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23 juin 2011 4 23 /06 /juin /2011 21:58

 

L'armée syrienne renforce son emprise le long de sa frontière avec la Turquie
Un camion du Croissant rouge turc à proximité du village de Güveççi, le long de la frontière syrienne, le 22 juin 2011.
Un camion du Croissant rouge turc à proximité du village de Güveççi, le long de la frontière syrienne, le 22 juin 2011.AFP/ADEM ALTAN
Un habitant du village de Güveççi, en Turquie, dit avoir vu passer vers 5 heures du matin les soldats sur une colline à moins d'un kilomètre de la frontière. Un drapeau turc qui avait été dressé quelques jours plus tôt sur un bâtiment au flanc de cette colline par les déplacés, en signe de gratitude à la Turquie qui accueille déjà des milliers de réfugiés, a été remplacé par un drapeau syrien. Mardi, des tirs d'armes légères et des explosions entendues à la frontière semblaient provenir des alentours du village de Khirbet Al-Joz situé au sommet d'une colline surplombant la frontière, à un kilomètre de celle-ci.Des centaines de déplacés syriens massés à la frontière turque depuis plusieurs jours ont pénétré jeudi en Turquie pour fuir l'armée syrienne arrivée à quelques centaines de mètres de leurs camps de fortune. L'armée syrienne appuyée par des chars est intervenue jeudi dans le village de Khirbet Al-Joz, situé tout près de la frontière syro-turque, selon un militant des droits de l'homme sur place. Du côté turc, des témoins ont affirmé avoir vu des chars et des soldats syriens arriver aux abords de la frontière.

100 JOURS DE CONTESTATION

En Syrie, les opposants ont appelé à une grève générale en signe de deuil pour les victimes de la répression, au 100e jour du mouvement de contestation du régime Al-Assad. "Jeudi 23/6, grève générale dans toutes les villes syriennes, décrétée en signe de deuil", peut-on lire en arabe sur la page Facebook "Syrian Revolution 2011", moteur de la contestation.

Pour vendredi, comme toutes les semaines depuis le début de la révolte le 15 mars, les militants ont appelé à une journée de manifestations après la prière musulmane hebdomadaire de midi, sous le slogan "Légitimité perdue" du président Assad. "Bachar n'est plus mon président et son gouvernement ne me représente pas", est-il écrit.

Ces appels surviennent au lendemain d'une conférence de presse du ministre des affaires étrangères, Walid Al-Mouallem, qui a rejeté toute ingérence étrangère dans son pays s'en prenant à l'Europe et plus particulièrement à la France qui presse le Conseil de sécurité de l'ONU à agir. La veille, les forces de sécurité ont pris d'assaut la cité universitaire à Damas, frappant des étudiants et en arrêtant plus de 100 lors d'une manifestation. Mais la majorité ont été relâchés, selon des militants.


 
Bachar Al Assad ne lutte pas contre des terroristes mais contre la liberté

Il n'est pas difficile, même pour les moins avertis de la situation en Syrie, de comprendre pourquoi les protestataires sont descendus dans les rues de nombreuses villes syriennes aussitôt la fin du discours que le chef de l'Etat a prononcé, lundi 20 juin, devant ses partisans réunis à l'Université de Damas. Ils voulaient faire immédiatement savoir que la description donnée par Bachar Al Assad de la contestation et les moyens avancés par lui pour y remédier ne correspondaient ni à leurs attentes, ni à la réalité.

Lorsque le président mettait dans le même sac les porteurs de revendications légitimes, les criminels recherchés par la justice... avec un zèle des plus limités, et les terroristes de tous poils travaillant au profit d'intérêts étrangers, il mentait. Ce contre quoi luttaient sur le terrain les militaires et les moukhabarat, avec l'assistance des voyous au service de la "famille" Al Assad connus sous le sobriquet dechabbiha, c'était d'abord et avant tout la revendication de liberté mise en avant par les manifestants. Il lui était insupportable, en dépit de sa rhétorique et de ses airs policés, que de simples Syriens prétendent vouloir sortir de leur situation de sujets et s'émanciper de la tutelle sous laquelle ils avaient été maintenus pendant 30 ans par son père Hafez Al Assad. Il entendait les y maintenir à son tour pendant 30 nouvelles années, en recourant à la vieille phraséologie de la résistance aux complots et en appliquant partout où ce serait nécessaire - à Daraa, Talbiseh, Rastan, Jisr al Choghour, Maaret al Numan... - le traitement inhumain jadis utilisé par son oncle Rifaat Al Assad, avec la bénédiction de son frère, contre la ville et les habitants de Hama.

En dépit de leur imagination et des moyens à leur disposition, les services de propagande du chef de l'Etat ne sont toujours pas parvenus à convaincre les Syriens, hors du cercle en voie de contraction des bénéficiaires, des bénis oui-oui et des dévots inconditionnels du régime, que des "combattants islamistes sanguinaires" sont à l’œuvre en Syrie. Les photos diffusées par les médias, s'efforçant de faire passer pour de dangereux terroristes un groupe d'hommes installés pour un affut, ont provoqué l'hilarité. Ce n'est ni avec ce genre de fusils, ni avec leurs faucilles, ni même avec leur théière, qu'ils auraient été en mesure de tuer les 120 militaires de l'armée syrienne, décédés à Jisr al Choghour dans les affrontements qui ont en réalité mis aux prises des soldats et officiers fidèles au régime avec des camarades réticents à tuer des manifestants sans défense.

Le film montrant une escouade de "salafistes en provenance du Liban et de terroristes de Banias ", dont l'uniforme ressemblait à s'y méprendre à celui deschabbiha, ont suscité la moquerie. D'autant que la barbe, à en juger à la photo de ce voyou fier de ses muscles, n'est plus en Syrie l'apanage des islamistes, ce qui, on l'avouera, est extrêmement pratique...

Personne ne songe à rire, en revanche, des cadavres de militaires exhumés des fosses communes des environs de la même ville. Mais personne ne songe davantage à croire le régime lorsqu'il affirme, devant les journalistes et diplomates convoqués sur les lieux, les morts n'étant plus en situation de le contredire, qu'ils ont été victimes de groupes radicaux. Il y a quelques années, le régime organisait dans les mêmes conditions des déplacements de journalistes et de diplomates sur la frontière syro-irakienne, afin de leur démontrer, pendant la journée, qu'il assurait une garde vigilante des lieux... que, dès la nuit suivante, il aidait les moujahidinvolontaires à franchir sans encombre pour aller défier les Américains en Irak.

Ce que les Syriens voient, c'est ceci : des villes et villages vidés de leurs habitants, des populations pourchassées jusqu'aux frontières des pays voisins, des hommes, des jeunes gens et parfois des femmes, arrêtés lors de manifestations pacifiques et traités de manière sauvage pour avoir réclamer la liberté. Comme le montrent les films tournés par des militaires eux-mêmes, vendus ensuite comme une marchandise aujourd'hui très prisée, ce ne sont pas de "méchants barbus" qui sont frappés à coup de godillots sur toutes les parties du corps, de la tête aux parties génitales, en passant par le foie, le ventre, le dos et la poitrine, mais de simples citoyens de tous âges. Celui-ci a été tourné à Homs, dans le quartier de Jobar , et l'officier qui frappe le détenu à terre accompagne chacun de ses coups d'un commentaire : "Ça c'est pour la liberté. Ça, c'est pour les martyres, et ça pour travailler avec les Israéliens. Tu es contre le gouvernement ? Tu es contre le régime ?"

Les Syriens attendaient ce troisième discours de leur président.

Ils ont aussitôt regretté qu'il ait à nouveau parlé...

SKETCH – En Syrie, les opposants répondent à la répression par l’humour

Près de 100 jours après le début de la contestation en Syrie, rien ne semble avoir changé. Le président Bachar Al-Assad promet toujours des réformes et des ouvertures, mais son gouvernement et l'armée continuent à réprimer violemment les rassemblements d'opposants qui se succèdent dans le pays.

La ville de Homs, dans le centre du pays, fut un des épicentres de la contestation. Ainsi que le note Libération, citant une Syrienne, les habitants de cette ville, les Homsis, sont considérés comme "l'équivalent des Belges en France". Autrement dit,"ce sont le sujet de toutes les blagues dans le pays". "Et pourtant, ce sont les personnes qui ont le plus d'humour. Ils ont tourné plusieurs vidéos pour se moquer du gouvernement", rapporte Libé.

Dans ces vidéos, on voit notamment des opposants brandir un faux lance-roquettes rempli d'une grosse courgette, faire usage de pétards, et montrer des "bombes" à la caméra. Des bombes qui ressemblent étrangement à des aubergines. "En bandoulière, en guise de ceinture de munitions, chacun d'eux arbore un chapelet de ce qui semble être des haricots", ajoute Libé.

 

 

Un autre clip, dont la provenance est inconnue, "singe clairement les images montrées dans les médias officiels" en tournant en dérision les confessions d'un soi-disant salafiste.

 

Outre le fait que ces vidéos sont très vues en ligne, elles montrent, souligne un des cogérants du site OnSyria cité par Libé, que "les Syriens ont beaucoup d'humour, même dans les moments difficiles. Le sens de l'humour affiché dans ces vidéos est commun. Ce qui l'est beaucoup moins, c'est de se moquer du régime ouvertement".

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