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8 mars 2012 4 08 /03 /mars /2012 06:50

 Après le nez de Cléopâtre, celui du « cheikh esthétique »


Anwar al-Bilkimy le nez bandé

Il y avait le nez de Cléopâtre qui a fait la grandeur de l'Egypte. Il y a celui d'Anwar al-Bilkimy, député salafiste, qui, depuis une semaine, provoque une crise politique au pays des pharaons...

Tout commence la semaine dernière, lorsque le parlementaire Anwar al-Bilkimy, couvert de bandages, annonce à la télévision égyptienne avoir été victime d'une attaque armée alors qu'il était à bord de sa voiture. Il explique également que les auteurs de ce brigandage lui ont soutiré 100 000 livres égyptiennes, soit environ 12 000 euros.

Seulement, voilà tout ceci n'était qu'un coup monté destiné à cacher... une opération de chirurgie esthétique !

Ce sont des médecins et du personnel médical de hôpital de Cheikh Zayeed, dans la banlieue du Caire, qui ont révélé le pot aux roses. Ils ont expliqué qu'Anwar al-Bilkimy avait récemment profité de leurs services.

Rapidement, la justice égyptienne a réclamé à l'hôpital son dossier médical et demandé au Parlement « de lui permettre de témoigner », rapporte la presse cairote qui a transformé cette affaire en un feuilleton à l'eau de rose avec comme titre générique « le cheikh esthétique ».

Enquête de police

Le député salafiste adepte de la chirurgie esthétique a pris peur lundi quand la justice a demandé un examen médico-légal et une enquête de police. Face à la pression médiatique, Anwar al-Bilkimy a préféré démissionner.

Dans un communiqué publié sur Facebook, le parti salafiste Al-Nour a confirmé que l'histoire de l'agression avait été « inventée de toutes pièces ». Il en a profité pour annoncer qu'après une discussion avec le chef du parti, Abdel Ghafour Emad, Bilkimy avait décidé de « démissionner du parti et du Parlement ».

« Le cheikh esthétique » devra également « présenter des excuses officielles aux médecins de l'hôpital, à son parti, à tous les membres du Parlement, aux médias, aux forces de sécurité et au peuple égyptien ».

Une pratique satanique

Pire encore pour Anwar al-Bilkimy, le recours à la chirurgie esthétique pour remodeler ou embellir l'aspect de certaines parties du corps est très critiqué par les partis islamistes radicaux.

Les « fous de Dieu » jugent en effet la chirurgie plastique comme un péché. Une pratique satanique qui vise à transformer la création de Dieu. D'ailleurs, les partis extrémistes attaquent souvent les actrices égyptiennes qui passent sur le billard.

Mais ce qui choque le plus en Egypte, c'est qu'un islamiste, toujours prompt à donner des leçons aux autres, puisse dépenser l'équivalent de quatre ans de salaire d'un Egyptien moyen pour refaire son nez.

Dans un pays en crise où la pauvreté a explosé, la nouvelle du nez du député salafiste a fait l'effet d'une bombe. Une affaire qui dévoile que certains salafistes préfèrent l'esthétique à l'éthique.

source rue89

 

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« La révolution ne fait que commencer ! »

Égypte : « La révolution ne fait que commencer ! »

Negla Muhammed (Photo: ©Nirya Fatykhova)

 L’activiste égyptienne, Negla Muhammed, nous explique les raisons qui ont conduit à la révolution. Et compte bien prochainement que la devise de la nation française, « Liberté, Égalité, Fraternité » s’applique à son pays.

 

Depuis le mois de janvier 2011, une des rues qui mènent à la place Tahrir n’est plus praticable. La cause ? Un mur en béton barre le passage. Les écoliers s’y retrouvent à l’heure du déjeuner pour jouer au football. Ce détail mis à part, l’impasse est tranquille : personne ne vient troubler les visiteurs qui admirent ce mur tagué ; les mots d’ordre des révolutionnaires sont peints en travers du mur. J’ai demandé à l’activiste Negla Muhammed de m’expliquer le pourquoi de son combat. Et voilà une femme gracieuse qui me répond tout naturellement en utilisant la devise de la nation française : « Pour la Liberté, l’Égalité, la Fraternité ». Elle s’interrompt un bref instant, puis ajoute enfin : «Et pour le Pain ». La révolution égyptienne ne s’explique ni par l’envie de participer à la vie politique du pays, ni par l’engouement du média étendu qu’est Internet : l’élément déclencheur le plus important est uniquement la pauvreté de la population. Du moins, c’est l’avis que partage Negla. À ses yeux il est primordial de relater les faits réels qui ont abouti à ce revirement de situation.

 

cafebabel.com : À quel moment précis la révolution a-t-elle commencé pour toi ?

 

Negla Muhammed : Le mécontentement de la population s’est fait sentir à l’aube du deuxième millénaire. Le premier mouvement d’opposition a été formé en 2004 : on l’a surnommé « Kaffajah », ce qui signifie « ras le bol » à peu de chose près. À l’époque, les premières manifestations paraissaient insignifiantes : un beau matin, 25 personnes ont défilé. Les gens nous ont ri au nez, ce qui n’était pas étonnant puisque les policiers qui nous encadraient étaient en surnombre.

cafebabel.com : Quelle était la cible de vos manifestations ?

Negla Muhammed : Il faut rappeler que la guerre en Irak a causé beaucoup de tort à la société égyptienne. Du jour au lendemain, tout est devenu plus cher, surtout les aliments de première nécessité : nous avons été obligés de payer le kilo de lentilles 9livres égyptiennes (un peu plus d’1 euro,ndt), alors qu’il ne nous coûtait que 2 livres avant la guerre (environ 0,25 euros, ndt). Chaque jour, la population égyptienne s’appauvrissait à vue d’œil, à tel point que certaines femmes ont dû chercher un emploi : de nombreuses Égyptiennes ont été poussées à l’émigration, elles ont dû travailler comme femmes de ménage à l’étranger.

 cafebabel.com : Quelle a été la suite des événements ?

Negla Muhammed : Les prix n’ont cessé d’augmenter. C’est en avril 2008 que nous avons organisé la plus grande manifestation inédite par le biais d’Internet. Ce n’était pas une manifestation géante bien sûr. Par contre, les ouvriers d’une usine textile basée dans la ville industrielle de Mahalla El-Kubra se sont mis en grève : les forces de police sont intervenues et une centaine d’ouvriers ont été arrêtés. Parallèlement, la situation politique devenait encore plus absurde : Moubarak avait modifié la Constitution et il était certain que son fils Gamal allait bientôt lui succéder. Les personnes qui ont critiqué Moubarak ont été réduites au silence : le blogueur Khaled Saïd a été battu à mort par les policiers, il avait tout juste 18 ans. En 2009, le mouvement « Nous sommes tous des Khaled Saïd » est apparu sur Facebook : un an plus tard, ce groupe comptait 700.000 membres, une preuve de solidarité. En 2010, lorsque Moubarak a décidé d’un claquement de doigts de reporter les élections présidentielles de deux ans, ce geste a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.

La démocratie n'est pas une impasse.

La démocratie n’est pas une impasse. | “Personne ne vient troubler les visiteurs qui admirent ce mur tagué ; les mots d’ordre des révolutionnaires sont peints en travers du mur.”

cafebabel.com : Mais comment en êtes-vous arrivés à protester en janvier 2011 ?

Negla Muhammed : Les Tunisiens ont osé protester, ils ont été les précurseurs des soulèvements, et ils nous ont donné tant d’espoir. Le 25 janvier, plus connu sous le nom de « jour de la police », nous avons décidé d’opposer la même résistance au régime. Grâce à Internet, nous avons appelé le peuple à nous suivre. 6000 manifestants nous ont suivi de leur plein gré jusqu’au Caire : il s’agissait de jeunes activistes la plupart du temps.

cafebabel.com : Le 28 janvier, vous étiez déjà des millions. Que s’est-il passé pendant les 3 jours qui ont précédé cette date ?

Negla Muhammed : Les membres du gouvernement étaient seuls responsables. À la suite des premières manifestations, ils ont bloqué les réseaux de communication, que ce soit le téléphone, Internet ou la télévision. Les relations publiques étaient au point mort. Alors les gens se sont rendus sur les grandes places pour tenter de savoir ce qui se passait. Et d’un seul coup, des foules gigantesques se sont rassemblées.

cafebabel.com : Liberté, Égalité, Fraternité. Crois-tu que se soit vraiment possible en Égypte ?

 Negla Muhammed : Oui, bien évidemment. Il n’y a qu’à regarder notre parcours.

Aux yeux des jeunes révolutionnaires, le mur qui se trouve dans une ruelle adjacente à la place Tahrir est le symbole d’une démocratie solide qui a remporté le combat contre l’injustice. C’est la raison qui explique que ce monument représente encore le printemps égyptien. Pendant ce temps là, de l’autre côté du mur, sur la place Tahrir, les protestations ne s’arrêtent pas. À présent, les Égyptiens doivent faire face aux militaires. « La révolution ne fait que commencer ! », me crie Negla en guise d’adieu.

source cafebabel

 

 

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