Quinze mille Grecs inspirés par les "indignés" d'Espagne se sont rassemblés mercredi devant le siège du Parlement, à Athènes, pour protester contre les mesures d'austérité. (Reuters/Yiorgos Karahalis)
Quinze mille Grecs inspirés par les "indignés" d'Espagne se sont rassemblés mercredi devant le siège du Parlement, à Athènes, pour protester contre les mesures d'austérité aux cris de "voleurs!".
"Dehors, la junte du FMI!", clamait l'une des banderoles brandies lors de cette première manifestation apolitique depuis le début de la crise liée à la dette publique.
Le rassemblement, organisé via Facebook, répondait à un slogan des manifestants espagnols, invitant les Grecs à "se réveiller".
"Nous sommes réveillés! Quelle heure est-il? L'heure qu'ils s'en aillent!", leur ont-ils répondu par banderole interposée, évoquant leurs dirigeants.
"Ça me met en colère que les Espagnols disent que nous sommes endormis. C'est le moment de se réveiller. On ne peut pas continuer comme ça", s'est indignée Elsa Karanikola, une femme au foyer de 45 ans qui a pris part à la manifestation d'Athènes, place Syndagma, où toutes les catégories d'âge étaient représentées.
En quelques jours, le groupe Facebook "Colère à Syndagma" a rassemblé 30.000 membres. D'autres manifestations ont eu lieu à Thessalonique, dans le Nord, et à Patras, dans l'Ouest.
Le gouvernement grec a annoncé lundi une série de privatisations et a promis de nouvelles mesures d'austérité pour assainir les comptes publics.
Dina Kiriakidou, Jean-Philippe Lefief pour le service français
Par ReutersLes "indignés" français ont laissé des traces place de la Bastille.
Le mouvement des "Indignados" né en Espagne, place de la Puerta del Sol à Madrid, trouve des échos dans toute l'Europe. En France, la mobilisation est encore faible.
La Bastille à Paris, la place Bellecour à Lyon, du Capitole à Toulouse, Victor Hugo à Grenoble ou celle de la République à Lille vont-elles être assaillies par des campeurs "indignés" dans les prochains jours? C'est en tous cas la volonté des collectifs qui les ont déjà prises d'assaut, surfant sur une vague qui, venue de Tunisie ou d'Egypte, a traversé la Méditerranée pour se développer en Espagne. Des initiatives très hispaniques, soutenues par des étudiants espagnols en Erasmus qui commencent à se franciser.
La "Réelle Démocratie Maintenant" se veut apolitique et prône la fin du système oligarchique. "Les politiques et les élites dans leur ensemble sont déconnectés de la réalité, dénonce Julien Kien, étudiant en Master II à la Sorbonne et fondateur du collectif Pas de Nom. Ce mouvement va au-delà des partis et concerne tout le monde. Les différentes affaires politiques et la crise de 2008 ont montré les limites de ce système. C'est l'occasion pour nous de faire des propositions concernant la justice, l'éducation, l'armée ou la Santé."
Sur les marches de l'Opéra Bastille, ils sont une centaine, surtout des jeunes étudiants pessimistes pour leur avenir, à avoir posé bagage. Loin du "village" de Madrid, dont les habitants se comptent en dizaine de milliers. Mais ils assurent recevoir les encouragements de retraités et de travailleurs de toutes sortes.
"Ce n'est pas très organisé et c'est bon signe, se réjouit Julien Bayou, du collectif Génération Précaire. Cela signifie que le mouvement est libre." Le jeune élu du conseil régional d'Ile-de-France est pourtant assez pessimiste sur les suites de la mobilisation en France: "Le contexte économique est le même qu'en Espagne, pas le contexte politique, analyse-t-il. La perspective d'alternance en 2012 laisse un espoir à bon nombre de Français découragés."
A travers les réseaux sociaux sur Internet, Facebook ou Twitter en particulier, les plus motivés tentent de rameuter des partisans et d'éviter l'instrumentalisation idéologique qui pourrait détourner leur message. "Nous sommes en pleine période de partiels, explique un étudiant de Nanterre, qui préfère s'atteler aux révisions. Je soutiens le mouvement, qui n'est plus seulement espagnol et s'étend y compris au Chili ou aux Etats-Unis. Mais, il ne faut pas que les anarchistes les moins audibles prennent la tête des cortèges!"
Prochain rendez-vous le 29 mai, place de la Bastille à Paris, les "Indignés" pourront juger de leur capacité de mobilisation.
Lien : http://www.lexpress.fr/actualite/societe/les-indignes-francais-veulent-prendre-le-relais_996533.html
Nouvelles en «vrac» par Antoine
« Salut à tous,
Des nouvelles de Bastille.
Nous avons assisté, Gabriel, Daniel, Pierrot et moi à une belle assemblée générale. Eric est passé aussi. Et Amdi du 14 janvier sur la fin. Beaucoup de gens qui ne font pas parti du milieu militant habituel, ce qui est bon signe sur leur capacité à mobiliser. L'autre bon signe est la dimension internationale que les espagnoles ont réussi à donner à leur mouvement, présent dans toute l'Europe (30.000 personnes à Athènes, des assemblées partout en Europe, en Amérique N et S, ...). Le fonctionnement AG + commission est très bien mais pas assez rodé. Ils vont organiser une coordination des AG françaises.
Ce n'est pas vraiment un mouvement populaire en France, mais c'en est bien un en Espagne et peu le devenir partout où les raisons sociales le demandent.
Ce qui est intéressant c'est que le mouvement social en rebondissant sur l'actualité peut reprendre l'initiative, sans attendre un projet de réforme.
Ont été évoqués : les diffs sur les lieux de travail et dans les universités, la grève générale, etc ...
Je pense que ce mouvement n'est pas encore aboutit sur ses revendications, mais en comporte suffisamment (précarité, racisme, institutions internationales, non au TCE, ...). Nous pouvons contribuer à l'enrichir malgré la dimension "individuelle" apartidaire. Ce qui suppose que chacun vienne en temps qu'un individu, ce qui est un souhait assez ferme des organisateurs.
Surtout nous pouvons aider à faire le lien avec les révolutions arabes :
- nos panneaux seront les bienvenus dimanche pour la grande journée.
- samedi, nous ferons le point fixe à Barbès (RV 10h), rejoints à 13h par un collectif quartiers populaire (qui exactement ?) et à 14h par la manifestation d'ailleurs nous sommes d'ici, cette manifestation se dirigera vers République, où il y aura un concert, puis nous inviterons à rejoindre la Bastille.
- nous avons pris contact avec la commission "internationale" pour faire le lien militant avec les révolutions arabes
Vous êtes donc tous invités à :
- proposer des articles pour les panneaux d'ici vendredi matin
- venir à l'AG Bastille vendredi soir
- venir au point fixe à Barbès samedi matin pour une longe et riche journée militante
- rejoindre Bastille dimanche en début d'après midi.
- faire tourner ces informations
Chronophage !
Le site officiel : http://reelledemocratie.com/
Quelques chiffres: 30 000 à Athènes ,plus de 500 à Paris, 200 à Bayonne, 200 à Nantes, 100 à Pau, 300 à Rennes, 300 à Toulouse, 150 à Lyon, 150 à Montpellier, 150 à Grenoble, 100 à Nancy. ça monte !!
PS pour ceux qui sont disponibles, action demain à 9h contre le G8 à Stalingrad.
RV demain jeudi à 19h au local ATTAC 21 ter rue voltaire pour une réunion sur la dette tunisienne »
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Les "Indignés" espagnols
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Quand ils sont d'accord, ils lèvent les mains au ciel et les bougent comme des marionnettes. Le seul bruit qu'on entend alors, c'est le léger tintement des bracelets au poignet des filles. Pas un cri, pas une prise de bec, pas un juron. Quand ils ne sont pas d'accord, ils miment, toujours avec leurs doigts, une bouche qui se ferme. Pour se faire entendre, ils se passent de petits mégaphones à piles qui nasillent les mots d'une « révolution » en cours. Pacifique et sans doute implacable.
Voilà bientôt une quinzaine de jours que le coeur de Madrid (et de nombreuses villes espagnoles) vibre d'assemblées menées à un train d'enfer. Tôt le matin, et jusqu'à très tard dans la nuit. Ce jour-là, la Puerta del Sol, la Porte du Soleil, n'a jamais aussi bien porté son nom. Il n'est pas midi et l'astre jaune cogne sec sur ces centaines de jeunes gens assis sur le pavé. Des mains bienveillantes vaporisent de l'eau. LesIndignés, comme ils se désignent eux-mêmes, ont sorti les ombrelles.
C'est un immense bivouac foutraque de tentes Quechua, de bâches bleues tendues sur des tonnes de revendications, d'utopies et de rêves. C'est une pluie incessante de slogans, d'aphorismes, de pensées couchées à la volée sur des bouts de papier qu'on colle ou qu'on épingle ici et là. Et qui font des guirlandes. L'inusable « Si vous ne nous laissez pas rêver, nous ne vous laisserons pas dormir » se frotte au rugueux« Les gens honnêtes au soleil, les corrompus à l'ombre ».
« Depuis le temps qu'on se plaint, on savait que ça allait arriver. Au moins, le monde entier sait qu'on n'est pas contents. » Cristina, Sayoa et Claudia ont 22 ans. Les deux premières se préparent à devenir institutrices. La troisième arrive de Londres où elle a terminé en janvier des études dans la mode. « Je vais être obligée de repartir,se résigne-t-elle. Je ne trouve rien ici. RIEN. De toute façon, quand tu trouves une place, on t'exploite. »
Tous ces jeunes, étudiants, travailleurs précaires, chômeurs ,continuent évidemment à vivre chez papa-maman, dans une capitale où les loyers et les garanties exigées par les propriétaires deviennent « délirants ». Cristina marmonne : « Quand je vois mes grands-frères de 34 et 26 ans qui habitent toujours à la maison ! »
« Une réaction sentimentale »
Au terme d'un reportage que nous avions effectué il y a trois mois en Espagne, nous nous étonnions que la jeunesse de ce pays garde encore son calme. Près de cinq millions de chômeurs, 43 % des jeunes sans emploi, record européen. L'âge de la retraite qui passe à 67 ans, l'aide de 426 € aux chômeurs en fin de droits supprimée !
À la mi-mai, les digues ont fini par tomber en poussière. Sous l'effet conjugué des élections municipales et de l'adoption d'une loi contre le téléchargement gratuit de la musique et des films sur Internet. La turbine des réseaux sociaux, Facebook, Twitter,a fait le reste.
« Ce mouvement, analyse le sociologue Gonzalo Caro, spécialiste de la jeunesse,est plus civique qu'idéologique. C'est une réaction émotive et sentimentale. Une indignation. Par exemple, on n'accepte plus qu'une grande banque, aidée par l'État pendant la crise, fasse des millions de bénéfices pendant qu'un demi-million de familles sont expulsées de leur maison. »
Le tsunami politique qui a balayé dimanche les socialistes du PSOE au profit des conservateurs du PP n'a pas ému les Indignés. « Les uns et les autres n'arrêtent pas de se passer, de se repasser la balle, s'indigne Miriam, 26 ans, diplômée en sciences économiques. Ça me donne la chair de poule. » Pour Gonzalo Caro, « ce mouvement défend des principes éthiques sur le fonctionnement politique plutôt qu'une prise de pouvoir. »
Jusqu'où ira cette vague hétérogène qui brasse jeunes, vieux, étudiants, chômeurs, précaires, squatters, gens de gauche, de droite et « d'autres qui s'en foutent » ?Fernando, 27 ans, pizzaïolo, jure : « Que ce soit clair : on n'est pas anti-système. Nous sommes des gens normaux. On veut juste vivre dans un monde civilisé. Où la politique est au service des gens. Qu'on en finisse avec l'arnaque et le mensonge. »
Lien : http://www.ouest-france.fr/actu/actuDet_-Avec-les-Indignes-au-coeur-de-Madrid-_3639-1810189_actu.Htm
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