Égypte : des dizaines de milliers d'égyptiens sur la place Tahrir pour dénoncer la lenteur des réformes... Les frères musulmans, poison politique, se sont désolidarisés de ce mouvement..

Des milliers d'Egyptiens à la place Tahrir dans le cadre d'une deuxième "journée de colère"

Des milliers d'Egyptiens sont descendus à la célèbre place de Tahrir et dans les rues de plusieurs gouvernorats après la prière de vendredi dans le cadre d'"une deuxième journée de colère" contre la lenteur des réformes.

Les participants à ces manifestations, organisées à l'appel de plusieurs mouvements via le réseau social "facebook", scandaient des slogans appelant à une mise en oeuvre rapide des réformes promises au lendemain de la chute du régime du président Hosni Moubarak.

Ils réclament aussi le retour rapide à un pouvoir civil, le renvoi des responsables de l'ancien régime toujours présents dans de nombreux secteurs de l'administration, et des actions en justice plus fermes contre ceux accusés de corruption et de violences.

Les protestants appellent de même le Conseil suprême des forces armées, aux commandes du pays depuis la chute de l'ancien régime le 11 février dernier, à s'engager dans des réformes démocratiques rapides.

Les forces politiques égyptiennes étaient divisées sur l'organisation et la participation à ces manifestations.

Au moment où une quarantaine de partis, mouvements et coalitions ont annoncé leur participation, estimant que ces manifestations constituent " l'unique moyen de pression et de communication" à même de permettre la concrétisation des objectifs de la révolution du 25 janvier, douze autres coalitions et mouvements et à leur tête celui des Frères musulmans ont décidé de ne pas y participer. Ces mouvements avaient appelé les Egyptiens à ne pas répondre à l'appel, estimant que ces manifestations constituent un danger pour la révolution et l'avenir de l'Egypte.

S'accordant sur le jugement de l'ex président égyptien Hosni Moubarak et des symboles de son régime, la promulgation d'une nouvelle constitution avant les prochaines élections législatives et présidentielles et la non traduction des civils devant des tribunaux militaires, les forces politiques en faveur des manifestations divergent sur la question relative à la création d'un conseil civil pour diriger le pays et l'isolement politique des membres du parti national " dissous ".

D'autres forces politiques considèrent que ces manifestations visent à déstabiliser le pays et à semer la division entre le peuple et l'armée, qui assure la direction du pays, indiquant que ces manifestations "ne peuvent être dirigées que contre le peuple lui-même, ou contre l'armée".

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Des milliers d'Egyptiens place Tahrir pour plus de démocratie

Des milliers d'Egyptiens se sont rassemblés place Tahrir, au Caire, vendredi.AFP/KHALED DESOUKI

Des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées vendredi place Tahrir, au Caire, pour protester contre la lenteur des réformes après le changement de régime en février et la prise en main du pays par l'armée.

Cette manifestation, à l'appel notamment de mouvements de jeunes actifs sur Internet, réclame une "seconde révolution" et se veut une nouvelle "journée de la colère", en référence aux grandes manifestations qui ont provoqué la chute du président Hosni Moubarak. Les manifestants réclament "la fin de la corruption politique" et une nouvelle Constitution "maintenant, pas plus tard".

"UN PROCÈS POUR MOUBARAK"

Des élections législatives, pour remplacer un Parlement actuellement dissous, sont prévues en septembre prochain, mais la suite de la séquence politique – nouvelle Constitution, élection présidentielle – est encore floue.

Les manifestants réclament le retour rapide à un pouvoir civil, le renvoi des responsables de l'ancien régime toujours présents dans de nombreux secteurs de l'administration et des actions en justice plus fermes contre ceux accusés de corruption et de violences. Ils demandent également davantage de garanties concernant des réformes démocratiques, alors que le pays est désormais dirigé par le Conseil suprême des forces armées, un collège de généraux.

Des manifestants brandissent une affiche à l'effigie d'Hosni Moubarak.REUTERS/MOHAMED ABD EL GHANY

A Charm El-Cheikh, sur la mer Rouge, des centaines de personnes ont défilé devant l'hôpital où M. Moubarak se trouve depuis la mi-avril pour demander son transférement en prison. "Nous voulons un procès public pour Moubarak et les voleurs", scandait la foule au Caire. Le président déchu et ses deux fils, Alaa et Gamal, doivent être jugés à une date non encore décidée. L'ancien président est placé en détention provisoire dans cet hôpital en attendant que son état de santé permette son transférement en prison.

DISTANCE DE L'ARMÉE

Les Frères musulmans, le mouvement le plus vaste et le mieux organisé d'Egypte, se sont en revanche désolidarisés de cette initiative, estimant qu'elle risquait de provoquer des tensions entre la population et l'armée, menaçant le processus de transition.

L'armée, pour sa part, a affirmé jeudi qu'elle se tiendrait à distance des manifestants dans le but d'éviter les accrochages. Elle a mis en garde sur sa page Facebook contre la présence "d'éléments suspects qui tenteraient de monter l'armée contre le peuple". Les militants appellent également à des manifestations dans d'autres villes du pays.

L'Egypte traverse depuis le changement de régime de graves difficultés économiques – chute du tourisme et 

  des investissements étrangers, hausse de l'inflation et du chômage notamment. Le sommet du G8, réuni à Deauville, a promis d'aider l'Egypte et la Tunisie à surmonter les difficultés économiques engendrées par leurs transitions politiques.
 

Lien : http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2011/05/27/des-milliers-d-egyptiens-place-tahrir-pour-plus-de-democratie_1528413_3218.html