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22 juillet 2011 5 22 /07 /juillet /2011 18:09

 

 

Six mois après les premières émeutes, la Tunisie et l’egypte sont toujours dans l’espectattive avec la crainte trés nette de voir l’armée confisquer la révolution.

Vent de liberté, fin des dictatures, un nouveau souffle… Les qualificatifs n’ont pas manqué en début d’année pour définir les révoltes qui ont frappé consécutivement la Tunisie puis l’Egypte. Les indétrônables Ben Ali (au pouvoir depuis 1987) et Moubarak (1981) n’ont rien pû faire devant la colère de la population si ce n’est utiliser l’armée pour tenter de les faire taire, armée qui s’est finalement retournée contre eux. Mais 6 mois après, on ne parle plus de la Tunisie et de l’Egypte. La Libye et la Syrie leur ont volé la vedette. Pourtant, la transition du pouvoir est compliquée et les fantômes de la contestation ressurgissent.

Tunisie: impatience et amertume

En Tunisie, les manifestations sont de retour  dans les grandes villes du pays après quelques semaines d’accalmie. Le spectre de la violence est même revenu lorsqu’un garçon de 14 ans a été tué par balle à Sidi Bouzid après un rassemblement dispersé par la police. La mort de cet adolescent porte une charge symbolique d’autant plus forte que Sidi Bouzid, dans le centre de la Tunisie, a été la ville où « la révolution de jasmin » a éclaté. C’est là qu’un jeune vendeur de légumes s’était immolé par le feu en décembre dernier, provoquant un mois de révolte et 300 morts selon l’ONU.

Les manifestants en colère ont l’impression que rien n’a changé depuis 6 mois et la chute du président Ben Ali le 14 janvier. Les élections législatives devaient avoir lieu le 24 juillet. Elles ont finalement été reportées au 23 octobre.

Ben ali, l’ex-homme fort du pays depuis 1987 (5 élections présidentielles remportées avec des scores ridiculeusement élevés) a été condamné à l’issue de deux procès à 50 ans de prison (idem pour sa femme) mais par contumace. Depuis leur fuite en Arabie Saoudite, Ben Ali et son épouse sont sous le coup d’un mandat d’arrêt international. En revanche, 33 membres de sa famille ont été arrêtés.

Quant à la sécurité, elle n’est pas garantie. Depuis quelques temps, les islamistes gagnent du terrain. Au début du mois, un cinéma de Tunis a été attaqué alors qu’un film sur la laïcité était projeté. Deux jours plus tard, des salafistes ont également agressé des avocats devant le Palais de justice de la capitale. Le ministre de l’Intérieur a évoqué la présence de membres d’Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique à la frontière tuniso-algérienne. Des échanges de tirs ont causé la mort d’un colonel et d’un soldat tunisiens, le mois dernier.

Du coup, en pleine période de vacances, le gouvernement a ordonné une série de mesures pour protéger les sites touristiques: postes de police sur toute la côte et dans les grandes villes, numéros d’urgence activés et itinéraires spéciaux créés pour éviter les zones à risques. Les autorités doivent également gérer l’afflux de migrants libyens qui viennent se réfugier depuis plusieurs mois.

Enfin, la Tunisie a également du mal à retrouver une dynamisme touristique: 40% de visiteurs en moins et 3000 emplois détruits depuis le début de l’année. La saison estivale devrait suivre la même tendance.

Egypte: la Place Tahrir toujours active et l’ombre d’Hosni Moubarak

Il est trés difficile voire scabreux de dresser un parallèle entre la Tunisie maghrébine et l’Egypte, (le plus grand pays du monde arabe) située aux confins de l’Afrique et de l’Asie. Mais force est de constater que, comme en Tunisie, le bilan n’est pas très optimiste. Les contestataires ne sont pas rassurés. Depuis le début du mois, ils sont même de retour sur la Place Tahrir au Caire qu’ils ont occupé des jours et des jours jusqu’au départ d’Hosni Moubarak le 11 février. Ils ne comprennent pas que qu’il leur ait fallu 18 jours pour faire partir leur président, et qu’il faille des mois pour organiser des élections. Le spectre d’une junte militaire s’installant durablement au pouvoir inquiète. Voilà 5 mois que le pays est contrôlé par l’armée, pilier de l’ancien régime. Plus de 10 000 civils ont été traduits devant des tribunaux spéciaux, dont des manifestants, des militants d’ONG et au moins un journaliste auteur d’un article critique sur l’armée. Il n’y a  jamais eu autant de personnes traduites devant des tribunaux militaires en 30 années de pouvoir autoritaire.

Mais ces derniers jours, le gouvernement égyptien semble prendre la mesure de l’exaspération de la population. 700 membres de l’armée ont été renvoyés et un nouveau gouvernement remanié doit être officiellement nommé. Les élections législatives sont prévues en octobre voire novembre pour laisser le temps aux formations politiques de s’organiser. La présidentielle devrait avoir lieu dans la foulée.

En revanche, le cas Hosni Moubarak est toujours incertain. Le successeur d’Anouar El-Sadate doit être jugé le 3 août et risque la peine de mort. Mais à 83 ans, il serait trop malade pour comparaître. Moubarak vit en résidence surveillée à l’hôpital de Charm-El-Cheikh après une crise cardiaque en avril. Mais les manifestants ne veulent rien savoir. Même s’il est souffrant, Moubarak doit payer pour les « martyrs » de la révolution égyptienne, disent-ils. Ils estiment que son état de santé est une stratégie pour susciter de la compassion. Et le voir échapper à la justice est inacceptable pour eux.

Le rétablissement de la stabilité passera, comme toujours par une stabilisation de l’économie. Mais comme chez le voisin tunisien, l’été s’annonce très moyen alors que l’année dernière, 600 000 touristes français sont, par exemple, venus visiter le pays. Pour faire revenir les touristes, le gouvernement envisage d’organiser en septembre un grand festival sur la Place Tahrir avec un grand nombre de célébrités internationales.

Christophe Dard

Lien: http://streetgeneration.fr/news/streetg-magazine/48273/tunisie-egypte-la-crainte-dune-confiscation-par-larmee/

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