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25 mai 2011 3 25 /05 /mai /2011 03:42
 Le 18 mai à proximité  de la ville Inkhel, une découverte macabre : une fosse commune  ….
 Alep : manifestation

 

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Au moins 1.062 personnes tuées dans la répression en Syrie

 

C'est Ammar Qourabi, président de l'Organisation nationale des droits de l'Homme qui a annoncé ces chiffres.

Le régime syrien maintenait mardi une attitude de défi après les sanctions imposées à son président Bachar al-Assad par l'Europe et les Etats-Unis, même s'il se retrouve de plus en plus isolé en raison de la répression du mouvement de contestation qui a fait un millier de morts. Au moins 1.062 personnes ont été tuées par les forces de sécurité syriennes depuis le déclenchement à la mi-mars des manifestations, a affirmé à l'AFP Ammar Qourabi, président de l’Organisation nationale des droits de l’Homme, en précisant qu'elles avaient "été tuées par balles". Selon lui, 10.000 personnes ont également été arrêtées. M. Qourabi, basé en Egypte, a précisé que l'opposition syrienne allait "tenir du 31 mai au 2 juin un congrès à Antalya (en Turquie) pour soutenir la révolte en Syrie et les revendications du peuple syrien".

 

Ce congrès sera ouvert à tous les courants de l'opposition, aux personnalités indépendantes et aux représentants de toutes les confessions, a-t-il ajouté, évoquant notamment des courants qui se sont exprimés dans le cadre de la "déclaration de Damas", un groupe de réformateurs réclamant des changements démocratiques lancé en 2005.

 

Alors que la révolte est entrée dans son troisième mois sans signe de fléchissement, le régime syrien continue de défier les pressions et les sanctions en rejetant toute "ingérence" dans ses affaires et en poursuivant ses tentatives de faire taire la contestation.

 

Sur le terrain, les forces de sécurité et l'armée maintiennent le siège de plusieurs foyers de la révolte, dont Homs (centre), Banias (nord-ouest) et Deraa (sud), où les informations filtrent au compte-gouttes vu le black-out ordonné par Damas et les fortes restrictions imposées aux médias étrangers. Mardi, au lendemain de l'annonce des sanctions, la presse gouvernementale syrienne a accusé l'Union européenne de même que les Etats-Unis d'"ingérence", leur faisant prêter des "plans" visant à marginaliser le rôle de Damas dans la région, surtout face à Israël.

 

"Sous prétexte de chercher à défendre les droits de l'Homme et d'instaurer une démocratie à l'Américaine, des complots ont été tramés pour servir les intérêts des Etats-Unis aux dépens des autres", écrit Al-Thawra.

Pour le journal Baas, du nom du parti unique qui dirige d'une main de fer la Syrie depuis près de 50 ans, "les sanctions ignorent les réformes annoncées, (les Européens) cherchant à mettre en application leurs propres objectifs dans la région".

 

En pleine révolte, le pouvoir a abrogé l'état d'urgence en vigueur depuis les années 1960 mais il a dans le même temps continué à réglementer les manifestations et à réprimer les protestataires.

Les Européens "ont commis une erreur lorsqu'ils s'en sont pris au président en adoptant des sanctions qui nuisent au peuple syrien", a lancé de son côté lundi soir le chef de la diplomatie, Walid Mouallem.

 

"La Syrie ne restera pas silencieuse face à ces mesures qui vont nous affecter comme elles affecteront les intérêts de l'Europe", a-t-il dit,. Selon la liste complète publiée mardi, dix personnalités du régime, dont M. Assad et le chef d'état-major de ses forces armées Dawoud Rajiha, ont été sanctionnées par l'UE qui les a interdits de visa et a gelé leurs avoirs. Ces personnes viennent s'ajouter à une liste de 13 caciques du régime déjà visés depuis le 10 mai par ces mêmes sanctions.

 

Considérant M. Assad comme "ordonnateur et maître d'oeuvre de la répression contre les manifestants" en Syrie, la Suisse a également gelé ses éventuels avoirs, ont indiqué les autorités helvétiques.

Les Etats-Unis ont eux aussi sanctionné la semaine dernière M. Assad, le président Barack Obama le prévenant au passage qu'il avait le choix entre "diriger la transition, ou s'écarter".

Les Européens ne vont pas aussi loin et s'abstiennent d'évoquer son départ. Mais s'il ne change pas "rapidement" de cap, l'UE se dit "prête à prendre des mesures supplémentaires sans délais".

Néanmoins, l'organisation de défense des droits de l'Homme Amnesty International a estimé qu'il existait "le danger" que tout cela ne soit que "trop peu et trop tard" et a appelé le Conseil de sécurité de l'ONU à agir de façon "plus déterminée" avec la Syrie.

Les discussions se poursuivent aux Nations unies. Mais la "menace d'un veto russe" pèse toujours, a convenu le chef de la diplomatie française Alain Juppé.

Lien : http://www.lalibre.be/actu/international/article/662836/au-moins-1062-personnes-tuees-dans-la-repression-en-syrie.html?utm_source=twitterfeed&utm_medium=twitter

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 Un tabou brisé : réunion de soutien au peuple syrien
La réunion s’est tenue dans un hangar abandonné sous la haute surveillance des FSI.
La réunion s’est tenue dans un hangar abandonné sous la haute surveillance des FSI.
Une réunion de soutien au peuple syrien (la première du genre, brisant ainsi un tabou non dit) s'est tenue hier à Sin el-Fil, dans un bâtiment abandonné. La semaine dernière, ses organisateurs n'avaient pas pu se rassembler à l'hôtel Le Bristol, l'établissement ayant reçu des menaces qui l'ont dissuadé d'accueillir la réunion.

Environ 150 personnes se sont rassemblées hier dans un hangar abandonné de Sin el-Fil pour manifester leur soutien « à la dignité et à la liberté du peuple syrien ». La rencontre, organisée par deux ONG, Moultazimoun et Moukaouimoun, et par des militants des droits de l'homme, proches du mouvement du 14 Mars, a surtout mobilisé la presse libanaise et les FSI qui étaient déployées en masse autour du bâtiment, installant un important cordon de sécurité, au point que certains ont observé que la police et les correspondants des médias étaient aussi nombreux que les personnes réunies. N'empêche que cette réunion, tenue deux mois après le début des événements en Syrie, était hautement symbolique dans un pays qui veut à tout prix garder ses distances des événements en Syrie, en ménageant le régime de Damas, afin de protéger son propre équilibre fragile interne.

La semaine dernière, cette même réunion, qui devait se tenir à l'hôtel Le Bristol, avait été annulée parce que l'établissement avait reçu des menaces. « Les organisateurs ont ensuite cherché à louer des salles dans une cinquantaine d'hôtels de la ville, mais en vain. L'espace (une sorte de hangar aux murs en béton brut) a été généreusement cédé gratuitement par son propriétaire », raconte Mia, une militante. Quatre députés du mouvement du 14 Mars étaient présents hier au rassemblement, il s'agit de Nohad Machnouk, Mohammad Kabbara, Mouïn Merhebi et Khaled Daher.

Le secrétaire général du mouvement du 14 Mars, Farès Souhaid, a quitté les lieux peu avant le début de la réunion, soulignant, en partant, qu'il « est venu à titre personnel manifester son soutien au peuple syrien ».
Des tables couvertes de nappes blanches ont été placées dans le hangar ainsi que des chaises en plastique et des bouteilles d'eau pour aider les participants à supporter la chaleur.


Assis côte à côte, Saleh Machnouk, Youssef Bazzi, Walid Fakhreddine, Ayman Charrouf, Riad Tok et Charles Jabbour ont donné le coup d'envoi de la réunion en lisant le projet d'un communiqué, ouvrant ainsi la voie à la discussion.
Lors du dialogue, l'éditorialiste d'al-Hayat, Hazem Saghieh, a mis l'accent sur le manque de liberté au Liban, la preuve étant qu'une réunion pour soutenir la Syrie n'a pu être organisée que dans un hangar abandonné dans la banlieue de Beyrouth.


De son côté, notre confrère Michel Hajji-Georgiou a proposé l'organisation de sit-in devant les ambassades étrangères à Beyrouth pour soutenir le peuple syrien.
Quant à l'ancienne présentatrice du journal télévisé de la LBCI, May Chidiac, elle a souligné que si les Libanais soutiennent aujourd'hui le peuple syrien, c'est parce qu'ils veulent simplement que les droits de l'homme soient respectés.


Le communiqué final a ensuite été adopté. Le texte souligne que « la liberté et la démocratie en Syrie sont des nécessités libanaises aussi bien que syriennes ». Il appelle le régime syrien « à arrêter immédiatement les massacres contre son propre peuple et à ne pas importer sa crise au Liban à travers une campagne mensongère ». Il invite aussi « la Ligue arabe et les Nations unies à assumer leurs responsabilités vis-à-vis de la Syrie et à protéger le peuple syrien ».
Les personnes réunies ont manifesté leur solidarité « avec les revendications du peuple syrien en matière de liberté, de justice et de dignité, valeurs qui édifient les bases d'un meilleur avenir pour le Liban et la Syrie ».


Elles ont aussi « catégoriquement » refusé « la participation du Liban, malgré la volonté de son peuple, à des crimes contre l'humanité ». Elles ont aussi stigmatisé le fait que l'État « arrête et remette aux autorités syriennes des soldats et des civils ayant fui vers le Liban pour se protéger des massacres ». Elles ont également appelé le gouvernement à « accueillir et protéger tous les réfugiés syriens ».


À la fin de la réunion, lecture a été donnée d'une lettre de l'opposante syrienne Razan Zeitouni, qui se trouve actuellement à Damas.
Zeitouni souligne, dans son message aux organisateurs de l'événement, que « les Syriens qui subissent un sort tragique sourient aujourd'hui parce qu'ils savent que des personnes libres dans le monde les soutiennent et parce que Beyrouth, à travers votre rencontre, rappelle le sourire de Samir Kassir qui protège l'intifada syrienne pour la liberté ».
Dans un bref entretien avec L'Orient-Le Jour, le journaliste Youssef Bazzi a mis l'accent sur la symbolique du rassemblement. Interrogé sur les mesures qui pourront être prises à l'avenir, il a indiqué : « Nous sommes prêts à aider le peuple syrien, en lui envoyant par exemple des vivres et des aides humanitaires. Nous formerons un comité de suivi pour penser aux mesures qui seront prises ultérieurement. »

 

Lien : http://www.lorientlejour.com/category/Liban/article/705417/Un_tabou_brise_%3A_reunion_de_soutien_au_peuple_syrien.html

 

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Point de vue

Sanglant "printemps syrien"

 

Comment comprendre les événements syriens face à l'imbroglio qui règne depuis plusieurs semaines ? Complots ou théories du complot se superposent et brouillent les pistes. Des témoins rapportent que des civils, déguisés en moukhabarat (agents de sécurité), terrifient les commerçants du souk de Damas pour les inciter à rejoindre le mouvement de protestation ; des moukhabarat affublés d'un turban et d'une barbe à la mode salafiste se seraient infiltrés parmi les manifestants à Homs pour agiter le spectre de la menace islamiste. Ou pas. Il est en effet difficile de recouper les sources pour avancer des informations fiables.

 

 

Le "printemps syrien" prend des allures vaudevillesques qui pourraient faire sourire si les circonstances n'étaient aussi tragiques. Les organisations des droits de l'homme font état de plus de 1 000 victimes depuis le 15 mars, date du début du mouvement de protestation. Les "vendredis de la résistance", ainsi baptisés par les manifestants, se sont transformés en bains de sang.

 

De nombreux observateurs ont comparé les révoltes syriennes qui se poursuivent depuis le 15 mars au mouvement d'insurrection qu'avait connu ce pays au début des années 1980, en particulier les événements d'Hama en 1982 à ceux de Deraa. Pourtant, si quelques similitudes sont manifestes, notamment en termes de méthodes de répression, de nombreux points de divergence devraient conduire à nuancer la comparaison et à l'employer avec plus de circonspection.

D'abord les mouvements de protestation anti-régime survenus à partir de 1980 ont eu lieu exclusivement dans des grands centres urbains - Alep, Homs, Hama. Damas, lieu clos du régime, est longtemps restée à l'écart de la contestation. Le mouvement n'avait guère pris en milieu rural, chasse gardée du parti Baas. Et pour cause. Il était conduit par des acteurs urbains, pour la plupart issus de familles de grands notables sunnites dont le rôle dans la lutte contre les Français leur avait conféré une aura et une autorité incontestées, et par l'élite religieuse réunie sous la houlette des Frères musulmans.

 

A partir des années 1970, la contestation s'est polarisée autour de la mise en place d'un système politique autoritaire et répressif, du développement de la corruption, de l'accaparement des richesses du pays par un clan. Elle a fini par absorber d'autres tendances politiques (les communistes, les baasistes pro-irakiens et les nassériens) et d'autres catégories sociales (les syndicats de professions libérales : ordre des avocats, des médecins, etc.). En reformulant et en s'appropriant les doléances de tous les opposants au régime baasiste, les Frères musulmans sont alors parvenus à s'ériger en figure de proue de la contestation. Le mot d'ordre est devenu "démocratie" (c'est encore le cas aujourd'hui).

Mais l'organisation s'est retrouvée dépassée par une branche entrée en dissidence, la Tali'a al-Muqâtila (l'Aile combattante) partisane d'attaques violentes sans compromis avec le régime qualifié d'"impie" dont le sectarisme et l'intransigeance avaient de quoi faire frémir les minorités. C'est cette branche qui a lancé l'ultime assaut d'Hama en février 1982, perpétré sans l'aval officiel du bureau politique des Frères musulmans.

 

Le 2 février, alors que leur quartier général venait d'être découvert par les "Panthères roses", sobriquet donné aux Brigades de défense, garde prétorienne dirigée par Rifaat Al-Assad, frère du président Hafez Al-Assad, les militants de l'Aile combattante parviennent à repousser l'assaut et à briser la chape de plomb qui s'abat sur eux.

Aussitôt, ils proclament la guerre sainte, assiègent la ville, pendent sur les places publiques tous les éléments assimilés au régime (faisant plus d'un millier de morts) et arment les habitants hamiotes en prétendant agir sur les ordres du bureau politique, déclenchant un engrenage de violence irréversible. L'appareil sécuritaire syrien rétorque à l'artillerie lourde. Bilan : entre 15 000 et 30 000 morts, selon les estimations, majoritairement civils.

A Deraa, la situation est très différente, même si les méthodes répressives et la nature de l'intervention sécuritaire renvoient cyniquement à l'épisode d'Hama. A raison. Maladresse ou volonté de faire passer un message, les forces qui interviennent aujourd'hui à Deraa et dans d'autres poches d'insurrection sont, entre autres, des divisions de la garde prétorienne aujourd'hui dirigée par le frère cadet de Bachar Al-Assad, Maher Al-Assad, jadis sous la houlette de l'oncle Rifaat Al-Assad.

 

Aujourd'hui, les instigateurs de la contestation ne sont ni les garants d'un ordre social menacé, comme ce fut le cas dès 1963, ni des moudjahidin, comme à Hama en 1982. La majorité des émeutiers de Deraa sont des jeunes paupérisés, des laissés-pour-compte du système qui réagissent, au même titre que les acteurs des révoltes tunisienne et égyptienne, à la fois à leur condition sociale et politique d'Homo sacer, telle que définie par Giorgio Agamben, c'est-à-dire d'"exilés non exilés" privés d'existence juridique et victimes d'un "état d'exception" permanent. L'affaire qui a déclenché les événements de Deraa en est l'illustration. Alors que les parents des collégiens emprisonnés pour avoir tagué des slogans révolutionnaires tentaient une conciliation avec Atif Najib, directeur des moukhabarat locaux (depuis, il a été révoqué) et cousin du président, pour libérer leurs enfants, ce dernier leur aurait rétorqué : "Rentrez chez vous et oubliez vos enfants !"

 

Leur refus d'"oublier" s'est soldé par l'assaut armé des moukhabarat. C'est contre cet Etat d'exception, qui autorise l'arbitraire et s'arroge la possibilité d'atteindre les corps et de les faire disparaître sans justification et en toute impunité, que les habitants de Deraa se sont avant tout insurgés, galvanisés par les exemples tunisien et égyptien.

Si les jeunes sunnites sont une composante notable du mouvement d'insurrection, d'autres acteurs issus de minorités religieuses ou ethniques, autre chasse gardée sur laquelle le Baas s'est appuyé, s'y sont greffés. Ainsi, des Kurdes du gouvernorat d'Hassaké - qui sont dans la dissidence depuis 2004 -, des Druzes de Sweida, et d'autres minorités confessionnelles en marge ont pris part à la contestation.

 

Le principal slogan, "Par notre âme, par notre sang, nous nous sacrifierons pour toi, ô Deraa" - qui a ironiquement détourné un slogan officiel s'achevant par "nous nous sacrifierons pour toi ô Bachar" -, montre que le mouvement s'est développé par un instinct de solidarité nationale et de reconnaissance sociale transcendant les clivages confessionnels - même si la communauté chrétienne se montre toujours très frileuse.

Le 24 mars, le groupe Facebook The Syrian Revolution 2011, qui réunit aujourd'hui plus de 180 000 membres - un peu plus que la page de fans de Bachar Al-Assad -, publiait un "Code d'éthique contre le sectarisme en Syrie" dans lequel il condamnait le sectarisme et "toute forme de discrimination entre les Syriens", accordant le primat à la bannière nationale.

 

Aujourd'hui, le "printemps syrien" scelle l'échec du projet baasiste - qui s'est essoufflé depuis trois décennies. Populaire en son temps par les possibilités de promotion sociale qu'il offrait en milieu rural et au sein des minorités confessionnelles, le parti Baas n'est plus qu'une coquille vide. Deraa, bastion historique du Baas qui n'avait pas pris part aux insurrections des années 1980, en est l'illustration.

 

En s'éloignant de son leitmotiv socialiste (rappelons que le Baas syrien se définit comme un parti laïque, panarabe et socialiste) et en délaissant sa base sociale de soutien - le monde rural et certaines minorités, dont les Kurdes -, le Baas s'est désarçonné. La libéralisation économique, amorcée à la fin des années 1980, pour bénéfique qu'elle ait été à l'économie du pays, n'a profité qu'à une mince oligarchie et à une coterie de clients.

Les Makhlouf, en particulier Rami, et les frères Shalîsh, Riyad et Zoulhamma, tous cousins du président, sont cloués au pilori des "Trabelsi de Syrie". Rami Makhlouf a, entre autres, la haute main sur le secteur des télécommunications et les frères Shalîsh dirigent la Fondation de construction militaire pour les travaux et le bâtiment qui gère tous les marchés de construction publique, comme le projet de détournement des eaux du Tigre pour irriguer le gouvernorat de Hassaké, voté récemment et évalué à 2 milliards de dollars (1,4 million d'euros).

 

A une échelle plus locale, certains observateurs avancent qu'à Homs, seul grand centre urbain à être touché par un mouvement de contestation de masse pour l'instant, les habitants se seraient en partie révoltés contre le clan Al-Akhlas, famille élargie de l'épouse du président, dont les frasques et les passe-droits seraient désignés à la vindicte. Le projet baasiste a quasiment reproduit la situation socio-économique qui prévalait avant son arrivée au pouvoir : 5 % de la population bénéficie de plus de 50 % du revenu national, selon les économistes.

 

L'alibi de défenseur de la cause palestinienne et les théories conspirationnistes suffiront-ils à calmer la contestation et à sauver le régime ? Il est vrai que l'argument du complot visant à déstabiliser la Syrie, répandu par le régime pour justifier la répression, trouve un large écho chez ses partisans et dans certaines franges de la société syrienne, d'autant qu'il paraît étayé par certains faits. Ainsi, deux proches d'Abdel Halim Khaddam, Ahmad Moussa et Mohammad Ala'a Bayati, responsables de l'organisation des protestations et des bandes armées à Baniyas, fief et ville d'origine de l'opposant exilé, auraient été arrêtés dans la nuit du 10 avril. Autre exemple, des rumeurs plausibles indiquent que l'administrateur du groupe Facebook The Syrian Revolution 2011 serait Fida'ad-Dîn Tari'if as-Sayyid'Isa, responsable de la branche des Frères musulmans en Suède

 

L'appareil coercitif est certes en mesure de contenir le mouvement pour l'instant, mais à l'heure où les images circulent en temps réel, ses marges de manoeuvre sont plus limitées. Si en 1982, la ville d'Hama a pu être bombardée par le 41e groupe aéroporté des Unités spéciales dans une relative indifférence de la communauté internationale, l'exemple libyen exhorte à se faire plus discret.

A supposer que l'option militaro-sécuritaire l'emporte, le ressentiment et la crise de confiance qu'elle instille ne disparaîtront pas du jour au lendemain, sans réformes profondes, à même de conduire à une véritable transition démocratique, conformément aux revendications populaires.

 


Doctorante à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) et attachée de recherche et d'enseignement à la chaire d'histoire contemporaine du monde arabe Henry Laurens du Collège de France, Nora Benkorich est sur le point d'achever sa thèse portant sur l'histoire de la Syrie baasiste (depuis 1963). Elle est lauréate du prix Michel Seurat 2011, délivré par le CNRS. Nora Benkorich, historienne

 

Publié par : http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/05/23/sanglant-printemps-syrien_1526135_3232.html

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