| Attaque en règle de Saleh contre l’opposition yéménite | | | SANAA (Reuters) - Réitérant sa volonté de céder le pouvoir dans le cadre du plan de paix des "pétro-monarchies" du Golfe, le président yéménite Ali Abdallah Saleh s'est livré samedi à une attaque en règle de ses opposants, traités d'êtres "malfaisants qui sont induits en erreur". "Nous soulignons notre intention de continuer à appuyer les efforts entrepris par le vice-président Abd-Rabbou Mansour Hadi en vue d'ouvrir un dialogue avec l'opposition et de signer l'initiative du Conseil de coopération du Golfe (CCG) et de son mécanisme opérationnel (...) pour parvenir à une transition légitime, pacifique et démocratique et organiser une élection présidentielle anticipée", a-t-il dit. Il a tenu ces propos dans un discours prononcé à la veille de l'Aïd el Kebir, fête musulmane marquant chaque année la fin du Hadj (pèlerinage de La Mecque). Dans une attaque au vitriol contre ses opposants, le chef de l'Etat, au pouvoir depuis 33 ans, les a accusés de se servir de femmes et d'enfants comme "boucliers humains" lors des manifestations et de créer des "bains de sang" au Yémen en "copiant" aveuglément les révoltes du "printemps arabe". "Notre pays traverse une situation exceptionnelle d'une difficulté extrême et grosse de graves dangers (...) en raison d'une crise politique asphyxiante qui est concoctée de manière illégitime par certaines forces avides de prendre le pouvoir", a-t-il poursuivi, cité par l'agence de presse officielle Saba. Le Yémen, l'un des Etats les plus pauvres du monde arabe, est paralysé par neuf mois d'agitation politique et de violences. Le chef de l'Etat a accepté à trois reprises de signer le plan de sortie de crise du CCG pour se dédire à la dernière minute. Mohamed Ghobari à Sanaa et Mohamed Moukhachaf à Aden, Jean-Loup Fiévet pour le service français. Lien : http://bourse.challenges.fr/news.hts?urlAction=n | | | | |
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Saleh serait en passe d'accepter le plan de sortie de crise
Le président du Yémen Ali Abdallah Saleh serait prêt à accepter le plan de sortie de crise l'enjoignant à quitter le pouvoir, rapporte ce mercredi l'ambassadeur de l'Union européenne au Yémen cité par l'agence de presse officielle Saba. «Nous sommes convaincus que nous sommes sur le point d'arriver bientôt à un accord (...)», déclare Michele Cervone d'Urso.
Le plan de sortie de crise, mis au point par le Conseil de coopération du Golfe (CCG), prévoit un transfert des pouvoirs de Saleh à son vice-président dans l'attente d'élections législatives et présidentielle et accorde parallèlement une immunité au chef de l'Etat et à ses proches. A trois reprises, Saleh, malgré ses promesses répétées, a refusé au dernier moment de ratifier le plan du CCG. Mais il serait prêt cette fois-ci à accepter l'accord, a indiqué le diplomate européen.
source : http://www.20minutes.fr/ledirect/816310/yemen-saleh-passe-accepter-plan-sortie-crise
Saleh se disait prêt à quitter le pouvoir
Des manifestants yéménites appellent au départ du président Ali Abdallah Saleh à Sanaa le 2 novembre 2011.REUTERS/LOUAFI LARBI
Le plan de sortie de crise, mis au point par le Conseil de coopération du Golfe (CCG), prévoit un transfert des pouvoirs de Saleh à son vice-président dans l'attente d'élections législatives et présidentielle. Ce plan accorde parallèlement une immunité au chef de l'Etat et à ses proches.
Ce n'est pas la première fois que le président Saleh se dit prêt à quitter le pouvoir : à trois reprises, et malgré ses promesses répétées, il a refusé au dernier moment de ratifier le plan du CCG. Mais il serait prêt cette fois-ci à accepter l'accord, a indiqué le diplomate européen.
VIOLENTS AFFRONTEMENTS ET BOMBARDEMENTS
Dans le même temps, dix personnes ont été tuées dans de violents affrontements à Taëz, deuxième ville du pays. Selon des sources médicales, huit civils, parmi lesquels un enfant et deux combattants tribaux, ont péri dans la ville, théâtre d'affrontements entre les forces gouvernementales et des hommes de tribus soutenant les protestataires qui réclament le départ du président Saleh.
Quarante-trois personnes ont en outre été blessées dans cette ville à la pointe de la contestation, dont les quartiers résidentiels étaient pilonnés par les forces gouvernementales aux obus de char et aux mortiers, d'après des militants.
Mercredi après-midi, les forces du gouvernement pilonnait la ville et intensifiait ses bombardements, selon des habitants.
La veille déjà, trois personnes avaient été tuées dans la capitale Sanaa lors d'affrontements dans le quartier d'al-Hassaba entre les troupes fidèles à M. Saleh et les combattants d'un influent chef tribal rallié à la contestation, ont indiqué des sources médicales et le ministère de l'intérieur. Deux partisans de cheikh Sadek Al-Ahmar ont été tués, ainsi qu'un policier, selon ces sources, et sept autres personnes blessées. Ces affrontements sont intervenus après une accalmie dans les combats depuis vendredi.
Lien : http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2011/11/02/yemen-saleh-serait-pret-a-quitter-le-pouvoir_1597291_3218.html
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13 morts dans de nouvelles violences à Taëz et Sanaa
Neuf personnes ont été tuées dans de violents affrontements mercredi à Taëz, deuxième ville du Yémen, entre les partisans du président Ali Abdallah Saleh et ses adversaires, au lendemain de combats qui ont fait trois morts à Sanaa, selon un nouveau bilan. ( © AFP Mohammed Huwais)
SANAA (AFP) - Dix personnes ont été tuées dans de violents affrontements mercredi à Taëz, deuxième ville du Yémen, entre les partisans du président Ali Abdallah Saleh et ses adversaires, au lendemain de combats qui ont fait trois morts à Sanaa, selon un nouveau bilan.
Selon des sources médicales, huit civils, parmi lesquels un enfant, et deux combattants tribaux ont péri à Taëz, à 270 km au sud-ouest de la capitale, dans des affrontements qui se poursuivaient dans l'après-midi entre les forces gouvernementales et des hommes de tribus soutenant les protestataires, qui réclament le départ de M. Saleh.
En outre, 43 personnes, en majorité des civils, ont été blessées dans cette ville à la pointe de la contestation, dont les quartiers résidentiels étaient pilonnés par les forces gouvernementales aux obus de char et au mortier, selon les mêmes sources et des militants.
Dans l'après-midi, les forces gouvernementales ont intensifié leurs bombardements du centre de la ville et des banlieues nord de Taëz, ont indiqué des habitants.
Mardi soir, trois personnes avaient été tuées lors d'affrontements à Sanaa, dans le quartier d'Al-Hassaba, entre les troupes fidèles à M. Saleh et les combattants d'un influent chef tribal rallié à la contestation, ont indiqué des sources médicales et le ministère de l'Intérieur.
Deux partisans de cheikh Sadek al-Ahmar et un policier ont été tués, et sept autres personnes ont été blessées, selon ces sources. Ces affrontements sont intervenus après une accalmie dans les combats depuis vendredi.
Le président Saleh refuse de démissionner malgré les manifestations qui secouent le pays depuis janvier.
Le Conseil de sécurité des Nations unies lui a demandé le 21 octobre de mettre fin à la répression des manifestations et de signer un plan de sortie de crise proposé par les monarchies arabes du Conseil de coopération du Golfe (CCG), qui prévoit sa démission en échange d'une immunité.
Lien : http://www.liberation.fr/depeches/01012369165-yemen-12-morts-dans-de-nouvelles-violences-a-taez-et-sanaa
Le Yémen se rapproche de la guerre civile
Hier, la plupart des magasins d’Al-Hassaba étaient fermés. Les habitants, eux, se calfeutraient. «Je suis beaucoup plus prudent, je limite mes déplacements au maximum. Et je ne sors plus après la tombée de la nuit», explique Ibrahim. D’autres ont choisi de quitter une ville privée d’eau, à l’électricité rationnée et où l’essence commence à manquer. «Il est désormais trop dangereux de rester à Sanaa, j’ai emmené ma famille à l’abri en attendant que la situation se calme», raconte Hassan al-Ansi, chef de programme pour les Nations unies.
Cet exode qui débute risque-t-il de provoquer une crise humanitaire? «Pour l’instant, non, répond Laurent Bonnefoy, chercheur à l’Institut français du Proche-Orient. Sanaa est une grande ville, avec énormément d’épiceries et de magasins. Il y a encore des réserves de nourriture, et les hôpitaux fonctionnent toujours. Mais, si les combats durent encore plusieurs jours, une crise humanitaire n’est pas à exclure.»
Rien n’indiquait hier une accalmie prochaine. Des explosions et des tirs retentissaient toujours dans la soirée. Les rues qui entourent la résidence du cheikh Al-Ahmar restaient sous le contrôle de ses partisans. Les forces gouvernementales annonçaient, elles, via l’agence officielle Saba, avoir repris plusieurs bâtiments publics, dont le Ministère de l’administration locale d’Al-Hassaba. Une version démentie par l’opposition, qui affirme que le bâtiment a été rendu dans un geste de médiation.
La semaine dernière, les opposants s’étaient emparés du bâtiment du Ministère de l’industrie et du commerce, de celui du tourisme et des bureaux de la compagnie aérienne Yemenia. Les deux camps ont appelé à manifester ce vendredi à Sanaa et à Taëz, au sud de la capitale. Cette ville est l’une des premières à avoir accueilli des rassemblements hostiles au président Saleh. Lundi, un sit-in permanent y a été violemment dispersé par les forces gouvernementales. Les tirs de snipers et l’envoi de chars ont alors provoqué la mort d’une cinquantaine de personnes. Jeudi, pour la première fois, des heurts ont opposé des hommes armés, à l’identité inconnue, aux soldats yéménites.
Lien : http://www.letemps.ch/Page/Uuid/b0e4e47c-8d53-11e0-9c08-40e1101ce7e3%7C1
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Attendant l’aide de Saleh : trois ans à vivre dans une tente (un précurseur du mouvement des Indignés ?)
A moins de dix mètres d’une station-service sur la rue Haddah, au sud de Sanaa, un homme campe dans une tente avec ses quatre enfants depuis Avril 2008. Naji Mohammed Al-Qulaifi cherche justice auprès de l’Etat et a choisi cette nouvelle demeure pour les trois dernières années parce que la station-service est près de l’une des maisons du président Ali Abdallah Saleh.
« Ma cause a commencé avant toute révolution », explique Al-Qulaifi depuis son campement. Il croit que si Saleh avait répondu à ses demandes, les manifestations demandant la démission du président ne se seraient jamais produites. Nombreux sont ceux qui campent dans des tentes ces jours-ci pour demander leurs droits et justice, mais Al-Qulaifi a différentes revendications. Il n’a pas rejoint les personnes dans les manifestations opposées au gouvernement, et il affirme qu’il a lancé l’idée de camper pour réclamer ses droits.
Au Yémen, vous pouvez entendre des gens se plaindre que le président à toute autorité sur chaque élément dans le pays, même sur la vie quotidienne de la population. Mais bien qu’il puisse donner des ordres pour embaucher quelqu’un, rendre des terres ou régler une dispute, ses ordres sont souvent ignorés par les officiels, comme le prouve l’histoire d’Al-Qulaifi.
Les ordres de Saleh ignorés
Il a déclaré au Yemen Times qu’il avait reçu par deux fois des ordres venant du président pour régler les injustices que lui et sa famille avaient subies. Mais à chaque fois, les ordres n’ont rien donné. Depuis sa tente, recouverte d’appels et d’objections, à 10 mètres d’une file de 15 voitures à la station-service, Al-Qulaifi a raconté son histoire au Yemen Times.
« Je prie Dieu et je pleure chaque nuit pour trouver justice », explique Al-Qulaifi. « J’ai ‘perdu’ deux filles et fils et par dessus tout ma femme depuis que tout ça a commencé. » Son histoire a commencé en 2001 après un accident de voiture alors qu’il travaillait comme Directeur de la voirie dans le district d’Otma. Alors qu’il était blessé, des membres du Conseil local d’Otma ont pris l’avantage de son absence pour construire illégalement plusieurs bâtiments. Deux mois plus tard, quand Al-Qulaifi est retourné au travail et a réalisé ce qu’il s’était passé, il s’est plaint auprès du Conseil local. Mais suite à sa plainte, le Conseil l’a suspendu de façon temporaire en 2002, puis de façon définitive en 2003.
D’après lui, le Conseil l’a piégé en lui demandant de se rendre à la prison local pour récupérer quelques papiers pour reprendre le travail, mais lorsqu’il est arrivé, il fut arrêté. « Quand je suis entré dans la prison, ils ont fermé les portes. J’ai demandé pourquoi et ils m’ont dit que j’étais en état d’arrestation », explique Al-Qulaifi. Il a passé trois mois en prison, sans aucune charge retenue contre lui. Au matin suivant son arrestation, les forces de sécurité ont pénétré chez lui.
« Quand je suis finalement sorti, j’ai réalisé que les forces de sécurité occupaient mon terrain et avaient construit un compound. » Après sa libération, il a porté ses demandes vers Rashad Al-Alimi, le Ministre de l’Intérieur de l’époque. Celui-ci a décidé qu’Al-Qulaifi pourrait obtenir 10 mètres de son propre terrain qui en fait 30, alors que les 20 mètres restants resteraient le compound des forces de sécurité. « Ma femme est morte d’une crise cardiaque après les forces de sécurité aient pénétré chez moi, sans aucun respect pour les femmes qui se trouvaient à l’intérieur. » Ses fils ont ensuite décidé de cacher de ses filles dans leur tribu, de peur que leur réputation soit salie après que les forces de sécurité aient occupé le terrain. Ils l’ont laissé avec les quatre plus jeunes enfants, âgés de 4 à 7 ans, pour le dissuader d’utiliser la violence à titre de vengeance.
Mais Al-Qulaifi a réussi à attirer l’attention pour sa cause. Par deux fois le président s’est arrêté alors qu’il se rendait à son domicile, durant le ramadan de l’année dernière. Il lui a donné un ordre signé pour résoudre la situation mais il n’a jamais été appliqué.
Dans une tentative de mettre un terme à ses protestations, Al-Qulaifi fut de nouveau mis en prison au début de l’année, avec ses quatre enfants, pour une semaine. « Plusieurs voitures de police sont arrivées et les ont pris par la force », raconte Mohammed Al-Jabry, le patron du magasin à la station-service. « Au début, il résistant avec son jambya (ndlr : la dague traditionnelle que portent les yéménites à la ceinture) mais ils ont réussi à le lui prendre. »
Cependant, Al-Qulaifi a promis de rester où il est jusqu’à ce que sa situation soit réglée, que ce soit par un nouveau gouvernement ou par le président Saleh. Il continue de recevoir son salaire de 40,000 Riyals (un peu plus de 100€) mais il veut récupérer sa maison, son emploi et une compensation.
Un système inefficace
Un rapport par l’Institut de la Hague pour l’internationalisation du Droit, précisait l’année dernière que la plupart des problèmes d’Al-Qulaifi reflètent les problèmes légaux les plus importants pour les yéménites. Toutefois, il ajoute que le système est vu comme coûteux, surchargé, corrompu, inaccessible et ineffic. « C’est pourquoi la plupart des yéménites abandonnent la demande de leurs droits via les moyens officiels et utilisent d’autres façons comme la médiation et l’arbitrage, ou toute forme de manifestations », explique le rapport.
Et tandis que le cas d’Al-Qulaifi peut sembler extrême, il n’est qu’un nouvel exemple de la corruption et de l’absence d’état de droit au Yémen. L’année dernière, le Yémen fut classé 146e sur 178 pays dans l’index mondial de corruption, réalisé par Transparency International. Sur une échelle de 1 à 10, 10 représentant le système le plus transparent, le Yémen fut noté à 2,2. Bien qu’étant une hausse de huit places par rapport à 2009, il reste à étudier comment plus de dix mois de révolution auront affecté la situation cette année.
Shatha Al-Harazi, pour le Yemen Times
Des volontaires au service des déplacés
Une ambulance pénètre dans l’enceinte de l’école, de jeunes volontaires en descendent et commencent à examiner les femmes et leurs enfants afin de déterminer lesquels nécessitent des soins urgents. Alors que le soleil commence écraser de sa chaleur, l’effervescence bat son plein dans l’école Al Sa’ada où vivent plus d’une centaine de déplacés originaires d’Abyan.
Derrière le voile noir de son niqab, Nada Bawazir, une jeune étudiante, nous explique la façon dont la situation s’organise. « Nous avons une équipe médicale composée d’étudiants de dernière année en médecine qui viennent ici faire du bénévolat pour examiner les gens et prescrire des soins », détaille la jeune femme, elle-même en 2e année en pharmacologie. « Les étudiants ont fait des collectes de médicaments qui sont utilisés selon les prescription des médecins volontaires. Mais maintenant, le temps passe, les étudiants ont repris leurs cours, et plus personne ne vient ici », rajoute Nada.
Arrivés fin mai, les déplacés ont fui la violence qui fait rage dans la région d’Abyan suite aux affrontements entre l’armée et des militants supposés liés à Al-Qaïda, tandis que les bombardements yéménites et américains se poursuivent. Le gouvernement avait tout d’abord refusé d’ouvrir l’école pour abriter les familles, mais sous la pression de son directeur, Khaled Sheikh, et de l’imam de la mosquée voisine, l’école fut ouverte. « Quelqu’un m’a prévenu que des familles, dont plusieurs femmes, dormaient sur la plage sans aucune assistance », se souvient l’imam Sheikh Hakim al-Hassan. « L’Islam nous impose de faire le bien, d’aider les autres, c’est donc pour cela que nous avons ouvert l’école. Les autres déplacés ont commencé à arriver ensuite », ajoute l’homme dans son bureau, le regard profond et la tête entouré d’un turban blanc.
Plus de 270 familles sont passées par cette école, avant qu’une sélection s’impose pour tenter de préserver des conditions de vie acceptables. Seules les familles réellement originaires d’Abyan, sans aucune attache à Aden, et recevant l’aide alimentaire, pourraient rester dans l’établissement. Désormais une trentaine de familles, dont un bébé de quatre mois et un homme de soixante-dix ans sont hébergés dans l’école Al Sa’ada.
L’aide est venue à l’origine des habitants du quartier, puis la nouvelle s’est répandue et certains ont même organisé une campagne sur Facebook pour sensibiliser la population. « Nous avions une équipe de 14 volontaires qui aidaient ici à temps plein, en plus de la nourriture et des vêtements que les personnes du quartier apportaient », raconte Wafa, également étudiant en pharmacologie. Tous ces bénévoles étaient organisés en différents comités – administration, média, médical, etc – et possédaient des badges d’identité pour faciliter le travail de tous.
Alors qu’une épidémie de choléra s’est déclenché dans la province d’Abyan, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a fourni des formations sur la santé et l’hygiène pour éviter qu’une contamination se produise également à Aden. Le Ministère de la Santé a également apporté son aide en créant une coordination avec des hôpitaux locaux pour que ceux-ci puissent fournir des soins gratuits aux cas les plus graves. « Beaucoup souffrent de diarrhées, d’hypertension, de diabète, et nous avons eu un cas de tuberculose », explique ainsi Nada.
Une aide insuffisante
Mais tandis que le nombre de déplacés ne cessent d’augmenter – ils seraient déjà plus de 90,000 à Aden d’après les derniers chiffres du gouvernement – l’aide, elle, semble diminuer avec le temps. « Nous avons reçu des donations d’hommes d’affaires, de l’argent, des médicaments, de la nourriture, mais plus rien n’arrive désormais », confie Sheikh Hakim. « Une fois que notre stock sera épuisé, puisse Allah nous venir en aide », ajoute-t-il le regard triste.
Un recours aux autorités locales n’a rien donné, et le gouvernement ne semble pas se soucier outre mesure de la situation des déplacés. « C’est ce qui est le plus difficile à gérer », affirme l’imam, « nous nous sentons abandonnés, et c’est horrible de voir la détresse, la pauvreté et la tristesse de ces familles qui ont tout perdu », alors que Nada et Wafa confient quant à elles continuer tant bien que mal leur bénévolat « pour les sourires et les rires des enfants. »
Mais aussi mauvaise que soit la situation dans l’école Al Sa’ada, elle reste néanmoins privilégiée comparée à d’autres refuges qui n’ont reçu aucune assistance. Ahmed Abou Hassan, originaire de la ville de Ja’ar, explique comment les 400 personnes de l’école Al-Qadissiya dans le district de Mansoura à Aden, ne sont capables de vivre que grâce à l’aide des riverains. « Nous n’avons reçu aucune aide, les familles sont obligées de mendier dans la rue si nous ne recevons pas assez de nourriture », raconte ce membre du comité d’organisation au sein de l’école. Et les 600 personnes de l’école Bilqiss affirment être dans la même situation. « Nous sommes oubliés du monde », raconte un père de famille, au bord du désespoir, précisant que ni le gouvernement, ni la presse, ni les organisations humanitaires, ni même les riverains n’ont daigné leur rendre visite pour apporter de l’aide.
L’absence de solution
Plus d’une soixantaine d’écoles d’Aden sont désormais occupées par les déplacés, et les cours supposés y reprendre début septembre ont donc été annulés. Les établissements restant accueillent donc les enfants des autres écoles créant des classes de plus de 100 élèves.
La question de relocaliser les milliers de familles de déplacés est évidemment abordée et discutée depuis plusieurs mois, mais aucune solution ne semble jusqu’à présent avoir été trouvée. « Nous sommes prêts à accepter une proposition », affirme Ahmed Abou Hassan, « mais il faut que les conditions de vie y soient acceptables et adaptées aux familles. » L’hypothèse de mettre en place des camps semble en effet rejetée par la plupart de ces familles, qui redoutent une vie encore plus difficile sous les tentes qu’à l’intérieur des écoles. La chaleur, les conditions sanitaires, la mixité, le risque que cette situation puisse devenir définitive sont partie des raisons avancées par les déplacés. « Puis je suis yéménite, c’est mon pays, je ne suis pas réfugiée », déclare Oum Mohammed Abdulwahab, originaire de Zinjibar et mère d’une famille de cinq enfants, « pourquoi devrions-nous vivre sous des tentes » se demande cette femme désespérée.
D’autres discussions avaient débuté avec les autorités locales afin de prévoir l’utilisation de certains bâtiments abandonnés pour accueillir les familles et leur fournir un hébergement convenable. Néanmoins, plus préoccupé par la révolution et la crise politique que traverse le pays, le régime est loin d’avoir de la question des déplacés une priorité absolue.
Alors qu’un nouveau raid aérien prend pour cible une ville de la province d’Abyan, de nouvelles familles poussées par la peur s’enfuient vers Aden. Fuyant une vie de terreur et de désolation, elles n’ont cependant aucune idée de leur futur en tant que déplacés.
source : La Voix du Yémen