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17 juillet 2011 7 17 /07 /juillet /2011 08:02


Le rendez-vous a été pris, comme souvent, sur Facebook: le 3e sit-in, ou Kasbah III, est-il en marche? Quelques centaines de manifestants ont, en tout cas, répondu à l’appel, vendredi, à La Kasbah et dans le centre-ville de Tunis.
Par Zohra Abid

 


Ça fait déjà des mois que les internautes se préparent pour un autre sit-in, comme un avertissement lancé au gouvernement qui, selon eux, n’a pas répondu aux attentes du peuple. Il y a ceux qui disent que le gouvernement de M. Caïd Essebsi s’est bouché les oreilles et s’est rangé du côté des nantis, autrement dit les Rcdistes et autres proches de l’ancien régime, qui se seraient positionnés dans les rouages de l’Etat. «Nous avons fait confiance à M. Caïd Essebsi, mais il nous a déçus. Il ne dit pas la vérité, fait traîner les choses et connaît bien les ennemis de la révolution. Son discours ne passe plus», raconte à Kapitalis une maman en pleurs, qui a perdu son enfant pendant les événements du 14 janvier. Elle ajoute: «Et qu’ils nous tirent dessus!»

Vendredi, Tunis s’est mal réveillée
Dès le matin, à la chaleur moite s’est ajoutée une atmosphère lourde. Les cortèges d’agents de sécurité étaient visibles assez tôt le matin dans les places les plus névralgiques de la capitale avec un renfort à l’avenue Habib Bourguiba et un autre à la Kasbah.


Sauve qui peut!

Dans cette place, devenue symbolique de la révolution, un peu avant l’heure de la prière du vendredi, des femmes et des hommes, des jeunes et moins jeunes se sont rendus aux mosquées. D’autres se sont rassemblés sur les trottoirs brandissant leurs banderoles de colère. «Vers le coup de midi, on a arrêté la circulation et encerclé la place et toutes les issues par des policiers. La colère des protestataires est montée d’un cran lorsque la police est entrée jusqu’à l’intérieur de la mosquée et tiré des bombes lacrymogènes. Des femmes ont étouffé, d’autres se sont évanouies. Dehors, coups de matraque, insultes et bombes lacrymogènes. Nous avons pris la fuite. C’est ainsi qu’ils nous ont dispersés», raconte Amine, un étudiant à la Faculté des lettres et sciences humaines 9-Avril.



Hamza est un économiste dans une grosse boite française. Il est rentré en vacances il y a seulement deux semaines. «J’ai remarqué la dérive. Ça va être pire qu’avant. Il y a apparemment de gros dossiers tenus secrets. Les richesses du pays sont tenues par une bourgeoisie parasitaire, impliquée avec l’ancien régime et qui s’est enrichie grâce à la fraude fiscale. Il faut les dénoncer, il faut clarifier la situation au peuple, c’est-à-dire lui dire la vérité. Qu’on arrête de le prendre pour un idiot. J’ai mal pour mon pays, j’ai peur pour mon pays», s’indigne Hamza.

Nuages de fumée
Encore plus déçus que Hamza, un groupe d’étudiants rage contre le gouvernement et cite des noms. «Nous connaissons tout le monde et c’est le monde de Ben Ali qui gouverne. Caïd Essebsi est pris par la gorge et il est entre deux feux. Ce n’est pas comme ça qu’il va passer, l’orage est difficile à dissiper et demain ça va être un tsunami», grogne Abir.
Pour passer par les hauteurs de la Kasbah, il a fallu négocier avec les agents de l’ordre, les uns cagoulés, les autres à visage découvert. Ça chauffe comme une cocotte minute à l’intérieur et à l’extérieur de la mosquée, ça siffle de plus en plus. Une femme crie sa douleur. Elle accuse les snipers qui ont tué son fils Helmi. Sa douleur a enflammé la foule.



Du coup, un bruit de sirène de la police et des tirs en l’air. A partir de leurs voitures, les policiers ont tiré des bombes lacrymogènes sur la foule qui s’est dispersée. Des hommes par terre, des femmes évanouies sur les trottoirs. La place est devenue tout en nuages de fumée...
Soudain, un agent de police jette par terre son casque et se joint à la foule. Il brandit une banderole griffonnée d’un slogan «Vive le peuple», en première ligne du peloton des manifestants.


L'agent de l'ordre qui se joint aux manifestants

Ses collègues interviennent rapidos, le prennent par le bras et le conduisent gentiment jusqu’à la voiture. Puis, par la force, ils le jettent à l’intérieur d’un véhicule.

Une intervention musclée
En quelques minutes, la place est devenue noire de voitures de police. On tirait des bombes lacrymogènes dans tous les sens. Toutes les issues ont été fermées. Aux environs, ce n’est pas mieux, rues et impasses sous haute surveillance avec des barrages et des policiers. Des policiers cagoulés. Dans d’autres petites rues, non loin du ministère de la Défense, des femmes, dans leur jean et haut échancré, crient à la trahison. Derrière elle, un parterre de jeunes. La police tente de les calmer en haussant le ton, et les... poussant en arrière avec des bâtons.
Il est 16h30, la Place Bab Jedid est presque fermée. A la Place Barcelone, les stands du commerce parallèle ont magiquement disparu. Tout le monde a plié, en toute vitesse, bagage, ramassé ses tréteaux et parti. Dans les parages, au siège du Congrès pour la république (Cpr), une rencontre allait se tenir à 17 heures. Elle n’a pas eu lieu. Car, les membres du bureau ont eu un coup de fil leur annonçant que plusieurs de leurs militants sont arrêtés. Un jeune homme blême, tout en sueur, essoré comme un limon, est à la recherche de Abderraouf Ayadi, un membre du Cpr. «Notre camarde Elyès, fils de Me Chaouachi, un habitant de Boumhel, vient d’être arrêté, il faut intervenir vite», crie le jeune homme, qui dit qu’Elyès est son ami ; et était avec lui dans la manif de la Kasbah. Il ajoute que son père avocat est un indépendant. Il avait appartenu un moment au Pdp d’Ahmed Nejib Chebbi, mais il s’est retiré de ce parti le 17 janvier.
17 heures 30, sur Facebook, des vidéos et des photos circulent. Des informations sur le nombre important d’arrestations. Des journalistes ont été tabassés, une dizaine selon le Syndicat national des journalistes tunisien (Snjt), qui a rendu public un communiqué, en fin d’après-midi, pour condamner les violences dont ont été victimes les journalistes et indiquer qu’il va intenter un procès contre le ministre de l’Intérieur.

 

lien : http://www.kapitalis.com/fokus/62-national/4917-tunisie-scenes-de-revolution-inachevee-.html

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