ENTRETIEN DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE, FRANÇOIS HOLLANDE,
AVEC LE SITE INTERNET D’INFORMATION "SLATE.FR" (Paris, le 7 mai 2012)
Pacte de croissance européen
Q - Quel bilan tirez-vous de la demande d’un pacte de croissance européen, que vous avez portée tout au long de votre campagne ?
R - La campagne présidentielle française a eu le mérite de faire ressurgir l’exigence de croissance. Le mot figure dans le traité budgétaire. Mais, sans contenu ni application concrète. Or à défaut d’activité économique supplémentaire, il sera difficile, voire impossible de réduire les déficits et de maîtriser la dette. Des personnalités éminentes se sont prononcées en faveur de ce pacte de croissance, comme le président de la BCE (Banque centrale européenne) Mario Draghi mais aussi plusieurs chefs de gouvernement. En Espagne, au Portugal, aux Pays-Bas, en Italie, chacun admet que la seule austérité ne pourra permettre de revenir à l’équilibre des comptes publics. J’estime que pour cette seule raison, la campagne présidentielle française aura été précieuse, c’est pourquoi son déroulement et son issue ont été regardés bien au-delà de nos frontières.
Q - Vos solutions pour relancer la croissance semblent pourtant différentes de celles préconisées par Mario Draghi ou Angela Merkel…
R - Des réformes structurelles sont à mener pour améliorer la compétitivité, réformer la fiscalité, et renforcer notre industrie. C’est le sens du pacte productif que j’ai proposé.
L’économie de l’offre n’est pas séparable d’une stimulation plus directe de la demande. Non pas avec les formules keynésiennes d’autrefois : les moyens ne peuvent être des dépenses publiques supplémentaires, puisque nous voulons les maîtriser, ni des allègements fiscaux, qui nous sont interdits. Mais la mise en œuvre d’instruments à l’échelle européenne, cela passe par l’augmentation du capital de la Banque européenne d’investissement, la mobilisation des fonds structurels, la taxe sur les transactions financières qui permettrait de financer des travaux d’infrastructures. L’Europe pourrait enfin décider de lever l’emprunt : c’est tout l’enjeu des « eurobonds » ou des « project bonds »
Relations franco-allemandes
Q - La chancelière allemande est opposée à cette dernière solution…
R - Sur cette question, nous aurons des discussions avec nos partenaires, et particulièrement avec nos amis allemands, mais ils ne peuvent pas poser deux verrous à la fois, un sur les « eurobonds » et un autre sur le refinancement direct des dettes par la BCE.
Q - Vous n’avez pas été reçu par Angela Merkel durant la campagne, mais avez été soutenu par le chef du SPD Sigmar Gabriel. Appréhendez-vous vos premiers échanges ?
R - Non. Il n’y a aucune séquelle liée à l’élection présidentielle française. J’ai parfaitement compris qu’Angela Merkel soutienne Nicolas Sarkozy pour l’action qu’ils ont menée ensemble, même si je l’ai contestée quant à ses résultats, et aussi pour leur sensibilité politique commune. Et elle-même ne peut me faire le reproche d’adopter la même attitude à l’égard des sociaux-démocrates allemands : ceux-ci occupent par ailleurs une position-clé pour faire ratifier le traité budgétaire au Bundestag, où une majorité qualifiée est nécessaire, et posent également comme condition à cette ratification l’ajout d’un pacte de croissance.
Q - L’existence d’un couple « Merkozy » a été critiquée en Europe. Quelle est votre position sur ce couple franco-allemand ?
R - Autant je crois au moteur franco-allemand, autant je conteste l’idée d’un duopole. La construction européenne repose sur une relation France-Allemagne équilibrée et respectueuse. Les couples Schmidt-Giscard, Kohl-Mitterrand, et même Chirac-Schröder ont prouvé que les différences politiques n’empêchaient pas le travail commun. Mais ces dirigeants veillaient à conjuguer la démarche intergouvernementale avec le processus communautaire, c’était la meilleure façon d’éviter que nos partenaires éprouvent le sentiment d’être écartés, ou pire encore soumis.
Cet équilibre a été modifié ces dernières années. Le rapport franco-allemand a été exclusif. Les autorités européennes ont été négligées et certains pays, notamment les plus fragiles, ont eu la désagréable impression d’être en face d’un directoire.
Relations avec la Grande-Bretagne
Q - Vous n’avez pas non plus été reçu par David Cameron, le Premier ministre, et la presse britannique et la City n’ont pas forcément été tendres à votre égard. Sur quelles bases comptez-vous renforcer la relation franco-britannique ?
R - Reconnaissons que les Britanniques ont été particulièrement timides sur les enjeux de la régulation financière, et attentifs aux seuls intérêts de la City. D’où leurs réticences à la mise en place de la taxe sur les transactions financières et à l’harmonisation fiscale en Europe. Et qui s’ajoutent à une relative indifférence à l’égard du sort de la zone euro, car la Grande-Bretagne est davantage protégée de la spéculation puisque la Banque centrale peut intervenir directement pour le financement de la dette. L’Europe n’est pas un tiroir caisse et encore moins un self service.
Je rencontrerai rapidement David Cameron pour évoquer les avantages d’une coopération plus poussée de nos deux pays au plan industriel et pour poursuivre le rapprochement engagé en matière de défense.
Redonner l’envie d’Europe
Q - Comment remédier au désamour envers l’Europe, relancer l’envie d’Europe ?
R - Je le dis nettement. Et l’élection présidentielle vient d’envoyer un nouveau signal : s’il n’y pas un rétablissement de la confiance entre les peuples et l’Europe, nous assisterons à une montée des populismes qui finira par entraver le projet européen, et un jour par faire éclater la zone euro. Un sursaut est nécessaire pour fixer de nouvelles perspectives, ouvrir de nouveaux chantiers, protéger les citoyens.
Plutôt que de rechercher des nouvelles avancées sur l’Europe politique, je propose de relever un nouveau défi : après l’Europe de l’acier ou du charbon ou de l’Europe agricole au début des années 1960, le grand marché dans les années 1980, c’est « l’Europe de l’énergie » avec des objectifs communs en matière d’économies d’énergie, de montée des énergies renouvelables, de sécurité des installations…
Q - Vous écartez donc l’hypothèse de nouveaux traités ?
R - Oui, aujourd’hui, tout traité institutionnel serait difficile à faire ratifier sans le rétablissement d’une relation de confiance entre les peuples et l’union. En revanche, un traité sur la croissance, l’emploi et l’énergie pourrait mobiliser les opinions. La France et l’Allemagne peuvent aussi montrer le chemin cinquante ans après le traité de l’Élysée (1963), notamment sur les aspects éducatifs, universitaires et culturels.
La France, du leadership à l’initiative
Q - Sur la scène mondiale, votre prédécesseur a fait preuve à plusieurs reprises au nom de l’Europe de son leadership, sur la Géorgie, la Libye, la crise financière… Est-ce aussi votre ambition ?
R - La France n’est pas n’importe quel pays d’Europe et son président n’est pas n’importe quel chef d’État du monde. Donc il a parfois à prendre, non pas la direction ou le leadership, mais l’initiative. Nicolas Sarkozy a pu le démontrer durant le quinquennat. Cela a été parfois heureux. Je pense à l’action décidée par l’ONU en Libye. Parfois malencontreux. Je pense à l’Union pour la Méditerranée dont l’impréparation a conduit à l’échec. Oui, j’entends donner à la France toute sa place dans l’affirmation d’une ambition internationale. Sur la crise financière, ce qui a manqué, c’est de la constance et de la persévérance notamment sur la maîtrise de la finance, la lutte contre les paradis fiscaux, la taxe sur les transactions financières
De même, face à la Chine, l’Europe est allée en ordre dispersé pour résorber les déséquilibres commerciaux. Il a fallu attendre qu’Obama pose les conditions de la « réciprocité » pour que le mot même soit à nouveau prononcé, et je rappelle que la convertibilité de la monnaie chinoise aurait dû être évoquée au G20. Je considère que la réforme du système monétaire international doit être une priorité dans notre agenda.
Relations avec les États-Unis
Q - Les États-Unis risquent de regarder d’abord avec méfiance un changement de président en France, qui plus est pour un socialiste. Comment pensez-vous vous y faire connaître et reconnaître ?
R - J’ai parfaitement compris l’attitude du président Obama dans la campagne présidentielle française. Il n’avait aucune raison de marquer une distance avec Nicolas Sarkozy. C’est la solidarité élémentaire que se doivent des chefs d’État qui ont agi ensemble. Barack Obama lui-même est soumis cette année à réélection. Et ce scrutin aura une grande importance dans le monde.
La politique étrangère de l’administration démocrate a marqué des inflexions sérieuses et bénéfiques par rapport à la précédente. De même, nous avons des convergences sur le plan économique. Je veillerai donc à affirmer l’indépendance de la France sans compliquer la tâche de Barack Obama. Ainsi sur la présence des troupes française en Afghanistan, je réaffirmerai la position du retrait fin 2012, qui a été la mienne durant la campagne, en bonne intelligence avec nos alliés.
Q - Vous ne partagez pas sa position sur l’utilisation des réserves stratégiques de pétrole pour faire baisser les prix à la pompe…
R - Je le respecte. Je sais combien la question du prix des carburants pèse dans le débat politique américain. En France, la hausse continue du prix de l’énergie n’est pas sans lien avec des votes populistes qui ont pu s’exprimer. J’imagine qu’aux États-Unis la même exaspération existe.
Nucléaire iranien
Q - Quelle est votre position sur la crise liée au programme nucléaire iranien ?
R - Je n’ai pas critiqué la position ferme de Nicolas Sarkozy par rapport aux risques de prolifération nucléaire. Je le confirmerai avec la même force et la même volonté. Et je n’admettrai pas que l’Iran, qui a parfaitement le droit d’accéder au nucléaire civil, puisse utiliser cette technologie à des fins militaires.
Q - Sur ce sujet, l’administration Obama semble plus souple, plus encline à la négociation, que le gouvernement français…
R - Les Iraniens doivent apporter toutes les informations qui leur sont demandées et en terminer avec les faux-semblants. Les sanctions doivent être renforcées autant qu’il sera nécessaire. Mais je crois encore possible la négociation pour atteindre le but recherché.
Place de la France dans l’OTAN
Q - Vous avez parfois semblé flou quant à la présence française dans l’OTAN durant la campagne ?
R - J’ai regretté cette décision, dans les conditions où elle a été prise en 2008. Les objectifs qui avaient été posés, et notamment le renforcement du pilier européen de défense, n’ont pas été atteints.
Je n’entends pas pour autant revenir à la situation antérieure. Je demanderai une évaluation sur la place de la France et les responsabilités qui nous ont été confiées dans le commandement militaire.
Afrique et Moyen-Orient
Q - Sur l’Afrique et le Moyen-Orient, partagez-vous la position d’Alain Juppé d’une extrême fermeté vis-à-vis des islamistes avec lesquels on peut parler, à condition que certaines lignes rouges ne soient pas franchies : respect des droits fondamentaux, respect du choix libre des électeurs, acceptation de l’alternance au pouvoir ?
R - La France ne doit pas changer de principes en fonction des circonstances ou des situations. Ceux qui valaient au moment des printemps arabes, quand les régimes empêchaient l’avènement de la démocratie, doivent être évoqués avec les pouvoirs sortis des urnes dans ces mêmes pays, notamment en Tunisie et en Égypte. Le bon fonctionnement de la démocratie, l’égalité hommes-femmes ou la place respective de la société et de l’État doivent être rappelés autant que nécessaire.
L’enjeu est de savoir si des partis qui se réclament de l’islam peuvent rentrer dans un processus démocratique de long terme. C’est pourquoi la réussite de cette transition est très importante. Les Tunisiens en ont fait la démonstration, même si nous voyons bien que des menaces existent.
Situation dans le Sahel
Q - Quelle est votre analyse de la situation dans la zone du Sahel ?
R - Je suis très préoccupé de ce qui s’y passe. J’ai approuvé l’intervention en Libye, mais j’ai regretté que l’accompagnement n’ait pas suivi, et aujourd’hui une partie des débris de l’armée libyenne et des forces qui l’ont soutenue se retrouve dans cette zone, et déstabilise le Niger et le Mali. Ce n’est pas la seule cause des désordres. Là encore, l’Europe doit comprendre qu’elle aurait avantage à accompagner plus fortement le développement des pays concernés.
Nous avons aussi le problème spécifique d’Areva, qui est pour le Niger une source de retombées très significatives : on voit bien l’intérêt des forces d’Aqmi ou liées à ces réseaux d’empêcher le développement du Niger.
La France et l’islam
Q - L’arrivée au pouvoir dans de nombreux pays situés de l’autre côté de la Méditerranée d’islamistes est-elle à même de renforcer encore les peurs et les fantasmes en France qui ont été très présents pendant la campagne présidentielle française ?
R - J’ai déploré qu’il y ait eu des confusions et des amalgames. Les étrangers peuvent être d’originaire africaine, maghrébine, sans être musulmans. Et être musulmans sans être communautaristes. Je veux faire respecter en France des valeurs qui permettent à chaque individu de pratiquer le culte de son choix mais dans le cadre des règles communes de la laïcité. ambassadefrance-tn
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Version arabe
حديث رئيس الجمهورية السيد فرنسوا هولاند إلى موقع "سليت" على الانترنيت
أي ميثاق للنمو؟
"سليت": ما هي الحصيلة التي تستخلصها من طلبك وضع ميثاق للنمو الأوروبي الذي ناديت به طوال حملتك الانتخابية؟
فرنسوا هولاند: كان للحملة الرئاسية الفرنسية الفضل في انبثاق شرط النمو مجدداً. الكلمة موجودة في معاهدة الموازنة، لكن من دون محتوى ولا تنفيذ ملموس. إذ إن لم يتشكل نشاط إقتصادي إضافي سيكون من الصعب، حتى من المستحيل، خفض العجز والتحكم بالدين. ثمة شخصيات معتبرة أعلنت تأييدها لميثاق النمو هذا، كرئيس البنك المركزي الأوروبي ماريو دراغي وكذلك العديد من رؤساء الحكومات. في اسبانيا والبرتغال وهولاندا وإيطاليا، يقر الجميع بأن التقشف وحده لا يمكنه السماح بالعودة إلى التوازن في الحسابات العامة. وأقدر بأن الحملة الرئاسية الفرنسية كانت قيمة نظراً لهذا السبب وحده، ولهذا لقيت متابعتها ونتيجتها إهتماماً تخطى حدودنا.
"سليت": تبدو حلولك لإعادة إطلاق النمو مختلفة عما تصوره ماريو دراغي أو أنجيلا مركل...
هولاند: يجب القيام باصلاحات بنيوية لتحسين القدرة التنافسية وإصلاح جباية الضرائب، وتعزيز صناعتنا. هذا هو معنى الميثاق الانتاجي الذي اقترحته.
إقتصاد العرض ليس مفصولاً عن التحفيز الأكثر مباشرة للطلب. ليس عبر صيغ كينيزية من الماضي: الوسائل لا يمكنها أن تكون نفقات عامة إضافية لأننا نريد التحكم بها، ولا تخفيضات ضريبية محظورة علينا. ولكن تنفيذ أدوات على مستوى أوروبي، يمر عبر زيادة رأسمال البنك الأوروبي للإستثمار، وتعبئة الصناديق البنيوية، والضريبة على المعاملات النقدية التي قد تسمح بتمويل أعمال البنى التحتية. ويمكن لأوروبا أخيراً إتخاذ قرار برفع نسبة الإقتراض: هذا هو كل رهان "الأوروبوند" أو "بروجيكت بوند".
العلاقات الفرنسية ـ الألمانية
سؤال: تعارض المستشارة الألمانية هذا الحل الأخير...
هولاند: سيكون لدينا مناقشات حول هذه المسألة مع شركائنا وبشكل خاص مع أصدقائنا الألمان، لكنهم لا يستطيعون وضع حاجزين في آن، واحد حول "الأوروبوند" والآخر حول إعادة التمويل المباشر للديون من قبل البنك المركزي الأوروبي.
سؤال: لم تستقبلك أنجيلا مركل خلال الحملة الانتخابية، لكنك تلقيت مساندة زعيم الحزب الاشتراكي الديموقراطي سيغمار غبرييل. هل تخشى مناقشاتكما الأولى؟
هولاند: كلا. لا يوجد أي أثر مرتبط بالإنتخابات الرئاسية الفرنسية. فهمت جيداً بأن أنجيلا مركل تساند نيكولا ساركوزي بسبب العمل الذي قاما به سوية، مع أنني اعترضت على نتائجه، وبسبب حساسيتهما السياسية المشتركة. وهي لا يمكنها أن تلومني لأنني اعتمدت السلوك نفسه إزاء الاشتراكيين ـ الديموقراطيين الألمان: يحتل هؤلاء موقعاً أساسياً للتصديق على معاهدة الموازنة في البوندستاغ، حيث من الضروري الحصول على غالبية وازنة، ويضعون أيضاً إضافة ميثاق للنمو كشرط للتصديق.
سؤال: لقد تم انتقاد وجود الثنائي "مركوزي" في أوروبا، فما هو موقفك من الثنائي الفرنسي ـ الألماني؟
هولاند: بقدر ما أؤمن بالمحرك الفرنسي ـ الألماني بقدر ما أعترض على فكرة المحور الثنائي. فالبناء الأوروبي يعتمد على علاقة متوازنة ومتبادلة الاحترام بين فرنسا وألمانيا. فالثنائي شميدت ـ جيسكار، وكول ـ ميتران، وحتى شيراك ـ شرودر أثبتوا بأن الاختلافات السياسية لا تمنع العمل المشترك. لكن هؤلاء القادة كانوا يحرصون على تلازم المسعى بين الحكومات مع المسيرة الاتحادية. كانت الطريقة الفضلى لتفادي شعور شركائنا بالاستبعاد او الشعور بما هو أسوأ أي بالخضوع.
لقد تغير هذا التوازن في هذه السنوات الأخيرة. فالعلاقة الفرنسية ـ الألمانية كانت حصرية. وتم إهمال السلطات الأوروبية وبعض البلدان، لاسيما الأكثر هشاشة، تكون لديها انطباع مزعج بأنها في إزاء حكومة المديرين.
مع بريطانيا العظمى
سؤال: وأيضاً لم يستقبلك رئيس الوزراء دافيد كاميرون، والصحافة البريطانية ومركز المال والأعمال ( السيتي) لم يكونا رقيقين حيالك. فعلى أي قاعدة تبغي تقوية العلاقات الفرنسية ـ البريطانية ؟
هولاند: فلنعترف بأن البريطانيين كانوا خجولين بشكل خاص في شأن استحقاقات التنظيم المالي، ومتنبهين فقط على مصالح مركز المال والأعمال. من هنا جاءت تحفظاتهم على وضع ضريبة على التعاملات المالية والملاءمة الضريبية في أوروبا اللتين يُضاف إليهما لامبالاة نسبية إزاء مصير منطقة الأورو، لأن بريطانيا العظمى محمية أكثر من المضاربات لأن البنك المركزي يمكنه ان يتدخل مباشرة لتمويل الدين. فأوروبا ليست دِرج حساب وليست أبداً خدمة ذاتية بحسب المزاج.
سألتقي بسرعة دافيد كاميرون للتطرق إلى فوائد التعاون الأكبر بين بلدينا على الصعيد الصناعي ولمواصلة التقارب الذي بدأ في مجال الدفاع.
إعادة بث الرغبة بأوروبا
سؤال: كيف يمكن معالجة غياب الشغف بأوروبا، وإعادة بث الرغبة فيها؟
هولاند: أقولها بوضوح، والانتخابات الرئاسية أرسلت للتو إشارة جديدة: إذا لم يكن هناك ترميم للثقة بين الشعوب وأوروبا فسنشهد صعوداً للشعبويات التي تنتهي بعرقلة المشروع الأوروبي، ويوماً تشظي منطقة الأورو. ثمة وثبة ضرورية لتحديد آفاق جديدة وفتح ورش جديدة وحماية المواطنين.
فبدل البحث عن خطوات متقدمة جديدة في شأن أوروبا السياسية، أقترح رفع تحدٍ جديد: بعد أوروبا الصلب أو الفحم أو أوروبا الزراعية في بداية الستينات، والسوق الكبرى في الثمانينات، هناك "أوروبا الطاقة" بأهداف مشتركة في مجال إقتصاد الطاقة، وصعود أنواع الطاقة البديلة وامن المواقع والأجهزة...
سؤال: إذاً إنك تستبعد فرضية المواثيق الجديدة؟
هولاند: نعم اليوم، قد يكون من الصعب التصديق على أي ميثاق مؤسساتي من دون ترميم علاقة الثقة بين الشعوب والإتحاد. في المقابل، إن ميثاقاً حول النمو والعمل والطاقة يمكنه تحريك الرأي العام. يمكن لفرنسا وألمانيا إعطاء المثل بعد خمسين عاماً على ميثاق الإيليزيه (1963)، لاسيما في الجوانب التربوية والجامعية والثقافية.
فرنسا على المسرح الدولي: من الزعامة إلى المبادرة
سؤال: أثبت سلفك على الساحة العالمية عدة مرات زعامته باسم أوروبا في شأن جورجيا وليبيا والأزمة المالية...فهل هذا هو طموحك ايضاً؟
هولاند: فرنسا ليست كأي بلد أوروبي ورئيسها ليس كأي رئيس دولة في العالم. إذاً عليه أحياناً القيام بمبادرة وليس القيادة او الزعامة. ولقد تمكن نيكولا ساركوزي من البرهنة على ذلك خلال عهده. كان ذلك ساراً احياناً ، حيث يخطر في بالي العمل الذي قررته الأمم المتحدة في ليبيا. وأحياناً يكون مكدراً، حيث يخطر في بالي الاتحاد من أجل المتوسط ذلك ان عدم الاعداد له أدى إلى فشله. نعم، أنوي إعطاء فرنسا كل مكانتها في تأكيد طموح دولي معين. وفي شأن الأزمة المالية، ما كان ينقص هو الثبات والمثابرة لاسيما التحكم بالمالية، ومحاربة الجنات الضريبية، والضريبة على التعاملات المالية.
وكذلك إزاء الصين، ذهبت أوروبا زرافات وفرادى لإمتصاص الاختلال في التوازن التجاري. وتم انتظار أوباما الذي وضع شروط "المعاملة بالمثل" لكي ترد العبارة نفسها على اللسان من جديد، وأذكِّر بأنه كان من الأحرى التطرق إلى قابلية تحويل العملة الصينية في مجموعة الدول العشرين. أعتبر بأن إصلاح نظام النقد الدولي يجب أن يكون في أولوية روزنامتنا.
(...)
سؤال: هل تعتقد بأنه من المهم أن يتحدث رئيس الدولة الفرنسية اللغة الديبلوماسية الدولية المشتركة؟
هولاند: هو في حاجة إلى فهمها والتمكن من إجراء حوار مباشر مع محدثيه. لكني متمسك باللغة الفرنسية وبالفرنكوفونية.
وحين كنت أشارك في قمم لرؤساء الأحزاب في أوروبا كنت انزعج من سماع أصدقاء رومان وبولونيين وبرتغاليين وإيطاليين يتحدثون أحياناً بالانكليزية، لكني اقبل على الصعيد غير الرسمي بامكانية إجراء الاتصالات عبر هذه اللغة. إلا أنني سأدافع في كل مكان عن إستخدام الفرنسية.
العلاقات مع الولايات المتحدة
سؤال: قد تنظر الولايات المتحدة أولاً بحذر إلى تغيير الرئيس في فرنسا، فكم بالحري إذا كان إشتراكياً. فكيف تعتقد بأنك سوف تعرِّف عن نفسك والتعرف إليك؟
هولاند: فهمت تماماً موقف الرئيس أوباما في حملة الانتخابات الرئاسية الفرنسية. ولم يكن لديه أي سبب يدفعه لأخذ مسافة من نيكولا ساركوزي. إنه التضامن الأولي الذي يتوجب على رؤساء الدول الذين تحركوا سوياً. باراك أوباما نفسه سيخضع هذا العام لعملية إعادة انتخاب. وهذه الانتخابات سيكون لها اهميتها الكبرى في العالم.
اجرت السياسة الخارجية التي إتبعتها الإدارة الديموقراطية انعطافات جدية ومفيدة مقارنة بالادارة السابقة. كما أن هناك تطابقاً بيننا على الصعيد الاقتصادي. سأحرص إذاً على تأكيد استقلال فرنسا من دون أن يعقد ذلك مهمة باراك أوباما. وهكذا فإنني سوف أجدد تأكيدي في شأن وجود القوات الفرنسية في أفغانستان على الموقف من الانسحاب قبل نهاية 2012، الذي كان موقفي خلال الحملة الانتخابية، وبرضى حلفائنا.
سؤال: إنك لا تشاركه موقفه القائم على استخدام الاحتياطات الاستراتيجية من النفط لخفض الأسعار في محطات توزيع المحروقات...
هولاند: أنا أحترمه. أعرف كم هي وطأة مسألة ثمن المحروقات في النقاش السياسي الأميركي. في فرنسا، الارتفاع المتواصل لأسعار الطاقة ليس من دون علاقة بالتصويت الشعبوي الذي قد ظهر. أظن أن السخط نفسه موجود في الولايات المتحدة.
النووي الإيراني
سؤال: ما هو موقفك من الأزمة المرتبطة بالبرنامج النووي الإيراني؟
هولاند: لم انتقد الموقف الحازم لنيكولا ساركوزي بالنسبة لمخاطر الإنتشار النووي. وانا سأؤكد ذلك بالقوة والإرادة ذاتهما. ولن أسمح لإيران، التي لها الحق الكامل في الحصول على النووي المدني، من أن تتمكن من استخدام هذه التكنولوجيا لأهداف عسكرية.
سؤال: حول هذا الموضوع، يبدو ان الإدارة الأميركية أكثر ليونة وأكثر ميلاً للتفاوض من الحكومة الفرنسية...
هولاند: على الإيرانيين توفير كل المعلومات المطلوبة منهم والكف عن التحايل. ويجب تعزيز العقوبات بقدر ما هو ضروري، لكن أعتقد بأن المفاوضات لا تزال ممكنة لبلوغ الهدف المنشود.
مكانة فرنسا في الحلف الأطلسي
سؤال: خلال الحملة الانتخابية، ظهرت أحياناً غامضاً بالنسبة للوجود الفرنسي في الحلف الأطلسي ؟
هولاند: تأسفت لهذا القرار الذي إتخذ في الظروف التي كانت قائمة في 2008. فالأهداف التي وُضعت ، لاسيما لتعزيز الركن الأوروبي للدفاع، لم تتحقق.
لا انوي العودة إلى ما قبل هذا الوضع القائم، وسأطلب تقويماً عن مكانة فرنسا والمسؤوليات التي أُنيطت بنا في القيادة العسكرية لهذا الحلف.
علاقات فرنسا بأفريقيا والشرق الأدنى
سؤال: حول أفريقيا والشرق الأدنى، هل تشاطر ألان جوبيه موقفه المتشدد للغاية مع الإسلاميين حيث أنه بالامكان التحدث إليهم، شرط عدم تجاوز بعض الخطوط الحمر: إحترام الحقوق الأساسية، وإحترام الخيار الحر للناخبين، وقبول التداول في السلطة؟
هولاند: لا يجب أن تغير فرنسا مبادئها بحسب الظروف أو الأوضاع. ما كان يصح في أثناء الربيع العربي، حين كانت الأنظمة تمنع إنبثاق الديموقراطية، يجب التطرق إليه مع السلطات التي انتصرت عبر صناديق الانتخاب في البلدان نفسها، لاسيما في تونس ومصر. ويجب التذكير عند الضرورة بحسن سير الديموقراطية، وبالمساواة بين الرجال والنساء أو المكانة المتبادلة للمجتمع والدولة.
الاستحقاق هو معرفة ما إذا كانت الأحزاب التي تقول بانتمائها للإسلام قادرة على الدخول في مسيرة ديموقراطية بعيدة المدى. ولهذا فنجاح هذه العملية الانتقالية مهم جداً. والتونسيون أعطوا الدليل مع أننا نرى أن الأخطار لا تزال موجودة.
الوضع في منطقة دول الساحل
سؤال:ما هو تحليلك للوضع في منطقة دول الساحل؟
هولاند: أنا قلق للغاية مما يجري هناك. وافقت على التدخل في ليبيا لكني تأسفت لأن المواكبة لم تعقبه، واليوم جزء من فلول الجيش الليبي والقوات التي دعمته موجودة في هذه المنطقة، وتزعزع إستقرار النيجر ومالي. إنه ليس السبب الوحيد للفوضى. وهنا أيضاً، على أوروبا أن تفهم أنها قد تستفيد من تنمية البلدان المعنية إذا واكبتها بطريقة أكثر قوة.
ولدينا أيضاً المشكلة الخاصة بـ "أريفا"، التي تشكل بالنسبة للنيجر مصدراً مهماً جداً للعائدات: ونرى جيداً مصلحة قوات "تنظيم القاعدة في بلاد المغرب الإسلامي" أو المرتبطة بهذه الشبكات لمنع تنمية النيجر.
فرنسا والإسلام
سؤال: هل وصول الإسلاميين إلى السلطة في العديد من البلدان الواقعة في الضفة الأخرى من المتوسط من شانه أن يعزز أيضاً وأيضاً المخاوف والإستيهام في فرنسا التي كانت حاضرة جداً خلال حملة الانتخابات الرئاسية الفرنسية؟
هولاند: آسف أسفاً شديداً لحصول التباسات وإختلاط الأمور. فيمكن أن يكون الأجانب من أصل أفريقي ومغاربي من دون أن يكونوا مسلمين، وأن يكونوا مسلمين من دون أن يكونوا طائفيين. أريد أن تُحترم القيم في فرنسا التي تسمح لكل فرد بممارسة شعائره وفق اختياره لكن ضمن اطار القواعد المشتركة للعلمنة.