source bbc
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Tahrir à feu et à sang pour les un an du printemps arabe
La police militaire égyptienne a allumé des incendies sur la place Tahrir et violemment dispersé les manifestants devant l'immeuble du gouvernement le jour du premier anniversaire de la révolution arabe, le 17 décembre. Des images très violentes circulent sur Facebook et les réseaux sociaux égyptiens et arabes.
Texte en préambule : A ceux qui défendent les militaires, aux absents qui pensent que l'armée et le peuple n'ont font qu'un, à Kamal Al Janzouri (Premier ministre) : est-il vrai que tu disais que c'est la plus belle armée de la terre ?
Il y a un an à cette date, Mohammed Bouazizi s'était immolé à Sidi Bouzid, en Tunisie. Les témoignages abondent sur le Web égyptien sur ce qui s'est passé sur la place.
Pendant deux jours, la bataille qui porte le hashtag #OccupyCabinet sur Twitter (occuper l'immeuble du gouvernement) a fait rage : entre huit et dix personnes ont été tuées et plusieurs centaines blessées quand les militaires ont attaqué des manifestants qui campaient devant le siège du gouvernement depuis trois semaine, au Caire. Ils protestaient contre la nomination par les militaires de Kamal El Ganzouri comme Premier ministre, au début du mois de décembre.
Kamal El Ganzouri a donné une conférence de presse, assurant que l'armée n'attaquerait pas des manifestants pacifiques. Quelques minutes plus tard, une offensive violente a été déclenchée contre eux, les refoulant du siège du Cabinet et mettant le feu aux tentes sur la place Tahrir. Des témoignages oculaires ont afflué aussitôt sur Twitter.
OneRevolution :
@nagoul1 : Il y a un massacre sur la place #Tahrir right #en ce moment ! #egypt #NoScaf #lapressesetait
Un peu plus tard :
@Nagoul1 : Nous avons perdu la place ! #Tahrir #Egypt #NoScaf
Il donne des explications :
@nagoul1 : L'armé a utilisé des balles réelles pour disperser les manifestants sur #tahrir en les forçant a reculer depuis l'immeuble du siège du gouvernement jusqu'au milieu de la place.
Il donne son lieu d'observation :
@nagoul1 : Je me trouve à trois pâtés de maison de là où ça se passe. Il y a beaucoup de bruit.
Sur Twitter, Sharif Khaddous a envoyé cette photo de la place Tahrir vue de haut :
@sharifkouddous : Des groupes de soldats patrouillent sur la place. Ils tombent sur des gens, au hasard, pour les rouer de coup. Il y a des tentes qui brulent. Tahrir ressemble à une zone de guerre.
Le journaliste ajoute :
@sharifkouddous : Des militaires viennent de faire irruption dans l'appartement où nous nous trouvons et ont saisi nos caméras.
Comme souvent, les journalistes n'ont pas été épargnés durant les passages à tabac et arrestations des manifestants. Hayat Al Yamani a tweeté que des collègues étaient arrêtés :
@HayatElYamani : La police militaire a arrêté ma collègue d'Al Jazeera Egypte, Mubasher, qui filmait au lever du jour.
@HayatElYamani : La police militaire a fait irruption dans l'endroit d'où nous filmions à l'aube, a saisi les équipement et arrêté trois de mes collègues.
Bel Trew était également sur place et a live-tweeté. Voici quelques uns de ses tweets, envoyé au milieu du chaos général :
@Beltrew : Tentes en feu sur la place. Armée partout, extrêmement violents. j'entends des bangs, sais pas si c'est des coups de feu #tahrir est sens dessus dessous
@Beltrew : Manifestants sont pourchassés vers la corniche, courant au milieu de la circulation. C'est ridicule. #tahrir
Adam Makary s'est exclamé :
@adamakary : Le premier ministre Ganzouri AVAIT DIT qu'il n'y aurait pas usage de violences contre les manifestants pacifiques, il y a à peine quelques minutes #Egypt
Il a ajouté :
@adammakary : La police militaire a pris tahrir et qasr el aini - Ils ont bouclé chaque toit et chaque route qui y arrive. Des images qui font mal.
Il a partagé cette photo.
@adammakary : Voilà #tahrir en ce moment, je suis sans voix #egypt #occupycabinet
Il explique :
@adamakary : La police militaire met le feu à chaque tente alentours, casse des voitures, tout…n'importe quoi #egypt
Source rue89
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Des affrontements ont opposé dimanche dans le centre du Caire, pour la troisième journée consécutive, les forces de sécurité à des manifestants réclamant toujours que l'armée quitte le pouvoir. Selon le ministère de la Santé, les violences ont fait 10 morts et 441 blessés depuis vendredi.
Protestaires et soldats ont continué dimanche à se bombarder mutuellement de pierres et de cocktails incendiaires, près du Parlement et de la Place Tahrir dans le centre de la capitale égyptienne. "Tout est normal", ironisait Ahmed Yacoub, un manifestant. "La police et l'armée font un usage excessif de la force avec des pierres, et ils disent qu'ils protègent la révolution".
Les violences ont débuté dans la nuit de jeudi à vendredi quand l'armée a délogé des manifestants qui campaient pacifiquement depuis trois semaines devant le siège du gouvernement. Des images filmées par des journalistes de chaînes de télévision privées ou des témoins sur leur téléphone portable ont témoigne de la brutalité de l'intervention de l'armée. Des manifestants ont été passés à tabac, frappés à terre, tandis que des femmes ont été traînées par les cheveux. Les tentes du campement ont été incendiées.
Des militaires en tenue anti-émeute et armés de bâtons ont pourchassé les manifestants, les forçant à battre en retraite sur la Place Tahrir. Plus tard, les forces de sécurité ont chargé sur la place pour disperser les manifestants, incendiant leurs campements. Certains témoignages, non confirmés, ont fait état de tirs à partir de toits.
Le Conseil suprême des forces armées (CSFA), au pouvoir depuis la démission du président Hosni Moubarak le 11 février dernier sous la pression de la rue, s'efforce de justifier l'intervention des soldats. Il présente les manifestants comme des hooligans, des "contre-révolutionnaires" représentants d'une "conjuration".
Le CSFA cherche également à isoler les dirigeants du mouvement de protestation, tablant sur la lassitude de la population en quête de stabilité politique et de sécurité, note Mohammed Abbas, ancien militant des Frères Musulmans aujourd'hui au côté des mouvements de jeunesse plus actifs dans les manifestations.
"Le Conseil des Forces armées utilise toutes les occasions pour se présenter comme la plus forte institution du pays. Nous rendons la tâche plus facile aux généraux avec nos divisions et notre isolement", déplore-t-il.
Ces violences sont les plus importantes depuis les affrontements de novembre entre manifestants et forces de sécurité qui ont fait plus de 40 morts dans le même secteur du Caire, Place Tahrir et dans ses environs.
Elles interviennent sur fond d'élections législatives dont la première phase, qui a débuté le 28 novembre, a été marquée par la domination des partis islamistes. "Liberté et Justice", la formation des Frères musulmans, a recueilli quelque 36% des voix, tandis que le parti Al-Nour (salafiste) a obtenu 24% des voix.
La deuxième phase de l'élection a eu lieu mercredi et jeudi dans neuf des 27 provinces du pays. D'après de premiers résultats partiels, les partis islamistes -qui se tiennent soigneusement à l'écart des manifestations- sont en tête.
La troisième phase du scrutin est prévue début janvier 2012. Ce sont les premières élections depuis la chute de Moubarak.
source tempsreel.nouvelobs
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Le bâtiment, à deux pas de la place Tahrir, a été incendié lors des affrontements entre manifestants et force de l'ordre.
A deux pas de la place Tahrir, l'Institut d'Egypte fondé par Napoléon Bonaparte, incendié lors des affrontements entre manifestants et forces de l'ordre, n'est plus qu'une ruine où d'inestimables archives et ouvrages historiques sont partis en fumée.
Dimanche, des volontaires tentaient, à travers les barreaux des fenêtres du rez-de-chaussée, de récupérer à l'intérieur du bâtiment quelques pages déchirées ou livres largement calcinés pour les stocker dans des sacs en plastique.
«Nous essayons de sauver ce que nous pouvons de ces documents historiques. Le bâtiment peut s'effondrer d'un moment à l'autre», affirme Olfa, une jeune femme qui remplit un sac de papiers partiellement en cendres.
«Nous allons les remettre aux autorités» avant qu'ils ne soient totalement détruits ou volés, assure pour sa part Momtaz, venu avec d'autres ramasser des lambeaux de papier.
Mais autour d'eux des adolescents jouent avec des pages qu'ils trouvent éparpillées sur le trottoir, ou trempant dans des flaques d'eau.
Et aux alentours, où les affrontements se poursuivent entre manifestants hostiles au pouvoir militaire et forces de l'ordre, personne ne semble faire grand cas de ces précieux documents réduits en cendres.
De la fumée continuait de se dégager dimanche du bâtiment incendié la veille dans des circonstances non déterminées précisément. L'armée met en cause des cocktails Molotov lancés par les manifestants, mais cette version est aussi contestée.
Les murs extérieurs, noircis autour des fenêtres, sont encore debout, mais la toiture et les planchers se sont effondrés. L'intérieur n'est plus qu'un amoncellement de gravats calcinés d'où émergent des fragments d'étagères ou des morceaux de reliures.
L'Institut a été fondé en 1798 lors de l'expédition en Egypte de Napoléon Bonaparte, dans le but de faire progresser la recherche scientifique. Son bâtiment actuel, qui date du début du XXème siècle, abritait quelque 200.000 ouvrages, certains rarissimes, relatifs notamment à l'histoire et à la géographie de l'Egypte.
Parmi ses pièces les plus précieuses, des volumes d'une édition originale de la monumentale Description de l'Egypte, somme des connaissances sur ce pays faite par les savants de l'expédition de Bonaparte, qui auraient été détruits, selon la presse égyptienne.
Le ministère de la Culture a demandé un inventaire des dégâts, quand la situation dans le secteur de Tahrir le permettra.
«Cela me remplit de tristesse et de désarroi. C'est un énorme désastre pour l'Egypte» affirme à l'AFP Raouf el-Reedy, ancien ambassadeur d'Egypte à Washington et membre de l'Institut.
«Cet Institut est un élément de l'histoire partagée entre la France et l'Egypte», ajoute l'archéologue Christian Leblanc, qui en est membre lui aussi.
Le ministre de la Culture Chaker Abdel Hamid a qualifié l'incendie de «catastrophe pour la science», et annoncé la «formation d'un comité de spécialistes de la restauration des livres et des manuscrits quand les conditions de sécurité le permettront».
«Le bâtiment contenait des manuscrits très importants et des livres rares dont il est difficile de trouver l'équivalent dans le monde», a-t-il déclaré, faisant état d'efforts associant «des jeunes de la révolution, le Conseil supérieur de la culture et des restaurateurs pour sauver ce qui peut l'être».
Le ministre des Antiquités, Mohamed Ibrahim, a indiqué dans un communiqué qu'il allait demander aux autorités françaises de contribuer à la restauration du bâtiment.
source .liberation.fr