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4 septembre 2011 7 04 /09 /septembre /2011 07:51
 
 
En arabe : les dernières trouvailles de Wikileaks
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2 juin 2011 4 02 /06 /juin /2011 08:29

 par  Pierre Obolensky

 

Le « Printemps arabe » qui a balayé des dictateurs que l'on pensait inamovibles en Tunisie et en Egypte et qui a attisé des feux de révolte depuis le début de l'année 2011 à travers l'Afrique du Nord et le Proche-Orient se serait-il arrêté aux frontières du Royaume chérifien ?

 

  

En effet, si on se fie à l'attention médiatique qui lui est consacrée depuis la Belgique, où vit depuis près de 45 ans une importante minorité de belges d'origine marocaine, le Maroc semble relativement épargné par les mobilisations de masse et à l'abri de tout risque de déstabilisation. 


 

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Le Roi des pauvres ?

 

Il est vrai que Mohamed VI, présenté comme le « Roi des pauvres » et comme un despote éclairé à la tête d'une monarchie acceptable et légitime, sert fort bien les intérêts occidentaux. Le Maroc est très proche de Washington (il collabore avec entrain à sa croisade contre le terrorisme) et entretient également une relation privilégiée avec l'Union Européenne qui lui a accordé le statut de partenaire le plus avancé aux côtés d'Israël. S'y est développé une bourgeoisie compradore1 qui a prospéré en vendant son pays et ses ressources aux multinationales occidentales. 

Mohamed VI, jeune et présentant une image d'entrepreneur moderne, a l'avantage de succéder à son père2 dont il fait tout pour se démarquer dans les formes. Maître dans l'art du protocole, il a su orchestrer un semblant de démocratie (pluralité politique et dans la presse)pour soigner les apparences à destination du reste du monde. En tant que « commandeur des croyants », sa popularité reste très importante dans le pays.

 

Pourtant, il exerce avec son clan une concentration extrême des richesses alors que la majorité de la population vit dans la pauvreté et que beaucoup de jeunes choisissent l'exil pour survivre.

Il concentre également tous les pouvoirs (exécutif, législatif, judiciaire, économique et religieux). Le gouvernement, le parlement ainsi que les partis politiques (mis à part quelques exceptions) sont soumis au bon vouloir du palais royal. Et certains thèmes sont absolument tabous, comme la légitimité sacrée de la monarchie alaouite, intouchable jusqu'à ses choix de gouvernance, ou la souveraineté nationale sur le Sahara Occidental3.


La clé de voûte du pouvoir est le tout-puissant appareil sécuritaire du Makhzen4, dont la simple évocation suscite la crainte au Maroc. La répression y est dure (arrestations, cas de disparitions forcées, tortures) particulièrement contre les activistes progressistes, les étudiants et syndicalistes contestataires, les islamistes et les sahraouis.


Bien que des espaces de liberté et d'expression pour la contestation existent (balisés et sous contrôle), il s'agit d'un système mafieux et autoritaire incapable d'apporter des solutions face aux urgences de la situation socio-économique du pays. Le Maroc connaît un chômage de masse, y compris chez les doctorants. Beaucoup de paysans émigrent dans les villes et le secteur informel représente une part importante de l'économie nationale.

La population marocaine paye le prix de plans d'ajustements structurels imposés par les institutions financières internationales début des années 80, qui ont privatisé des pans entiers de la société, enseignement et santé entre autre. La globalisation néo-libérale qui a suivi un siècle de colonialisme et de néo-colonialisme a enfoncé le Maroc dans le sous-développement. A cela, s'ajoutent de plus en plus de problèmes internes (corruption, affairisme, clientélisme, scandales de détournements de fonds publics) qui expliquent pourquoi les marocains suivent d'un œil attentif les révoltes populaires dans le Monde Arabe, et les ont, contrairement à ce que l'on entend, relayées dans leur pays. Depuis le 20 février, il y a eu 3 journées nationales de mobilisations historiques au Maroc, et d'innombrables actions, manifestations ou sit-in dans plus d'une centaine de localités !

 

Le Mouvement du 20 février

 

A l'avant-garde se trouve cette fameuse génération Facebook, une « nouvelle race de marocains mutants »5, très jeunes (de 15 à 25 ans), qui n'ont pas connu les années de plomb, et osent s'exprimer haut et fort . « On n'a plus peur désormais, c'est fini. Mamfakinch !6 »

Tahani et Montasser à Rabat, Nabil à Casablanca, Youssef à Oujda...

Ils sont parmi des centaines de milliers d'autres, acteurs et porte-paroles du Mouvement du 20 Février. Leurs revendications sont politiques et sociales. 

Ils veulent un changement de Constitution dirigé par le peuple et la mise en place d'une monarchie parlementaire où le Roi règne mais ne gouverne pas.

La liberté des prisonniers politiques et la condamnation des tortionnaires, ainsi que des responsables de la situation économique désastreuse.

Ils se battent pour un accès pour tous aux soins de santé, à l'enseignement, à un emploi, à un logement abordable. Et pour lutter contre la cherté de la vie, ils revendiquent la hausse du salaire minimum et la baisse des prix pour les denrées alimentaires.

Tous parlent de la place de la femme, exploitée à tous les niveaux dans la société marocaine, et de la lutte pour la parité. Ils veulent la reconnaissance officielle de la langue berbère, l'Amazigh.

Enfin, ils osent demander la séparation de l'État et de la religion.

Leurs slogans parlent de pain, d'emploi et de logement, de dignité, d'égalité et de liberté, on a beau chercher on ne trouve aucun mot d'ordre religieux. On est loin de la caricature (imposée par la théorie du choc des civilisations) que l'on se fait en Occident des peuples arabo-musulmans.

 

Antécédents et Printemps Arabe

 

Ils expliquent que le Mouvement du 20 Février n'est pas arrivé comme par miracle, que bien des luttes existaient au niveau local dans de nombreuses villes. Des mouvements spontanés, des luttes dispersées mais bien réelles. Comme celle des chômeurs diplômés qui ont fondé l'association nationale des diplômés chômeurs (ANDCM), ou celle de Bouarfa contre la vie chère.

Là-bas, cela fait plus de 3 ans que les habitants boycottent les compagnies de gaz et électricité qui pratiquent des prix exorbitants. Ils refusent tout simplement de les payer. Les étudiants ont joué un grand rôle, qui au sein de l'UNEM (Union Nationale des Étudiants Marocains) ont mené des mouvements de contestations dans plusieurs universités du pays (Fès, Casablanca, Oujda, Rabat).

En l'absence d'un véritable parti de gauche crédible et légitime7, l'Association marocaine des Droits de l'Homme (AMDH) fait office de refuge et de garde-fou8. Elle effectue un travail de masse dans une centaine de localités du pays, et regroupe près de 10 000 membres ! Elle a joué un rôle essentiel dans l'organisation du mouvement.

 

Comme en Tunisie ou en Egypte, la révolte est bien l'aboutissement d'une lutte de classes intense.

Mais il fallait une étincelle. Et elle porte le nom de Mohamed Bouazizi.

« Les révoltes arabes nous ont montré que c'était possible dans des pays très opprimés comme la Tunisie et l'Égypte. Elles nous ont donné un cadre global pour avancer nos revendications. On était déjà en révolte mais là, on se dit c'est le moment ! » nous explique Tahani.

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Nabil : « Les révoltes tunisiennes et égyptiennes ont joué un grand rôle pour notre mouvement au Maroc. Bouazizi a été le détonateur ! Pour tous, il était temps de s'exprimer et de réagir, de sortir et de lever la voix pour dire non aux injustices, à la corruption. On veut une nation nouvelle, un pays qui respecte tous ses citoyens. Comme ailleurs, nos slogans principaux parlent de pain, de liberté et de dignité ! »

 

 

Historique du mouvement

 

Montasser raconte comment les jeunes se sont organisés en utilisant les nouvelles technologies et réseaux sociaux sur le net pour mobiliser et coordonner le mouvement :

« Nous avons crée un groupe sur Facebook fin janvier appelant à une première marche qui a finalement eu lieu le 20 février. Puis des réunions concrètes nous ont permis de nous connaître et de nous organiser en sections locales. Des assemblées générales ont lieu chaque semaine. La réaction du Makhzen ne s'est pas fait attendre, notamment via Internet pour salir le mouvement et ses porte-paroles, et même acheter l'un d'eux. L'un des jeunes les plus en vue a retourné sa veste, il est passé le 19 février, la veille de la première mobilisation, à la télévision et à la radio pour annoncer que tout était annulé ! Et pourtant nous avons marché le lendemain. Malgré le mauvais temps et le blocage des moyens de transports, trains et taxis collectifs. Au début de la manif, des flics en civils se sont mis devant et ont même été jusqu'à lancer des slogans acceptables par le Makhzen, mais ils se sont vite fait submerger. A la fin, des jeunes agitateurs et des casseurs ont commis des actes de vandalisme pour nous discréditer mais ça n'a pas pris non plus  ». 

Résultat : près de 400 000 personnes dans une soixantaine de villes du Maroc9. Le mouvement est lancé, la génération Facebook fait trembler les puissants ! « Nous mêmes avons été surpris de la participation massive des citoyens, c'était du jamais vu ! » ajoute Tahani.

 

Le 9 Mars, Mohamed VI réagit dans une allocution télévisée étonnante.

Il propose une réforme constitutionnelle et plus largement un nouveau pacte entre le Roi et son peuple. Mais la commission nommée pour réécrire la Constitution est illégitime de par sa composition puisque ses membres sont nommés par le Roi seul et sont des hommes de l'appareil décrié par la population. Les quelques mesures annoncées (augmentation du salaire minimum, du salaire des fonctionnaires, ainsi que des petites retraites) sont trop tardives et limitées et ne sont pas suffisantes pour arrêter le mouvement. 

Le fait que Mohamed VI ai du réagir montre le poids du mouvement social. Toutefois il ne semble pas avoir pris l'ampleur du mécontentement profond exprimé par sa population.

Les actions continuent de plus belle (manifs, sit-in, flash-mobs) et pour la première fois à cette échelle, la répression policière s'abat sur les participants, le 13 Mars.

Et elle ne fait que décupler la volonté des contestataires. Youssef s'enthousiasme : « A partir de là, le mouvement va s'adresser à tous les secteurs exploités du pays et connaîtra une progression constante tant qualitative que quantitative en développant sa capacité d'organisation et sa faculté de mobilisation. J'ajoute que le Mouvement du 20 Février a toujours été pacifique  ».

 

Les jeunes se répartissent les tâches entre différents comités (communication, organisation des manifs, sécurité, coordination...)

 

Nabil : « Les médias dominants ne font pas leur travail pour informer la population de ce qui se passe. Ils ne diffusent pas l'information telle qu'elle est. C'est pourquoi nous avons une commission médiatique au sein du Mouvement qui livre une véritable guérilla médiatique »

 

Les dimanche 20 Mars et 24 Avril, nouvelles mobilisations monstres. À chaque fois, près de 600 000 personnes marchent dans une centaine de localités. Alors que les contre-manifestations organisées par le pouvoir ne rassemblent que quelques dizaines de manifestants monarchistes.

Entre temps, le 14 avril Mohamed VI avait libéré 190 détenus politiques, sahraouis et islamistes, la plupart en fin de peine.

 

L'attentat de Marrakech

Le jeudi 28 vers 12h, un attentat frappe le haut-lieu du tourisme au Maroc, la place Jamaâ El Fna à Marrakech. Une bombe éclate à la terrasse du café-restaurant Argana, faisant 17 morts, dont de nombreux touristes français. Le Maroc était épargné par le les attaques terroristes depuis le sanglant précédent des attentats simultanés à Casablanca le 16 mai 2003 qui ont fait 45 morts. La lumière n'a jamais été vraiment faite sur ce qui s'était passé ce jour là. Mais tous les marocains se souviennent de ces conséquences avec la mise en place de lois anti-terroristes très contraignantes pour l'ensemble de la population et pour les défenseurs des libertés.

 

Après avoir pointé du doigt Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI) les autorités auraient mis la main sur le coupable : un malade mental qui aurait agi isolé. Depuis, 6 autres suspects ont été arrêtés. Mais l'écrasante majorité des marocains interrogés sont sûrs d'une chose : « c'est le Makhzen derrière ». Pour les jeunes « une chose est claire, cela vise le mouvement ! ». C'est le meilleur moyen pour briser l'élan du 20 Février et pour justifier un retour à l'ordre et au tout-sécuritaire.

La menace terroriste pourrait servir de justificatif pour annuler les réformes, restreindre le champ des libertés et réprimer les mobilisations de masse.

 

Le Makhzen avait tout essayé pour stopper l'élan populaire, même si la répression directe reste encore très modérée, les autorités redoutant une explosion de colère comparable aux tsunamis humains qui ont déferlés dans les rues en Tunisie et en Egypte. « Nous avons ont été systématiquement harcelés et diabolisés dans les médias -accusations d'athéisme, de communisme, d'homosexualité, d'appartenance au Front Polisario, d'influence de l'étranger-, mais, poursuit Tahani, les gens ne sont pas dupes. Aujourd'hui, on tente de récupérer le Mouvement par l'entremise de jeunes, membres de certaines formations politiques, on tente de fomenter des luttes internes entre les forces progressistes et la contre-révolution qui s'infiltre  »

 

Une composante réactionnaire à l'intérieur de la société marocaine, très liée aux intérêts occidentaux, qui se sentirait menacée par la révolution démocratique qui a démarré, aurait-elle commandité l'attentat ? Est-ce une tentative de diviser le Mouvement et de briser l'unité entre la gauche et les islamistes ? Autant de questions laissées pour le moment en suspens.

 

Depuis le 28 avril, les barrages policiers se multiplient dans tout le pays. Quoi qu'il en soit les actions continuent. Ni la répression policière, ni les bombes des terroristes n’ont entamé la mobilisation populaire. Le 01 mai, journée internationale des travailleurs, de nombreux jeunes du Mouvement sont sortis dans la rue pour renforcer les cortèges syndicaux. La prochaine grande manifestation nationale est fixée pour le 22 mai.

 

Unité du Mouvement 


Selon Youssef, « ce qu'il faut désormais, c'est unifier les luttes ». La génération Facebook n'est pas déconnectée des luttes sur le terrain. Au contraire, les jeunes veulent se politiser davantage et renforcer leur lien avec le monde ouvrier. « Nous faisons un travail dans les quartiers, sur les marchés, dans les usines...  » explique Montasser. Au Maroc, les syndicats sont très divisés10 et corrompus, mais la base est combative. Avec le 20 Février, nous avons entrepris à leurs côtés une importante campagne contre la multinationale française Véolia (eau-électricité-assainissement), très impliquée au Maroc  ».

 

Non seulement, le Mouvement du 20 Février a levé l'obstacle de la peur, mais a aussi réussi à unifier divers courants idéologiques. En effet, il est frappant de constater la diversité des composantes du Mouvement. Sympathisants de partis politiques de gauche, les syndicats, l'UNEM, Attac-Maroc, des militants de l'AMDH, du mouvement islamiste réprimé Al Adl Wal Ihsane (Justice et Bienfaisance, du Cheick Yassine), ou du mouvement berbère. Surtout beaucoup de jeunes révoltés « indépendants », qui forment le gros des troupes. L’action les a réunis dans un front commun contre le même ennemi. 

Nabil explicite l'alliance tacite entre progressistes et islamistes : « Le Mouvement du 20 Février est un mouvement de citoyens et les islamistes également manifestent en tant que citoyens. Tous doivent respecter les mots d'ordre. Jusqu'à présent, les islamistes sont très disciplinés et travaillent dans l'unité. Nous autres, en tant que progressistes, prenons en compte leur point de vue. Nous nous réunissons chaque semaine en assemblée ». 

Montasser juge que les islamistes sont « présents dans la rue mais pas tellement dans les réunions durant lesquelles on met en avant, des slogans unitaires et des revendications légitimes pour tous  ». Il insiste sur le « rôle important du noyau organisé du 20 Février. On doit faire attention aux récupérations et au noyautage de l'organisation par des éléments du Makhzen. Il faut s'organiser le plus possible et gagner les masses populaires, devenir encore plus large, mais quoi qu'il en soit le bond en avant de la conscience collective est énorme. On récolte toujours les fruits de se que l'on sème pendant des années de militantisme parfois décourageants  » !

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Soyons réalistes, exigeons l'impossible !

« Ce que j'aimerais dire à la jeunesse européenne, termine Nabil, c'est que la jeunesse c'est l'avenir. L'avenir nous appartient ! Il faut lutter, militer pour obtenir nos droits en tant que citoyens, personne ne va venir et nous les donner ».

« Et puis il faut unir les luttes, que ce soit en Grèce, au Burkina-Faso ou en Tunisie entre autre, car nous affrontons le même système d'oppression et d'exploitation » rajoute Tahani.

Youssef conclut : « Pour affronter son avenir, il faut courage et optimisme ! S'il y a volonté du peuple, alors cette volonté est de fer ! »

Quelles sont leurs perspectives ? Comment voient-ils l'avenir ?

« On a connu tellement de surprises ces dernières semaines, que plus rien n'est impossible !sourit Tahani. Le rapport de force dans la rue a obligé le monde politique a bouger. Il suffit de commencer ! Comme disait le Che, 'Soyons réalistes, exigeons l'impossible' » !

 

Qui a dit qu'il ne se passait rien au Royaume chérifien ?

Selon que les dirigeants des pays concernés soient nos amis ou nos ennemis, la lecture que les médias dominants font des révoltes arabes est très différente. Mais au Maroc ça bouge aussi !

Relayant le Printemps Arabe, le Mouvement du 20 Février est devenu aujourd’hui un acteur incontournable de la réalité marocaine avec lequel la monarchie devra compter et ouvre de nouveaux espaces d’expression, utilisés en masse par les femmes et les jeunes, entres autres.

La rue continue à mettre la pression, et la contestation s'étend dans les campagnes et banlieues. Fini la peur et vive l'unité !

 

Soudain, les jeunes constatent qu'ils peuvent devenir acteurs de leurs vies, prendre leur destin en main. Des jeunes qui sont désormais tellement, qu'ils n'ont plus peur de se faire « makhzenifier » ! Le Mouvement est composé en majorité de jeunes (55% de la population a moins de 25 ans) qui veulent un changement radical maintenant et en ont marre des partis politiques traditionnels et de leurs mensonges. Et, le sentiment qui prédomine chez les gens est qu'un retour en arrière n'est plus possible.



1 Du verbe portugais 'comprar' (acheter). Désigne une partie de la bourgeoisie d'un pays en développement qui s'est enrichie en commerçant avec l'étranger.

 

2 Hassan II a régné en dictateur de 1961 à 1999.

 

3 Depuis 1975, un conflit oppose le Royaume marocain au Front Polisario sur ce territoire décolonisé par l'Espagne cette même année.

 

4 Le mot arabe « makhzen », désigne l'État marocain et ses institutions régaliennes et plus généralement la structure politico-administrative sur laquelle repose le pouvoir.

 

5  cf. Tel Quel n°471, 30/4/2011, p.73.

 

6 « On va pas lâcher ! » cf. www.mamfakinch.com.

 

7 L'USFP (Union Socialiste des Forces Populaires) « benbarkiste » n'a plus rien de socialiste et l'ex-Parti Communiste, le PPS (Parti du Progrès et du Socialisme) est monarchiste ! Le PSU (Parti Socialiste Unifié), important dans la gauche estudiantine regroupe plusieurs tendances. Enfin la Voie Démocratique est très présente dans les luttes, notamment syndicales (marxiste-léniniste, ex-Ila Al Amame).

 

8 Créé en 1979, elle a survécu aux années de plomb. Les familles des détenus politiques y ont joué un rôle pionnier au début, puis peu à peu seront revendiqués les droits sociaux, économiques et culturels. L'AMDH accompagne, soutien, conseille et conscientise les victimes et leurs familles.

 

9 Il est très difficile d'avoir des chiffres précis pour les manifestations. Les estimations variant très fort selon les sources. Par exemple pour la mobilisation du 24 avril, il y aurait eu 30 000 personnes selon les autorités, 300 000 selon un journal socio-démocrate et 800 000 selon les organisateurs.

 

10 Il existe plus d'une trentaine de syndicats, mais les plus légitimes et représentatifs restent l'UMT (Union Marocaine du Travail) et la CDT (Confédération Démocratique du Travail).

 

 Lien  : http://www.michelcollon.info/_Pierre-Obolensky_.html

 

 

 


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14 février 2011 1 14 /02 /février /2011 19:25

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Cinquante ans de carrière militaire, trois guerres contre Israël et vingt ans passés au gouvernement : Mohamed Hussein Tantaoui, chef du Conseil suprême des forces armées, dépositaire du pouvoir, n'est pas vraiment le jeune révolutionnaire post-Moubarak que la foule attendait après dix-huit jours de soulèvement. Cet apparatchik de 75 ans apparaît surtout comme le candidat des Etats-Unis et il doit encore prouver qu'il est capable d'effectuer la "transition pacifique" promise, samedi 12 février, par le Conseil suprême des forces armées.

 

Apparatchik expérimenté. Mohamed Tantaoui devra représenter le pays "auprès de toutes les parties à l'intérieur et à l'extérieur". Né en 1935, il a passé les deux tiers de sa vie dans l'armée, où il est entré en 1956, participant ainsi à la première crise internationale qu'a connue l'Egypte, celle du canal de Suez qui l'avait opposée à Israël, à la France et à la Grande-Bretagne.

M. Tantaoui a par la suite participé à deux autres conflits armés contre l'Etat hébreu, lors de la guerre des Six Jours en 1967, puis celle du Kippour en 1973. En 1991, il a ensuite joué un rôle-clé en conduisant les forces armées au sein de la coalition qui est intervenue au Koweït après l'invasion irakienne. Quatre ans plus tard, il fut nommé au poste qu'il occupe encore aujourd'hui, celui de commandant général des forces armées.

Au-delà de ces faits d'armes, le CV du nouvel homme fort de l'Egypte présente aussi un lourd volet politique, puisque celui-ci a occupé la fonction de ministre de la défense et de la production miliaire pendant vingt ans (1991-2011). Enfin, Mohamed Tantaoui a reçu une promotion aussi récente qu'éphémère : le 29 janvier, Hosni Moubarak l'avait nommé vice-premier ministre, pensant calmer les ardeurs des révolutionnaires de la place Tahrir.

Un élément au pouvoir depuis aussi longtemps semble donc peu enclin au changement. Un télégramme diplomatique américain révélé par WikiLeaks et datant de 2008 décrit Tantaoui comme quelqu'un de "charmant et courtois" mais aussi "âgé et hostile au changement". Les câbles le décrivent, lui et Hosni Moubarak, comme des hommes n'ayant "tout simplement pas l'énergie, l'inclination ou la vision du monde pour faire les choses différemment".

Rassurant à l'intérieur. Agé de 75 ans, Mohamed Tantaoui peut aussi se poser en garant de la stabilité et du renoncement à la violence. On l'a vu pendant les jours de soulèvement : l'armée a toujours su faire preuve de retenue, contrairement à la police, accusée de nombreuses violences. Les manifestations ont d'ailleurs été marquées par de nombreuses scènes de fraternisation entre la foule et l'armée.

En outre, un ancien enquêteur auprès de Human Rights Watch disait vendredi à ABC News qu'en ce qui concerne les abus sur les droits de l'homme, l'ONG était "beaucoup plus confiante et optimiste sur ce qu'il va se passer", maintenant que l'armée dirige le pays.

La plupart des observateurs font par ailleurs remarquer que le militaire n'a pas d'aspirations politiques. "Tantaoui n'a pas d'ambition présidentielle. Personne à l'intérieur du Conseil suprême de l'armée ne souhaite qu'il en ait", assure au Washington Post Hosam Sowilam, général à la retraite et ancien camarade de M. Tantaoui à l'école militaire .

Rassurant à l'extérieur. Du haut de ses dizaines d'années d'expériences, Mohamed Tantaoui est en fait – surtout – le candidat idéal des Etats-Unis et d'Israël, avec qui il a tissé de nombreux liens. D'après Mohamed Kadry, un ancien général de l'armée interrogé par le Washington Post, il "comprend l'importance de la relation" avec les Etats-Unis. D'autant plus que Washington octroie à l'armée 1,3 milliard de dollars d'aide par an.

D'autre part, l'armée a répété qu'elle restait liée par les traités internationaux signés par l'Egypte, histoire d'apaiser les inquiétudes des Etats-Unis et d'Israël sur le devenir des accords de paix israélo-égyptiens de 1979. Dimanche, le Conseil suprême des forces armées a noué des premiers contacts plutôt positifs avec les dirigeants israéliens et, devant la presse, le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, s'est félicité de l'engagement de l'armée de respecter le traité de paix conclu avec Israël.

D'ailleurs, d'après le document de WikiLeaks de 2008, les Etats-Unis jugent que, marqué par trois guerre contre Israël, Mohamed Tantaoui est à présent "déterminé à en éviter une autre".

Instable. Mais ce document souligne aussi que "des officiers de rang intermédiaire sont très critiques à l'égard [du] ministre de la défense, qu'ils estiment plus prompt à valoriser la loyauté que la compétence chez ses subordonnées". Ces mêmes officiers le surnommaient d'ailleurs le "caniche" de Moubarak. Si la période de transition dure un peu trop, le risque de mutinerie dans l'armée pourrait augmenter.

Quant à la société civile, elle l'a vu partager, un peu interdit, la joie des jeunes révoltés place Tahrir. Vendredi, tandis qu'il célébrait la chute du raïs devant le palais présidentiel, le peuple égyptien ne l'a reconnu que comme l'homme de la transition, non comme le nouvel homme fort et permanent du pays.

Ainsi, comme l'écrit Oren Kessler, dans le Jerusalem Post, "la rêverie se terminera bientôt s'il n'arrive pas à mettre en œuvre les réformes démocratiques et le gouvernement civil que les manifestants ont exigés"

Lien : http://srv06.admin.over-blog.com/index.php?module=admin&action=publicationArticles:editPublication&ref_site=1&nlc__=731297707936

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8 janvier 2011 6 08 /01 /janvier /2011 08:14
Viewing cable 08TUNIS679, CORRUPTION IN TUNISIA: WHAT'S YOURS IS MINE
If you are new to these pages, please read an introduction on the structure of a cable as well as how to discuss them with others. See also the FAQs
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08TUNIS679 2008-06-23 13:01 2010-12-07 21:09 SECRET Embassy Tunis
 VZCZCXYZ0000 PP RUEHWEB DE RUEHTU #0679/01 1751355 ZNY SSSSS ZZH P 231355Z JUN 08 FM AMEMBASSY TUNIS TO RUEHC/SECSTATE WASHDC PRIORITY 5219 INFO RUCNMGH/MAGHREB COLLECTIVE PRIORITY 
 SS E C R E T TUNIS 000679 SIPDIS STATE FOR NEA/MAG (HARRIS) STATE PASS USTR (BURKHEAD) USDOC FOR ITA/MAC/ONE (NATHAN MASON), ADVOCACY CTR (REITZE), AND CLDP (TEJTEL AND MCMANUS) CASABLANCA FOR FCS (ORTIZ) CAIRO FOR FINANCIAL ATTACHE (SEVERENS) LONDON AND PARIS FOR NEA WATCHER E.O. 12958: DECL: 06/23/2018 TAGS: ECON KCOR PGOV EINV EFIN SOCI TS SUBJECT: CORRUPTION IN TUNISIA: WHAT'S YOURS IS MINE REF: A. TUNIS 615 ¶B. TUNIS 568 ¶C. TUNIS 365 ¶D. TUNIS 169 ¶E. TUNIS 113 ¶F. 07 TUNIS 1489 ¶G. 07 TUNIS 1443 ¶H. 07 TUNIS 1433 ¶I. 06 TUNIS 2848 ¶J. 06 TUNIS 1673 ¶K. 06 TUNIS 1672 ¶L. 06 TUNIS 1630 ¶M. 06 TUNIS 1622 ¶N. 01 TUNIS 2971 Classified By: Ambassador Robert F. Godec for Reasons 1.4 (b) and (d). ------- Summary ------- ¶1. (S) According to Transparency International's annual survey and Embassy contacts' observations, corruption in Tunisia is getting worse. Whether it's cash, services, land, property, or yes, even your yacht, President Ben Ali's family is rumored to covet it and reportedly gets what it wants. Beyond the stories of the First Family's shady dealings, Tunisians report encountering low-level corruption as well in interactions with the police, customs, and a variety of government ministries. The economic impact is clear, with Tunisian investors -- fearing the long-arm of "the Family" -- forgoing new investments, keeping domestic investment rates low and unemployment high (Refs G, H). These persistent rumors of corruption, coupled with rising inflation and continued unemployment, have helped to fuel frustration with the GOT and have contributed to recent protests in southwestern Tunisia (Ref A). With those at the top believed to be the worst offenders, and likely to remain in power, there are no checks in the system. End Summary. ------------------- The Sky's the Limit ------------------- ¶2. (C) According to Transparency International's 2007 index, the perception is that corruption in Tunisia is getting worse. Tunisia's ranking on the index dropped from 43 in 2005 to 61 in 2007 (out of 179 countries) with a score of 4.2 (with 1 the most corrupt and 10 the least corrupt). Although corruption is hard to verify and even more difficult to quantify, our contacts all agree that the situation is headed in the wrong direction. When asked whether he thought corruption was better, worse, or the same, XXXXXXXXXXXX exclaimed in exasperation, "Of course it's getting worse!" He stated that corruption could not but increase as the culprits looked for more and more opportunities. Joking about Tunisia's rising inflation, he said that even the cost of bribes was up. "A traffic stop used to cost you 20 dinars and now it's up to 40 or 50!" ----------------- All in the Family ----------------- ¶3. (S) President Ben Ali's extended family is often cited as the nexus of Tunisian corruption. Often referred to as a quasi-mafia, an oblique mention of "the Family" is enough to indicate which family you mean. Seemingly half of the Tunisian business community can claim a Ben Ali connection through marriage, and many of these relations are reported to have made the most of their lineage. Ben Ali's wife, Leila Ben Ali, and her extended family -- the Trabelsis -- provoke the greatest ire from Tunisians. Along with the numerous allegations of Trabelsi corruption are often barbs about their lack of education, low social status, and conspicuous consumption. While some of the complaints about the Trabelsi clan seem to emanate from a disdain for their nouveau riche inclinations, Tunisians also argue that the Trabelsis strong arm tactics and flagrant abuse of the system make them easy to hate. Leila's brother Belhassen Trabelsi is the most notorious family member and is rumored to have been involved in a wide-range of corrupt schemes from the recent Banque de Tunisie board shakeup (Ref B) to property expropriation and extortion of bribes. Leaving the question of their progenitor aside, Belhassen Trabelsi's holdings are extensive and include an airline, several hotels, one of Tunisia's two private radio stations, car assembly plants, Ford distribution, a real estate development company, and the list goes on. (See Ref K for a more extensive list of his holdings.) Yet, Belhassen is only one of Leila's ten known siblings, each with their own children. Among this large extended family, Leila's brother Moncef and nephew Imed are also particularly important economic actors. ¶4. (S/NF) The President is often given a pass, with many Tunisians arguing that he is being used by the Trabelsi clan and is unaware of their shady dealings. XXXXXXXXXXXX a strong supporter of the government and member of XXXXXXXXXXXX, told the Ambassador that the problem is not Ben Ali, but "the Family" going too far and breaking the rules. Nevertheless, it is hard to believe Ben Ali is not aware, at least generally, of the growing corruption problem. This might also reflect the seeming geographical divisions between the Ben Ali and Trabelsi fiefdoms, with the Ben Ali clan reportedly focused on the central coastal regional and the Trabelsi clan operating out of the greater Tunis area and therefore, generating the bulk of the gossip. The Ben Ali side of the Family and his children and in-laws from his first marriage are also implicated in a number of stories. Ben Ali has seven siblings, of which his late brother Moncef was a known drug trafficker, sentenced in absentia to 10 years prison in the French courts. Ben Ali has three children with his first wife Naima Kefi: Ghaouna, Dorsaf and Cyrine. They are married respectively to Slim Zarrouk, Slim Chiboub, and Marouane Mabrouk -- all significant economic powers. -------------------------------------------- This Land is Your Land, This Land is My Land -------------------------------------------- ¶5. (S/NF) With real estate development booming and land prices on the rise, owning property or land in the right location can either be a windfall or a one-way ticket to expropriation. In summer 2007, Leila Ben Ali received a desirable tract of land in Carthage for free from the GOT in order to build the for-profit Carthage International School (Ref F). In addition to the land, the school received a 1.8 million dinar (US $1.5 million) gift from the GOT, and within a matter of weeks the GOT had built new roads and stoplights to facilitate school access. It has been reported that Ms. Ben Ali has sold the Carthage International School to Belgian investors, but the Belgian Embassy has as yet been unable to confirm or discount the rumor. XXXXXXXXXXXX asserted that the school was indeed sold for a huge, but undisclosed sum. He noted any such sale would be pure profit since Ms. Ben Ali's received land, infrastructure, and a hefty bonus at no cost. ¶6. (S/NF) Construction on an enormous and garish mansion has been underway next to the Ambassador's residence for the past year. Multiple sources have told us that the home is that of Sakhr Materi, President Ben Ali's son-in-law and owner of Zitouna Radio. This prime real estate was reportedly expropriated from its owner by the GOT for use by the water authority, then later granted to Materi for private use. A cafe owner recounted a similar tale to an Embassy employee, reporting that Belhassen Trabelsi forced him to trade in a cafe he previously owned in a prime location for his current cafe. The cafe owner stated Trabelsi told him he could do whatever he wanted there; if 50 dinar bribes to the police were not effective, Trabelsi said the owner had only to call him and he would "take care of it." ------------ Yacht Wanted ------------ ¶6. (S/NF) In 2006, Imed and Moaz Trabelsi, Ben Ali's nephews, are reported to have stolen the yacht of a well-connected French businessman, Bruno Roger, Chairman of Lazard Paris. The theft, widely reported in the French press, came to light when the yacht, freshly painted to cover distinguishing characteristics, appeared in the Sidi Bou Said harbor. Roger's prominence in the French establishment created a potential irritant in bilateral relations and according to reports, the yacht was swiftly returned. The stolen yacht affair resurfaced in early 2008 due to an Interpol warrant for the two Trabelsis. In May, the brothers were brought before Tunisian courts, in a likely effort to satisfy international justice. The outcome of their case has not been reported. ------------------ Show Me Your Money ------------------ ¶7. (S) Tunisia's financial sector remains plagued by serious allegations of corruption and financial mismanagement. Tunisian business people joke that the most important relationship you can have is with your banker, reflecting the importance of personal connections rather than a solid business plan in securing financing. The legacy of relationship-based banking is a sector-wide rate of non-performing loans that is 19 percent, which remains high but is lower than a high of 25 percent in 2001 (Ref I). Embassy contacts are quick to point out that many of these loans are held by wealthy Tunisian business people who use their close ties to the regime to avoid repayment (Ref E). Lax oversight makes the banking sector an excellent target of opportunity, with multiple stories of "First Family" schemes. The recent reshuffle at Banque de Tunisie (Ref B), with the Foreign Minister's wife assuming the presidency and Belhassen Trabelsi named to the board, is the latest example. According to a representative from Credit Agricole, Marouane Mabrouk, another of Ben Ali's sons-in-law, purchased a 17 percent share of the former Banque du Sud (now Attijari Bank) shares immediately prior to the bank's privatization. This 17 percent share was critical to acquiring controlling interest in the bank since the privatization represented only a 35 percent share in the bank. The Credit Agricole rep stated that Mabrouk shopped his shares to foreign banks with a significant premium, with the tender winner, Spanish-Moroccan Santander-Attijariwafa ultimately paying an off the books premium to Mabrouk. XXXXXXXXXXXX recounted that when he was still at his bank he used to receive phone calls from panicked clients who stated that Belhassen Trabelsi had asked them for money. He did not indicate whether he advised them to pay. ----------------------- The Trickle Down Effect ----------------------- ¶8. (S) While the stories of high-level, Family corruption are among the most flagrant and oft-repeated, Tunisians report encountering low-level corruption more frequently in their daily lives. Speeding tickets can be ignored, passports can be expedited, and customs can be bypassed -- all for the right price. Donations to the GOT's 26-26 Fund for development or to the Bessma Society for the Handicapped -- Leila Ben Ali's favored charity -- are also believed to grease the wheels. Hayet Louani (protect), a well-connected member of Parliament, faced increased pressure from the GOT after refusing several "requests" to donate money to Trabelsi's soccer team. XXXXXXXXXXXX reported that customs inspectors demanded 10,000 dinars to get his goods through customs; he did not reveal whether or not he acquiesced to the demand. ¶9. (S) Nepotism is also believed to play a significant role in awarding scholarships and offering jobs. Knowing the right people at the Ministry of Higher Education can determine admission to the best schools or can mean a scholarship for study abroad. An Embassy FSN stated that the Director of International Cooperation, a long-time contact, offered to give his son a scholarship to Morocco on the basis of their acquaintance. If you do not know someone, money can also do the trick. There are many stories of Tunisians paying clerks at the Ministry of Higher Education to get their children into better schools than were merited by their test scores. Government jobs -- a prize in Tunisia -- are also believed to be doled out on the basis of connections. Leila Ben Ali's late mother, Hajja Nana, is also reported to have acted as a broker for both school admissions and government job placement, providing her facilitation services for a commission. Among the complaints from the protestors in the mining area of Gafsa were allegations that jobs in the Gafsa Phosphate Company were given on the basis of connections and bribery. --------- Mob Rule? --------- ¶10. (S/NF) The numerous stories of familial corruption are certainly galling to many Tunisians, but beyond the rumors of money-grabbing is a frustration that the well-connected can live outside the law. One Tunisian lamented that Tunisia was no longer a police state, it had become a state run by the mafia. "Even the police report to the Family!" he exclaimed. With those at the top believed to be the worst offenders, and likely to remain in power, there are no checks in the system. The daughter of a former governor recounted that Belhassen Trabelsi flew into her father's office in a rage -- even throwing an elderly office clerk to the ground -- after being asked to abide by laws requiring insurance coverage for his amusement park. Her father wrote a letter to President Ben Ali defending his decision and denouncing Trabelsi's tactics. The letter was never answered, and he was removed from his post shortly thereafter. The GOT's strong censorship of the press ensures that stories of familial corruption are not published. The Family's corruption remains a red line that the press cross at their own peril. Although the February imprisonment of comedian Hedi Oula Baballah was ostensibly drug-related, human rights groups speculate his arrest was punishment for a 30 minute stand-up routine spoofing the President and his in-laws (Tunis D). International NGOs have made the case that the harsh prison conditions faced by journalist Slim Boukdhir, who was arrested for failing to present his ID card and insulting a police officer, are directly related to his articles criticizing government corruption. Corruption remains a topic relegated to hushed voices with quick glances over the shoulder. ------------------------ The Elephant in the Room ------------------------ ¶11. (S) Several Tunisian economists argue that it does not matter whether corruption is actually increasing because "perception is reality." The perception of increasing corruption and the persistent rumors of shady backroom dealings has a negative impact on the economy regardless of the veracity. Contacts tell us they afraid to invest for fear that the family will suddenly want a cut. "What's the point?" Alaya Bettaieb asked, "The best case scenario is that my investment succeeds and someone important tries to take a cut." Persistently low domestic investment rates bear this out (Ref H). Foreign bank accounts, while illegal, are reportedly commonplace. A recent Ministry of Finance amnesty to encourage Tunisians to repatriate their funds has been an abject failure. Bettaeib stated that he plans to incorporate his new business in Mauritania or Malta, citing fear of unwanted interference. Many economists and business people note that strong investment in real estate and land reflects the lack of confidence in the economy and an effort to keep their money safe (Ref C). ¶12. (S) Thus far, foreign investors have been undeterred, and according to Tunisian business contacts, largely unaffected. Foreign investment continues to flow in at a healthy rate, even excluding the privatizations and huge Gulf projects which have yet to get underway. Foreign investors more rarely report encountering the type of extortion faced by Tunisians, perhaps reflecting that foreign investors have recourse to their own embassies and governments. British Gas representatives told the Ambassador they had not encountered any impropriety. XXXXXXXXXXXX stated that several years ago Belhassen Trabelsi attempted to strong arm a German company producing in the offshore sector, but that after the German Embassy intervened Trabelsi was explicitly cautioned to avoid offshore companies. Despite pronouncements about increasing domestic investment, the GOT focuses heavily on increasing FDI flows to the country, particularly in the offshore sector. Nevertheless, there are still several examples of foreign companies or investors being pressured into joining with the "right" partner. The prime example remains McDonald's failed entry into Tunisia. When McDonald's chose to limit Tunisia to one franchisee not of the GOT's choosing, the whole deal was scuttled by the GOT's refusal to grant the necessary authorization and McDonald's unwillingness to play the game by granting a license to a franchisee with Family connections. ------- Comment ------- ¶13. (S) Although the petty corruption rankles, it is the excesses of President Ben Ali's family that inspire outrage among Tunisians. With Tunisians facing rising inflation and high unemployment, the conspicuous displays of wealth and persistent rumors of corruption have added fuel to the fire. The recent protests in the mining region of Gafsa provide a potent reminder of the discontent that remains largely beneath the surface. This government has based its legitimacy on its ability to deliver economic growth, but a growing number of Tunisians believe those as the top are keeping the benefits for themselves. ¶14. (S) Corruption is a problem that is at once both political and economic. The lack of transparency and accountability that characterize Tunisia's political system similarly plague the economy, damaging the investment climate and fueling a culture of corruption. For all the talk of a Tunisian economic miracle and all the positive statistics, the fact that Tunisia's own investors are steering clear speaks volumes. Corruption is the elephant in the room; it is the problem everyone knows about, but no one can publicly acknowledge. End Comment. Please visit Embassy Tunis' Classified Website at: http://www.state.sgov.gov/p/nea/tunis/index.c fm GODEC 
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8 janvier 2011 6 08 /01 /janvier /2011 08:08

8 décembre 2012

 

L'entourage familial du Président tunisien Zine El-Abidine Ben Ali est une «quasi-mafia» et le régime tunisien «n'accepte ni critique ni conseil», affirment des télégrammes confidentiels américains obtenus par Wikileaks et révélés, hier soir, mardi, par le quotidien Le Monde.

 

 Dans ce câble daté de juin 2008, sous le titre «Ce qui est à vous est à moi», l'ambassade cite plus d'une dizaine d'exemples des abus de l'entourage familial du chef de l'Etat. Par exemple, écrit-il, l'épouse du Président se voit accorder gratuitement par l'Etat un terrain, qui sera viabilisé tout aussi gratuitement, pour construire un établissement scolaire privé, revendu depuis.

 

A l'été 2009, un autre mémo, tout en saluant la robuste croissance économique (5% en moyenne) et le statut avancé de la femme, relève que «le Président Ben Ali prend de l'âge», que «son régime est sclérosé» et qu’«il n'y a pas de successeur avéré». «L'extrémisme reste une menace.

 

Confronté à ces problèmes, le gouvernement n'accepte ni critique ni conseil, qu'il vienne de l'intérieur ou de l'extérieur. A l'inverse, il ne cherche qu'à imposer un contrôle plus strict, souvent en s'appuyant sur la police», ajoute ce télégramme.

 

Pour les diplomates, affirme encore l'ambassade américaine en Tunisie, travailler dans ce pays est devenu très difficile. Les contrôles, «mis en place par le ministre des Affaires étrangères», les contraignent à avoir une permission écrite avant tout contact avec un officiel. Une demande de réunion doit être accompagnée d'une note diplomatique. «Beaucoup restent sans réponse», précise-t-elle.

 

 

 

 

 

 

 

 

Le président Ben Ali et sa femme Leila Ben Ali

 

 

lien:http://www.infosoir.com/edit.php?id=121188

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8 janvier 2011 6 08 /01 /janvier /2011 08:04

7 décembre 2010

 

La Tunisie n'a pas grand-chose à se reprocher en matière de droits de l'homme. Il y a bien eu "quelques problèmes", mais le gouvernement y remédie, puisque "des dizaines" d'officiers de police ont été jugés pour "corruption ou autres délits". Malheureusement, "certaines ambassades", à Tunis, et "des organisations de défense des droits de l'homme" ont pris prétexte de la lutte antiterroriste menée par le gouvernement pour multiplier les critiques. Ça n'est pas une "attitude amicale"… Le télégramme américain qui résume la rencontre, au printemps 2008 à Tunis, entre le président Zine El-Abidine Ben Ali et le sous-secrétaire d'Etat américain chargé des affaires du Proche-Orient et de l'Afrique du Nord, David Welch, ne dit rien de la réponse du diplomate.

Mais d'autres mémos, obtenus par WikiLeaks et révélés par Le Monde, permettent de se faire une idée précise du régime tunisien vu par les diplomates américains. Dans un câble daté de juin 2008, sous le titre "Ce qui est à vous est à moi", l'ambassade décrit la corruption organisée par l'entourage familial du chef de l'Etat – "la Famille" – qualifié de "quasi-mafia".

Plus d'une dizaine d'exemples sont cités. Ici, c'est l'épouse du président qui se voit accorder gratuitement par l'Etat un terrain, qui sera viabilisé tout aussi gratuitement, pour construire un établissement scolaire privé, revendu depuis. Là c'est un gendre qui récupère "un immense manoir tape-à-l'œil" construit sur un terrain exproprié par l'Etat, officiellement pour les besoins de l'Agence de l'eau.

Plus loin, c'est un autre gendre qui acquiert 17 % de la Banque du Sud à la veille de sa privatisation, et qui revendra ses actions "avec un confortable bénéfice" à un consortium bancaire hispano-marocain, lui assurant ainsi le contrôle majoritaire qu'elle souhaitait…

"LE PRÉSIDENT PREND DE L'ÂGE"

A l'été 2009, un autre mémo élargit le champ de vision et, non sans avoir salué la robuste croissance économique (5 % en moyenne depuis dix ans) et le statut avancé de la femme, recense les "gros problèmes" du pays. "Le président Ben Ali prend de l'âge, son régime est sclérosé, et il n'y a pas de successeur avéré, peut-on lire. Beaucoup de Tunisiens sont frustrés par le manque de liberté politique et en colère contre la corruption de la famille de la première dame, le taux de chômage élevé et les disparités régionales. L'extrémisme reste une menace. Confronté à ces problèmes, le gouvernement n'accepte ni critique ni conseil, qu'il vienne de l'intérieur ou de l'extérieur. A l'inverse, il ne cherche qu'à imposer un contrôle plus strict, souvent en s'appuyant sur la police. Résultat : la Tunisie est à la peine et notre relation [avec elle] également."

Pour les diplomates, travailler en Tunisie est devenu très difficile. Les contrôles, "mis en place par le ministre des affaires étrangères", les contraignent à avoir une permission écrite avant tout contact avec un officiel. Une demande de réunion doit être accompagnée d'une note diplomatique. "Beaucoup restent sans réponse", précise un mémo.

PRIVILÉGIER LA DISCRÉTION

Maintenir des contacts avec les militants de la société civile est une gageure. Et les Tunisiens invités à des réceptions par l'ambassade font l'objet d'intimidations par des policiers en civil postés à proximité.

Quelle devrait être la politique de l'administration Obama en Tunisie ? Poursuivre les contacts avec l'opposition et la société civile. Continuer à critiquer "l'absence de démocratie et le peu de respect pour les droits de l'homme", le faire "de façon très claire, le plus souvent possible, et à très haut niveau", mais, à rebours de l'administration Bush, en privilégiant la discrétion.

Les Etats-Unis, ajoute le télégramme, devraient aussi demander aux pays européens d'intensifier leurs efforts pour "persuader le gouvernement tunisien d'accélérer les réformes politiques".

L'Allemagne et la Grande-Bretagne sont acquis à cette idée, mais "des pays-clés comme la France et l'Italie hésitent à faire pression" sur la Tunisie

 

lien:http://www.lemonde.fr/documents-wikileaks/article/2010/12/07/wikileaks-les-diplomates-americains-pointent-le-regime-sclerose-de-ben-ali-en-tunisie_1450406_1446239.html

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8 janvier 2011 6 08 /01 /janvier /2011 08:01
Tunis, 10 décembre 2010 - Le ministre tunisien des Affaires étrangères Kamel Morjane a assuré jeudi que les câbles diplomatiques américains révélés par Wikileaks n'auraient "pas de conséquence" sur les relations avec Washington.

Il a dans le même temps stigmatisé le contenu de certains rapports et affirmé que la Tunisie rejetait "toute immixtion dans ses affaires" internes.

"Ces fuites n'auront pas de conséquences sur les relations" entre Tunis et Washington, car il s'agit, d'"appréciations personnelles des ambassadeurs des Etats-Unis n'exprimant aucunement les positions de Washington", a-t-il estimé lors de la discussion du budget à la Chambre des Conseillers (sénat).

Morjane a cependant dénoncé certains télégrammes relatifs à "des affaires internes" à la Tunisie, les qualifiant de "reproduction de mensonges et de calomnies de certains détracteurs qui s'acharnent obstinément à nuire" au pays.

Ces télégrammes révélés mardi soir par le quotidien Le Monde affirmaient notamment que l'entourage familial du président Zine El Abidine Ben Ali est une "quasi-mafia" et que le régime tunisien "n'accepte ni critique ni conseil".

Dans un câble daté de juin 2008, sous le titre "Ce qui est à vous est à moi", l'ambassade cite plus d'une dizaine d'exemples des abus de l'entourage familial du chef de l'Etat.

"Ces allégations sont infondées et ne reflètent nullement la réalité", a dit Morjane, jugeant par ailleurs "sans crédit" voire "inacceptables" certaines révélations ayant trait aux relations de la Tunisie avec ses "frères" arabes.

Il faisait notamment référence au compte rendu d'une rencontre du président tunisien avec l'émissaire américain David Welch attribuant à Tunis le point de vue selon lequel l'Algérie bloque le processus de l'Union du Maghreb.

Sur les difficultés de travailler en Tunisie, l'ambassade américaine estime les Etats-Unis devraient demander aux Européens d'intensifier leurs efforts pour "persuader le gouvernement tunisien d'accélérer les réformes politiques".

"La Tunisie a toujours, soutenu les causes de justice et de paix dans le monde et rejeté l'ingérence dans les affaires d'autrui, tout comme elle réfute toute immixtion dans ses affaires", a lancé le ministre, affirmant que les révélations de Wikileaks étaient l'objet d'une discussion au téléphone avec la Secrétaire d'Etat Hillary Clinton.
Kamel Morjane
Kamel Morjane
lien:http://www.emarrakech.info/WikiLeaks-Tunis-minimise-la-portee-des-revelations-tout-en-les-denoncant_a50481.html
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8 janvier 2011 6 08 /01 /janvier /2011 08:00

Les câbles des diplomates américains divulgués par Wikileaks sont, du point de vue du fonctionnement des économies, d’un grand intérêt. Des lecteurs ont demandé qu’on puisse les rendre accessibles. Maghreb Emergent entreprendra de traduire les câbles qui évoquent le fonctionnement des économies locales. La franchise des diplomates américains sur ces questions ne rend ces câbles que plus intéressants. Nous commençons par le câble-brulot de l’ancien ambassadeur à Tunis, Robert F. Godec, actuellement au département d’Etat, spécialisé dans l’antiterrorisme.

 

 

 

Traduction du câble mis en ligne par Wikileaks

Source: http://213.251.145.96/cable/2008/06/08TUNIS679.html

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08TUNIS679 2008-06-23 13:01 2010-12-07 21:09 SECRET Embassy Tunis VZCZCXYZ0000

SUBJECT: CORRUPTION IN TUNISIA: WHAT'S YOURS IS MINE

Classified By: Ambassador Robert F. Godec for Reasons 1.4 (b) and (d).

 

Résumé

 

1. (S) Selon le rapport annuel de Transparency International et des observations de contacts de l'ambassade, la corruption en Tunisie ne fait qu'empirer. Que ce soit des liquidités, des services, des terres, des biens, ou oui, même votre yacht, la famille du président Ben Ali est réputée pour le convoiter et obtenir ce qu’elle souhaite.

 

Au-delà des histoires de magouilles de la première famille (présidentielle NDLR), les Tunisiens déclarent rencontrer la corruption de bas niveau dans leurs contacts avec la police, la douane, et une série de ministères du gouvernement. L'impact économique est clair, avec des investisseurs tunisiens, craignant le long bras de «la famille», qui renoncent à de nouveaux investissements, le maintien de taux d'investissement interne faible et un taux de chômage élevé (Refs G, H). Ces rumeurs persistantes de corruption, combinées à une inflation en hausse et un chômage structurel, ont contribué à alimenter la colère contre le GOT (gouvernement tunisien. NDLR) et ont contribué à de récentes manifestations dans le sud-ouest Tunisie (Ref A). Ceux d'en haut serait les pires délinquants, mais susceptibles de rester au pouvoir, il n'y a pas de garde-fous dans le système. Fin Résumé.

 

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Sans Limites (The Sky’s the Limit)

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2. (C) Selon Transparency International, indice 2007, la perception est que la corruption en Tunisie ne fait qu'empirer. Le classement de la Tunisie sur l'indice a chuté de 43 en 2005 à 61 en 2007 (sur 179 pays) avec un score de 4,2 (avec 1 pour le plus corrompu et 10 le moins corrompu). Bien que la corruption soit difficile à vérifier, et encore plus difficiles à quantifier, nos contacts sont tous d'accord que la situation s’oriente dans la mauvaise direction. Lorsqu'on lui a demandé s'il pensait que la corruption est meilleure, pire ou de même niveau, XXXXXXXXXXXX, exaspéré s'est écrié : «Bien sûr que ça se dégrade!". Il a déclaré que la corruption ne pouvait qu’augmenter, du fait que ses bénéficiaires sont à la recherche de plus en plus de sources de revenus. Plaisantant à propos de la hausse de l'inflation la hausse en  Tunisie, il a dit que même le coût des pots de vin a augmenté. "Un contrôle routier utilisé pouvait vous coûter 20 dinars, maintenant c'est à 40 ou 50!"

 

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Tout dans la famille

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3. (S) La famille élargie du Président Ben Ali est souvent citée comme le centre de la corruption en Tunisie. Souvent considérée comme une quasi-mafia, une mention indirecte de la "Famille" est suffisante pour indiquer à quelle famille l’on fait allusion. Apparemment la moitié du monde des affaires en Tunisie peut se prévaloir d’une connexion avec Ben Ali par le mariage, et bon nombre de ces relations auraient grandement tiré profit de cette parenté.

L’épouse de Ben Ali, Leila Ben Ali, et sa famille élargie- les Trabelsis – sont ceux qui suscitent le plus la colère des Tunisiens. Avec les nombreuses allégations de corruption, les piques visent les Trabelsi pour leur manque d'éducation, leur faible niveau social, et leur luxe ostentatoire. Bien que certaines des plaintes sur le clan Trabelsi semblent exprimer le mépris pour leurs tendances de nouveaux riches, les Tunisiens font également valoir que la brutalité des moyens utilisés par les Trabelsis et leur abus flagrant du système les rendent facilement détestables. Le frère de Leila, Belhassen Trabelsi le membre de la famille la plus célèbre, est réputé pour avoir été impliqué dans une large gamme d’affaires de corruption, du remaniement récent du conseil d’administration de la Banque de Tunisie (Ref B) à l'expropriation des biens et l'extorsion de pots de vin. Sans compter celles dont il a hérité, les propriétés de Belhassen Trabelsi sont nombreuses et comprennent une compagnie aérienne, plusieurs hôtels, l'un de la Tunisie deux stations de radio privées, une usine d'assemblage d’automobiles, la représentation Ford, une société de développement immobilier…et la liste continue. (Voir Ref K pour obtenir une liste plus étendue de son patrimoine.) Pourtant, Belhassen est seulement l'une de membres de la  famille de Leila composée de dix enfants connus, chacun avec ses propres enfants. Parmi cette grande famille élargie, Moncef frère de Leila et Imed son neveu en particulier, sont également d’importants acteurs économiques.

 

4. (S / NF) Le président est souvent absout par de nombreux Tunisiens qui prétendent qu'il est utilisé par le clan Trabelsi et n'est pas au courant de leurs magouilles. XXXXXXXXXXXX un fervent partisan du gouvernement et membre du XXXXXXXXXXXX, a dit à l'ambassadeur que le problème n'est pas Ben Ali, mais "la famille", qui va trop loin et enfreint les règles. Néanmoins, il est difficile de croire que Ben Ali ne soit pas au courant, au moins dans les grandes lignes, du problème de la corruption croissante.

 

Cela pourrait aussi refléter les divisions géographiques apparentes entre les fiefs de Ben Ali et des Trabelsi. Le clan Ben Ali se concentre sur région côtière centrale et le clan Trabelsi opère dans la région du grand Tunis et, par conséquent, génère la majeure partie des ragots. Le côté Ben Ali de la famille et de ses enfants et beaux-parents de son premier mariage sont également impliqués dans un certain nombre d'affaires.

 

Ben Ali a sept frères et sœurs, dont son défunt frère Moncef était un trafiquant de drogue connu, condamné par contumace à 10 ans de prison par les tribunaux français. Ben Ali a trois enfants avec sa première femme Naima Kefi: Ghaouna, Dorsaf et Cyrine. Elles sont mariées respectivement à Slim Zarrouk, Slim Chiboub, et Marouane Mabrouk – représentant des centres de pouvoirs économiques significatifs.

 

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Cette Terre est votre Terre, cette Terre est ma Terre

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5. (S / NF) Avec les prix réels de l’immobilier en plein essor et le foncier à la hausse, posséder des biens ou des terres au bon endroit peut être soit une aubaine soit un aller simple vers l'expropriation. Au cours de l’été 2007, Leila Ben Ali a obtenu gratuitement du gouvernement tunisien un lot de terrain convoité à Carthage afin de construire une école privée Carthage International School (F Ref). En plus du terrain, l'école a reçu en cadeau un financement de 1,8 millions dinars (US $ 1,5 millions) du gouvernement Et, en l’espace de quelques semaines, le gouvernement a construit de nouvelles routes et installé des feux de signalisation pour faciliter l'accès à l’école. Il est rapporté que Mme Ben Ali a vendu l'Ecole Internationale de Carthage à des investisseurs belges, mais l'ambassade de Belgique a encore été incapable de confirmer ou démentir la rumeur. XXXXXXXXXXXX affirme que l'école a été en effet vendue pour une somme non divulguée mais énorme.

 

Il a observé qu’une telle vente serait un pur profit puisque Mme Ben Ali a reçu la terre, les 'infrastructures et un énorme bonus de lourdes sans bourse délier.

 

6. (S / NF) La construction d'un manoir énorme et criard est en cours à côté de la résidence de l'Ambassadeur depuis l’année dernière. Plusieurs sources nous ont rapporté que la maison est celle de Sakhr Materi, gendre du Président Ben Ali frère et propriétaire de Radio Zitouna. Le propriétaire de ce terrain de premier ordre aurait été exproprié par le gouvernement tunisien pour une utilisation par l'administration de l’hydraulique, le terrai a ensuite été attribué à Materi pour un usage privé. Un propriétaire de café a raconté une histoire semblable à un employé de l'ambassade, Belhassen Trabelsi l'a forcé à échanger le café qu'il possédait, situé dans un emplacement de choix contre le café qu’il dirige actuellement. Le propriétaire du café a déclaré que Trabelsi lui a dit qu'il pouvait faire ce qu'il voulait; si un pot de vin de 50 dinars à la police n'étaient pas suffisant, Trabelsi a déclaré que le propriétaire (du café NDLR) n'avait qu'à l'appeler et il serait "prendrait soin de l’affaire."

 

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Yacht Recherché

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6. (S / NF) En 2006, Imed Trabelsi et Moaz, neveux de Ben Ali, auraient volé le yacht d'un homme d'affaires français bien introduit, Bruno Roger, président de Lazard Paris. Le vol, largement rapporté dans la presse française, est apparu en pleine la lumière quand le yacht, fraîchement repeint de sorte à couvrir ses caractéristiques distinctives, est apparu dans le port de Sidi Bou Said. Roger, un personnage  important dans l'establishment français a créé un potentiel d’irritation dans les relations bilatérales et selon les rapports, le yacht a été rapidement restitué. L'affaire du yacht volé a refait surface au début de 2008 du fait d’un mandat d'Interpol pour les deux Trabelsis. En mai, les frères ont été traduits devant les tribunaux tunisiens, dans un effort destiné à satisfaire la justice internationale. Le verdict du procès n'est pas connu.

 

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Montrez-moi votre argent

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7. Le secteur financier (S) de la Tunisie reste en proie à de graves allégations de corruption et de mauvaise gestion financière.

 

Les milieux d'affaires tunisiens ironisent en disant que la relation la plus importante est celle que vous pouvez avoir avec votre banquier, ce qui reflète l'importance des contacts personnels plutôt qu’un projet d'affaires solide pour obtenir des financements. Le résultat d’un système bancaire fondé sur les relations personnelles est que le taux global des crédits non performants est de 19 pour cent, ce qui reste élevé, mais est inférieur au pic de 25 pour cent en 2001 (Ref I).

 

Les contacts de l'ambassade soulignent que beaucoup de ces crédits ont été consentis à de riches hommes d'affaires tunisiens qui utilisent leurs liens étroits avec le régime pour éviter le remboursement (réf. E).

 

La supervision laxiste du secteur bancaire en fait un excellent gisement d’opportunités, nourri par de nombreuses histoires de montages de la « Première Famille ».

 

Le récent remaniement à la Banque de Tunisie (Ref B), avec la femme du ministre des Affaires étrangères à la présidence et Belhassen Trabelsi nommé au conseil d'administration, en est le dernier exemple.

 

Selon un représentant du Crédit Agricole, Marouane Mabrouk, un autre des gendres de Ben Ali, a acheté une participation de 17 pour cent de l'ancienne Banque du Sud (aujourd'hui Attijari Bank) immédiatement avant la privatisation de la banque. Cette part de 17 pour cent a été décisive pour le contrôle majoritaire de la banque, la privatisation ne représentant que 35 pour cent du capital de la banque. Le représentant du Crédit Agricole a déclaré que Mabrouk a vendu ses actions à des banques étrangères avec une plus-value significative, l’adjudicataire de l'appel d'offres, l'hispano-marocain Santander-Attijariwafa a finalement payé une prime non déclarée à Mabrouk. XXXXXXXXXXXX a raconté que quand il était encore à sa banque il avait l'habitude de recevoir des appels de clients paniqués qui l’informaient que Belhassen Trabelsi leur avait demandé de l'argent. Il n'a pas précisé s'il leur avait conseillé ou non de payer.

 

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Effet d'entraînement

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8. (S) bien que les histoires de corruption de haut niveau de la famille soient parmi les plus  fréquentes et les plus souvent répétées par les tunisiens, la petite corruption est celle qu’ils rencontrent le plus fréquemment dans leur vie quotidienne. Les contraventions pour excès de vitesse peuvent être ignorées, la délivrance des passeports peut être accélérée, et les usages peuvent être contournés - tous pour le bon prix. Les dons au fonds gouvernemental pour le développement 26-26 ou à la Société caritative Bessma pour les Handicapés soutenue par Leila Ben Ali  sont également réputés pour graisser les rouages. Hayet Louani (protect), un membre bien introduit du Parlement, a fait face à une pression accrue du gouvernement après avoir refusé plusieurs "demandes" de donner de l'argent à l'équipe de football des Trabelsi. XXXXXXXXXXXX a déclaré que les inspecteurs des douanes réclament 10.000 dinars pour obtenir ses marchandises à la douane, il n'a pas révélé si oui ou non il a acquiescé à la demande.

 

9. (S) Le népotisme est également soupçonné de jouer un rôle important dans l'octroi de bourses et d'emplois. Connaître les personnes idoines au ministère de l'enseignement supérieur peut déterminer l'admission dans les meilleures écoles ou peut signifier une bourse pour étudier à l'étranger. Un FSN (employé local. NDLR) de l'ambassade a déclaré que le Directeur de la Coopération internationale, un contact de longue date, a offert de donner à son fils une bourse d'études au Maroc sur la base de leur connaissance. Si vous ne connaissez pas quelqu'un, l'argent peut aussi faire l'affaire. Il ya beaucoup d'histoires de Tunisiens qui ont payé des fonctionnaires au ministère de l'Enseignement supérieur pour envoyer leurs enfants à de meilleures écoles que celles auxquelles ils auraient eu droit au vu de leurs résultats aux examens. On soupçonne également que les emplois dans l’administration – très recherchés en Tunisie – soient alloués sur la base de connexions.

 

La défunte mère de Leila Ben Ali, Hajja Nana, est aussi citée pour avoir agi à titre de courtier pour les admissions scolaires et de recrutement au sein de l’administration, en fournissant ses services de facilitation contre une commission. Parmi les plaintes déposées par les manifestants dans le bassin minier de Gafsa figuraient des allégations selon lesquelles des emplois dans la Société des phosphates de Gafsa ont été attribués sur la base de connexions et de corruption.

 

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Le règne des voyous

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10. (S / NF) Les nombreuses histoires de corruption familiales sont certainement pénibles pour de nombreux Tunisiens, mais au-delà des rumeurs de commissionnements illicites domine l’exaspération devant le fait que ceux qui sont bien introduits peuvent vivre au dessus des lois. Un ressortissant tunisien a déploré que la Tunisie ne soit plus un Etat policier mais un Etat dirigé par la mafia. «Même la police rend compte à la famille!" s'écria-t-il.

 

Ceux qui sont au sommet seraient les pires  délinquants, et susceptibles de durer au pouvoir, il n'y a pas de contrôles au sein du système. La fille d'un ancien gouverneur a raconté que Belhassen Trabelsi a fait irruption dans le bureau de son père dans un état de fureur, -allant même jusqu’à jeter un employé de bureau, une personne âgée, à terre,  après avoir été invité à respecter les lois exigeant une couverture d'assurance pour son parc d'attractions. Son père a écrit une lettre au Président Ben Ali pour défendre sa décision et en dénonçant les méthodes de Trabelsi. La lettre est restée sans réponse, et il a été démis de ses fonctions peu après. La forte censure de la presse par le gouvernement fait que les histoires de corruption familiale ne sont pas publiées. La corruption de la famille reste une ligne rouge que la presse ne peut franchir qu’à ses risques et périls.

 

Bien que l'incarcération du comédien Hédi Février Baballah Oula était apparemment liée à la drogue, des groupes de défense des droits de l’homme pensent que son arrestation était une punition pour un spectacle de 30 minutes parodiant le président et ses gendres. (Tunis D).

 

Les ONG internationales assurent que les conditions de détention difficiles du journaliste Slim Boukdhir, arrêté pour avoir omis de présenter sa carte d'identité et outrage à un agent de police, sont directement liées à ses articles critiquant la corruption du gouvernement. La corruption demeure un sujet évoqué en murmurant après un bref regard derrière l’épaule.

 

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L'éléphant dans la pièce

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11. (S) Plusieurs économistes tunisiens estiment que l’augmentation ou non de la corruption n’est pas significative, car «la perception est la réalité. » La perception de la corruption croissante et les rumeurs persistantes de tractations en coulisses a un impact négatif sur l'économie indépendamment de la véracité des faits rapportés. Des contacts nous ont confié avoir peur d'investir, craignant que la famille n’exige une part de l’affaire. "Et alors ?" se demande Alaya Bettaieb, "Le meilleur scénario est que mon investissement soit un succès et que quelqu'un d'important essaie d’en prendre une part." La persistance de faibles taux d'investissement interne le confirment (Ref H). Bien qu’illégaux, les comptes bancaires à l’étranger, seraient monnaie courante. Une récente amnistie du ministère des Finances destinée à encourager les Tunisiens à rapatrier leurs fonds a été un échec lamentable. Bettaeib confie qu'il envisage d'enregistrer sa nouvelle société en Mauritanie ou à Malte, craignant des interférences indésirables. De nombreux économistes et hommes d'affaires observent que l’importance des investissements dans l'immobilier et le foncier reflètent-le manque de confiance dans l'économie et une tentative de mettre leur argent en sécurité (Ref C).

 

12. (S) Jusqu'à présent, les investisseurs étrangers n'ont pas été découragés, et selon les contacts dans les milieux d'affaires tunisiens, largement non affectés (par ces agissements. NDLR).

 

Les investissements étrangers continuent d’affluer à un rythme soutenu, même en excluant les privatisations et les grands projets du Golfe qui n'ont pas encore commencé. Les investisseurs étrangers rapportent plus rarement les tentatives d'extorsion rencontrées par les Tunisiens, ce qui est peut-être du au fait que les investisseurs étrangers ont recours à leurs propres ambassades et les gouvernements. Le représentant de British Gas a dit à l'ambassadeur qu’il n’avait été confronté à aucune irrégularité. XXXXXXXXXXXX a déclaré qu'il ya plusieurs années Belhassen Trabelsi avait tenté de faire pression sur une entreprise allemande activant dans le secteur offshore, mais qu’après une intervention de l'ambassade d'Allemagne, Trabelsi a été explicitement mis en garde afin d'éviter les sociétés offshore. Malgré les déclarations sur l’augmentation de l'investissement interne, le gouvernement tunisien met fortement l'accent sur l'accroissement des flux d'IED dans le pays, en particulier dans le secteur offshore. Néanmoins, il existe encore plusieurs exemples d'entreprises ou des investisseurs étrangers qui font l'objet de pressions en vue de s’associer au « bon » partenaire. Le meilleur exemple reste la non-entrée de McDonald's en Tunisie. Lorsque McDonald's a choisi de limiter la Tunisie à un franchisé qui n’était pas le candidat du gouvernement tunisien, l'affaire a capoté par le refus du gouvernement d'accorder l'autorisation nécessaire et le refus de Macdonald’s de jouer le jeu par l'octroi de sa licence à un franchisé ayant des liens avec la Famille.

 

lien:http://www.maghrebemergent.com/actualite/maghrebine/1637-wikileaks-tunisie-la-traduction-integrale-du-cable-brulot-de-lambassadeur-us.html

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8 janvier 2011 6 08 /01 /janvier /2011 07:57

Grâce à Wikileaks, les très riches heures de la corruption au Maghreb s’enrichissent de révélations à répétition sur les turpitudes de régimes en place. Pour être différente dans ses formes, la corruption est la fatalité commune des régimes maghrébins. Après l’Algérie et le Maroc, et en attendant d’autres câbles compromettants, la divulgation de plusieurs longues dépêches des diplomates impériaux en poste à Tunis décrivent par le menu les mœurs des dirigeants du pays.  La tonalité en est très grinçante.

 

 

 

Si un certain dédain pour l’administration algérienne apparait en filigrane des mémorandums diplomatiques et si les critiques contre la prévarication royale au Maroc se situent sur le registre de la déploration, la peinture des mœurs des cercles dirigeants la Tunisie est carrément méprisante.De ce point de vue, le compte-rendu daté du 27 juillet 2009 par l’ambassadeur américain d’un diner chez Sakher El Materi, gendre du Chef de l’Etat est un morceau de bravoure. L’ironie mordante de l’ambassadeur devant l’étalage de luxe de la résidence de l’homme d’affaires n’est pas seulement la réaction choquée d’un diplomate de haut rang devant l’ostentation d’un parvenu. La condamnation par l’ambassadeur est sans appel. Détail glaçant mais qui a du faire sonner quelques oreilles au Département d’Etat,   le gendre du président Ben Ali possédant un tigre enfermé dans une cage de sa mirifique demeure l’ambassadeur ne peut s’empêcher de souligner que cela évoque le lion que possédait Udaï le fils de Saddam Hussein…  La relation de ce diner est une peinture au couteau des travers d’une gouvernance qui affectent l’économie tunisienne et qui en obèrent l’évolution.


Ce qui est à vous est à moi


La mise en ligne concomitante par Wikileaks de plusieurs documents relatifs à la Tunisie permet de faire un pied de nez à la chronologie. Bien que plus récente, elle est datée de juillet 2009, la narration à la Somerset Maugham de l’Ambassadeur, peut servir de toile de fond à un rapport beaucoup plus technique du phénomène de la corruption en Tunisie. La très révélatrice dépêche du 23 juin 2008 intitulée CORRUPTION IN TUNISIA: WHAT'S YOURS IS MINE  (Corruption en Tunisie : Ce qui est à vous m’appartient) est un rapport détaillé des déclinaisons tunisiennes de la prédation.  S’il avait été signé par des opposants politiques ou par une ONG, ce texte  aurait été taxé de philippique outrancière et d’attaque politicienne contre le régime de Tunis. Le mémorandum est un tour d’horizon et une synthèse des turpitudes attribuées à l’entourage du Chef de l’Etat mais également de la corruption qui, d’après les diplomates US, gangrène l’administration tunisienne. L’ambassade américaine à Tunis passe en revue dans ce long rapport (près de 3000 mots) les frasques des entourages et la mise en coupe réglée d’une partie substantielle de l’économie du pays. Aucun secteur ne semble échapper à la convoitise des privilégiés qui utilisent l’administration comme bon leur semble pour obtenir ce qu’ils désirent. Les magouilles (le mot est utilisé à plusieurs reprises) concernent l’immobilier, le foncier mais également les opérations financières publiques (comme la privatisation de la Banque de Tunisie).  La frénésie d’accaparement que déplore les diplomates épargne cependant les Investissements étrangers, c’est bien la seule frontière qui les arrête.


Le règne des voyous ?

 

Le rapport est percutant et n’hésite pas à nommer les choses par leur nom. Les pratiques délinquantes qui se multiplient amènent naturellement l’auteur du rapport à s’interroger, ce sont ses termes, sur le règne des voyous. Les rédacteurs des rapports jusqu’à présent mis en ligne – il pourrait y en avoir d’autres – ne prennent pas de gants pour détailler un phénomène que tous les tunisiens connaissent mais qu’ils craignent d’évoquer publiquement. La corruption est « l’éléphant dans la pièce », un énorme animal que tout le voit et subit mais dont personne n’ose parler. Ce qu’ils décrivent n’est pas seulement un paysage consternant  au plan de la morale et des mœurs des gouvernants mais, plus ce qui est plus préoccupant, un facteur de ralentissement de l’évolution économique de la Tunisie.  Pour les américains, la corruption exacerbe les tensions sociales et crée un climat plutôt malsain dans un contexte d’inflation et d e chômage élevés. Mais le problème est dual, à la fois politique et économique, l’opacité qui entoure les transactions et la voracité des privilégiés du régime freinent la dynamique d’investissement  des tunisiens eux-mêmes. Plutôt que placer leurs capitaux dans le secteur productif, trop voyant où « on » pourrait leur imposer de céder des participations, les entrepreneurs investissent dans l’immobilier et le foncier dans le but de mettre leur argent en sécurité. A terme et malgré le flux des IDE, la prévalence de la corruption pourrait mettre à mal la légitimité du régime tunisien fondée sur l’amélioration des conditions de vie et la croissance économique.


Un modèle menacé ?


Ce mémorandum sonne un cri d’alerte devant la dérive d’un système construit autour de familles régnantes et d’un réseau c’allégeances qui priment le droit. Au delà de toute autre considération, les diplomates estiment que le « miracle » économique tunisien risque d’être mis à mal par les tares de ceux qui conduisent les affaires du pays. Et la menace pourrait bien venir non pas des couches sociales les plus défavorisées et exclues mais bien de ceux qui sont à l’origine de la dynamique tunisienne et des succès du pays sur le front de la croissance. Les signaux détectés par les diplomates américains, le refus de rapatrier leurs fonds, le désir de délocaliser manifestés par certains hommes d’affaires, traduisent l’exaspération croissante de la classe des entrepreneurs lassée de courber l’échine devant des puissances qu’elles méprisent. Le  modèle tunisien ne serait-il pas aussi exemplaire que le FMI se plait à le dire ?

 

Robert F. Godec

Robert F. Godec, ancien ambassadeur US à Tunis

 

 


lien:http://www.maghrebemergent.info/economie/73-tunisie/1635-wikileaks-les-etats-unis-et-la-corruption-en-tunisie-l-lelephant-dans-la-piece-r.html

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