Le passage hier d’un important convoi de véhicules civils et militaires venant de Libye à Agadez, une ville au nord du Niger, aliment les spéculations sur une fuite du dictateur libyen Mouammar El Gueddafi.
Pour leur part, les autorités burkinabés ont affirmé «ne pas être informées» de l’arrivée sur leur territoire d’un important convoi de véhicules civils et militaires venant de Libye et transitant par le Niger pour le Burkina, sa destination finale. «Nous ne sommes informés de rien pour le moment. S’ils passent nos frontières nous seront naturellement mis au courant», a déclaré à l’AFP une source gouvernementale, ayant requis l’anonymat. «Nous allons suivre la situation au cours de la journée», a ajouté une autre source sécuritaire. A une question demandant si le Burkina est prêt à accueillir le colonel El Gueddafi, le ministre des Affaires étrangères burkinabé, Djibril Bassoléil, a répondu que «si tel est son désir, pourquoi pas ?». A son tour, le ministre français de la Défense, Gérard Longuet, a estimé, hier, qu’il n’y avait «pas urgence» au désengagement militaire de la France en Libye, et ce, d’autant plus que le sort du dirigeant déchu Mouammar El Gueddafi reste inconnu.
Quant à la présidence française, elle a affirmé que Paris ne dispose «d’aucune information permettant de croire que le colonel El Gueddafi se trouve dans le convoi» signalé au Niger en provenance de Libye.
Pour Washington, les Etats-Unis «ne croient pas» que Mouammar El Gueddafi, soit dans le convoi de véhicules libyens entré au Niger, a commenté le département d’Etat. Selon les informations obtenues par Washington, «de hauts responsables du régime» sont dans ce convoi, mais «nous ne croyons pas qu’El Gueddafi lui-même soit parmi eux», a déclaré la porte-parole, Victoria Nuland. «Nous n’avons aucun élément donnant à penser qu’El Gueddafi est ailleurs qu’en Libye en ce moment», a-t-elle ajouté. Interrogée, la porte-parole a estimé que «tous ceux» qui sont dans le convoi «sont soumis à une interdiction de voyager de l’ONU». De son côté, l’OTAN a observé qu’elle n’a pas pour mission de traquer les dirigeants en fuite du régime libyen, à la suite du passage au Niger d’un important convoi de véhicules civils et militaires venant de Libye.
Dimanche, un précédent convoi était déjà arrivé au Niger avec à son bord encore Mansour Daw, chef des brigades sécuritaires sous l’ère Gueddafi, mais pas l’ancien «guide» en fuite, selon une source gouvernementale nigérienne.
AU FIL DE LA JOURNÉEKadhafi se serait réfugié dans un de ses derniers bastions, Bani Walid. Une soixantaine de pays étaient réunis jeudi après-midi à Paris pour une conférence sur la Libye.
L'ex-homme fort de Libye Mouammar Kadhafi, en fuite, a appelé ce jeudi ses partisans à "poursuivre la résistance", estimant qu'il y a des "divergences" entre les rebelles et l'Otan, dans des extraits d'un message audio diffusés en bandeau par la télévision Arrai, qui a annoncé que le message sonore serait diffusé ultérieurement
"Nous ne nous rendrons pas. Nous ne sommes pas des femmes et nous allons poursuivre le combat", a-t-il indiqué.
"Même si vous n'entendez pas ma voix, poursuivez la résistance" (...) "Il y a des divergences entre l'Alliance de l'agression (l'Otan) et ses agents (les rebelles)", a-t-il ajouté selon la chaîne.
Le vice-président du CNT a déclaré lui ce jeudi que Mouammar Kadhafi pourrait se trouver à Bani Walid, mais que ces informations n'étaient pas encore confirmées.
"Nous avons des informations selon lesquelles Mouammar Kadhafi serait à Bani Walid depuis deux jours, mais ces informations ne sont pas totalement confirmées", a déclaré Abdel Hafiz Ghoga, tout en faisant état de la présence de combattants rebelles et d'accrochages près de cette ville au sud-ouest de Tripoli.
Mercredi, les rebelles et pro-Kadhafi s'affrontaient sporadiquement sur la route entre Zliten, à l'est de Tripoli, et Bani Walid, 70 km plus au sud, considérée comme un bastion du colonel Kadhafi.
Située dans le district de Misrata, Bani Walid est l'un des fiefs de la tribu des Warfalla, une des plus puissantes du pays et qui compte environ un million de personnes.
L'Otan a accentué ses frappes sur Bani Walid et sur Syrte, autre bastion de Kadhafi à 360 km à l'est de Tripoli sur la côte. Mercredi, son fils Saïf al-Islam a appelé à la résistance.
Selon les rebelles,, "Il n'y aura pas d'attaque sur Syrte pour le moment. Nous poursuivons nos efforts pour négocier et entrer pacifiquement dans la ville", a-t-il ajouté. "Les négociations se déroulent avec les leaders tribaux. Nous cherchons une solution pacifique pour tous les Libyens". L'ultimatum fixé par les insurgés pour qu'ils se rendent avant samedi sous peine d'opérations militaires a été prolongé d'une semaine.
L'Union européenne a levé ses sanctions à l'encontre de 28 "entités économiques" libyennes afin d'aider au redémarrage de l'économie du pays, a annoncé la chef de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton.
L'Afrique du Sud est elle "mécontente" de l'intervention militaire de l'Otan en Libye et n'assistera pas à la conférence de Paris consacrée à la reconstruction du pays nord-africain ce jeudi, a annoncé le président sud-africain Jacob Zuma.
"Si des mesures militaires devaient être utilisées, c'était pour aider à protéger les populations qui, d'après ce qu'on avait compris, auraient été tuées", a-t-il dit au cours d'un point de presse.
"Mais au lieu de protéger, ça a été les bombardements, la couverture (aérienne) permettant à l'autre groupe (les rebelles, ndlr) d'avancer", a-t-il ajouté.
A quelques heures de la conférence de Paris organisée sous l'égide de la France et de la Grande-Bretagne, fers de lance des frappes aériennes, Jacob Zuma a aussi répété que le processus de reconstruction en Libye devait être conduit dans le cadre de l'Union Africaine (UA) et de l'ONU.
La Russie, autre allié de Kadhafi, a finalement reconnu ce jeudi la rébellion libyenne comme autorité au pouvoir. Six mois après avoir accueilli le sommet qui a lancé l'intervention militaire contre le "guide" libyen, Nicolas Sarkozy a convié à 17h00 (15H00 GMT) à l'Elysée, avec le Premier ministre britannique David Cameron, une soixantaine de pays avec l'ambition affichée de concrétiser politiquement la victoire militaire qui a précipité la fin du régime.
Les futurs contrats sur l'exploitation du pétrole libyen seront accordés "sur la base du mérite et non par favoritisme politique", a affirmé jeudi le représentant en Grande-Bretagne du Conseil national de transition (CNT), Guma al-Gamaty.
Interrogé par l'AFP, Guma al-Gamaty a assuré que ces contrats seraient conclus "de manière transparente", alors que des informations de Libération ont fait état d'un accord déjà passé à ce sujet entre le CNT et la France sur 35% du pétrole libyen.
Le président de Total, Christophe de Margerie, a déclaré également ne pas être au courant d'un tel accord.
Petit à petit, on en apprend un peu plus sur les stratégies des Occidentaux. Le gouvernement britannique a ainsi mis en place une cellule secrète destinée à tarir l'approvisionnement en pétrole des troupes loyales au colonel libyen Mouammar Kadhafi et à sécuriser celui destiné aux rebelles, selon des sources diplomatiques jeudi.
La "cellule pétrole de Libye" était composée d'une poignée de fonctionnaires, de ministres et de militaires. Elle a été créée sur proposition du secrétaire d'Etat chargé du Développement international, Alan Duncan. L'homme, qui a travaillé par le passé pour la société pétrolière suisse Vitol selon la BBC, a persuadé cette dernière que les rebelles viendraient à bout du colonel Kadhafi s'ils disposaient de suffisamment de pétrole et si le dirigeant libyen en était privé.
La cellule a fourni des informations à l'Otan pour bloquer le port de Zawiyah, à une quarantaine de kilomètres à l'ouest de Tripoli, afin d'empêcher l'approvisionnement en pétrole du régime Kadhafi, selon la BBC.
Elle a aussi localisé d'autres routes empruntées par des trafiquants pour obtenir du carburant depuis la Tunisie et l'Algérie pour l'armée libyenne.
Elle a par ailleurs encouragé des négociants en pétrole basés à Londres à vendre du pétrole aux rebelles à Benghazi, dans l'est de la Libye, en essayant de minimiser les risques liés au paiement, selon la BBC.
L'approvisionnement en pétrole de la Libye était compliqué notamment par les sanctions de l'Union européenne, prises dès le début du conflit en février, contre des sociétés pétrolières et les ports libyens. Ces sanctions devraient en partie être levées vendredi, selon des sources diplomatiques européennes.
La rébellion se tient "prête" pour faire face à une possible attaque des pro-Kadhafi jeudi, date anniversaire du coup d'Etat qui a porté Mouammar Kadhafi au pouvoir le 1er septembre 1969, mais la situation est "calme", a déclaré à l'AFP un haut responsable de la rébellion.
"Nous sommes prêts, une attaque est possible n'importe quand contre les rebelles mais nous n'avons pas peur", a déclaré Omar al-Hariri, membre du Conseil national de transition (CNT).
Mais, a ajouté ce responsable militaire, "il n'y a pas de mouvement militaire" des rebelles à Tripoli, "c'est très calme".
Le 1er septembre 1969, le "Mouvement des officiers unionistes libres", dirigé par Mouammar Kadhafi, avait déposé le roi Idriss et installé un Conseil de commandement de la Révolution.
Pour le président vénézuélien, le guide libyen est "très loin" de quitter son pays.
AFP- Le président vénézuélien Hugo Chávez, un des derniers chefs d'État à afficher un soutien sans faille au régime de Muammar Kadhafi, s'est dit convaincu lundi que le leader libyen, actuellement en fuite, était "très loin de partir" de Libye, et a exhorté ce dernier à "résister". "Personne ne sait où se trouve Kadhafi", mais "je suis certain qu'il est très loin de songer à quitter la Libye", a déclaré Chávez au cours d'une intervention téléphonique diffusée par la chaîne de télévision d'État VTV. "Ce qu'il doit faire, c'est résister et pourvu que cette résistance permette la recherche du chemin de la paix au détriment du chemin de la guerre", a assuré le président vénézuélien.
Depuis le lancement du mouvement de la rébellion en février, Chávez a multiplié les messages de soutien au régime libyen, fustigeant sans relâche l'intervention de l'Otan et les sanctions économiques contre Kadhafi et son entourage. Lundi, Chávez a appelé les cinq pays émergents du Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), le bloc antilibéral latino-américain Alternative bolivarienne pour les Amériques (Alba, créé par le tandem Cuba-Venezuela) et les pays africains à oeuvrer pour freiner la "barbarie" perpétrée par l'Otan en Libye. "Nous devons mener une contre-attaque plus coordonnée pour contrecarrer cette barbarie", a-t-il déclaré sans fournir plus de détails.
La Russie a indiqué dimanche que les cinq pays émergents du Brics n'étaient pas satisfaits de la situation en Libye, où un "grand nombre" de civils sont tués dans les combats. Fin août, Chávez avait de nouveau manifesté son appui au leader libyen, assurant qu'il reconnaissait son régime comme le seul légitime après que les rebelles avaient pris le contrôle de Tripoli.
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