunesse de ce pays garde encore son calme. Près de cinq millions de chômeurs, 43 % des jeunes sans emploi, record européen. L'âge de la retraite qui passe à 67 ans, l'aide de 426 € aux chômeurs en fin de droits supprimée !

À la mi-mai, les digues ont fini par tomber en poussière. Sous l'effet conjugué des élections municipales et de l'adoption d'une loi contre le téléchargement gratuit de la musique et des films sur Internet. La turbine des réseaux sociaux, Facebook, Twitter,a fait le reste.

« Ce mouvement, analyse le sociologue Gonzalo Caro, spécialiste de la jeunesse,est plus civique qu'idéologique. C'est une réaction émotive et sentimentale. Une indignation. Par exemple, on n'accepte plus qu'une grande banque, aidée par l'État pendant la crise, fasse des millions de bénéfices pendant qu'un demi-million de familles sont expulsées de leur maison. »

Le tsunami politique qui a balayé dimanche les socialistes du PSOE au profit des conservateurs du PP n'a pas ému les Indignés. « Les uns et les autres n'arrêtent pas de se passer, de se repasser la balle, s'indigne Miriam, 26 ans, diplômée en sciences économiques. Ça me donne la chair de poule. » Pour Gonzalo Caro, « ce mouvement défend des principes éthiques sur le fonctionnement politique plutôt qu'une prise de pouvoir. »

Jusqu'où ira cette vague hétérogène qui brasse jeunes, vieux, étudiants, chômeurs, précaires, squatters, gens de gauche, de droite et « d'autres qui s'en foutent » ?Fernando, 27 ans, pizzaïolo, jure : « Que ce soit clair : on n'est pas anti-système. Nous sommes des gens normaux. On veut juste vivre dans un monde civilisé. Où la politique est au service des gens. Qu'on en finisse avec l'arnaque et le mensonge. »

 

Lien : http://www.ouest-france.fr/actu/actuDet_-Avec-les-Indignes-au-coeur-de-Madrid-_3639-1810189_actu.Htm

 



 
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25 mai 2011 3 25 /05 /mai /2011 05:32

Lire le manifeste des "indignés " Espagne : Manifeste de « Democracia Real Ya ! »... Cela me fait rappeler la Kasbah tunisienne et la place Tahrir égyptienne... Suivez le DIRECT... 22-05-2011

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En direct : http://www.soltv.tv/soltv/index.html (une vue de la Puerta del Sol en direct)

 

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Le mouvement des Indignés espère durer

 

Espagne: le mouvement des Indignés espère durer

Sur la Puerta del Sol de Madrid et sur d'autres places centrales de villes espagnoles, des dizaines de milliers d'Espagnols se sont installés depuis le 15 mai dernier, mobilisés contre le chômage et le système politique actuel.

 

Reuters/Paul Hanna

Les élections espagnoles sont passées, mais les Indignés de la Puerta del Sol, à Madrid, ne comptent pas plier bagage. Comment leur mouvement peut-il évoluer? Notre correspondante est allée leur poser la question.

A l'atelier menuiserie, on donne des coups de marteaux à tour de bras. On fabrique des étagères, on rafistole des tables ou des chaises. 100% récup et recyclage, bien sûr. Sur la Puerta del Sol, les assemblées et les réunions de commissions se poursuivent. La vie suit la routine de plus en plus rodée qui s'est établie en une semaine dans le campement de bâches bleues des Indignés. Comme si le petit village autogéré de la rébellion s'installait pour durer. Pourtant du côté des coordinateurs du mouvement, on pense au départ.

 

"Sol, c'est le kilomètre zéro de notre résistance, explique Juan, photographe free-lance de 26 ans, qui est devenu l'un des piliers du mouvement. Mais on sait bien que notre temps d'installation sur la place a une durée limitée. C'est un lieu trop central et symbolique de la ville. On ne peut pas y rester."

"Le mouvement va muter"

Dimanche dernier, l'assemblée générale a voté la prolongation de l'occupation pendant une semaine, pour se donner le temps de préparer l'avenir du mouvement. "Il ne va pas s'éteindre, il va muter, affirme Jonathan, membre de la commission d'organisation du campement. On veut transférer les énergies et sortir dans les quartiers. On est en contact avec les associations pour organiser des assemblées locales... Les premières réunions auront lieu ce samedi 28."

Pendant ce temps, les rumeurs d'une expulsion imminente courent sur le campement. Etre délogés par la police? "On n'y croit pas vraiment, affirme Edu, élève ingénieur arrivé avec son sac de couchage il y a cinq jours. On en a parlé avec les policiers qui surveillent les alentours. Ils savent qu'on a prévu d'être ici jusqu'à dimanche. Ils voient bien qu'on est un mouvement pacifique et personne ne veut chercher des images d'affrontement."

 

Dimanche 22, les élections municipales se sont soldées par un ras de marée de la droite, à un an des législatives. Constat d'échec en règle pour le gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero, qui fait les frais de la crise économique et du plan d'austérité accompagné de coupes sociales mis en marche depuis un an.

"Pour nous les élections ne changent rien, déclare Noelia, l'une des porte-parole du mouvement. On dénonce ce système de représentation politique, qui nous force à choisir entre deux fois la même chose, puisque la droite et la gauche appliquent la même politique économique. Au final c'est le système financier qui nous gouverne..."

Ce que les partis leur répondent...

Les partis politiques encaissent la critique à distance, pris de court par l'ampleur du mouvement. Du côté des socialistes on se borne à manifester une sympathie générique. A commencer par José Luis Rodriguez Zapatero, qui a déclaré "Si j'avais 25 ans je serais surement à la Puerta del Sol", comme si le mouvement n'était pas la critique en règle de sa propre impuissance en tant dirigeant de gauche.

A droite, un porte-parole du Parti Populaire compatit sur la "frustration" de la jeune au chômage et propose, presque sans ironie, de voter PP pour que ça change. "Seul Thomas Gomez, le candidat socialiste à la région de Madrid, a voulu nous rencontrer, juste avant les élections. On lui a dit que ce n'était ni le moment ni le lieu... c'est trop facile de jouer la récup." Depuis les élections, plus rien.

"Si quelque chose a bougé dans les partis, on aimerait bien le savoir", dit Juan. Mais s'ils misent sur l'extinction du mouvement, ils se trompent: "Quoi qu'il arrive maintenant, je crois qu'on a déjà gagné... on a levé les enthousiasmes. Il faut continuer les efforts, c'est un début magnifique et fort... mais maintenant il

  

Lien : http://www.lexpress.fr/actualite/monde/espagne-le-mouvement-des-indignes-espere-durer_996130.html

 

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Point de vue

 

Espagne: un Evénement fondateur

 

Entretien avec Jaime Pastor

 

 

– Manuel Gari, membre de la rédaction de Viento Sur, écrit ce 22 mai 2011, dans une contribution intitulée «Demain commence le 15-Mai»: «L’irruption en pleine campagne électorale pour les assemblées communales et régionales d’un ample mouvement qui revendique sur la place publique ce qui est évident a un premier effet: il a bousculé les paramètres du «débat» politique traditionnel dans notre pays. Et ce qui est le plus important, il a rompu le sortilège de la démobilisation sociale dans laquelle nous semblions emprisonnés, sans remèdes. […]  Le mal-être s’est transformé en indignation. L’indignation s’est mise en marche sous la forme d’une action politique collective le 15 mai. Des exemples proches existaient, comme les mobilisations des «Jeunes sans avenir» [sans logement, sans boulot, sans retraite, mais cependant sans peur

– voir la traduction de leur plateforme à la fin de l’entretien avec Jaime Pastor]. Néanmoins, ces précédents ont été ignorés par les analystes et les décideurs. Et ce que les dirigeants politiques et leurs intellectuels organiques n’arrivaient pas à comprendre c’est que la force motrice de la mobilisation ne résidait pas tellement dans un éventail de revendications qui existaient antérieurement, mais dans la nécessité et l’objectif de récupérer la dignité. Parce que c’est de dignité qu’il s’agit. C’est ici que s’établit le lien place del Sol (à Madrid) et place Tahrir (au Caire): la dignité d’une jeunesse qui n’a pas d’avenir et agit aussi en notre nom, y compris ceux qui dans notre activité militante avons plus de passé que d’avenir.»

 

Après avoir souligné les différences et les similitudes entre les deux côtés de la Méditerranée, Manuel Gari indique «qu’un ample secteur de la société se sent maltraité et escroqué. Il a été le témoin silencieux d’un débat politique sectaire des partis, d’une corruption sans limites, de l’action d’un pouvoir judiciaire pour lequel la fin du franquisme n’a pas encore eu lieu, d’un PP (Parti populaire) qui annonce, à partir d’un discours vide, une nouvelle ère pour l’Espagne s’il la gouverne et d’un PSOE qui a perdu la crédibilité et son honneur en appliquant les politiques d’ajustement que lui dictaient les marchés, c’est-à-dire le capital. La société a été expropriée et, en particulier, la jeunesse qui majoritairement ne peut même pas perdre des droits sociaux puisqu’elle ne les a jamais acquis et à laquelle on propose cyniquement comme «voie de sortie» qu’elle devienne une partie du secteur des «entrepreneurs» […]. Le mouvement du 15 Mai (15-M) pose des questions centrales: Qui doit payer la crise? Comment et par qui les décisions collectives doivent être prises dans une société démocratique? Questions qui résument le contenu social et politique de ladite spanish revolution, sous une formule ingénue et exagérée.»

 

Nous reviendrons sur cette contribution de Manuel Gari. Nous nous limiterons, en ce 22 mai

2011, de citer sa conclusion: «Le 23 mai 2011 commencera une nouvelle étape du mouvement du 15-M dans un contexte où dans toutes les municipalités et les régions la politique d’ajustement  antisociale va se renforcer et où les politiques gouvernementales vont être déterminées par des nouvelles exigences régressives du Pacte pour l’euro. Le futur du mouvement «Démocratie réelle, maintenant» dépendra de sa capacité à offrir des réponses alternatives, à établir des alliances sociales amples, à dessiner des scénarios en relation avec les partis et à résoudre des nouveaux problèmes d’organisation qui permettent un fonctionnement stable, unitaire et pluraliste, quartier par quartier, bourgade par bourgade. Le résultat est incertain, mais le défi consiste à chercher à maintenir et renforcer l’esprit de place del Sol […] et de toutes ces places, ce qui est une aventure qui vaut la peine d’entreprendre.» Maintenant, la parole à un autre membre la rédaction de Viento Sur: Jaime Pastor. (Rédaction)

 

*****

 

 

Pouvons-nous déjà parler, en ce 20 mai 2011, d’un Mouvement du 15 mai? Comment le saut se fait-il entre une simple manifestation et un campement?

 

Jaime Pastor: Peut-être est-ce trop tôt pour le dire, mais je crois que oui, qu’effectivement les manifestations qui ont eu lieu dans plus de cinquante villes et les campements qui ont suivi sur les principales places de beaucoup de villes constituent un «Evénement fondateur» d’un nouveau type de mouvement social ouvrant des perspectives dans la durée. Toutes ces manifestations expriment une indignation collective face aux conséquences négatives de la crise pour une majorité sociale qui ne s’en sent par responsable.

Lors de «sauts» tels que ceux qui viennent de se produire entre manifestation et campement, les motivations peuvent être concrètes. Dans le cas de Madrid, par exemple, les arrestations qui ont eu lieu à la fin de la manifestation de dimanche passé (15 mai) ont conduit un groupe de personne à camper à la Puerta del Sol afin d’exiger la remise en liberté de leurs camarades. Ensuite, c’est le démantèlement du campement par la police qui a provoqué une nouvelle occupation et un nouveau campement le jour suivant et ainsi de suite.

Mais il y a sans doute également des facteurs généraux tels que l’«effet émulation ou contagion» qui jouent.On voit cela dans les comparaisons qui sont faites avec le symbolisme de la place Tahrir au Caire (tout en étant reconnue la différence de situation due au fait qu’il s’agissait pour les Egyptiens de faire tomber une dictature) et dans le fait que l’initiative de Madrid a agi comme une stimulation pour que les gens mobilisés dans d’autres villes expriment leur solidarité. Il s’agit ainsi d’occuper l’espace public dans des lieux spécialement symboliques.

 

Quelles peuvent être les causes de l’indignation de ces personnes?

 

 

J.P.: Il est difficile de généraliser, mais je crois que la cause la plus commune c’est la perception de l’injustice que suppose la réponse donnée par les grands partis à la crise systémique – financière, économique, sociale…– par ceux qui considèrent la «classe politique» comme étant corrompue et au service des grands pouvoirs économiques. Les gens voient que l’on fait payer la facture de la crise par ceux qui ne l’ont pas provoquée, à savoir les jeunes, les femmes, les personnes âgées et les immigrants, au moyen de graves coupes dans les droits sociaux fondamentaux. Le slogan de la plate-forme qui a pris l’initiative de ces mobilisations est très significatif, «Démocratie Réelle, Tout de suite» : «Nous ne sommes par la marchandise des politiques et des banquiers».

De plus, si nous considérons le fait que ce sont les jeunes qui sont les protagonistes de ces événements, le slogan de «Jeunesse Sans Avenir», une autre plate-forme d’appel (voir sa traduction ci-dessous), est lui aussi très représentatif de l’indignation de ceux qui dénoncent leur situation de «sans maison, sans boulot, sans salaire », tout en ajoutant immédiatement «Sans Peur», afin d’exprimer leur volonté de sortir de la résignation et de la recherche de solutions individuelles à la crise.

 

Comment peut-on interpréter cela dans le contexte d’une campagne électorale?

 

 

J.P: Je crois que c’est précisément parce que cela se passe en plein dans cette campagne électorale (locales et régionales, le 22 mai 2001) que cela suppose aussi une expression de protestation face à certains discours de partis que les jeunes considèrent comme faisant beaucoup de promesses qui ne seront pas tenues par ceux qui parviendront au pouvoir. Cela reflète d’ailleurs aussi ce que montrent les enquêtes : la «classe politique» est très largement considérée comme étant l’un des principaux problèmes et, par conséquent, l’on assiste à une désaffection citoyenne non envers la démocratie en elle-même, mais envers la démocratie réellement existante. Les gens pensent que cette démocratie s’est peu à peu vidée de sa substance et que les grandes décisions se prennent hors des parlements et des institutions représentatives. Une phrase de l’un des manifestes peut résumer cela : «Notre démocratie est séquestrée. Nous voulons la liberté ».

 

Dans quelle mesure cela est-il en relation avec les événements qui se passent au niveau mondial?

 

J.P. : Depuis l’éclatement de la crise systémique et financière de fin 2008 nous assistons au développement inégal, mais croissant de mouvements de protestation dans différents pays du « nord » face aux réponses néolibérales qui sont données à la crise. Dans l’Union Européenne, nous avons les cas de la Grèce, de la France, de la Grande-Bretagne et du Portugal. Nous avons aussi le cas, jusqu’à maintenant exceptionnel, de l’Islande, qui, à travers deux référendums, a refusé le paiement de la dette générée par une banque privée qui a fait faillite en raison de son propre «aventurisme» spéculatif. C’est pour cela que nous avons aussi vu des slogans tels que «l’Espagne debout, c’est une Islande» ou «Nous voulons être islandais».

Et, enfin, nous avons l’exemple de la révolte du monde arabe et du rôle joué par la jeunesse, à travers l’usage intensif et généralisé des nouvelles technologies de la communication. Sans doute cela a-t-il influé aussi sur nos propres réseaux sociaux qui se sont alors mis à préparer les mobilisations du 15mai passé.

 

Les mobilisations autour du 15 mai ont été appelées principalement par des réseaux sociaux sur l’internet. Dans quelle mesure l’internet change-t-il le panorama des mobilisations politiques?

  

 

J.P.: Manifestement, ces réseaux constituent une révolution dans la contre-information et la communication qui aident à contrecarrer les informations et l’opinion publiées dans les médias traditionnels et à diffuser leurs propres informations avec une rapidité et une économie de temps impensable par le passé. Ces réseaux permettent une coordination entre les militants très supérieure à ce qui existait jusqu’ici et font entrevoir la possibilité d’un fonctionnement plus démocratique et plus horizontal. Enfin, ils contribuent à faire plus facilement le pas entre l’espace virtuel et la réalité au moyen de la diffusion rapide des initiatives de rue et des répliques immédiates données aux réponses venant des autorités.

 

Que pensez-vous de la manière dont ces mobilisations sont couvertes par les médias traditionnels?

 

J.P.: Jusqu’au 15 mai dernier, il y a eu un silence quasi-total autour de ce qui se préparait à travers les réseaux sociaux, mais il est évident qu’il y a eu un changement d’attitude dès le jour qui a suivi, lorsqu’on a vu la légitimation sociale que les jeunes avaient obtenue et constaté l’écho massif rencontré dans les rues.

Mais il y a aussi des tentatives claires de montrer déjà les faiblesses présumées de ce mouvement. Son hétérogénéité (réelle mais logique et non négative en elle-même), sa possible manipulation par l’un ou l’autre parti (ce qui renvoie aux théories conspirationnistes en vogue qui prétendent nier les motifs réels de la protestation), l’existence de secteurs «antisystème» (utilisant cela comme une disqualification alors que nous avons vu des slogans comme «C’est le système qui est antipersonnel») ou «violents » (alors que l’on voit que l’option clairement majoritaire est la désobéissance civile non-violente).

Cependant, il y a aussi des médias (spécialement certaines radios) qui donnent la parole aux porte-parole des réseaux d’appel ou à des analystes qui contribuent à la compréhension de ce qui est en train de se passer. C’est quelque chose d’important qui peut aider les gens à chercher des réponses différentes de celles que les grands partis offrent sur le sujet de la démocratie réellement existante et sur la crise.

 

Pour finir, nous aimerions vous demander quels sont les effets possibles de ces mobilisations à long- comme à court-terme?

 

 

J.P.: Un effet important est déjà la construction d’une nouvelle subjectivité commune, plurielle et créative, propre aux gens qui participent à ces mobilisations. Cela est en soi déjà positif pour toutes ces personnes, puisque cela suppose que l’on sort de la paralysie et que l’on cesse de croire qu’il n’y a rien d’autre à faire face à la crise qu’aller voter ou non pour l’un ou l’autre parti le 22 mai.

L’effervescence collective que l’on est en train de vivre ces jours, le sentiment de se sentir faire partie d’un mouvement si étendu et synchronisé dans tant de villes et avec des références à l’échelle internationale, avec un répertoire de messages et d’actions très larges et chaque fois plus créatif, tout cela aura sans doute un impact sur toutes ces personnes. De cette expérience peut surgir un nouveau cycle de mobilisations soutenues dans le temps et de plus en plus coordonnées, même s’il est évidemment fort probable que différents réseaux, discours et propositions vont commencer à s’exprimer publiquement et que les premières tensions vont surgir dans le mouvement. Mais ce dernier point dépendra aussi de l’attitude qu’auront les pouvoirs publics et de leurs tactiques de cooptation et/ou répression face aux revendications des différents secteurs du mouvement. 


(Traduction A l’Encontre)

Jaime Pastor est professeur ordinaire de Sciences Politiques. Il fait partie de la rédaction de Viento Sur. 

 

 Lien : http://mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=24921

 

 

 

 

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24 mai 2011 2 24 /05 /mai /2011 03:42

 

Lire le manifeste des "indignés " Espagne : Manifeste de « Democracia Real Ya ! »... Cela me fait rappeler la Kasbah tunisienne et la place Tahrir égyptienne... Suivez le DIRECT... 22-05-2011

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En direct : http://www.soltv.tv/soltv/index.html (une vue de la Puerta del Sol en direct)

 

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Manifestations en Espagne : « Une expression de douleur et d’abandon »

 

 

Trois questions. Bernard Bessière, universitaire spécialiste de L’Espagne contemporaine, nous livre sa vison d’une révolte qui sonne comme un « cri du désespoir ».

 

 

Quel est le profil des manifestants ?

 

Depuis le début de la crise économique en 2008, on voit se développer la « génération ni-ni ». Ce sont des jeunes qui n’ont ni travail, ni cursus scolaire en cours et qui ne croient plus ni en la gauche, ni en la droite. Ils subissent la crise et sont découragés. Leur mobilisation a été une surprise totale puisque spontanée. Ils ne sont pas organisés, à part sous forme d’associations. Ces jeunes n’ont qu’un mot d’ordre : « ¡ Democracia Real YA ! » (Une vraie démocratie maintenant !). Depuis une semaine, ces mobilisations illustrent un réel cri de désespoir qui s’étend désormais aux chômeurs ou actifs également touchés par un sentiment de ras-le-bol général.

 

Quel a été le déclic ?

 

L’Espagne possède un taux de chômage d’un pays sous-développé. Les réformes pour contrecarrer la crise, comme la réduction de 5 % des salaires et le report de l’âge de départ à la retraite à 67 ans, n’ont rien changé au problème. Au niveau immobilier, un million d’habitats est inoccupé et les banques ne prêtent plus aux Espagnols qui veulent devenir propriétaires. Le système politique espagnol est également rejeté. Il existe dans le pays une bipolarisation politique énorme, avec 80 % des électeurs qui votent pour la gauche ou la droite. Le centre est inexistant et l’extrême-gauche s’est effondrée.

 

La claque électorale pour les socialistes ce week-end changera-t-elle la donne ?

 

Ces rassemblements ressemblent à un « mai 68 dramatique ». Il n’y a ni utopie, ni fête, juste une expression de douleur et d’abandon. Elle n’est pas partie d’un calcul mais d’un ras-le-bol d’une trop grande différence entre les plus riches et les plus pauvres, d’une corruption dans les grands partis dont les élus sont actuellement en procès et qui continuent d’exercer. Ca semble « normal » en Espagne que des mafieux soient au pouvoir. C’est un tout. Ils n’obtiendront rien des politiques. Le fait que la droite gagne ne changera rien.

Photo : Pedro Armestre / AFP

  

 Lien : http://www.politis.fr/Manifestations-en-Espagne-Une,14262.html

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La rébellion des indignés

 

 
Un mouvement de contestation populaire de grande ampleur a débuté en Espagne depuis le 15 mai. Organisé grâce aux réseaux sociaux, comme pour les révolutions tunisiennes, le " mouvement des indignés " réunit des citoyens avec pour revendication principale " une véritable démocratie ".
 
                                                                           La Puerta del Sol le 21 mai 2011 (AFP
 
 
Par Pascal Hérard
 
Ils sont jeunes, au chômage et fatigués des discours politiques appelant à faire de nouveaux sacrifices pour sortir le pays de la crise économique. Le mouvement des indignés, " los indignados " est aussi surnommé le 15-M pour le 15 mai 2011, date de l'appel à manifester de partout dans le pays.

Cinquante villes espagnoles ont été envahies le dimanche 15 mai par des dizaines de milliers de manifestants pacifiques aux revendications hétéroclites mais principalement adressées à l'encontre des politiciens, de tous bords confondus, et ce, une semaine avant les élections régionales. Depuis lors, la grande place de la Puerta del Sol à Madrid est " squatée " par des milliers de personnes, tous les soirs et plusieurs centaines y ont installé leur sac de couchage. Le maître mot : "la Démocratie Réelle".


LE MANIFESTE DE LA PUERTA DEL SOL  


La plus grande place de Madrid a été renommée par les manifestants, Place Tahrir, en hommage aux révolutionnaires égyptiens. Depuis le 18 mai, un texte fondateur des revendications du mouvement des indignés a été rédigé par ceux qui s'intitulent " les jeunes de l'action de protestation ". Il y est explicité le terme de " Démocratie Réelle ", opposée au système actuel considéré comme un " ensemble de pratiques électorales sans effet, où la participation des citoyens est absolument nulle". Les revendications du manifeste soulignent la " prise en otage de la parole des citoyens [par les politiques], le discrédit des institutions qui sont devenues de simples agents d’administration et de gestion, au service des forces du pouvoir financier international". Les jeunes protestataires synthétisent dans ce document un ensemble de malaises profonds qui agitent la société espagnole depuis plusieurs années et que les observateurs ibériques confirment lorsqu'on les interroge.


UNE CRISE DE L'ETAT, DE LA REPRÉSENTATION POLITIQUE ET DES VALEURS


Ces trois facteurs sont essentiels pour comprendre le mouvement des indignés selon Juan Pedro Quinonera, journaliste espagnol de la chaîne ABC. "Il y a un véritable foutoir politique en Espagne depuis plusieurs années " explique-t-il lorsqu'on l'interroge sur ce ras-le-bol de la jeunesse. Cette explication ne suffit pas, et le journaliste enchaîne : " ce foutoir politique est doublé d'un chômage énorme, un taux d'abandon des études parmi les plus hauts d'Europe, des jeunes gens fatigués par un système qui ne semble pas vouloir leur laisser de place. Ce qu'il y a qui se cumule en Espagne c'est une crise de l'Etat, de la représentation politique et des valeurs ".

Personne ne sait si ce mouvement est un feu de paille allumé par une jeunesse qui a besoin " de passer par une forme d'initiation à la vie adulte ", comme Juan Pedro Quinonera peut le penser, indiquant " qu'aussi bien, dans quelques jours, tout le monde rentrera chez soi, et on passera à autre chose ", ou bien un véritable mouvement de contestation, durable et décidé à obtenir gain de cause.


DES SIMILITUDES AVEC LES MOUVEMENTS DES PAYS ARABES


Si certains s'offusquent de la comparaison entre les mouvements tunisiens ou égyptiens et ces manifestations de l'indignation espagnole, puisque la société espagnole n'est pas une dictature, il y a pourtant lieu d'observer les similitudes et les convergences entre ces mouvements. L’Espagne subit un taux de chômage global de plus de 20%, la précarité y est galopante et la jeunesse en est la première victime : 43% de celle-ci est sans emploi.

Si la société tunisienne demandait " la démocratie ", la jeunesse espagnole demande " plus de démocratie participative ". Le ras-le-bol face à l'injustice, particulièrement celle de l'austérité, payée par les contribuables pour payer les abus scandaleux de la finance mondiale est lui aussi similaire à ces population nord-africaines subissant les dictats économiques du FMI alors que les élites corrompues s'enrichissaient toujours un peu plus. Un jeune espagnol n'est pas aujourd'hui dans une situation aussi difficile qu'un jeune tunisien, mais le ressentiment face à la classe politique, le sentiment d'injustice et la sensation d'une détérioration de la société peuvent-être aussi forts chez les uns et chez les autres. Dans le cas espagnol, il y a peut-être plus à perdre, mais cela reste encore à voir.
 
 
 
 
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23 mai 2011 1 23 /05 /mai /2011 09:20
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Le ras-le-bol de la jeunesse

 

La contagion des protestations populaires arabes a-t-elle gagné durablement l´Espagne ? Depuis le 15 mai, en prévision des élections municipales et régionales d´hier, des dizaines de milliers de jeunes Espagnols ont occupé durablement la place centrale du Km zéro de Madrid.

La contagion des protestations populaires arabes a-t-elle gagné durablement l´Espagne ?  Depuis le 15 mai, en prévision des élections municipales et régionales d´hier, des dizaines de milliers de jeunes Espagnols ont occupé durablement la place centrale du Km zéro de Madrid. D´autres grandes villes du pays, Grenade, Séville et Valence, ont suivi.

La contagion madrilène menace, à présent, de se généraliser à tout le pays et de s´inscrire dans la durée en attendant les élections générales de 2012. Par le recours à ce genre de manifestation pacifique inédite mais interdite par les  sept magistrats et les cinq personnalités qui composent la Commission électorale, les jeunes entendent dénoncer « le gouvernement et les banques » qui sont responsables, à leurs yeux, de leur désespoir social. Les résultats des élections d´hier étaient prévisibles depuis au moins une année. Tous les sondages donnaient le Parti populaire (PP) vainqueur, sans même que le PP propose des solutions de sortie de crise, ni de réponse au chômage et à la crise de logement. Il a fait de l´échec socialiste son programme électoral sans rien proposer comme alternative de pouvoir.

Le bilan de deux mandats du président Zapatero est catastrophique, en effet, surtout au plan économique et social. L´Espagne, huitième puissance économique mondiale, qui revendique sa place au sein du G8, a enregistré plus de 2,5 millions de chômeurs en seulement 3 ans.  Ce pays totalise aujourd´hui 5 millions de chômeurs, 21% de la population active, un taux quatre fois plus élevé qu´en Allemagne, pays moteur de l´économie européenne, le nouvel El- dorado des jeunes Espagnols. La caractéristique du chômage en Espagne est sans appel: plus de 40% de ces chômeurs sont des jeunes de moins de 30 ans, dont beaucoup sont des diplômés de l´enseignement supérieur. C´est cette catégorie qui tente sa chance en Allemagne ou qui fait le siège de la Puerta del Sol. C´est là que, par milliers, ceux qui n´ont pas eu la chance d´émigrer se sont donc donné rendez-vous grâce aux réseaux sociaux. Comme l´ont fait les jeunes des pays arabes, qui semblent avoir inspiré leur slogan le plus médiatisé : «Ni travail, ni logement, ni avenir, ni peur». La crise sociale en Espagne est des plus graves. Ce pays est le seul dont l´économie peine à enregistrer un PIB de 0,3% pendant qu´ailleurs en Europe on fait déjà plus de 2% de croissance économique. La crise a frappé de plein fouet le secteur moteur créateur d´emplois, la construction, faisant depuis 2008 un million de nouveaux chômeurs par an.  L´arrivée attendue au pouvoir du PP en 2012, après avoir raflé hier, selon tous les sondages à la sortie des bureaux de vote, les mairies et les gouvernements autonomes, n´augure rien de bon pour les jeunes. Non seulement ce parti conservateur n´apporte pas, loin s’en faut, de réponse à la demande sociale nationale, mais c´est sous  le président  Aznar, qui a gouverné  de 1996 à 2004, que les prix des logements ont été multipliés par quatre. On voit mal comment, dans cette conjoncture de crise économique qui menace de se prolonger jusqu´en 2016, les conservateurs pourraient-ils faire mieux dans le social, le créneau des socialistes qui ont, depuis hier soir, un pied dans l´opposition.


L´électorat du PSOE a boudé les urnes, ouvrant plus grandes les portes du pouvoir local et régional aux conservateurs, en attendant que le PP remporte haut la main les élections générales dans une année. La défaite des socialistes est logique en soi dans la mesure où le président Zapatero a pris des mesures sociales douloureuses et des plus impopulaires, pour faire face à la crise économique que traverse l´Espagne depuis trois ans. C´est la conséquence d´un déficit public de 132 milliards d´euros que le gouvernement socialiste entend contenir par le gel des pensions, la réduction des salaires des fonctionnaires et la suppression des prestations sociales.


Des thèmes de campagne qui ont été repris, curieusement, par le leader du Parti populaire, Mariano Rajoy. Face à ce draconien  plan de réduction du déficit public dicté à Zapatero par la Commission européenne et le FMI, les jeunes ont décidé de réagir. En septembre dernier, les principales centrales syndicales, elles, avaient convoqué une timide manifestation de protestation à l´échelle nationale, un flagrant échec du mouvement de masse aussitôt exploité par le PP, principale force d´opposition. Il en a récolté les fruits ce dimanche pendant que les jeunes de la Puerta del Sol s´acheminent vers un statut de SDF.
 B. H.

Lien : http://www.elmoudjahid.com/fr/actualites/12348

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22 mai 2011 7 22 /05 /mai /2011 05:37
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Manifeste du collectif espagnol Democracia Real Ya...

Traduction du manifeste du collectif espagnol Democracia Real Ya, à l’origine des mobilisations du 15 mai qui se sont transformées en un gros mouvement de contestation et d’occupation.

Notes pré­li­mi­nai­res :

  • le but de la traduction de ce manifeste est de documenter ce mouvement dont on parle peu dans les médias alternatifs francophones ;
  • la traduction est approximative et perfectible, n’hésitez pas à laisser en compléments d’informations de meilleures formulations ;
  • le texte, ainsi que l’a signalé le traducteur qui l’a fait passé (merci !), est « transversal et réformiste » mais il a eu le mérite de « rassembler beaucoup de sensibilités, un peu à la façon (mais avec un discours très »péninsulaire« ) des revolté-es arabes ou du Wisconsin ».
  • il existe d’autres textes de réflexion sur ce mouvement, parfois très critiques de ce collectif Democracia Real Ya, ils peuvent être trouvés sur http://www.csocasablanca.org/REFLEX....

Manifeste de « Democracia Real Ya ! »

Nous sommes des per­son­nes cou­ran­tes et ordi­nai­res. Nous sommes comme toi : des gens qui se lèvent tous les matins pour étudier, pour tra­vailler ou pour cher­cher un boulot, des gens qui ont famille et amis. Des gens qui tra­vaillent dur tous les jours pour vivre et donner un futur meilleur à celles et ceux qui les entou­rent.

Parmi nous, cer­tain-e-s se consi­dè­rent plus pro­gres­sis­tes, d’autres plus conser­va­teurs. Quelques un-e-s croyants, d’autres pas du tout. Quelques un-e-s ont des idéo­lo­gies très défi­nies, d’autres se consi­dè­rent apo­li­ti­ques. Mais nous sommes tous très préoc­cupé-e-s et indi­gné-es par la situa­tion poli­ti­que, économique et sociale autour de nous. Par la cor­rup­tion des poli­ti­ciens, entre­pre­neurs, ban­quiers, ... . Par le manque de défense des hommes et femmes de la rue.

Cette situa­tion nous fait du mal quo­ti­dien­ne­ment ; mais, tous ensem­ble, nous pou­vons la ren­ver­ser. Le moment est venu de nous mettre au tra­vail, le moment de bâtir entre tous une société meilleure. Dans ce but, nous sou­te­nons fer­me­ment les affir­ma­tions sui­van­tes :

  • L’égalité, le progrès, la solidarité, le libre accès à la culture, le développement écologique durable, le bien-être et le bonheur des personnes doivent être les priorités de chaque société avancée.
  • des droits basiques doivent être garantis au sein de ces sociétés : le droit au logement, au travail, à la culture, à la santé, à l’éducation, à la participation, au libre développement personnel et le droit à la consommation des biens nécessaires pour une vie saine et heureuse.
  • Le fonctionnement actuel de notre système politique et gouvernemental ne répond pas à ces priorités et il devient un obstacle pour le progrès de l’humanité.
  • La démocratie part du peuple, par conséquent le gouvernement doit appartenir au peuple. Cependant, dans ce pays, la plupart de la classe politique ne nous écoute même pas. Ses fonctions devraient être de porter nos voix aux institutions, en facilitant la participation politique des citoyens grâce à des voies directes de démocratie et aussi, procurant le plus de bienfait possible à la majorité de la société, et pas celle de s’enrichir et de prospérer à nos dépens, en suivant les ordres des pouvoirs économiques et en s’accrochant au pouvoir grâce à une dictature partitocratique menée par les sigles inamovibles du PPSOE [1].
  •  
  • La soif de pouvoir et son accumulation entre les mains de quelques-uns crée inégalités, crispations et injustices, ce qui mène à la violence, que nous refusons. Le modèle économique en vigueur, obsolète et antinaturel, coince le système social dans une spirale, qui se consomme par elle-même, enrichissant une minorité et le reste tombant dans la pauvreté. Jusqu’au malaise.
  • La volonté et le but du système est l’accumulation d’argent, tout en la plaçant au-dessus de l’efficience et le bien-être de la société ; gaspillant nos ressources, détruisant la planète, générant du chômage et des consommateurs malheureux.
  • Nous, citoyens, faisons parti de l’engrenage d’une machine destinée à enrichir cette minorité qui ne connait même pas nos besoins. Nous sommes anonymes, mais, sans nous, rien de cela n’existerait, car nous faisons bouger le monde.
  • Si, en tant que société nous apprenons à ne pas confier notre avenir à une abstraite rentabilité économique qui ne tourne jamais à notre avantage, nous pourrons effacer les abus et les manques que nous endurons tous. Nous avons besoin d’une révolution éthique. On a placé l’argent au-dessus de l’Etre Humain, alors qu’il faut le mettre à notre service. Nous sommes des personnes, pas des produits du marché. Je ne suis pas que ce que j’achète, pourquoi je l’achète ou à qui je l’achète.

A la vue de cela, je suis indi­gné/e

Je crois que je peux le chan­ger.

Je crois que je peux aider.

Je sais que, tous ensem­ble, on le peut.

Sors avec nous. C’est ton droit.

(suit la pos­si­bi­lité de signer sur la page ori­gi­nale en cas­tillan).

(Les photos ont été rajou­tées pour cet arti­cle sur Rebellyon, les deux der­niè­res sont repri­ses de http://perio­dis­mo­hu­mano.com/socieda..., la pre­mière chopée sur El Pais).

 

 

 

 

Pour s’informer sur les médias alternatifs espagnols :

 
- http://madrid.indymedia.org/ (le plus fourni apparemment)
- http://barcelona.indymedia.org/
- http://lahaine.org/
- Blog des différents campements : http://acampadabcn.wordpress.com/
- Centre social occupé madrilène : http://www.csocasablanca.org/
- Centre de médias indépendants : http://www.centrodemedios.org/ avec pas mal d’infos aussi sur Madrid
- http://concentracionsolmadrid.blogs...
- http://madrid.tomalaplaza.net/
- http://www.diagonalperiodico.net/ (beaucoup d’infos en direct, le plus intéressant peut-être)
- http://www.kaosenlared.net/
- http://www.soltv.tv/soltv/index.html (une vue de la Puerta del Sol en direct)

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Notes

[1] Addition de PP et de PSOE, les deux partis de droite et gauche qui alternent au pouvoir.

 

Lien : http://rebellyon.info/Manifeste-du-collectif-espagnol.html

 

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21 mai 2011 6 21 /05 /mai /2011 12:18

 

 

 

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L’Espagne à l’heure tunisienne

Les Tunisiens, méprisant l’incrédulité universelle, se sont levés devant les armes d’un dictateur qui était à la fois un mafieux notoire et le représentant des belles valeurs occidentales. Je tiens pour ceux qui auraient la mémoire courte la liste des chefs d’Etats et d’institutions monétaires internationales qui ont fait l’éloge de la crapule Ben Ali. Il y a même de belles vidéos, très touchantes.

Notre dette vis-à-vis des martyrs tombés sous les armes de Ben Ali est immense.

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Les Egyptiens ont enchaînés. Personne n’y a cru une minute, au motif que l’oncle Sam ne lâcherait jamais. Ca a pris trois semaines de plus.

Le peuple yéménite va gagner, mais Sanaa, c’est loin. La Libye, c’était près et riche, alors on a fait une guerre, qui s’enlise. Le Maroc, la Syrie, l’Algérie… : chacun fera à son rythme. La première phase de la décolonisation a mis trente ans, et la seconde ira plus vite. Le printemps arabe…

Mais voici que le printemps arabe devient européen. Le douanier Guéant a agité ses (tout) petits bras pour bloquer nos amis tunisiens à Vintimille. Avec un gros renfort de compagnies de CRS, il y est arrivé, et les racornis du bulbe qui prolifèrent dans les bureaux feutrés des « gouvernements » ont tous applaudi pour renforcer Schengen. Ouf, on va blinder les frontières. Petits crétins… Depuis quand une frontière peut-elle arrêter une idée ? Comprendre la vie est trop compliqué pour eux. Ils préfèrent compter, réglementer, juger,… mais réfléchir, non. Ils adorent la loi, car il suffit de l’appliquer. Mais construire un raisonnement libre… Voir le monde tel qu’il est… Ils peuvent bloquer un train, arrêter des innocents, faire des annonces fracassantes lors d’une conférence de presse. Mais ils ne peuvent rien contre le réel, contre les forces qui font la vie, car ils n'y comprennent rien.

Le printemps arabe, c’est : « Ta vie t’appartient ». Tu es tellement différent des autres, et même de tes amis, que toute vie sociale commence par le respect intangible de l’égalité des êtres humains. Donc, on se pose, et on réfléchit. Le printemps arabe arrive en Europe, et le cri de ralliement va être : « Nous sommes tous des Arabes ».

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A Madrid, le feu a pris comme ça, le 15 mai. Des groupes d’amis se sont installés sur la splendide Puerta del Sol, et ils se sont mis à causer. Des forums, des commissions, des assemblées… Depuis, il y a des cantines gratuites, un stand d'information juridique, une infirmerie, une garderie... Venez, et installez un bâche ; il faut se protéger du soleil et de la pluie pour causer. Le nom du mouvement : « Toma la plaza », soit « Prends la place ». Lundi, c’était une poignée, et jeudi, ils étaient dix mille.

A Barcelone, la célèbre Plaza Catalunya est elle aussi devenue un grand forum. Au total 70 villes en Espagne. Pour aujourd’hui, un joli gag. Ce dimanche ont lieu les élections municipales, et toute manifestation publique est interdite la veille.

La commission électorale a confirmé ces interdictions, alors que sur la Puerta del Sol et dans toutes les villes, la population est invitée aujourd'hui à unejournée de « réflexion collective ». La compet’ électorale n’est pas leur problème : « Nous ne faisons pas campagne, nous ne demandons le vote pour ou contre personne. Nous appelons simplement les citoyens à la réflexion. Nous ne voulons pas renverser les politiciens, juste les ramener au niveau des préoccupations de la rue ». Réfléchir à ce qui se passe, ça c’est important.

A minuit, ils étaient 20 000 sur la Puerta del Sol. Quand les douze coups de minuit ont sonné, ils ont respecté une minute de silence. Bienvenue dans l’illégalité qui crée les libertés.

La lumière arabe donne de belles couleurs à l’Europe.  

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Les manifestants illégaux continuent de dénoncer la crise

 

 

Des milliers de personnes rassemblées sur la Puerta del Sol à Madrid ont décidé vendredi soir de braver l'interdiction de manifester, observant une minute de silence symbolique aux 12 coups de l'horloge, des rubans de scotch collés sur la bouche.

Des milliers de personnes rassemblées sur la Puerta del Sol à Madrid ont décidé vendredi soir de braver l'interdiction de manifester, observant une minute de silence symbolique aux 12 coups de l'horloge, des rubans de scotch collés sur la bouche.

| AFP/ PEDRO ARMESTRE

Des milliers de personnes rassemblées sur la Puerta del Sol à Madrid ont décidé vendredi soir de braver l'interdiction de manifester, observant une minute de silence symbolique aux 12 coups de l'horloge, des rubans de scotch collés sur la bouche. Un silence impressionnant s'est soudain abattu pendant quelques secondes sur la grande place en plein coeur de la capitale espagnole, bondée tout comme les rues adjacentes.
Les manifestants, qui depuis mardi occupent les lieux où ils ont planté un village de tentes et de bâches, ont ainsi accueilli la trêve qui interdit tout rassemblement politique à la veille des élections locales. Puis, très vite, les cris ont repris, sur fond de percussions: «maintenant nous sommes tous illégaux», hurlait la foule, estimée à 19.000 personnes selon un décompte établi pour l'agence espagnole Efe par une société spécialisée.

La présence policière restait discrète, avec seulement quelques voitures de police garées dans les rues voisines. Les organisateurs du mouvement, né en début de semaine pour dénoncer le chômage et les retombées de la crise économique, avaient prévenu qu'ils étaient prêts à braver l'interdiction. «Nous allons rester sur la place. Il ne s'agit pas d'une manifestation, mais d'un mouvement citoyen», avait expliqué vendredi matin Juan Lopez, chômeur de 30 ans et l'un des porte-parole du mouvement.

Les élections s'annoncent désastreuses pour le pouvoir en place

A deux jours des élections locales qui s'annoncent désastreuses pour les socialistes au pouvoir, le gouvernement, très embarrassé, a promis d'agir avec mesure tout en «appliquant la loi», qui impose le respect de la trêve électorale. Depuis mardi, ce mouvement spontané rassemble une mosaïque de jeunes mais aussi de citoyens de tous horizons et de tous âges, chômeurs, étudiants, retraités, salariés, qui ont pris possession de la place.

Inédit, coloré et pacifiste, le mouvement, au nom du «droit à s'indigner», se veut «apolitique» et dénonce -mêle la mainmise des grands partis sur la vie politique espagnole, l'injustice sociale, la «corruption des politiciens». Mais, surtout, il trahit la frustration de millions d'Espagnols face au chômage qui atteint un taux record de 21,19% et frappe près de la moitié des moins de 25 ans, aux coupes salariales, aux retombées de la crise économique.

La détermination des manifestants, à la veille du week-end électoral, place le gouvernement en position délicate, l'obligeant à choisir entre la méthode policière, très risquée, ou une souplesse qui ne manquerait pas de lui attirer des critiques. «Nous allons appliquer la loi pour garantir les droits et la liberté de l'ensemble des citoyens», a déclaré vendredi le ministre de l'Intérieur, Alfredo Perez Rubalcaba. Le chef du gouvernement José Luis Rodriguez Zapatero a lui assuré que le gouvernement ferait preuve de «compréhension».

un mouvement qui gagnent la plupart des villes d'Espagne

Tout au long de la semaine, les manifestants se sont rassemblés chaque jour plus nombreux à la Puerta del Sol. Le mouvement, dans des proportions moindres, a gagné la plupart des villes d'Espagne. Et en quelques jours, il s'est structuré.

Un camp de bâches en plastique montées sur des structures en bois et de tentes de camping a surgi sur la place, avec des «stands» dédiés à la cuisine, l'accueil, les soins médicaux, et aussi à la communication où de tout nouveaux «porte-parole» tentent d'affiner le message, parfois flou, des contestataires.

Dans la file d'attente devant le stand dédié à la signature de la pétition de soutien, Maria-Jesus Garcia, une fonctionnaire de 40 ans, racontait vendredi être venue «à cause du chômage. Surtout celui des jeunes». Et d'ajouter : «Je vais lire la pétition, et je vais signer», disait-elle. «Mais ils doivent continuer après les élections. S'ils s'arrêtent, cela n'aura servi à rien».
 
 
 
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Lancé à Madrid le 15 mai, un mouvement de protestation sociale surprend un pays en pleine campagne électorale. Le comité électoral a interdit jeudi soir toutes les manifestations
prévues samedi et dimanche car elles coïncident avec la « journée de réflexion » et celle du scrutin. Des milliers de personnes ont passé « une nuit tranquille » selon El Pais puerta del Sol, dans le centre de Madrid.

Le ras-le bol après trois ans de crise est bien réel. Et c'est en ligne, comme lors des révolutions tunisienne et égyptienne, que les jeunes Espagnols ont commencé à se rassembler. Le mouvement du « 15 M » (parce qu'il a démarré le 15 mai) prend le pays de court alors que se tiennent le 22 mai les élections municipales et régionales.

  

► Lundi 16 mai. 15 heures. Puerta del Sol à Madrid, à quelques mètres de la plaque « kilomètre 0 », le point d'où sont calculées les distances routières espagnoles.

Ils sont une petite trentaine de jeunes rassemblés autour de quelques pancartes, d'une table montée sur des tréteaux et d'une poignée de chaises sous un soleil de plomb.

Ce sont les pionniers, les premiers à avoir décidé spontanément, après un vote en assemblée dimanche soir, de camper sur cette place historique, située en plein cœur touristique de Madrid.

S'y est achevée quelques heures plus tôt une manifestation organisée sur Internet et qui a dépassé toutes les prévisions de participation.

 

► Mercredi 18 mai. 15 heures. Même heure, même endroit.

Des bâches en plastique bleu et des auvents donnent un peu d'ombre sur les pavés de la place mais ne protègent pas les nombreux passants du vent qui commence à se lever.

Le mouvement de mobilisation surprise est né ici il y a trois jours et a déjà pris une envergure nationale, que des centaines de personnes s'activent à canaliser. Du même coup, l'agenda des médias et des partis politiques s'en est trouvé bouleversé avant les importantes élections municipales et régionales du 22 mai.

De mémoire d'Espagnol, « on n'avait pas vu ça depuis le début de la démocratie [en 1978, ndlr] », concordent plusieurs journalistes présents.

 

Certains n'hésitent pas à comparer la Puerta del Sol à la désormais fameuse place Tahrir du Caire.

Sur Internet : « Nous ne sommes pas des marchandises »

Il y a trois mois, un groupe de blogueurs et d'internautes se rencontrent sur Internet et fonde une plateforme en ligne qu'ils baptisent « Democracia Real Ya » (« Une vraie démocratie, maintenant »).

Petit à petit, plusieurs centaines de petites organisations les rejoignent en ligne : l'Association nationale des chômeurs, la plateforme des familles endettées par les prêts immobiliers, Jeunesse sans futur, un collectif formé début avril, Attac, les anti-loi Hadopi à l'espagnole, des abstentionnistes convaincus, etc.

Beaucoup de ces associations sont nées avec la crise économique qui a fait grimper le taux de chômage jusqu'à 20% en Espagne, et 45% chez les jeunes.

Pendant des semaines, dans l'indifférence complète des médias – à quelques rares exceptions près – et de la sphère politique, plus de 200 organisations préparent ensemble une série de manifestations prévues le 15 mai dans 50 villes d'Espagne avec un mot d'ordre :

« Nous ne sommes pas des marchandises aux mains des politiques et des banquiers. »

 

Dans son manifeste, la plateforme Democracia Real Ya revendique le fait d'être constituée par des gens « normaux », de tous horizons. Ses membres parlent des lacunes de la loi électorale espagnole qui favorise le bipartisme, dénoncent la corruption, les problèmes d'accès au logement, le chômage, la crise…

Ils sont finalement plus de 60 000 à manifester à Madrid selon les organisateurs, 25 000 selon les autorités. Près de 15 000 à Barcelone et plusieurs milliers dans le reste de l'Espagne.

En Espagne, de rares manifs anti-système

 

Peu politisés, nos voisins n'en sont pas moins capables de se mobiliser rapidement et en masse pour des causes concrètes : contre la guerre en Irak, contre le terrorisme, pour dénoncer la marée noire du Prestige ou encore défendre les droits sociaux.

Pourtant, aux yeux des observateurs espagnols, les manifestations comme celles de dimanche, qui visent le système et expriment un mécontentement général, sont beaucoup plus rares en Espagne.

Les quotidiens espagnols qui n'avaient pas prévu une telle ampleur du mouvement se pressent dimanche soir de faire de la place dans leurs unes du lundi pour l'événement surprise.

Pendant ce temps, sur la place de la Puerta del Sol qui fait face au gouvernement régional mené par les conservateurs du Parti populaire (PP), plusieurs centaines de manifestants votent en faveur d'y camper. Ils ne sont finalement qu'une cinquantaine à y passer la nuit.

Le lendemain, lundi, le mouvement commence à faire tâche d'huile dans d'autres villes. C'est l'un des sujets les plus commentés sur Twitter à l'échelle mondiale. Une nouvelle nuit de camping s'improvise à Madrid.

 

« La police a délogé une concentration pacifique »

 

Ils sont cette fois environ 200 à s'être plus ou moins assoupis à l'aube de mardi lorsque la police les déloge.

Erreur stratégique. Noelia Moreno, 29 ans, qui a justement fait le voyage depuis
Pampelune en Navarre jusqu'à Madrid après avoir appris que les campeurs
avaient été dispersé par les forces de l'ordre, résume :

« Une bonne partie des Espagnols se sentaient déjà “indignés” et voilà qu'en plus la police déloge une concentration pacifique qui ne demandait qu'à faire valoir ses droits. »

 

 Elle fait maintenant office de porte-parole dans l'équipe de communication autogérée des campeurs de Madrid, et ajoute :

« Cela n'a fait qu'augmenter la colère et c'est à ce moment-là que beaucoup d'autres ont décidé de venir soutenir le mouvement mardi soir. »

 

Des étudiants et lycéens… et des personnes âgées

Comme cette diplômée en communication audiovisuelle au chômage depuis trois mois, des milliers de manifestants se sont donc rassemblés, mardi soir à 20 heures, pour une grande assemblée générale.

Ils sont alors une majorité d'étudiants et de lycéens mais on y compte aussi des personnes âgées, des familles et d'autres de tous âges. Beaucoup de journalistes aussi, cette fois.

La Puerta del Sol à Madrid, 8h30 du matin (Elodie Cuzin).

 

A main levée, les assistants décident de rester camper une nouvelle nuit. D'autres campements sont alors prévus dans 43 villes espagnoles, dont Barcelone où les campeurs sont installés sur la Plaza Catalunya depuis la veille, et même devant l'ambassade d'Espagne à Londres.

Chose rare en Espagne : on débat dans le calme

 

A Madrid, plus d'un millier de personnes s'organise en assemblées dès le début de la soirée. Ils y débattent des propositions à concrétiser, de la façon dont ils doivent exprimer leur mécontentement auprès des partis, des infrastructures et de la nourriture, de la propreté…

Place de la Puerta del Sol (Elodie Cuzin).

Des tournées de nettoyage sont d'ailleurs très rapidement organisées et on indique à l'aide d'un petit haut-parleur qu'une association accepte de laisser ses locaux tous proches ouverts toute la nuit pour que les campeurs puissent profiter des toilettes. L'idéalisme pragmatique.

Pour un pays où l'on est habitué à crier lors des débats et à se couper la parole, le civisme des discussions a de quoi interpeller : chacun attend son tour pour parler dans le silence alors que les assemblées dépassent parfois la centaine de personnes.

A 2 heures du matin, les groupes sont encore en pleine discussion. Il reste alors surtout des jeunes.

A la Serge Gainsbourg, mais en moins riche

 

On y débat du système électoral qui favorise le règne des deux grands partis, Parti populaire (PP) et Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), que les manifestants, ironiques, rebaptisent PPSOE.

A la Serge Gainsbourg, mais en moins riche, un orateur décide de se rebeller contre le système en brûlant un billet de 5 euros. Deux jeunes auditeurs pragmatiques s'en amusent :

« Ça va pas ! Donne-le moi ! »

 

Un autre participant dressé au milieu d'un cercle plus réduit suggère :

« Il faut que l'on commence à faire des propositions. »

 

Après une nuit et une journée de débats, ils dévoilent finalement un manifeste mercredi soir.

Zapatero et les socialistes craignent maintenant l'abstention

 

Après un premier moment d'hésitation, tous les partis politiques espagnols font allusion ces jours-ci au mouvement de protestation. Mais la plupart semblent désorientés.

Les socialistes souffrent d'ordinaire plus que les conservateurs de l'abstention en Espagne. Ils observent donc avec une certaine inquiétude ce mouvement de protestation qui, bien qu'il ne rassemble « que » quelques dizaines de milliers de personne sur les près de 35 millions d'électeurs, est symptomatique du désenchantement de nombreux Espagnols.

Les partis politiques et leurs responsables arrivent ainsi depuis des mois au troisième rang de leurs principales sources d'inquiétude, derrière le chômage et l'économie.

En meeting électoral en Extrémadure mercredi soir, le Premier ministre socialiste José Luis Rodriguez Zapatero n'a pas fait allusion directement aux manifestants mais on lisait leur présence entre les lignes. Il a notamment lancé :

« Le vote est le mode d'expression [permettant] d'être critique et exigeant. »

 

 

« Nous n'appelons à voter pour personne en particulier »

Noelia Moreno, depuis la Puerta del Sol mercredi à 15 heures, assure :

« Nous n'appelons à voter pour personne en particulier, mais les grands partis politiques doivent bien être conscients qu'ils ne tireront pas un bulletin de tous ceux qui sont ici, car ils ne nous représentent pas. »

 

Quelques heures plus tard, les autorités qui contrôlent le processus électoral, ont décidé d'interdire le rassemblement madrilène prévu à 20 heures, mercredi soir.

Dans leurs conclusions (PDF, en espagnol), ces autorités estiment notamment que :

« L'appel à un vote responsable auquel il est fait référence [dans la demande d'autorisation du rassemblement, ndlr] peut affecter la campagne électorale et la liberté du droit des citoyens à exercer le droit de vote. »

 

Les manifestants ont toutefois maintenu la convocation. Malgré une présence policière plus insistante que la veille, ils étaient encore des milliers rassemblés mercredi à 20 heures sur la Puerta del Sol. Un cri de joie a accueilli l'annonce qu'un petit campement s'organisait aussi à Paris.

Assemblée générale à la Puerta del Sol à Madrid (elodie Cuzin).

 

 

►Mis à jour le 20 mai 2001 à 11h30.

Depuis mercredi, le comité électoral de Madrid a interdit le rassemblement dans la capitale. Mais les forces de l'ordre ne sont pas intervenues. Le ministre de l'intérieur dit qu'elles sont là pour éviter d'empirer la situation. Le campement est devenu énorme. À Barcelone aussi il s'est consolidé.

Le comité électoral a interdit jeudi soir toutes les manifestations prévues samedi et dimanche car elles coïncident avec la « journée de réflexion » et celle du scrutin.

Les campeurs réunis à Madrid vont décider à midi de la marche à suivre. Ils appellent dores et déjà les participants à lancer un grand cri muet samedir à 00h05 sur la Puerta del Sol.

« Le ministère de l'intérieur agira intelligemment », a déclaré le premier ministre espagnol José Luís Rodriguez Zapatero vendredi matin dans une interview accordé à la radio Cadena Ser.

  

 

Photos : rassemblement de mardi 17 mai 2011 sur la place de la Puerta del Sol, à Madrid (Santi Carneri/Flickr) ; rassemblement de la nuit de mardi 17 mai au mercredi 18 mai 2011 sur la place de la Puerta del Sol, à Madrid (Elodie Cuzin).

 

 
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20 mai 2011 5 20 /05 /mai /2011 03:55

Espagne

 


 

 

 

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Vers un printemps espagnol ?

 

 

Le décor est planté. Une place : la Puerta del sol à Madrid. Des manifestants : "los indignados" (les indignés). Un pouvoir paralysé : Zapatero au bord du gouffre électoral qui se joue le 22 mai.

 

Depuis plusieurs jours déjà, un mouvement spontané de chômeurs et de précaires s’est rassemblé autour de la Puerta del Sol. Depuis le 14 mai, la foule afflue dans ce haut lieu de l’Espagne moderne. À la suite de manifestations organisées au niveau national pour dénoncer la précarité, un noyau dur de jeunes s’est lancé à Madrid dans une sorte de "printemps espagnol". Plus de 15.000 personnes, selon El País, sont concentrées autour de cet endroit symbolique de la capitale espagnole.

 

Madrid Manif Viva la revolucion

 

Habituellement, on y égrène les secondes avant le Nouvel An tout en mangeant quelques grains de raisin. Mais, là, une contestation est montée sans que le pouvoir ne puisse faire quoi que ce soit. Spontanée, totalement naturelle… une démonstration de force des "indignés" se fait jour sans que personne n’imagine une fin au mouvement. Les photos aériennes montrent la marée humaine. Des quotidiens parlent déjà de 22.000 personnes. Les slogans[1] :

 

“Somos ciudadanos y tenemos derecho a indignarnos”

“Indignados y organizados”

 

 

Les jeunes sont très représentés. Leur condition sociale est désastreuse…. ceux qui n’ont pas de boulot, ceux qui en ont et n’arrivent pas à payer les factures. Du Zola version 2011.

 

Sur la place, tout va vite. On échange beaucoup. C’est décrit comme extraordinaire par certains tweets… 15.000 hommes, femmes et enfants se sont massés et parlent, parlent et parlent encore. La parole s’est vraiment libérée. L’ambiance y est extraordinaire. Tous discutent entre eux et partagent leur vie d’indignés. Ils sont tous au chômage, sans espoir et confrontés aux réductions budgétaires que la crise a portées depuis plusieurs années. Rappelons que l’Espagne est lourdement touchée. Les chiffres de l’emploi sont catastrophiques avec 20 % de chômeurs et des aides sociales presque insignifiantes.

 

Plus de 500 policiers surveillent le mouvement. Pas d’intention d’agir selon les manifestants. Pas de directive de la part de l’État. Seule une juridiction centrale a exigé la dissolution de la manifestation pour des raison électorales. Ne pas gêner le scrutin qui se déroulera le 22 mai.

 

Mais autre chose se joue. Sur Twitter, on pétitionne déjà pour que les "indignés" puissent continuer leur mouvement. Twitter continue à donner le pouls de ce printemps espagnol pacifique et si fort. Alors que le FMI vient de perdre une tête pour des raisons obscures, les jeunes Espagnols se sont pris en main. Ils sont là au cœur de Madrid, partageant leur vie abrupte, discutant, parlant et faisant bloc.

 

 

Certains disent n’avoir jamais vu autant d’échanges… C’est sûrement cela qui est nouveau. Comme si le flot de discussion qu’on trouve sur Facebook s’était matérialisé subitement à la Puerta del Sol.

 

Los "indignados" sont sortis de chez eux, de leur torpeur, de leur précarité angoissante. Ils ont conflué vers un point symbolique comme pour rappeler que les décisions politiques actuelles sont vécues douloureusement. Les "15 miles de la Puerta del Sol" sont , incontournables. Le pouvoir est en face…

 

 

Derrière ces hommes et femmes rassemblées, on sent un soutien populaire plus large. 20% d’un peuple sans emploi, c’est assez représentatif en termes de réservoir humain. Un printemps espagnol se dessine. Un peuple de précaire se lève, simplement, parlant, échangeant et refaisant le monde. Le printemps arabe a probablement ouvert les yeux d’une génération entière.

 

C’est à Madrid, à la Puerta del sol. Cela aurait pu être une chanson de Mecano. C’est bien mieux : c’est l’Espagne de demain qui se lève. Oui, un peuple reprend peut être son destin en main. Pacifiquement…

 

 

 

[1] Somos ciudadanos y tenemos derecho a indignarnos = nous sommes des citoyens et nous avons le droit de nous indigner

 

Indignados y organizados = indignés et organisés

 

Lien : http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1108;vers-un-printemps-espagnol-los-indignados-a-la-puerta-del-sol.html

 

 

 

 

 

 


 

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19 mai 2011 4 19 /05 /mai /2011 03:19
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Revolution en Epagne, les "indignés" à Madrid et Barcelone
Des centaines de milliers de jeunes prennent place sur les places de Madrid, de Barcelone, et de quantité d'autres villes Espagnole, qui sont de plus en plus nombreux chaque heure qui passe.

Une carte interactive recense les "acampadas"

Le "mouvement des indignés" semble avoir démarré il y a peu de temps avec quelques centaines de pionniers... Ils sont maintenant innombrables... Ils ont lancé le hashtag #spanishrevolution sur les réseaux sociaux, qu'on peut aussi suivre avec #spanishrevolution_FR. Le mouvement semble de même nature que celui qui a secoué les pays Arabes. L'Espagne veut la démocratie, la liberté, l'égalité, et la fraternité.



L'espagne est totalement asséchée monétairement après avoir vécu sur l'illusion d'injection massive d'argent dette arbitrairement déversée sur la construction immobilière.

Les banques espagnoles après la chute de cette nouvelle bulle créée par ce système monétaire indigne d'une démocratie, se sont retrouvées dans les pires difficultées d'un point de vue purement comptable, mais ont été renflouées, contrairement à la règle de la faillite qui vaut pour tous les autres acteurs de la société.

Des espagnols déterminés et pas contents

Le chômage résultant est massif, et les gens eux, n'ont pas été renfloués. Ils sont donc mécontents. Ils sentent qu'il y a un truc qui cloche quelque part. Ils doivent avoir raison, il y a certainement un truc qui cloche quelque part en effet.

La jeunesse la vigueur et l'intelligence manifeste des jeunes manifestants, loin d'être aussi c... que leurs aînés, semble pencher vers une cause que la Théorie Relative de la Monnaie a clairement identifiée : Ce système monétaire a été bâti comme si les hommes ne naissaient pas libres et égaux, et sans tenir compte de l'égalité devant la création monétaire de tous les hommes présents et entrants dans le flux temporel.
Source : http://www.creationmonetaire.info/
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18 avril 2011 1 18 /04 /avril /2011 05:12

La fille du président déchu ivoirien, Laurent Koudou Gbagbo, était l’invitée, hier, de la chaîne américaine CNN. Marie-Antoinette Gbagbo Singleton a recruté des ténors français du barreau, les avocats Jacques Vergès, Roland Dumas et Gilbert Collard, pour défendre l’honneur bafoué de son père, dit-elle. On peut noter entre autres, la participation des avocats François Epoma et Habiba Touré, un panel d’avocats donc, tous du barreau de Paris.

 

 

Marie-Antoinette Gbagbo Singleton, encore en fonction comme vice-consul à l’Ambassade ivoirienne à Washington, était donc en duplex, puisque la chaîne américaine CNN a son siège à Atlanta. Interrogée par la journaliste américaine, elle a récusé les accusations selon lesquelles, son paternel s’accrochait au pouvoir, après avoir perdu les élections.

Selon elle, il n’en est rien, puisque la Conseil constitutionnel, plus grande institution de la République ivoirienne l’a reconnu comme président élu. Dans sa diatribe, elle s’est faite l’accusatrice de la France et de l’institution onusienne, arguant que cette dernière avait surpassé le droit, en s’ingérant dans les affaires ivoiro-ivoiriennes et n’avait aucun mandat pour arrêter ou faire arrêter son père. Auparavant déjà, sur la chaîne NBC, avant l’entrée de la France dans la guerre, la fille du président sortant ivoirien, accusait les forces onusiennes d’être responsables des violences dans son pays et d’avoir « combattu aux côtes des rebelles ». Dans cette interview, elle déclara notamment, que leur lutte est la libération de la Côte d’Ivoire contre l’impérialisme. Elle disait ne pas avoir peur de la suite des évènements, car Dieu était de leur côté…

Dans l’interview de CNN en dessous, elle a dénoncé, à juste titre d’ailleurs, le traitement de choc qu’ont subi ses parents, s’étonnant de l’incarcération des membres de sa famille n’ayant aucun rôle politique. Ainsi, elle a parlé de son frère, Michel, et des autres. Elle déplore le fait qu’elle ne peut entrer en contact avec sa famille. Sur la situation en Côte d’Ivoire, elle dénonce un vent de terreur, la population qui est apeurée, le vol, la dévastation. Elle a récusé le fait que le conseil constitutionnel soit pro-Gbagbo, insistant aussi sur la Commission électorale indépendante (CEI) qui est aussi pro-Ouatarra et le RHDP. Elle a déclaré enfin que, avec les « tueries » d’Alassane Ouatarra et ses « rebelles » qui font de l’ »épuration » ethnique, la Côte d’Ivoire ne sera jamais unie. Écoutez-la plutôt.

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15 avril 2011 5 15 /04 /avril /2011 03:31

Par Olivier Mukuna

Après une semaine de bombardements sur Abidjan et le massacre de milliers de civils, l’État français a capturé Laurent Gbagbo. L'objectif est immuable : contrôler ce pays pétrolier par l'imposition d'une pseudo-démocratie acquise à la spoliation de son riche sous-sol au profit de l'Occident. Se cachant derrière des Nations-Unies à la solde des USA, le shérif français a revalidé un vieux concept nord-américain : la démocratie s'impose de l'extérieur. A coups de trucages électoraux, de propagande médiatique et de missiles dernier cri ! Par ses crimes de guerre en Afrique, la France de Sarkozy est définitivement entrée dans l'Histoire. Comme une puissance coloniale névrosée qui s'accroche « à son rang », en écrasant dans le sang toute velléité d'indépendance ...

 

Il y a presque un an, la Belgique et la France commémoraient le cinquantenaire des « indépendances » africaines. Le géant Congo-Kinshasa était officiellement à la fête chez les Belges ; 17 pays d'Afrique du Nord et de l'Ouest, chez les Français. En ce triste jubilé, l'omission politique des-vérités-qui-dérangent étaient bien sûr de rigueur. Suivie des habituels mensonges servis au dessert : « Il y a en Afrique toutes les formes de gouvernement. La France n'a pas pour vocation de s'ingérer dans les affaires locales ; elle travaille avec les gouvernements reconnus (...) La relation entre la France et l'Afrique ne serait jamais banale, mais elle est en train de devenir normale » (1) ... Tenus en février dernier par l'ex-ministre UMP Jacques Toubon, ces propos confirment l'ampleur de la déconnexion du personnel politique françafricain. Des mots ubuesques émis tandis que la crise électorale ivoirienne battait son plein, que l’État français - lourdement impliqué dans la partition de ce pays d'Afrique de l’Ouest depuis 2002 - réaffirmait son soutien à Allassane Ouattara et que Sarkozy jouait, sur la scène européenne, le barde des sanctions économiques contre Laurent Gbagbo. En termes de « vocation à ne pas s'ingérer », on allait voir pire et beaucoup plus sanglant.


Cadrage médiatique mensonger

Après trois mois d'intox et d'omissions diverses martelées par les médias-aux-ordres, l'ennemi des espoirs démocratiques africains (2) lançait ouvertement son pays dans une guerre contre la Côte d'Ivoire. Finies les ruses, manœuvres et cachotteries de couloirs : l'agent franco-américain Ouattara risquait de perdre la partie. Comme tous ses prédécesseurs dès qu'il s'agit d'Afrique, Sarkozy s'est également assis sur les prérogatives de son gouvernement et celles des députés de l'Assemblée Nationale.

Premier acte : réarmer et conseiller la rébellion du nord pro-Ouattara afin qu'elle attaque la capitale économique Abidjan. Objectif : renverser par les armes Laurent Gbagbo, président reconnu par le Conseil constitutionnel. La plus haute juridiction ivoirienne inlassablement dépeinte comme un « collectif sous influence » par quelques puissances « démocratiques » d'Occident, autoproclamées « Communauté internationale ». Contrastant avec les médiasmenteurs payés pour minimiser ou absoudre le rôle colonial de la France, l'indépendant Canard enchaîné lâchait le 6 avril : « Selon plusieurs témoignages d'officiers supérieurs au « Canard », la France a appuyé la conquête du sud du pays par les forces de Ouattara. L'un d'eux, proche de l’Élysée, se félicite de 'notre efficacité dans l'organisation de la descente sur Abidjan'. Il est vrai qu'en moins de quatre jours les Forces républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI) ont parcouru, sans grande résistance, la moitié du pays. Un autre galonné, membre des services de renseignement, confie  : 'On a fourni des conseils tactiques aux FRCI', mais aussi 'des munitions et des Famas' (fusils d'assaut) » (3).

Deuxième acte : les forces française Licorne - dont l'une des spécialités est de tirer sur des civils désarmés (4) - enchaînait avec le bombardement continu de sites stratégiques d'Abidjan dont la résidence présidentielle. A proximité de laquelle s'était rassemble un millier de civils. Bilan provisoire : plus de 2500 morts (civils et militaires) dans la seule nuit du 4 au 5 avril. Un chiffre qui n'est toujours pas mentionné, repris ou contesté par les médias français. Si « les combats font rage  », il semble « surhumain » d'établir une estimation du nombre de victimes dues aux bombardements français ... A cette nouvelle boucherie made in France s'ajoute celle de Duékoué, commise par la rébellion pro-Ouattara (réarmée par la France). Près d'un millier de victimes abattues ou découpées à la machette. Sans compter le nombre indéterminé de cadavres dans les zones occupées par les rebelles et la force Licorne ; le pillage des banques et du cacao ivoiriens par la force Licorne, etc.

Troisième acte : l'arrestation de Laurent et Simone Gbagbo. Les bombardements préalables ont permis de perforer le bunker présidentiel. Une trentaine de chars encerclent ensuite la résidence présidentielle pendant que trois hélicoptères assurent la couverture aérienne de l’opération. La garde présidentielle décide de se rendre. Les forces spéciales de Sarkozy défoncent le portail de la résidence, arrêtent Gbagbo et le livrent aux rebelles pro-Ouattara. Histoire de tenter d'accréditer une énième mascarade de « non-ingérence française » ...

En s'éloignant des charlatans de « l'intervention humanitaire » et autres « protecteurs des populations civiles », une double question s'impose. Pourquoi cette agression coloniale et pour défendre quels intérêts ? Cette interrogation cruciale bénéficiera-t-elle enfin d'une saine confrontation d'arguments dans les médias occidentaux ?


Les démocrates à temps partiel

Suite à la proclamation des résultats électoraux définitifs par le Conseil constitutionnel ivoirien, le récit médiatique européen de la crise africaine a soulevé une débauche de « complexité ». « Alassane Ouattara, le président reconnu par la communauté internationale » est empêché d'exercer ses fonctions par le « président sortant Laurent Gbagbo qui s'accroche au pouvoir  ». Le « bon » démocrate du FMI contre le « mauvais » tyran d'Abidjan. Cette habituelle diabolisation justifiant l'impérialisme guerrier contredit le discours selon lequel la Côte d'Ivoire demeure un pays souverain et ses Institutions, légitimes. Tout le problème est là. Ajouté au péché originel de toutes les parties d'avoir entériné un processus électoral bancal sans désarmement préalable de la rébellion nordiste. Pour autant, même dans ces funestes conditions, les deux candidats à la présidence ivoirienne ne se sont pas soumis au suffrage d'une pseudo-communauté internationale, mais bien à celui des Ivoiriens et de leur Institutions ...

Lorsque le Conseil constitutionnel n'a pas reconnu Alassane Ouattara comme président, en démocrate cohérent, le candidat malheureux devait se retirer. Son parrain Sarkozy, qui avait lui-même souligné le rôle décisif du Conseil constitutionnel (5), aurait dû, en démocrate cohérent, reconnaître la victoire de Laurent Gbagbo. Enfin, l'ONUCI ne pouvait faillir à son devoir d'impartialité au bénéfice d'Alassane Ouattarra. Mais dès qu'il s'agit de contrôler les richesses de la Côte d'Ivoire, tout ce « beau monde » n'est plus démocrate et retrouve ses pulsions coloniales. Donnant libre cours aux coups tordus, à la propagande et à l'agression militaire d'un pays membre des Nations-Unies. Peu importe qu'en 2000, aux États-Unis, une crise électorale quasiment similaire a conduit la Cour suprême américaine à trancher en faveur de Georges W. Bush. Le candidat malheureux, Al Gore, comme le reste de la planète, se sont incliné. Par souci démocratique pour le premier et parce qu'aucun pays - encore moins l'ONU ! - n'envisagerait de s'ingérer dans les affaires intérieures de la première puissance militaire mondiale.

La crise ivoirienne et l'historique résistance de Laurent Gbagbo ont rendu limpide la détermination criminelle de ce colonialisme prédateur occidental en Afrique. Au-delà des discours et des fêtes hypocrites aux pseudo-indépendances, chacun a pu constater que les règles de souveraineté démocratique sont réservées aux seuls pays occidentaux, riches et surarmés. Et les USA d'Obama veillent au statut quo ! Avec le développement des bases militaires de l'Africom, tandis que les armées françaises se chargeront de bombarder les chefs d’États africains aux velléités d'indépendance.

Des évidences à ce point omniprésentes sur le net que deux médias traditionnels français, LCI et BFM, ont fini par interroger certains analystes et politiques contredisant l'étouffante propagande. Tel l'africaniste Michel Galy qui déclare sur LCI : « Alassane Ouattara est lié depuis 2002 à cette rébellion qui a pris les deux tiers pays et qui instaure un système de racket, de violences continues. Oui, il s'agit d'un régime de la terreur qui prouve, à mon sens, que les élections n'y sont pas valables » (6). En soulignant l'incontestable fraude électorale massive commise au nord, Galy torpille la propagande médiatique décrivant un président injustement floué d'une « victoire démocratique  » par un « dictateur qui s'accroche au pouvoir »




L'émancipation ou l'asservissement

Sur le « rôle ambigu de la France » dans l'arrestation de Laurent Gbagbo, l'ex-délégué à l'Afrique du PS, Guy Labertit tord aussi le cou aux complaisances journalistiques : « Il n'y a hélas aucune ambiguïté : ce sont les rafales des hélicoptères Licorne qui ont mis à mal le portail de la résidence et ce sont des chars français qui sont entrés dans la Résidence. Le général qui a remis son arme, en signe de réédition, l'a remis à un Français de la force Licorne. Donc, il n'y a aucune ambiguïté : ce sont bien les éléments de la Force Licorne qui sont allés chercher M. Gbagbo pour le remettre aux force de M. Ouattara ».

Et le socialiste français d'offrir une lecture chronologique longtemps absente d'antenne concernant le « tyran  » Gbagbo : « Depuis que M. Gbagbo a été élu en 2000, il n'a cessé d'être déstabilisé. Il faut savoir que ceux qui l'emportent aujourd'hui sont ceux qui ont organisé le coup d’État en 2002 et je crois que ceux qui ont pris les armes sont ceux qui ont eu besoin de la France pour aller chercher M. Gbagbo. J'ajoute que si Laurent Gbagbo n'a pas bougé depuis le mois de décembre, c'est parce que ces élections ont été truquées au nord (du pays) et il a raison de dire qu'il n'a pas perdu ces élections. Mais ça, c'est l'Histoire qui le montrera  ». (7)

Hormis un éternel catalogue d'injonctions pénalisantes ou des bombes sur la gueule en cas d'opposition, que peut encore attendre l'Afrique des puissances occidentales (France, UE, USA et ONU) ? Après le hold-up électoral ivoirien ; après ces milliers de civils bombardés et ces nettoyages ethniques encouragés ; après l'humiliante arrestation des époux Gbagbo faisant le tour du monde. Images qui - pour tout africain indépendamment de ses convictions - présente d'horribles similitudes avec celles de l'arrestation de Patrice Lumumba au Congo, il y a un demi-siècle ... Héritière peu repentante de la Traite négrière, actrice d'un interminable colonialisme, assumé ou masqué, la France de Sarkozy est définitivement entrée dans l'Histoire. Et poursuit avec morgue ses mystifications et ses massacres rentables afin de conserver la rente de pillage de son « pré carré ».


Le retour « décomplexé » de l'impérialisme français, avec son maître nord-américain en embuscade, place les Ivoiriens et les populations d'Afrique face à un devoir de lucidité. Avec pour horizon, une seule alternative au regard de siècles d'Histoire. L'émancipation par tous les moyens nécessaires ou la perpétuation d'un asservissement modernisé ? Pour celles et ceux qui aspirent à l'accession d'une indépendance démocratique, garante d'un développement et d'une prospérité économiques, il n' y a plus 36 échappatoires ! Mais un seul chemin. Sur lequel se scande un mot d'ordre révolutionnaire forgé par le peuple tunisien : « Sarkozy, Obama, Ouattara, dégagez d'Afrique ! ».

  1. Le Canard Enchaîné, 6 avril 2011
Source : michelcollon.info

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