Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
3 février 2012 5 03 /02 /février /2012 22:29

Avertissement : 

la vidéo contient des scènes douloureuses

Le jeune Mabrouk Rtibi a subi un accident de moto en 2006, mais il ne savait pas que son état de santé le mènera à la tragédie, après six ans, inflammation au niveau des cuisses et des pieds, éradication de l’une de ses reins et opération chirurgicale au niveau de la colonne vertébrale, résulta : handicap

 

Partager cet article
Repost0
1 février 2012 3 01 /02 /février /2012 17:45

Thala a besoin de vous...


Après la tempête de neige dans cette ville manquant de tout, la situation de ses habitants est préoccupante. En effet, selon nos contacts, des dizaines de familles manquent de tout, particulièrement de quoi se chauffer, de quoi se nourrir et s’habiller …

La précarité de la Mairie de cette ville, connue par tous les responsables politiques, et ce depuis des décennies, n’aide pas à résoudre de tels problèmes climatiques. En effet, lors d’un entretien téléphonique avec un membre du Conseil municipal j'ai su que la Mairie de Thala ne possède même pas des «échelles», eh oui de simples escabeaux !,  pour atteindre les quelques lampadaires qui ont résisté à la misère urbaine de cette ville. Immaginer donc le reste....

Les engins (voiture de service, tracteurs, remorques) que possédait la municipalité furent incendiés ou volés pendant la révolution de janvier 2011. Lors de mon dernier séjour dans cette ville, j’ai pu constater que la Mairie ne possède qu’un seul tracteur pour ramasser la «poubelle» de 20 000 habitants… C’est triste…

La neige ne fait par conséquent qu’aggraver le quotidien des thalois… Et nous avons besoin de votre aide…    Je vous laisse donc seuls juges !

Noureddine Bourougaa Mnasri, Thala Solidaire


Pour toute aide, écrivez à notre blog ou contactez directement le Maire de Thala, Dr Mohsen Saïdi au numéro  95 397 868… Merci !  

Appel de détresse d'un habitant de Thala


424164_2890054703378_1620565352_2544502_1048818269-copie-1.jpg

404553_2891898389469_1620565352_2545326_1418240123-copie-1.jpg

408818_2890421872557_1620565352_2544621_317965559_n.jpg

426141_2890053063337_1620565352_2544500_222284203_n.jpg

424688_2889513529849_1620565352_2544243_1851066848_n.jpg

426781_2892313799854_1005273313_n.jpg

_________________________________________________________________

Thala appelle à l’aide sous la neige

thalaLa ville de Thala, dans le gouvernorat de Kasserine, a particulièrement été touchée par les intempéries, et les chutes de neige ces derniers jours. Les habitants ont relevé pas moins de 20 cm de neige au centre-ville, et jusqu’au double au niveau des campagnes de cette région montagneuse.

Le ministre des Affaires Sociales, M. Khelil Zaouia a souligné, que les aides ont commencé à affluer sur le terrain dans la nuit du lundi 30 janvier, sous la protection de l’armée. Des produits alimentaires, et 500 couvertures ont ainsi été distribués aux familles dans le besoin.

A noter que d’autres régions du nord-ouest tunisien sont également atteintes par le froid, et sont aussi confrontées à de graves problèmes. Ainsi, les pluies qui se sont déversées du côté de Béja (plus de 72 mm selon les services de la météo tunisienne) ont coupé les routes rurales et l’accès à plusieurs villages de la région, notamment au niveau de Nefza.

La crue de l’Oued El Maaden a même entraîné lundi 30 janvier, l’interruption, de la circulation routière entre Nefza et Béja. Les écoliers et les travailleurs de la région ont dû rester cloitrés chez eux.

thala

Les Tunisiens sont mobilisés pour apporter leur soutien aux citoyens de ces zones particulièrement frappée par la vague de froid. Des associations comme Thala Solidaire ont lancé un appel à l’aide, pour interpeler la société civile. Les voies routières sont difficiles d’accès, et l’électricité souvent coupée. Le manque de gaz et de pétrole rend le froid encore plus difficile à supporter.

Thala Solidaire souligne que les populations de la région ont urgemment besoin de médicaments contre la grippe, le rhume, et autres maladies dues au froid. Mais aussi de pétrole pour se réchauffer. La nourriture, les couvertures, les manteaux, les blousons, et les pulls bien chauds sont également les bienvenus.

Au niveau du Grand Tunis, les personnes désireuses d’apporter leur aide peuvent déposer leurs contributions auprès des bénévoles, en face du Monoprix d’El Menzah 6. Les Tunisiens doivent bien cela à une ville qui a payé un lourd tribut à la Révolution. Moez E.K. mag14

______________________

______________________________________________

La neige et le froid isolent la ville 

Un début de semaine glacial à Thala ! Hier, des chutes de neiges ont fait leur apparition à Thala et dans d’autres localités du gouvernorat de Kasserine. Le brouillard, la neige, le froid, les rues et les toits ont été recouverts d’un manteau blanc. Des flocons de neige ont  continué à tomber aujourd’hui sur les hauteurs de la région. Dans la campagne, le niveau de la neige est arrivé jusqu’à 50 voire 60 cm, alors que 40 centimètres de neige sont tombés sur la ville. La situation dans cette région est critique, des problèmes d’approvisionnement en gaz son apparus. L’activité de la région de Kasserine est paralysée, vu que  les routes sont bloquées et l’eau potable est indisponible. Suite à quoi, ce mardi 31 janvier, un habitant de Thala a lancé un appel aux tunisiens à ne pas se « laisser séduire » par la neige qui tombe, mais plutôt à écouter l’appel de détresse et de malheur qu’il lance.

Les aides commencent à s’organiser et les premières interventions  ont déjà eu lieu. Plusieurs associations se sont également chargées de rassembler des aides diverses pour les acheminer.

 source tunisianway

________________________________________

Appel de détresse d’un habitant de Thala


Appel de détresse d'un habitant de Thala

:Les photos de la ville de Thala et d'autres localités du gouvernorat de Kasserine sur lesquelles tombe la neige circulent sur les réseaux sociaux depuis lundi. Ce mardi 31 janvier, un habitant de Thala appelle les citoyens tunisiens à ne pas se "laisser séduire" par la neige qui tombe, mais plutôt à écouter l'appel de détresse qu'il lance, alors que 40 centimètres de neige sont tombés sur la ville. 

Dans la campagne, le niveau de la neige est arrivé jusqu'à 50 voire 60 cm, et le prix des bouteilles de gaz est trop élevé pour des habitants qui n'ont donc pas les moyens de se réchauffer. L'activité de toute la région de Kasserine est fortement touchée, voire paralysée, car les routes sont bloquées et l'eau potable indisponible. D'après le témoignage de Abdessatar Ouri, ni les autorités compétentes ni les associations n'ont réagi pour le moment, exposant les Kasserinois à une potentielle "catastrophe"  

Appel de détresse d'un habitant de Thalashemsfm

 

 

 

___________________________________________

 

 

Bizarrerie

Ça gaz partout sauf à Thala

403274_2898109304738_1620565352_2546707_454647945_n.jpg

 

Savez-vous par où passe le gaz algérien ? par Thala. Et savez-vous que les habitants de la ville en sont privés ? (..)


Peut-être bien que Bourguiba, Ben Jedid et Pertini étaient si contents d’activer le gazoduc, qu’ils ont désactivé Thala. hletemps

 

 

 

 

 

 

_____________________________

Solidarité, d’accord, mais jusqu’à quand ?


Nous le savons tous, les Tunisiens sont solidaires par essence, et ils répondent toujours présents quand il s'agit de venir en aide à leurs concitoyens et même aux pays voisins et amis.
C'est le cas ces derniers jours quand une forte vague de froid a déferlé sur le nord-ouest et le centre du pays. Thala est ensevelie sous un manteau de neige, des appels à la solidarité sont lancés par ci et par là et les Tunisiens y répondent favorablement.

Est-ce assez ?
Est-ce le rôle de la société civile de se substituer à celui de l'état ? La réponse est NON !!

Indépendamment des conditions de vie délabrées dans ces contrées reculées du pays, en dépit du taux de chômage élevé, de la misère, et de l’absence d'infrastructure, l'état est le grand absent dans cette énième crise que vit ce petit village. Les aides tardent à arriver, et quand elles arrivent, elles sont insuffisantes, les routes sont bloquées, les citoyens sont livrés à eux-mêmes.

Les habitants de Thala, comme ceux de beaucoup d'autres régions, sont-ils condamnés à toujours être des assistés ? N'y a-t-il donc pas de vraies mesures à prendre et pas que dans l'urgence ?

Ces régions ont un besoin réel de mesures radicales et non de pansement ou d'antalgiques à chaque fois qu'une "blessure " surgit. Dans l'immédiat, la solidarité est la bienvenue, certes, mais elle ne suffit pas. Ce sont les pouvoirs publics qui doivent intervenir, dégager les routes, ouvrir des abris, approvisionner les Thalois en gaz et en carburants, des unités médicales doivent être mises en place pour assurer les soins !! Déclarer Thala zone sinistrée, s'il le faut, et en l'absence d'un plan "grand froid" à l'instar de celui des pays européens.

Sur le long et moyen terme, c'est une autre paire de manches ! Ces régions doivent profiter d'un programme de réhabilitation en profondeur au niveau de l'infrastructure et de l'industrialisation et d'un plan national pour l'emploi !!La solidarité, c'est bien beau, le développement, c'est encore meilleur, et c'est le seul moyen de sortir les habitants de ces régions du statut d'assistés à celui de citoyens à part entière !

source webdo

Partager cet article
Repost0
1 février 2012 3 01 /02 /février /2012 02:46

Thala a besoin de vous...


Après la tempête de neige dans cette ville manquant de tout, la situation de ses habitants est préoccupante. En effet, selon nos contacts, des dizaines de familles manquent de tout, particulièrement de quoi se chauffer, de quoi se nourrir et s’habiller …

La précarité de la Mairie de cette ville, connue par tous les responsables politiques, et ce depuis des décennies, n’aide pas à résoudre de tels problèmes climatiques. En effet, lors d’un entretien téléphonique avec un membre du Conseil municipal j'ai su que la Mairie de Thala ne possède même pas des «échelles», eh oui de simples escabeaux !,  pour atteindre les quelques lampadaires qui ont résisté à la misère urbaine de cette ville. Immaginer donc le reste....

Les engins (voiture de service, tracteurs, remorques) que possédait la municipalité furent incendiés ou volés pendant la révolution de janvier 2011. Lors de mon dernier séjour dans cette ville, j’ai pu constater que la Mairie ne possède qu’un seul tracteur pour ramasser la «poubelle» de 20 000 habitants… C’est triste…

La neige ne fait par conséquent qu’aggraver le quotidien des thalois… Et nous avons besoin de votre aide…    Je vous laisse donc seuls juges !

Noureddine Bourougaa Mnasri, Thala Solidaire


Pour toute aide, écrivez à notre blog ou contactez directement le Maire de Thala, Dr Mohsen Saïdi au numéro  95 397 868… Merci !  

Appel de détresse d'un habitant de Thala


424164_2890054703378_1620565352_2544502_1048818269-copie-1.jpg

404553_2891898389469_1620565352_2545326_1418240123-copie-1.jpg

408818_2890421872557_1620565352_2544621_317965559_n.jpg

426141_2890053063337_1620565352_2544500_222284203_n.jpg

424688_2889513529849_1620565352_2544243_1851066848_n.jpg

426781_2892313799854_1005273313_n.jpg

 

 

_________________________________________________________________

Thala appelle à l’aide sous la neige

 

 

thalaLa ville de Thala, dans le gouvernorat de Kasserine, a particulièrement été touchée par les intempéries, et les chutes de neige ces derniers jours. Les habitants ont relevé pas moins de 20 cm de neige au centre-ville, et jusqu’au double au niveau des campagnes de cette région montagneuse.

Le ministre des Affaires Sociales, M. Khelil Zaouia a souligné, que les aides ont commencé à affluer sur le terrain dans la nuit du lundi 30 janvier, sous la protection de l’armée. Des produits alimentaires, et 500 couvertures ont ainsi été distribués aux familles dans le besoin.

A noter que d’autres régions du nord-ouest tunisien sont également atteintes par le froid, et sont aussi confrontées à de graves problèmes. Ainsi, les pluies qui se sont déversées du côté de Béja (plus de 72 mm selon les services de la météo tunisienne) ont coupé les routes rurales et l’accès à plusieurs villages de la région, notamment au niveau de Nefza.

La crue de l’Oued El Maaden a même entraîné lundi 30 janvier, l’interruption, de la circulation routière entre Nefza et Béja. Les écoliers et les travailleurs de la région ont dû rester cloitrés chez eux.

thala

Les Tunisiens sont mobilisés pour apporter leur soutien aux citoyens de ces zones particulièrement frappée par la vague de froid. Des associations comme Thala Solidaire ont lancé un appel à l’aide, pour interpeler la société civile. Les voies routières sont difficiles d’accès, et l’électricité souvent coupée. Le manque de gaz et de pétrole rend le froid encore plus difficile à supporter.

Thala Solidaire souligne que les populations de la région ont urgemment besoin de médicaments contre la grippe, le rhume, et autres maladies dues au froid. Mais aussi de pétrole pour se réchauffer. La nourriture, les couvertures, les manteaux, les blousons, et les pulls bien chauds sont également les bienvenus.

Au niveau du Grand Tunis, les personnes désireuses d’apporter leur aide peuvent déposer leurs contributions auprès des bénévoles, en face du Monoprix d’El Menzah 6. Les Tunisiens doivent bien cela à une ville qui a payé un lourd tribut à la Révolution. Moez E.K. mag14

 

   ______________________

 

______________________________________________

La neige et le froid isolent la ville 

Un début de semaine glacial à Thala ! Hier, des chutes de neiges ont fait leur apparition à Thala et dans d’autres localités du gouvernorat de Kasserine. Le brouillard, la neige, le froid, les rues et les toits ont été recouverts d’un manteau blanc. Des flocons de neige ont  continué à tomber aujourd’hui sur les hauteurs de la région. Dans la campagne, le niveau de la neige est arrivé jusqu’à 50 voire 60 cm, alors que 40 centimètres de neige sont tombés sur la ville. La situation dans cette région est critique, des problèmes d’approvisionnement en gaz son apparus. L’activité de la région de Kasserine est paralysée, vu que  les routes sont bloquées et l’eau potable est indisponible. Suite à quoi, ce mardi 31 janvier, un habitant de Thala a lancé un appel aux tunisiens à ne pas se « laisser séduire » par la neige qui tombe, mais plutôt à écouter l’appel de détresse et de malheur qu’il lance.

 

Les aides commencent à s’organiser et les premières interventions  ont déjà eu lieu. Plusieurs associations se sont également chargées de rassembler des aides diverses pour les acheminer.

 source tunisianway

 

________________________________________

 

Appel de détresse d’un habitant de Thala


Appel de détresse d'un habitant de Thala

:Les photos de la ville de Thala et d'autres localités du gouvernorat de Kasserine sur lesquelles tombe la neige circulent sur les réseaux sociaux depuis lundi. Ce mardi 31 janvier, un habitant de Thala appelle les citoyens tunisiens à ne pas se "laisser séduire" par la neige qui tombe, mais plutôt à écouter l'appel de détresse qu'il lance, alors que 40 centimètres de neige sont tombés sur la ville. 

Dans la campagne, le niveau de la neige est arrivé jusqu'à 50 voire 60 cm, et le prix des bouteilles de gaz est trop élevé pour des habitants qui n'ont donc pas les moyens de se réchauffer. L'activité de toute la région de Kasserine est fortement touchée, voire paralysée, car les routes sont bloquées et l'eau potable indisponible. D'après le témoignage de Abdessatar Ouri, ni les autorités compétentes ni les associations n'ont réagi pour le moment, exposant les Kasserinois à une potentielle "catastrophe"  

 

 

 

Appel de détresse d'un habitant de Thalashemsfm

 
Partager cet article
Repost0
29 janvier 2012 7 29 /01 /janvier /2012 07:03

Manifestation des habitants de Thala réclamant le jugement de Moncef Laajimi… 


 

 

 

______________________________________________________________________

Au procès des martyrs de Thala, les familles attendent toujours la vérité

 


Les familles des victimes au Tribunal militaire du Kef (16 janvier) (Thierry Brésillon)

Chaque acteur politique s'empresse de jurer «  fidélité au sang des martyrs de la révolution  », dans l'espoir de retirer un surcroît de légitimité de cette onction, mais les familles des martyrs attendent toujours la vérité.

Le procès des responsables s'éternise et la Commission nationale d'investigation sur les dépassements et les violations, qui enquête sur la répression pendant la révolution, a repoussé la publication de son rapport pour terminer la compilation des différents rapports régionaux.

La justice civile s'est dessaisie au moins de juin au profit des tribunaux militaires, auxquels elle a transmis une instruction précipitée. Les rapports balistiques sont laconiques, des vidéos n'ont pas été exploitées… si bien que les premières audiences servent surtout à entendre les prévenus et les témoins pour établir les circonstances dans lesquelles ont été tués les manifestants.

L'accusé Ben Ali est-il présent ?


Les avocats de la partie civile face aux juges du Tribunal militaire du Kef (Thierry Brésillon)

Les journées tragiques du 8 au 12 janvier 2011 à Thala (et dans une moindre mesure à Kasserine) étaient au centre de l'audience de lundi 16 janvier au Tribunal militaire du Kef. Un an après, les juges commencent donc à avoir une idée de l'enchaînement des événements à Thala (voir la chronologie en fin d'article).

« L'accusé Zine el Abiddine Ben Ali est-il présent ? ». L'ancien président est toujours en Arabie Saoudite. Mais face aux juges, Ali Sériati, responsable de la sécurité présidentielle, Rafik Hadj Kacem, ancien Ministre de l'intérieur et Jalel Boudrigha, ancien directeur des brigades d'intervention et certains nombres d'officiers de police sont bien présents.

Debout derrière eux, les avocats de la partie civile, pugnaces comme une ligne d'attaquants de rugby, et à côté, ceux de la défense auxquels le président accorde tellement peu la parole que même les avocats de la partie adverse en conviennent et qu'ils ont fini par quitter l'audience.

Protestations

Puis, dans la salle, les familles. Un mur de deuil et de colère. Des parents aux regards perdus, venus avec les photos de leurs fils devenus «  martyrs de la révolution  », qu'ils brandissent dès que l'objectif d'une caméra ou d'un appareil photo se dirige vers eux.

Et puis, ces scènes poignantes  : les larmes silencieuses des mères quand on évoque ce jeune tué d'une balle dans le dos alors qu'il portait le corps de son copain  ; la colère des jeunes, témoins des événements, debout sur les bancs du tribunal pour crier «  Il ment  !  » quand un accusé prétend qu'aucun ordre de tirer n'a été donné.

Les avocats de la partie civile ont beau essayer de calmer leurs clients, les protestations fusent en permanence. Le président les rabroue sans les dissuader. Faute de pouvoir pousser les accusés dans leurs retranchements, ils préfèrent sans doute laisser le public exprimer sa colère à l'audience plutôt que de risquer de voir le tribunal assailli par des manifestants.

Voir le diaporama

Laajimi, l'homme qui fait peur

Un nom revient souvent, notamment dans les protestations des familles  : «  l'accusé ne parle pas parce qu'il a peur tant que Moncef Laajimi est libre !  ». Chargé du commandement des brigades d'intervention à partir du 10 janvier à Thala, inculpé mais laissé liberté, l'homme qui fait peur est au centre d'une épreuve de force entre le gouvernement et le personnel du Ministère de l'Intérieur.

Moncef Laajimi a accédé depuis l'an dernier au grade de colonel et en juin, sous pression d'une partie des troupes, il a été nommé directeur général des Brigades d'intervention, dont les fameuses BOP (les brigrades d'ordre public), les forces de police les plus impliquées dans la répression sur le terrain lors de la révolution.

Convoqué à l'audience précédente, le 26 décembre, il s'était présenté accompagné de trois groupes d'intervention, dont un groupe de la brigade anti-terroriste, qui ont investi le tribunal militaire. Un affront pour les commandos de l'armée. L'objectif était clairement d'intimider la cour et de s'assurer que l'officier ne serait pas arrêté à l'issue de son audition.

Bras de fer ou mise en scène ?

Le matin du 10 janvier dernier, on apprenait que le syndicat des Brigades d'intervention appelait à un mouvement de grève pour protester contre le limogeage de Moncef Laajimi par le nouveau Ministre (Ennahdha) de l'Intérieur, Ali Layaredh. 13 000 agents ont alors entamé un mouvement de grève et un sit-in était annoncé devant le Ministère de l'Intérieur.

Curieusement la réaction a précédé l'annonce officielle. Le soir même, le porte-parole du Ministère démentait l'information, tandis que Ennahdha appelait à une manifestation devant le Ministère pour demander le départ de Moncef Laajimi et pour contrer celle des policiers, pourtant annulée entre temps.


Manifestants devant le Ministère de l'Intérieur pour demander le limogeage de Moncef Laajimi (11 janvier 2011) (Thierry Brésillon)

Le 11 décembre, Ali Layaredh a fait une apparition devant les quelquedeux mille manifestants massés devant le Ministère, mais sans rien n'annoncer d'autre que sa volonté de mettre la police au service du peuple.

Le soir même, Moncef Laajimi était nommé chargé de mission auprès du Ministère de l'Intérieur. Un placard doré qui lui retire le commandement direct des brigades d'intervention, mais pas la loyauté d'une bonne partie des agents.

De toute évidence, la partie se joue dans les coulisses d'un Ministère qui reste une boite noire. S'agit-il d'une véritable épreuve de force  ? Ou bien d'une mise en scène destinée à entériner une sorte de pacte de non agression entre Ennahdha et les hommes forts du Ministère de l'Intérieur, tout en donnant à l'opinion l'impression de la détermination du gouvernement  ? En tout cas, chacun a montré ses muscles.

Mandat d'amener contre Laajimi

On ne tardera pas à savoir quel est l'état du rapport de force réel. Lors de l'audience du tribunal militaire du Kef, deux témoins ont assuré avoir vu Moncef Laajimi, le 12 janvier 2011, à Thala, en position de tir au moment où l'un des manifestants a été tué.

L'officier inculpé n'avait pas répondu à la convocation du tribunal et fait produire le certificat médical d'un psychiatre qui attestait qu'il «  avait besoin de repos  » sans autre détail. Mais en vue de la prochaine audience, prévue le 8 février, le juge a, cette fois, délivré un mandat d'amener et, en fonction des éléments à charge dont il dispose, le juge devrait logiquement demander son incarcération.

« Je suis un ange »

En attendant Moncef Laajimi a lancé une campagne de communication pour se disculper, lui qui serait «  un ange  » selon ses propres dires. Dans une terminologie directement inspirée de celle d'Ennahdha, il accuse les perdants des élections qui n'ont que recueilli que 0,00 %, et notamment l'extrême gauche, d'être derrière les accusations portées contre lui dans le but de livrer le pays au désordre. Cette convergence des arguments augure-t-elle d'une alliance tactique entre Ennahdha et les caciques de l'appareil sécuritaire hérité de l'ère Ben Ali contre l'aile la plus revendicative de la gauche  ?

La police de Ben Ali est loin d'avoir encore jeté ses derniers feux. La question est de savoir à quelles conditions Ennahdha obtiendra la loyauté de l'appareil sécuritaire. Et quelle justice sera finalement rendue aux victimes de Thala.

Chronologie
Les journées tragiques de Thala, du 6 au 12 janvier 2011
  • Le 6 janvier, manifestations en centre ville, pour calmer les jeunes en colère, l'officier commandant les brigades d'ordre public (les BOP), Youssef Abdelaziz, s'adresse à eux par mégaphone et leur promet qu'un représentant de l'Etat viendra pour recueillir leurs doléances.
  • Le 8 janvier au soir, n'ayant rien vu venir, une manifestation est organisée à proximité du tribunal. Un véhicule de police éclaire le regroupement avec un projecteur. Une voix ordonne, au mégaphone de faire feu. Les témoins affirment reconnaître celle de l'officier qui s'était adressé à eux deux jours plus tôt.Le premier à tomber est Mohamed Ameri. Puis Yassine Ratibi qui est allé ramasser son corps, est tué d »une balle dans le dos. Alors que les troubles se poursuivent, Ahmed Boulabi est tué d »une balle dans le cœur, puis Marouane Jamli et Ghassen Cheniti qui tentait d'aller le secourir. Plus de dix huit autres personnes sont blessées ce jour-ci.
  • Le 9 janvier, se déroulent les funérailles des victimes de la veille.
  • Dans la nuit du 9 au 10 janvier, Moncef Ladjimi arrive à Thala. Connu pour son ascendant psychologique sur ses hommes, il remplace Youssef Abdelaziz et réorganise le dispositif policier.
  • Le 10 janvier, les manifestations ont pris de l'ampleur pour demander la libération des personnes arrêtées les jours précédents.
  • Le 11 janvier, une grande campagne de fouilles des domiciles est entreprise, apparemment dans le but de trouver les vidéos mises en ligne et diffusées sur la chaine Al Jazira. Les manifestations continuent. Nombreuses arrestations.
  • Le 12 janvier, la ville est jugée irrécupérable et l'ordre est donné aux forces de police de l'évacuer. Les armes doivent être collectées et les différents groupes déployés convergent au centre ville.Les manifestants leur font face. Dans la confrontation, Wajdi Sayhi est tué. Deux témoins ont affirmé avoir vu Moncef Laajimi est position de tir, à côté d'un autre officier, en direction de l'endroit où se trouvait la victime.

source rue89.

 

_____________________________________________________

Révélations sulfureuses de Laajimi sur les raisons de son limogeage et sur les agissements de certains courants de gauche

 


 Moncef Laajimi

 

Moncef Laajimi ancien directeur des brigades d’intervention actuellement impliqué dans  l’affaire des martyrs de Thala durant la révolution du 14 janvier  faisant l’objet d’un procès en cours devant un Tribunal militaire, parle des raisons de son limogeage et accuse le président Moncef Marzouki d’en être l’instigateur Il indexe aussi des parties liées au courant de gauche d’avoir orchestré cette machination contre lui. Il dénonce aussi certains juristes  reconvertis en politiciens d’être des taupes de l’ancien régime.


Dans un entretien accordé à une chaîne locale privée, le Colonel Moncef Laajimi a révélé que son limogeage vient suite à l’échec de la visite du président Marzouki à Kasserine, affirmant : »il a donné des instructions fermes pour que je sois démis de mes fonctions ».

 

Des parties de gauche derrière cette machination

 

Il a accusé également des parties de gauche d’être à l’origine de toute cette affaire fomentée contre lui ainsi que de l’incitation des populations de Kasserine et de Thala à son égard.

Il a, à ce propos, indexé des gens qu’il a considéré comme les ennemis de la Révolution et qui n’ont pas réussi aux élections en obtenant un score de zéro virgule de voix. Il a cité Chokri Belaïd, Radhia Nasraoui Abdelwahab Hani et Rahmouni, affirmant ne pas savoir pourquoi ils sont contre lui.

Laajimi a indiqué aussi que ces personnes essaient toujours de manipuler la rue pour sombrer le pays dans le désordre.

Il a signalé que l’ancien premier ministre Béji Caïd Essebsi a reçu des rapports sécuritaires qui mentionnent ces noms et il l’a dit, dans une conférence de presse, sans les nommer afin de ne pas faire d’eux des héros. Il les a accusé de financer les actions de perturbation menées contre le Gouvernement.

Pour le Colonel Laajimi ces personnes pensent qu’avec son départ de ses services,  le système sécuritaire du pays s’effondrerait .

L’ancien directeur des brigades d’intervention a indiqué qu’il y a quatre juristes qui étaient des taupes du ministère de l’Intérieur et qui apportaient des informations à ce département avant la Révolution du 14 janvier.

Ces personnes qu’il s’est gardé de nommer, appartiennent actuellement à des partis politiques. Il a promis de les démasquer en  amenant des preuves écrites qu’ils ont perçu de l’argent en échange de leurs prestations.

Le colonel Laajimi s’est élevé contre son limogeage,  indiquant qu’il n’intervient pas dans le cadre d’une réforme du secteur et qu’on a voulu l’éloigner.

Reconnaissant avoir accepté son nouveau poste de directeur de cabinet du ministère de l’Intérieur, il a précisé qu’il ne se rend pas au bureau prétextant la maladie.

Il a également affirmé regretter avoir choisi de faire parti du secteur sécuritaire, soulignant, toutefois, avoir la conscience tranquille.

 

Par ailleurs, le colonel Moncef Lajimi s’est dit opposé au limogeage des responsables ayant servi l’ancien régime , affirmant que le gouvernement actuel fait de graves erreurs et doit  rappeler ces responsables.

Il a reproché au président déchu Zine El Abidine Ben Ali d’avoir fui en abandonnant le pays sans direction alors qu’il aurait pu attendre les élections pour passer la main à quelqu’un d’autre.

 

Mon seul tort était d’être présent à Thala  le jour de la mort d’un martyr

 

Evoquant l’affaire de son procès, le Colonel Laajimi a indiqué que « les accusations portées contre moi par le Tribunal militaire dans l’affaire des martyrs de Thala concernent la complicité de meurtre uniquement ».

Il a affirmé n’avoir été à Thala que le 10 décembre 2011, soit après la mort de 5 martyrs, et que sa mission était d’apaiser la tension qui existait entre les populations et les forces de sécurité.
Donc, les premières mesures étaient d’amener les agents de sécurité à changer d’attitude en renonçant à l’usage de la force et de leurs armes ainsi que de se redéployer autrement sur le terrain, a -t-il dit.

Le martyr qui s’appelle Wajdi Sayhi a été tué par le lieutenant-major Béchir Tibi qui  est actuellement en état d’arrestation et qui lui a  dit avoir usé de son arme parce qu’on voulait la lui prendre.

M. Laajimi a indiqué que les procès-verbaux d’enquête de la police qui contiennent le témoignage de 50 agents de sécurité, confirment cette version.

Il s’est étonné que le ministère de l’Intérieur qui détient ces preuves  ne lui a pas apporté son soutien.

Autre témoignage de taille en sa faveur c’est celui de Ayache Ben Soussi qui a indiqué qu’il était à quelque mètres de Béchir Bettibi et l’avait vu faire usage de son arme.

Concluant cet entretien qui a été réalisé sur sa demande et qui ne sied pas à ce genre de révélations, il a souligné haut et fort ne rien regretter, d’avoir la conscience tranquille se qualifiant « d’ange ».

source tunisienumerique.

Partager cet article
Repost0
24 janvier 2012 2 24 /01 /janvier /2012 18:30

Quand Thala s’est soulevée contre Ben Ali


Il y a un an, le président tyran fuyait le pays. La ville rebelle de l’ouest tunisien a été une des premières à se révolter contre le régime honni. Depuis, c’est un bel exemple d’autogestion.

Nichée dans les montagnes près de la frontière algérienne, la ville de Thala vit toujours à l’heure de la révolution, comme si le temps s’était arrêté il y a un an. Ce n’est pas tant le nombre de victimes mais les modalités de la répression qui ont marqué durablement les esprits ici. La police n’entre plus à Thala au risque de provoquer des émeutes : « Les gens de Thala, surtout les familles des martyrs, n’acceptent pas la présence de la police tant que justice n’a pas été rendue », confie Abir Arnouni, étudiante en anglais. Seule l’armée est acceptée par les 65’000 habitants. Neutre pendant la révolution, elle a joué un rôle social important : « Les militaires nous ont beaucoup aidés. Un colonel passait tous les jours pour nous demander de quoi nous avions besoin. Il nous écoutait beaucoup et nous parlait avec sincérité », dit Issam, frère d’un jeune tué par la police lors des premières manifestations.

 

Après Sidi Bouzid, Thala a été la première ville à s’être soulevée durant la révolution. Entre le 3 et le 12 janvier 2011, la ville fut assiégée par les forces de police venues réprimer les manifestations suite au décès de Mohamed Bouazizi, qui s’était immolé par le feu le 17 décembre 2010. À Menzel-Bouzaiene, un professeur au chômage a été tué lors d’une manifestation. Puis c’est à Thala que les victimes suivantes tombent au soir du 7 janvier. « Nous étions ensemble, solidaires. Toutes les portes des maisons étaient ouvertes, les femmes donnaient des tomates aux hommes contre le gaz lacrymogène. Elles aussi allaient manifester contre la police », raconte Issam.


Le 12 janvier au soir, les policiers quittent la ville, les Thalouas s’organisent pour garantir la sécurité. Dans tous les secteurs de la ville, des rondes ont lieu. « Dans chaque quartier, nous avons voté pour choisir une personne de confiance responsable de la sécurité. Puis nous avons ramassé les ordures et nettoyé la ville après le siège », indique Issam.

 

Thala multiplie les particularités. Déjà sous l’ancien régime, Ben Ali l’avait surnommé « le point noir de la Tunisie » du fait de sa résistance continuelle contre la dictature. Dans plusieurs villes du pays où les violences policières ont été très dures, de nombreux cadres du RCD (le parti de Ben Ali) ont pris la fuite, laissant ces territoires sans administration. À Thala, dès le début de la répression, le maire et son équipe affiliée au RCD ont quitté la ville par peur des représailles. Les Thalouas adoptent alors une forme d’autogestion. La très grande solidarité des habitants et l’habitude de se débrouiller par eux-mêmes ont permis cette autogestion : « Pendant deux mois, nous avons aussi organisé des collectes de fonds pour aider les familles pauvres à passer l’hiver. Pendant la révolution, nous étions solidaires. Depuis, nous sommes devenus une seule personne », dit Issam.

 

Un comité local est créé pour gérer les affaires courantes : « Nous avons affiché devant le Palais de justice les nouvelles du jour pour que tout le monde sache quelles décisions ont été prises par le comité local », précise Issam. Parmi les discussions, une proposition fait l’unanimité : quitter la ville en portant des drapeaux algériens et marcher vers la frontière pour demander le rattachement à l’Algérie. « Pendant la révolution, la frontière est restée ouverte. Quand les Algériens vivant de l’autre côté ont su que nous venions, cinq bus de Tebessa [ville frontalière] et Oran sont venus nous apporter de l’aide », ajoute Issam. Une grande fête a alors été organisée. « Un Algérien nous a alors dit : “Vous devez réclamer justice dans votre pays. Nous serons là pour vous soutenir.” »

 

Le 12 septembre 2011, des élections municipales anticipées sont organisées par les habitants : « Quelques régions ont établi des comités locaux désignés par divers représentants de communes, car les cadres du RCD ont tous été dégagés. Chez nous cela a tardé. Néanmoins, nous sommes la seule ville de toute la Tunisie à avoir élu notre maire », confie Kahli Fathi. Une liste de 33 candidats est élaborée et huit conseillers municipaux sont élus. Mohsen Saidi, médecin-chef de l’hôpital, est élu maire. « Plus d’un millier de personnes ont voté. C’est peu par rapport au nombre d’habitants mais c’est un exploit d’organiser des élections en deux jours ! » explique le nouveau maire de Thala, ajoutant : « Ce qui caractérise notre équipe municipale, c’est qu’il n’y a pas de chef. Et nous sommes tous bénévoles. »

 

Un an après, les Thalouas n’ont rien oublié. Toute la ville s’active pour organiser les commémorations de la fuite de Ben Ali. Mardi dernier, le responsable présumé de la répression a été limogé et serait en garde à vue. Un cortège de voitures fait le tour de la ville pour annoncer la nouvelle. C’est un an de combat pour la justice qui porte ses fruits aux yeux des Thalouas. « L’arrestation de cet homme est historique, peut-être plus que le départ de Ben Ali. Aujourd’hui, nous pouvons dire que nous sommes en démocratie », confie Ahmed, un blogueur, ému jusqu’aux larmes.

 

« Le nouveau gouvernement agit enfin. Il a entendu la population de Thala et Kasserine ! »Le 8 janvier, le président Marzouki et son premier ministre Hamadi Jebali ont fait le déplacement dans ces villes très durement touchées par les violences policières. Les familles des victimes ont exigé d’eux l’arrestation et le jugement des cadres policiers qui ont tué et blessé en toute impunité. Dans l’état d’esprit des familles des victimes, c’est un mélange de fierté et de douleur, de soulagement, après un an de combat.

Leur presse (Rafika Bendermel, Le Temps [Genève], 14 janvier 2012)

 

 

NOTA BENE : Quelques jours après la parution de cet article, alors qu’avait couru la rumeur que « le responsable présumé de la répression » à Thala, Moncef Laajimi, avait été arrêté à l’aéroport alors qu’il tentait de fuir un mandat d’amener délivré contre lui, celui-ci paraissait en direct à la télé le soir du 21 janvier pour une interview sur le plateau de Hannibal TV, dont on retiendra seulement le commentaire qu’en fit un internaute : « Il y aurait eu un quart d’heure de plus d’émission, Laajimi aurait avoué être un martyr de la révolution ». Qu’en pensera et qu’en dira le peuple de Thala 

 

source juralib.noblogs

 

 

______________________________________________________



Thalassothérapie - 1. Témoignage pour servir à l'histoire de la bataille de Thala 

from Los Solidarios


 

Partager cet article
Repost0
22 janvier 2012 7 22 /01 /janvier /2012 06:13

TunisieNo_-f3e63.jpg

 

Pour plus d'informations voir : primitivi.org

Partager cet article
Repost0
17 janvier 2012 2 17 /01 /janvier /2012 20:44

Thala Jeunesse travailliste

 

(No comment)

fe.jpg


Partager cet article
Repost0
16 janvier 2012 1 16 /01 /janvier /2012 03:04

Le désenchantement des jeunes de Kasserine


Le marché central de Kasserine. Dans cette ville de 100.000 habitants, à une cinquantaine de kilomètres de la frontière algérienne, une bonne partie des revenus provient de l'économie grise.
Le marché central de Kasserine. Dans cette ville de 100.000 habitants, à une cinquantaine de kilomètres de la frontière algérienne, une bonne partie des revenus provient de l'économie grise. Crédits photo : Jean Paul GUILLOTEAU/EXPRESS-REA/Jean Paul GUILLOTEAU/EXPRESS-REA

Tandis que Tunis connaissait samedi une mobilisation populaire sans précédent et que des milliers de manifestants étaient descendus sur l'avenue Habib-Bourguiba pour célébrer, dans la capitale, le premier anniversaire de la révolution, à Kasserine, une petite ville de 100.000 habitants au sud-est du pays, le manque de perspectives est criant, un an après la chute du régime de Ben Ali.

Sur la route de Kasserine, les contrebandiers ont pignon sur rue. Les vendeurs de bidons d'essence y sont devenus plus nombreux que les méchouias, ces troquets où des carcasses de mouton font office d'enseigne. Le carburant vient d'Algérie. La frontière n'est qu'à une cinquantaine de kilomètres, juste derrière le mont Chaambi, le pic le plus élevé du pays (1 545 mètres). La police ne bronche pas. En Tunisie, l'économie grise représenterait 30 % du PIB. Ici, elle frôlerait plutôt les 50 %. Une soupape de sécurité. Car la région est l'une des plus déshéritées du pays. Des terres arides où même les oliviers peinent à se plaire.

Kasserine compte environ 100.000 habitants. Peu ou prou d'activités industrielles à l'exception d'une usine de cellulose qui ne cesse de péricliter (1 200 employés il y a dix ans, 400 aujourd'hui), d'une cimenterie et d'une entreprise de sous-traitance pour Benetton (environ 150 ouvriers).

Le taux de chômage avoisine les 40 %, soit le double de la moyenne nationale. Et ici comme ailleurs, il frappe surtout les jeunes diplômés. Kasserine exhibe fièrement deux instituts d'enseignement supérieur tout en reconnaissant que ce sont des «fabriques à chômeurs». La ville dispose aussi d'un hôpital. Il est déliquescent. Pour se faire soigner, raconte Samir Rabhi, un enseignant militant des droits de l'homme, «il faut aller à Sfax», la ville la plus proche, à quelque 200 km.

Kasserine se flatte pourtant d'un passé glorieux. Le gouvernorat représenterait le plus gros réservoir de ruines romaines du pays. Mais personne ou presque ne vient les visiter. En 1943, elle fut aussi le théâtre d'une fameuse bataille entre le maréchal nazi Rommel et les forces américaines. Kasserine s'enorgueillit surtout d'avoir été à l'avant-garde de la révolution du jasmin. À l'entrée de la ville, des graffitis en arabe et en anglais s'arrogent des droits d'auteur sur le printemps arabe, proclamant fièrement «We are the révolution».

Vingt et un morts en trois jours

Après l'immolation de Mohammed Bouazizi dans la cité voisine de Sidi Bouzid le 17 décembre, le soulèvement de Kasserine a été «un catalyseur de la révolte», confirme Sadok Mahmoudi, membre du bureau régional du puissant syndicat UGTT. «L'incendie s'est répandu à Tala puis Kasserine. Le 8 janvier, la ville s'est embrasée. La répression a été féroce: vingt et un morts en trois jours, tous âgés d'une vingtaine d'années. Ben Ali avait mesuré le danger. Deux jours avant de fuir, il avait ordonné de bombarder la ville.»

Kasserine s'est toujours affiché comme une ville frondeuse. «En 1984 déjà, la révolte du pain avait commencé ici», rappelle Samir Rabhi. La chute du régime Ben Ali n'a pas mis fin à la contestation. Le 8 janvier dernier, quelques centaines de jeunes ont conspué le président Moncef Marzouki et le premier ministre islamiste Hamadi Jebali venus rendre hommage aux «martyrs» de la révolution. «Ils réclamaient du travail et criaient: dégage!», raconte Haithem, au chômage depuis dix-huit ans, c'est-à-dire depuis toujours. «Marzouki n'a même pas pu commencer son discours. La colère des manifestants était telle qu'il a été aussitôt exfiltré par son service d'ordre.»

Dans la cité Ezzouhour (cité des Fleurs), un des quartiers les plus pauvres de Kasserine, la tension est toujours palpable. «Rien n'a changé», constate Jamel, 27 ans, diplômé d'anglais et bien sûr sans emploi. Comme tout le monde, Jamel passe son temps dans un des cafés bondés de la ville à jouer aux cartes et à fumer des cigarettes ou des joints venus d'Algérie. «On attend», dit-il.

Pour son ami Nizar, 24 ans, «la situation a même empiré. Les braquages se sont multipliés et même si la police connaît le voleur, elle n'agit pas. L'État est faible. Comment voulez vous attirer des investisseurs dans un tel climat d'insécurité?» À en croire Haithem, la corruption demeure elle aussi endémique. «Le seul moyen de trouver du boulot, ce sont les chantiers» (un système d'emplois à durée déterminée dans la fonction publique hérité de l'ère Ben Ali). Mais pour en bénéficier, «il faut avoir des relations ou payer un bakchich». Pour Jamel, «les nadhaouistes n'ont pas tenu leurs promesses. Nous les avons élus, mais nous pouvons aussi les destituer».

À Kasserine, un an après la chute du régime Ben Ali, l'heure est au désenchantement. Le gouvernement en est conscient, mais semble jusqu'ici impuissant. «Les attentes sont énormes et les nerfs sont à vif», a reconnu il y a quelques jours le ministre des Affaires sociales Khalil Zaouia. La situation économique «s'est notablement aggravée», confirme l'économiste Mahmoud Ben Romdhane et les régions les plus pauvres sont les premières à en subir les conséquences. «Le nouveau pouvoir a hérité de l'ancien régime une déconnexion dramatique entre des structures de production fondées sur des emplois moyennement qualifiés et un système éducatif qui génère près de 70.000 diplômés chaque année.»

Le nombre de chômeurs est passé de 500.000 à 800.000

Un peu partout dans le pays, les grèves - plus de 500 depuis la chute de Ben Ali - ont déjà entraîné la fermeture de plus d'une centaine d'entreprises. Le secteur touristique est en berne et les exportations de produits manufacturés pâtissent déjà de la crise en Europe.

En à peine un an, le nombre de chômeurs est passé de 500.000 à 800.000. Plus d'un tiers des jeunes diplômés sont aujourd'hui sans emploi. «Le pire, poursuit Ben Romdhane, est qu'après avoir passé deux mois à discuter sur la répartition des portefeuilles ministériels, le gouvernement de coalition n'a envisagé aucune mesure d'urgence. Il n'essaie même pas d'envoyer un signal susceptible de redonner un peu d'espoir.»

Une absence de perspectives qui n'en finit pas d'inquiéter la plupart des observateurs. «Les islamistes ont connu la prison, la torture. C'est un CV qui mérite la compassion, mais qui ne les habilite pas à diriger le pays, estime un éminent représentant de la société civile. Distinguer les grèves légitimes des débrayages arbitraires comme vient de le faire le porte-parole du gouvernement, c'est de la foutaise! La vérité est que ces dirigeants n'ont aucune vision économique, qu'ils brillent par leur incompétence. Vous connaissez un pays où l'on adopte un projet de budget en quarante-huit heures? Qui plus est, un texte préparé par le précédent gouvernement avant le début de la crise en Europe et qui prévoit une croissance de 4,5 % cette année. C'est surréaliste!»

Samedi, à Kasserine, Jamel, Nizar, Haithem et les autres ont passé comme d'habitude la journée au café. À fumer encore et toujours en rêvant tout haut d'«une révolution non stop».

source lefigaro

 

_______________________________________

Entrevue avec le Président Moncef Marzouki (El khabar)

Les Islamistes en Tunisie ont accepté de bâtir un Etat civil


Avant d’être reçus par le président de la République tunisien, Al Moncef Al Marzouki, pour un entretien qu’il devait nous accorder, mercredi dans l’après-midi, j’ai décidé de descendre en ville pour constater de visu la situation qui règne dans ce pays voisin. Nous nous sommes rendus, depuis le village touristique de Gmaret, où nous résidions. Nous avons demandé au chauffeur de taxi de s’arrêter devant le siège du ministère de l’intérieur. L’immeuble est clôturé par des files de fer barbelé et gardé par des engins imposants de l’armée tunisienne. C’est une image édifiante qui nous rappelle que ce pays a vécu des moments difficiles et que le peuple a réussi à faire tomber l’une des pires dictatures et a pu ériger, en mois d’une année, les premiers fondements d’un nouveau régime basé sur la démocratie et le respect des choix des électeurs et qui garantit le droit de participation politique…du célèbre boulevard Bourguiba, jusqu’à Souika, le cours de la vie nous apparaissait très ordinaire ; des commerces ouverts, les balcons de cafés archicombles, bref tout se passe le plus normalement du monde.

Une ambiance qui donne l’impression que la vie en Tunisie a un goût différent. « Vive la Tunisie libre et démocratique », « Vive Al Merzougui président de Tunisie », « Vive la révolution de la liberté et la dignité », sont des slogans parmi tant d’autres exprimés sur les murs. Certains commerces à Souika, dont ceux qui se sont reconvertis dans la vente des foulards et du voile islamique mettaient des enregistrements de récitation du Coran. Les kiosques, ornés par l’emblème national tunisien, présentent sur leurs étals de nombreux titres de presse fondés après la chute de Ban Ali…notre rendez-vous avec le président Al Marzouki, fixé à 16h00, s’approchait.

Nous sommes arrivés 30 minutes d’avance au Palais de Carthage, où nous avons constaté que les mesures de sécurité étaient ordinaires. « C’était le quartier de Ban Ali », nous a affirmé notre chauffeur de taxi sur un ton ironique. Nous étions conduits dans la salle de réception, où nous étions priés de prendre un thé. A peine siroté notre thé, le conseiller du président tunisien Al Merzougui est revenu nous voir et s’assurer que nous étions pris pour la rencontre, avant de disposer…après quelques moments, il est revenu, de nouveau, pour nous inviter de l’accompagner au salon de son Excellence. Au bout de quelques minutes, M. Al Merzougui nous a rejoins. Dès notre rencontre, M. Al Merzougui nous a déclaré que la Tunisie a adopté une nouvelle culture et une conduite inhabituelle. En effet, il ne porte pas de cravate et n’exige pas de connaître les questions des journalistes avant l’entretien, et ne fixe pas le temps qu’il doit leur accorder, tout en refusant d’être appelé par « Son Excellence », car il croit que l’Excellence revient au peuple. De ce fait, notre entretien avec lui a été convivial et sans protocoles, bien qu’il occupe le siège de celui qui était son bourreau d’hier.

 

El Khabar : Le peuple tunisien commémore le 1er anniversaire de la Révolution de la dignité…comment évaluez-vous les relations algéro-tunisiennes, après la chute de Ben Ali ?

 

Al Merzougui : Les relations algéro-tunisiennes ne peuvent être qualifiées que de « très solides ». L’Algérie est présente en force en Tunisie, un fait que la majorité des algériens l’ignore. Moi personnellement, je me rappelle les circonstances du déclenchement de la Révolution algérienne. J’avais 11 ans. Je me rappelle bien que les tunisiens l’ont vécu au quotidien. Ils suivaient ses informations et ses réalisations avec beaucoup de fierté et d’orgueil. Après l’indépendance, les relations entre les deux pays ont été toujours bonnes pendant les années 1960 et 1970, en se basant sur le principe que l’Algérie était un pays promoteur avec d’énormes projets et un modèle. Les années 1990, soit la guerre civile, nous avons partagé les moments difficiles avec les algériens, à tel point que nous la considérions comme un drame tunisien. Personnellement, j’avais deux amis algériens que je respecte beaucoup, je les ai perdu pendant cette guerre, ils sont en l’occurrence Mahfoud Boussebsi, que j’ai connu à l’occasion de la réception d’un prix remis par le défunt président Bourguiba, ainsi que le docteur Youssef Fethellah que j’ai rencontré alors que nous présidions respectivement les ligues des droits de l’homme en Algérie et en Tunisie. Ce dernier est décédé dans la prison, quand j’ai appris sa mort, j’ai été très triste. Je tiens à dire, encore une fois, que nos relations avec l’Algérie sont fraternelles depuis de longues années. Ainsi, je ne vais pas exagérer si je dirais que si l’Algérie tombe malade, la Tunisie attrape la fièvre. Je considère que la révolution va raffermir davantage nos relations fraternelles, altérées par l’ex dictature tunisienne. Je ne vous cache pas que j’avais honte quand je lisais des informations faisant état de maltraitances contre les ressortissants algériens par le régime déchu de Ben Ali. Ca me fait mal au cœur également d’entendre que les 15 mille algériens établis en Tunisie ont des problèmes administratifs et de résidence. J’ai ordonné aux Ministres de la Justice et de l’Intérieur d’accélérer la régularisation des ressortissants algériens. En effet, la chute de la dictature nous permettra de hisser nos relations à leur niveau habituel. Ma visite en Algérie, prévue en février prochain, s’inscrit dans ce cadre.

 

El Khabar : A propos de votre visite en Algérie, vous avez tenu pour que Tripoli soit la première capitale à visiter, depuis votre accession à la magistrature suprême, alors que MM. Badji Gaid Sebssi et Rached Al Ghennouchi ont préféré l’Algérie…peut-on interpréter cela comme étant une divergence des priorités ?

 

Al Merzougui : Ma première visite en Libye a eu lieu suite à des circonstances urgentes, imposées par la situation économique et sécuritaire entre Tunis et Tripoli. Il n’existe pas de préférence pour moi entre les pays du Maghreb. Il est inconcevable de faire la différence entre les doigts de la même main. Mais la logique oblige que la priorité doit être accordée au doigt blessé. Dans mon cas, le doigt blessé c’est la Libye. Il y a eu beaucoup de problèmes qui nous obligeant d’y aller tenter de les résoudre.

 

El Khabar : Certaines parties ont critiqué l’Algérie pour ne pas avoir pris position pendant la révolution tunisienne, alors que d’autres observateurs ont interprété sa position comme étant un soutien au régime déchu de Ben Ali…comment évaluez-vous cette position ?

 

Al Merzougui : Je pense que la meilleure position que devaient adopter des pays voisins envers un peuple fier de sa révolution est de s’engager de ne pas intervenir dans ses affaires internes, dans tous les sens. En se basant sur le principe que le peuple seul a le droit de déclarer sa révolution, d’en définir son avenir et de construire son Etat. Je considère que la position de l’Algérie, qui ne s’est pas ingéré dans le cours de la révolution, est un choix correct. La Tunisie aurait adopté la même position, convaincue que l’ingérence contourne le cours normal de la volonté des peuples.

 

El Khabar : L’Algérie a, dès le début, affiché un grand intérêt pour le peuple tunisien et une énorme volonté de le soutenir dans ces circonstances difficiles…qu’attendez-vous concrètement maintenant de l’Algérie ?

Al Merzougui : Tout d’abord, nous attendons de nos frères en Algérie le soutien moral, car nous sommes dans une situation déplorable. Les zones frontalières entre les deux pays sont les plus pauvres. Ces zones peuvent constituer une occasion pour une coopération réelle. Afin de pouvoir faire de ces zones un espace de progrès commun, à travers des programmes permettant à nos deux pays d’y agir conjointement. Cela sera considéré comme étant un début de la construction du Maghreb Arabe. Comme vous le savez, je suis très attaché à l’idée de relancer cet espace, et je souhaite que nos frères en Algérie participent à un sommet maghrébin dans les plus brefs délais. Nous avons un grand espoir que la Tunisie puisse abriter ce sommet. Cela va constituer un appui considérable pour nos peuples. Car j’ai la conviction que l’avenir des pays du Maghreb Arabe ne peut être que commun, il est dans l’espace maghrébin. De ce fait, nous attendons beaucoup de nos frères algériens, sachant que rien ne peut se faire sans l’Algérie.

 

El Khabar : C’est un joli rêve, mais il reste « utopique », eu regard de conflits persistant entre l’Algérie et le Maroc sur le Sahara Occidental ?

 

Al Merzougui : Effectivement, la cause du Sahara Occidental a entravé le projet. Maintenant, nous devons essayer de dépasser cette obstacle, si nous n’avons pas réussi à la surpasser…la cause est actuellement entre les mains des Nations Unies. Ainsi, que nous oublions le sujet et nous entamons la construction de l’espace maghrébin, je suis convaincu que nous pouvons surmonter cette crise étape par étape. Que nous entamons l’étape de la construction des cinq libertés, la liberté de circulation, de résidence, de travail, d’investissement et de participer aux élections pour les maghrébins là où ils résident. Peu à peu, les mentalités vont changer, à ce moment là, la cause trouvera son issue, d’une manière ordinaire.

 

El Khabar : C’était grâce à la Tunisie que le processus de réforme au sein de l’espace maghrébin a été déclenché, l’Algérie n’est pas en reste, sachant que le président Bouteflika a engagé des réformes politiques…à travers votre expérience, comment évaluez-vous ce processus ?

 

Al Merzougui : Tous les peuples et les régimes arabes sont en pleine mutation. Nous nous sommes lancés dans une révolte au bout de laquelle nous avons pu restaurer notre stabilité, en fonction de la nature de notre société, qui a des caractéristiques particulières. En fait, les 11 millions de tunisiens n’ont pas de problèmes religieux et sectaires. Nous sommes un peuple de dialogue. Tous ces facteurs nous ont permis d’adopter la démocratie. Mais pour chaque pays a ses propres caractéristiques et circonstances. Je suis conscient des difficultés auxquelles pourrait face l’Algérie. Je suis entièrement convaincu que le processus engagé par nos frères algériens va aboutir à un point qui satisfait tous les interlocuteurs. Du moins, ce que je souhaite, parce que le peuple algérien a souffert pendant les années 1990, qu’il tente de trouver l’équilibre.

 

El Khabar : Vous avez choqué certains milieux en France quand vous avez déclaré dans un entretien accordé au Journal de Dimanche que les français comprennent mal le monde musulman…quelles sont, à votre avis, les relations idéales qui devraient être adoptées par les pays du Maghreb avec leur ancien colonisateur ?

 

Al Merzougui : Ma culture est française, j’ai vécu en France et je connais bien les français auxquels je leur ai déclaré que je ne suis pas hostile à eux, mais plutôt un ami. Mais il existe une différence entre ami et dépendant. Nous sommes avec la France, nous voulons être un bon ami et non un dépendant. Nous voulons être au même pied d’égalité. Les relations coloniales sont révolues et devraient être effacées des mémoires. Lors de sa visite en Tunisie, le MAE français, Alain Juppé, a affirmé cela, l’idée des relations égales est bien fondée. Par contre, nous ne devons pas se leurrer, car la Tunisie ne pourrait développer des relations au même pied d’égalité avec la France, à cause du déséquilibre entre les deux pays, mais à travers le Maghreb arabe, cela pourrait être possible, non seulement avec la France, avec les autres pays de l’Europe aussi.

 

El Khabar : Certaines parties pourraient vous accuser de contradiction, quand vous parlez d’égalité et puis vous vous qualifié comme un « francophone » et « francophile »…

 

Al Merzougui : Oui, effectivement, je suis un ami de la France. J’ai vécu avec eux et je me suis marié avec une française. Mais j’étais toujours fier de mon identité islamique. Je n’ai jamais voulu m’intégrer dans la culture française, tout en exprimant ma reconnaissance à cette culture dont j’ai tiré profit. Je tiens à dire qu’il est indispensable de choisir entre être un ennemi pour les autres ou bien un dépendant. Je préfère être un ami à l’autre tout en préservant mes principes et en imposant le respect à l’autre.

 

El Khabar : Vous avez mis en garde récemment contre toute intervention étrangère en Syrie…comment comparez-vous cette intervention probable avec celle ayant eu lieu par l’OTAN en Libye ?

 

Al Merzougui : En toute honnêteté, je n’ai été jamais pour l’intervention de l’OTAN en Libye. J’ai eu une discussion longue à ce sujet avec BHL, sur les ondes d’une radio française. Je lui ai dis que nous ne voulons pas d’une intervention, nous voulons que la révolution libyenne soit pacifique et authentique. Il m’a demandé de lui donner la solution pour les innocents abattus par Kadhafi. En conséquence, je dirais que la situation en Libye était très difficile, nous n’avons accepté l’intervention étrangère que quand la situation a atteint des proportions alarmantes. Nous l’avons accepté mais sans conviction. En ce qui concerne la Syrie, nous sommes contre toute intervention étrangère quelques soit sa nature. Conscient que la situation dans ce pays est plus complexe que celle de la Libye. Dans le cas de l’intervention étrangère dans ce pays, cela signifie que la guerre va s’étendre à toute la région, ce qui ouvre la voie à toutes les puissances, à l’instar de la Turquie, Israël, l’Iran et Hizbolah. Cela dit toute la région va exploser. A ce moment là, ça devient un suicide, une réalité qui est bien assimilée par les parties étrangères. A mon avis, le spectre de l’intervention étrangère en Syrie reste irréalisable.

 

El Khabar : A travers votre expérience, comment évaluez-vous l’expérience syrienne ?

 

Al Merzougui : La situation en Syrie m’inquiète énormément, du fait que la révolution commence à devenir sectaire, d’où le grand danger. C’est ce que j’ai déjà dis à mes frères syriens. Borhane Ghalioune, le président du CNS, est un ami à moi depuis une vingtaine d’années. Haithem Menaa est un ami intime aussi. J’ai les ai rencontrés en Tunisie et je leur ai conseillé de se réunir dans le but se mettre d’accord sur un front national qui pourrait remettre la révolution syrienne à son droit chemin. C’est-à-dire, loin du sectarisme, tout en se gardant son caractère pacifique, loin de toute intervention étrangère, et qu’elle soit coordonnée par une direction unie capable de donner de l’espoir eu peuple. Mais dans le cas où les divergences et le sectarisme persistent, la révolution va échouer, dans ce cas là, ça serait un drame.

 

El Khabar : le président palestinien a décliné votre invitation !

 

Al Merzougui : Mahmoud Abbas n’a pas décliné mon invitation mais s’est excusé de ne pas pouvoir y venir. Nous avons reçu notre frère Ismail Hania parce que nous voulons traiter avec toutes les parties, tout en prenant en considération de non ingérence dans les affaires internes de la Palestine. Nous avons, du coup, affirmé à notre frère Hania la nécessité de la réconciliation nationale, comme nous avons invité notre frère Abu Mazin qui, pour sa part, n’a pas décliné notre invitation mais s’est excusé de son absence qu’il a justifiée par des raisons personnelles.

 

El Khabar : Voulez vous en venir à ce que vous aviez fait une erreur diplomatique en recevant Hania avant Mahmoud Abbas ?

 

Al Merzougui : pas du tout, Ismail Hania était en voyage et a demandé de nous rencontré. Chose que nous avons accepté. Nous voulions, en recevant Hania, rendre hommage à la population de Gaza, qui vit une situation difficile et réitéré notre soutien au peuple de Gaza encerclé. Et comme vous voyez, nous n’avons pas préféré une partie sur une autre.

 

El Khabar : M. Hania vous a invité à rendre visite à Gaza, allez-vous répondre à cette invitation ?

 

Al Merzougui : notre peuple à Gaza a beaucoup souffert et nous devons l’aider par tous les moyens, chose que nous considérons un devoir national. Si les conjonctures le permettront, je n’hésiterais jamais à rendre visite à Gaza. Nous allons aider et soutenir le peuple palestinien sans entrer en conflit avec quelconque partie palestinienne.

 

El Khabar : en dépit de la petite superficie de la Tunisie, elle a toutefois été dans les années 50, 60,70 et 80 au centre de l’événement, en recevant les dirigeants de la révolution palestinienne et a été le siège de la Ligue Arabe…et avant ça, elle a abrité les révolutionnaires algériens et a été le siège du gouvernement provisoire algérien… comment allez vous replacer la Tunisie à l’avant-garde de l’avancée arabe après deux décennies d’absence ?

 

Al Merzougui : la fragilité de la Tunisie durant la période de gouvernance de Benali était due à la fragilité de cette personne et de son régime, qui a détruit toutes les institutions, y compris notre politique étrangère. Je disais souvent que la Tunisie n’avait pas de ministère des affaires étrangères mais un ministère de l’intérieur à l’étranger. Nos ambassades à l’étranger ne représentaient pas la Tunisie mais ils ne faisait que contrôler nos ressortissants à l’étranger et faisaient la propagande pour Ben Ali. C’en est une période perdue dans l’Histoire de la Tunisie qui a repris son souffle et son rôle sur la scène internationale grâce à la révolution.

 

El Khabar : certains ont expliqué vos dernières déclarations sur l’Algérie, vos réactions vis à vis de la question palestinienne ainsi que votre appel à l’union avec la Libye par votre manque d’expérience. Cela est-il vrai ou cherchez-vous un nouveau discours qui sera opposé à la langue de bois que l’ex régime tunisien servait au grand public ?

 

Al Merzougui : actuellement, je cumule 30ans de travail politique. Certains vont surement dire que ça n’a aucun rapport avec l’expérience d’un chef d’Etat… et je leur réponds qu’est-ce que Ben Ali a bénéficié de cette expérience. Je crois que la vraie expérience c’est de mettre les valeurs auxquelles nous croyons en application. Certains diront qu’un homme d’Etat doit entretenir un discours diplomatique vigilent…je vous dis sincèrement que vous ne pouvez jamais empêcher tout un chacun de mal interpréter vos propos.

Certes, je n’ai fait aucune déclaration à propos de l’union avec la Libye, tout simplement parce que je ne crois pas à l’union sur le modèle de Kadhafi et d’Abdennacer. J’ai été surpris de lire et d’entendre les propos faisant état que j’ai déclaré que les gens ont voté pour les islamistes parce que la solution consiste dans l’Islam. Ces gens ont tout faux. J’ai écrit un article que vous pouvez lire sur « Al-Jazeeranet », dans lequel je dis que « la solution ne consiste pas dans le slogan : l’islam c’est la solution », idem pour ma déclaration qui a été interprétée comme ingérence dans les affaires internes de l’Algérie. Pour ce qui est des campagnes à mon encontre faisant état que je n’ai pas d’expérience, c’en est une atteinte préméditée à mon encontre par certains journaux tunisiens.

 

El Khabar : comment évaluez vous la situation actuelle en Tunisie sur les plans économique et sécuritaire, à la lumière des sit-in permanents qui ne cessent d’augmenter et est-ce que vous possédez des solutions aux problèmes qu’endurent les tunisiens ?

 

Al Merzougui : lorsqu’on parle de révolution, cela signifie l’effondrement d’un monde et la naissance d’un autre monde. Il faut donc un temps pour maitriser la situation. Le meilleur exemple c’est la révolution française qui s’est déclenchée en 1787 et qui a pris environ 70ans pour atteindre ses objectifs. Nous les tunisiens et contrairement à la révolution française, nous n’avons pas tardé à trouver nos repères, puisqu’en moins d’une année, nous en sommes finis avec la dictature et nous avons bâti un régime démocratique. Nous avons organisé des élections libres et réussie et sommes arrivés à former un gouvernement d’alliance nationale. Tout ça pour moi est un miracle. Par ailleurs, nous sommes toujours en quête d’équilibres économiques et sociaux, chose dont je suis pertinemment, certains que nous pouvons atteindre d’ici 3 ou 4ans. En somme, toute la Tunisie vit une situation d’effervescence positive, tout est entrain de se refaire en Tunisie, que ce soit le régime économique, judiciaire et sécuritaire.

 

El Khabar : on en parle trop de votre différend avec le chef du gouvernement, M. Hemadi Al Djebali sur l’exercice des prérogatives, en particulier sur la gestion de la politique étrangère de la Tunisie…Qu’en pensez-vous ?

 

Al Merzougui : je suis à la tête de la présidence de la République depuis 30 jours seulement (l’entretient a eu lieu mercredi). Dans ce lapse de temps, j’ai rencontré le premier ministre trois fois en moins. Nous nous sommes convenus ainsi que le président de l’Assemblée constituante à nous rencontrer chaque mardi autour d’un diner. Je peux vous dire que durant cette trentaine de jours, j’ai rencontré le chef du gouvernement à trois reprises et nous nous sommes convenus ainsi que le président de l’Assemblée Constituante, M. Mustapha Ben Djaafar à nous rencontrer chaque mardi autour d’un diner. Je peux vous dire que ce trio qui gouverne la Tunisie a deux spécificités, primo : nous avions tous été victimes de Ben Ali et notre amitié remonte à 30ans. Nous nous connaissons parfaitement et nous nous respectons mutuellement. En cas de conflits, nous savons comment les régler. Lorsque nous nous sommes rencontrés, hier, nous étions en désaccord à propos du dossier syrien ainsi que sur le dossier sécuritaire. Nous nous sommes échangés les idées et points de vue. Du coup, tout ce qui se dit çà et là à propos de différends entre nous est faux. Nous sommes parvenus à une alliance solide et le respect de nos engagements en est une question de principe, jusqu’aux prochaines élections.

 

El Khabar : qu’en pensez-vous de ceux qui vous accusent d’avoir abandonné vos convictions politiques en vous alliant aux islamistes ?

 

Al Merzougui : nous nous sommes alliés parce que nous n’avions pas d’autre choix. Le contraire signifiait une « guerre civile politique ». Les islamistes ne peuvent gouverner seuls, idem pour les laïcs. Lorsque nous nous sommes alliés, nous avions tracé, moi et Mustapha Ben Djaafar, des lignes rouges à ne pas franchir, à savoir, le respect des droits de l’Homme et de la femme, des libertés individuelle et générales, l’alternance au pouvoir et le partage équitable de la fortune. Ce sont comme vous savez, les principes pour lesquels nous avions combattus. Les frères d’Al Nahdha n’ont eu aucun problème avec ces principes et ont exigé, eux aussi, des lignes à ne pas franchir, relatives à l’identité arabe et musulmane de la Tunisie, des principes avec lesquels nous n’avons, nous aussi, eu aucun problème.

 

El Khabar : peut-on parler d’une identité arabo-islamique de la Tunisie sans parler de la question d’exiger aux femmes de porter le voile et de l’interdiction des boissons alcoolisées et autres revendications des islamistes ?

 

Al Merzougui : n’oublions pas que nous parlons de l’identité dans le cadre du respect des Droits de l’Homme et des libertés. C’est tout le monde qui doit faire des concessions. Nous sommes un peuple arabe et musulman, mais nous croyons, cependant, aux droits individuels et collectifs. Nous avons déclaré que nous n’adopterons pas un Etat théocratique ni un Etat laïc sur le modèle français. Nous projetons, toutefois, de bâtir un Etat civil qui, à mon avis, doit assurer les droits syndicaux et le droit de la femme qui ne porte pas le voile, le droit des croyants et des non croyants. C’est ce que les islamistes en Tunisie ont accepté. Il reste à reconnaître que l’Islam est la religion de l’Etat et à décréter cette clause dans la constitution, étant donné que 99% des tunisiens sont musulmans. Ceci est un fait, qui ne veut pas dire que l’Etat tunisien n’assurera pas les droits des juifs. Comme vous savez, j’ai reçu, à la première semaine après mon élection président de la République Tunisienne, le responsable des rabbins et l’archevêque des catholiques. L’Etat que nous avons décidé de bâtir protégera les droits de tout le monde quelle que soit leur religion. Chose que les islamistes ont acceptée sans aucune réserve, à l’exception de ceux qui se sont autoproclamés Salafistes, qui ne font pas partie de l’Alliance et qui n’ont aucun rôle dans le commandement du pays.

 

El Khabar : quelles seront les relations de la Tunisie avec l’Arabie Saoudite dans le cas où ce pays insisterait à abriter Ben Ali ?

 

Al Merzougui : l’Arabie Saoudite est un grand pays arabe et un pays frère avec lequel nous tenons à garder de très bonnes relations. Cependant, nous espérons que les frères à Riyad comprendront que notre demande de nous remettre Ben Ali est un droit légitime du peuple tunisien, puisque l’Islam n’admet pas d’accueillir les tyrans qui ont combattu la religion et coulé le sang des musulmans. Nous réclamons Ben Ali parce que nous voulons de lui qu’il nous montre où sont partis les fonds volés des tunisiens.

http://fr.elkhabar.com/?Les-Islamistes-en-Tunisie-ont

Partager cet article
Repost0
15 janvier 2012 7 15 /01 /janvier /2012 20:54

في نطاق الاحتفال بمـرور سنة على الثورة المجيدة بتالة، قـدّمت فرقة " أولاد المناجم " حـفلا موسيقيا للأغانــي الملتزمة و ذلك في دار الثقافة بتالة عشية هــذا اليوم و قد تجاوب الجمهــور الحاضر مع ما قــدّمته الفــرقة و لاقى استحـسان الكـثيـــر

 

Les musiciens du bassin minier (Gafsa), musiciens engagés,  ont célébré le premier anniversaire de la Révolution tunisienne dans la ville de Thala… Bravo ! 

Merci Fadhel !     

 

 

____________________________________

Thala en images : quelques beautés… Et quelques misères… 

 

Partager cet article
Repost0
13 janvier 2012 5 13 /01 /janvier /2012 19:20

Parce que la situation économique et sociale est critique, il est dans l’obligation à toutes les parties et les citoyens de fournir une vision claire de la problématique du développement dans la ville de Thala
Le conseil municipal a appelé les différents  acteurs à  fournir un aperçu sur la façon d’avancer le processus  du développement  et les projets spéciaux de priorité locale.
L’appel a reçu  une réponse de beaucoup de parties qui veulent  vraiment  faire changer la situation vers  le mieux
Parmi les suggestions :
-    Création d'une zone industrielle
-    Faire une station de sanctification
-     La révision et le renforcement du plan de financement des investissements municipaux
-    Relier la ville avec le réseau du gaz naturel
-    L'expansion de la ville et sortir de la congestion urbaine
-    Protéger la ville contre les dangers d'inondation qui est un  programme national dont Thala n’a pas eu l’occasion d’en profiter  en raison de l'injustice des systèmes précédents
-    Création de décharges de déchets contrôlées
La Réunion a été suivie par les membres du conseil de la municipalité et un membre de l'Assemblée constituante de la ville de Thala pour fournir ces propositions à l'autorité suprême

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : thala solidaire.over-blog.com
  • : ThalaSolidaire est dédié à la ville de Thala, ville phare de la Révolution tunisienne. Thala est une petite agglomération du centre-ouest de la Tunisie. Elle est connue pour son histoire antique, ses sources, ses carrières de marbre, devenues une sorte de tragédie écologique et économique, sa résistance et sa misère. Thala solidaire a pour objectif de rassembler toutes les voix INDIGNÉES pour donner à cette terre ainsi qu'à toutes autres terres un droit à la vie et à la dignité…
  • Contact

Recherche

Vidéos

Catégories