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15 janvier 2013 2 15 /01 /janvier /2013 03:46

Partie I

Partie II

Partie III

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13 janvier 2013 7 13 /01 /janvier /2013 06:09

Révolution tunisienne, deux ans après : Le cœur n'est plus à la fête!

L'avenue Habib Bourguiba à Tunis, investie depuis hier par des dizaines d'artistes, est devenue, le temps des festivités du 2e anniversaire de la révolution, un atelier de peinture à ciel ouvert. Mais les tons, comme le ciel, sont gris...

 

La veille du 14 janvier, deuxième anniversaire de la révolution tunisienne, le ministère de la Culture a invité les artistes à faire la fête à leur manière dans l'Avenue (c'est ainsi qu'on appelle l'avenue Habib Bourguiba depuis la révolution du 14 janvier), à chanter du rap et de la «soulamia» (chant liturgique musulman) et à peindre des tableaux souvenirs.

Au coeur du tableau, une armada d'agents de la police

Mais l'avenue ne sera pas réservée entièrement à l'art et à la fête. C'est juste un carré de mouchoir de quelques mètres, loin de la bâtisse grise du ministère de l'Intérieur. Le reste, à part les deux tentes réservées à la musique, au chant et au théâtre, appartient surtout aux véhicules de police.

Ici, le ministère de l'Intérieur a multiplié, à l'occasion, le nombre d'agents et placé un bus jaune devant l'entrée colossale du Théâtre municipal. Sait-on jamais...

«On nous a dit que les œuvres tirées de cette manifestation de 3 jours seront rassemblées dans un livre d'art qui sera mis en vente. C'est bien qu'on nous associe à l'art révolutionnaire. D'ailleurs, c'est pour cette raison qu'on a accepté la somme symbolique de 150 dinars l'œuvre. Ce qui nous intéresse, c'est d'être là. Et que l'art survive malgré certains individus qui cherchent à le biffer de la société tunisienne. Bon gré mal gré, nous serons toujours présents et on ne va pas lâcher prise», a dit à Kapitalis, l'artiste Jamel Abdennacer.

Une lueur d'espoir au fond de la toile

Ce dernier, malgré l'ambiance lourde, se dit optimiste: «Ce que je sens, je le peins. Mon tableau est plein de motifs gais. C'est ça la Tunisie, d'hier, d'aujourd'hui et de demain. Il faut que l'on sache que nous n'allons jamais céder et que la Tunisie est un jardin de mille et une fleurs».

Son voisin renchérit: «C'est vrai, l'an dernier, c'était sous le pont d'en face. On nous a donné 1 million de millimes pour chaque toile peinte. Peu importe, moi je suis là et je ne vais rien demander. Il me suffit de figurer sur la liste des artistes présents et l'argent ne m'intéresse pas... Puis, on comprend. Les caisses de notre ministère sont vides et une partie du budget a été versée dans les caisses du ministère des Affaires religieuses».

Le peintre, qui était courbé, badigeonnant sa toile à même le sol, se lève et poursuit sa discussion devant une grappe de passants: «Je participe à ma façon pour dénoncer la terreur et toutes ces nouvelles pratiques qui nous tombent du ciel. Ceux qui cherchent à éradiquer l'art et la culture de notre belle Tunisie, tournée vers le futur et non au 7e siècle, doivent savoir que nous serons là, à leur faire barrage».

La politique dans toutes les sauces

Le débat a commencé à chauffer, chacun donnant libre cours à ses peurs. «La Tunisie ne sera jamais la Somalie ou le Mali. Que le Qatar et les wahhabites de l'Arabie saoudite sachent que la Tunisie ne changera jamais», a lancé à haute voix une dame d'un certain âge. Elle voulait faire entendre sa position à l'équipe de la télévision qatarie Al-Jazira qui enregistre un documentaire sur les festivités.

Les uns devant leur chevalet, absorbés par leurs pinceaux et pots de couleurs, les autres ont plaqué leurs toiles sur les troncs des ficus qui jalonnent la bretelle de l'avenue, d'autres ont étalé les leurs soit sur des supports en acier soit à même le sol et tout le monde se dépêche. Car après cette équipe du matin, une autre est au programme de l'après-midi.

Des gouttelettes de peintures noires, bleues, jaunes, vertes et surtout rouges tachent les pavés. «Pourvu qu'on voie ces pavés tachetés de peintures que de les voir de rouge sang», relève une étudiante aux Beaux Arts.

Ciel, il fait encore gris !

La jeune artiste moulée dans son jean, une éponge à la main, devant un seau de peinture diluée, peignait son univers selon ce qu'elle ressent. Les couleurs sont grises. «Un piéton vient de me renverser le pot et n'a même pas pris la peine de s'excuser...», a-t-elle murmuré.

Celui qui a renversé le pot l'a regardé de travers et a continué son chemin. Lui aussi a murmuré : «Ils n'iront pas très loin. On verra!», a-t-il dit à son amie. Et comme par hasard, une niqabée.

«C'est sympa, mais le programme est très carré. On aurait aimé que l'appel du ministère de la Culture soit lancé à tous les artistes, même en herbe. On aurait aimé voir des jeunes jouer au violon, d'autres à la guitare, d'autres artistes d'animation de rues et d'art vivant, je veux dire des saltimbanques», raconte un passant. Il pense que la dictature est de retour et «on le sent, rien que par l'ambiance lourdaude et la présence massive de la police», poursuit-il. «Et comme au bon vieux temps de Ben Ali, si ce n'est pire. C'était une insurrection et non une révolution. Il suffit de regarder tout autour de vous», conclut-il sur une note pessimiste. kapitalis


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Le baiser interdit

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Il ne se passe plus un jour en Tunisie sans qu'un nouveau scandale n'éclate. Les rumeurs circulent à grande vitesse, souvent suivies de démentis officiels ou de polémiques qui creusent encore le fossé entre les deux Tunisie et divisent de plus belle l'opinion publique. L'affaire d'aujourd'hui peut paraître à certains anodine ou insignifiante, alors qu'elle cache une réelle volonté de modifier le mode sociétal tunisien et de contrôler les moeurs des citoyens.

Les faits

Dans un quartier populaire de la capitale, un couple de jeunes gens s'embrasse en public quand ils sont découverts par le frère de la jeune fille. "Normalement" dans ce genre de situation, le frère bat sa sœur et son amoureux et l'affaire est close. Or, le frère est allé alerter la police qui a rappliqué et a procédé à l'arrestation du couple. Traduits en justice, nos deux amoureux ont écopé chacun de deux mois de prison pour "outrage à la pudeur", rapporte aujourd'hui le quotidien Assarih.

Cette condamnation, si elle s'avère vraie, s'inscrirait dans la lignée des nombreuses affaires où la liberté individuelle des citoyens a été "limitée". La notion de morale s'est immiscée dans les affaires judiciaires et les jugements moraux prennent de plus en plus le dessus dans les verdicts.

Les antécédents

Cette affaire n'est pas sans nous rappeler la tristement célèbre affaire de la jeune fille violée par deux agents de l'ordre public et transférée en justice pour atteinte à la pudeur sur la voie publique.

L'été dernier, des femmes légèrement vêtues ont été systématiquement harcelées par les policiers au centre-ville de Tunis, ce qui avait provoqué à l'époque un tollé des féministes et des associations des droits de l'homme.

Il ne va pas sans rappeler aussi, la création il y a quelques mois, d'une association tout à fait légale qui a pour but de promouvoir la vertu et de lutter contre la débauche. Son président, Mr Adel Almi, avait intensifié ses activités l'été dernier, allant jusqu'à prêcher la bonne parole chez les touristes dans les hôtels.

Aussi, nous avons assisté le mois dernier à l'arrestation d'un homme pour "détournement de femme mariée"

Les répercussions

Si la condamnation se confirme, cela aura une incidence grave. C'est la mise en place d'un appareil répressif basé sur des lois liberticides, qui portera atteinte aux libertés individuelles et modifiera le comportement des citoyens. Une interprétation stricte des lois existantes , lois "bateau" , sous la coupe desquelles peuvent facilement tomber les citoyens.

Diversion ?

Un fait divers qui surgit le lendemain de la publication de révélations très graves sur le site Nawwat,accablant le parti au pouvoir. Cette nouvelle affaire ne serait donc qu'une diversion pour étouffer le scandale.

Cette affaire fera aussi oublier pendant quelques jours et le temps qu'éclate un nouveau scandale, le remaniement ministériel attendu comme le messie et qui tarde à venir.

Deux poids, deux mesures

Deux jeunes gens sont embarqués par la police et jugés puis condamnés à deux mois de prison pour avoir échangé un baiser en public. Un conseiller auprès du ministre des Affaires étrangères déclare sur une chaîne télé qu'il vit avec une femme sans être marié n'est pas inquiété. Le mariage coutumier qui a "revu " le jour après l'arrivée des islamistes au pouvoir est en plein essor. Un soupçon d'affaire de moeurs plane autour d'un ministre et le ministère public ne bouge pas le petit doigt ...

Une chose est sûre: cette affaire n'a pas laissé indifférents les utilisateurs des réseaux sociaux, l'indignation a poussé certains d'entre eux à appeler à l'organisation d'un flashmob où les gens devraient s'embrasser en public pour afficher leur soutien au couple. webdo.tn

 

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Le baiser halal

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Des fidèles d'une mosquée de Raoued font la queue pour embrasser la tête de Rached Ghannouchi, président du parti Ennahdha. Le temps d'une prière, le leader politique s'est métamorphosé en guide spirituel, balayant d'un revers la loi interdisant l'utilisation des mosquées à des fins politiques. Pendant ce temps-là, la justice est occupée par Olfa Riahi, Naoufel Ouertani et Nawaat businessnews

 

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Adel Almi veut séparer les garçons des filles à l’école

 

http://mag14.com/images/stories/2013/Janvier/adel-almi.jpgAdel Almi, le président de «l'Association centriste pour la sensibilisation et la réforme», dont les objectifs affichés sont «la promotion de la vertu et la prévention du vice» à l’instar des gardiens de la morale wahhabite qui répriment les incartades dans les rues saoudiennes, plaide désormais ouvertement pour la séparation entre filles et garçons à l’école.

Dans une interview publiée sur le site Assabah News, Adel Almi, a déclaré que l'association réitérera le 14 janvier son exigence du rejet de la mixité dans les écoles tunisiennes. L’objectif étant, selon lui, de «rappeler au peuple tunisien les valeurs religieuses».

Est-ce véritablement surprenant de la part d’un Imam qui avait publiquement affirmé que les femmes non-voilées iront brûler pour l’éternité en enfer ? mag14

 

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Torture à la manière de l'ancien régime 

 نبيل العرعاري مناضل من حزب العمال

 

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  • Bons baisers d’Ennahdha pour le 14 janvier !


    Le deuxième anniversaire de la Révolution tunisienne pointe du nez et l’humeur est loin d’être à la fête. L’inquiétude et la crispation se lisent sur les visages. Les difficultés d’un quotidien frappé par la crise, le chômage en hausse et l’endettement croissant du pays minent le moral du peuple et d’une grande partie de ses forces vives.

  • Pour marquer l’événement, 5 présidents étrangers sont invités, et le Moncef Marzouki a reçu tout le gratin politique national pour calmer les esprits, apaiser les tensions et tirer la énième sonnette d’alarme. Car politiquement, les choses se compliquent. Ennahdha au pouvoir domine de plus en plus et la Troïka est sous perfusion. L’opposition est minée de grosses tensions après les premières lueurs de coalition et d’alliance pour faire un front face au principal parti politique du pays.

    L’engagement d’écrire la Constitution et de se diriger vers de nouvelles élections n’est pas tenu. Les nombreux effets d’annonce sur une feuille de route et une date pour les élections ne bernent plus grand monde dans le sillage d’un remaniement annoncé depuis juillet 2012, mais qui tarde à se concrétiser et qui a été promis pour le 14 janvier 2013.

    Selon toute vraisemblance et à force d’attente, c’est la montagne qui accouchera d’une souris au vu du refus de certains partis politiques de renter dans le gouvernement.

    Mais que changerait ce remaniement si les engagements pris ne sont pas respectés et les responsabilités de ces manquements ne sont pas assumés? Qu’apportera-t-il ce remaniement si à trop appeler au dialogue personne ne veut dialoguer?

    Le pire ennemi de cette transition est le temps. Il est précieux car vital pour signer la fin d’une page ou mettre un point final à tout un processus démocratique.

    Face à une situation économique qui pique du nez, une inflation à plus de 5,9% au cours du mois de décembre 2012, une austérité dans laquelle plonge la Tunisie, Ennahdha au pouvoir mène la valse. Chaque jour apporte son lot de nominations, de contradictions, de déclarations et de contre-déclarations. Les hommes acquis au parti sont aux commandes dans les régions, les gouvernorats, l’administration et le seront un peu plus tous les jours…

    Les quelques écrous à dévisser pourront s’appuyer sur les Ligues de Protection de la Révolution qui font la garde et veillent sur le butin face à une opposition diluée, n’arrivant toujours pas à s’allier, à s’approprier la rue et à renouer pleinement et durablement le contact avec le peuple.

    A force de lenteurs, de polémiques stériles et de petits calculs, elle se désavoue et déçoit. En boucle, les progressistes semblent convaincre –ou vouloir se convaincre– qu’Ennahdha bat de l’aile, malmenée par son bilan négatif de l’exercice du pouvoir, or celui-ci avance, se structure, se fortifie et reste solidaire bien que plusieurs courants le traversent.

    Ennahdha se déploie dans les régions, les quartiers, les maisons, les rues via un maillage serré du pays reposant sur les associations, les mosquées, les militants mobilisés et sympathisants qui, bien que critiques, ne quitteront pas le giron du parti. 

 
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15 janvier 2012 7 15 /01 /janvier /2012 02:07

Sur l'Avenue Bourguiba (Tunis), le 14 janvier 2012  (Dégage Qatar à partir 3' 25)

 

 Sur avenue Bourguiba (Tunis), le soir, 14 janvier 2012

Le Président Bouteflika est heureux de partager avec les tunisiens les joies de cette journée mémorable et appelle à la construction du Grand Maghreb...  

Qatar, DÉGAGE !  

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14 janvier 2012 6 14 /01 /janvier /2012 20:38

 
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14 janvier 2012 6 14 /01 /janvier /2012 18:27

Vous avez dit «Révolution de la dignité et des libertés» ? 

 

Montée du Salafisme et silence du gouvernement
Un citoyen dénonce Al Jazeera et Qatar
Les blessés de Kasserine, un an après

          Le point de vue des citoyens ... 


 


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    Un an après la révolution, nos libertés sont de plus en plus entravées

 

par Khedija Arfaoui 

 

LE PLUS. Les Tunisiens fêtent un anniversaire placé sous le signe du désarroi et de l'inquiétude. Un an après la révolution, Khedija Arfaoui, partisane d’un islam du for intérieur, exprime de sérieux doutes quant au nouveau pouvoir en place.

 

 

La révolution en Tunisie a eu lieu pour deux raisons essentielles : pour combattre la pauvreté et pour défendre nos libertés muselées sous la dictature.


Or, que sommes-nous en train de voir ? Tous les jours, nos libertés sont muselées davantage et d’une manière de plus en plus inquiétante. On en confond par exemple juifs et Israéliens sionistes, en permettant ce qui s’est passé à l’aéroport de Tunis-Carthage à l’arrivée du dirigeant du Hamas, sans le condamner.


 

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Nos dirigeants sont en train de se comporter comme s'ils se vengeaient de leurs souffrances sous le régime Ben Ali, et même sous celui de Bourguiba. Ils nous traitent comme leurs ennemis. Ils ne réalisent pas qu'ils sont en train de se tromper de porte.

 

Leur haine de l'Ancien régime devrait davantage se focaliser sur un retour de Ben Ali, de sa femme et de ses gendres, afin qu'ils soient jugés. Et ils devraient mettre tous leurs efforts dans la relance économique du pays.

 

Ils n'ont pas le monopole de la souffrance

 

Or, que se passe-t-il ? Ils créent d'autres problèmes qui paralysent encore plus le pays. Je voudrais rappeler que nos nouveaux dirigeants ne sont pas les seuls à avoir souffert. Nous sommes nombreux à avoir souffert, à des degrés divers.

 

J'ai été moi-même victime de l’arbitraire (1), certains sont morts. Et je voudrais rappeler, par exemple, l’avocate féministe Radhia Nasraoui et son mari communiste Hamma Hammami qui ont souffert de coups et blessures et de prison, pour ne citer que ceux-là. Je crois tout à fait les déclarations de notre nouveau ministre de l'Enseignement supérieur quand il nous raconte ce qu'il a souffert sous la dictature.

 

Mais la Tunisie devrait-elle payer pour cela ?

 

Car au lieu de parer au plus pressé (l'emploi, la pauvreté, comme me disait une femme de ménage − "je suis pauvre, mais je ne savais pas qu'il existait tant de pauvreté chez nous"), nos dirigeants ont créé des drames qui nous enlisent davantage et qui font fuir les Tunisiens et les étrangers. Nous avons besoin de sécurité et pas de police des mœurs.


Le Nikab ? Mais c'est une histoire ridicule ! On arrête un couple et on veut les mettre en prison pour "nettoyer le pays des gens qui boivent de l'alcool", on laisse des gens agresser physiquement le doyen et les enseignants d'une université dont nous sommes fiers sans punir les agresseurs, et on en rend le doyen responsable... Où va-t-on ?


J’ai cru que l’on pouvait joindre "islam et démocratie", j’y ai cru.

 

Parce que je suis musulmane. Mon islam est en moi, j’ai grandi avec et je mourrai avec. Mais l’islam qu’ils nous imposent aujourd’hui est un islam qui n’apporte que la mort et le deuil.

 

 

Arrêtons de parler religion !

 

Je rejoins le savant Mohamed Talbi qui n’a cessé de dire que l’on ne pouvait faire confiance à Ennahdha parce que les Nahdhaoui, et, à leur tête, Rached Ghanouchi, ne sont pas démocrates. Je ne veux plus entendre parler de religion.

 

Je voudrais que nos gouvernants se concentrent sur les problèmes économiques et sociaux et qu’ils arrêtent de nous empoisonner l’existence avec leurs questions d’obligations religieuses. La religion étant une histoire personnelle et privée, ils n’ont pas à l’imposer au public.


Sinon, que se passe-t-il et que se passera-t-il ? Le nombre d’ennemis de ce gouvernement ne va cesser de croître, et la déstabilisation va mettre le pays à genoux, plus encore qu’il ne l’est déjà aujourd’hui.


L’histoire est un éternel recommencement. Il faut relire l’histoire des religions, toutes les religions, l’histoire de l’humanité. Personne n’est spécial. Nous sommes tous humains. Pour sauver le pays, il faut arrêter ce manège, ne pas toucher aux libertés et se concentrer sur les problèmes essentiels : chômage, pauvreté, misère, maladies…

 

Je suis malheureuse, et je ne suis pas la seule. La révolution a-t-elle été faite pour rendre le peuple tunisien malheureux ? Ou bien a-t-elle été réalisée pour le libérer ?

 

 


(1) Khedija Arfaoui avait été condamnée en 2009 pour diffusion de fausses nouvelles sur Facebook à huit mois de prison ferme, 
http://nawaat.org/portail/2009/07/20/communique-soutien-madame-khedija-arfaoui-2/

 

source http://leplus.nouvelobs

 

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  Les ambivalences du 14 janvier, de Bouazizi au Qatar (1/2)


 

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Place du 14 janvier. Ex-place du 7 novembre 1987. (Thierry Brésillon)

Commencée par l'immolation du jeune Bouazizi, à Sidi Bouzid, le 17 décembre, la révolution tunisienne est célébrée ce 14 janvier, jour du départ de Ben Ali, institutionnalisée comme « le jour de la jeunesse et de la révolution ».

La journée a inauguré une ère nouvelle. Mais pas forcément celle à laquelle aspiraient les Tunisiens descendus dans la rue, entre le 17 décembre et les folles journées de janvier.

1. Le 14 janvier, une journée des dupes

Le départ de Ben Ali au soir du 14 janvier a été indiscutablement la transgression politique qui a signifié aux yeux de tous les pays et de tous les dirigeants du monde arabe et au-delà, qu'aussi verrouillé soit-il, aucun régime ne pouvait s'appuyer indéfiniment sur le mensonge et la répression.

Mais au-delà de cette valeur symbolique, que s'est-il joué réellement le 14 janvier ? Une foule s'est rassemblée devant le Ministère de l'Intérieur pour crier « Dégage ! ». La famille Trabelsi a essayé de quitter le pays avant d'être arrêtée. Ben Ali qui accompagnait sa famille à l'aéroport est finalement monté dans l'avion qui les conduisait en Arabie saoudite, mais avec la ferme intention de revenir. Le soir, le Premier ministre annonçait qu'il assurait l'intérim durant l'absence du Chef de l'Etat. Dans la nuit, la situation a basculé et le lendemain la possibilité de son retour s'éloignait.

Le travail d'investigation n'a pas fini de révéler le jeu occulte qui s'est déroulé dans ce laps de temps. Et dans les jours qui ont suivi tout aussi déterminants.

Mais les événements du 14 janvier relèvent probablement plus d'une lutte pour le pouvoir entre différents secteurs de l'Etat à la faveur d'un soulèvement populaire, que d'une révolution démocratique. Alors que l'avant-scène était occupée par les manifestations dans la rue, l'intrigue se nouait entre les différents services de police, la Garde présidentielle, l'armée, le parti au pouvoir, les autorités politiques, mis sous pression par des deux semaines d'agitation sociale, sans parler de possibles influences extérieures.

Son dénouement a scellé le sort de Ben Ali et de la famille de Leïla Trabelsi. La vacance de pouvoir a laissé, par défaut, la place à une transition démocratique.

Mais le départ de Ben Ali et du clan qui s'était greffé sur l'Etat pour parasiter l'économie, laissait tout le système intact.

2. Ni la fin, ni le début

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Le jour se lève sur l'avenue Habib Bourguiba. (Thierry Brésillon)

En ce sens, le 14 janvier n'est ni la fin de la révolution, si l'on entend par là une transformation des cadres politiques, économiques, sociaux, culturels… C'est plutôt le début de la possibilité d'un processus transformation.

Ni le début de la révolution, si le terme désigne le soulèvement qui conduit à la chute du régime. Le premier acte de la subversion est le soulèvement du bassin minier en janvier 2008, encadré par les syndicalistes de base d'opposition. Le second, est l'insurrection à partir du 17 décembre et l'immolation de Bouazizi, de jeunes sans perspective, encadrés par des syndicalistes et des avocats qui, instruits par l'échec du mouvement de 2008, se sont tenus cette fois en retrait.

C'est le basculement de l'UGTT à partir du 12 janvier, à Sfax, qui va sceller la jonction entre une protestation principalement économique et sociale, et l'opposition politique de la classe moyenne de la capitale.

Le 14 janvier constitue donc un symbole ambigu. La récupération du soulèvement par le dernier acteur entré en scène et un mythe commode pour occulter tout ce qui s'est noué derrière l'apparence d'une rupture.

La force du mythe a toutefois créé la possibilité de cette rupture. Mais seules l'ampleur du travail des différents acteurs sociaux et l'évolution des rapports de force détermineront la profondeur et l'orientation de cette « révolution ».

3. La révolution économique n'a pas eu lieu

La dimension économique et sociale de l'échec du système Ben Ali et du soulèvement n'a échappé à personne : le chômage massif des jeunes, l'inégalité du développement régional, le poids d'une bureaucratie centralisée sur une économie sur-administrée, la dépendance à l'égard d'une intégration industrielle en bas de l'échelle de spécialisation, la précarisation du travail salarié pour garantir la compétitivité de la Tunisie moyennant des salaires de misère (parfois 40 euros par mois dans les cas les plus extrêmes), la prééminence d'une activité touristique structurellement déficitaire dont dépend plus ou moins directement 30 % de la population, le dumping écologique qui conduit à des catastrophes environnementales ou sanitaires comme dans le golfe de Gabès, dévasté par l'industrie chimique, ou le bassin minier d'où extrait le phosphate…

Or, aucune transformation structurelle de cette donne économique n'a été sérieusement élaborée. Le système dit de la « mounawala » (l'externalisation d'activités de service telles que l'entretien, la sécurité… ), a été supprimé dans le secteur public. Les salaires ont été globalement augmentés en moyenne de 15 %. Le rééquilibrage du développement en faveur des régions de l'intérieur est un passage obligé de tout discours économique, mais rien n'a encore été véritablement lancé.

Pour le reste, toute l'attention est focalisée sur la nécessité d'attirer, sinon de retenir, les investisseurs, sans les dissuader en leur imposant des conditions sociales ou des contraintes fiscales ou écologiques nouvelles. La campagne électorale n'a donné lieu à aucun débat économique sérieux.

La fin de la prédation du clan Trabelsi, la moralisation, le recours aux produits de la finance islamique ou la création d'un fonds social financé la zaakat (l'aumône), paraissent très en deçà de la profondeur de la réflexion à mener, tant à l'échelle nationale, qu'à l'échelle locale, pour sortir de la grande pauvreté les 25 % de Tunisiens qui en souffrent et offrir une perspective aux 800 000 chômeurs déclarés.

4. Une révolution conservatrice

Les icônes libertaires et mondialisées de la révolution tunisienne ont rapidement cédé le rôle principal à une société conservatrice. Dans le contexte tunisien, des décennies de dictature ont associé la modernité à l'oppression, les classes les plus intégrées dans cette modernité aux couleurs occidentales, à l'élite privilégiée du régime.

La libération a ouvert les vannes au retour d'un traditionalisme refoulé. D'autant plus fort, que l'identité arabo-musulmane, victimisée par la guerre en Irak, le conflit israélo-palestinien, devenue le paria de l'ordre international depuis le 11 septembre, est surchargée d'affect.

Pour aller plus loin dans la profondeur historique, on peut voir dans les énergies libérées par la levée du carcan autoritaire, la revanche des perdants de 1956, face à la conception moderniste de Bourguiba : les théologiens de l'Université de la Zitouna, les nationalistes arabes, les tribus, les régions de l'intérieur…

Mais cette revanche, ce repli identitaire, sont reformulés par l'islamisme politique.

5. L'orientalisation de l'identité tunisienne

Le retour à l'identité, que Moncef Marzouki a voulu symboliser par le port d'un burnous (une cape en laine) sur son costume, par l'allusion au fait que les vœux de la nouvelle année n'appartiennent pas aux traditions arabo-islamiques (alors qu'il s'agit pourtant d'une habitude sociale répandue en Tunisie), et un discours de rupture à l'égard de la francophonie, fait curieusement l'impasse sur les sources tunisienne de l'identité nationale.

A commencer par Kheireddine Pacha, porteur d'un projet national et ouvert (il a créé par exemple les premiers établissements scolaires où l'on apprenait les langues étrangères).

Ou encore le théologien Tahar Haddad, qui a théorisé la possibilité d'une réinterprétation des normes islamiques dans le contexte des sociétés modernes, exclu par l'université de la Zitouna, et violemment rejeté aujourd'hui par la nouvelle génération qui lui préfère des thèses importées des pays du Golfe. Entre autres pour les plus médiatiques d'entre elles, le prédicateur Youssef el-Qaradhawi, dont la pensée est largement diffusée par la chaine qatarie Al Jazeera.

Le parcours saoudien du nouveau ministre des Affaires religieuses est un des signes de l'orientalisation de l'islam tunisien.

Et s'il faut parler de détournement de la révolution, c'est sans doute davantage de cette récupération d'un repli identitaire au profit d'une entreprise de domination de l'islam sunnite par des sources extérieures, que de l'islamisme politique qu'il faudrait parler.

6. La qatarisation du monde arabe

Au chapitre des influences extérieures, celle du Qatar semble écrasante. Considéré (sans élément comptable probant) comme l'un des principaux financiers de la campagne du parti Ennahdha, le Qatar est en train de développer un rayonnement diplomatique stupéfiant.

C'est le premier pays dans lequel s'est rendu le leader du parti islamiste, Rached Ghannouchi, au lendemain des élections. Invité aux festivités du 14 janvier, l'émir du Qatar est arrivé la hôte remplie de promesses d'investissement.

A quoi correspond cet activisme international d'un pays dont la superficie (11 000 km²) n'égale pas l'Ile-de-France ?

A fournir aux jeunes générations des pays arabes, un horizon qui leur permette d'échapper à l'alternative Occident/jihadisme, à diluer leur frustration et leur rébellion dans une modernité consumériste et arabe, à contenir l'influence de l'islam salafiste et anti-occidental.

S'il fallait un seul indice pour étayer cette idée, c'est le choix du Qatar pour organiser la Coupe du monde football en 2022. Qu'est-ce qui peut, mieux que le foot, catalyser la passion des jeunes ?

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Manifestation, le 13 janvier 2012, contre la présence du Qatar aux festivités du 14 janvier (Thierry Brésillon)

La révolution tunisienne a ouvert la possibilité à cette influence de s'exercer par le biais du parti le plus présent dans la société et bientôt dans les rouages du pouvoir. De là à dire qu'elle s'inscrit dans un vaste dessein de domestication du monde arabe, il y a un pas que beaucoup franchissent sans hésiter.

 

 

 

 

 

source rue89

 

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Des milliers de personnes sont rassemblées le 14 janvier 2012, avenue Bourguiba à Tunis.Des milliers de personnes sont rassemblées le 14 janvier 2012, avenue Bourguiba à Tunis. © AFP

Le premier anniversaire de la révolution tunisienne se déroule sous haute tension. Malgré les avancées démocratiques, le ras le bol général se fait sentir en Tunisie, sur fond de divisions politiques et politiciennes.

Acquis indéniable de la révolution, la Tunisie a été le premier pays arabe a entrer en démocratie. Mais un an après la chute de la dictature de Ben Ali, la plupart des Tunisiens n'ont pas vraiment le cœur à la fête. Avec une situation économique critique, le nouveau gouvernement, issu des urnes est confronté aux revendications des régions intérieures du pays en matière de réduction de la fracture sociale et de plein emploi. Kasserine, Thala, Sidi Bouzid, ou Gafsa ne veulent plus de promesses et somment l’exécutif de leur répondre par des actions à effets immédiats.


Le Premier ministre Hamadi Jebali, lors de son discours d’investiture avait annoncé 600 000 emplois d’ici à 2015, mais la relance de la machine économique reste tributaire du retour au calme dans les régions. « Annoncer une croissance de 4,5 % alors que les indicateurs économiques sont en chute libre et que les effets de la crise mondiale se font sentir est imprudent », souligne Olfa Arem, vice présidente de l’association « Engagement citoyen » qui travaille sur le développement durable des régions tunisiennes.


 

Confusion


Autre motif d'inquiétude pour les Tunisiens : la confusion semée dans les esprits par une nouveauté démocratique, le pluralisme politique. Le lent démarrage des travaux de l’Assemblée Constituante, élue depuis le 23 octobre, inquiète la société civile qui tient à ce que la rédaction de la Constitution n’excède pas une année comme prévu, tandis qu’une partie de l’opinion publique est critique à l’encontre du gouvernement, composé principalement par des membres du parti islamiste Ennahdha, majoritaire aux élections, mais aussi du Congrès pour la république (du président tunisien Moncef Marzouki) et d'Ettakatol (du président de l'Assemblée nationale Mustapha ben Jaafar).


Nombreux sont ceux qui accusent l'exécutif d’être partisan et de confondre activisme et action gouvernementale. L’apprentissage de la gouvernance ne se fait pas sans mal et les maladresses sont légions. On reproche notamment au gouvernement de ne pas prendre de décisions fermes face à l’émergence de groupuscules islamistes dans l’espace public ; de n’avoir pas statué sur le blocage, depuis six semaines, de la faculté de la Manouba par des salafistes exigeant l’autorisation du port du niqab ; et de n’avoir reconnu l’existence d’un fief salafiste, à Sejnane, au nord du pays, seulement après que la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH) et la presse aient dénoncé les agressions de dizaines de citoyens.


 

Indépendance des médias


Outre la question salafiste, on suspecte le gouvernement de tenter de dépasser ses prérogatives et de réduire l'indépendance des médias publics en nommant non seulement de nouveaux directeurs mais aussi des rédacteurs en chef. La police et les magistrats sont également mécontents. Au moment où ils amorcent la mise en œuvre de leurs réformes, les autorités font planer le doute quant à leur probité. Les forces de l'ordre n'acceptent pas par exemple le limogeage du colonel Moncef Lajimi, en charge des brigades d'intervention spéciales, et les magistrats refusent d'être taxés de laxisme après avoir relâché, faute de preuves, les auteurs supposés du saccage du siège du Gouvernorat de Jendouba, le 3 janvier.


Chacun manifeste sa colère dans la rue, mais les tensions sont fortement exacerbées par la présence du service d’ordre d’Ennahdha lors des manifestations. « Où sont les forces de l’ordre républicaines ? Cette milice n’a pas à intervenir contre les manifestants », fustigent régulièrement les membres de la société civile. Mais l'opinion publique s'inquiète surtout d'un exécutif censé accompagner les travaux de la Constituante et qui se revendique de la légitimité des urnes pour entamer des programmes qui ressemblent plus à des plans quinquennaux qu'à une politique d'urgence à durée limitée.


En coulisses, les opposants estiment cependant que le Gouvernement montre des signes de faiblesses en ne prenant pas position sur la question salafiste, ou en multipliant les ballons d'essai et en se rétractant sur de nombreux sujets. La bonne entente entre les trois partis alliés à la tête de l'État semble en outre n'être qu'apparente. « Pour être crédible, une certaine cohérence est nécessaire ainsi que de la fermeté », fustige par exemple un membre du Congrès pour la république (CPR).
 

 

par Frida Dahmani, à Tunis

 

source jeuneafrique


 

 

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Parole aux partis ..

 

 

Partis et société civile

 

 


 

 

Néziha Rejiba, alias Om Zied (journaliste opposante à Ben Ali et membre du CPR) : «Des avancées remarquables, mais tout n’est pas rose»



Le plus grand acquis de la révolution est incontestablement le départ de Ben Ali et de la mafia qui l’entourait. L’autre motif de satisfaction concerne la fin de la peur légendaire qui caractérisait naguère le Tunisien. Des avancées remarquables ont été aussi enregistrées dans le domaine des libertés publiques. Le gouvernement ne réprime plus les journalistes et la Tunisie est devenue championne mondiale en termes de nombre de partis politiques et d’associations. Le pays a, par ailleurs, connu des élections plus ou moins correctes, ce qui constitue une première dans le monde arabe.

 

Toutefois, tout n’est pas rose. Sur le plan économique, rien n’a pratiquement changé. Et c’est là que le bât blesse. L’histoire montre que plusieurs révolutions ont été avortées en raison de la détérioration de la situation économique.

 

 L’Etat de droit et des institutions tarde aussi à se mettre en place. Sans verser dans le pessimisme, je constate qu’un autre parti est en train de quadriller le pays et de noyauter l’administration, les corps sécuritaires et les médias.

 

Les récentes nominations à la tête des médias publics montrent, d’autre part, que le gouvernement cherche à museler les médias qui commencent à peine à découvrir la liberté d’expression.

La Tunisie ne semble pas, par ailleurs, maîtresse de son destin. D’autant plus que le gouvernement a tendance à se plier aux diktats de certains pays du Golfe ou des Etats-Unis.


Malgré tous ces indices qui n’augurent rien de bon, je reste optimiste. Cette révolution ne peut pas être récupérée par un seul parti d’autant qu’elle appartient à l’ensemble du peuple tunisien. Et ce peuple qui a brisé le mur de la peur saura protéger sa révolution.

W.K

        

 

 

Hamma Hammami (secrétaire général du Parti Communiste ouvrier de Tunisie) : «La révolution est encore à mi-parcours»


Le peuple tunisien a réussi à faire plier un régime policier, à reprendre sa liberté et à imposer le principe de l’élection d’une Assemblée constituante chargée de jeter les fondements de la deuxième République. C’est là un grand pas. Mais la révolution est encore à mi-parcours. Les libertés arrachées au prix fort ne sont pas encore institutionnalisées et la démocratie reste à construire.


Sur le plan économique et social, le peuple ressent une grande frustration. Ses aspirations tardent à se concrétiser. La troïka n’a pas encore donné des signes rassurants. Bien au contraire, beaucoup d’indices poussent au pessimisme et laissent croire que la confiscation de la révolution est très probable. Les propos rassurants ont été jusqu’ici adressés aux détenteurs des capitaux locaux et étrangers. Le peuple a été, quant à lui, appelé à serrer la ceinture et à faire davantage de sacrifices malgré la détérioration de son pouvoir d’achat et l’explosion du chômage.


Sur le plan politique, la loi portant organisation des pouvoirs publics qu’on appelle également « petite Constitution» laisse croire que la « grande Constitution » ne sera pas démocratique.

Le parti islamiste Ennahdha a aussi commencé son travail de sape à harceler les médias, ce qui constitue une grande menace pour la liberté d’expression.

L’apparition de milices proches d’Ennahdha s’employant à faire taire les voix discordantes et terrifier les adversaires politique du parti représente, quant à elle, une menace pour l’ensemble du processus de transition démocratique.


Au niveau de la politique étrangère tunisienne, on remarque l’attachement d’Ennahdha à porter l’émir du Qatar au pinacle. C’est pourquoi, nous appelons le peuple à être plus vigilant, et à défendre sa révolution.

Contrairement à ce que vient d’annoncer Rached Ghannouchi, cette révolution est l’œuvre du peuple tunisien et non pas celle des islamistes. Tout au long des protestations qui ont conduit à la fuite de Ben Ali, nous n’avons entendu aucun slogan islamiste. Les membres d’Ennahdha n’ont pas été également visibles dans les rangs des manifestants qui ont bravé courageusement la terrifiante machine de répression de l’ancien régime.

W.K

       

 

 

Abdessattar Ben Moussa, président de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme : «Si l’Etat n’assume pas ses responsabilités, la situation actuelle va empirer»


 «L’Etat doit assumer ses responsabilités autrement la situation dans laquelle nous sommes va empirer. J’ai été dernièrement à Sejnane et ce n’est qu’un exemple qui montre que la question sécuritaire n’est pas encore au beau fixe. Il faut dire qu’il n’est pas question de l’instauration d’un califat mais il est une minorité qui veut faire la loi. Les groupes qu’on appelle “Amr bil maarouf Nahy ala monkar’’ veulent faire la loi alors que l’Etat en est le garant. Ces gens partent en patrouilles tous les soirs pour traquer ceux qui n’observent pas un comportement décent. Ils utilisent un ancien siège de la CNSS délaissé et délabré comme un lieu où ils prononcent leur verdict. Mais c’est complètement aberrant. Le problème est celui de la sécurité qui est quasiment absente. Ce phénomène dérange énormément car il y va des libertés individuelles des uns et des autres.


Les autorités nous ont parlé d’un sit-in au siège de la délégation. On y était. Avez-vous jamais vu un sit-in de salafistes au siège de la délégation ? On passe. On a voulu faire comprendre à l’opinion publique que le problème est uniquement un problème de chômage. Par ailleurs il en est un. Car dans cette région riche en ressources naturelles, on enregistre 54% de taux de chômage et 80% de la population est pauvre.

Nos problèmes actuels reviennent au développement régional que l’Etat doit traiter sérieusement car les régions longtemps mises entre parenthèses réclament aujourd’hui leur droit à une vie digne et libre également. »

M.B.G.

       

 

 

 

Ajmi Lourimi, membre du bureau politique d’Ennahdha : «Consensus établi, mais pas encore suffisant»


 «Nous vivons une période transitoire pour mettre les bases d’une expérience démocratique qui est loin d’être une sinécure. Nous avons commencé par l’organisation d’élections transparentes, libres et démocratiques. Il faut continuer sur cette même lancée car on est encore au début. Je crois que le consensus est déjà établi entre les différents acteurs politiques. Mais ce n’est pas suffisant. Le but étant de fonder un échiquier politique avec de grands partis politiques. La grandeur se mesure par la grandeur des idées et des projets et non pas au niveau de l’effectif ou des moyens dont on dispose. Nous avons besoin d’une véritable pluralité politique et d’instaurer le principe de la succession pacifique au pouvoir. Cela dit nous avons besoin d’une opposition responsable qui suit et contrôle la vie politique tout en présentant des projets alternatifs. On doit comprendre que l’opposition n’est pas un crime. Le citoyen doit être rassuré par ailleurs en montrant que l’Etat est responsable et qu’il veille à sa sécurité et à ce que nos principes nationaux soient respectés. Quant à ce que vous appelez la tournure que prennent certaines manifestations je peux vous dire que le Cheikh Rached lui-même n’a pas apprécié de voir se produire des contre-manifs. Selon lui les citoyens ont le droit de manifester leur mécontentement vis-à-vis du gouvernement et de le critiquer comme bon leur semble sans qu’ils soient intimidés.


Pour ce qui est de l’instauration du Califat à Sejnane, il n’en est aucunement le cas. Ce n’est pas un problème de salafistes encore moins de wahabistes. C’est un groupe de jeunes en chômage qui observent un sit-in au bureau même du délégué. Il y eut peut être un accrochage entre un vendeur de produits alcoolisés et des jeunes conservateurs. Nous refusons l’instauration d’un Etat dans l’Etat. Personne n’est au-dessus de la loi et personne n’est sous la tutelle d’un autre. Pour le Niqab je peux vous dire que la question a revêtu une grande ampleur alors qu’il s’agissait d’une question qui opposait l’administration à deux étudiantes mounaqabett sur les 5000 étudiants inscrits à la faculté. Les deux étudiantes ont été soutenues par des jeunes salafistes et se sont livrées à un bras de fer avec le doyen qui est du pôle. Le problème est devenu politique. Nous ne défendons pas un modèle social qui encourage au port du Niqab car ce dernier n’est pas une prescription islamique mais il fait partie des libertés individuelles des uns et des autres qui peuvent s’habiller comme bon leur semble. Ces jeunes dames ont le droit d’étudier mais elles doivent révéler leur identité quand on la leur demande. Il s’agit de règlement administratif à respecter.»

M.B.G.

    

 

 

Mondher Cherni, secrétaire général de l’Organisation de Lutte contre la Torture : «La torture existe toujours; même après la Révolution»


La Révolution tunisienne a été basée sur deux principes : la liberté et la dignité. Elle a en fait, permis de réaliser des élections qui ont donné lieu au Conseil National de la Constituante et au gouvernement. Mais, il faut dire qu’un an après, le peuple n’arrive pas à décrypter et à comprendre convenablement le paysage politique.

Par ailleurs, aucune évolution n’a été enregistrée dans le domaine de l’économie ou celui social. Au contraire, les chiffres et les statistiques restent inquiétants à ce sujet : hausse des prix, augmentation du taux de chômage et de la pauvreté. Ces problèmes sont plus palpables dans les régions où, l’on enregistre une régression au niveau des services socio-économiques ainsi qu’une évolution de la pauvreté et du chômage. Nous n’avons d’ailleurs, remarqué aucun changement en termes de travail dans les chantiers. C’est une atteinte à la dignité alors que le droit au travail était parmi les principales demandes exprimées lors de la Révolution.

Autre volet où nous n’avons enregistré aucun progrès, la situation de la femme dans les régions. Les veuves et les divorcées vivent dans des conditions sociales précaires. Mais elles restent tout de même dignes et font face aux dépassements enregistrés par l’armée à Thala lors de l’arrestation de leur progéniture suite aux événements survenus le 23 novembre.


Quant aux réformes tant attendues par les citoyens et qui doivent être introduites dans l’administration, la police, les médias… elles tardent à venir. Les dernières nominations et les déclarations ne vont pas avec l’esprit de la Révolution. Ce n’est pas tout, nous avons enregistré la poursuite des agressions, des violations et de la torture. Le rapport publié par l’Organisation de Lutte contre la Torture intitulé « La torture s’est poursuivie après la Révolution » donne une idée sur ces pratiques jusqu’au mois de septembre 2011. Autre constat soulevé, est qu’aucune réforme n’a été introduite au niveau du système de la police et des lois qui protègent les citoyens. Tous les gouvernements ont adopté les mêmes pratiques que celles exercées par l’ancien régime. Ils ont d’ailleurs, refusé d’examiner les dossiers relatifs à la violation des droits de l’Homme.

Par ailleurs, le gouvernement doit être conscient que les orientations économiques et sociales seront les grands défis à relever. Il est impossible d’instaurer la démocratie sans une répartition équitable des richesses et sans équité sociale et que toutes les réformes échoueront avec la régression des services sociaux et l’augmentation du taux de chômage et de la pauvreté. Le président de la République a demandé au peuple un armistice. Le peuple le demande également. Il faut arrêter la hausse des prix tout en introduisant des réformes sur les impôts. Les riches doivent assumer leur rôle pour instaurer ainsi l’équité sociale.


Toujours dans le même cadre, l’Etat ne doit pas se désengager totalement des investissements. Au contraire il doit investir davantage tout en consolidant les secteurs stratégiques sur lesquels se base l’économie nationale. Une politique économique qui se base sur la privatisation ou les investissements étrangers ne peut pas résoudre les problèmes qui se posent dans le pays. Au contraire, elle est fragile car elle dépend de l’étranger. Je lance ainsi un appel pour préserver les secteurs stratégiques de notre économie tout en limitant la privatisation des secteurs vitaux : l’éducation, la santé, l’électricité…

M.M

   

 

 

Abderrahmane Hédhili, président du Forum Tunisien pour les Droits Economiques et Sociaux :  «Au niveau socio-économiques les grands dossiers n’ont pas été traités sérieusement»


Un an après la Révolution, aucun progrès n’a été réalisé au niveau socio-économique qui était d’ailleurs, la dynamo de cette Révolution. Les grands dossiers n’ont pas été examinés sérieusement par les gouvernements qui se sont succédé. Ils ne lancent pas toujours un vrai débat à propos des grandes questions ayant trait aux jeunes émigrés en Italie, aux disparus et ceux qui sont arrêtés dans les centres de détention à Lampedusa. Idem pour les conditions du travail des jeunes dans les chantiers. Aucun débat n’a été entamé sur le mécanisme 16 et les problèmes qui se posent dans le bassin minier. Nous n’avons enregistré aucune négociation de qualité à propos de ces problèmes. Nous sommes conscients qu’il n’existe pas de solutions immédiates pour ces dossiers épineux. Toutefois, il est primordial d’engager un vrai débat avec les concernés (familles des disparus, les chômeurs…). Cette attitude ne fait que prolonger la crise et laisse la porte ouverte aux protestations et aux sit-in. Il ne faut pas dès lors, reprocher aux gens ces attitudes, car ils ont en assez des promesses données dans l’absolu. C’est le moment pour négocier sérieusement avec les divers concernés.

M.M

 

 

source letemps

 

 

 

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Ce fut le 14 janvier 2011...

 

Ghannouchi l'ex PM de Ben Ali raconte... 

 

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14 janvier 2012 6 14 /01 /janvier /2012 15:25

 

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La police empêche une manifestation contre la visite de l’émir du Qatar

 

Une veillée était prévue ce soir, vendredi 13 janvier 2012 à la Place des Droits de l’Homme à Tunis, avec un programme de musique engagée, des récitals, des activités culturelles… Derrière ce programme, un groupe d’associations de gauche qui appellent à la réalisation des objectifs de la révolution et à protester contre la venue de l’émir du Qatar qui est arrivée aujourd’hui à Tunis, à l’occasion de la célébration du 1er anniversaire de la Révolution. 

 

Selon nos confrères de Mosaïque FM et d’El Jarida, des agents de police en civil auraient empêché la manifestation et ont donné une heure aux présents (une centaine de personnes) pour quitter les lieux. Entre-temps, l’électricité a été coupée empêchant toute prestation artistique. 
Les manifestants se sont regroupés et ont quitté les lieux calmement évitant tout affrontement avec la police. Ils se sont dirigés vers l’avenue Habib Bourguiba pour s’arrêter devant le Théâtre municipal en scandant notamment « le peuple tunisien est libre et ne veut ni des Etats-Unis, ni du Qatar .

source businessnews

 

 

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Un an après, le Qatar invité d’honneur ou d’horreur ?

Portraits de l’émir du Qatar et de la sheikha Mozah réalisés par l’artiste chinois Yan Pei-Ming. Dans l'entrée du Mathaf, le Musée d'Art Moderne de Doha (Qatar).

 

par Monia Jaafar et Gargouri Ali

 

Ces derniers jours les tunisiens deviennent de plus en plus allergiques à la prononciation du mot Qatar notamment après l’annonce officielle de l’arrivée de l’émir du Qatar en Tunisie pour « célébrer » le premier anniversaire de cette « révolution ».. Pourquoi les tunisiens crient leur colère sur les réseaux sociaux ? Voici ci-après quelques points explicatifs :


- Depuis la fuite de Ben Ali et sa famille, son gendre Sakhr El Materi s’est réfugié dans ce petit pays et a eu tous les droits et égards d’un richissime habitant, disposant en toute impunité d’un droit de séjour malgré un mandat d’arrêt international contre lui. El Materi et l’opérateur Qtel achètent 50% des actions d’Orascom dans Tunisiana et la holding du premier détiendra 25% du capital de l’opérateur téléphonique avec Hamdi Meddeb.


- Ce petit pays de moins de 2 millions d’habitants abrite la chaîne Aljazeera nommée la CNN du monde arabe, qui a couvert toutes les révolutions du monde arabe sous un prisme bien précis. Cette chaîne n’a étrangement pas couvert la révolution de son voisin le Bahreïn où la répression y a entraîné la mort de nombreux manifestants. Inutile de rappeler la démission fracassante de son président directeur général Wadah Khanfar, considéré comme proche des frères musulmans, qui a fait couler beaucoup d’encre principalement après les fuites de wikileaks démontrant la collaboration de cette chaîne avec l’administration américaine qui soutient les islamistes en Tunisie depuis plusieurs années et qui a aussi financé les islamistes égyptiens.


- Le Qatar est l’un des pays où on ne respecte pas les droits de l’homme selon un rapport d’Amnesty internationale.

 
- Le Qatar était le seul pays arabe à participer au sein de l’OTAN aux bombardements contre Kadhafi et qui a causé la chute de ce dernier.


- L’extermination par des émirs qataris sur sol tunisien de l’outarde houbara et les gazelles menacées de disparation pour assouvir leur désir sexuel.


- De même le Qatar est soupçonné de corruption pour obtenir l’organisation de la coupe du monde 2022.


-Le Qatar qui aurait dit son mot pour suspendre la désignation de Monsieur Khayam Turki en tant que Ministre des finances,une ingérence, insupportable aux yeux des citoyens tunisiens.


Un seul de ces arguments peut expliquer la fureur des tunisiens. Rajoutons à cela que la Tunisie est sévèrement fragilisée, après cette année rude, où les revendications se font entendre de chaque coin du pays, où les chiffres du chômage grimpent chaque jour un peu plus, où le tourisme, mamelle traditionnelle de notre économie, souffre terriblement, où certains journalistes étrangers se pourlèchent les babines en écrivant des torchons remplis de raccourcis, d’idées reçues, d’amalgames opposant bikinis et islamistes; dans cette Tunisie où les blessures des héros de cette insurrection sont purulentes et que les gouvernants n’ont pas encore soignées malgré l’urgence de ce dossier, dans cette Tunisie toujours digne, voilà qu’on nous impose la visite de cet émir dont nous n’avions pratiquement jamais entendu parler des dizaines d’années durant ! Qui l’invite ? Pourquoi ? Pourquoi aujourd’hui ? Nous aurions rêvé d’un Lula ou d’un Mandela, voilà qu’on nous placarde l’Emir du Qatar !!!!!

source nawaat

 

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13 janvier 2012 5 13 /01 /janvier /2012 07:39

 

 

 

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Révoltes des marges et des ``marginalisés`` 

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La première section de ce texte traite des révoltes de 2008 à Redeyef, à Gafsa… Révoltes dont la configuration socio-économique (jeunes diplômés, jeunes en chômage,..), les mots d’ordre politiques (dénonciation de la corruption et de l’injustice et revendication de la liberté) aussi bien que l’absence d’encadrement institutionnel (partis politiques ou UGTT) seront également caractéristiques des révoltes (la Révolution) de janvier 2011 (deuxième section).  N. Bourougaa

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Introduction

Une géographie politique et économique rapide de la Tunisie, montre que la carte des disparités socio économiques se superpose sur la carte contestataire de ces dernières années. Dans les régions paupérisées du bassin minier de Gafsa dans le Sud Ouest dès 2008 dans le Sud Est à Ben Guerdane en 2009 et en décembre 2010 dans la région agricole de Sidi Bouzid ainsi qu’à El Kasserine dans le Centre Ouest du pays se sont déclenchés de forts mouvements protestataires. Ces actions collectives d’une ampleur et durée différentes étaient sans précédent dans la Tunisie du régime autoritaire du président Ben Ali  au pouvoir depuis 1987[1].


Ces mouvements exceptionnels de protestation cassent deux idées admises au sujet de la Tunisie : d’une part sa réussite économique, la capacité de son régime à mener la réforme néolibérale en continuant d’assurer une protection sociale de tous les citoyens tunisiens ; d’autre part, le faible degré de mobilisation dans la société tunisienne : les coûts de l’engagement s’avèrent exorbitants. En plus, le système de redistribution, réputé efficace, saperait toute velléité de protestation. Le sentiment de paupérisation qu’expriment ces mouvements, et les données tangibles sur lesquelles ils reposent, dévoilent au fond ce que la Tunisie du « miracle économique » élude : les disparités régionales, la marginalisation économique et sociale de populations importantes, exclus du système de protection car exclus des circuits de l’emploi.


Mobilisations de ces régions de l’« intérieur » donc mais aussi actions protestataires des marges urbaines. En effet, lors du « moment révolutionnaire » qui a vu la fuite de Ben Ali, il est remarquable de constater que les protestataires sont majoritairement des « jeunes » de quartiers populaires. L’indignation de ces jeunes déclassés ne pouvant aspirer à meilleures conditions a été le moteur de ces protestations.


Un double clivage générationnel et socio territorial caractérisent donc ces mobilisations protestataires. Cet article entend analyser les caractéristiques de ces protestations qu’a connues la Tunisie. En évitant le piège d’une analyse a posteriori, d’une histoire linéaire ou ces mobilisations viendraient s’agréger jusqu’au moment fatidique de la fuite de Ben Ali, notre ambition est au contraire de décrire et analyser les spécificités des lieux et des séquences historiques investigués à Gafsa en 2008 et Tunis en 2011. Le matériau empirique est un travail de terrain (observation participante et entretiens) mené depuis 2008 dans la région de Gafsa et à Tunis au début de l’année 2011.


La première partie de ce texte, est une analyse des révoltes de 2008 à Gafsa. Elle permet de constater les caractéristiques singulières d’une mobilisation protestataire « ancrée » dans des raisons d’être, des énonciations et des relations socio économiques spécifiques de la région minière. Mais en même temps cela permet de constater des points partagés avec les révoltes qui vont lui succéder : un registre de dénonciation contre la corruption, une détermination contre la fatalité du chômage, une mobilisation surtout de jeunes déclassés et une action collective peu institutionnalisée en tout cas en décalage avec la classe politique d’opposition et la direction de la Centrale syndicale. La seconde partie partira d’un récit ethnographique, d’une observation participante au cours du moment révolutionnaire. Celle-ci montrera la place nouvelle occupée par ces jeunes dans l’espace public, leur rôle, statut et affirmation... politique ?


 I- La trajectoire des révoltes de Gafsa de 2008 

 

 Les mobilisations massives auront duré six mois, fait des centaines de prisonniers, des dizaines de blessés et trois morts[2]. Elles ont commencé le 6 janvier 2008 suite à l’annonce des résultats du concours de recrutement de la Compagnie des Phosphates de Gafsa (CPG)[3].



La CPG, entreprise publique des industries des phosphates de Gafsa et principale pourvoyeuse d’emploi dans la région, connaît de fait un déclin depuis une vingtaine d’années. Dans le cadre de la réforme de l’entreprise suivant les standards néo libéraux, la CPG a quasiment cessé d’employer, détruisant 10000[4] emplois en vingt ans. Dans cette région, où la Compagnie constitue l’un des rares débouchés pour les aspirants au marché de l’emploi, ceci renforce la problématique du chômage, et notamment de celui des jeunes et réveille des représentations et récits collectifs anciens sur l’histoire de la dissidence de la région de Gafsa, de l’injustice qu’elle subit, du désamour de « Tunis » et de la rébellion de ses populations[5]. Cet imaginaire largement partagé par les habitants de la région ne présage pas a priori de la teneur de l’action des gens. Mais dans le contexte actuel, pour de nombreux chômeurs, il inscrit la protestation dans des registres reconnus et mobilisateurs.


Les protestataires de 2008 se sont aussi érigés contre un système clientéliste né du début de la réforme de la compagnie. Ces mobilisations montrent comment ces mécanismes d’échanges clientélistes qui fonctionnent comme des dispositifs de « redistribution » s’avèrent fragiles dans cette région où l’offre d’emploi se raréfie. En effet, depuis 1986, alors que l’entreprise dégraisse, la configuration des pouvoirs en place dans la région a petit à petit pris la forme de relations clientélistes basées notamment sur la capacité de la direction régionale de la centrale syndicale, l’Union Générale Tunisienne du Travail (l’UGTT), à participer à la sélection des candidats aux quelques emplois ouverts par la CPG. Cela ne satisfait pas les nombreux chômeurs, diplômés ou non, qui ne bénéficient pas de ces « redistributions » (car ils ne sont pas de la bonne « famille » et globalement car ce système ne peut pas intégrer ces milliers de jeunes), et qui vont être au premier rang des mobilisés.


Nous montrerons que la CPG est le nœud problématique d’une région minière paupérisée qui dans son « moment néolibéral » a produit un ordre clientéliste local qui s’érode et qui est contesté. Nous analyserons les mobilisations protestataires, ses protagonistes et la répression qu’ils ont subis et enfin les annonces faites en haut lieu pour la région : fin décrétée des problèmes de la région minière.


La CPG cœur problématique d’une région minière paupérisée :

 

A un peu moins de six heures de route de Tunis en direction du Sud ouest vers la frontière Algérienne, la région de Gafsa est bien loin du croissant « prospère » de la Tunisie du littoral. La Tunisie du « miracle économique»[6] telle que louée avec sa croissance soutenue (5% de croissance annuelle) basée sur une économie de services et de PME dévoile là l’envers de son décor.


Gafsa est une région minière et rurale. L’agriculture y est faible notamment à cause de l’aridité, des mauvaises conditions pluviométriques et de l’utilisation de l’eau pour les laveries de la CPG[7]. L’essentiel de l’activité tourne autour des mines de phosphate. La pauvreté est importante dans les villages surtout à l’est mais également dans les villes minières de la région[8]. Le chômage bat son plein. Le taux de chômage dans le Gouvernorat de Gafsa est l’un des plus élevé du pays, soit quasiment le double du taux national, selon les chiffres pourtant très « contrôlés » de la statistique nationale[9].


L’industrie minière qui est une mono activité industrielle et principale pourvoyeuse d’emploi est en déclin dans son insertion locale. Les quatre villes minières Redeyef, Oum Elaraïes M’dhilla et Métlaoui ont été crées ex nihilo par et pour le phosphate. Jusqu’en 1975 le plein emploi (masculin) était assuré par la CPG. La Compagnie fournissait épiceries, pharmacies, hôpital, écoles, moyens de transport, clubs de football etc. : une prise en charge quasiment intégrale de la vie sociale et économique. Entre 1975 et 1985, la distribution et la commercialisation de l’eau potable et de l’électricité, la prise en charge des commerces et banques, et autres services fournis jusqu’alors par l’OCP ont été transférés à différents opérateurs nationaux publics ou privés: la Société Tunisienne d’Electricité et de Gaz, la Société Nationale d'Exploitation et de Distribution des Eaux, le Magasin Général (chaîne de grandes surfaces tunisienne, publique jusqu’en 2007), les Banques… Jusqu’au milieu des années 80, la CPG avait besoin de bras pour ces quatre villes où quasi toute l’activité était liée aux industries minières. Elle avait aussi besoin de personnel administratif pour ses bureaux notamment à Gafsa. En vingt ans près de 10000 postes furent supprimés. Aujourd’hui, il ne reste que 5200 employés à la CPG, soit trois fois moins que dans les années 1980. En effet, à partir de 1985, la « modernisation » engagée de l’entreprise s’est traduite par la réduction du personnel et notamment l’arrêt de la création d’emploi. Le plan stratégique de réforme de la Compagnie a été pensé et financé par le Banque Mondiale dans le cadre du programme dit de « mise à niveau » de l’économie tunisienne[10]. Les crédits débloqués par l’institution financière ont alimenté le Fonds de restructuration des entreprises publiques (FREP)[11] dont la première tranche de juillet 1986 est consacrée à la réforme de la CPG.


Déclin donc dans les effets socio-économiques pour la région où du fait notamment de la mécanisation de la production, l’emploi baisse significativement mais pas dans la productivité et l’argent dégagé par l’industrie qui est en augmentation ces dernières années (les cours mondiaux du phosphate sont en hausse depuis 2004[12]).


Cette baisse intervient alors que l’industrie du phosphate n’a jamais vraiment bénéficiée à la région hormis en ce qui concerne l’emploi[13]. Dès les premières concessions pour l’exploitation délivrées à la fin du XIXième siècle en période de protectorat français, le système de production se traduisait uniquement en de grosses unités ouvrières d’exploitation. La pénibilité du travail est alors très importante[14], la forte concentration d’ouvriers de multiples horizons (des Souafas et des Kabyles d’Algérie, des Libyens, des Marocains mais aussi des Italiens et des Français, ces derniers occupant les postes de cadres) et l’expérience des premières grèves et de leur répression sanglante ancre à partir du 2 mars 1937 l’importance de l’action syndicale[15].


Le phosphate richesse au niveau national n’a donc pas contribué à l’enrichissement de la région qui a progressivement connu l’émergence et l’organisation de mouvements de contestation forts.


Aujourd’hui pour les jeunes de la région qui cherchent leur premier emploi, la CPG et la fonction publique (qui recrute aussi de moins en moins) constituent les débouchés principaux. Mais ils n’ont souvent d’autre alternative que se rabattre sur les « petits boulots » de la chaîne du commerce informel qui s’organise grâce aux quelques circulations pendulaires en Libye et avec les régions voisines d’Algérie. L’entreprise est malaisée. Par exemple, les mesures « sécuritaires » sont telles que la circulation entre la Tunisie et l’Algérie est rendue pratiquement impossible pour la plupart des jeunes de moins de 25 ans[16]. Ceux qui y parviennent vivent alors de la contrebande et de la revente d’essence, de téléphones portables et autres produits de grande consommation « made in China ». Pour la grande majorité, cela n’améliore pas significativement leur niveau de vie. Reste l’exil. Mais si partir peut constituer une meilleure alternative au chômage pour certaines régions de la Tunisie (dont les « réseaux d’émigration » mènent parfois à des « ailleurs » plus prospères), cela est relativement peu profitable pour les jeunes de la région de Gafsa d’aujourd’hui dont le voyage se termine souvent dans les quartiers paupérisés de la banlieue de Tunis[17].


Nœud problématique d’une région ouvrière et paupérisée, la CPG en déclin et l’économie qu’elle induit a produit un équilibre clientéliste spécifique ces vingt dernières années.

Ainsi, en plus des mécanismes classiques de clientélisation/contrôle des populations dans les zones paupérisées caractéristiques de l’économie politique tunisienne[18], dans le cadre de la « reconversion » de la Compagnie, un Fonds de réorientation et de développement de centres miniers (FRDCM) a été crée suivant le modèle des Charbonnages de France. Le Fonds, société d’investissement à capital risque créée en 1991, a été mis en place pour lancer les activités des petits entrepreneurs en vu de palier à la baisse des emplois. Jusqu’en 2008, ses activités demeurent marginales : au maximum 1500 bénéficiaires en comparaison des 10000 emplois détruits par la CPG. La plupart des petits entrepreneurs perçoivent les crédits comme des dons pour des activités économiques non viables. Ce « crédit garanti »[19], en suivant les chemins des réseaux clientélistes locaux, s’est surtout développé dans les zones non minières de la région pourtant la cible affichée de ce Fonds.


Un autre mécanisme de « redistribution » spécifique à la région, est celui qui s’est développé depuis une vingtaine d’années dans le cadre de la « modernisation » de la CPG. En effet, la direction régionale de l’UGTT participe dans le cadre d’une « entente amiable » avec la CPG au choix des personnes à employer dans le cadre d’un renouvellement à hauteur de 20% des départs en pré retraite. Au départ ces postes étaient censés être prioritairement donnés aux gens de la région de Gafsa, enfants des mutilés de la Compagnie, aux familles des ouvriers morts… Petit à petit cette ressource rare aux mains de quelques potentats multi positionnés de la Centrale Syndicale, dans une région au taux de chômage record, va devenir la monnaie d’échange d’un système de clientélisme politico économique restreint. Le détournement de ces objectifs va fournir un prétexte à la mobilisation de 2008 et un registre dominant de dénonciation.

 Les mobilisés et les absents 

 Grand absent de la mobilisation, l’UGTT n’en fournit pas moins en effet quelques syndicalistes déçus de sa politique. Des leaders s’imposent, essentiellement de responsables syndicaux marginaux (à échelle régionale) issus des syndicats non ouvriers de Redeyef. Notamment deux figures charismatiques émergent : Adnene Hajji, le secrétaire général de l’enseignement de base de Redeyef et Béchir Laabidi également instituteur syndicaliste. Les mobilisés rassemblent aussi de nombreux « diplômés chômeurs ». Si leur organisation n’est pas aisée, quelques dizaines de militants mènent des actions depuis quelques années déjà dans la région. À Gafsa, ils tentent de se réunir au siège de l’UGTT, ils conduisent quelques marches et un sit in devant la Délégation (la sous-préfecture)[20]. À cet embryon de mouvement de diplômés chômeurs, il faut ajouter quelques militants proches du Parti Communiste Ouvrier Tunisien (le PCOT, parti illégal). C’est le cas de Elfahem Boukadous, longtemps en clandestinité car condamné à six ans de prison ferme, qui a couvert les manifestations pour la chaîne de télévision satellitaire d’opposition El Hiwar Ettounsi. La présence de quelques individus des mouvances communistes n’est pas sans rappeler que la région compte d’anciens bastions communistes surtout à M’dhilla et Redeyef même si le nombre de militants est faible numériquement en 2008. Les partis d’opposition se sont peu à peu associés au mouvement, souvent depuis Tunis (mais aussi par quelques visites dans la région de Gafsa), en faveur des populations du bassin minier[21]. Les organisations de la « société civile » indépendante s’expriment aussi ; notamment l’Association Tunisienne des Femmes Démocrates (ATFD) et la Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme (LTDH). Enfin, depuis la France, la Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives (FTCR) publie des communiqués et organise des manifestations (ce qui vaudra à son président Mouhieddine Cherbib d’être condamné à deux ans de prison, par le Tribunal de Gafsa).


 Le comité de soutien aux populations du bassin minier constitué autour d’un enseignant responsable de la LTDH à Kairouan et composé de militants, opposants et syndicalistes de différentes régions de la Tunisie, va produire des communiqués, envoyer des lettres, faire des réunions à Tunis, et parfois rejoindre- lorsque la police ne les en empêche pas- les cortèges des manifestations surtout à Redeyef.


 Les leaders du mouvement de Redeyef évoquent aussi des négociations avec des autorités nationales[22]. Mais, cette organisation du mouvement ne va pas empêcher à la situation de s’aggraver.

La répression du mouvement est allée en effet crescendo. Les mois de mai et de juin sont théâtre de l’escalade : trois morts lors d’interventions de la police (dont un jeune homme tué par balles dans le cortège d’une manifestation). Le 7 juin l’armée se déploie autour de Redeyef et occupe la ville sur ordre du président Ben Ali.

 Au cours du mois de juin, les principaux leaders du mouvement de protestation sont arrêtés, mis en prison et condamnés à de lourdes peines[23].


Le mercredi 16 juillet, le président Ben Ali convoque au palais présidentiel de Carthage les membres du conseil régional de Gafsa pour une session extraordinaire dans le but avoué de régler une fois pour toutes les problèmes de la région minière. Au cours de la réunion, le président met l’accent sur les « irrégularités commises par les responsables de la Compagnie des phosphates de Gafsa, dans les opérations de recrutement, suscitant la désillusion et la déception des jeunes concernés par ces opérations»[24]. Le couperet tombe et les boucs émissaires sont désignés. Le PDG de la CPG est congédié, le wali du Gouvernorat de Gafsa est muté[25] - sans être discrédité car il est nommé diplomate –, et le délégué (sous préfet) de Redeyef est remplacé. C’est également une occasion pour dissoudre le conseil municipal de Gafsa. Seul grand rescapé de cette configuration politique locale, le puissant député du RCD, simultanément secrétaire régional de l’UGTT à Gafsa, reste en place.


De multiples mesures sont annoncées et comme lors de toute intervention du chef de l’Etat en Tunisie et immédiatement après, les commentaires dithyrambiques fusent[26]. Ces décisions sont présentées comme un Plan Marshall pour la région paupérisée de Gafsa[27] avec la somme importante correspondant à l’ensemble des investissements Tunisiens et étrangers de l’ordre de 944 millions de dinars. Celle-ci devrait, selon les défenseurs du plan, générer la création de 9 mille emplois permanents.


Pourtant les priorités fixées de développement du « tourisme et de l’artisanat » semblent en décalage avec les réalités socio économiques de la région, minière pour une grande partie et agricole pour le reste. Pour l’essentiel, les « mesures incitatives » avancées correspondent à des mécanismes financiers d’allégements fiscaux (Prime d'investissement, Prise en charge de la cotisation patronale au régime légal de la sécurité sociale…) et d’aide (trois cents millions de dinars sont alloués en ce sens au FRDCM et à la CPG) pour de potentiels investisseurs dans la région. Si le plan porté par le ministre de l’industrie est d’une ampleur sans précédent, le procédé a déjà fait long feu auparavant dans une région estimée souvent comme peu attractive par les grands entrepreneurs[28].

 


 Notes 

[1] Les deux principaux soulèvements qu’a connu la Tunisie indépendante sont la grève de janvier 1978 et les « révoltes du pain » de janvier 1984 (voir M. Rollinde, « les émeutes en Tunisie: un défi à l’Etat? », in D. Le Saout, M. Rollinde (Dir.), Emeutes et mouvements sociaux au Maghreb, Paris, Karthala, 1999, p.113-126 et O. Lamloum dans le même ouvrage, « janvier 84 en Tunisie ou le symbole d’une transition », p.231-241). À cela il faut ajouter l’action armée de janvier 1980 à Gafsa. Toujours à Gafsa et encore en janvier mais cette fois-ci c’est sous la présidence de Ben Ali que les révoltes de 2008 éclatent.

[2] Ces chiffres représentent un enjeu politique fort et sont donc délicats à établir. Trois morts au moins sont certifiées, le nombre de prisonniers liés aux protestations est difficile à estimer car la plupart des manifestants sont rapidement relâchés après leur arrestation, ne subissent pas de poursuites judiciaires ou bien sont accusés de voie de fait, d’ébriété sur la voie publique... Il en va autrement pour les leaders du mouvement qui ont été condamnés à de lourdes peines de prison (Cf. Infra).

[3] La CPG a fusionné en 1994 avec le Groupe Chimique Tunisien qui est l’un des principaux groupes industriels en Tunisie.

[4]Tous les chiffres cités concernant la CPG sont issus d’entretiens réalisés avec des cadres de la Compagnie à Gafsa et à Tunis et avec des cadres du syndicat à Gafsa depuis 2006. Nous ne cherchons pas la précision à l’unité près mais l’analyse des ordres de grandeur.

[5] L’histoire de la région est à cet effet riche en « événements » pouvant alimenter le fier récit de la dissidence à (de) Gafsa. Ainsi, dans les entretiens et observations réalisés il a souvent été question de la lutte pour l’Indépendance qui a été importante à Gafsa, de la lutte syndicale et des révoltes de la fin des années 1970 et du début 1980 qui ont eu un grand retentissement dans la région. Sans oublier les “évènements de Gafsa” de 1980 où un commando armé a pris la ville, moment inédit dans l’histoire contemporaine de la Tunisie où une région s’est trouvée, quelques heures durant, comme « hors du pays ».

[6] Beaucoup de travaux ont critiqué à juste titre le mode de fonctionnement de cette économie tunisienne dans son articulation avec le régime politique autoritaire (voir les analyses fines de Béatrice Hibou, notamment, B. Hibou, La force de l’obéissance. Économie politique de la répression en Tunisie, Paris, La Découverte, 2006, pour une analyse de synthèse des travaux d’économie politique sur la Tunisie voir M. Camau, « Tunisie: vingt ans après. De quoi Ben Ali est-il le nom? », Année du Maghreb 2008, Paris, 2007, p.507-527) mais aussi l’essoufflement de ce système dans la donne néolibérale, Cf. S. Khiari, Tunisie, le délitement de la cité. Coercition, consentement, résistance, Paris, Karthala, 2003.

[7] L’agriculture est en constant déclin par rapport au XIXème siècle où la production d’huile, de dattes, de fruits et l’élevage étaient importants dans la région, Cf. M. Tlili, La vie communautaire dans la ville de Gafsa et les villages oasiens environnants, du début du 18 ième siècle à 1881, thèse de doctorat, 2001-2002, Faculté des sciences humaines et sociales de Tunis (en arabe).

[8] L’évolution de la pauvreté est inverse entre les villes minières où depuis les années 1990 la situation se détériore très vite et la zone agricole à l’est vers Sened réputée très pauvre qui voit sa situation s’améliorer petit à petit grâce aux politiques agricoles du début des années 90 qui ont notamment encouragé la culture sous serre moins sujette aux aléas climatiques.

[9] Voir sur le site de l’Institut National de la Statistique les chiffres issus du recensement de 2004:http://www.ins.nat.tn.

[10] Sur les processus de “mise à niveau”, voir Camau M., « D'une République à l'autre. Refondation politique et aléas de la transition libérale », Maghreb-Machrek, n°157, 1997, et Cassarino J.P., « Pédagogie et mise à niveau en Tunisie », Les Cahiers de l'Orient, 3ème trim., 1999

[11] Dans le cadre des programmes de privatisation engagés par l’Etat tunisien depuis les années 1980, plusieurs lois ont été votées. Notamment la loi n°85-109 du 31 décembre 1985 qui dans son article 79 portant sur "la création d'un fond spécial de trésor, Fond de Restructuration des Entreprises Publiques (FREP), destiné à réorganiser les prises de participation de l'Etat dans le capital des entreprises publiques, et éventuellement contribuer à la couverture des besoins d'assainissement des entreprises publiques".

[12] De façon exceptionnelle en 2007/2008 les prix du phosphate ont été multipliés par quatre.

[13]Pierre Robert Baduel (« Gafsa comme enjeu », Annuaire de l’Afrique du Nord, 1981, CNRS, Paris, p.485-511) s’interrogeait déjà après l’action armée de 1980 à Gafsa sur l’industrie minière: « une industrie stérilisante régionalement? ». Il explique: « (...) la tunisification des mines n’a pas modifié la logique de l’exploitation phosphatière typique de l’économie de traite capitaliste. Car la croissance économique qu’a permis l’entreprise minière est loin d’avoir entraîné localement le développement. La ville de Gafsa est un ‘simple couloir où rien ne s’arrête’ (Groupe Huit), elle n’a jamais réussi à s’imposer comme capitale régionale, mais est un simple relais intermédiaire de Sfax et de Tunis (...) La ligne de chemin de fer Gafsa-Sfax est l’équivalent phosphatier d’un oléoduc pour le pétrole: un système d’aspiration à distance des ressources de Gafsa ». Si depuis d’autres unités industrielles ont été installées dans la région, le constat est le même : l’industrie liée au phosphate ne bénéficie que peu à la région hormis pour l’emploi.

[14] Plusieurs travaux d’histoire en rendent compte, voir notamment A. Bouhdiba, « Les conditions de vie des mineurs de la région de Gafsa », Etudes de sociologie tunisienne, vol 1, 1968, pp. 165-233. qui parle de « fréquentation quotidienne de la mort ». N. Douggi parle de « bagne phosphatier » et de “discipline ‘minière militaire’ », N. Douggi, Histoire d’une grande entreprise coloniale : La Compagnie des phosphates et du chemin de fer de Gafsa 1897-1930, Publication de la Faculté des Lettres de la Manouba, Tunis, 1995, p. 291 et suivantes, et en arabe, H. Tabbabi, Le mouvement syndical dans les mines de Gafsa durant la période coloniale, Faculté de la Manouba, Tunis, 1995 (traduction est de moi).

[15] L’interprétation de ce tournant historique diffère chez S. Hamzaoui, «condition et genèse de la conscience syndicale en milieu rural tunisien », thèse de 3ème cycle en sociologie, Université de Paris, 1970 et dans l’article de M. Kraiem, « Les événements de Métlaoui et de M’dhilla de mars 1937 », Revue d’histoire maghrébine, n°23-24, 1981, pp. 221-242.

[16] Cette mesure tacite fait partie de plusieurs politiques de régulation du passage aux frontières dans la région. L’explication est notamment la peur de la contrebande d’engrais phosphatiers. La vente de ces produits se fait sous licence en Algérie car ils peuvent constituer des élèments pour la fabrication d’armes.

[17] On peut tout de même citer l’exemple du « réseau » de Nantes dont les émigrés sont originaires de Redeyef et ont été actifs dans leur soutien aux mobilisés. Sinon, il existe quelques filières de travail dans la maçonnerie dans la région littorale du Sahel et dans l’hôtellerie à Djerba.

[18] La Banque Tunisienne de Solidarité (BTS) et les Fonds présidentiels comme le 21 -21 et le 26 -26 sont les institutions  porteuses de ce que Béatrice Hibou (La force de l’obéissance…, op. cit., 2006, p. 222) appelle le « pacte de sécurité ». Elle explique : « La banque, dans le dispositif de pouvoir qu’est le pacte de sécurité, est à la fois une institution de protection et de sécurité et une institution de création de dépendances, de contrôle et de surveillance »

[19] L’expression est de Béatrice Hibou (2006, p.230) qui décrit ainsi le rôle de la BTS. Le même type de relations sont instituées dans le cadre du FRDCM : Le prêt est sans garantie, il est accordé après entretien avec le bénéficiaire du prêt et des informations recueillies auprès des cellules de parti, des comités de quartier, de l’assistante sociale ou du omda, ou encore directement par les rapports de police (Observations personnelles et entretiens, Gafsa 2006-2007).

 

[20] On est loin de l’organisation du mouvement des diplômés chômeurs au Maroc analysée par M. Emperador, « Diplômés chômeurs au Maroc : dynamiques de pérennisation d’une action collective plurielle », Année du Maghreb 2007, p. 297-314. Dans toute la Tunisie, il n’y à qu’à Tunis et à Gafsa que quelques actions ont lieu.

[21] On peut citer Ettajdid (issu du Parti communiste) et le Parti Démocrate Progressiste (PDP), mais aussi le Forum Démocratique pour le Travail et les Libertés (FDTL) dont l’une de ses militantes Zakia Dhifaoui a été lourdement emprisonnée, le Parti Socialiste de Gauche qui revendique d’avoir un militant incarcéré parmi les dirigeants du mouvement.

[22] Dans la « Lettre de prison de Adnane Haji » publiée dans le journal d’opposition en langue arabe El Maoukif, le 18 juillet 2008, numéro 461, page 6, l’un des principaux leader du mouvement exprime sa surprise d’avoir été arrêté alors que « nous avons œuvré pendant les cinq mois de protestation pacifique (…) à éviter les glissements qui peuvent arriver. Et nous avons débattu avec les autorités locales, régionales et nationales afin de trouver des solutions aux problèmes. Nous avons siégé à plusieurs reprises avec les autorités (…) Nous avons continué les pourparlers avec les autorités notamment le ministère de l’intérieur et celui de la santé jusqu’au dernier jour de notre arrestation. ».

[23] Parmi les chefs d’inculpation, ceux d’ « appartenance à une bande ; participation à une entente en vue de préparer et commettre une agression contre les biens et les personnes, et rébellion par plus de dix personnes avec usages d’armes» faisaient risquer vingt années de prison aux principaux leaders. Après plusieurs rebondissements et des séances tumultueuses, les peines prononcées par la cour d’appel de Gafsa du 4 février 2009 -pour les trente-huit prévenus- vont de deux ans avec sursis à huit ans de prison ferme. Ils bénéficieront pour la plupart de grâce et de libération avec le terme de leur inculpation.

[24]Extrait de « l’Allocution du Chef de l'Etat à l'ouverture de la session extraordinaire du Conseil régional du gouvernorat de Gafsa », disponible sur

http://www.carthage.tn/fr/index.php?option=com_events&task=view_detail&agid=15447&year=2008&month=07&day=16&Itemid=90.

[25] En vue de l’apaisement des mobilisés, le président Ben Ali avait dès mars fait changer le gouverneur de Gafsa et le PDG de la CPG. Mais le

remplaçant du PDG de la CPG ne prendra ses fonctions qu’en juin.

[26] Ainsi, outre les communiqués des partis d’opposition clients (voir le tableau sur les partis d’opposition dans M.Camau, V.Geisser, Le syndrome autoritaire, Paris, Presses de Sciences po, 2003 p 238-240) comme le PUP et le PSL, ou du Conseil régional de Gafsa, de multiples articles sont publiés en ce sens comme par exemple celui consulté sur le site www.webmanager.com le 19/07/08 et intitulé « Gafsa la nouvelle donne » : « Avec les centaines de milliards qui vont pleuvoir sur Gafsa (…) C’est une Nouvelle Donne qui est en perspective à Gafsa avec ce que cela implique de développements indirects donnant un autre souffle et un autre attrait à la région… et il faut réserver les places dès maintenant !».

[27] L’économiste Mahmoud Ben Romdhane fait une fait une bonne analyse beaucoup plus nuancée voire critique de la situation socio économique démographique et écologique de la région et des mesures annoncées, voir le dossier spécial : « Le bassin minier de Gafsa, problèmes et perspectives » paru dans Attariq Aljadid, n°90 du 26 juillet au 1er août 2008.

[28] Dans les entretiens avec les principaux entrepreneurs à Tunis auxquels s’adressent les appels à investir dans la région de Gafsa, il m’est souvent dit que le trop fort interventionnisme de l’Etat fausse le « jeu économique ». Cet aveu s’il est une lapalissade dans le milieu des affaires (qui n’empêche pas ces mêmes patrons de bénéficier d’aides multiples de l’Etat), semble pour Gafsa- plus qu’ailleurs- exprimer une « peur » d’investir dans cette région. Par exemple le patron des patrons M. Hédi Djilani dépêché dans la région pour la Journée de Partenariat et de Promotion de l’Investissement Privé, le 11 novembre 2009, disait: «Nous le savons, les Gafsiens sont très politisés, ce qui peut être avantageux mais il ne faut pas que ceci nuise à la stabilité de la région et finisse par effrayer les promoteurs qui ont besoins d’être rassurés et sécurisés quand à l’avenir de leurs investissements». Pour une analyse du milieu des affaires en Tunisie et de ses rapports au politique voir B. Hibou, « 'Nous ne prendrons jamais le maquis'. Entrepreneurs et politique en Tunisie », Politix, vol. 21 n° 84, 2008, pp. 115-141.

 

par Amin ALLAL         Lire la deuxième partie


 

 

 

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Enquête : la Révolution tunisienne, une année après


Dans le cadre d’une étude récente menée par « TBC Partners » plusieurs interrogations ont été soumises à un échantillon de tunisiens pour faire un bilan retraçant l’état des lieux des principales préoccupations et interrogations pouvant interpeller le Tunisien quant à son présent et surtout par rapport l’avenir du pays. L’enquête a été réalisée à travers un questionnaire électronique auto administré auprès d’un échantillon composé de 1383 internautes. Plusieurs résultats et constats ont été exposés.


Concernant le rythme de la transition démocratique, il a été jugé comme étant lent pour plus de 43% des répondants. 37,6% considère que c’est un rythme normal, tandis que 18,8% jugent que c’est plutôt un rythme satisfaisant. Ce constat est relativement justifiable en l’absence d’une vision consensuelle sur le scénario de la transition démocratique, beaucoup de temps a été perdu. Les Tunisiens s’attendaient à mieux et surtout plus rapidement.


Pour ce qui est du principal acquis de la révolution, 72,7% des répondants considèrent qu’il s’agit du « le droit de grève et de négociation sociale ». Ceci témoigne de l’importance accordée par les Tunisiens à ce volet. D’autres parts, la réussite des premières élections démocratiques de l’histoire de notre pays a également constitué un acquis considérable pour 69,4%, suivi par 54% des répondants considérant que la liberté d’expression est le principal acquis. Le volet social reste logiquement le premier souci et se place en premier lieu dans l’ordre des priorités des Tunisiens. Il faut noter également que seulement 24,8% et 15,3% des répondants pensent que les objectifs d’assainissement de l’état et la réduction de la corruption, sont atteints.


Malgré les acquis, aussi considérables soient-ils, les Tunisiens considèrent que notre économie est entrain de payer très cher la facture de cette révolution. L’inflation et la baisse du pouvoir d’achat, la détérioration de la situation représentent ainsi les principaux revers d’une révolution loin d’être bénéfique à une économie déjà fragilisée par les abus et la corruption.


Tous les répondants, abstraction de leurs appartenances politiques ou idéologiques, s’accordent sur le fait que le déclenchement de la révolution tunisienne est essentiellement expliqué par des raisons économiques et sociales ainsi que pour des motivations de recherche de liberté d’expression et la mise en place d’un système démocratique. Toutefois, le phénomène qui a surgit en marge de cette révolution, à savoir la montée du radicalisme religieux, a représenté une source d’inquiétude pour 54,9% des répondants. Le débat identitaire, la dichotomie entre « modernistes progressistes » et « islamistes », sont entrain de faire dévier le processus vers une perspective autre que celle escomptée par la majorité des Tunisiens.


L’inquiétude des Tunisiens quant à l’avenir de la révolution et sa capacité à atteindre ses objectifs est un constat alarmant qui doit interpeller tous les intervenants dans le processus de transition. D’ailleurs, 72,7% des répondants considèrent que la révolution est menacée. Il faut dire que la gestion d’une révolution est un exercice totalement nouveau en Tunisie. Les grèves et les revendications sociales constituent incontestablement la principale menace pour la révolution et ce pour 52,3% des répondants. Avec une économie déjà fragilisée par une année très difficile, les revendications multipliées ne font qu’aggraver la situation.

 
Il est à noter que 57,6% des personnes enquêtées déclarent regretter leurs choix politiques pour les élections de l’Assemblé Constituante du 23 octobre. Ce résultat est vraiment interpellant et exprime une réelle déception des électeurs par rapport aux choix et stratégies politiques adoptés par leurs partis. La principale raison (78,3%) de cette déception est expliquée essentiellement par l’établissement d’alliances entre certains partis hétérogènes au niveau de leurs projets politiques. En revanche, 68,4% et 56,5% des répondants considèrent respectivement que la remise en question de leurs choix est expliquée par des « promesses non tenues » et par « un double discours ».


Au sujet de la confiance des répondants en l’Assemblée Constituante, il existe des réserves chez les enquêtés et ont exprimé de ce fait une confiance plutôt limitée dans la capacité de l’AC à garantir le progrès du pays. Le gouvernement, à son tour, est loin de jouir de la confiance absolue des Tunisiens qui sont encore sceptiques et attentifs aux performances du gouvernement de coalition tripartite qui a mis du temps à se constituer. Hormis 28,4% des répondants qui ont une confiance totale en la capacité du gouvernement actuel à sortir le pays du tunnel, 41,4% et 31% des Tunisiens sont plutôt peu confiants.


Outre ce constat, 42,3% des Tunisiens ne sont pas confiants quant à la capacité du nouveau Président de la république à réaliser les objectifs de la révolution, tandis que 41,7% sont plutôt rassurés et croient que M. Marzouki soit capable de réaliser les objectifs de la révolution. Il faut dire que cette méfiance se justifie par les dernières déclarations de monsieur le Président, loin de faire le consensus auprès des tunisiens, bien qu’il avait réussi à obtenir le compromis au sein de la Troïka. Pour ce qui est des raisons expliquant ce manque de confiance, 87,6% des répondants considèrent que c’est essentiellement dû à ses fonctions, désormais, très limitées.


Enfin, concernant le degré d’espérance des tunisiens en une amélioration des choses en 2012, notons que 56,2% des répondants ne sont pas optimistes quant aux perspectives de reprise économique pour 2012 et ce contre 37,6% qui sont plutôt optimistes. La priorité du souci économique et social, l’emploi se place comme étant la priorité incontestable pour l’année 2012 et ce pour 88,3%. Les dossiers des martyrs, de la sécurité et du développement régional ne sont pas de moindres importances.


La révolution Tunisienne est loin d’avoir atteint ses objectifs. Beaucoup reste à faire pour concrétiser autant de promesses et pour trouver des solutions à autant de problèmes…..

 

 

source nawaat.

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12 janvier 2012 4 12 /01 /janvier /2012 18:22

 

 
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11 janvier 2012 3 11 /01 /janvier /2012 08:40

Les moments forts de la révolution tunisiennes ... 

Partie I

Partie II    ________________________________

 

 
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16 décembre 2011 5 16 /12 /décembre /2011 03:57

The Protester

 

17-decembre-2010-tunis.jpg

"Mohamed suffered a lot. He worked hard. But when he set fire to himself, it wasn't about his scales being confiscated. It was about his dignity."   —Mannoubia Bouazizi, Tunisia

Once upon a time, when major news events were chronicled strictly by professionals and printed on paper or transmitted through the air by the few for the masses, protesters were prime makers of history. Back then, when citizen multitudes took to the streets without weapons to declare themselves opposed, it was the very definition of news — vivid, important, often consequential. In the 1960s in America they marched for civil rights and against the Vietnam War; in the '70s, they rose up in Iran and Portugal; in the '80s, they spoke out against nuclear weapons in the U.S. and Europe, against Israeli occupation of the West Bank and Gaza, against communist tyranny in Tiananmen Square and Eastern Europe. Protest was the natural continuation of politics by other means.

 

And then came the End of History, summed up by Francis Fukuyama's influential 1989 essay declaring that mankind had arrived at the "end point of ... ideological evolution" in globally triumphant "Western liberalism." The two decades beginning in 1991 witnessed the greatest rise in living standards that the world has ever known. Credit was easy, complacency and apathy were rife, and street protests looked like pointless emotional sideshows — obsolete, quaint, the equivalent of cavalry to mid-20th-century war. The rare large demonstrations in the rich world seemed ineffectual and irrelevant. (See the Battle of Seattle, 1999.)

Lire la suite time

 

 

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La personnalité de l'année selon Time : « The Protester »

« The Protester », la une du Time(Time.com)

Hé hé, non, la personnalité de l'année, selon le vénérable magazine américain Time, n'est ni le couple « Merkozy » en sauveur héroïque de l'Union européenne, ni le président dilettante Barack Obama fraîchement converti en républicain façon Bayrou, ni Kate Middleton épouse du prince Williams (pourtant officiellement sur les rangs), mais ... « the Protester » !

Je laisse le terme en anglais, parce que devinez comment notre presse du microcosme a traduit l'affaire (généralement ravalée en rubrique « chiens écrasés ») : « le manifestant » ! Pas faux, mais fade. Si encore, ils avaient osé le « protestataire », le « révolté », l'« indigné »...

« Ces gens ont déjà changé l'Histoire... »

Regardez bien l'illustration de couverture et dites-moi donc si l'olibrius en keffieh ressemble à un des pépères marcheurs de nos périodiques journées de protestation intersyndicale. Habillé comme ça, notre zazou se prendrait rapido le service d'ordre de la CGT sur le dos !

Le sous-titre de Time ne prête pas à confusion :

« Du printemps arabe
à Athènes
d'“Occupy Wall Street”
à Moscou »

Et le texte intérieur n'est pas en reste :

 »« The Protester » [c'est moi qui ne traduis pas ! ] a été désigné cette année pour avoir capturé et souligné un sentiment mondial d'espoir de changement, renversé des gouvernements et les idées toutes faites, combiné les techniques les plus anciennes avec les technologies les plus modernes pour mettre en lumière la dignité humaine et guidé la planète sur la voie d'un XXIe siècle plus démocratique bien que parfois plus dangereux ».

« ... et ils changeront l'Histoire à l'avenir »

Oulala, j'en connais qui vont bisquer sérieux, à droite comme à gauche, et même un petit peu certains à la gauche de la gauche !

Le plus drôle là-dedans, c'est que si quelqu'un s'était hasardé à prédire, dans les prévisions de début d'année 2011, ce qui allait se passer côté « Indignés » du monde entier, qu'est-ce qu'il se serait pris sur le nez comme rebuffades et sarcasmes !

Mais justement, nous voilà déjà au temps des prévisions pour la prochaine session 2012. Que va-t-il se passer ?

Bon, laissons le mot de la fin à Rick Stenel, directeur de la rédaction de Time, ce nouveau brûlot de la presse révolutionnaire :

« Ces gens [“the Protesters”, ndlr] ont déjà changé l'Histoire, et ils changeront l'Histoire à l'avenir. »

source rue89

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