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18 janvier 2012 3 18 /01 /janvier /2012 02:04

Anouar Malek : «En Syrie, on a menacé de m’égorger»


.à gauche : «Les tirs de balle n’ont pas cessé». en haut : «Les rapports ignoraient le non-retrait des blindés». en bàs : «Nous avons vu un cadavre dépecé».  

 

À gauche : «Les tirs de balle n’ont pas cessé». En haut : «Les rapports ignoraient le non-retrait des blindés». En bàs : «Nous avons vu un cadavre dépecé».

 

La fracassante démission du journaliste et écrivain algérien Anouar Malek, le 6 janvier, de la mission d’observateurs de la Ligue arabe en Syrie a mis à mal le régime de Damas, la Ligue arabe et même les autorités algériennes. Dans cet entretien exclusif à El Watan, il répond aux déclarations de Mourad Medelci et aux accusations du général soudanais Eddabi, chef de la mission.

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Comment avez-vous participé à la mission d’observation en Syrie et sous l’égide de quelle ONG ?

J’ai été choisi par le Comité arabe des droits de l’homme, dont le siège est à Paris, pour représenter l’ONG dans cette mission humanitaire. Je n’ai pas hésité à accepter cette offre car j’ai vu dans cette participation ma contribution à l’instauration de la paix en Syrie, un pays très cher à mon cœur.

 

-Combien y avait-il d’observateurs algériens au sein de cette mission ?

J’étais dans le premier groupe qui a quitté Le Caire pour Damas le 26 décembre dernier, et qui comprenait environ cinquante observateurs représentant plusieurs pays dont l’Algérie, la Tunisie, l’Irak, la Mauritanie, le Soudan, Djibouti, le Maroc et l’Egypte. A ce moment-là, l’Algérie avait envoyé six responsables, trois lieutenants-colonels et trois représentants du ministère des Affaires étrangères, qui ont été rejoints par quatre autres Algériens. En tout, la mission officielle algérienne comprenait dix responsables, répartis entre la banlieue de Damas, Deraa, et Alep.

 

-Que répondez-vous à Mourad Medelci qui a clairement fait entendre que vous ne représentiez pas l’Etat algérien ? Vous attendiez-vous à une telle réaction ?

J’ai été surpris par les termes employés par le ministre algérien des Affaires étrangères. Comme s’il m’enlevait ma nationalité algérienne, alors que je n’ai pas d’autre nationalité. Il aurait fallu que M. Medelci dise : «Anouar Malek est Algérien, mais il ne fait pas partie de la délégation officielle du gouvernement algérien.» Ses propos illustrent une défense franche du régime de Bachar Al Assad. Il est vrai que je ne représente pas le gouvernement. Et cela ne m’honorerait pas de représenter un gouvernement dont le ministre des Affaires étrangères est Mourad Medelci, parce qu’on l’a vu à plusieurs reprises commettre de graves erreurs qui font honte à la diplomatie algérienne.

La première personne à s’être désolidarisée de ma position a malheureusement été M. Medelci, alors que le ministre des Affaires étrangères syrien, Walid Al Mouallem, n’a même pas réagi. A mon tour et en tant qu’observateur, je me désolidarise complètement des propos de M. Medelci sur la situation en Syrie. Des propos en complète contradiction avec la réalité du terrain. Je ne sais pas quelles sont les sources de ce ministre ; si ces sources proviennent de la Ligue arabe, j’ai déjà affirmé que tous les rapports envoyés sont mensongers. Si ces sources sont des membres de sa propre délégation en Syrie et si elles affirment qu’elles ont une autre opinion que la mienne, alors cela décrédibilise encore plus la mission des observateurs. Car cela signifie qu’ils obéissent à leur propre gouvernement et non au protocole de la Ligue arabe.

Par ailleurs, les premières vidéos à avoir filtré étaient celles du commandant Achour, de la délégation officielle algérienne, où l’on voit clairement des snipers à Deraa, des scènes dont le général Mohammed Ahmed Mustapha Eddabi, chef de la mission des observateurs, a démenti l’existence. De toute manière, M. Medelci s’est lui-même décrédibilisé ainsi que son propre ministère. Encore une fois, il fragilise la position officielle du régime.

 

 

-Que répondez-vous au chef de la mission d’observation qui vous reproche de n’avoir pas quitté votre chambre pendant six jours ?

Ce sont les chaînes satellitaires qui lui ont répondu, à chaque fois qu’elles diffusaient une vidéo où l’on me voyait en sa compagnie dans les quartiers de Homs où j’accomplissais ma mission de manière tout à fait normale ! Même les chaînes satellitaires syriennes et d’autres chaînes arabes pro-Al Assad qui m’attaquaient ont montré, elles aussi, des vidéos où j’apparais dans plusieurs quartiers de Homs. J’ai passé seize jours à Homs et j’ai été le premier, en compagnie d’Eddabi, à entrer dans le quartier de Baba Amrou. Nous y sommes restés deux jours consécutifs. Ce fut notre première sortie sur le terrain. Et ce même Eddabi prétend que j’ai passé six jours dans ma chambre d’hôtel ! Alors, qu’ai-je fait durant les dix autres jours ?

J’ai également publié mes observations sur ma page facebook le matin du vendredi 6 janvier 2012. Et cette page a été piratée le jour même, après que les médias aient repris les informations. J’ai tout de suite gelé mon travail au sein de la mission jusqu’à mon départ de Homs lundi 9 janvier au matin. A propos de ma prétendue maladie, j’ai juste attrapé une grippe, comme mes autres collègues de la mission, et c’était pendant la période où j’avais démissionné. Le plus surprenant est arrivé le samedi 7 janvier : la Ligue arabe a démenti la fermeture de ma page facebook en prétendant que je suis ambassadeur et que je m’appelle Anouar Abdelmalek Ahmed.

Cela est arrivé parce qu’Eddabi m’a contacté alors que j’étais dans ma chambre et il m’a questionné sur ma page facebook fermée. Je lui ai répondu que je n’étais pas au courant parce que je n’avais pas internet dans ma chambre, mais il ne m’a plus contacté par la suite. Les accusations d’Eddabi l’ont mis à nu et corroborent tout ce que j’ai dit à propos de cette mission inefficace, d’un niveau ridicule, qui ne correspond pas à une très grande mission dont dépend l’avenir de tout un pays et de la région.

 

 

-Avez-vous reçu des menaces ?

Le vendredi 6 janvier, suite à la publication de mes observations sur facebook, j’ai reçu plus de dix appels anonymes me menaçant d’être «égorgé». Et le jour où nous avons, avec mes collègues, quitté Homs pour Damas, des snipers ont tenté de nous tuer. Heureusement, seule notre voiture et celle de notre protection ont été touchées. Chose bizarre, nos accompagnateurs nous ont emmenés sur une route, à côté du quartier de Baba Amrou, alors que ce n’était pas notre chemin habituel. Le régime voulait nous convaincre que c’était l’armée libre syrienne basée à Baba Amrou qui avait tenté de nous tuer. Or, nous avons essuyé des tirs alors que nous nous trouvions sur un pont proche de l’université du Baas.

Un barrage de chebihas (milices armées civiles pro-régime, ndlr) nous séparait du quartier de Baba Amrou ainsi que des maisons, toutes occupées par l’armée syrienne et les snipers. Un professeur d’université m’a personnellement informé qu’il avait vu des snipers en train de se préparer sur le toit d’une maison, un quart d’heure avant notre passage. Après avoir démissionné et après mes déclarations à Al Jazeera, j’ai reçu des appels téléphoniques anonymes de chantage. On me menaçait de publier des photos de moi dans la salle de bains de ma chambre de l’hôtel Essafir, à Homs !

 

 

-Est-ce que d’autres observateurs ont démissionné ?

Oui. Avant moi, d’autres étaient déjà partis quand je me trouvais encore à Damas. Le lundi 9 janvier, le docteur Abdelhamid Elouali a quitté la mission. Il avait, dans une réunion le 27 décembre dernier, très violemment critiqué la mission en la qualifiant de «mascarade». Pendant ce temps-là, le général Eddabi était occupé au téléphone. Le Marocain l’a interpellé : «Il est très mal élevé de rester au téléphone quand quelqu’un vous parle.» Un Tunisien a aussi demandé à quitter la mission, mais je ne connais pas la suite. L’Egyptien Ahmed Abdallah Khalil et le Djiboutien Mohamed Houcine Omar ont quitté la mission avec moi et je sais que d’autres ont menacé de se retirer si les choses restaient en l’état.

 

 

-Quelles ont été vos conditions de travail sur place ? Qu’est-ce qui vous a le plus choqué ?

Il n’y avait aucune condition spécifique de travail. Nous avions un protocole à suivre, mais sur place, il n’était pas respecté. Nous souffrions du manque de moyens. Nous devions prendre les communications téléphoniques à notre charge. Nous n’avions même pas droit à un bureau alors qu’il était convenu que des locaux seraient mis à notre disposition pour accueillir les citoyens. Nous sommes restés dans l’hôtel, gardés et surveillés par les services secrets, où l’on ne pouvait rencontrer que les pro-régime et des personnes embrigadées qui nous racontaient des contrevérités. La mission d’observation aurait dû travailler dans la sérénité. Depuis notre arrivée, les tirs de balle n’ont pas cessé.

Le régime continuait à bombarder les quartiers à l’artillerie lourde et nous écoutions tout cela sans pouvoir rien faire. Ce qui m’a le plus choqué, ce sont les assassinats qui ciblaient même les enfants. Nous avons vu un cadavre dépecé. C’était un citoyen du quartier de Baba Amrou, qui avait été arrêté puis rendu à sa famille dans un état que l’esprit humain ne peut même pas imaginer. Les tirs de snipers étaient continuels, contrairement à ce qu’avait promis le gouvernement syrien. Sous le choc de tous ces terribles crimes, je trouvais très dangereux que les rapports envoyés à la Ligue arabe ignorent beaucoup de questions sensibles. Ce qui m’a confirmé que plusieurs pays arabes étaient complices du régime de Bachar Al Assad.

Le président de la mission, le général Eddabi, n’a choisi que des personnalités proches des régimes pour présider les groupes sur le terrain. Il a complètement ignoré les éléments issus des ONG et les voyait même comme des ennemis. Il faut souligner que notre protocole de travail a été rédigé dans les beaux salons de la Ligue arabe, loin de la réalité humanitaire tragique. Son application était donc impossible. Par exemple, le gouvernement syrien était chargé de notre sécurité, mais notre escorte – les services de sécurité syriens – ne pouvaient entrer dans la plupart des zones chaudes, comme à Baba Amrou. L’escorte nous disait : «Allez-y, assumez vos responsabilités.» Et lorsque nous rencontrions des difficultés, souvent à cause des snipers, cette même escorte nous accusait d’avoir commis une erreur en voulant entrer dans ces quartiers. Alors, comment appliquer un protocole qui nous demande de dialoguer avec les gens lorsque nous nous trouvions dans des quartiers détruits, sinistrés, face à une situation humanitaire catastrophique ?

 

-Pourquoi, selon vos déclarations, la Ligue arabe a-t-elle produit de faux rapports et quelles en ont été les sources ?

Le problème a commencé à cause de certains chefs de groupe, plus précisément le groupe A et le groupe B, à Homs. Le premier – dans lequel je me trouvais – était dirigé par le colonel Abdallah, des services secrets soudanais ; le second était dirigé par un jeune Irakien, Ammar Djaber Abas, fonctionnaire au ministère des Affaires étrangères irakien. J’ai lu les rapports envoyés à la salle des opérations à Damas. Et j’ai trouvé que ces rapports étaient vides et ignoraient beaucoup de choses, comme par exemple le non-retrait des blindés militaires ou l’emploi de la violence contre les civils, etc. Le général Eddabi a raconté aux médias des contrevérités. Par exemple, le 25 décembre, il a déclaré que la situation à Homs, après notre visite, était calme, alors que nous avons assisté à des tirs de snipers. On nous a tiré dessus et l’artillerie bombardait des quartiers. Tout cela a corrompu le travail de la mission et a causé un très grand tort au peuple syrien et à la noble mission pour laquelle nous étions là-bas.

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Qu’en est-il des groupes armés de l’opposition ?

Il n’y a pas de groupe armé. Il y a une armée libre dont les chefs sont des officiers dissidents qui obéissent à leur propre loi. Mais ils ont avec eux, aussi, des volontaires qui portent des armes. J’ai rencontré Abderrezak Talas, un des officiers dissidents les plus connus, dans une maison abandonnée, à Baba Amrou. Je l’ai questionné à propos de ces civils armés. Il m’a expliqué que les militaires dissidents ont besoin des habitants du quartier pour mieux les protéger parce que la plupart des militaires ne sont pas issus de ces villes-là. C’est pour cela qu’ils ont ouvert la voie à des volontaires, mais de manière très contrôlée. Je précise que depuis notre arrivée à Homs, les éléments de l’armée libre nous avaient promis une trêve et l’ont respectée. Et cela, malgré les bombardements incessants de l’armée régulière. J’affirme ici que l’armée libre est en situation de défense des quartiers et que sans sa présence, des quartiers entiers auraient été exterminés.

 

 

-Comment voyez-vous l’avenir de la Syrie ?

La Syrie se dirige vers une guerre civile. Tant que le régime persiste à employer tous les moyens militaires pour enterrer la révolte populaire. Et tant que le régime de Bachar Al Assad tente d’allumer la mèche du lien confessionnel en misant sur le soutien de la communauté alaouite et en pariant sur la victimisation de la minorité chrétienne. C’est pour cela que les assassinats et les kidnappings ciblent aussi les familles alaouites et les chrétiens. J’ai vu de mes yeux les cadavres du colonel à la retraite Amir Roger et de son fils Hani, assassinés le 5 janvier. D’après mon expertise militaire, j’ai constaté que les munitions utilisées étaient les mêmes que celles utilisées contre les civils dans les quartiers révoltés : des balles explosives. Je souhaite tout le bien pour la Syrie. C’est un beau pays, un grand peuple, mais dommage, dirigé par le sinistre régime de Bachar Al Assad.

par Adlène Meddi et Mélanie Matarese

source elwatan

 

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«,La Syrie est une tête de pont pour une agression contre l’Iran »

 

 

par Joëlle Pénochet et Chérif Abdedaïm


En dépit de la focalisation de l’actualité sur l’Iran, la Syrie demeure sujet à préoccupation de la part des observateurs. Ce pays rétif à l’instauration du Nouvel Ordre Mondial reste est « victime d’actes de terrorisme planifiés et organisés par des puissances étrangères ». Quelle part des services secrets occidentaux dans cette tentative de déstabilisation ? Instrumentalisation de l’OTAN par l’impérialisme US, bras armé de l’ONU ainsi que d’autres questions auxquelles Joëlle Penochet, journaliste, ethnologue et sociologue des mass-médias a répondu dans cet entretien accordé exclusivement à La Nouvelle République.

 

 La NR/ Quelle est votre analyse de la situation en Syrie?

 

J.P/ Ce n’est pas Bachar el-Assad qui est visé, mais la Syrie en tant que pays laïc, nationaliste et indépendant, ennemi d’Israël et rétif à l’instauration du Nouvel Ordre Mondial. Après l’Iraq et la Libye, ce pays doit inéluctablement être détruit à son tour pour permettre la réalisation du vieux projet atlantiste de «Grand Moyen Orient». Par ailleurs, la Syrie est une tête de pont pour une agression contre l’Iran et la poursuite de l’encerclement de la Russie et de la Chine.

 

Après l’élimination du colonel Kadhafi, dans les conditions ignobles que l’on connait, Bachar-el-Assad est le nouvel homme à abattre, l’Hitler du moment. L’agenda atlanto-sioniste (qui correspond à celui des néo-conservateurs du PNAC (Projet pour un nouveau siècle américain) a pris du retard, et le rythme infernal de l’enchaînement des guerres contre les pays ciblés (annoncé par Bush dans le cadre d’une «guerre de cent ans contre le terrorisme) doit s’accélérer. La Syrie est depuis longtemps sur la liste étasunienne des «Etats-Voyous» dont le régime doit être renversé. L’ancien commandant en chef de l’OTAN, le général Wesley Clark, a rapporté en 2007 qu’un officier d’état-major de haut rang lui avait confié, quelques semaines après les attentats du 11 septembre, qu’une campagne militaire de cinq ans était programmée, pour des motifs inconnus, pour attaquer sept pays: l’Irak, la Syrie, le Liban, le Libye l’Iran, la Somalie et le Soudan.

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Concernant l’application de ce projet en Syrie, c’est le scénario libyen, à quelques détails près, qui est répété: la même propagande guerrière contre le régime et la diabolisation de son chef, les mêmes mercenaires et combattants professionnels étrangers lourdement armés déguisés en manifestants pacifiques, les mêmes faux-témoignages de «victimes», la création d’un «Conseil national de transition» (le 1er octobre à Istanbul) – un clone du CNT libyen -, et des sanctions économiques répétées pour asphyxier le pays.

 

Car, depuis la chute du mur de Berlin, c’est toujours le même schéma qui est utilisé pour lancer une guerre «humanitaire» (en Yougoslavie, en Iraq, en Libye…): on déclare que le dirigeant du pays ciblé «massacre son propre peuple», ensuite on fait des discours droits-de-l’hommistes enflammés à l’ONU («nous devons libérer le peuple de son tyran»), on impose des sanctions économiques de plus en plus lourdes, on menace, on lance des ultimatums innacceptables. Siimultanément, on prépare méthodiquement l’opinion publique internationale (que l’on doit émouvoir en lui racontant des histoires atroces préfabriquées – de bébés, de femmes et d’enfants torturés, massacrés par le régime…) à une intervention «humanitaire».

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Actuellement, Washington et ses vassaux – en premier lieu la France – se disent «mécontents» des rapports des observateurs de la Ligue arabe, qui les a «trahis» en ne remplissant pas leur mission véritable qui était de de confirmer la version de la Maison Blanche. Ils leur font le même reproche qu’au projet de résolution russe, celui de mettre sur le même plan les violences du régime et celles des «contestataires». Les américains ont d’ores et déjà déclaré que, quelles soient les recommandations de la délégation des observateurs arabes, leur position resterait inchangée. On s’en serait douté!

 

Mais Washington a oublié que la Syrie n’est pas la Libye. C’est un pays de 23 millions d’habitants, avec des moyens militaires plus importants, des forces militaires aguerries, et des alliances qui semblent plus sûres, du moins pour l’instant. Le pays est toujours en état de guerre larvée avec Israël depuis 1948 – avec l’épisode douloureux de la prise du Golan en 1967 (territoire qu’Afez el-Assad avait toujours essayé de récupérer) et la guerre de 1973 -, et en froid avec l’Egypte et la Jordanie qui ont signé des traités de paix avec Israël.

 

La Syrie étant alliée de l’Iran, du Hezbollah au Liban, et du Hamas à Gaza, pour contrer l’expansionnisme de l’état d’Israël, elle connait des tentatives de déstabilisation récurrentes: rappelons-nous l’accusation de l’assassinat de Rafic Hariri en 2005, invalidée par la révélation que les chefs d’accusation reposaient totalement sur une série de faux-témoignages. Ce n’est pas à la Syrie que profitait cet assassinat…

 

Les puissances occidentales, par l’intermédiaire des dictatures théocratiques du Golfe et de la Turquie veulent en finir avec ce pays comme ils l’ont fait de Iraq et de la Libye. On peut malheureusement redouter qu’il ne s’agisse que d’une question de temps, car Washington est déterminé à appliquer son agenda quoi qu’il en coûte, quitte à provoquer l’embrasement de la région entière et le déclenchement d’une troisième guerre mondiale, avec l’utilisation d’armes thermonucléaires.

 

Une nouvelle fois, il ne s’agit en aucun cas d’une révolte populaire, comme les media mainstream, aux mains des banksters et des multinationales de l’armement, veulent le faire accroire. Le gouvernement syrien est victime d’actes de terrorisme planifiés et organisés par des puissances étrangères pour le renverser. On assiste depuis le début des événements à une militarisation impressionnante de la soi-disant «contestation», et à son escalade sans fin: attaques à l’arme lourde contre les forces armées gouvernementales et les bâtiments publics, tirs de snipers sur les policiers, les manifestants et la population, enlèvements et assassinats de fonctionnaires et de civils qui refusent d’obéir au diktat des bandes armées.

 

Le niveau d’agression a monté d’un cran avec des sabotages d’infrastructures du pays, comme celui d’un pipe-line approvisionnant l’une des principales centrales électriques, revendiquée par l’Armée syrienne libre (ASL, la branche armée du CNS). Et maintenant l’escalade se poursuit avec des attentats, qui risquent de se multiplier. Ceux de Damas, qui ont fait 44 morts et 166 blessés graves à Damas à la veille de Noël, revendiqués par les Frères musulmans, ont été cyniquement attribués au régime par l’opposition et les puissances occidentales! Le 6 janvier, une nouvelle explosion à la voiture piégée a fait des dizaines de morts et de blessés. Plusieurs milliers de personnes, dont plus de deux mille soldats et membres des forces de sécurité, auraient déjà été tuées par les terroristes depuis l’apparition des troubles.

 

A l’instar des «rebelles» libyens, qui n’ont jamais existé que sur les écrans de télévision et les photos de presse, les bandes armées qui opèrent en Syrie sont des mercenaires et des terroristes islamistes armés de matériels lourds et sophistiqués par des puissances étrangères et l’OTAN : fusils de chasse, antichars, lance-roquettes, roquettes antiaériennes, mortiers, mitrailleuses lourdes, équipement électronique, lunettes laser…).

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Ces gangs instillent un climat de terreur dans la population, menaçant de mort ou exécutant froidement ceux qui refusent de participer à leurs manifestations, ou à leur grève générale. Ces méthodes terroristes ressemblent étrangement à celles du GIA en Algérie dans les années 90′, dont on peut se demander, avec le recul du temps, pour qui il roulaient vraiment… Le gros des troupes de «l’Armée syrienne libre» (ASL) serait composé d’éléments étrangers, principalement des terroristes islamistes armés par le Qatar, monarchie théocratique richissime. Après avoir servi de base à l’état-major américain pour ses opérations en Irak, il avait envoyé cinq mille combattants professionnels en Libye. L’ASL est dirigée par Abdelhakim Belhaj, chef historique d’Al Qaida en Libye déjà sacré gouverneur militaire de Tripoli par l’OTAN.

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Abdelhakim Belhaj

 

C’est pourquoi la population syrienne est en quasi-totalité derrière son président pour contrer l’agression étrangère (les grandes manifestations de soutien au régime n’ont jamais cesser depuis le début – rassemblant plus d’un million de personnes, à Damas et à Alep) et qu’elle ne cesse de réclamer plus de protection de la part de l’armée et de la police. Même les opposants, qui critiquaient la lenteur des autorités à réformer le pays pour éradiquer la corruption et instaurer plus de libertés et de justice sociale, soutiennent activement le régime pour contrer à tout prix une agression étrangère. Les réformes entamées par Bachar el Assad dès son entrée en fonction ont pris d’autant plus de retard qu’après avoir été freiné par la vieille garde de son père Afez, il a du faire face à des menaces extérieures et que le pays est l’objet de sanctions économiques du plus en plus dures.

 

Les minorités religieuses ont particulièrement menacées par les terroristes islamistes. Grâce au régime laïc, quarante-cinq communautés avaient jusqu’à présent coexisté en harmonie en Syrie: les Chrétiens – qui représentent 15% de la population -, les Druzes, les Kurdes, les Chiites et les Alaouites. Ces minorités soutiennent leur président et craignent l’instauration d’un régime religieux dont les persécutions les contraindraient à l’exil. Deux millions de réfugiés irakiens et près d’un-demi million de Palestiniens ont été accueillis généreusement par la Syrie, où ils ont les mêmes droits que les citoyens syriens. Provoquer et attiser les violences inter-confessionnelles ou inter-ethniques est un moyen classique pour instaurer le chaos, provoquer des guerres civiles, et imposer ensuite un nouvel ordre.

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La Soeur Agnès-Mariam de la Croix soutient le régime de Bachar

 

En revanche, il n’est jamais question de Résolution de l’ONU contre les dictatures sanguinaires amies de l’Occident comme l’Arabie saoudite, théocratie obscurantiste qui a massacré des milliers de manifestants au Barhein depuis le début de 2011. En Iraq, les nouveaux «dirigeants» font tirer à balles réelles sur les rassemblements – faisant à chaque fois des dizaines de morts et de blessés, et ont assassiné un journaliste co-organisateur des «Jours de la colère» contre le régime. Tout cela, dans le silence assourdissant de la dite «communauté internationale».

 

Ces préparatifs de guerre se déroulent honteusement avec le soutien de l’opinion publique occidentale, façonnée par la propagande des media mainstream. Les slogans (en anglais, donc à destination de l’étranger) sont conçus par des officines américaines spécialisées. Les accusations les plus grotesques ont été lancées contre Bachar el-Assad: enfants torturés, blogueuse lesbienne persécutée et prise en otage (en réalité un étudiant américain émettant d’Ecosse…). Sachant que la guerre de l’information se déroule maintenant sur l’Internet, les rejetons électroniques des media mainstream (comme le Post et Rue89 en France) se répandent en faux témoignages de soi-disant victimes (dont les noms ne sont jamais cités et dont les photos sont floutées…).

 

Ces accusations odieuses sont basées sur de faux documents audio-visuels provenant généralement d’ Al-Jazira et Al-Arabiya (les Voix de son Maître de l’OTAN et du Pentagone). Ces media prennent aussi leurs «informations» – relayées sans vérification – auprès «d’ONG» basées dans des pays occidentaux (Londres-Paris-Washington), financées paradoxalement par des organisations para-gouvernementales! C’est le cas d’Amnesty International, dont l’antenne américaine est dirigée par une assistante d’Hillary Clinton.

 

Mais la première source des médias mainstream est l’obscur «Observatoire syrien des Droits de l’Homme» (OSDH), basé à Londres et membre du CNS aux mains des Frères musulmans (les plus radicaux de la région), dont le but est l’instauration d’une république islamique. Son porte-parole, en exil en Turquie, s’exprimant au nom du «peuple syrien» réclame depuis des mois une «intervention extérieure».

 

En vue d’obtenir le feu vert pour déclencher l’agression, les Etats-Unis ont même fait pondre au Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU un rapport sur mesure, totalement bidon sur les «crimes syriens contre l’humanité”. Fabriqué entièrement «en chambre» à Genève, il est basé uniquement sur les pseudo «témoignages» de 223 «déserteurs» et «victimes» dont, bien sûr, l’identité ne peut être révélée! En outre, il a été co-écrit par la directrice d’un Think-Thank de Washington (le Middle East Policy Council), qui inclut des représentants du gouvernement, de l’armée américaine, de la chambre de commerce américano-qatarie (comprenant Chevron, Exxon, Raytheon et Boeing) et agents de la CIA. Comme attendu par la secrétaire d’Etat Hillary Clinton, ses conclusions préconisent une intervention militaire. Ce «rapport» a permis au Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU d’adopter une résolution condamnant «les violations des droits de l’Homme et des libertés fondamentales » en Syrie. La menace d’une "guerre civile" pourrait justifier une intervention militaire «humanitaire».

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Mercenaire

Bachar-el-Assad n’a rien d’un dictateur. C’est un médecin formé à Londres qui n’avait aucune ambition de devenir président. Il a été élu par référendum en 2000 et la population – même ses opposants-, est plus que jamais massivement derrière lui. Les forces militaires qu’il déploie – bien insuffisantes au demeurant – pour tenter de contenir cette insurrection armée de grande ampleur, font face à des escadrons de la mort redoutables entraînés par des forces spéciales américaines, françaises et israéliennes en Turquie et au Liban Nord. Le président a regretté publiquement des bavures – attribuées au fait que les forces de l’ordre étaient exaspérées par des assassinats massifs de leurs membres par des «insurgés» armés alors qu’eux-mêmes n’avaient pas le droit de tirer. De nombreux soldats ont été atrocement torturés et mutilés avant d’être jetés d’un pont, comme le montrent des vidéos de témoins directs.

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Manifestation de soutien au régime à Tartous

 

Tout est fait pour isoler la Syrie sur la scène internationale. La décision obtenue le 25 novembre de la Ligue arabe, dominée par l’Arabie Saoudite et autres suppôts des Etats-Unis, de suspendre la Syrie, pays fondateur de l’organisation – et dernier état arabe à s’opposer à Israël – avait pour objectif d’assurer une couverture arabe à l’agression.

 

Cette fois, c’est la Turquie, membre de l’OTAN et alliée d’Israël, qui tient le rôle de paravent pour les Etats-Unis que la France avait joué en Libye. En effet, ruinés et en campagne électorale (l’opinion publique américaine étant défavorable aux opérations extérieures – c’était le sens du vote à la présidentielle de 2008), les Etats-Unis ne peuvent plus se permettre d’apparaître au premier plan, mais orchestrent toute l’opération en coulisses.

 

Par ailleurs, on remarquera que les nouvelles guerres sont déclenchées avec l’assentiment quasi-unananime de l’opinion publique occidentale. La démobilisation des anti-guerre ne s’explique pas totalement par le découragement qui a gagné les participants aux grandes manifestations de 2002-2005 contre la guerre en Iraq (qui ont rassemblé plus de 10 millions de personnes dans le monde, et à plusieurs reprises plus d’un demi-million de personnes à New-York, Washington et à Londres). La fièvre de la guerre humanitaire a contaminé les milieux traditionnellement anti-guerre, comme en France, la «Gauche de la gauche» et les «écologistes» – révélant ainsi la véritable nature de ces mouvances très médiatisées-, et aux Etats-Unis les «libéraux», depuis que le milliardiaire Georges Soros (l’inventeur génial des « révolutions colorées ») a mis la main sur le mouvement pacifiste en 2004 pour canaliser ses énergies derrière le candidat belliciste démocrate (à l’aide de slogans aussi fédérateurs que «Anybody but Bush»), en lui faisant prendre des vessies pour des lanternes.

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