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Ennahdha en tête, Nidaa Tounes et le Parti des travailleurs en hausse (sondage)
Un sondage réalisé par le «Forum des sciences sociales appliquées" de Tunis, sur les intentions de vote, dans les prochaines élections, que le parti "Ennahdha" continue à occuper la première place, avec 22,3% des intentions, suivi par le mouvement "Nidaa Tounes" avec 7,9% et le parti des travailleurs (ex-Parti ouvrier communiste tunisien - PCOT), avec 4,6%.
Le même sondage, réalisé au cours de la période allant du 29 aoot au 7 septembre 2012, a dévoilé la régression du Parti du Congrès pour la République (CPR) qui n'a plus que 2,1% d'intentions de vote et qui occupe désormais la 4ème place, et le positionnement du Parti républicain à la 5ème place avec 1,8%, avant le parti Ettakattol qui n'a eu que 1,7%, puis Al Aridha populaire avec 1,4%.
Le parti Ennahdha enregistre, d'après le même sondage, un recul dans les indicateurs des intentions de vote (de 29% en avril 2012 à 22,3% en aoot 2012), même si elle demeure, encore, en tête.
Le rapport sur les résultats de ce sondage dont l'agence TAP a reçu une copie, lundi, fait ressortir que 43,7% de l'échantillon choisi sont indécis, alors que 11,5% refusent de voter.
Le sondage, qui est le cinquième du genre, a été réalisé auprès d'un échantillon représentatif de 1280 personnes des différentes catégories de la société tunisienne, sur la base des changements de l'appartenance géographique, du niveau d'instruction, du genre social et du milieu professionnel.
Ce sondage a été préparé par le Forum des sciences sociales appliquées, une association qui a vu le jour après la révolution, dans le cadre de son programme "le baromètre arabe de la démocratie", avec l'aide d'une équipe d'experts spécialistes dans le domaine du comportement électoral.
La progression du Parti des travailleurs dans les intentions de vote est due essentiellement à "la nature militante de ses bases", selon le rapport qui indique, en outre, que le "parti a tiré profit de l'élargissement de ses bases et du recul du CPR".
Concernant le parti Ennahdha, le taux de "fidélité électorale" atteint 50%, ce qui est expliqué dans le rapport par l'existence d'un noyau dur d'électeurs religieux conservateurs"
Le socio-politologue, Abdelwaheb Ben Hfaiedh, président du Forum a considéré, dans une communication téléphonique avec l'agence TAP, lundi, que le mouvement Ennahdha se trouve dans "une situation sereine", alors que le CPR fait face à "une situation délicate" qui nécessite un réexamen, bien que son candidat, à savoir l'actuel président de la République provisoire, Mohamed Moncef Marzouki, garde "un charisme efficient".
M. Abdelwaheb Ben Hfaiedh a souligné, d'autre part, que le "destin de la Troïka sera déterminé par son comportement, au cours de la période restante, ainsi que par son degré de respect de l'agenda national pour l'achèvement de l'écriture de la constitution et la création d'instances constitutionnelle".
En parallèle, il n'écarte pas "la possibilité d'un recul du mouvement Nidaa Tounes dans les sondages, au cours des prochains mois, s'il ne présente pas un programme économique et social clair, s'il ne réussit pas à s'étendre à l'échelle régionale et s'il ne clarifie pas ses relations avec "la famille destourienne".
Le socio-politologue a, par ailleurs, expliqué le penchant de l'échantillon interrogé pour le mouvement par ce qu'il a qualifié de "réaction face à l'instabilité sociale et sécuritaire, et la lenteur des réformes". Il a indiqué, à ce propos, que "Nidaa Tounes est un mélange de groupes de l'extrême droite et de l'extrême gauche, mais son rayonnement est lié au charisme de son président, Béji Caïd Essebsi."
Le sondage a dévoilé, dans un autre volet de ses résultats, la régression des indicateurs de confiance, par rapport à la vague d'avril 2012, sur le plan du retour à la stabilité (80% à 78%) et l'avenir de l'emploi (81% à 64%). Les résultats reflètent, en outre, l'orientation vers une préférence de 29% pour un régime républicain, contre 28% pour un régime parlementaire et 25% pour un régime présidentiel modifié. maghrebemergent
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Limite des sondages _ De la théorie !
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Vincent Geisser : “Ennahdha est en train de se “salafiser” et c’est regrettable pour la Tunisie...”
Ennahdha est-il réellement le mouvement de la situation en Tunisie, à même d'amorcer ce virage démocratique crucial pour l’avenir du pays, dont les deux prochaines étapes majeures seront l’élaboration d’une nouvelle constitution et la tenue de l’élection présidentielle à l’horizon 2013?
Sur les ondes d’Expressradiofm, le politologue Vincent Geisser, spécialiste de la Tunisie et chercheur à l'Institut français du Proche-Orient, s’est montré très critique vis-à-vis du parti plébiscité par les urnes et chapeautant une Troïka où les dissensions sont sensibles. Alimentant tous les débats et au cœur d’un véritable enjeu de société, la délicate question du salafisme est dans tous les esprits, Vincent Geisser remettant directement en cause l’arbitrage par trop complaisant d’Ennahdha en la matière, qui pourtant s'en défend.
Les récentes interventions de Rached Ghannouchi à l’AFP, dans lesquelles il s’est engagé à "serrer la vis" pour contrer des salafistes djihadistes qualifiés de "danger", notamment après l'attaque de l'ambassade américaine, soulignant que "Ces gens-là représentent un danger non seulement pour Ennahda, mais pour les libertés publiques dans le pays et pour sa sécurité, c'est pour cela que, tous, nous faisons face à ces groupes, mais avec des outils respectueux de la loi", ne constituent pas, aux yeux du politologue, des gages politiques suffisants susceptibles de rassurer sur les intentions du parti tunisien majoritaire.
“Aujourd’hui, alors que la Tunisie mène une situation économique et sociale particulièrement dure, on parle beaucoup de religion et notamment de la fameuse question salafiste; devenue le centre des débats publics” a déclaré Vincent Geisser.
“il y a une gestion opportuniste et populiste de la question salafiste de la part du gouvernement" a poursuivi ce dernier, commentant : “Le mouvement Ennahdha, à vouloir trop protéger les salafistes, risque de perdre son âme dans ce combat politique”.
A propos du salafisme djihadiste, Vincent Geisser a indiqué que “le mouvement Ennahdha a collaboré à la lutte contre le djihadisme en travaillant avec certains services de sécurité. De plus, ledit parti a participé à lutter contre le djihadisme à Londres et à Paris”.
Il a par ailleurs ajouté “qu’on voit bien la difficulté d’un certain nombre de leaders du mouvement Ennahdha de faire la part des choses entre leur position spirituelle et celle politique. Ceci dit, le mélange des deux, produit une incohérence totale”.
Et ciblant plus particulièrement le long règne de Rached Ghannouchi, le sociologue a lancé :“on ne peut pas dire qu’on va lutter contre la présidence à vie et être soi-même depuis 30 ans à la tête du même mouvement”. oumma.com
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Ennahdha en mode «3annaqni»
Les Tunisiens assistent éberlués au revirement d’Ennahdha.
Ghannouchi évoque le danger de ses enfants salafistes, alors que Samir Dilou apparaitrait presque sous les traits d’un militant moderniste pour les beaux yeux d’un journal français. Si le slogan a3taqni (libère-moi) a été revendiqué par les progressistes, voici que les Nahdhouis passent en mode 3annaqni (embrasse-moi). Qui dit mieux?
Le ton est donné par cette déclaration de Rached Ghannouchi, le dirigeant d’Ennahdha, à l’intention de l’Afp ce vendredi 21 septembre. «Les salafistes jihadistes sont un danger pour la Tunisie, et après l'attaque de l'ambassade américaine l'Etat tunisien doit serrer la vis» dit-il.
«A chaque fois que des partis, ou des groupes outrepassent d'une façon flagrante la liberté il faut être ferme, serrer la vis et insister sur l'ordre», a-t-il souligné, avant de marteler «Ces gens là représentent un danger non seulement pour Ennahda mais pour les libertés publiques dans le pays et pour sa sécurité».
Samir Dilou, figure phare du mouvement d’inspiration islamique, ministre des droits de l'homme et de la justice transitionnelle, et accessoirement porte-parole du gouvernement aura également brillé, ce même vendredi, par ses déclarations progressistes et éclairées, lors d’une interview accordée au journal français «L’Express». Si les Tunisiens sont plutôt habitués aux démentis de M. Dilou, célèbre pour sa faculté à arrondir les angles, voici qu’il apparaîtrait presque sous les traits d’un sympathisant de l’Association Tunisienne des Femmes Démocrates (ATFD). C’est dire que Samir Dilou pousse cette fois-ci loin le bouchon.
Dilou donne raison à Kazdaghli !
Interrogé sur les violences salafistes, il répondra «dorénavant, c'est tolérance zéro». Sur le procès de l’artiste plasticienne, il rétorquera «De mon point de vue, Nadia Jelassi n'aurait jamais dû être convoquée par la justice».Mieux : Il ira jusqu’à affirmer que «les poursuites engagées contre les artistes entachent l'image de la Tunisie et de sa révolution». A l’égard des députés d’Ennahdha qui tenaient mordicus à faire passer un projet de loi considérant la femme comme complémentaire de l’homme, Dilou se fera même cinglant «nos élus feraient mieux de s'occuper des vraies questions au lieu de perdre leur temps à argumenter sur la protection du sacré ou la complémentarité entre les sexes».
Samir Dilou donnera même raison à Habib Kazdaghli, un universitaire pourtant vilipendé par Ennahdha. Au sujet du niqab, Dilou affirmera : «le visage n'est pas seulement une partie du corps, il reflète la personnalité, les sentiments. Un professeur a besoin de savoir comment son enseignement est reçu, comment réagit son élève». Le porte-parole du gouvernement semble prêt à tout pour faire passer la pilule, puisqu’il reconnait «nous avons commis des erreurs et je suis conscient qu'elles ont entaché l'image de la Tunisie révolutionnaire».
Ennahdha version moderniste
En somme, c’est un tout autre visage d’Ennahdha que dévoile Samir Dilou aujourd’hui. Pour un peu, on le prendrait pour l’un de ces militants modernistes ridiculisés par les supporters de son propre parti. A se demander ce qu’il fait encore dans un mouvement qui compte dans ses rangs des personnalités comme Sadok Chourou, qui s’est rendu célèbre en appelant à démembrer les manifestants ou Habib Ellouz qui a appelé à attaquer les journalistes.
A l’origine d’un revirement
Les causes d’un aussi spectaculaire revirement ? Elles sont certainement à chercher dans la radicalisation des salafistes qui ne reculent plus devant rien, face au laxisme des autorités. Ces groupes extrémistes hier encore considérés par Ghannouchi comme «ses enfants», en sont arrivés au point de déclarer une guerre ouverte à Ennahdha, jusqu’à ridiculiser le ministre de l’Intérieur à la mosquée El Fath. Mais des paroles bien senties de l’ambassadeur des Etats-Unis ont également pu contribuer à remettre quelques idées en place. L’incendie de l’école américaine vaut bien une ingérence.
Par ailleurs, les prochaines élections promettent d’être rudes. Ridha Belhaj, le porte parole de «Nida Tounes» a déclaré à Mosaïque FM que «les fautes commises par Ennadha et le gouvernement actuel jouent en faveur de son parti et accroissent sa notoriété». On aura par ailleurs relevé que Béji Caid Essebsi lui-même, s’était distingué, au cours de la conférence de presse tenue le jeudi 20 septembre, par son appel à dresser «la liste noire des RCDistes corrompus». Une conférence qui a surfé sur les échecs du gouvernement au point de déclarer «la fin de la Troïka». Plus que jamais le spectre du Destour se fait donc menaçant.
C’est donc dans ce contexte que s’inscrit la nouvelle campagne Nahdhaouie, dans une tentative désespérée de ravaler une façade qui s’est trop vite défraîchie. Le maquillage résisterait-il au lacrymogène ? Moez El kahlaoui mag14
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Ennahdha ou la chronique d’un ratage annoncé
Malgré le changement de son discours sur les salafistes jhadistes, Ennahdha n’a réellement pas changé d’avis sur ces derniers. Il attend que la tempête soir passée pour opérer un nouveau rapprochement avec cette jeunesse qui constitue malgré tout pour elle un vivier électoral.
Ennahdha qui a perdu la majorité au niveau de la constituante du fait des nombreuses défections au niveau du CpR et Ettakatol, ses deux alliés à la «troïka» au pouvoir, ne pouvait plus passer les lois de la protection du sacre et de la constitutionnalisation du haut conseil des savants musulmans.
Une véritable démonstration de force
Le film ‘‘Innocence of Muslims’’ a été pour elle une aubaine. Ainsi, organiser une manifestation géante de protestation pouvait être suivi rapidement par une pression pour passer ces lois. Tout a été fait pour que la manifestation du vendredi 14 septembre devant l’ambassade américaine soit une réussite. Ennahdha a fait appel à ses troupes et aux salafistes et a assuré la logistique. Le service d’ordre était assuré par les militants salafistes et/ou nahdhaouis.
Cette manifestation pacifique devait être une véritable démonstration de force pour faire infléchir les Tunisiens d’une part et montrer à l’allié américain la capacité organisationnelle de ce parti.
Rached Ghannouchi devait parler immédiatement après la manifestation et nous imposer ces différentes lois.
Le faible nombre des policiers devait montrer comment Ennahdha pouvait organiser de manière impeccable et pacifique une manifestation. C’était sans compter avec la présence d’éléments perturbateurs incontrôlables qui se sont joints à cette manifestation de manière spontanée ou sous l’influence d’un commanditaire.
Ghannouchi à la manœuvre
Les conséquences nous les avons tous vécu en direct. Du coup, le discours de M. Ghannouchi préparé à l’avance était devenu complètement décalé et inaudible.
La réaction du grand ami américain ne s’est pas faites attendre et Ennahdha s’est trouvé devant un dilemme. Continuer à soutenir les salafistes en expliquant qu’ils n’ont rien a voir avec les violences et que celles-ci sont le fait de casseurs infiltrés dans la manifestation, comme l’a fait Sadok Chourou, et prendre le risque de se discréditer définitivement aux yeux de l’ami américain et du peuple tunisien, ou opérer un repli tactique et sacrifier les amis salafistes. Tactiquement, c’est la deuxième option qui a été choisie.
En voyant cette réaction peu amicale d’Ennahdha, les salafistes, quant à eux, se sont mis à crier à la trahison et ont cru qu’Ennahdha était responsable des violences et les avait piégés en les invitant à la manifestation pour pouvoir les accuser de violence et les éliminer plus facilement.
Le discours d’Abou Yadh, quelques jours après les faits, à la mosquée El Fath, devient ainsi plus compréhensible.
Ennahdha n’a réellement pas changé d’avis sur les salafistes et attend que la tempête soir passée pour opérer un nouveau rapprochement avec cette jeunesse qui constitue malgré tout pour elle un vivier électoral. kapitalis