Des milliers de manifestants réclamaient vendredi le départ du président Zine El Abidine Ben Ali à Tunis et en province, au lendemain d'une intervention du chef de l'Etat pour tenter de mettre fin à une contestation sans précédent, selon des correspondants de l'AFP et des sources syndicales.
A Tunis, des manifestants ont défilé dans la matinée sur l'artère principale, l'Avenue Bourguiba, sans être inquiétés par la police. De centaines au départ, leur nombre n'a cessé de gonfler atteignant des milliers et ils étaient toujours dans la rue à la mi-journée.
"Non à Ben Ali", "Soulèvement continu, non à Ben Ali", ont-ils crié en entonnant l'hymne national. Des avocats en robe noire faisaient partie de la manifestation.
Aucun incident n'a été signalé en dépit de l'absence de service d'ordre. Un manifestant qui a jeté une pierre sur le siège du ministère de l'Intérieur a été conspué par la foule.
Des manifestations se déroulaient également dans plusieurs villes de province, selon des correspondants et syndicalistes qui n'ont pas signalé de violences.
A Tunis, la marche a été bloquée un moment par un cordon de policiers avant de pouvoir défiler devant le ministère de l'Intérieur, placé sous forte protection, et sur le toit duquel était posté des guetteurs filmant la marche.
"Le ministère de l'Intérieur est un ministère de la terreur" et "hommage au sang des martyrs" ou encore "non, aux Trabelsi (ndlr: la belle famille du président) qui a pillé le pays", ont également scandé les manifestants.
Devant le ministère, Radia Nasraoui, avocate et militante des droits de l'homme, a demandé des éclaircissements sur le sort de son mari, Hamma Hammami, dirigeant du Parti des ouvriers communistes tunisiens (POCT).
"Nous voulons des actes et non des paroles", a-t-elle déclaré disant être toujours sans nouvelle de son mari arrêté mercredi.
Une grève générale de deux heures était prévue dans la région de Tunis à l'appel de l'unique centrale syndicale, l'Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT).
Sidi Bouzid (sud-ouest) d'où est parti, il y a un mois, la contestation, a aussi connu une manifestation hostile au président tunisien, selon un correspondant de l'AFP.
"Ben Ali dehors", ont crié les manifestants, quelque 3.000 personnes, tandis qu'à Regueb, non loin de là, plusieurs centaines de personnes ont lancé des slogans hostiles au chef de l'Etat.
Dans cette localité où des habitants observent un sit-in de protestation pour la cinquième journée consécutive, des manifestants ont dressé des tentes Place 7 novembre (date de l'arrivée au pouvoir de M. Ben Ali en 1987) et ont rebaptisé le lieu "Place des martyrs".
A Kairouan (centre), une marche s'est déroulée aux cris de "Ben Ali dehors", alors que ce même slogan a été crié des manifestants à Gafsa, dans le sud-ouest, selon des sources syndicales.
"Je vous ai compris", a martelé à plusieurs reprises le chef de l'Etat, au pouvoir depuis 23 ans, dans un discours à la Nation, le troisième prononcé depuis le début des émeutes mi-décembre.
Ce mouvement et sa sanglante répression ont déjà fait au moins 66 morts, selon une ONG.
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