LEMONDE.FR avec Reuters | 20.07.11 | 20h48
Les forces spéciales de l'armée syrienne ont encerclé, mercredi 20 juillet, la localité d'Harasta, au nord de la capitale, Damas, pour tenter une nouvelle fois d'étouffer le mouvement de contestation du régime du président Bachar Al-Assad, ont rapporté des habitants.
"Des centaines de soldats de la 4e division [dirigée par le frère d'Assad, Maher] ont bloqué l'accès à des dizaines de points d'entrée à Harasta", a indiqué un habitant de cette commune, qui en compte 150 000, située au nord de Damas. "Ils portent des treillis, des casques, des ceintures de munitions et des fusils d'assaut. L'eau, l'électricité et le réseau téléphonique ont été coupés", a ajouté cet habitant, qui a réussi à quitter Harasta.
Joint au téléphone par Reuters, il a fait état de plusieurs dizaines de personnes arrêtées par l'armée. D'après les opposants au régime, la répression orchestrée par l'armée, les forces de sécurité et les miliciens a coûté la vie à au moins quatorze cents civils depuis le début du mouvement de contestation, en mars. Ils ajoutent que plus de douze mille personnes ont été arrêtées.
Les autorités syriennes imputent ces événements à des "groupes terroristes" bénéficiant de soutiens étrangers et elles font état d'au moins un demi-millier de militaires et de policiers tués depuis mars.
Les autorités syriennes ont expulsé la plupart des journalistes étrangers et il est difficile de vérifier les affirmations des uns et des autres depuis le début, en mars, du soulèvement contre Bachar Al-Assad.
POURSUITE DE LA RÉPRESSION À HOMS
Dans le centre du pays, les forces loyalistes appuyées par des miliciens ont intensifié mercredi leurs opérations dans les quartiers résidentiels de la ville de Homs, autre foyer de contestation, où les forces du régime interviennent à nouveau depuis ce week-end. Au moins cinquante personnes ont été tuées en quatre jours de violences.
La répression entreprise par le régime n'a pas réussi à faire taire les appels au départ de Bachar Al-Assad du pouvoir, mais le régime est parvenu à limiter l'ampleur des manifestations dans la ville d'Alep et dans la capitale.
Emadeddine El Rachid, du Congrès du salut national, (à gauche), mercredi à Istanbul.REUTERS/MURAD SEZER
De premières violences confessionnelles ont eu lieu ce week-end à Homs entre des alaouites, la minorité religieuse à laquelle appartient le président syrien, et des opposants sunnites. Les opposants à Bachar Al Assad accusent son régime d'avoir tenté de déclencher ces affrontements pour saper le mouvement en faveur de la démocratie.
Emadeddine El Rachid, du Congrès du salut national, a affirmé que les Syriens ne répéteraient pas les erreurs de l'Irak voisin, où chiites et sunnites sont entrés en guerre après la chute de Saddam Hussein, en 2003. "La Syrie ne suivra pas le chemin de l'Irak", a-t-il dit à Istanbul. "Tous les Syriens veulent l'unité de la nation syrienne." "Le régime est derrière les affrontements religieux de Homs. Il distribue des armes à une partie de la population pour provoquer ces tensions entre groupes religieux", a dit Rachid.
L'alaouisme est une branche du chiisme. Les alaouites sont en minorité dans la Syrie sunnite, mais occupent les plus hautes fonctions, notamment dans l'armée.
BAN KI-MOON DÉNONCE "L'ESCALADE DE LA VIOLENCE"
Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a dénoncé, mercredi, ces nouvelles violences en Syrie. "Le secrétaire général suit avec une grave inquiétude l'escalade de la violence contre des manifestants pacifiques en Syrie. Il en appelle aux autorités syriennes de stopper la répression immédiatement", a-t-il dit, cité par son porte-parole, Martin Nesirky. M. Ban Ki-moon a "réitéré son appel à un dialogue participatif et crédible qui devrait être mené sans délai".
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