Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
27 janvier 2012 5 27 /01 /janvier /2012 07:59

 
Partager cet article
Repost0
27 janvier 2012 5 27 /01 /janvier /2012 06:39

Syndicat: Sahbani attaque Jebali sur ses affirmations contre l'UTT

 

 

C'est un Ismail Sahbani en colère qui s'est adressé, le 26 janvier, aux journalistes tunisiens et étrangers venus en foule au siège de sa centrale syndicale, Union des travailleurs de Tunisie (UTT), pour répondre aux dernières affirmations le concernant qu'il dit avoir “lu dans les journaux“!

Sur l'affirmation de Jebali à propos du sit-in à Leoni avec le commentaire que c'est une menace de chômage de plus, Sahbani répond: “Où sont ces 6.000 sit-inneurs? J'ai téléphoné au syndicat de base et à toutes les autorités... et il n'y a rien de tout cela!“. Et il ajoute qu'il n'y aura grève que le 1er février et à la condition que les pourparlers prévus pour le 28 janvier échouent, ce qu'il estime très improbable.

Sahbani ajoute qu'il est tombé des nues quand il a lu ces affirmations dans les journaux et assurer que l'UTT n'a jamais appelé aux sit-in.

Nous lui avons demandé si Jebali l'a appelé à un moment pour connaître la réalité de la situation et résoudre la question à l'amiable. Et la réponse de Sahbani est assez étonnante: “Personne ne m'a appelé, j'ai seulement rencontré le ministre des Affaires sociales le 25 janvier et je lui ai confié que j'étais sidéré. Il n'y eut aucun contact d'aucune sorte“.

Quant aux suites de cette affaire, Sahbani nous a affirmé que le Comité central de l'UTT se réunira le 28 janvier et que c'est lui qui décidera de l'attitude à adopter.

Il a également averti contre la régression de la liberté de la presse et des libertés individuelles et publiques, et promis: “Nous ne garderons pas le silence si quelqu'un veut s'attaquer aux libertés syndicales“.

Quant à Monem Darragi, chef du syndicat de base Leoni Mateur, qui était présent, il a affirmé que tous les employés de Leoni sont restés bouche bée devant les dernières affirmations de Jebali auquel il a adressé le message suivant: “Nous n'avons que cette seule source de revenu à Mateur... pourquoi l'avoir menacée avec vos propos?“

webmanagercenter

 

 

_______________________________________________________________________

Le ministère des Affaires religieuses en faveur de la décentralisation des fatwas en Tunisie

Noureddine Khadmi, ministre des Affaires religieuses, vient d’émettre une proposition pour la création de nouveaux établisseme

nts chargés d’émettre des fatwas dans le pays, à l’instar de nombreux pays islamiques, tel que rapporté par Mosaïque Fm. Une proposition qui vise à décentraliser l’émission des fatwas, jusque-là exclusivement détenue par l’Office national des fatwas tunisien.

Une idée qui n’est pas du goût du mufti de la République, Othman Batikh, qui estime que l’instance gouvernementale d’émission des fatwas, aurait certes besoin d’améliorations et de réformes, mais nullement de la création d’un établissement parallèle, susceptible d’engendrer des conflits entre les différentes fatwas émises. Une décision qui, selon lui, engage tout l’Etat et qui n’est pas du ressort du ministre des Affaires religieuses. 
Nos ministres ont le sens des priorités…

source businessnews


 

_________________________________
Vers la création d’un Master en finance islamique au sein des universités tunisiennes

 

 

  • La Tunisie entame sa migration vers un système économique respectueux de l’éthique Islamique.

Le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a annoncé son intention de mettre en place un Master en finance islamique au sein des universités tunisiennes.

Intervenant dans le cadre de la conférence internationale sur «Ijara»: concepts et applications», M. Moncef Ben Salem, ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, a souligné que la mise en place de formations spécialisées en économie islamique et en finance islamique au sein des établissements de l’enseignement supérieur, répond à un double objectif.

Il s’agit, a-t-il précisé, de «promouvoir le secteur bancaire dans le sens d’une plus grande adéquation avec les principes de la Chariaa islamique et garantir une migration d’une économie conventionnelle à une économie islamique».

Les différents produits de la finance islamique (banques, institutions financières, assurance islamique «Takaful», marchés de capitaux…), constituent un créneau générateur de liquidité pour l’économie tunisienne, au cours de cette période sensible, précise encore le ministre.

Pour M. Ridha Saidi, ministre chargé du dossier économique, «la finance islamique qui repose sur le principe du partage des pertes et des profits, constitue actuellement le meilleur moyen de financement pour les entreprises tunisiennes.

Il a en outre ajouté que les efforts sont actuellement axés sur l’élaboration de lois et de textes d’application organisant le secteur de la finance islamique, notamment, après l’élaboration d’un système fiscal spécifique à ce type de produit au sein de la loi de finance 2012.

Toutefois, un nombre d’experts économiques et d’investisseurs soulignent que la mise en place d’un secteur financier basé sur les principes de la Chariaa, ne constitue pas une priorité pour la Tunisie qui fait face à plusieurs difficultés économiques, comme l’emploi et la lutte contre la pauvreté.

De même, une étude élaborée, récemment, par la Banque africaine de développement (BAD) sur la finance islamique en Afrique du Nord, relève que «la faible demande sur ces produits et l’étroitesse de la taille du marché tunisien, ne peut lui permettre d’accueillir des services de financement islamique».

 

«La finance islamique qui peut stimuler la consommation et la demande sur certaines activités économiques, ne peut avoir un impact concret sur le financement du développement et le renforcement de l’investissement», précisent les auteurs de l’étude qui mettent l’accent sur «le coût élevé des produits islamiques, comparé au coût de financement des banques conventionnelles».

http://ribh.wordpress.com/

 


 

__________________________________________

Sadok Chourou et la crucifixion des grévistes


Sadok Chourou. Les propos de Sadok Chourou ne sont qu’un reflet de l’arrière-pensée de l’aile radicale Nahdhawi. La scène était vraiment surréaliste, un M. Ben Jaâfer lunatique cède la parole à Chourou, qui, avec un visage sans expression, un calme déconcertant, et d’une voix monotone, compare les sit-inneurs et les grévistes aux ennemis de Dieu et de son prophète. Il se base sur des versets sacrés pour appeler à leur mutilation physique et a leur crucifixion. Cette Fatwa a dû sonner comme de la musique dans les oreilles des plus radicaux. 

Une telle déclaration d’un député qui appelle à la violence aurai dû faire sursauter n’importe quel parlement démocratique. Mais non, M Ben Jaafer a continué comme si absolument rien de grave ne vient d’être dit. Le président de l’assemblée constituante est pourtant très rapide sur la gâchette quand il s’agit de tirer sur des députés de l’opposition. Il devient bizarrement docile quand il s’agit de députés d’Ennahdha, qui, en plus, fait une déclaration à glacer le sang tellement elle est grave.

Quand on regarde le parcours de Chourou, et sans manquer de respect au combat de l’homme, il est évident que les 20 années qu’il a passées en prison dont 14 isolement l’ont certainement affecté psychiquement, il semble avoir perdu un certain sens de jugement. 

Ce type fait pourtant partie de ceux qui voteront pour la prochaine constitution « démocratique ». Je me demande s’il faudrait rire ou pleurer !

Devant le tollé que la fatwa du Cheikh vient de créer, le très « politically correct» Dilou s’est empressé de dire que les déclarations des députés ne sont imputables qu’à eux mêmes. Il s’est bien gardé de condamner les propos du Cheikh. Ce qui concorde bien avec la ligne du parti : Lancer une roche dans la marais et observer combien de vagues elle va provoquer. 

Ennahdha a, de toute évidence, adopté la politique du laisser-faire afin de permettre au mouvement radicaux de bien s’encrer a tous les niveaux de la société. 

Devant l’attitude passive et complice des forces de l’ordre, les Salafistes commencent à faire la loi un peu partout (Sajnene en est un bel exemple). Le Niqab continue à faire son chemin. Il est arrivé aux lycées et bientôt, ça va être les écoles primaires. Nous allons être bientôt confrontés au fait accompli. 

Le temps nous dira si cette politique causera la destruction d’Ennahdha qui compte des modérés qui ne peuvent adhérer aux idées extrémistes, ils ne pourront pas indéfiniment accommoder tout le monde, lancer un message modérateur et rassurant, tout en tolérant des actions extrémistes. 

Sans être pessimiste, si la Tunisie passe à une vraie démocratie avec l’équipe actuelle au pouvoir et dans la constituante, ça sera un miracle et une première dans l’histoire.

source gnet.tn

 

 

________________________________________________

L’appel au meurtre du député islamiste Sadok Chourou en plein débat de la constituante

 

M Chourou face à la recrudescence des sit in qui empêchent le Gouvernement d’obédience islamiste de gouverner en rond n’a pas appelé qu’à la violence mais carrément au meurtre des sit inners en référence à une sourate du Coran.

 Tant qu’à faire pourquoi ne pas inscrire en toute transparence comme en Lybie la Charia dans la constitution

L’attitude du parti Ennahdha et de leurs affidés salafistes qui ne sont que leurs bras armés tient du dérapage contrôlé.

Il y a d’un côté une attitude cohérente et concertée  compte tenu de  leur soubassement doctrinaire  et leur vécu et de l’autre des fautes mises sur le compte individuel que l’équilibriste  Samir Dilou ministre et grand spécialiste devant l’éternel de la langue de bois et du « botter en touche » essaye de leur coller le qualificatif de « mal compris, mal interprété ou sorti de leur contexte ».

Pour ce qui est de l’application de la loi contre les sit inners, les affirmations du chef du Gouvernement  Jbali et et du Ministre de l’intérieur Ali Larayedh depuis plus de 10 jours non suivies d’effet ne convainquent personne pour la bonne raison que pour être entendues,  ils faut que l’application en soit faite d’abord contre les sit inners minoritaires à motivation doctrinaire de la Manouba, Sousse ou Sedjnane, et qui bloquent les universités (qui sont des centres de production comme d’autres) etc. qui donnent un mauvais signal de laisser faire aux sit –inners économiques majoritaires qui transgressent peut être la loi mais qui ont au moins une justification d’être en grande détresse et précarité même si cela ne justifie pas les dépassements.

 Le faux argument utilisé de concert par M Jbali, Larayedh et le Ministre porte parole du Gouvernement Samir Dilou de ne pas sévir car l’usage de la force est associé à la dictature est cousu de fil blanc comme les accusations éculées d’un complot de l‘extrême gauche chaque fois que le Gouvernement Ennahdha est en difficulté.

Le préalable sécuritaire à la reprise économique ne pourra jamais être assuré tant que le Gouvernement Jbali continuera à utiliser un double langage et deux poids deux mesures ce dernier devant traiter en premier lieu les violences contre les libertés publiques et privées commises par une poignée d’excités (que des affirmations complaisantes et permissives qualifient de nos enfants ne descendant pas de la planète Mars !) qu’une simple action commando peut circonscrire et maitriser par rapport aux autres violences induites par des sit-inners économiques majoritaires (qui eux non plus ne descendent pas de la planète Mars que je sache) que tout le peuple condamne.

source mediapart

 

_________________________

Réactions

 

 

Les partis progressistes organiseront une marche pacifique, samedi 28 janvier 2012

 

 

Plusieurs partis politiques tunisiens organiseront, samedi prochain 28 janvier 2012, une marche de protestation, selon un communiqué rendu public jeudi. Le document indique que  cette marche intervient  en réaction « à la détérioration de la situation des libertés en Tunisie et la répétition des actes de violence contre des personnalités du domaine politique et social, des activistes, des hommes d’affaires, des journalistes, des militants des droits de l’Homme et des juristes ».

 

Cette manifestation est, selon les organisateurs de la marche, une réaction contre l’accentuation du discours radical et l’incitation à la haine entre tunisiens, notamment par quelques membres de l’Assemblée Constituante. Le communiqué indique que, face à la passivité du Gouvernement provisoire qui n’a pas pris des décisions concrètes pour mettre fin à cette situation, les partis suivants: le Parti démocrate progressiste (PDP), le Mouvement Attajdid, Afek Tounes, le Parti communiste des ouvriers de Tunisie (PCOT), le parti tunisien de Travail , le parti républicain, le parti Démocrate moderniste (PDM), appellent les représentants de la société civile, les syndicats ainsi que les indépendants à œuvrer à faire réussir cette marche pacifique.

 

Cette marche aura lieu samedi, 28 janvier 2012, à midi au départ de la Place des droits de l’Homme, avenue Mohamed V, à Tunis ».

source tunisienumerique

 

 

 

______________________________________________________________

Faites circuler, SVP

Une marche aura lieu samedi, 28 janvier 2012, à midi au départ de la Place des droits de l’Homme, avenue Mohamed V, à Tunis...

Soyons nombreux !

Partager cet article
Repost0
27 janvier 2012 5 27 /01 /janvier /2012 04:58

 



 

 

 

 

__________________________________

 

les «Frères» veillent sur la fête de la révolution

Comme au plus fort du soulèvement contre Hosni Moubarak, la place Tahrir s'est muée mercredi en une gigantesque scène vers laquelle ont afflué, dès le début de la matinée, plusieurs dizaines de milliers de personnes. Mais contrairement aux journées de février dernier, où les slogans rageurs des manifestants se répondaient d'un bout à l'autre de l'esplanade, ce premier anniversaire de la révolution a vite pris les allures d'une kermesse joyeuse et baroque. 

Les Frères musulmans, en position de force depuis leur large victoire aux législatives, avaient appelé à «célébrer» la chute du raïs. Par leur nombre et leur organisation, ils ont singulièrement compliqué la tache des groupes contestataires qui, eux, menaçaient d'engager une «deuxième révolution» contre les militaires. 

Dès mardi soir, les «Frères» avaient pris le contrôle de l'esplanade pour en sécuriser les entrées en l'absence des forces de l'ordre, priées par le Conseil supérieur des forces armées (CSFA) de se tenir à l'écart. En milieu de matinée, alors que les charrettes à bras chargées de patates douces ou de pop-corn occupaient divers points stratégiques, les premiers drapeaux verts se mettaient à flotter dans le ciel du Caire. 
«Je suis venu fêter la victoire du peuple égyptien» 

Les marchands de souvenirs circulaient dans la foule, vendant comme des petits pains leurs posters du président Gamal Abdel Nasser tandis qu'un cortège salafiste tournait autour de l'esplanade. Non loin, un enseignant de l'université al-Azhar se réjouissait de «cette belle journée». 

«Je suis venu fêter la victoire du peuple égyptien qui, après avoir fait tomber le régime et conquis sa liberté, vient d'élire souverainement un nouveau Parlement», explique le cheikh Abdel Hamid Mouftah. Contre le sentiment dominant, ce professeur de droit islamique assure que «les conditions de vie des Égyptiens se sont déjà beaucoup améliorées» et balaie les exigences des révolutionnaires qui sont, dit-il, «ultraminoritaires». 

Mohammed Abou Karim, membre de la confrérie fondée par Hassan el-Banna, complète: «On peut se réjouir de tout ce qui a été fait en un an. Bien sûr, la révolution doit continuer car elle n'a pas atteint tous ses buts. Mais ça n'a aucun sens d'appeler à un nouveau soulèvement alors que l'armée vient de transmettre ses pouvoirs législatifs au Parlement.» 

13 heures. Sur la place, noire de monde, dont les voies d'accès sont maintenant complètement paralysées, les intervenants juchés sur des podiums se livrent une guerre des décibels. Un orateur du mouvement du 6-Avril, en pointe dans le soulèvement du 25 janvier 2011, invite la foule à «chasser le CSAF» et à «achever la révolution». À l'autre bout de l'esplanade, une voix rocailleuse hurle: «À bas, à bas Israël». 

Non loin, une grande banderole rouge réclame la libération du chef spirituel des Gamaa al-Islamiya, Omar Abdel Rahman, qui purge une peine de prison à vie aux États-Unis où il a été jugé coupable de «conspiration séditieuse» après l'attentat contre le World Trade Center en 1993. 
«Non» aux militaires 

À mesure que la journée avance, la place Tahrir reprend des allures de forum politique à ciel ouvert où l'on débat, se dispute puis se réconcilie au gré des mouvements de foule. Bandeau noir autour de la tête, Imad Chaoui et Heea Maklou sont venus avec leur fils Oscar, 2 ans, pour dire «non» aux militaires qui tiennent le pouvoir. «Contrairement à ce que prétendent les Frères musulmans, il n'y a strictement rien à célébrer, assurent-ils. Nous sommes en deuil et la mort de nos martyrs n'a rien changé à la situation de l'Égypte. C'est pourquoi il est urgent que le CSAF cède la place.» Amal Khalil, mère au foyer, fulmine: «Le régime n'est pas tombé et le procès de Moubarak n'est rien d'autre qu'une mascarade. L'armée et les Frères se sont mis d'accord pour faire traîner les choses et pour partager le pouvoir sur notre dos.» 

Sur le podium de la confrérie, on lit un message du grand cheikh d'al-Azhar, qui invite la foule «à ne pas tomber dans le piège de la division» et «à ne pas se laisser infiltrer par des gens qui veulent détruire l'Égypte». Implicitement, l'autorité religieuse invite ainsi les fidèles à se tenir à l'écart des groupes politiques qui prônent un nouveau soulèvement. 

À écouter certains observateurs, les Frères musulmans craignent en effet qu'un regain de protestations ne complique la transition en cours. De leur côté, en cette fin d'après-midi, les responsables des mouvements révolutionnaires comptent leurs forces. À la tombée de la nuit, ils décideront d'appeler leurs militants à occuper la place Tahrir, jusqu'à une date indéterminée. 
________________________________________________________

En résumé : Non et Non et mille de Non au pouvoir des militaires 


 

_______________________________________________

 

Sit-in place Tahrir jusqu’au départ de l’armée

De jeunes militants égyptiens se sont installés jeudi sur la place Tahrir, au Caire, qu’ils ont promis d’occuper jusqu’à ce que les militaires du Conseil suprême des forces armées (CSFA) remettent le pouvoir à des civils.
Au lendemain du premier anniversaire du déclenchement de la révolution qui a chassé Hosni Moubarak du pouvoir, des dizaines de jeunes Egyptiens pro-démocrates se trouvaient toujours sur la place, épicentre de la contestation de l’hiver dernier.

"Le conseil militaire commet les mêmes abus que Moubarak. Je ne ressens aucun changement. Le conseil militaire mène une contre-révolution", dénonce Samer Qabil, un étudiant de 23 ans.
Dans un passé récent, plusieurs sit-in ont dégénéré en affrontements violents avec les forces de l’ordre.
Mercredi, des dizaines de milliers d’Egyptiens ont célébré le premier anniversaire de la révolution, mais les rassemblements ont mis en lumière les divisions et les tensions sur les suites de la transition politique.
 

Les militaires du CSFA ont pris les commandes du pays après le renversement de Moubarak, le 11 février dernier. Ils ont promis de restituer le pouvoir aux civils après l’élection présidentielle, prévue pour le mois de juin.
Mais de nombreux activistes en pointe lors de la contestation d’il y a un an les soupçonnent de vouloir préserver leur emprise.
 

"Le sit-in se poursuivra jusqu’à leur départ", a promis Alaa Abdel Fattah, blogueur détenu plusieurs jours par l’armée lors de violents incidents qui ont fait 25 morts en octobre dernier.

source aloufok

 

_______________________________________

Egypte : les Frères, l’Armée et les Salafistes

 

Ils en rêvaient depuis quatre-vingts ans. Les Frères musulmans sont aujourd’hui la première force politique de l’Egypte. Les élections ont donné leur verdict. Près de la moitié des voix et des sièges ont été engrangés par la Confrérie qui se retrouve en position de force, mais entre deux acteurs difficilement contrôlables : l’armée, ossature de l’Etat égyptien depuis soixante ans, et les salafistes qui ont réalisée une percée notable avec un quart des suffrages. C’est entre ces trois forces que l’Egypte joue son avenir et sa stabilité. Maintenant.

 

Ce n’est pas une surprise, on le savait depuis le renversement de Moubarak en février 2011 : les Frères musulmans allaient devenir la principale force politique du pays, grâce à leur ancrage dans la société égyptienne, notamment auprès des plus modestes, grâce aussi aux divisions du camp libéral et laïc, grand perdant de ce scrutin.

 

Le Parti de la liberté et de la justice (PLJ) des Frères recueille 47% des sièges

Le parti Al-Nour des salafistes 24%

Le parti libéral Wafd 9%

Les petits partis laïques 7%

 

Ce qui est nouveau, c’est en fait l’affirmation très forte d’Al-Nour, le parti salafiste. Ce mouvement fondamentaliste, qui prône une lecture littérale de la tradition islamiste et son inscription en profondeur dans le système juridique, fait ainsi son entrée sur la scène politique. Depuis une vingtaine d’année, lorsque l’on parlait des salafistes c’était pour évoquer l’humus idéologique sur lequel fleurissait de nombreux groupes terroristes, actif notamment au Maghreb. Aujourd’hui, c’est une force politique qui obtient pignon sur rue, dans le pays arabe le plus peuplé.

 

Le premier effet de cette percée salafiste est de réduire à une petite minorité les forces laïques et libérales. On retrouve la leçon des élections tunisiennes. Aussi active qu’ait pu être la jeune bourgeoisie tunisoise ou cairote, ce sont les forces islamistes qui tirent le bénéfice du printemps arabe. Dans des pays rongés par la corruption, allergiques aux pressions occidentales non seulement en raison du passé colonial mais, plus frais encore, du soutien accordé aux dictatures sortantes, le « ciment » islamique est gagnant. Il est en osmose avec les couches populaires, bénéficie de la crédibilité que son statut d’opposant lui lègue, il incarne la culture populaire et le besoin de justice et de morale. Voilà pour la vue d’ensemble.


Mais le fait politique, c’est que les Frères et les Salafistes, en entrant de façon si fracassante sur la scène politique, ouvrent une dialectique inédite au sein de la mouvance islamiste. Et l’Egypte est engagée dorénavant dans un processus de transformation inéluctable. Le statu quo d’avant 2011 n’est plus possible.

 

L’armée, qui depuis quelques mois a donné de nombreux signes de sa résistance au changement, sait qu’elle ne peut plus, par la force, restaurer l’ordre ancien sous peine de rompre avec son principal soutien financier,  Washington. Même si la tentation d’adopter une stratégie de la tension, afin de reprendre la main, est manifestement toujours présente à en juger par les gestion du processus électoral.

 

Les Frères, eux, sont divisés quant à la stratégie à suivre. Ils sont les seuls à pouvoir interrompre le règne des militaires. Contre eux ou avec eux ? C’est tout l’enjeu des prochaines semaines, car le PLJ est divisé sur ce point (comme sur d’autres), et sous la pression des salafistes. Dans son histoire tourmentée, depuis sa fondation en 1928, la Confrérie a, dans l’ensemble du monde arabe, fait montre de sa capacité d’adaptation aux situations. Placés dorénavant au centre de l’échiquier politique, les Frères ont tout intérêt à se ménager plusieurs options. De la reconnaissance par les Etats-Unis, déjà effective comme en témoigne la visite, il y a dix jours, du numéro 2 de la diplomatie US, William Burns. A l’envoi de signaux idéologiques plus en phase avec le sentiment radical, et il faut s’attendre à voir certains leaders du PLJ caresser l’opinion dans ce sens. Même si dans un premier temps, c’est pour rassurer l’Occident que les responsables multiplient, depuis quelques semaines, les propos rassurants.

Quant aux salafistes, leur stratégie est plus évidente. Faire pression sur les franges les plus radicales des Frères, profiter de leur présence nouvelle au Parlement pour élargir leur assise, prier pour que le nouveau pouvoir peine à répondre aux grands défis économiques et sociaux posés à une Egypte qui, depuis un an, a vu le tourisme et les investissements étrangers s’étioler.

source international

 

Partager cet article
Repost0
27 janvier 2012 5 27 /01 /janvier /2012 04:06

Des détenus torturés et privés de soins médicaux 

 

 

MSF suspend ses activités dans les centres de détention de Misrata, en Libye. Les personnes détenues dans la ville de Misrata sont victimes de tortures et ne peuvent recevoir des soins médicaux d'urgence. Ce qui a amené Médecins Sans Frontières à suspendre ses activités dans les centres de détention de la ville.

 

Les équipes MSF ont commencé à travailler dans les centres de détention de Misrata, en Libye, en août 2011 pour y soigner les blessés de guerre prisonniers. Depuis lors, les médecins MSF ont vu de plus en plus de patients souffrant de blessures qui avaient été causées par des tortures lors d’interrogatoires conduits en dehors des centres de détention. Au total, MSF a soigné 115 personnes présentant des blessures liées à la torture et a rapporté l’ensemble de ces cas aux autorités compétentes à Misrata. Depuis le mois de janvier, plusieurs patients qui ont été renvoyés dans les centres d'interrogatoire y ont même été torturés de nouveau.

« Certains responsables ont cherché à instrumentaliser et entraver le travail de MSF, a déclaré Christopher Stokes, directeur général de MSF.Des patients nous ont été amenés au milieu d’un interrogatoire pour recevoir des soins médicaux afin qu’ils soient remis en état pour la poursuite de l’interrogatoire. Ceci est inacceptable. Notre rôle est de dispenser des soins médicaux aux blessés de guerre et aux malades en détention, et non de soigner encore et encore les mêmes patients entre deux séances de torture. »

Il a également été demandé aux équipes médicales de MSF de soigner des patients dans les centres d'interrogatoire, ce que l’organisation a catégoriquement refusé.

Le cas le plus inquiétant s’est produit le 3 janvier dernier lorsque les médecins MSF soignaient un groupe de 14 détenus revenant d’un centre d'interrogatoire situé en dehors des centres de détention. Malgré les demandes répétées de MSF de mettre fin immédiatement à la torture, neuf des 14 détenus souffraient de nombreuses blessures et présentaient des signes évidents de torture.

L’équipe MSF a informé le National Army Security Service - l’organisme responsable des interrogatoires - qu’un certain nombre de patients devaient être transférés d’urgence dans des hôpitaux pour y recevoir des soins spécialisés. Or, tous ces patients, à l’exception d’un seul, ont été de nouveau privés de soins médicaux essentiels et torturés lors d’interrogatoires conduits en dehors des centres de détention.

Après avoir rencontré différents responsables, MSF a adressé une lettre officielle le 9 janvier au Conseil militaire de Misrata, au Comité de sécurité de Misrata, au National Army Security Service et au Conseil civil local de Misrata, demandant de nouveau l’arrêt immédiat de toute forme de mauvais traitements sur les détenus.

« Aucune mesure concrète n’a été prise, constate Christopher Stokes. Au contraire, notre équipe a reçu quatre nouveaux cas de torture. Nous avons donc pris la décision de suspendre nos activités médicales dans les centres de détention. »

MSF est présente à Misrata depuis avril 2011, au cœur du conflit libyen. Depuis août 2011, MSF travaille dans les centres de détention de Misrata où l’organisation soigne les blessés de guerre, pratique des opérations chirurgicales et assure le suivi orthopédique des patients victimes de fractures. Les équipes de MSF ont donné 2 600 consultations, dont 311 pour des traumatismes liés à la violence.

MSF poursuit son programme de santé mentale dans les écoles et les structures de santé de Misrata, et continue à apporter une aide à quelque 3 000 migrants d’origine africaine, réfugiés et déplacés dans la région de Tripoli.

MSF est une organisation humanitaire médicale internationale qui travaille en Libye depuis le 25 février 2011. Pour assurer l’indépendance de son travail médical, MSF ne mobilise que des dons privés pour financer ses activités en Libye et n’accepte aucun financement provenant d’Etats, de bailleurs de fonds, de groupes militaires ou politiques.

source msf

 


 

_____________________________________________________________________

Médecins sans frontières, les événements marquants…


Partager cet article
Repost0
26 janvier 2012 4 26 /01 /janvier /2012 05:56

_______________________________________________________________________________________

 

__________________________________________

Classement mondial de la liberté de la presse 2011-2012

  Lire le rapport :  fr.rsf.org/IMG/CLASSEMENT_2012


____________________________

 

Cinquième forum de la presse arabe indépendante Projection de « Golden Man et Bahreïn, le printemps assassiné »

 

Médias et révolutions : un rôle à redéfinir
 

Du 22 au 24 janvier, Tunis a accueilli le cinquième forum de la presse arabe indépendante, dont le programme a inclus deux jours de conférences, une projection de documentaires et une exposition du World Press Photo. La soirée cinéma du forum a eu lieu dimanche dernier, dans la salle Hannibal à El Manar. Au menu, Golden man de Hassan Abdelghani (28 min) et Bahreïn, le printemps assassiné de May Ying Welsh (51 min). Le but étant d’introduire les participants du forum à quelques thèmes et problèmes soulevés par les révolutions dans le monde arabe. Les projections ont été suivies d’un débat. 

Golden Man filme le rappeur Madou dans son quartier populaire de Tunis, la Kabbaria, alias KBBA dans ses chansons. Les images que l’on voit défiler sur l’écran sont crues : des gros mots à volonté, des jeunes qui s’adonnent sans gêne à l’alcool et au cannabis dans la rue, un vendeur ambulant qui propose sa marchandise, des couteaux de toutes tailles. Dans ce contexte, Madou est un jeune qui vit par et pour le rap. Né dans une famille modeste, mais artistique, il a pris le chemin de son grand frère Mr. Kaz et de sa sœur Badiaa Bouhrizi. Son rap porte la marque de l’esprit de quartier : contre le système et la police, dénonçant une vie dure et injuste. Le filme tourne principalement autour de la chanson Golden Man de Madou, celle où il se définit comme un garçon bien élevé, éduqué, puisque étudiant en management et en même temps artiste, qui a «trop besoin de partir ailleurs». Cet ailleurs, Madou ne le rêve pas, de la même manière que ses copains. Il veut partir, tout en étant respecté, et trouver sa place. L’idée du réalisateur est de montrer les contradictions que vit ce jeune, qui sont selon lui à l’image de tous les Tunisiens, révélateurs de la situation du pays. Cette idée, Hassan Abdelghani a eu du mal à la communiquer au public de la projection, formé de journalistes arabes et européens qui ont fait des remarques sur la forme et le fond. Ils ont eu du mal à y voir le support d’un débat en relation avec les thèmes du forum. 

 
Le débat a pu être relancé après la projection de Bahreïn, le printemps assassiné. La journaliste d’Aljazeera english, May Ying Welsh, est entrée au Bahreïn comme touriste et a filmé les principales étapes du soulèvement dans ce petit pays à la merci de ses Khalifats et de l’Arabie Saoudite. L’enthousiasme des manifestants, demandant des droits et des libertés civiles, s’est vu confronté à la répression de la police et de l’armée locales, avant de voir débarquer des milices recrutées d’autres pays et l’arrivée de l’armée saoudienne. Autant les rassemblements étaient pacifiques, autant le régime usait de violence. A l’hôpital de Manama, même les médecins ont craqué en voyant l’état dans lequel se trouvaient les blessés. Ce pays paisible ne sera plus jamais le même, mais le prix fort a été et est encore payé, de la part des opposants, de la communauté chiite, des artistes, des footballeurs et de tous ceux qui ont osé manifester.

Après la fin du soulèvement, des médecins ont été arrêtés et jugés pour ne pas avoir pu sauver un manifestant d’une balle dans la tête, tirée par l’armée. En présence de la réalisatrice et d’un opposant bahreïni, le débat a porté sur les conditions dans lesquelles ce film a été tourné et a pu être achevé. Mais surtout, sur le rôle des médias pendant les événements.

Le film montre clairement comment la télévision nationale du Bahreïn, avec son armada de journalistes, présentateurs et invités, était mobilisée pour justifier la répression, voire la nier et pour accuser les manifestants des pires accusations. Quant à Facebook, il a été exploité autant par les uns que par les autres. En ce qui concerne les médias, Bahreïn est un cas sur lequel il faut se pencher. Un véritable black-out a entouré ce qui s’y passait. Rares sont les chaînes de télévision qui ont pu y faire le déplacement, encore moins celles qui voulaient montrer la situation. Ici, l’opposant bahreïni a pu témoigner de la négligence dont ont fait preuves les médias du monde entier face à son pays, et souligner des prises de position contradictoires. En effet, alors qu’Aljazeera ne parlait pas du Bahreïn, Aljazeera english, productrice de ce film, faisait le contraire. De quoi avoir un exemple sur le rôle déterminant des médias dans l’actualité. Plus, sur l’ampleur que peut prendre la manipulation par les médias. La victime est toujours la même, le simple citoyen.

source jetsetmagazine

 

 

______________________________________

La liberté de la presse, jamais acquise même dans les grandes démocraties


Etats-Unis (47e), France (38e), Italie (61e) : ces pays que l'on appelle "grandes démocraties" ne montrent pas toujours l'exemple en matière de liberté de la presse. Et ailleurs ? En cette année 2011, marquée par les printemps arabes, le bilan est contrasté. La Tunisie progresse, Bahreïn régresse.

 

La liberté de la presse dans le monde © Reporters sans frontières

Peut mieux faire. Même les grandes démocraties ne sont pas à l'abri de certains dérapages... C'est ce qui ressort du classement annuel de la liberté de la presse, publié aujourd'hui par Reporters sans frontières.

Seule une poignée de pays européens s'en sort bien : en tête du classement on retrouve la Finlande, la Norvège et les Pays Bas,  grands habitués du podium.

La France en est loin, qui stagne en 38e position. Les Etats-Unis encore plus (47e) ; et l'Italie (61e) ! "Dans certains pays européens, on sent une dégradation des faits, comme des perquisitions dans des rédactions, des journalistes mis en examen, des lourdeurs judiciaires", détaille RSF.

Et Reporters sans frontières de s'ériger aussi contre le Royaume-Uni (28e) qui possède une législation "surréaliste" qui permet au monde entier de venir poursuivre un média sur son sol. Il y a aussi la Hongrie (40e, en recul de 17 places) qui a adopté une loi instaurant un contrôle direct de la majorité sur les médias.

Après les printemps arabes

"Le monde arabe a été moteur de l'histoire en 2011 avec un bilan pour l'instant contrasté des évolutions politiques. Aux antipodes, la Tunisie et le Bahreïn", écrit RSF. La Tunisie gagne ainsi 30 places, pour atteindre la 134e position ; la Libye progresse légèrement, de six places, à la 154e. A l'inverse, Bahreïn chute de 29 places, à la 173e. L'émirat rejoint"le clan des dix pays les plus fermés et les plus répressifs au monde", aux côtés de l'Erythrée, du Turkménistan et de la Corée du Nord.

Cela dit, la Syrie (176e), l'Egypte (166e) et le Yémen (171e) ne sont pas mieux lotis. Tous ont traversé, ou traversent encore, quelques turbulences. Et les journalistes ne sont pas toujours les bienvenus.

source franceinfo.fr

 


Partager cet article
Repost0
26 janvier 2012 4 26 /01 /janvier /2012 03:54

Assemblée constituante

Tollé autour des propos de Sadok Chourou


 

Sadok-chourou.jpgTous droits réservés. © L'économiste

 


Le Dr Sadok Chourou, élu d’Ennahdha dans la circonscription de Ben Arous, s’est attiré les foudres, lundi 23 janvier 2012, lors de la tenue de la séance de l’Assemblée constituante.

 

 

Alors qu’il dénonçait la vague des sit-ins qui sévit dans le pays, Sadok Chourou a cité le verset suivant : « le paiement de ceux qui font la guerre contre Allah et Son messager et qui s’efforcent au désordre sur la terre, c’est qu’ils soient exécutés, ou crucifiés, ou que leur soit coupée la main et la jambe opposées, ou qu’ils soient expulsés de la terre: voilà pour eux l’ignominie d’ici-bas; et dans l’au-delà il y a pour eux un énorme châtiment » ( Al Maeda, la sourate 5 verset 33).

 

 

Au sein de l’Assemblée constituante, peu de réactions. Et Mustapha Ben Jaâfar, le président de l’Assemblée, n’a pas réagi et est passé « au suivant ». Mais quelques heures après cette citation controversée, hommes politiques et membres de la société civile sont montés au créneau. 

 

 

« La liberté d'expression a des limites »


« C’est catastrophique », a résumé Hamma Hamami, le dirigeant du PCOT. Contacté par téléphone, il a regretté qu’au « XXIème siècle, des gens qui se battent pour leurs droits soient traités de la sorte et condamnés implicitement à être tués. Ces propos sont très dangereux pour le peuple et ce pays », a-t-il estimé avant d’expliquer que ce verset coranique avait été écrit « dans une véritable situation de guerre entre musulmans et non musulmans ». A ses yeux, « cela montre que les membres d’Ennahdha considèrent toute protestation contre eux comme une guerre lancée à leur encontre et celle de l’Islam ».

 

 

Même véhémence dans les propos d’Abdessattar Ben Moussa, le président de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme, qui « condamne ce qu’a dit Sadok Chourou ». « Il ne faut pas que ce genre de déclarations se reproduisent au sein de l’Assemblée constituante. Il est député et représente le peuple. Comment peut-on accepter les propos d’un député qui demande la mort de ses concitoyens ? », pose-t-il. En tant que défenseur de la liberté d’expression, il estime que « ce n’est pas de la liberté d’expression cela. Ces propos appellent à la haine et portent atteinte à la vie. La liberté d’expression a des limites ».

 

 

Pour Chokri Belaïd, secrétaire général de Watad, « ces propos sont très dangereux. Ils incitent au meurtre et à la torture. Ils vont à l’encontre des traités internationaux et de la loi tunisienne », rappelle cet avocat de formation. 

 

 

Incompréhension


Des accusations que réfute Sadok Chourou. « Ce n’est pas un incitation à la haine. Je ne suis pas pour l’application de la charia (loi islamique) mais pour celle de l’Etat », tient-il à préciser. Contacté par téléphone, le député s’explique : « j’ai utilisé ce verset coranique non pas pour l’appliquer mais pour mettre en avant les dangers de ces sit-in et dénoncer les actes de vandalisme. Je suis pour le droit de ces gens à manifester et protester, mais contre les actes de violences. » A ses yeux, ses propos ont été instrumentalisés « par la gauche pour décrédibiliser Ennahdha et entraver le travail du mouvement ».


« C’est une tradition chez les Nahdaouis, fustige Hamma Hamami. A chaque fois, ils lancent quelque chose pour tester l’opinion et après expliquent qu’ils n’ont pas voulu dire cela et qu’on a mal compris »

 

http://www.leconomistemaghrebin.com/article,tolle-autour-des-propos-de-sadok-chourou,697,1.htm

 

____________________________________________________

Peut-on se taire après l’appel à la violence de Sadok Chourou?


Face aux dernières déclarations de Sadok Chourou, appelant carrément à la violence contre les sit-inneurs, il convient de ne pas se taire, car le silence équivaut à une capitulation devant l’obscurantisme.

Par Hatem Nafti


Pas un jour ne se passe où la majorité gouvernementale et parlementaire ne suscite la polémique. Déclaration sur les mères célibataires, écarts diplomatique du président par intérim, grâce présidentielle du frère du ministre de la Justice condamné pour agression sexuelle sur un mineur, nominations des responsables des médias publics directement par le gouvernement, etc. Faire une énumération exhaustive des cas nécessiterait un article pour ne pas dire une série d’articles. Mais les déclarations, lundi soir, de Sadok Chourou, député constituant d’Ennahdha pour la circonscription de Ben Arous, constituent, pour le moins, un grave précédent et ce à divers égards.

 

L’étrange passivité de Ben Jaafar  

Petit rappel des faits : évoquant, lors de la séance des questions au gouvernement consacrée à la situation générale dans le pays, avec la multiplication des sit-in et leur impact néfaste sur l’économie, M. Chourou a cru devoir expliquer que les sit-in sont le fait de forces contre-révolutionnaires (toujours invisibles et innommables), ennemies du peuples, qui méritent, selon un verset du Coran, «la récompense de ceux qui font la guerre contre Allah et Son messager, et qui s'efforcent de semer la corruption sur la terre, c’est qu’ils soient tués, ou crucifiés, ou que soient coupées leur main et leur jambe opposées, ou qu’ils soient expulsés du pays. Ce sera pour eux l’ignominie ici-bas ; et dans l’au-delà, il y aura pour eux un énorme châtiment, excepté ceux qui se sont repentis avant de tomber en votre pouvoir : sachez qu’alors, Allah est Clément et Miséricordieux.» (Coran sourate 5, Al-Maida, versets 33 et 34).

Suite à ces paroles, un silence assourdissant s’est emparé de la salle, aucune protestation, pas d’applaudissements non plus. Un simple «merci» froid et gêné de Mustapha Ben Jaâfar, président de la Constituante, qui s’est empressé de passer la parole à l’orateur suivant.

Sadok_Chourou_Coran.jpg 
Sadok Chourou, jamais sans mon Coran !

Commençons justement par la réaction, ou plutôt la non-réaction de M. Ben Jaâfar qui nous a habitués à commenter certains propos qu’il juge hors sujet, scandaleux ou faux. Il est vrai que c’est plus facile de montrer son désaccord voire sa condescendance quand le député d’en face s’appelle Brahim Gassas que quand il s’agit de ses alliés, même s’il jure d’un autre côté qu’il est entré dans la «troïka» (la coalition tripartite au pouvoir) pour aider à contenir les dérives du parti islamiste. Peut-être n’en est-ce pas une.

Il a donc fallu attendre le lendemain pour que les premières réactions se fassent entendre. L’opposition, par la voix de Mohamed El Hamdi du Parti démocratique progressiste (Pdp, Medenine), a fustigé les propos de M. Chourou, mais trop tard. De son côté, Samir Dilou, porte-parole du Gouvernement, a fait son travail habituel de rectification, exercice auquel s’était adonné, avant lui, Habib Ellouze, autre dirigeant d’Ennahdha, nous servant la même antienne de «propos sortis de leur contexte».

 

Un appel à la violence 

Pourtant les propos étaient limpides, précis, sans équivoques et surtout prémédités. M. Chourou a bien traité les manifestants d’ennemis du peuple, de Dieu et de Son Messager et dit qu’ils méritent les horribles châtiments énoncés. D’ailleurs, interrogé mardi sur Mosaïque FM, il a maintenu sa position et n’en a pas bougé d’un iota. Ses propos sont un signal fort et clair adressés aux «milices» de son parti, un feu vert pour châtier les ennemis désignés.

Ainsi, tous les sit-in sauvages sont l’œuvre de forces obscures complotant contre le Gouvernement, qui, d’après les raccourcis de cheikh Chourou, serait le représentant de Dieu et de Son Prophète.

Bien entendu, il ne faut pas faire d’angélisme. Le droit de grève doit être encadré et s’il viole la loi ou menace la sécurité des gens et de leurs biens, la loi doit s’appliquer, par la force s’il le faut, mais par l’Etat, seul dépositaire de la force publique. Les paroles de M. Chourou ne peuvent que légitimer ce qui se passe à Sejnane, ces agressions dont la portée a été minimisée par le gouvernement et qui sont appelés, de ce fait, à se multiplier, surtout que le blanc-seing émane cette fois d’un représentant du peuple.

Ces paroles relancent également le débat sur l’application de la charia. M. Chourou s’est présenté aux élections de l’Assemblée nationale constituante sous la bannière du parti Ennahdha, qui n’a eu de cesse de répéter qu’il n’est pas pour l’instauration d’un Etat théocratique et qu’il ne cherche pas à imposer la charia. Or ce monsieur se permet d’émettre carrément des fatwas et de demander aux citoyens de se substituer à l’Etat, car il demande au peuple, je cite, de faire tout son possible pour contrecarrer les desseins de ses ennemis.

 

Se taire, c’est cautionner

Je ne veux même pas analyser la validité religieuse de cet appel, d’autres l’ont fait. Mais concernant les valeurs de l’islam que défend Ennahdha, je demande son avis à M. Chourou, l’islam ne dénonce-t-il pas le mensonge et la tromperie ?

Enfin, hasard du calendrier, le jour même de ces déclarations, comparaissait devant le tribunal de première instance de Tunis, Nabil Karoui, patron de Nessma TV, accusé, entre autres chefs d’inculpation, de troubles à l’ordre public. Je pose la question aux avocats qui ont trainé M. Karoui devant la justice.

Vont-ils porter plainte contre Sadok Chourou, qui tombe sous le coup de cette accusation, et d’autres comme la substitution à l’autorité publique, l’incitation au meurtre et à la violence, ou ne vont-ils pas le faire car il s’est caché derrière le sacré ?

Je pense que cette affaire est d’une extrême gravité, que toute incitation à la violence est à condamner fermement et qu’il faut un message clair d’Ennahdha, du Gouvernement et de la «troika» où ils montrent leur désolidarisation de ces propos haineux et prémédités.

La société civile se doit également de réagir parce que si elle cède sur cet épisode, ce sera la porte ouverte au désordre le plus total et ce qui s’est passé à Sejnane, à la Mannouba et ailleurs deviendra bientôt la règle. Se taire, c’est cautionner.

source kapitalis

 

___________________________________________________________

 

 

Plainte collective contre Sadok Chourou

 

La militante droits-de-l’hommiste Olfa Laâjili nous a annoncé qu’elle entendait réunir un collectif citoyen pour déposer plainte contre les propos de l’élu Ennahdha Sadok Chourouà l’Assemblée constituante du lundi 23 janvier, des propos qu’elle qualifie d’appel au meurtre.

 

Celui-ci avait invoqué un verset du coran pour légitimer que soient « crucifiés, tués ou amputés de leurs bras et jambes » les auteurs des mouvements sociaux qui secouent le pays, et qu’il considère comme « des ennemis du peuple » ainsi que « des ennemis de dieu et son prophète ».

 

source lecourrierdelatlas

 

___________________________________________________________________________

Le nikab 

Démarrage des examens à la Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de la Manouba


Atmosphère tendue


1327435828_p2-N1-4CLS.jpg

 

Actes de violence dans le département de l’arabe

 

Les étudiantes portant le Niqab campent sur leur position. Elles demandent une solution.

 

Les retardataires veulent, eux aussi, passer les examens coûte que coûte

 

__________

 

Mardi 10 heures 15 minutes, la faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de la Manouba semble retrouver son calme après la tension qui a marqué le premier jour des examens.

 

En fait, les premières minutes n’étaient pas très agréables pour les étudiants qui attendaient certes, ce rendez-vous après des mois de crise, où les sit-inneurs campent sur leurs positions concernant notamment, le port du Niqab et les universitaires refusant de se plier à ce diktat pour des raisons pédagogiques. A cette heure précise de la journée, l’accès à la faculté était autorisé sans contrôle d’identité. Les étudiants qui ont déjà terminé leurs épreuves se trouvent dans la cour, tandis que d’autres quittaient la faculté.

 

Mais ce qui s’est passé le matin restera gravé dans leur mémoire, car les choses n’ont pas bien démarré plus exactement dans le département de l’arabe où l’on a enregistré des actes de violence. Refusant de signer l’engagement présenté par les universitaires à l’entrée de la Faculté pour découvrir leur visage dans la salle des examens, les étudiantes portant le Niqab ont réussi à regagner les salles des examens tout en s’en tenant à leur position. Puis les événements ont mal évolué. Les sit-inneurs toujours présents à la faculté sont intervenus pour imposer leur position ce qui a provoqué des clashs au sein du département, où l’on a enregistré quelques dégâts occasionnés aux vitres de la porte.

 

 

Universitaires déterminés


Fort heureusement, cet incident ne s’est pas répercuté sur le déroulement des examens. Les universitaires déterminés plus que jamais à les faire aboutir n’ont pas lésiné sur les moyens pour assurer ces épreuves. « L’intérêt des 3000 étudiants prime d’abord », déclare Mme Zakia Essayeh Dahmani, professeur d’arabe. Portant le brassard rouge –à l’instar de ses collègues- en signe de contestation et de mécontentement par rapport à l’attitude du ministère de tutelle qui ne tient pas encore ses promesses, Mme Essayeh Dahmani était devant les locaux de l’administration où les membres du Conseil Scientifique se réunissent pour débattre de l’évolution de la situation à la Faculté. « Nous sommes tous résolus à faire réussir les examens », réitère-t-elle tout en rappelant les actes de violence commis par les étudiants barbus le matin. « Il fallait assurer la sécurité », fait remarquer l’enseignante. Cela n’a pas été fait, ce qui a encouragé un groupe d’étudiants barbus à forcer le portail de la faculté pour permettre aux retardataires d’accéder aux salles d’examens, provoquant de la sorte d’autres incidents heureusement sans dégâts.


Il est vrai que les examens ont quand même démarré bon gré mal gré. Toutefois, nul ne peut nier que c’était extrêmement difficile aussi bien pour les universitaires que pour les étudiants d’entamer les épreuves dans des circonstances alimentées de tension. « Nous avons fait de notre mieux afin que les étudiants puissent se concentrer sur leurs copies », déclarent d’autres professeurs. Cependant, cela n’a pas été le cas pour les filles qui portent le Niqab. « H », étudiante en 2ème année italien intégralement voilée, déclare que « les examens ne se sont pas bien déroulés ». « Nous avons refusé de signer l’engagement. Notre examen sera annulé car nous n’avons pas accepté de nous dévoiler le visage », ajoute-t-elle.

 

 

Solutions


De leur côté, Noura, Imen et Soumaya toutes voilées intégralement considèrent « qu’il faut indispensablement trouver une solution à cette question les autorisant de porter le Niqab dans la salle des examens après la vérification de nos identités par les enseignantes ou les fonctionnaires », insistent-elles. Car « la communication ou les facteurs pédagogiques ne sont que des prétextes », jugent-elles tout en déclarant qu’elles « ont été interdites de passer les examens ».

Tant attendus par les étudiants, les examens se sont déroulés en leur premier jour dans une « ambiance tendue et d’insécurité », témoigne le Professeur Abbas Ben Mahjouba. Ils ont été ponctués d’incidents graves où l’on a proféré menaces de mort et insultes », toujours d’après le Professeur Ben Mahjouba. Dans l’ensemble, les épreuves ont eu lieu, reste qu’il faut savoir gérer cette crise lors des prochains jours pour permettre aux étudiants de mieux se concentrer sur les examens.

 


  

 

Habib Kazdaghli, le Doyen


Les sit-inneurs occupent de nouveau les locaux de l’administration


M. Habib Kazdhaghli, Doyen de la Faculté précise que « toutes les dispositions ont été prises pour faire réussir les examens en transformant la Facultéen un centre d’examen ». « Tout s’est bien passé à l’exception des incidents graves survenus au département de l’arabe quand un groupe de sit-inneurs a forcé les vitres pour intimider les professeurs et imposer l’entrée dans la salle des examens d’une étudiante portant le Niqab », déclare M. Kazdaghli. D’autres incidents se sont produits dans le département d’histoire sauf que « nous avons pu maîtriser la situation », d’après le Doyen.


Parlant des incidents qui ont eu lieu à l’entrée principale de la faculté après le refus d’accès des retardataires, le Doyen précise que « la Faculté a été transformée en un centre d’examen ». Ceux qui sont venus presque une heure après le démarrage des examens n’ont pas pu ainsi passer la première épreuve.

Par ailleurs, le Doyen annonce que « les sit-inneurs ont regagné les locaux de l’administration pour se retrouver dès lors au point de départ ».

S.F

      

 

 

Les retardataires

 «Position non justifiée»

 

Ikram et Mohamed, deux retardataires considèrent que la position prise contre eux « est non justifiée ». « Les professeurs ont toujours accepté de faire rentrer les étudiants qui arrivent en retard même plus d’un quart d’heure », protestent-ils. Ils trouvent même qu’il est inadmissible de fermer le portail de la Faculté ou de priver les retardataires de passer l’examen d’autant plus que « je fais la navette, Nabeul la Manouba », témoigne Ikram.

  

 

Salman Rzig, représentant des sit-inneurs

 «Les sit-inneurs n’ont pas empêché le déroulement des examens»

 

Salman considère que les étudiantes portant le Niqab sont perdantes et que les sit-inneurs n’ont pas empêché le déroulement des examens. L’étudiant à l’Institut Supérieur de Théologie signale que le Doyen a tendance à provoquer les sit-inneurs.

Concernant les événements qui se sont produits dans le département d’arabe il a précisé que des frictions ont eu lieu entre les étudiants et les enseignants. Pour ce qui est des dégâts enregistrés Salamn ignore ceux qui étaient derrière.

 

source letemps

____________

___________________________________________

 

La liberté d'expression en danger


 

 

 

Le procès du patron de la chaîne tunisienne Nessma, poursuivi pour "atteinte aux valeurs du sacré" après la diffusion l'an dernier du film Persepolis, qui avait entraîné des violences d'extrémistes islamistes, a brièvement repris lundi à Tunis dans une ambiance électrique. (c) Afp

Le procès du patron de la chaîne tunisienne Nessma, poursuivi pour "atteinte aux valeurs du sacré" après la diffusion l'an dernier du film Persepolis, qui avait entraîné des violences d'extrémistes islamistes, a brièvement repris lundi à Tunis dans une ambiance électrique. (c) Afp

 

 

Lundi 23 janvier à Tunis, se tenait le procès de la chaîne de télévision Nessma TV, accusée de "d'atteinte aux valeurs du sacré, "atteinte aux bonnes mœurs" et "trouble à l'ordre public" pour avoir diffusé le film français "Persepolis". Un événement symbolique de l'après-révolution. Le film, dont une scène représente Allah – ce qui est généralement considéré comme interdit par l'islam – avait provoqué un tollé dans le pays, à quelques semaines des élections pour l'Assemblée constituante ayant porté au pouvoir les islamistes du parti Ennahda.

 

Alors que plusieurs journalistes avaient fait le déplacement ce lundi pour soutenir Nabil Karoui, le directeur de la chaîne appelé à comparaitre, certains ont été pris à parti par des islamistes extrémistes, venus massivement manifester leur haine de la chaîne et des laïcs. 
Zied Krichen,  rédacteur en chef du journal "Al Maghreb" et Hamadi Redissi, journaliste et professeur de sciences politiques, ont notamment été l'objet d'insultes et frappés à plusieurs reprises avant d'être mis en sécurité par la police dans un commissariat.

- Vidéo diffusée par France 24 :

 Le procès a très rapidement été une nouvelle fois reporté, à la demande de l'accusation.

Mauvais temps pour la presse tunisienne

Ces troubles ont lieu dans un contexte déjà très difficile pour la presse du pays. Le 4 janvier, alors qu'elles couvraient une manifestation d'enseignants universitaires, Sana Fahrat et Maha Ouelhezi, toutes deux journalistes ont été agressées par des forces de l'ordre en civil selon l'ONG Reporters Sans Frontières.

 

Le 7 janvier, le premier ministre Tunisien Hamadi Jebali a quant à lui créé la surprise en annonçant qu'il avait procédé, seul et sans consultation extérieure, ni appels à candidature, à une série de nominations à la tête de plusieurs journaux et chaînes de télévisions publiques, prétextant la "vacance" de plusieurs postes clés à laquelle il fallait remédier.

Il a de ce fait contourné le principe qui avait été instauré en novembre 2011 et selon lequel une autorité indépendante devait se charger de proposer des candidatures au Premier ministre.

 

Selon Reporters Sans Frontières, “jamais au temps de Ben Ali, les autorités ne sont ouvertement intervenues dans les nominations des rédacteurs en chef et directeurs de l’information". L'ONG ajoute, dans un rapport publié mardi 10 janvier sur son site internet, que "les liens avec l’ancien régime de Ben Ali des personnes choisies à des postes clés, ne favorisent pas la rupture avec l’ancien système médiatique inféodé au pouvoir politique et jette le doute sur une volonté de main mise de ces médias par les dirigeants actuels”.

 

Le 9 janvier 2012, à l'appel du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), principal syndicat de la profession dans le pays, 300 journalistes s'étaient rassemblés devant la Kasbah, siège du gouvernement tunisien pour protester contre ces nominations et les violences que subissent les journalistes


Inquiétudes dans les universités

D'après Human Rights Watch, des intimidations et des violences perpétrées par les extrémistes ont également fortement touché les universités depuis janvier. Ils ont créé des troubles les jours d'examens, dissuadant certains étudiants de s'y présenter.

Mardi 24 janvier, la police a ainsi dû faire évacuer une faculté de lettres de La Manouba, dans la banlieue nord de Tunis, occupée par des salafistes qui protestaient contre l'interdiction faite aux jeunes filles d'étudier entièrement voilées dans les universités tunisiennes.


Les regards braqués vers le gouvernement

En Tunisie, les yeux sont donc désormais tournés vers le gouvernement. Le comportement des forces de police, qui ne sont pas intervenues pour empêcher l'agression des journalistes au procès de Nessma TV inquiète. 

Pourtant, Ennahda a rappelé, fait rare, dans un communiqué son attachement à la liberté d'expression et critiqué les poursuites contre la chaîne de télévision, ce lundi 23 janvier.

Le lendemain, le Premier ministre a également assuré sa détermination "à faire appliquer la loi" et a dénoncé les agressions contre des journalistes survenues lors de la manifestation anti-Nessma du 23 janvier.

Le parti affiche ainsi sa distance vis-à-vis des extrémistes, et cherche à montrer son attachement aux acquis de la société tunisienne. Mais longtemps accusé de mener un double-discours, il devra se montrer ferme face aux violences physiques et aux intimidations s'il veut préserver sa crédibilité.

source tempsreel.nouvelobs

 

__________________________________________________________________

Ci-dessous la réponse du gouvernement Ennahdha par l'intermédiaire de son porte-parole (et ministre des droits de l'Homme en même temps !) Dilou... 


 ________________________________

 Samir Dilou : «Le gouvernement préfère être traité de mou plutôt que de répressif»

 

BN4938Samir-Dilou250112.jpg

 

Lors du deuxième point de presse organisé au sein du Premier ministère en date du 25 janvier 2012, Samir Dilou, porte-parole du gouvernement et ministre des Droits de l’Homme et de la Justice transitionnelle, a présenté un état des lieux de la situation sécuritaire et sociale dans le pays ces derniers jours. 

 

Il a énuméré les nombreux sit-in et a affirmé que ces mouvements sociaux ont causé depuis la révolution une perte estimée à 2,5 milliards de dinars, « de quoi créer 80000 nouveaux emplois ». Il a également rappelé que le gouvernement a favorisé le dialogue et les négociations avec les sit-inneurs au lieu de recourir à la violence. «Le gouvernement préfère être traité de mollesse, plutôt que de répression!», a-t-il ajouté. Il a également affirmé que le gouvernement tient à appliquer la loi, sans pour autant recourir à la force.

 

Par ailleurs, M. Dilou a annoncé l’intention du gouvernement de renforcer les liens avec les médias et consolider la communication, d’où la décision de créer des rendez-vous périodiques entre les médias et les représentants des ministères, ce qui revient à dire que la cellule de communication créée par le gouvernement de Béji Caïd Essebsi, sera de retour. Sauf que Samir Dilou n’a fait aucun rapprochement avec cette cellule de communication qui avait organisé plus d’une quarantaine de conférences de presse.

 

Revenant aux questions d’actualité, M. Dilou a commenté les événements accompagnant le déroulement de l’affaire contre Nessma TV.Il a dénoncé la violence tout en rappelant qu’il y a eu dépassement des lignes rouges par l’atteinte au sacré. Ceci étant, M. Dilou a affirmé que le gouvernement croit à l’indépendance de la Justice et par conséquent ne se permet pas de s’immiscer dans les affaires des tribunaux.

 

Sur un autre plan, le porte-parole du gouvernement a évoqué la polémique de « l’événement concernant le ministre de l’Intérieur », pour affirmer qu’en fin de compte, c’était une occasion positive qui a démontré à quel point les Tunisiens sont solidaires. Il a réaffirmé qu’il s’agit d’un coup monté par les sbires de l’ancien régime.
Quant aux propos du député Sadok Chourou, M. Dilou a déclaré : « il ne faut pas trop s’y attarder, c’est une affaire morte. M. Ellouze s’est d’ailleurs exprimé au nom de tous les Nahdhaouis à la Constituante pour expliquer que le but de la citation coranique n’est autre que de dénoncer les sit-in et leurs méfaits».

 

Quand nous avons posé la question à M. Dilou sur l’avis du gouvernement concernant les nominations nombreuses au cabinet du président provisoire de la République, il s’est abstenu de répondre nous suggérant de revenir aux textes légaux délimitant les attributions présidentielles et en affirmant que s’il y avait eu dépassement de ses attributions, le gouvernement aurait dit son mot.

source businessnews


 

_______________________________________________

En Tunisie, l’échec d’un procès 

 

par Jean-Pierre Séréni

 

On attendait beaucoup du premier grand procès politique à se tenir après la chute de Ben Ali et de son régime. On attendait en particulier que la justice tunisienne se débarrasse, une fois pour toutes, de ses trois maux : le mystère, la manipulation et le mensonge. La déception est à la hauteur de l’espoir.

Vingt ans après les faits, le procès entendait faire la lumière sur l’affaire Barraket Essahel, du nom d’un lieu-dit à l’entrée d’Hammamet où une poignée d’officiers supérieurs de l’armée se seraient réunis, le 6 janvier 1991, pour préparer un putsch militaire contre le général Ben Ali, devenu lui-même président de la République quatre ans auparavant également grâce à un coup d’Etat. Livrés par leurs supérieurs, ils ont été l’objet de tortures et de sévices atroces dans les locaux de la Direction de la sécurité de l’Etat (DSE), l’une des plus redoutables polices politiques d’un régime qui n’en manquait pas. Là, en mai 1991, dans l’enceinte du ministère de l’intérieur, les tortionnaires cherchaient à leur faire avouer que leur commanditaire était le parti islamiste interdit Ennahda et qu’ils en étaient l’avant-garde militaire.

Au bout de quelques jours, les autorités durent admettre l’évidence : les officiers arrêtés n’étaient pas des comploteurs mais les victimes d’une odieuse machination. Le ministre de l’intérieur de l’époque, Abdallah Kallel, fut chargé de leur présenter des excuses présidentielles pour cet « impair » et de leur promettre réparation et retour rapide dans leurs unités. Il n’en fut rien ; la quasi-totalité furent mis à la retraite d’office par l’armée, et certains furent l’objet de brimades et d’interdits professionnels durant vingt ans.

Après le 14 janvier 2011, les victimes de Barraket Essahel alertent l’opinion sur leur calvaire et réclament leur réhabilitation. Vers qui se tourner ? Des plaintes sont déposées auprès du parquet de Tunis, un juge d’instruction est nommé. Il a sous la main Abdallah Kallel, qui a été inquiété à peine une semaine après le 14 janvier, puis arrêté pour avoir fait parti du bureau politique du RCD, le parti-Etat du temps de Ben Ali. Président de 2004 à 2011 du Conseil de la nation, une assemblée consultative sans pouvoirs, il devient le principal accusé de l’affaire et fait figure de coupable avant même le procès, à la suite d’une campagne médiatique qui n’hésite pas devant les calomnies et les bassesses et où s’illustre une presse de caniveau déjà à l’œuvre du temps de Ben Ali.

L’accusation ne cherche ni à tirer au clair le « faux » complot de Barraket Essahel, ni à savoir qui a monté cette ténébreuse machination, qui l’a couverte et l’a exécutée mais seulement à établir si le ministre de l’intérieur de l’époque a été l’un des tortionnaires. Puis bientôt tout se réduit à une seule question : les victimes ont-elles vu Abdallah Kallel ? Les a-t-il reçues et le cas échéant avaient-elles des traces visibles de torture ? Sa présence aux séances n’est confirmée par aucune victime.

Le souci du magistrat est avant tout de soustraire les chefs militaires de l’époque à la curiosité publique ; il ne fait procéder à aucune investigation par la police judiciaire. Mais il a beau être timoré, on ne saurait prendre trop de précautions. Subitement, fin juin, le juge civil se déclare incompétent, l’affaire passe du tribunal de première instance de Tunis au tribunal militaire. Pourquoi ce transfert en cours d’instruction ? Les victimes sont des militaires ! Leurs plaintes doivent donc être jugées par des militaires. En 1991, dommage pour eux, la hiérarchie n’a pas eu le même raisonnement – il aurait évité à de brillants officiers de voir leur carrière brisée et de subir d’odieuses violences de la part de civils.

Le juge d’instruction militaire disculpe immédiatement le ministre de la défense en place en 1991 et refuse d’interroger les généraux mis en cause dans les plaintes des victimes qui ont envoyé leurs subordonnés au ministère de l’intérieur, en particulier le directeur général de la Sécurité militaire d’alors, dont le représentant, un officier, assistait aux séances de tortures au ministère de l’Intérieur. Ceci explique cela ? Il est aujourd’hui général, en charge d’un commandement important. 

La justice tunisienne s’est largement fourvoyée dans cette affaire. Le procès n’a ni apporté la preuve qu’Abdallah Kallel était présent dans la salle de tortures [ou donné des ordres], ni débattu de sa responsabilité politique et de celle des autres responsables civils et militaires dans ce drame. L’ex-président qui figure parmi les inculpés a été pour ainsi dire absent de l’instruction et des débats. On n’a pas cherché les traces qu’avaient pu laisser cette affaire dans les archives de la présidence, dans celles de l’armée ou de la police politique concernée, la Direction de la sécurité d’Etat, dont le responsable d’alors n’a pas été retrouvé, faute apparemment d’avoir été recherché.

Son chef, M. Ganzoui, qui à l’époque était directeur général des services spéciaux et chapeautait pas moins de six services de police dont la DSE, était bien dans le box des accusés, mais il a soutenu sans être contrarié par ses juges qu’il n’avait eu aucun rapport avec Ben Ali au sujet de Barraket Essahel — alors qu’il est de notoriété publique que Ben Ali, ancien ministre de l’intérieur, avait emporté avec lui à la présidence tout le dispositif sécuritaire tunisien, ne laissant à ses successeurs au ministère que les affaires locales et les pompiers...

Le 1er février, la cour d‘appel militaire doit se prononcer sur le jugement du 29 novembre du tribunal militaire de première instance de Tunis qui a condamné les contumaces à 5 ans de prison et les accusés emprisonnés à 4 ans sans preuve. Le jugement a été basé en partie sur une loi… égyptienne pour exclure la prescription et pour le reste sur la seule intime conviction du juge. C’est une première : la justice militaire ne prévoit un double degré de juridiction que depuis le printemps 2011. On attend un peu plus de clarté et de cohérence dans la décision des juges d’appel. Il importe de reprendre à zéro un procès bâclé et unilatéral, de procéder à une instruction portant sur les civils mis en cause mais aussi sur les officiers supérieurs impliqués qui ont été « oubliés » la première fois, avec une instruction à charge et à décharge, et recueillant également les témoignages demandés par la défense.

Si la révolution avait besoin d’un grand procès pour apaiser l’opinion, pourquoi n’a-t-elle pas jugé par contumace l’ex-président, ce qui aurait permis aux Tunisiens de comprendre le fonctionnement d’un régime autoritaire dont ils ont souffert pendant vingt-trois ans ? On comprend, dans les circonstances actuelles, la réticence des juges militaires à mettre en cause, même après plus de vingt ans, des responsables de l’armée. La raison d’Etat rend-elle la tenue d’un procès équitable impossible ? Dès lors, pour sortir de l’impasse, ne serait-il pas préférable que l’institution militaire procède à la réhabilitation solennelle des victimes de Barraket Essahel, accueille en son sein ceux qui sont encore en âge de servir et offre réparation aux autres ?

A moins que l’objectif caché ne soit de faire taire Abdallah Kallel qui, comme président du Conseil de la nation présent à la télévision au soir du 14 janvier 2011 – aux côtés de son homologue de l’Assemblée nationale, Fouad Mebaâza et du premier ministre, Mohamed Ghannouchi –, figurait dans le trio chargé d’assurer la succession de Ben Ali en fuite. Dans la nuit, il fut écarté tandis que les deux autres prenaient en charge la présidence de la République et la direction du gouvernement, pour des raisons qui n’ont jamais été rendues publiques.

source monde-diplomatique

Partager cet article
Repost0
25 janvier 2012 3 25 /01 /janvier /2012 08:52

Mervat Nasser et sa fille

 

 

De prime abord, Mervat Nasser n’a rien d’une révolutionnaire. Coquette, dynamique, celle qui dirige une société de communication et d’événementiel au Caire a pourtant rejoint les rangs de la contestation, dès les premiers jours. « Ma fille trépignait devant la télévision, se souvient-elle. Elle me disait : je veux y aller ! Je ne peux pas rester sans rien faire ! Je n’ai pas peur ! »

Prudente, elle a décidé de se rendre seule sur la place Tahrir. Une fois arrivée, Mervat s’est retrouvée au cœur des affrontements entre les manifestants et les milices de Moubarak. Plutôt que de prendre peur, Mervat a été envahie par un profond sentiment de révolte. Malgré le danger, elle est partie chercher sa fille. Depuis, les deux femmes sont devenues des fidèles de la révolution.

Pour soutenir le mouvement, elles se sont lancées dans un projet un peu fou. Avec un groupe d’amis, elles construisent des dizaines de cerfs-volants couverts de slogans révolutionnaires. Leur rêve ? Les voir tous voler un jour au-dessus de la place Tahrir !

 

monde-arabe.arte.tv
Partager cet article
Repost0
25 janvier 2012 3 25 /01 /janvier /2012 06:38

Jebali se défend et dénonce des semeurs de troubles

 

«Nous sommes devant de grands défis économiques, sociaux, sécuritaires et en matière de développement», a déclaré, mardi à l’Assemblée constituante Bardo, Hamadi Jebali.


 

Selon le chef du gouvernement provisoire - qui a pris le temps qu’il faut pour expliquer aux constituants les difficultés que traverse actuellement la Tunisie -, le pays est à la croisée des chemins, et il est impératif que tous les partis au gouvernement ou dans l’opposition resserrent les rangs. Il était temps de travailler la main dans la main pour pouvoir instaurer «une légitimité consensuelle» permettant de relever les défis posés et d'assurer le succès de l'expérience démocratique naissante en Tunisie.

 

En réponse aux interrogations des élus du peuple sur la situation difficile actuelle, M. Jebali a déclaré que son gouvernement assume pleinement sa responsabilité pour ce qui est des choix adoptés dans cette étape de transition.

 

«Nous sommes devant de grands défis économiques, sociaux, sécuritaires et en matière de développement», a-t-il rappelé, appelant l'opposition à éviter les surenchères et de continuer à accuser le gouvernement d'être responsable de la hausse des taux de chômage et de la pauvreté dans le pays. Et d’avertir que «l'échec du gouvernement mènera à un échec du processus de la révolution en Tunisie».

M. Jebali a, par la même occasion, appelé l’ensemble des Tunisiens à contribuer aux efforts pour trouver des solutions aux problèmes qui se posent.

 

Un gouvernement hésitant

En réponse aux critiques adressées au gouvernement pour n'avoir pas appliqué la loi face aux sit-in, M. Jebali a expliqué: «Si on appliquait la loi on serait accusé de retour à la dictature et si on évitait ce choix on serait accusé de laxisme». Il s'agit là «d'une équation difficile» à laquelle le gouvernement provisoire aimerait trouver une solution, a-t-il dit.

 

Evoquant le dossier des personnes impliquées dans des affaires de corruption sous l'ancien régime, M. Jebali a indiqué qu'il s'agit d'un dossier complexe qui ne peut être examiné que par la justice dans le cadre d'un procès équitable. A cet égard, le chef du gouvernement provisoire a souligné qu'il n'a été possible de répertorier que 250 millions de dinars alors qu'on prévoit un total de 5 milliards de dollars.

 

M. Jebali a dénoncé, dans ce contexte, le manque de coopération des pays européens et arabes rappelant la décision de son gouvernement de charger des magistrats spécialisés ainsi que des bureaux d'avocats pour assurer le suivi de ce dossier.

 

Le chef du Gouvernement a dénoncé, dans ce contexte, le manque de coopération des pays européens et arabes rappelant la décision de son gouvernement de charger des magistrats spécialisés ainsi que des bureaux d'avocats pour assurer le suivi de ce dossier.

 

Qui se cache derrière les troubles?

A propos des sit-in et des troubles dans les régions, pas de réponse claire de la part de M. Jebali qui accuse plusieurs parties sans nommer aucune. Il a toutefois souligné que, malgré «une amélioration» de la situation sécuritaire, certains sit-in se poursuivent dont celui de la région de Mateur où 6.000 postes d'emploi sont menacés, accusant sans le nommer «un syndicaliste proche de l'ancien régime corrompu» d'être l'instigateur de ce mouvement de protestation.

 

«Le danger réside dans le risque de voir se reconstituer les anciennes milices du parti dissous (Rcd) à l'intérieur et à l'extérieur du pays», a mis en garde M. Jebali, évoquant «des financements et un appui de certaines parties».

«Les Tunisiens sont appelés à faire preuve de cohésion autour des objectifs de la révolution qui sont éternels et non pas autour du gouvernement qui n'est que de passage», a-t-il dit.

Le gouvernement présentera, lors de l'examen du projet de budget en mars prochain, un programme détaillé, a annoncé M.  Jebali tout en assurant la mobilisation des financements nécessaires.

source kapitalis

 

 

________________________________________

Révolution arabe : pour Béji Caïd Essebsi, il faut de la patience

 

Les révolutions démocratiques arabes de 2011 semblent toutes avoir avorté en révolutions islamistes. En Tunisie, Egypte, ou en Libye, des partis islamiques sont aux commandes ou en voie d’y accéder. Le règne de la charia, naguère perspective de cauchemar, s’impose partout à l’ordre du jour.


 

Les djihadistes de type taliban, pourchassés du temps des dictatures, sont entrés dans le paysage quotidien où ils s’épanouissent en toute liberté. En Libye, le gouvernement n’exerce son autorité que sur une faible portion du territoire. Des dizaines de groupes armés, certains proches d’Al Qaïda, se partagent le pays, s’entretuant à l’occasion. Tripoli, la capitale, échappe largement au pouvoir central. 
En un mot, c’est le boxon. Nous sommes allés interroger Béji Caïd Essebsi, l’ex-Premier ministre grâce auquel la transition s’est effectuée en Tunisie sans trop de casse. Sans le moindre doute, l’homme politique le plus doué et le plus expérimenté de la région. 

Comment en sortira-t-on ?  
 

Béji Caïd Essebsi : Plus les situations sont confuses, plus clairs doivent être les objectifs des dirigeants. Au pouvoir, je me suis fixé une feuille de route simple : l’élection libre d’une assemblée constituante. En huit mois, nous y sommes parvenus. Les tumultes, ici et là, ne nous ont pas fait dévier. Un peu de fermeté et beaucoup de détermination suffisent à surmonter les obstacles. 


Aujourd’hui, l’Assemblée Constituante à majorité islamiste ne s’est pas fixé de terme. Les prochaines élections auront-elles lieu dans un an, dans vingt ans ? On l’ignore. 
 

Il faut d’urgence sortir de ce flou. Un Parlement sans terme, ça n’existe nulle part au monde. Il faut impérativement se fixer un délai pour l’élaboration de la constitution. Ce délai doit être d’un an. Ni plus, ni moins. Autrement c’est l’aventure. L’été dernier, douze partis politiques, dont les islamistes d’An Nahda, ont approuvé ce délai d’un an. Il faut s’y tenir. 


Dans l’état de désordre où se trouve le pays, y parviendra-t-on ? 
 

Il ne faut pas s’effrayer de l’agitation dans quelques régions. Ce sont des revendications sociales légitimes. Le chômage, les salaires à 300 dinars (150 euros) par mois, l’augmentation des prix, soulèvent forcément des protestations dans un pays libre. Tu t’en étonnes ? Moi, je trouve cela parfaitement normal, légitime. Les désordres s’amplifieront d’autant plus que le gouvernement reste sans programme. 


Quel programme lui suggères-tu ? 
 

Trois choses à faire. Premièrement, remettre au travail la commission électorale pour inscrire sur les listes les millions d’électeurs encore non-inscrits. Deuxièmement, fixer la date des prochaines élections. Troisièmement, approuver une loi électorale pour les élections présidentielles et législatives. Pendant cette année, bien entendu, la constituante élabore et vote la constitution. Ainsi, chacun saura où l’on va. On sortira de l’incertitude. L’agitation se dissipera lentement et le pays sera mis sur les rails. Autrement, on est dans le noir. On va à l’aventure. 

 

Une bataille du nikab est en cours dans les universités. A-t-on ou non le droit de se présenter nikabé aux cours et aux examens ? Quelle solution ? 
 

La loi stipule clairement que dans les services publics il est interdit de dissimuler son visage. Le gouvernement n’a rien d’autre à faire qu’à appliquer la loi. Mais ce que tu appelles la guerre du nikab va plus loin que le nikab. Le véritable objet de ces controverses porte  sur le type de société dans lequel nous voulons vivre. Nous sommes une société moderne. Certains courants entendent nous imposer une société archaïque, étrangère à nos traditions, à nos mœurs. Les Tunisiens ne s’y laisseront pas entrainés. 


Le gouvernement a reçu le chef du Hamas palestinien en grandes pompes ? Il a eu raison ? 
 

Moi, je ne l’aurais pas fait. L’affaire nous a attiré des ennuis avec le gouvernement palestinien. Nous soutenons les revendications légitimes du peuple palestinien, nous ne nous immisçons pas dans ses débats internes. Nous n’utilisons pas la carte palestinienne dans notre politique intérieure. 


Des militants d’an-nahda, ont accueilli le chef du Hamas aux cris de « Il faut tuer les juifs, c’est un devoir ». Qu’est-ce que tu en penses ? 
 

Ces mots d’ordre abominables ont révélé leur véritable visage. Rien n’est plus étranger à la Tunisie. La société civile, en s’indignant comme elle l’a fait, a révélé la Tunisie telle qu’elle est. Pas comme ces énergumènes voudraient qu’elle soit. 

 

Tu penses que les islamistes quitteront le pouvoir paisiblement s’ils sont mis en minorité par les électeurs ? 
 

Ils ont pris le pouvoir par la voie démocratique, c’est leur seule légitimité. Personne dans le pays n’acceptera qu’ils changent les règles du jeu. 

Tu crois qu’il faut s’attendre à dix ans de guerre civile en Libye ? 
Mais non. Il faut laisser du temps au temps. Tout rentrera dans l’ordre.

http://www.Sourcemarianne

 

 

________________________________________________________

La bataille d’Ennahdha contre les salafistes aura bel et bien lieu


Les prémisses de la confrontation entre les groupes salafistes tunisiens et le parti Ennahdha et le gouvernement qu’il préside en ce moment se dessinent de plus en plus clairement ces derniers jours. Les actes d’agression qui se répètent tous les jours ou presque partout dans le pays ont été exacerbés, lundi 23 janvier, autour du procès de la chaîne Nessma TV.

 

En effet, les journalistes Abdelhalim Messaoudi, d’abord, Zied Krichene, ensuite, avec le politologue Hamadi Redissi, des avocats comme maîtres Chokri Belaïd et Saïda Grach, ont été ouvertement agressés et même frappés (notamment Messaoudi, Krichene et Redissi) par des salafistes qui n’avaient absolument rien à craindre de la police pourtant bien déployée autour du Palais de Justice à Bab Bnet.

 

A ceci, il faut ajouter une longue liste d’actes d’agression, de banditisme et de perturbation de l’ordre public à Sejnane, dans les facultés de La Manouba et de Sousse, à Mahdia où on a vu deux prêches vendredi 20 janvier dans la même mosquée parce que les salafistes ont décidé de ne pas accepter la prêche de l’Imam conventionnel de la Mosquée…

 

Mais plus profondément, le gouvernement de Hamadi Jebali se trouve aujourd’hui coincé dans une position critique à la fois politique et sociale. La poursuite de l’enveniment de la situation dans la Faculté de La Manouba et l’inaction flagrante des forces de l’ordre qui attendent une décision claire des autorités pour sévir trahissent en fait l’impasse où se trouve la majorité nahdhaoui devant l’épineux problème des expressions salafistes à sa droite et qui ont fait sortir enfin M. Jebali de son mutisme, d’abord samedi dernier lors de son intervention sur les trois chaînes de télé du pays où il a déclaré que la perturbation de l’ordre public n’est plus tolérable, qu’où qu’elle vienne. Enfin, l’après midi du lundi 23 janvier, devant l’ANC où il a fustigé durement l’agression de Zied Krichene en promettant que les agresseurs seront poursuivis et punis pour leurs actes..

 

Cette confrontation avec les salafistes, qui se dessine, se fait sur un arrière-fond de conflit idéologique et politique au sein du parti de Rached Ghannouchi. Prévu à fin février, le premier Congrès d’Ennahdha sera très vraisemblablement reporté à plus tard. Les priorités de l’équipe gouvernementale et la situation du pays y est pour beaucoup certes, mais également la bataille entre faucons et les colombes est latente.

 

L’enjeu n’est pas mince puisque le parti Ennahdha vit un moment crucial de son histoire. Créé depuis la fin des années 70 sous l’appellation “Mouvement de la Tendance islamique“ (MTI), ce parti qui se réclamait clairement de la mouvance des Frères Musulmans et qui s’inspirait des leaders islamistes comme Sayed Kotb, Maoudoudi et autres, a progressé et grandi sous la dure loi de la clandestinité vers une position extrémiste notoire allant jusqu’à taxer tous ses ennemis de mécréants et jusqu’à l’organisation d’une aile militaire dure en son sein lors de la grande confrontation qu’il a eue avec le régime de Ben Ali.

 

Cependant, le MTI a toujours été également traversé par une autre mouvance intellectuelle moins dure et plus pragmatique –qui fut représentée un moment par Abdelfattah Mourou et autres- et qui se distinguait de l’influence Ikhwanis des frères égyptiens en se référant plus à des penseurs islamistes tunisiens beaucoup plus réformistes que révolutionnaires.

 

Ennahdha se retrouve aujourd’hui avec d’autres enjeux et un autre contexte. Contexte créé par la Révolution tunisienne et dont Ennahdha et les autres partis ont bénéficié mais qui les accule à des nouvelles postions et une relecture complète de leurs thèses et de leurs programmes.

 

Pour le cas du parti Ennahdha, l’enjeu est notoire puisque ce parti s’est fixé comme objectif de démontrer aux Tunisiens et au reste du monde qu’un parti islamiste arabe est capable de devenir un parti de gouvernement et que l’idéologie «islamiste» ne se résume pas à l’extrémisme des groupes salafistes et autres Qaeda, mais que l’évolution positive que le parti AKP turc a vécue peut très bien se retrouver dans un pays arabe à l’ombre d’un régime démocratique où les islamistes ne sont pas stigmatisés et bannis comme ils l’étaient avec Ben Ali ou Moubarak…

 

Cette bataille d’un autre genre se fera au sein du parti de Rached Ghannouchi et ceci avant les prochaines élections tunisiennes mais elle se fera dans le feu de l’action. L’action contre les salafistes qui ne cessent d’acculer le gouvernement et Ennahdha à la confrontation, mais également l’action sur le front social avec la multiplication des sit-in et autres grèves dans tous le pays empêchant l’économie de tourner en régime normal et permettre ainsi au gouvernement Jebali de commencer les premières mesures capables de répondre aux multiples attentes de la population.

source webmanage

 

 

____________________________________________

Des salafistes évacués de la faculté de Manouba par la police

______________

 

 Un groupe de partisans du port du voile islamique intégral qui manifestaient depuis près de deux mois dans l'enceinte de la faculté des Lettres de la Manouba près de Tunis a été évacué mardi par la police, a indiqué le doyen à l'AFP.

"A ma demande, le procureur de la République s'est déplacé cet après-midi pour constater la situation et les +sit-inneurs+ ont été évacués par la police à 18H30", a déclaré Habib Kazdaghli, doyen de cette faculté située à 25 km de Tunis.

Selon M. Kazdaghli, les manifestants, environ une quinzaine, s'étaient réinstallés dans les locaux de l'administration, occupant le premier étage et le rez-de-chaussée et s'y étaient installés pour passer la nuit.

Lire la suite...

 

Partager cet article
Repost0
25 janvier 2012 3 25 /01 /janvier /2012 05:05

Une histoire de la Révolution 25 janvier - 11 février 

 

Une autre version ...  

Le  28 janvier sur le pont du Nil (Le Caire)… Des scènes de courage inoubliables…


 

 

______________________________

#Jan25, plus qu’un hashtag, une “prise de la Bastille” numérique ?

#Jan25, plus qu’un hashtag, une “prise de la Bastille” numérique ?

 

Il y a un an apparaissait le mot-clé #jan25 sur Twitter, marquant ainsi non seulement la révolution égyptienne mais plus généralement l’avènement d’une nouvelle forme de militantisme : le cyber-activisme.

Le 15 janvier 2011, une jeune Égyptienne de 21 ans connue sous le pseudonyme d'Alyouka sur Twitter publiait le message suivant :  “plus de 16 000 personnes vont manifester [au Caire, NDLR] le #jan25, rejoignez-nous!”. Un gazouilli similaire à tant d’autres appels à la révolte depuis le début du printemps arabe en Tunisie en décembre 2010. Mais celui-ci allait faire date dans l’histoire de la révolution égyptienne : il est le premier tweet à utiliser le hashtag (mot-clé) #jan25, devenu un an plus tard l’une des références du soulèvement populaire qui a mené à la chute du régime de Moubarak le 11 février 2011.

Symbole de l’importance du rôle des réseaux sociaux dans le printemps arabe, ce mot-clé est surtout devenu acteur de l’Histoire en cours. “Il peut même être considéré comme l’équivalent pour la révolution égyptienne de ce que la prise de la Bastille a été pour la révolution française”, juge Charlie Beckett, directeur du département de communication à la London School of Economics. “Comme la prise de la Bastille, l’utilisation de ce mot-clé sur Twitter n’est pas une étape essentielle dans le déroulement des événements, mais son introduction a permis d’offrir un marqueur simple et fort auquel les révolutionnaires égyptiens pouvaient se référer”, explique-t-il à FRANCE 24.

Tout au long de la mobilisation populaire, #jan25 a été utilisé dans des dizaines de milliers de gazouillis. Il a permis d'évaluer la rapidité de propagation des appels à manifester. Le célèbre réseau social américain de microblogging a même demandé après la fin de la révolution égyptienne à Alyouka de raconter l’histoire de son tweet fondateur sur le blog officiel hope140.org de Twitter consacré aux messages passés à la postérité. Elle y explique que Twitter a eu “un impact énorme pour permettre aux Égyptiens de partager les informations pratiques durant les manifestations”.

UN EXEMPLE DE VISUALISATION DE L'UTILISATION DU HASHTAG #JAN25

De la diffusion à l’organisation

C’est l’autre héritage du hashtag #jan25. “L’utilisation de ce mot-clé souligne à quel point les populations durant les révolutions arabes ne se sont pas seulement servies des médias sociaux pour diffuser l’information mais également pour organiser les actions”, explique Charlie Beckett. Ainsi, les opposants libyens au régime de Mouammar Khadafi ont utilisé, dans le même but, le hashtag #feb17.

Avant la révolution égyptienne, les réseaux sociaux permettaient essentiellement aux cyber-militants de sensibiliser l’opinion internationale aux événements auxquels les médias traditionnels n’avaient pas accès, à cause notamment de la censure, comme dans le cas du mouvement vert iranien de juin 2009.

Mais les cyber-militants du monde entier ne sont pas les seuls à avoir tiré les leçons de l’utilisation de mots-clés, tel que le célèbre #jan25. Les régimes autoritaires ont eux aussi compris à l’occasion des révolutions en Tunisie et en Egypte l’importance prise aujourd’hui par les réseaux sociaux. “En Syrie, les autorités se servent très bien à présent de ces réseaux pour traquer et retrouver les opposants [au président Bachar al-Assad] et aussi pour diffuser leur propre message de propagande”, conclut Charlie Beckett.

source france24

 

___________________________________________________

Les moments de l'annonce du départ de Moubarak le 11 février, vers 18h (heure du Caire)

 

 

_____________________________________________________________________

_____________________________________________________________________________________________

____________________________________________

Le maréchal Hussein Tantaoui annonce la fin (partielle) de  l'état d'urgence 

       

 

 

____________________________

 

 Levée partielle de l'état d'urgence
Le maréchal Hussein Tantaoui (archives)

Photo: AFP/Amr Nabil

Le maréchal Hussein Tantaoui (archives)

 

Le maréchal Hussein Tantaoui a annoncé mardi, à l'occasion d'un discours télévisé à la nation, la prochaine levée partielle de l'état d'urgence honni par la population égyptienne, tout en précisant que ces mesures d'exception continueraient à s'appliquer aux crimes commis par des « voyous criminels ».

Cette levée de l'état d'urgence doit entrer en vigueur mercredi 25 janvier, à l'occasion du premier anniversaire du soulèvement populaire qui déboucha, le 11 février 2011, sur la chute du raïs Hosni Moubarak.

Le maréchal Tantaoui et le Conseil suprême des forces armées (CSFA) qu'il dirige assurent le pouvoir depuis.

Les lois sur l'état d'urgence sont en vigueur en Égypte depuis plus de 30 ans, instaurées après l'assassinat du président Anouar el-Sadate. Donnant des pouvoirs exceptionnels à la police et restreignant les libertés publiques, elles ont été en vigueur durant tout le règne de Moubarak.

Leur levée est l'une des principales revendications de la révolution égyptienne qui a débouché sur la chute de Moubarak.

Mais le bémol mis à cette décision de levée des mesures d'exception risque de mécontenter les groupes de défense des droits de la personne, qui dénoncent l'usage répété par les militaires de ce terme de « voyous criminels » pour justifier la répression contre les manifestants par le CSFA.

Au moins 12 000 civils ont été jugés par des juridictions militaires depuis l'arrivée au pouvoir des généraux du Conseil suprême il y a un an. Et au moins 80 manifestants ont été tués par les forces de l'ordre depuis octobre.

 

source radio-canada

 

 

____________________________________

 

L'engagement des partis politiques un an après le soulèvement

 

La plupart des principaux partis politiques égyptiens s’engagent à mettre en œuvre une réforme ambitieuse en termes de droits humains dans le cadre de la transition en Égypte. En revanche, s’agissant de s’engager à mettre un terme à la discrimination, à protéger les droits des femmes et à abolir la peine de mort, ils délivrent des messages ambigus voire refusent catégoriquement.

 

À la veille des élections parlementaires égyptiennes qui ont débuté en novembre, Amnesty International a en effet invité les partis politiques qui présentent des candidats à signer un « Manifeste pour les droits humains », présentant 10 réformes clés, afin de montrer leur détermination à mettre en place une véritable réforme sur le terrain des droits humains.

 

Neuf des principaux partis ont signé le manifeste, soit dans sa totalité, soit en partie. Trois autres ont livré oralement leurs réactions.

Le Parti de la justice et de la liberté (LPJ), qui a remporté la majorité des sièges à la nouvelle Assemblée du peuple, compte parmi les trois autres partis qui n’ont pas répondu concrètement, malgré les efforts considérables déployés pour connaître ses opinions.

 

 

L’égalité entre hommes et femmes, loin d’être acquise

Alors que le nouveau Parlement va siéger pour la première fois cette semaine, il est encourageant de constater qu’autant de grands partis ont pris en compte nos recommandations et sont disposés à souscrire à d’ambitieuses réformes en faveur du changement pour combattre la torture, protéger les droits des habitants des bidonvilles et garantir des procès équitables.

Philip Luther, directeur adjoint du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International.

 

Toutefois, il est préoccupant de constater que plusieurs partis ont refusé de s’engager à garantir l’égalité des droits entre hommes et femmes. Seules quelques femmes ont obtenu des sièges au sein du nouveau Parlement ; d'énormes obstacles restent à franchir pour que les femmes puissent jouer pleinement leur rôle dans la vie politique en Égypte.

 

Demandez au Conseil suprême des forces armées de mettre un terme aux procès militaires de civils SIGNEZ

 

Nous exhortons le nouveau Parlement à saisir l’occasion, lors de l’élaboration de la nouvelle Constitution, de garantir tous ces droits pour tous les citoyens d’Égypte. La Constitution doit se fonder sur la non-discrimination et l’égalité entre hommes et femmes.

 

 

Des promesses et des réserves

Les deux seuls partis à adhérer à tous les engagements présentés dans le Manifeste sont le Parti social-démocrate égyptien et l’Alliance populaire socialiste. Cependant, la quasi-totalité des 12 partis ayant répondu ont souscrit aux sept premiers engagements du Manifeste. Ils concernent notamment les droits civils et politiques.

 

Voici quelques-unes des promesses majeures : mettre fin à l’état d’urgence en vigueur depuis 30 ans, lutter contre la torture, respecter la liberté d’expression et d’association, garantir l’équité des procès et enquêter sur les atteintes aux droits humains commises sous le régime de Hosni Moubarak.

 

Les réserves émis visent notamment le 8e engagement, qui demande la fin à la discrimination, et le 9e engagement, qui appelle à protéger les droits des femmes, et notamment à reconnaître l'égalité entre hommes et femmes en matière de mariage, de divorce, de garde d'enfants et d'héritage. Plusieurs partis ont invoqué le droit musulman (la charia) pour expliquer ces réserves.

 

La plupart des partis ont émis des réserves quant au 10e point, qui préconise l’abolition de la peine de mort, en faisant valoir que cette mesure entrait en contradiction avec l’islam ou qu’ils continuaient d’étudier la question. Même les deux partis enclins à abolir ce châtiment ont ajouté qu'il s'agissait d'un objectif à long terme qui n'était pas réalisable dans les années à venir.

 

 

Voici les 10 engagements que propose le Manifeste d’Amnesty International pour les droits humains en Égypte :

1. Mettre un terme à l’état d’urgence et réformer les forces de sécurité 
2. Mettre un terme à la détention au secret et combattre la torture 
3. Garantir l’équité des procès 
4. Faire appliquer les droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion 
5. Enquêter sur les atteintes commises par le passé 
6. Mettre en œuvre les droits économiques, sociaux et culturels pour tous 
7. Faire appliquer les droits des habitants des bidonvilles 
8. Mettre fin à la discrimination 
9. Protéger les droits des femmes 
10. Abolir la peine de mort.

source amnesty

 

 

Partager cet article
Repost0
25 janvier 2012 3 25 /01 /janvier /2012 04:10

 

La situation reste confuse à Bani Walid, au sud-est de Tripoli. © RFI

 

________________________

Retour au calme à Bani Walid, confusion sur l'origine des violences

 

?modified_at=1327411853&ratio_x=03&ratio
Cinq personnes ont été tuées lundi dans cette ville à 170 km au sud-est de Tripoli, qui n'est tombée aux mains de la rébellion que quelques jours avant la mort de l'ancien dirigeant Mouammar Kadhafi et la "libération" de la Libye en octobre 2011. ( © AFP Karim Sahib)

 

 

 

Le calme semblait revenu mardi dans l'ancien bastion kadhafiste de Bani Walid mais la confusion régnait toujours sur l'origine des violences qui ont fait cinq morts la veille et ont été attribuées par des responsables locaux à des partisans de l'ancien régime libyen.

"La situation est calme aujourd'hui. Elle est sous contrôle", a déclaré à l'AFP le colonel Salem al-Ouaer, un commandant militaire se trouvant sur place.

"La situation est bonne", a confirmé Mahmoud el-Werfelli, le porte-parole du conseil local de la ville, affirmant que que ce sont des partisans de l'ancien régime qui sont à l'origine des violences.

Cinq personnes ont été tuées lundi dans cette ville à 170 km au sud-est de Tripoli, qui n'est tombée aux mains de la rébellion que quelques jours avant la mort de l'ancien dirigeant Mouammar Kadhafi et la "libération" de la Libye en octobre 2011.

Selon des responsables locaux, des pro-Kadhafi ont attaqué une base d'anciens rebelles avec des mitraillettes et des RPG, avant de "prendre le contrôle" de la ville, brandissant des drapeaux verts de l'ancien régime.

Mais tout en confirmant des affrontements et un bilan de cinq morts, le ministre de l'Intérieur Faouzi Abdelali a démenti lundi que les violences aient été le fait de partisans de l'ancien régime.

"Les informations dont nous disposons disent qu'il y a des problèmes internes entre les habitants de cette ville, et c'est la raison de ce qui s'est passé", a-t-il affirmé.

M. al-Ouaer a affirmé que le conflit était "purement local", ajoutant que des cheikhs de la puissante tribu des Werfella se réunissaient mardi dans une mosquée à Bani Walid pour examiner la situation.

De son côté, le gouvernement se réunissait "pour discuter de la situation à Bani Walid", a indiqué à l'AFP une source ministérielle.

Deux journalistes de l'AFP qui ont pu se rendre brièvement sur place lundi ont rapporté que la confusion régnait et qu'il n'était pas possible de savoir qui était du côté de l'ancien régime, qui des nouvelles autorités. Dans la soirée la situation était calme et il n'y avait pas de drapeau vert dans les quartiers visités par l'AFP.

Les autorités elles-mêmes ne semblaient pas savoir exactement ce qui se passait dans la ville en raison des informations contradictoires qui leur parvenaient, a indiqué à l'AFP une source proche du CNT.

Sur sa page officielle sur Facebook, le CNT affirmait ainsi lundi soir que "ce qui se passe à Bani Walid maintenant est une tentative désespérée des restes du régime déchu".

Un porte-parole du conseil militaire de Misrata, à l'est de Tripoli, a indiqué que des brigades s'étaient préparées au cas où le gouvernement leur demanderait d'intervenir à Bani Walid.

"Nous avons eu des informations contradictoires. Depuis hier, nous avons protégé les accès sud de Misrata au cas où", a affirmé Fathi Bach Agha.

A Tripoli et Benghazi (est), la sécurité a également été renforcée dans la nuit de lundi à mardi, des barrages ayant été érigés dans plusieurs quartiers des deux villes.

Ces violences interviennent au moment où le CNT fait face à la crise politique la plus grave depuis son arrivée au pouvoir. Dimanche, son vice-président, Abdelhafidh Ghoga, a dû démissionner sous la pression de la rue.

Le chef du CNT, Moustapha Abdeljalil, a exclu une démission du Conseil, en mettant en garde contre "une guerre civile". Les autorités peinent à contenir les groupes armés dans le pays plus de trois mois après la "libération".

Mardi, d'anciens combattants rebelles ont manifesté à Tripoli contre le CNT.

"Kadhafi est mort mais le système est resté le même, et le CNT fait tout pour marginaliser les thowars. 90% de ceux qui travaillent avec Abdeljalil ne servent que leurs propres intérêts", a accusé Omar Rajbani, l'un des manifestants.

source liberation

 

 

_______________________________

 

Contesté par la rue, le CNT tient ses réunions secrètes

La Libye menacée par le syndrome somalien


 

111_200_150.jpg

Contesté dans la rue, le Conseil national supérieur libyen refuse de démissionner et agite la menace de la guerre civile. Son vice-président, Abdelhafidh Ghoga, a été, lui, obligé de se démettre…

Le président de l’autorité suprême libyenne, l'une des rares personnalités peu contestées du CNT, menace de mettre à exécution sa démission qu’il aurait annoncée, suite aux massives manifestations, à Benghazi surtout, qui ont été violentes vendredi et qui se sont propagées à Tripoli. 


Attaqué par des manifestants samedi, pour la teneur de son projet de loi électorale, le CNT tient désormais ses réunions dans un endroit tenu secret, pour éviter tout incident. En réalité, depuis la chute du régime de Kadhafi, on ne sait plus qui décide de quoi en Libye, s’accordent à dire les observateurs. Les chefs de guerre ont refusé de remiser leurs hommes et armes pour certainement mieux négocier leurs parts du gâteau dans la Libye post-Kadhafi. Et, il ne se passe plus de jours sans incidents dans le pays. Le mouvement de protestations contre le CNT a pris de l’ampleur jeudi et vendredi dernier à Benghazi, l’épicentre du printemps libyen, au cours desquelles des “jelatinas” (bombes artisanales), avaient été lancées dans les locaux du pouvoir de transition.

Mais pourquoi le CNT n’a pas encore emménagé dans la capitale Tripoli ? Ou alors la capitale n’est pas encore suffisamment sécurisée, elle est pour partie entre les mains d’un ancien de l’Afghanistan et pour l’autre entre celles de tribus amazighes particulièrement ciblées durant les décennies Kadhafi. Partout dans le pays, les  rassemblements tournent aujourd’hui à l'émeute, véhicules des officiels incendiés, locaux du CNT saccagés, responsables pris à partie. Tous réclament les fruits de la révolution maintenant : pour des jeunes thouwars,  plus d'indemnisations pour les blessés, davantage d'emplois, de meilleurs salaires, du travail…

D'autres manifestations de moindre ampleur commencent à noircir le ciel du pays. Des femmes islamistes, d'islamistes proches des Frères musulmans et de salafistes, revendiquent une instauration plus rapide de la charia, promise par le président du CNT.

Des femmes du courant libéral veulent obtenir au moins 20 sièges dans la future chambre des députés, soit le double que les 10 % prévus par le projet de loi. C’est justement ce projet de loi électorale qui a mis le feu aux poudres. Les critiques portent, pêle-mêle, sur la composition du collège électoral, le nombre de sièges dévolus aux femmes, l’inéligibilité des  personnalités ayant été proches du régime, et la question du vote des résidents à l'étranger, pour certains suspects de sécularisation, pour d'autres précieux pour reconstruire le pays. La composition du collège électoral, plus que les autres décisions, a provoqué des réactions dans diverses localités. Leur poursuite risque “de plonger le pays dans un puits sans fond”, a averti le président du CNT dont le départ du gouvernement transitoire risque d'ailleurs de précipiter le cours des choses car il était jusqu’à ces dernières semaines au nombre des rares personnalités n'étant que modérément critiquées.

Moustapha Abdeljalil, qui a le soutien des pays qui ont contribué à la chute de Kadhafi, a exclu une démission du CNT, même s’il a reconnu que l’organisme faisait face à une grave crise politique. La preuve : sa réunion secrète a accouché d'un… nouveau report de la promulgation de la loi électorale. Sa teneur ne serait dévoilée que la semaine prochaine. Les membres des comités réunis à Benghazi vont retourner dans leurs régions respectives. Pour des observateurs, il n'est même pas sûr que la réunion annoncée se soit bien tenue…

Les noms des rédacteurs de la loi ne sont pas connus. Cette loi électorale doit régir l'élection d'une Assemblée constituante en juin. En attendant, la Libye court le risque de devenir comme la Somalie. Tout le monde est armé, remarque-t-on, dans le pays. Le CNT avait donné un ultimatum, expirant fin décembre, pour que les armes soient déposées. Très peu d'armes ont été rendues, et les embauches dans la police n'ont attiré que des membres de très petites milices ou des sans-emploi sans ressources.

En revanche, des hommes d'affaires du Golfe arrosent divers groupes. Les contrebandiers, qu'ils aient ou non participé aux combats, sont aussi armés, et revêtent des uniformes neufs. Il reste encore 8 000 prisonniers dans environ 60 prisons, ou camps de détention, souvent improvisés et aux mains de groupes locaux, selon les ONG des droits de l'homme. Et pour corroborer cette situation, le Haut-comité pour les réfugiés des Nations unies basé à Malte, a confirmé la poursuite des exactions contre les étrangers de peau noire, suspectés d'avoir été des mercenaires de Kadhafi! Des exécutions sommaires se poursuivent, en sus de pillages, de confiscations d'argent, de téléphones et d'objets, et des viols.

source liberte-algerie

 

 

___________________________

L’intervention en Libye et la violation de la légalité internationale : un retour à la pseudo « morale internationale » du 19ème siècle

 

par Robert Charvin

 

Forte d'une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU prévoyant l'instauration d'une zone de non-vol pour protéger les civils, l'intervention militaire en Libye était-elle légale ? Cette résolution a-t-elle simplement été interprétée de manière extensive ou bien a-t-elle été tout bonnement violée ? Les motifs invoqués pour déclencher l'opération sont-ils conformes aux normes du droit international ou consacrent-ils une loi du plus fort qui n'aurait rien de nouveau ? Robert Charvin est juriste international, professeur émérite de droit à l'Université de Nice Sophia-Antipolis et doyen honoraire de la Faculté de Droit et des Sciences économiques de Nice. Il analyse les motivations et les conséquences de l'intervention en Libye à la lumière du droit international. Ce texte n'est pas particulièrement court mais nous vous en recommandons vivement la lecture : il vaut bien une petite impression si nécessaire ! (IGA)

 

L’Europe est aujourd’hui la seule force capable de porter un projet de civilisation (…) L’Amérique et la Chine ont déjà commencé la conquête de l’Afrique. Jusqu’à quand l’Europe attendra-t-elle pour construire l’Afrique de demain ?
Nicolas Sarkozy. 2007.

 

Les insurgés libyens méritent l’aide de tous les démocrates. 
Bernard-Henry Lévy. 2011.

 

Quand un peuple perd son indépendance face à l’extérieur, il ne garde pas longtemps sa démocratie à l’intérieur.
Régis Debray. 1987.

 

Une vague « morale » internationale, proche de celle régnant au XIX° siècle, est invoquée par les puissances occidentales alors qu’il est fait silence sur le droit international qu’elles considèrent – au mieux- comme un simple faisceau de procédures.

 

Cette « morale », produit occidentaliste de substitution, se concilie parfaitement avec la violation flagrante des principes fondamentaux constituant le cœur de la Charte des Nations Unies et avec un mépris ouvert vis-à-vis de l’ONU lorsque le Conseil de Sécurité, organe oligarchique est neutralisé par les divisions entre les grandes puissances et qu’il ne peut être en l’occurrence, instrumentalisé par certaines d’entre elles.

 

Les États-Unis, la France, la Grande Bretagne se considèrent toujours comme la « seule force capable de porter un projet de civilisation », tout en s’opposant lorsque leurs intérêts économiques et financiers ne coïncident pas.

 

Les opérations militaires ainsi que les ingérences indirectes se multiplient. Anders Fogh Rasmussen, Secrétaire Général de l’OTAN, les annonce lui-même : « Comme l’a prouvé la Libye, on ne peut pas savoir où arrivera la prochaine crise, mais elle arrivera » (5 septembre 2011).

 

L’inquiétude manifestée par les États du Sud authentiquement indépendants n’est pas prise en compte. Les paroles de Thébo Mbeki, ancien Président d’Afrique du Sud sont significatives : « Ce qui est arrivé en Libye peut très bien être un signe précurseur de ce qui peut arriver dans un autre pays. Je pense que nous devons tous examiner ce problème, parce que c’est un grand désastre » (20 septembre 2011).

 

Par contre, en France, une quasi unanimité s’est manifestée pour applaudir aux opérations de guerre menées contre la Libye, ainsi qu’à l’exécution sommaire de M. Kadhafi. De B.H. Lévy au Président Sarkozy, via Ignacio Ramonet, de l’UMP au PCF (bien qu’avec quelques réserves) via le PS, ainsi que tous les grands médias (de Al Jazeera au Figaro), on a « au nom d’un massacre seulement possible, perpétré un massacre bien réel, alimenté une guerre civile meurtrière » [1]et admis la violation d’un principe essentiel toujours en vigueur, la souveraineté d’un État membre des Nations Unies.

 

Il en a été de même dans la plupart des États occidentaux qui n’ont pas porté le moindre intérêt aux propositions de médiation de l’Union Africaine ou du Venezuela ni voulu confier à l’ONU la responsabilité d’une négociation ou d’une conciliation.

 

L’esprit de guerre s’est imposé dans l’urgence sans réaction d’une opinion non concernée en raison de la disparition de l’armée de conscription et de la professionnalisation (voire de la privatisation au moins partielle comme en Irak) des conflits armés.

 

Si la gauche française n’a pas manifesté son opposition alors qu’elle l’a fait dans le passé contre diverses agressions occidentales, c’est, qu’au-delà du « démocratisme » de rigueur, il s’agissait d’Africains et d’Arabes et de problèmes du « Sud », non électoralement rentables, en considération de l’état idéologique moyen des Français à la fin du mandat de N. Sarkozy [2].

 

Si la droite, particulièrement les conservateurs français, opte pour des ingérences de plus en plus ouvertes dans les pays du Sud, c’est, qu’au-delà des intérêts économiques (notamment énergétiques) des grands groupes installés dans le Sud, les aventures extérieures sont toujours bienvenues en période de crise intérieure grave.

 

Le résultat global c’est, sinon la mise à mort du droit international, du moins sa mise en état de coma dépassé [3].

 

 

1. L’inéligibilité de la Libye kadhafiste au bénéfice du droit international

Véritable cas d’école sur un continent où les élections sont en général des mascarades, les élections présidentielles en Côte d’Ivoire de 2010, faussées par une rébellion armée de plus de huit ans assistée par la France et occupant la partie Nord du territoire, ont donné lieu à une intervention des Nations Unies et de l’armée française visant à éliminer par la force le Président Gbagbo. L’occupation totale de la Côte d’Ivoire par la rébellion en 2011, avec l’appui de l’ONUCI et des troupes françaises de la Licorne, ponctuée de massacres (comme celui de Duékoué) n’a suscité que peu de réactions des juristes français [4]. Les prétextes avancés par les autorités françaises (répression contre les manifestants civils, non respect du résultat des « élections ») semblent avoir convaincu la doctrine dont la domination sur la pensée juridique évite de procéder aux vérifications nécessaires des allégations politiques officielles [5]. Ainsi, au nom d’une « légitimité démocratique » indéfinie, approuvée par la majorité conjoncturelle du Conseil de Sécurité, « stimulée » par un Etat juge et partie, il est désormais admis qu’un régime puisse être renversé par la force et qu’il en soit établi un autre, avec l’appui d’une partie belligérante.

 

Survenant à quelques mois d’intervalles, l’intervention en Libye s’inscrit dans la stratégie menée en Côte d’Ivoire et n’a que peu à voir avec la politique d’appui tardif aux mouvements populaires de Tunisie et d’Égypte [6].

 

Brutalement, au nom d’une menace visant les opposants au régime jamahiriyen dont Rony Brauman a montré le caractère improbable, la Libye s’est vue retirée sa qualité de sujet de droit international à part entière, de « membre régulier » de la communauté internationale. Il a suffi d’une manifestation le 15 février 2011 dans une ville du pays suivie d’une émeute le 17 dans cette même ville de Benghazi pour qu’un État membre de longue date des Nations Unies, ayant occupé la présidence de l’Union Africaine et conclu de nombreux accords avec différents États, en particulier la France et l’Italie, soit mis au ban de la société internationale. Le Conseil de Sécurité s’est satisfait de sources très partielles sur les événements de Benghazi : celles de l’une des parties en cause (les insurgés) et d’un média, Al-Jazeera [7], sans procéder à une investigation contradictoire et sans rechercher une « solution par voie de négociation, d’enquête, de médiation, de conciliation (…) ou par d’autres moyens pacifiques » (article 33 de la Charte).

 

C’est dans une extrême précipitation [8] que le Conseil de Sécurité a adopté la Résolution 1970 du 26 février, soit quelques jours seulement après le début des événements de Benghazi, alors que de nombreux conflits dans ne monde ne suscitent que des réactions très tardives [9]. Les observations de l’Inde regrettant le fait « qu’il n’existait pratiquement aucune information crédible sur la situation sur place » n’ont pas été prises en compte. L’Etat libyen a été immédiatement considéré comme coupable et M. Kadhafi devait relever sans examen contradictoire des faits de la Cour Pénale Internationale !

 

Se répétait, à l’instigation de la France, des Etats-Unis et de la Grande Bretagne, malgré l’abstention de la Chine, de la Russie, de l’Inde, du Brésil et de l’Allemagne, la pratique suivie à propos de l’Irak, contre laquelle « toutes les preuves étaient réunies », comme celles prétendument fournies par Colin Powell en 2003, pour que Tripoli soit détruite, comme l’avait été Bagdad.

 

La Résolution 1973 du 17 mars complète la 1970 du 26 février.

 

Leur fondement est le « devoir de protéger les populations civiles », sans que le Conseil de Sécurité ne néglige de rappeler « son ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance » de la Libye.

 

Son but est de « faire cesser les hostilités » et « toutes les violences ».

 

Les méthodes recommandées pour y parvenir sont de « faciliter le dialogue » tout en instaurant un contrôle de l’espace aérien pour éviter l’intervention de l’aviation libyenne.

 

C’est l’OTAN, puis essentiellement, sous son égide, la France et la Grande Bretagne, qui se chargent de mettre en œuvre les résolutions du Conseil de Sécurité.

 

Tous les éléments d’un arbitraire étranger à la légalité internationale étaient réunis.

 

En premier lieu, le flou extrême des résolutions. Le « devoir de protéger préventivement des populations civiles » s’apparente à la notion de « légitime défense préventive » qui n’est que le contournement de l’interdiction de l’agression. De plus, la notion de « civils » est imprécise. Quid du statut des « civils » armés ?

 

La violence du verbe de M. Kadhafi n’est pas assimilable à une répression illégale. La notion de « légitimité démocratique » explicitement utilisée par le Conseil de Sécurité pour condamner le régime Gbagbo en Côte d’Ivoire est la référence implicite permettant de juger le régime libyen comme étant non démocratique et source d’une menace pour la paix internationale. Le Conseil de Sécurité et les puissances occidentales se font ainsi les juges de la « validité » des régimes politiques dans le monde.

 

On peut souligner tout d’abord que ces résolutions 1970 et 1973 sont d’une nature contradictoire. Elles font référence à la souveraineté et à la non ingérence tant en « autorisant » les Etats membres des Nations Unies à prendre « toutes mesures nécessaires » pour la protection des civils, « tout en excluant le déploiement d’une force d’occupation étrangère sous quelque forme que ce soit et sur n’importe quelle partie du territoire libyen », étant entendu que les seuls vols autorisés au-dessus du territoire sont « d’ordre humanitaire » !

 

En second lieu, ces résolutions disant tout et leur contraire (les Nations Unies n’ont jamais mis en place le Comité d’état major et la police internationale prévus par la Charte), créent les conditions d’une intervention de l’OTAN dont les déclarations officielles et les objectifs évoluent très vite de la dimension « protectrice » à la dimension destructrice du régime de Tripoli.

 

De facto, le Conseil de Sécurité, d’un outil de conciliation et de maintien de la paix, devient un instrument de guerre. La Déclaration commune Sarkozy, Obama, Cameron du 15 avril 2011 est significative : « il ne s’agit pas d’évincer Kadhafi par la force », mais « tant que Kadhafi sera au pouvoir, l’OTAN ... doit maintenir ses opérations » !

 

Le recours à la force armée aérienne et aux bombardements intensifs (poursuivis pendant plus de huit mois) sur les villes et les voies de communication n’ont qu’une seule finalité : assister le CNT de Benghazi et liquider le régime de Kadhafi, avec la promesse d’une contrepartie pétrolière à l’issue du conflit [10].

 

L’intervention terrestre, formellement interdite par le Conseil de Sécurité, s’est produite avant même le début des frappes aériennes. Le Rapport du CIRET-AVT et du Ct 2R précité atteste de la présence de membres de certains services spéciaux occidentaux (notamment la DGSE), puis par l’action militaire de certains groupes de « bi-nationaux » venus de différents pays occidentaux, dans l’Ouest du pays, profitant notamment d’une frontière tuniso-libyenne ouverte. Les livraisons d’armes (notamment françaises, via la Tunisie) sont devenues progressivement massives. Il s’avère aussi que des troupes venant du Qatar sont intervenues.

 

De manière significative, le gouvernement français n’a pratiquement jamais fait référence au droit international. La légalité selon lui s’est réduite à une mesure procédurale : la caution du Conseil de Sécurité, dont on sait que les résolutions échappent à tout contrôle de légalité !

 

Le paradoxe est que l’invocation permanente des droits de l’homme, de la démocratie et de l’humanitaire en général ne fonctionne pour les États occidentaux que de manière sélective. Si cette pratique n’est pas neuve, elle est devenue flagrante.

 

Concernant le monde arabe, tout particulièrement, les postures des États-Unis, de la France, de la Grande Bretagne relèvent de la caricature qu’il s’agisse de leurs politiques unilatérales ou de leurs comportements au sein du Conseil de Sécurité et plus généralement des Nations Unies.

 

C’est ainsi que la question kurde, celle du statut de la minorité chiite dans les pays du Golfe, celle des régimes de l’Arabie Saoudite, de Bahreïn [11] et des Émirats dont le Qatar, allié militant de l’OTAN contre la Libye, ne suscitent aucune réaction : à leur propos, les droits de l’homme et la démocratie ne font l’objet d’aucune interrogation occidentale [12] !

 

Le plus flagrant est le cas de la Palestine. Deux ou trois États au Conseil de Sécurité paralysent le soutien de la majorité absolue des États membres de l’Assemblée Générale des Nations Unies à l’admission de la Palestine comme membre ordinaire de l’ONU. Au nom d’une certaine « conception » de l’humanitaire, les États-Unis et la France (à sa façon) [13]s’opposent à la pleine reconnaissance de l’État palestinien, car elle « pourrait conduire à une relance de la violence, obstacle majeur à la négociation avec Israël » ! Après un demi-siècle d’hostilité et d’indifférence, les États occidentaux considèrent que le Peuple palestinien doit encore attendre. Leur soutien spectaculaire aux « révolutions arabes » n’a donc rien à voir avec une position de principe. « On ne peut pas à la fois saluer l’avènement de la démocratie dans le monde arabe, et s’en désintéresser quand cela concerne la question nationale palestinienne », écrit à juste titre B. Stora [14].

 

La « sensibilité » au monde arabe et à l’Islam est donc à géométrie variable pour les autorités occidentales. Ce sont les intérêts en jeu qui conditionnent tout. Le droit humanitaire et les droits de l’homme n’ont rien à y voir.

 

La guerre de Libye a lourdement malmené le droit humanitaire. La « protection des populations civiles » est demeurée une notion abstraite au détriment des Libyens transformés en victimes des bombardements, du racisme et de la xénophobie, en miliciens armés par l’étranger ou par l’État, en personnes déplacées fuyant les lieux de combat. Un phénomène de fuite hors du territoire libyen de centaines de milliers de travailleurs étrangers, dans les pires conditions de précarité, s’est ajouté dans une quasi indifférence des États occidentaux et dans l’impuissance des États voisins.

 

Les opérations de l’OTAN dont la force de frappe a été constituée par l’armée française, son aviation et ses services spéciaux, n’ont en rien respecté le droit humanitaire, quelles que soient les réactions de vertu outragée d’un Juppé lorsqu’on « ose » lui signaler les victimes civiles libyennes des bombardements de l’OTAN [15] !

 

Le rapport Libye : un avenir incertain. Compte rendu de mission d’évaluation auprès des belligérants libyens (Paris, mai 2011) établi par une délégation d’experts (dont Y. Bonnet, ex-directeur de la DST), sur lequel les médias ont fait un silence quasi absolu [16], a constaté que la révolution libyenne n’est pas une révolte pacifique, que les « civils », dès le 17 février, étaient armés et qu’ils ont attaqué les bâtiments civils et militaires de Benghazi : il n’y a pas eu en Libye de grandes manifestations populaires pacifiques réprimées par la force !

 

C’est de manière préventive que l’intervention extérieure a eu lieu, soit moins de 10 jours après les premiers incidents et c’est dès le 2 mars, soit 2 mois après le début de la crise dans l’est libyen, que la CPI a entamé une procédure contre Kadhafi et son fils Saïf Al-Islam : les bombardements qui n’ont pas cessé depuis 8 mois et qui ont fait plusieurs milliers de victimes civiles (il y en avait déjà 1.000 à la fin mai) ont très vite perdu leur caractère militaire, pour devenir essentiellement politique : abattre le régime de la Jamahiriya et si possible procéder à l’élimination physique de Kadhafi et de ses proches par des tirs ciblés, ce qui a été réalisé à Syrte le 20 octobre à la suite d’une opération de l’aviation française [17].

 

C’est ainsi que de nombreux bâtiments publics, sans le moindre intérêt stratégique (notamment à Tripoli et les villes pétrolières Ras Lanouf, Brega, Ajdabiya) ont été bombardés [18]. Ont été aussi bombardés des réseaux de communication, des éléments de l’infrastructure industrielle, des monuments historiques, etc.

 

L’ensemble de ces actes constitue des crimes de guerre, voire des crimes contre l’humanité, relevant de la compétence de la justice pénale internationale.

 

Quant aux opérations « ciblées » (que l’armée israélienne pratique souvent à l’encontre de cadres palestiniens) visant à assassiner des proches de M. Kadhafi (plusieurs de ses enfants ont été tués) et M. Kadhafi lui-même (par exemple, le bombardement du domicile privé de l’un des fils de Kadhafi, provoquant le mort de deux de ses petits enfants), elles ne peuvent s’inscrire dans une opération de paix et de « protection » sous le drapeau de l’ONU ! Si M. Kadhafi avait pu être déféré devant la CPI [19], les responsables des bombardements et des tentatives de meurtres par l’armée française visant des dirigeants d’un État membre des Nations Unies, quelles que soient les infractions qu’ils aient pu commettre, sont passibles eux aussi des sanctions prévues par le droit pénal international ! C’est particulièrement flagrant avec l’assassinat de M. Kadhafi lui-même, avec la collaboration active de l’OTAN et de l’aviation française.

 

La Résolution 1674 du Conseil de Sécurité du 28 avril 2006 rappelle que « le fait de prendre délibérément pour cible des civils (…) en période de conflit armé constitue une violation flagrante du droit international humanitaire ». Les tirs ciblés sont d’une nature particulièrement criminelle : l’ONU n’a pas pour fonction de faire exécuter des peines de mort !

 

On peut aussi noter, parmi les illégalités flagrantes, les procédures suivies en matière de gel des avoirs libyens publics et privés. En effet, les mesures prises durant la guerre de Libye ne tiennent pas compte des résolutions 1452 (2002) et 1735 (2006) du Conseil de Sécurité. Les transferts réalisés par la France et ses alliés européens au bénéfice du CNT n’ont pas non plus respecté la réglementation européenne.

 

En fait, l’approche juridique occidentale sur la Libye rejoint les positions de G. Scelle dans son manuel de 1943 sur la « Russie bolchévique ». Selon cet auteur classique, ce régime « aurait dû être considéré comme internationalement illégal » [20]. La « Russie bolchévique » n’aurait pas dû être admise comme sujet de droit. Elle ne l’a d’ailleurs été que partiellement jusqu’en 1945.

 

Plus d’un demi-siècle plus tard, les atteintes à la légalité par les États occidentaux en Libye n’en sont pas, car il s’agit de détruire un régime détestable, « illégal » par nature !

 

Ainsi, ce ne sont pas seulement certains peuples, comme le Peuple palestinien, qui se voient refuser la qualité de sujet à part entière du droit international, certains États pourtant membres des Nations Unies n’ont pas non plus « droit au droit ».

 

Le principe qui semble découler de cette pratique occidentale, c’est que ce ne sont plus les États qui ont droit au droit international, ce sont les régimes bénéficiant de l’aval des puissances occidentales.

 

 

2. Continuité et imperturbabilité des juristes

En tant que juriste, la première observation qui s’impose est le silence assourdissant des internationalistes, de la même nature que celui qui a pour le moins hypothéqué la scientificité de leurs jugements pour l’Irak, le Kosovo [21], l’Afghanistan ou la Côte d’Ivoire, par exemples. La doctrine dominante chez les internationalistes demeure « impassible » : les manuels les plus récents ne témoignent d’aucune inquiétude, bien qu’ils évitent d’illustrer leurs propos académiques d’exemples non exemplaires !

 

Pour nombre d’entre eux, les doctes professeurs de droit international, se sont fait ultra-cicéroniens : « Summum jus, summa injuria » ! Pour Cicéron, en effet, un « excès » de droit amène les pires injustices. Alignés derrière le personnel politique majoritaire en Occident, les juristes considèrent que le droit international lorsqu’il limite par trop le « messianisme », y compris guerrier, des États-Unis, de la France, de la Grande Bretagne, devient destructeur des valeurs civilisatrices dont il est porteur. L’idéologie, qu’ils récusent formellement pour eux-mêmes, est omniprésente dans leurs analyses : la « légitimité » prend le pas sur la « légalité », ce qui, pour les juristes, peut paraître surprenant !

 

En réalité, ils admettent implicitement que les États occidentaux s’auto-régulent dans l’intérêt du Bien Commun. Il ne s’agit pas d’un mépris de la légalité chez ceux qui se réclament hautement de « l’État de droit » : pour ces juristes, les puissances occidentales se situent « au-dessus » d’un « juridisme inadapté » au nom de la « mission » supérieure qu’ils se doivent d’accomplir sans entraves. Étant donné l’inconvenance qu’il y a à mettre en cause la politique étrangère des États-Unis et leur conception anti-multilatéraliste, on ne saurait faire non plus le procès des autorités françaises lorsqu’elles justifient (depuis le « Bettato-Kouchnérisme » qui a fait florès) leurs ingérences au détriment de la souveraineté des petits et moyens États au nom des droits de l’homme.

 

Le Président Sarkozy a poussé très loin le « Bettatisme », en 2010-2011, lorsqu’il a étendu le champ de l’ingérence au contentieux électoral (c’était une première !) : la France s’est même faite, aux côtés des États-Unis et de l’ONU, juge constitutionnel en lieu et place de l’instance ivoirienne compétente pour user en définitive de la force armée afin de changer le régime d’Abidjan, y compris au prix d’une tentative d’assassinat du Président L. Gbagbo [22].

 

La crise libyenne est allée encore au-delà : elle a permis de consacrer la notion de « révolution démocratique » parmi les causes légitimant la mise à l’écart de la légalité internationale. Les juristes rétablissent ainsi la vieille conception qui distinguait jusqu’au milieu du XX° siècle (voir les démonstrations du professeur Le Fur, par exemple, dans les années 1930-1940) les sujets relevant du droit international et ceux inéligibles à ce même droit, créant ainsi les conditions d’une nouvelle hégémonie impériale occidentale. Néanmoins, la distance pouvant séparer la pensée juridique dominante et les positions politico-médiatiques officielles tendant à disparaître, le droit international des manuels et des revues académiques demeure un long fleuve tranquille, à l’image des pages de Wikipédia qui lui sont consacrées [23]. Les éminents auteurs se consacrent aux problèmes techniques de l’Union Européenne, « planète » plus politiquement sérieuse, tandis que d’autres, tout aussi éminents, notent « la résistance des souverainetés devant les progrès du droit international » (!), progrès jugés « incontestables et importants » lors de ces dernières décennies !!

 

La nouvelle multipolarité, en gestation, n’est guère appréciée : la Chine (souvent qualifiée d’ « arrogante ») comme la Russie se voient reprocher l’exercice du droit de veto au Conseil de Sécurité, car le « risque est celui du désordre, de l’incapacité, de l’insuffisance d’organisation ». La brève configuration unipolaire qui a succédé à la fin de l’URSS était beaucoup plus appréciée : devait enfin se réaliser grâce à l’unipolarité occidentaliste – que l’on ne savait pas très temporaire - le règne effectif du droit international, la puissance assurant la « bonne gouvernance », par dédoublement fonctionnel, étant évidemment les États-Unis et accessoirement leurs alliés, dotés d’une « vision » universaliste [24].

 

En tout état de cause, le juriste occidental représentatif est celui qui n’apprécie pas le principe de souveraineté qui reste pourtant au cœur de la Charte des Nations Unies, d’autant plus que la puissance dont il relève est souveraine de facto.

 

Le terme de « violation » de la légalité ne vient qu’exceptionnellement sous sa plume, encore moins celui de régression. Il n’y a qu’ « interprétations », « ajustements » ayant pour fin de satisfaire toujours mieux les intérêts de l’Humanité toute entière [25].

 

Le juriste académique préfère s’attarder sur les « nouveaux acteurs » de la « communauté » internationale, tels les ONG et l’ « individu » [26], en voie de donner naissance à la « société civile » internationale... L’intervention militaire en Libye ne s’est-elle pas fondée (résolution 1970 et 1973 du Conseil de Sécurité) sur la protection de cet individu « civil » menacé par un pouvoir détestable, tout comme les États européens agissaient déjà au XIX° siècle contre l’Empire Ottoman par des « interventions d’humanité », les thèses du Saint-Siège précédant celles des Bush, Kouchner et autres Sarkozy !

 

Le juriste britannique H. Wheaton justifiait dans le même esprit l’intervention anglaise au Portugal en 1825, jugée conforme « aux principes de la foi politique et de l’honneur national ». De même, ajoutait-il, est fondée « l’intervention des puissances chrétiennes de l’Europe en faveur des Grecs ». Un siècle plus tard, en 1920, le Doyen Moye de l’université de Montpellier, affirmait sans réserve qu’ « on ne saurait nier les bienfaits indiscutables que l’immixtion a plusieurs fois amenés (…) Il est très beau de proclamer le respect de la souveraineté même barbare et de déclarer qu’un peuple a le droit d’être aussi sauvage que bon lui semble. Il n’est pas moins vrai que le christianisme et l’ordre sont des sources de progrès pour l’humanité et que bien des nations ont bénéficié à voir leurs chefs, inaptes ou tyranniques, obligés de changer leurs méthodes sous la pression des puissances européennes. La persuasion ne réussit pas toujours à elle seule et il faut parfois faire le bien des gens malgré eux.... » [27].

 

Qui ne reconnaît, à peu de choses près, l’analyse faite un siècle plus tard par les instances américaines, françaises, britanniques et onusiennes contre Kadhafi et autres Gbagbo ?

 

Seuls ceux qui, aujourd’hui encore, condamnent les expéditions coloniales au nom d’une culpabilité « infondée », alors qu’il s’agissait selon la doctrine de combattre la « barbarie des peuples sauvages, occupant sans titre des territoires sans maître », ne perçoivent pas la signification civilisationnelle et humaniste des interventions occidentales et l’éventuelle nécessité de mettre en place des néo-protectorats, y compris sur les petits Etats occidentaux « mal gouvernés » !

 

Le Fur, éminent titulaire de la chaire de droit international de la Faculté de Droit de Paris, auteur du précis Dalloz 1931 et de divers manuels entre 1930 et 1945, accompagné d’autres professeurs comme Bonfils, Fauchille, etc. insistait sur le thème de la Civilisation combattant la Barbarie : « il y a incompatibilité d’humeur entre nous et l’arabe » car « le mot d’ordre de l’arabe est : immobilité ; la nôtre est en avant ! » (sic) [28]. Le Fur ajoute, à propos de la colonisation, que « la France n’a pas travaillé seulement dans son intérêt, mais pour le bien commun de l’humanité ».

 

Pour les juristes de cour contemporains, les États occidentaux, soucieux par nature du Bien et de l’intérêt général, entendent aujourd’hui comme hier protéger par tous les moyens l’individu et les populations civiles contre les menées de leur propre État. Or, le libyen kadhafiste est pire que l’arabe d’hier : à son encontre, la guerre est « juste ». Rien ne change depuis un auteur du XIX° siècle comme H. Wheaton, qui affirmait, comme on le fait aujourd’hui que « lorsqu’il y a atteinte portée aux bases sur lesquelles reposent l’ordre et le droit de l’humanité » le recours à la force est fondé. D’ailleurs, l’Institut de droit international au début du siècle ne partage pas « l’utopie de ceux qui veulent la paix à tout prix ». G. Scelle, dans son manuel édité en 1943 à Paris, y met du sien lorsqu’il affirme que lorsqu’un État possède « un titre authentique et probatoire » à faire valoir, « la prohibition du recours aux armes semble difficile à admettre ». Aujourd’hui, peu importe l’élément nouveau que constituent les principes de la Charte des Nations Unies ! La France n’a-t-elle pas souligné pour justifier son rôle déterminant dans l’opération anti-Tripoli qu’elle possédait tous les titres pour intervenir, c’est-à-dire ceux fournis par les Nations Unies, fondés sur les droits de l’homme et ceux de l’OTAN pour sauver les Libyens d’eux-mêmes !

 

D’ailleurs, de manière consensuelle, dans la doctrine juridique classique (Gidel, La Pradelle, Le Fur, Sibert, Verdross, etc.), le respect de la propriété est considéré comme le principe fondamental des relations internationales pour le monde civilisé. Pour M. Sibert, c’est même « une vérité hors de discussion ». Or, chacun sait en 2011 l’emprise du régime kadhafiste sur le pétrole libyen qui n’était jusque-là, pour le reste du monde, qu’une ressource aléatoire : aujourd’hui, comme hier, la liberté des échanges « interdit » le manque à gagner que représente l’accaparement tripolitain.

 

C’est par exception que des professeurs comme Carlo Santulli ou P.M. Martin, par exemples, prennent une position forte contre la violation de la légalité dans l’affaire libyenne ou la question n’est pas de « défendre le régime » dans l’opinion publique, « mais simplement de ne pas transformer l’analyse critique en une propagande monstrueuse ». En Libye, comme en Côte d’Ivoire, le monde occidental et l’Etat français en premier lieu ont fait chorus pour déshumaniser « l’ennemi » (qu’il s’agisse de L. Gbagbo ou de M. Kadhafi), en dépit des contrats conclus sous leur patronage avec les milieux d’affaires : « le sang des Libyens (comme celui des Africains ne vaut rien pour nous », constate le professeur C. Santulli.

 

Le juriste et le politicien de droite ou d’une certaine « gauche » se retrouvent sur les mêmes positions. La « morale » doit l’emporter sur le « juridisme étroit », comme a pu le déclarer dans la presse ivoirienne l’Ambassadeur des États-Unis à l’encontre du Président Gbagbo [29]. Pour le juriste, le positivisme doit lui-même céder la place au descriptivisme et au réalisme. Le débat n’est plus de mise. Comme l’affirme R. de Lacharrière « Il faut s’habituer à l’idée que les controverses doctrinales appartiennent au passé » !

 

Or, la description non critique et complaisante des politiques étrangères par les juristes s’identifie à leur légitimation sans réserve. La doctrine dite « savante », très occidentalo-centriste, est très proche des grands médias. Le « droitdel’hommisme » et le « sécuritarisme » dont les puissances occidentales se font les championnes et qui défont l’ensemble du droit international édifié depuis 1945 [30] conduisent en fait les juristes à se rallier au dédoublement fonctionnel autoproclamé de l’OTAN et de ses membres porteurs de valeurs euraméricaines et « civilisatrices » ! On n’est pas très au clair sur le « droit » ou le « devoir » d’ingérence, mais le principe onusien de la non-ingérence est balayé. Il y a bien quelques flottements sur le principe de la souveraineté (rappelé par précaution dans toutes les résolutions du Conseil de Sécurité, y compris celles qui le violent), mais la « légitimité démocratique », dont la définition est incertaine, doit l’emporter. Pas question de s’interroger sur la mise en œuvre de néo-protectorats, puisqu’il n’y a officiellement qu’une assistance à la « transition démocratique ».

 

Avec les mouvements populaires de 2011, dans le monde arabe, les internationalistes vont jusqu’à faire leur la « révolution » (honnie et jugée archaïque par ailleurs) [31] elle-même en tant que productrice de démocratie.

 

Si l’on peut admettre que la tâche des juristes n’est pas de désigner le souhaitable, peut-être est-elle tout de même de mettre en procès les processus de régression et de se manifester en tant que « veilleurs critiques ».

 

 

3. L’expédition franco-britannique : l’affirmation d’une politique impériale en état d’urgence

L’expédition franco-britannique et autres en Libye s’inscrit dans la tradition impériale des grandes puissances occidentales. Le sarkozisme s’efforce de créer l’illusion d’un retour à la « grandeur » de la France et de l’Europe. Mais, comme à l’époque coloniales, le pétrole, d’une qualité exceptionnelle et d’extraction facile ainsi que le gaz libyens, représentent l’enjeu essentiel du changement de régime à Tripoli. Les accords franco-libyens, italo-libyens et américano-libyens des dernières années étaient considérés comme peu fiables. Paris et Londres de plus estimaient nécessaire un nouveau partage, n’ayant pas obtenu les meilleures concessions. De plus, de nombreux projets libyens en gestation projetaient de porter la participation de l’État dans le secteur pétrolier de 30 à 51% ; il était aussi envisagé de remplacer les firmes occidentales par des sociétés chinoises, russes et indiennes. Après une phase de compromis, Tripoli se préparait à mettre en œuvre une nouvelle politique [32].

 

L’intervention française n’est pas étrangère non plus à certains problèmes franco-français. Les élections présidentielles approchant et, à l’image de Bush aux États-Unis, le président sortant, en difficulté dans l’opinion française, a estimé qu’une rapide et brillante politique extérieure en Libye (ce qui semble être attesté par les exigences d’un calendrier très bref exprimées à plusieurs reprises) compenserait les échecs de politique intérieure. La crise provoquée par les liens étroits longtemps maintenus avec le régime de Ben Ali et celui de Moubarak devait aussi être effacée.

 

La révélation lancée depuis Tripoli que la campagne électorale de 2007 de N. Sarkozy avait été financée par des « mallettes » libyennes a sans doute accéléré le processus de l’engagement militaire de la France.

 

De plus, depuis longtemps, les États-Unis ont souhaité que les États européens prennent le relais des dépenses militaires occidentales, en particulier pour « protéger » l’Afrique des alternatives offertes par la Chine et les puissances émergentes à chaque État africain. Le rôle primordial joué par la France en Libye entre donc parfaitement dans les vues des États-Unis. D’autre part, les États-Unis ont l’ambition d’installer en Libye, dans le Golfe de Syrte, le commandement unifié (« Africom ») actuellement basé à Stuttgart et que tous les pays africains ont jusqu’à ce jour refusé. La mise sous tutelle de la Libye permettra l’installation de ce commandement, 42 ans après l’expulsion des bases américaines de Libye par la révolution kadhafiste.

 

L’un des objectifs de l’opération de liquidation du régime de Tripoli, passé sous silence, est aussi la volonté de sécuriser Israël. Israël a besoin d’États arabes acceptant de refuser leur solidarité avec les Palestiniens, comme l’a fait avec efficacité l’Égypte de Moubarak. Les mouvements populaires en Tunisie et en Égypte démontrent une instabilité dangereuse. Cette incertitude doit être compensée par la disparition d’un régime libyen radicalement anti-sioniste.

 

La France est aussi particulièrement préoccupée des tentatives kadhafistes d’union des Africains. Les flottements de l’Union Africaine lors de la crise ivoirienne ont montré que l’organisation africaine est traversée de contradictions et que l’influence française s’est réduite. L’influence de Kadhafi et les moyens financiers dont il disposait rivalisaient fortement avec ceux de la France. L’élimination du leader libyen (de nombreuses opérations françaises ont été montées depuis 1975 contre lui [33]) est donc considérée comme le moyen de protéger les intérêts français en Afrique en cassant la Libye en train de devenir le financier alternatif du continent [34].

 

Cette guerre en Libye survenant après l’intervention en Côte d’Ivoire, et après les multiples opérations menées au Moyen Orient, a une signification générale.

Lire la suite

 


Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : thala solidaire.over-blog.com
  • : ThalaSolidaire est dédié à la ville de Thala, ville phare de la Révolution tunisienne. Thala est une petite agglomération du centre-ouest de la Tunisie. Elle est connue pour son histoire antique, ses sources, ses carrières de marbre, devenues une sorte de tragédie écologique et économique, sa résistance et sa misère. Thala solidaire a pour objectif de rassembler toutes les voix INDIGNÉES pour donner à cette terre ainsi qu'à toutes autres terres un droit à la vie et à la dignité…
  • Contact

Recherche

Vidéos

Catégories