Kadhafi : «Nous nous battrons jusqu'à la fin, jusqu'au dernier homme, jusqu'à la dernière femme, avec l'aide de Dieu»... 02-03-2011

Kadhafi persiste et signe

Dans un nouveau discours diffusé mercredi par la télévision nationale, le colonel Mouammar Kadhafi a maintenu que la révolte populaire qui déchire la Libye depuis la mi-février est l'oeuvre d'Al-Qaïda. Il répète en outre qu'il ne peut démissionner, puisqu'il n'a pas de pouvoir réel, et qu'il se battra jusqu'au bout.

 

Photo: AFP/Télévision nationale libyenne

Le leader libyen Mouammar Kadhafi s'est adressé à son peuple mercredi.

Le leader libyen, qui est au pouvoir depuis 1969, s'adressait à plusieurs dizaines de ses partisans rassemblés dans une salle de Tripoli pour célébrer le lancement des comités révolutionnaires, qu'il dit être les véritables dépositaires du pouvoir dans le pays.

« Quand les comités révolutionnaires décident quelque chose, cela devient la loi et est appliqué par tous les Libyens. Personne ne peut déclarer la guerre ou la paix à moins que les comités révolutionnaires l'aient décidé », a dit Mouammar Kadhafi. « Mouammar n'a pas véritablement le pouvoir de démissionner. »

Nous nous battrons jusqu'à la fin, jusqu'au dernier homme, jusqu'à la dernière femme, avec l'aide de Dieu.

— Mouammar Kadhafi

Le colonel Kadhafi, âgé de 69 ans, a profité de son allocution, souvent interrompue par des chants patriotiques scandés par le public, pour inviter les Nations unies à dépêcher une mission d'enquête en Libye pour établir les véritables faits.

Il soutient que les reportages des médias étrangers sont truffés de faussetés. « En ce qui nous concerne, rien ne s'est produit », a dit le colonel Kadhafi. « Il est curieux que le monde reçoive des nouvelles de correspondants et de chaînes de télévision qui ne sont pas présentes en Libye. »

Comme il l'a déjà dit dans de précédents discours, le dirigeant libyen affirme que les troubles actuels sont attribuables à des cellules dormantes d'Al-Qaïda qui se sont « infiltrées graduellement » dans la société.

« Soudainement, cela a commencé à al-Baïda. La cellule dormante s'est fait dire d'attaquer un bataillon [...] et elle a pris des armes dans un poste de police. [...] Les soldats sont retournés à la maison et ont quitté leur bataillon », a affirmé Mouammar Kadhafi. La même situation s'est produite à Benghazi, a-t-il ajouté.

Le colonel Kadhafi a aussi soutenu que les champs de pétrole libyens sont sécurisés mais que « les compagnies [étrangères] ont peur [...] de gangsters armés. »

La Libye produisait environ 1,6 million de barils par jour avant que la révolte ne commence. Selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE), cette production a été amputée de 850 000 à 1 000 000 barils par jour.

 

Carte de la Libye

Bataille pour le contrôle de Brega

Les forces armées fidèles au colonel Kadhfi ont contre-attaqué mercredi la ville portuaire de Brega, à environ 700 km au sud-est de Tripoli. La ville abrite un terminal pétrolier, une raffinerie de pétrole, une usine de liquéfaction de gaz et un aéroport international.

Un responsable des installations pétrolières à Brega, Ahmed Jerksi, a raconté à l'Associated Press, que la ville avait été reprise à l'aube par les forces progouvernementales, sans qu'aucun coup de feu ne soit tiré. La télévision nationale a dit peu après que les loyalistes avaient pris le contrôle de l'aéroport et du port.

Les insurgés avaient cependant affirmé un peu plus tôt qu'ils étaient parvenus à repousser l'attaque et à garder le contrôle de cette ville, qui se trouve entre Syrte, toujours aux mains des loyalistes, et Benghazi, passée depuis plusieurs jours déjà aux mains de l'opposition.

Des témoins signalent aussi que des avions de chasse ont bombardé l'important dépôt de munitions situé près de la ville d'Ajdabiya. Le résultat de cette frappe n'est pas connu. L'endroit a été visé à plusieurs reprises depuis le début de la révolte, mais les pilotes ont raté leur cible ou ont refusé d'exécuter les ordres et se sont éjectés de leur appareil.

 

Photo: AFP/Marco Longari

À Ajdabiya, des insurgés se dispersent en entendant un avion de chasse passer au-dessus de leur tête.

Cette attaque pourrait signaler le début d'une contre-offensive plus imposante dans l'est du pays, où les villes les plus importantes sont rapidement tombées l'une après l'autre aux mains de l'opposition. La région abrite l'essentiel des ressources du pays en pétrole et en gaz et constitue à ce titre une source de revenus cruciale pour celui qui les contrôle.

La chaîne Al-Jazira affirme pour sa part que les forces pro-Kadhafi ont aussi réussi à reprendre le contrôle de deux villes situées à l'ouest de Tripoli, soit Gharyan et Sabratha. Jusqu'à nouvel ordre, le colonel Kadhafi contrôle fermement la capitale, où habitent plus de 1,5 des 6,5 millions de Libyens.

Radio-Canada.ca avecAgence France Presse, Associated Press, Reuters, Al-Jazira et BBC

Publié par : http://www.radio-canada.ca/nouvelles/International/2011/03/02/002-libye-terrain-mercredi.shtml