Une "date limite", pas d'ultimatum
La conférence sur la Syrie n'a pas réussi à faire converger les points de vue : certains souhaitent hausser le ton, d'autres préfèrent temporiser. © REUTERS
Le sommet des "Amis du peuple syrien" a invité Bachar el-Assad à stopper les violences.
Les "Amis du peuple syrien" ont appelé dimanche à Istanbul à fixer une "date limite" pour l'application par Damas du plan de paix de Kofi Annan, mais sont restés muets sur l'armement des rebelles, qui ont déploré le temps ainsi donné au régime.
Pendant ce temps, les violences ne montraient aucun signe de répit, faisant au moins 40 morts à travers le Syrie, dont 15 membres des forces gouvernementales, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), qui estime à près de 10.000 le nombre de tués en un an de révolte.
Le plan de sortie de crise de Kofi Annan soutenu
"Le groupe des Amis a salué les efforts de l'émissaire spécial Kofi Annanet a exprimé son soutien à l'application intégrale de son mandat", ont affirmé les 83 pays réunis à Istanbul dans une déclaration finale conjointe. Le groupe a aussi "appelé l'émissaire spécial à déterminer une date limite pour les prochaines étapes, incluant un retour devant le Conseil de sécurité de l'ONU, si les tueries continuent".
Le régime de Bachar al-Assad s'est engagé mardi à appliquer ce plan, mais la poursuite des violences laissent de nombreuses capitales sceptiques sur ses intentions. "Presque une semaine s'est écoulée et nous devons conclure que le régime allonge sa longue liste des promesses non tenues", a déclaré la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton.
"Il y a un risque bien sûr d'enlisement"
Manifestant la même impatience, le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, a insisté sur la nécessité de "fixer une limite dans le temps" au régime pour mettre en oeuvre le plan Annan, car "il y a un risque bien sûr d'enlisement".
Le plan de Kofi Annan, absent d'Istanbul, préconise la cessation de la violence par toutes les parties sous supervision de l'ONU, la fourniture d'aide humanitaire aux zones touchées par les combats et la libération des personnes détenues arbitrairement. La conférence va en outre constituer un groupe de travail sur des sanctions à adopter contre le régime syrien, selon sa déclaration finale. Celui-ci se réunira "à Paris sous quinzaine", a précisé Alain Juppé.
Dans quelle mesure soutenir les insurgés ?
Les Amis du peuple syrien ont par ailleurs souligné le droit de la population à l'autodéfense, défendu avec véhémence par la Turquie comme un moyen de pression supplémentaire sur Damas. L'armement des rebelles, et notamment de l'Armée syrienne libre (ASL), réclamé par l'opposition syrienne et des pays arabes, comme l'Arabie saoudite et le Qatar, n'est en revanche pas mentionné. Les Etats-Unis sont opposés à un tel armement.
Burhan Ghalioun, le président du Conseil national syrien (CNS), la principale coalition de l'opposition, a toutefois annoncé que son mouvement allait verser des salaires aux membres de l'ASL en lutte contre Damas. "Le CNS va prendre en charge le paiement des salaires fixes de tous les officiers, soldats et résistants membres de l'ASL", composée en majorité de déserteurs, a-t-il déclaré.
Des diplomates ont précisé que trois ou quatre pays arabes, dont l'Arabie et le Qatar, allaient verser des millions de dollars pour ce programme. Les participants à la conférence - à laquelle étaient absents la Russie, la Chine et l'Iran, alliés de Damas - ont également reconnu le CNS comme "un représentant légitime de tous les Syriens", un geste en deçà des attentes du CNS qui souhaitait être admis comme unique interlocuteur de la communauté internationale. Les "Amis" ont appelé tous les opposants à se réunir sous l'étiquette du CNS. europe1
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À Istanbul, le CNS reconnu comme un « représentant légitime des Syriens »
Les Amis de la Syrie resserrent l’étau sur le régime d’Assad et reconnaissent « le droit à l’autodéfense » du peuple, mais absolument rien de concret encore.
Les Amis du peuple syrien ont appelé hier à fixer une « date limite » pour l’application du plan de paix en Syrie par le régime de Bachar el-Assad, dans une déclaration finale conjointe, sans pour autant prendre de mesures à même de réduire le massacre des opposants syriens.
« Le groupe des Amis a salué les efforts de l’émissaire spécial Kofi Annan et a exprimé son soutien à l’application intégrale de son mandat », affirment ainsi les 83 pays réunis à Istanbul. Le groupe « a appelé l’émissaire spécial à déterminer une date limite pour les prochaines étapes, incluant un retour devant le Conseil de sécurité de l’ONU si les tueries continuent », poursuit le document.
Le régime du président syrien Bachar el-Assad s’était engagé mardi à appliquer ce plan, mais la poursuite depuis lors des violences laisse de nombreuses capitales sceptiques sur les intentions de Damas. « Presque une semaine s’est écoulée et nous devons conclure que le régime allonge sa longue liste des promesses non tenues », a ainsi déclaré la secrétaire d’État américaine, Hillary Clinton, présente à la conférence. Elle a également estimé que le président syrien « se trompe » s’il pense qu’il peut défaire l’opposition syrienne.
Manifestant la même impatience, le chef de la diplomatie française Alain Juppé a insisté sur la nécessité de maintenir la pression sur le régime de Damas pour mettre en œuvre le plan Annan. « Il y a un risque bien sûr d’enlisement et on voit bien la tactique du régime qui est de gagner du temps. C’est la raison pour laquelle il faut, et nous sommes tous d’accord là-dessus, fixer une limite dans le temps à cette action » de M. Annan, a déclaré M. Juppé.
Les Amis du peuple syrien ont par ailleurs souligné le droit de la population syrienne à l’autodéfense, défendu avec véhémence par la Turquie comme un moyen de pression supplémentaire sur Damas. La communauté internationale « n’aura d’autre choix que de soutenir le droit des Syriens à la légitime défense » si le Conseil de sécurité de l’ONU ne réagit pas contre la répression violente en Syrie, a ainsi affirmé hier le Premier ministre turc. Recep Tayyip Erdogan a par la même occasion exhorté le Conseil à prendre ses responsabilités. En revanche, l’armement des rebelles, et notamment de l’Armée syrienne libre (ASL), réclamé par l’opposition syrienne et des pays arabes, n’est pas mentionné. L’Arabie saoudite et le Qatar avaient d’ailleurs réclamé une telle aide, à laquelle les États-Unis se sont toutefois opposés.
Les participants à la conférence ont également reconnu dans leur déclaration le CNS comme « un représentant légitime de tous les Syriens », un geste en deçà des attentes du CNS qui souhaitait être admis comme unique interlocuteur de la communauté internationale, d’autant plus que les « Amis » appellent tous les opposants à se réunir sous l’étiquette du CNS.
La conférence va en outre constituer un groupe de travail sur des sanctions à adopter contre le régime syrien, selon sa déclaration finale. Celui-ci se réunira « à Paris sous quinzaine », a précisé M. Juppé. Le chef de la Ligue arabe, Nabil el-Arabi, a lui aussi appelé les participants à faire pression sur le Conseil de sécurité de l’ONU pour qu’il prenne des mesures « contraignantes » contre le régime de Bachar el-Assad.
L’ASL critique
D’importants acteurs étaient néanmoins absents d’Istanbul, dont la Russie, la Chine et l’Iran, principaux soutiens du régime syrien. Kofi Annan et le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, n’y étaient pas non plus.
L’opposition syrienne a réagi en saluant des avancées dans cette réunion d’Istanbul, mais a aussi estimé que la communauté internationale doit réellement aider les Syriens. « Il faut que la communauté internationale formalise les mécanismes et les moyens de livrer cette aide. De notre point de vue, cela veut dire des voies de passage assurées et des zones protégées ; cela implique le déploiement d’une certaine capacité militaire pour protéger ces zones », a déclaré Basma Qodmani, membre du comité exécutif du CNS.
Par contre, le secrétaire du conseil militaire de l’ASL, le capitaine Ammar el-Wawi, a critiqué hier la conférence d’Istanbul pour avoir évité la question de l’armement des insurgés, estimant que de telles réunions ne faisaient que « prolonger la vie » du régime baassiste. « Ces plans et ces conférences sont dans l’intérêt du régime car elles refusent l’intervention militaire et l’armement de l’ASL », a poursuivi le responsable. « Si le plan Annan échoue, il y en aura d’autres, puis on organisera une troisième conférence autour des Amis de la Syrie, ensuite le dossier sera de nouveau soumis au Conseil de sécurité de l’ONU où la Russie (qui soutient Damas) utilisera une nouvelle fois son droit de veto, a-t-il déploré, estimant que cela permettait au régime d’atermoyer”. » « Ce régime ne peut tomber que par les armes », a-t-il asséné, tout en remerciant la Turquie et les pays du Golfe pour leur engagement. De même, le porte-parole de l’ASL en Syrie, le colonel Kassem Saadeddine, a affirmé que les rebelles n’arrêteraient leur combat que lorsque le régime cessera ses attaques contre la population civile.
Le venin du Baas
Pendant que se tenait la conférence, la police turque est intervenue pour disperser une cinquantaine de manifestants partisans du régime syrien qui dénonçaient la tenue de la réunion. Scandant des slogans en faveur du président syrien, les manifestants ont fait fi des appels à se disperser, plusieurs d’entre eux ayant d’ailleurs été affectés par le gaz, utilisé en abondance par la police.
Comme il fallait s’y attendre, les médias officiels syriens ont vivement critiqué hier la conférence d’Istanbul. « Seuls les naïfs (...) croient qu’il s’agit d’une conférence amie du peuple syrien », a commenté el-Baas, journal du parti au pouvoir. « L’appel lancé par (le ministre saoudien des Affaires étrangères) Saoud el-Fayçal pour armer les terroristes, encourager le bain de sang et détruire les infrastructures fait de cette conférence une tribune pour les ennemis de la Syrie qui discutent de tout, sauf des intérêts des Syriens », a-t-il ajouté. La télévision publique s’en est également prise violemment aux participants. Le Premier ministre turc Recep Tayyip « Erdogan parle des intérêts du peuple syrien et oublie qu’il abrite des terroristes et facilite leurs opérations criminelles en Syrie », lisait-on en bas de l’écran.
Toujours au niveau diplomatique, la Belgique encourage les défections en Syrie pour affaiblir le régime syrien et estime qu’une aide humanitaire « protégée militairement » devra être envisagée si la répression des manifestations se poursuit, a annoncé samedi le chef de la diplomatie belge. lorientlejou
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La diplomatie irakienne refuse toute tentative d'armement de l'opposition syrienne.
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L'Arabie Saoudite et les pays du Golfe financeront l'Armée syrienne libre
L'Arabie Saoudite et d'autres pays du Golfe créeront un fonds doté de plusieurs millions de dollars pour financer l'Armée syrienne libre (ASL), branche militaire de l'opposition, ont rapporté dimanche les médias internationaux se référant à une décision des "Amis de la Syrie" réunis à Istanbul.
Le Fonds servira à payer les salaires des combattants de l'ASL, aile armée du Conseil national syrien (CNS), organe politique de l'opposition anti-Assad, selon les médias.
Formée à l'automne 2011 par des soldats ayant fait défection de l'armée régulière, l'ASL est commandée par l'ex-colonel de l'armée syrienne Riyad al-Asaad. L'ASL est en partie déployée en Turquie. D'après les médias arabes, l'ASL compte dans ses rangs un nombre important de volontaires sunnites venus de plusieurs pays arabes, notamment de Libye. Leur quantité reste inconnue, ainsi que le nombre total d'insurgés armés.
La deuxième conférence des "Amis de la Syrie", qui se déroule à Istanbul ou niveau des ministres des Affaires étrangères, a réuni plus de 80 pays et organisations régionales. Les "Amis de la Syrie" ont reconnu le CNS comme le "seul représentant légitime du peuple syrien" et ont décidé de créer un groupe de travail pour les sanctions contre le régime Assad.
Depuis la mi-mars 2011, la Syrie est secouée par un mouvement de contestation du régime en place. Selon les Nations unies, la répression de la révolte y aurait déjà fait plus de 9.000 morts. Damas indique que plus de 2.000 policiers et militaires syriens ont été tués par des bandits financés de l'étranger. maghrebemergent
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CONFLIT EN SYRIE : Que se passe-t-il vraiment à Homs et Kusayr ?
Témoignage : dernières nouvelles de Homs et de Kusayr
par Mère Agnès-Mariam de la Croix
A la veille de la Semaine Sainte où nous contemplons l’Agneau de Dieu affreusement traité par le péché du monde qu’Il porte pour nous sauver, je viens vous donner des nouvelles fraîches de notre diocèse.
Il est de notre devoir de vous informer sur les vrais développements du conflit en Syrie. Nous le faisons afin que l’opinion publique fasse pression pour épargner la population civile syrienne.
Nouvelles de Qâra
Plus de 300 familles sunnites de Baba Amro sont réfugiées chez l’habitant et servies par les membres de l’opposition locale. Nous faisons ce que nous pouvons pour les aider. Je suis intervenue personnellement pour la mise en libération de 70 militants incarcérés depuis le passage de l’armée syrienne par notre village. J’ai clamé haut et fort ma désapprobation pour les méthodes employées avec certains prisonniers. On les a tabassés pour leur faire avouer de supposés méfaits liés au terrorisme des bandes armées. Notre tailleur de pierre a ainsi perdu ses fausses dents.
Nous avons déclaré notre monastère ouvert pour recevoir les réfugiés et les sinistrés. On nous parle d’une centaine d’enfants entre 1 et 10 ans qui ont été retirés des décombres de Baba Amro et dont on n’a pas encore trouvé les parents. Nous essayons de les aider et, peut-être, une fois les papiers établis, nous en recevrons quelques-uns chez nous. Cela dépendra du ministère des affaires sociales. Là aussi vos dons sont les bienvenus.
Nouvelles de Homs
A Homs, ville d’un million d’habitants, les deux tiers de la population ont fui les lieux. Plus de 90% des chrétiens ont été forcés de partir, souvent sans avoir le temps de rien emporter.
Des centaines de familles chrétiennes ont abandonné Homs et sa Province pour se réfugier dans la Vallée des chrétiens, à Damas ou dans sa Province. Vos dons sont bien arrivés et ils ont été distribués. Un grand merci ! Lorsque nous pourrons joindre le curé de Bab Sbah, à Homs, il nous donnera la liste des familles bénéficiaires. Tant que vous pouvez continuez à aider. Vos dons arriveront fidèlement à destination.
Certaines familles sont retournées pour surveiller leurs biens. L’une d’entre elles raconte cet épisode ubuesque : « Nous ouvrons la porte et, voilà, le salon est rempli de monde. Ils portent nos pyjamas et mangent dans nos assiettes. Interloqués nous les fixons du regard. Gêné, leur leader nous dit « quand vous voulez on vous rendra votre maison ». Mais la réalité s’impose. Il faut les laisser faire et se rendre à l’évidence. Notre maison n’est plus à nous ».
Pourquoi affirmons-nous que ces gens ont été « forcés » de partir ? Parce que progressivement mais efficacement la branche armée de l’opposition syrienne a opéré ce qu’on peut appeler une « redistribution démographique ». Grâce à des francs-tireurs et à des actes d’agression criminelle ils ont harcelé la population civile non agréée : les minorités alaouites, chrétiennes, chiites et beaucoup de musulmans « modérés » qui n’ont pas désiré participer aux activités dissidentes. Ce n’est pas un génocide massif mais une liquidation à petits feux.
Depuis août 2011 et plus particulièrement depuis novembre où nous avons vu la situation de nos yeux en visitant Homs et Kusayr, nous avons des informations sûres et prouvées d’actes de barbarisme envers la population civile pour l’obliger à se désister de la vie civique ordinaire et paralyser ainsi les institutions de l’Etat.
Dès le début de l’année scolaire des sévices répétés ont été enregistrés contre les établissements scolaires : kidnapping du corps enseignant, instituteurs et institutrices, harcèlement des écoliers, incendie des écoles ou leur bombardement. Cela a amené progressivement à la fermeture des écoles puis des universités.
Les minorités présentes dans des quartiers sous la coupe des bandes armées affiliées à l’opposition syrienne ont été la cible permanente d’exactions : leurs biens ont été pillés, leurs voitures réquisitionnées, beaucoup d’entre eux ont été pris en otage, pour la simple raison d’appartenir à une minorité religieuse et n’ont été relâchés que contre une rançon (ce qui a provoqué le phénomène du contre-kidnapping, avec des négociations de part et d’autres pour la libération des otages en vis-à-vis).
De même, tous les acteurs de la vie civile ont été une cible préférentielle du terrorisme camouflé en résistance armée : les chauffeurs de taxi, les marchands ambulants, les facteurs et surtout les fonctionnaires de l’administration civile ont été les victimes innocentes des actes qui ont dépassé le simple assassinat pour revêtir les aspects les plus barbares du crime gratuit : personnes égorgées, mutilées, éventrées, dépecées, jetées dans les coins des rues ou dans les poubelles. On n’a pas hésité à tirer sur des enfants à bout portant pour créer la détresse et le désespoir, comme ce fut le cas du petit Sari, neveu de notre tailleur de pierre. Ces actes atroces étaient ensuite exploités médiatiquement pour en imputer la responsabilité aux forces gouvernementales.
Nous avons surpris ce stratagème par nous-mêmes lors d’une visite à Homs. Ce jour-là nous avons recensé une centaine de cadavres arrivant dans les hôpitaux, victimes de l’acharnement gratuit des bandes armées affiliées à l’opposition.
En passant par l’avenue de Wadi Sayeh nous avons surpris une voiture calcinée. Un homme venait d’être la cible d’un attentat de la part des bandes armées parce qu’il avait refusé de fermer son magasin. Sa voiture avait été dynamitée et lui a été littéralement « haché en morceaux » et jeté sous la devanture de son magasin. Au moment où nous passions, des passants s’étaient assemblés. Nous avons surpris plusieurs actionnant leurs téléphones portables. Ils filmaient et nous avons entendu l’un d’entre eux enregistrer ces paroles sans doute à l’adresse d’une des chaînes satellitaires : « voici ce qu’endurent les citoyens syriens de la part des escadrons de la mort de Bashar El Assad ».
Nous avons photographié cet évènement et nous avons suivi la dépouille du pauvre homme tué jusqu’à l’hôpital.
1. Vue générale de l’attentat. En haut, un groupe avec un homme en rouge, contemple l’homme assassiné devant son magasin éventré
2 . Au lieu de porter secours à la personne assassinée, les badauds la filment comme on le voit clairement sur la photo en faisant croire à Al Jazzirah que c’est l’Etat qui a perpétré le crime.
3. A l’hôpital Central je pose en prière devant le cadavre du même homme affreusement mutilé.
Avec la chute de Baba Amro, les combattants et leurs familles se sont faufilés de Nazihin et Ashiri et ont investi les quartiers chrétiens de Warcheh et Salibi. Les maisons des chrétiens ont été réquisitionnées.
Dans Hamidiyeh et ses environs, jusqu’à Wadi Sayeh et, plus haut, Bustan Diwan, le même scénario se produit : les bandes armées font partir les chrétiens, parfois de force, et pillent leurs maisons puis les utilisent pour installer des familles déplacées sunnites ou pour les utiliser à des fins militaires. On nous raconte que les bandes armées ont troué les cloisons qui séparent les habitations pour pouvoir circuler à travers le quartier sans sortir dans la rue. Des quartiers entiers sont ainsi transformés en blockhaus.
Dernières nouvelles du 30 mars 2012
Les quartiers de Bab Sbah, Warcheh et une partie de Hamidiyeh sont vidés de leurs habitants pour les raisons citées plus haut. Des bandes de terroristes islamistes envahissent les lieux et s’introduisent dans les maisons, les pillent puis les brûlent, alléguant que les forces gouvernementales les ont pilonnées. Les terroristes, avant de s’introduire dans les quartiers habités par les minorités confessionnelles les avaient eux-mêmes pilonnés avec des mortiers, des roquettes ou des fusées LAU de fabrication israélienne. Ils s’en prennent à des populations civiles non armées et dans des endroits où n’existe aucune présence des forces régulières.
Il est faux de dire que la population civile est uniquement prise entre deux feux. La vérité c’est que dans plusieurs endroits les quartiers chrétiens ont été la cible d’un bombardement systématique des bandes armées pour se « venger » du fait que les chrétiens n’étaient pas au rendez-vous de l’opposition. Mais l’eussent-ils été auraient-ils échappé au limogeage confessionnel ? Nous en doutons.
D’après l’agence catholique Fides, la manœuvre des bandes armées est d’investir les quartiers à majorité chrétienne du vieux Homs pour s’y retrancher. Un grand drame se prépare : les bandes armées ont ceinturé le quartier avec des explosifs menaçant de tout faire sauter si l’armée régulière avance.
Disons que la confusion règne quant aux véritables tenants et aboutissants de la branche armée de l’opposition. Comme il y a plusieurs factions, indépendantes les unes des autres, leurs exactions ont différentes motivations. Il ne faut pas se hâter de discréditer les témoignages de chrétiens qui ont expérimenté une vraie « persécution » à leur encontre. Ce n’est plus un mystère pour personne que des salafistes sont actifs dans beaucoup d’endroits à Homs en particulier et en Syrie en général. Il est cependant vrai aussi qu’en général les chrétiens ne sont pas sous la coupe d’une persécution systématique et générale car les groupuscules salafistes ne sont pas partout.
Je suis en train de traduire un article qui donne un éclairage intéressant sur la présence des salafistes en Syrie et au Liban.
Situation à Kusayr
Kusayr est un gros bourg des environs de Homs, limitrophe avec le Liban. La situation y est dramatique. Les minorités ont été la cible de terribles exactions. Plusieurs personnes innocentes ont péri, abattues de sang froid. André Arbache, jeune marié de 30 ans a été kidnappé et à ce jour on ne sait rien de lui. Des terroristes arrêtés par les forces de sécurité ont confessé qu’il avait été égorgé d’après le rituel du « Nahhr » : méthode appliquée par Al Qaeda sur les « renégats ».
La famille chrétienne Kasouha, majoritaire à Kusayr, a perdu plusieurs de ses membres, abattus de sang froid. On parle de contentieux anciens. N’empêche que des chrétiens ont été massacrés après avoir subi pendant des mois les exactions des bandes armées qui, pourtant, ont été présentées au monde comme étant des factions de résistants valeureux cherchant à instaurer la démocratie. En réalité, ces bandes armées ont appliqué la loi de la jungle : soit elles ont cherché à ressusciter les vieux démons des frictions intercommunautaires, soit elles ont, elles aussi comme à Homs, essayé de faire advenir la guerre confessionnelle.
Plusieurs chrétiens de Kusayr ont été assassinés, parfois dépecés, pour inciter la population à fuir. Comme tout cela ne suffisait pas pour débarrasser Kusayr de ses habitants chrétiens, les terroristes ont pris le parti d’attaquer ouvertement les quartiers des chrétiens. Ils les ont pilonnés avec les mortiers et les roquettes puis les ont investis, jetant dehors leurs habitants et tuant les récalcitrants. Les immeubles des chrétiens ont été systématiques détruits ou brûlés après avoir été pillés.
Dans les quartiers plus éloignés qui n’ont pas été encore investis par les terroristes et où beaucoup de chrétiens se sont réfugiés chez les leurs, les maisons des chrétiens sont la cible continuelle de mortiers. C’est ainsi que le domicile de notre curé, Père Georges Louis, a été frappé de plein fouet par quatre obus ce qui l’a totalement détruit.
Il faut rappeler que ces bombardements n’entrent pas dans le cadre d’un échange de tir avec l’armée syrienne mais constituent une agression gratuite sur une population civile non armée.
Les chrétiens de Kusayr ont entendu les islamistes à maintes reprises affirmer que les comités de coordination locale ont déjà distribué les biens meubles et immeubles des chrétiens aux familles sunnites.
Quelques exemples percutants d’actes sauvages perpétrés par les bandes armées affiliées à l’opposition :
Lorsque l’armée régulière a forcé Baba Amro les terroristes ont rassemblé tous leurs otages (alaouites et chrétiens) dans un immeuble de Khalidiyeh qu’ils ont dynamité perpétrant un terrible massacre et l’attribuant aux forces régulières. Même si cet acte a été imputé aux forces régulières, y inclus par la Ligue Arabe, les preuves et les témoignages sont irréfutables : il s’agit d’une manœuvre des bandes armées affiliés à l’opposition.
La famille Al Amoura, du village de Al Durdâk, dans les alentours de Homs, a été exterminée par les terroristes wahabites. Quarante et une personnes de cette famille ont été égorgées le même jour. Un autre massacre a été perpétré par l’Armée Libre de Syrie en retrait de Baba Amro : elle s’est arrêtée près de Rableh, à la frontière libanaise et a massacré quatorze membres d’une même famille alaouite à Hasibiyeh.
RETROSPECTIVE
Voilà une année que je me suis penchée sur la situation en Syrie pour essayer de la comprendre. Par après je me suis rendue par trois fois sur les lieux chauds de notre diocèse et je puis dire que je suis devenue témoin oculaire. En regardant en arrière je vois que je ne me suis pas trompée dans mes pronostics. Avec des journalistes belges nous avons été les premiers au monde à faire état de « bandes armées non identifiées ». Aujourd’hui ces bandes ont été identifiées. Nous pouvons leur donner un nom. Elles sont regroupées sous le titre de l’Armée Libre de la Syrie bien qu’elles soient d’origine salafiste ou wahabite, c'est-à-dire des formations para militaires d’islamistes ultra radicaux.
Nous remercions toutes les instances qui, durant l’année écoulée, ont sommé le régime syrien, même si souvent c’était à tort et à travers à partir de fausses informations, d’arrêter ses violences envers la population civile. Mais quid des sévices de l’opposition syrienne ? Ou plutôt des factions armées qui se réclament d’elle ? Aujourd’hui le mal est fait. Ce que nous craignions est en train d’arriver : l’exode des chrétiens de Syrie commence. Ils le partagent avec leurs frères et sœurs des autres confessions. Il nous rappelle celui des chrétiens d’Irak. Espérons que la tendance soit enrayée par l’arrêt des hostilités et l’instauration d’un dialogue entre toutes les composantes du peuple syrien.
Nous sommes tous pour la liberté et la démocratie. Malheureusement les nobles objectifs brandis par l’opposition syrienne ont été phagocytés par l’islamisme. En portant l’opposition aux nues -au début c’était à juste titre- on a cru sans vérification tout ce que disaient le fallacieux Observatoire syrien des droits de l’homme puis les « comités de coordination locale ». Or, au gré des nécessités, ces organismes faisaient plus du trucage que de l’information. Non seulement l’information apportée était unilatérale et partisane mais souvent elle a été tronquée et falsifiée. La réalité n’était plus conforme à leurs déclarations fastidieuses.
Par ailleurs les évènements m’ont donné raison et, ce qui me console, c’est que la communauté internationale elle-même est en train d’appuyer la thèse d’une perversion de l’opposition syrienne qui est devenue, à l’insu de beaucoup de ses supporters, un paravent pour le sunnisme radical.
La presse mainstream commence petit à petit à comprendre la réalité du conflit en Syrie en révélant certains de ses côtés trop longtemps occultés : la présence de factions armées dont l’objectif était de créer de toutes pièces un scénario de guerre confessionnelle semblable à celui du Liban. Ceci explique l’acharnement subi pendant des mois par les alaouites de la part des bandes armées. Les chrétiens en ont aussi été victimes mais dans une moindre mesure. L’objectif de ces groupes armés était de pousser les minorités à s’armer pour qu’éclate la guerre confessionnelle. Mais cette réaction n’est jamais venue. A part des cas isolés, les minorités ne se sont pas armées. Elles ont attendu patiemment que les forces de l’ordre viennent les protéger. Elles ont payé ainsi un très lourd tribut de sang en attendant leur délivrance. L’histoire rendra hommage à la maturité du peuple syrien qui, par sa sagesse millénaire, a évité de verser dans le pire alors que tout était à sa disposition pour se venger de « l’autre ». Il faut aussi dire que la majorité des musulmans en Syrie décrient les salafistes et prennent leur distance du wahabisme. Ils disent que tout extrémisme est une déformation et que le salafisme, inspiré du wahabisme, est devenue une hérésie surtout lorsqu’il a recours à l’élimination des « kuffar » ou « renégats », en fait toute personne qui n’accepte pas ses fondamentaux.
En définitive le monde occidental, tributaire d’une information tendancieuse, se trompe grandement en appliquant à ces groupements hétéroclites islamistes le titre d’Armée Libre de la Syrie. Il faut distinguer les choses pour ne pas favoriser le pire.
Et quoi dire de plus ? Human Rights Watch a écrit une lettre ouverte au « Conseil National Syrien » pour l’inviter à dénoncer des actes de barbarie à l’encontre de la population civile syrienne et les forces de l’ordre, actes contraires à la Charte des Droits de l’homme et à la Convention de Genève commis par les bandes armées affiliées à l’opposition. L’ambassadeur des Etats-Unis à Damas se lamente sur les violences inacceptables des bandes armées agissant au nom de l’opposition. Les grandes puissances et les médias internationaux parlent ouvertement d’une dérive confessionnelle de certaines branches armées affiliées à l’opposition syrienne dans lesquelles on découvre des factions de Al Qaeda, des Salafistes et des Wahabites. Pax Christi Canada adresse une lettre aux dirigeants de ce monde pour leur demander de ne plus intervenir au Moyen-Orient par les moyens militaires. La France a pour sa part refusé l'entrée de son territoire au Cheikh Qaradawi qui incitait sans cesse sur Al Jazirah arabe pour une guerre confessionnelle. L'affaire Merah à Toulouse contribuera à dessiller les yeux sur les dangers de la chaîne Al Jazzirah dont les locaux dans la tour Montparnasse ont été perquisitionnés par la police française.
Alors que la communauté internationale cherche à favoriser le dialogue et l’apaisement il est désormais inacceptable que des responsables et des journalistes continuent à croire à l’aveuglette les déclarations des réseaux d’information tendancieux qui couvrent le crime de ces bandes armées s’affiliant à l’opposition syrienne pour son plus grand dam. En ignorant les exactions et les crimes de ces bandes armées et en saluant leur « combat » on encourage leurs crimes et on ne porte pas assistance à personnes en danger. Seule une information objective et sans parti pris, fidèle à la réalité des faits, pourra aider à arrêter la violence et à amener toutes les factions à dialoguer en vue d’un vrai processus démocratique. Il faut dénoncer le mal où qu’il se trouve sans état d’âmes. Un minimum de vérification est de mise dans la confusion qui prévaut.
CONCLUSION
Nos prières s’élèvent pour que la Syrie sorte purifiée et pacifiée de cette terrible épreuve et que la voix de la majorité écrasante du peuple syrien, toutes confessions confondues, soit entendue : entreprendre les réformes nécessaires sans briser le pacte national ni verser dans la guerre confessionnelle.
En ce glorieux temps pascal que le Seigneur vainqueur de la mort nous visite comme Il le fit à Sa Mère et à Ses Apôtres et qu’Il nous évangélise avec Sa Paix, basée sur la destruction du mur de la haine dans Son Corps livré pour nous. Lui seul nous apprend à aimer le prochain jusqu’à nous livrer pour lui. Tel est le message que nous aimerions faire entendre de Syrie à ceux qui sont près et à ceux qui sont loin.
Qâra, 31 mars, Dimanche des Rameaux 2012, mondialisation
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Meeting oratoire salafiste à Wadi Khaled
Des manifestants salafistes libanais et syriens scandent des slogans anti-Assad. Photo Reuters
Le courant salafiste à Wadi Khaled a organisé un meeting oratoire sous le thème « Soutien au peuple syrien et à sa révolte ».
Le rassemblement a eu lieu sur la place Msalbiyeh à Wadi Khaled en présence du cheikh salafiste Ahmad Assir, du fondateur du mouvement salafiste au Liban, cheikh Daï Islam el-Chahal, d’une délégation de la Jamaa islamiya présidée par le responsable du mouvement au Akkar, Mohammad Hocher, du cheikh Haytham Rifaï et d’un certain nombre de religieux et de sympathisants.
S’adressant aux « fils de la révolution syrienne », cheikh Imad Khaled les a qualifiés d’hommes « dignes, fiers et authentiques ». Prenant la parole à son tour, le représentant de la Jamaa islamiya a salué les jeunes de Homs – « qui se trouve à quelques pas d’ici » – et applaudi leur héroïsme et leur prise de position digne face à l’injustice et à l’oppression. lorientlejour