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8 avril 2012 7 08 /04 /avril /2012 03:13

Ce genre de condamnations met en cause le droit à la Libre-pensée et transforme toute contestation du dogmatisme religieux en un crime contre ``la paix sociale``. C’est une sorte d’application de la Charia sans la Charia. Si cette tendance se confirmait, philosophes, essayistes ou critiques  n’auront pas de place en Tunisie. Évidemment, je n’encourage pas les atteintes aux objets et aux textes considérés sacrés, mais de là à se voir condamné de la sorte pour son athéisme ou pour son agnosticisme, cela m’indigne et m’inquiète en même temps. C’est pourquoi, je vous invite à lire et à signer cette pétition    NB_Mansri


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Deux athées condamnés à la prison

Au départ, cela ressemble à l’une de ces rumeurs dont sont infestés les réseaux sociaux. Mais l’affaire est authentique : deux Tunisiens ont été condamnés le 28 mars par le tribunal correctionnel de Mahdia à sept ans de prison ferme et à 600 euros d’amende pour la publication d’ouvrages et de dessins défendant l’athéisme et critiquant l’islam.

Jaber El Majri, professeur d’anglais, avait publié sur page Facebook des dessins particulièrement crus, où il représente par exemple un porc sur la Kaaba (la pierre noire de la Mecque), et des propos assez virulents par lesquels il exprime sa haine des Arabes et son soutien au Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu. Il est actuellement en détention.

Le second, considéré comme son complice, Ghazi El Beji, est l’auteur d’un petit roman publié en ligne, intitulé « L’Illusion de l’islam », dans lequel il met en scène le prophète Mohamed et son épouse Aïcha. Il est actuellement en fuite à l’étranger. Les faits sont clairement décrits dans l’excellent travail d’enquête des blogueuses Henda Hendoud etOlfa Riahi.

L’athéisme « plus grave que le meurtre »

Foued Cheikh Al Zouali, l’avocat qui a porté plainte à la demande de simples citoyens, comme les policiers qui entendu les deux accusés, insistent pour dire que les poursuites ne sont pas motivées par les convictions des deux jeunes hommes, mais par leurs actes, en l’occurrence, leurs écrits.



 

condamnation.jpg

La traduction des termes de la condamnation

Des faits qui relèvent notamment de l’article 121 ter du code pénal sanctionnant les publications «  de nature à portée atteinte à l’ordre public et aux bonnes mœurs  ». Le même texte invoqué contre le directeur du quotidien Ettounsiya.

Cette disposition était utilisée autrefois contre les opposants au Président Ben Ali. Entre autres l’actuel ministre de la Réforme administrative, Mohamed Abbou, à l’époque où il dénonçait la torture.

Mais les termes de l’avocat, qui évoque à propos de Ghazi el Béji le «  complice d’athéisme  » de Jaber el Majri, «  un crime plus grave que le meurtre  », trahissent le grief à l’origine de la plainte. De même, le résumé de l’ouvrage « L’Illusion de l’islam » par la police mentionne :

«  Doute de l’existence de Dieu, doute de l’existence d’une religion nommée Islam, doute de l’existence du Prophète Mohamed, avec justificatifs du doute comme y insiste l’auteur  ».

Aucune mention d’un quelconque «  trouble public  » avéré et effectif.

Pas besoin de la charia pour emprisonner

Cette histoire apporte plusieurs enseignements. Tout d’abord qu’il n’a pas été nécessaire d’inclure la charia dans la Constitution ou de modifier son article 1er qui stipule que la religion de la Tunisie est l’islam, ni même de rédiger une nouvelle loi, pour envoyer quelqu’un en prison pour blasphème.

La lettre de la loi n’a pas changé, mais de tout évidence la pression sociale et l’esprit dans lequel les magistrats interprèteront la Loi, suffiront à islamiser le Droit. Et si d’autres dispositions constitutionnelles ne garantissent pas explicitement les libertés publiques, les aspects les plus restrictifs et discriminants de la doctrine religieuse pourront déterminer la jurisprudence.

L’autre enseignement est la lenteur avec laquelle l’affaire est sortie dans les médias. Le camp des opposants les plus allergiques à Ennahdha a tellement amplifié le moindre incident, relayé des rumeurs infondées ou des informations parcellaires, en un mot crié au loup, qu’il a fallu attendre plusieurs jours pour que l’information soit confirmée par une enquête. Et ce ne sont pas les journalistes des médias traditionnels qui l’ont menée, mais des militants et des bloggeurs.

Pas la cause la plus facile à défendre

Par ailleurs, la gêne est sensible. Les deux accusés n’ont pas eu d’avocat et peu de voix s’élèvent publiquement pour les défendre. C’est qu’une fois de plus, la liberté d’expression n’a pas le meilleur flambeau.

Après la projection un peu racoleuse et la traduction outrancière de« Persepolis » par la chaine Nessma, après la publication en couverture du quotidien Ettounsiya d’une femme quasiment nue, dont l’utilité informative est encore à démontrer, le risque est d’ancrer dans l’opinion l’équivalence entre liberté d’expression et insulte à l’islam ou immoralité.

Une perception qui n’aide pas forcément les députés progressistes et républicains qui, au sein de la Constituante, tentent d’inclure dans la future loi fondamentale une référence à la déclaration universelle des droits de l’Homme.

La présidence de la République, par la voix de son porte parole Adnane Manser, a justifié la condamnation :

« Attaquer les symboles sacrés de l’Islam ne peut être considéré comme relevant de la liberté d’expression. Nous sommes un pays musulman, et à cet égard, nous sommes contre ceux qui insultent les religions.

Il s’agit d’une forme d’extrémisme, qui provoque des réactions extrêmes que nous devons éviter en cette période délicate. »

Il faudra s’habituer à ce que le sentiment religieux joue un rôle important en Tunisie. Les intellectuels français qui se veulent solidaires devront apprendre à élargir leur empathie au-delà des « Tunisiens des Lumières  ». Décrypter ce débat dépasse les interprétations binaires.

« Diffamation des religions », un délit contesté

Le secours de la doctrine des Nations unies pourrait être en revanche plus précieux pour définir les termes de la relation orageuse entre liberté d’expression et religion.

Elle a, en effet, récemment évolué. Pendant des années, sous la pression de l’organisation de coopération islamique (OCI), la «  diffamation des religions  » était retenue par l’Unesco et la commission des droits de l’homme comme une limite à la liberté d’expression.

En clair, une simple critique, une caricature, même une approche scientifique remettant un dogme en question pouvait être assimilée à une diffamation.

Depuis une résolution de l’Assemblée générale de décembre 2011, la doctrine a évolué et rejeté la notion de diffamation des religions, trop favorable aux gardiens du temple les plus liberticides.

Les Nations unies se réfèrent dorénavant à une notion plus complexe  :

« ... la lutte contre l’intolérance, les stéréotypes négatifs, la stigmatisation, la discrimination, l’incitation à la violence et la violence fondés sur la religion ou la conviction. »

Elle a mérite de ne plus pénaliser une expression visant une religion, mais de protéger les personnes pratiquant cette religion contre les préjugés et les appels à la haine.

Une évolution dont les constituants tunisiens et les acteurs sociaux pourraient davantage profit que des invectives entre «  laïques  » et « islamistes ». rue89


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Deux Tunisiens condamnés pour la publication de caricatures de Mahomet sur Facebook


C'est la première condamnation de ce genre depuis la chute de Ben Ali, en janvier 2011.C'est la première condamnation de ce genre depuis la chute de Ben Ali, en janvier 2011. © Reuters

 

Le tribunal de première instance de Mahdia a condamné deux blogueurs à 7 ans et demi de prison pour "atteinte à la morale, diffamation et trouble à l’ordre public". Leur crime : avoir publié sur Facebook des caricatures du Prophète. Les internautes tunisiens se mobilisent.


Relayée par des médias, la rumeur circulait depuis quelques jours dans la blogosphère tunisienne. Elle est désormais confirmée par le ministère de la Justice : deux bloggeurs ont été condamnés pour avoir publié des caricatures du prophète Mahomet sur les réseaux sociaux. Depuis la chute de Zine el-Abidine Ben Ali, en janvier 2011, c’est la première fois qu’une sentence de ce genre est prononcée.

 

Originaires de Mahdia, une ville du sud du pays, les deux jeunes hommes ont été condamnés le 28 mars par le tribunal de première instance à 7 ans et demi de prison et à 1 200 dinars d’amende (environ 600 euros). Le premier a été arrêté lundi et le deuxième, en fuite, a été condamné par contumace. Selon l’AFP, qui cite le porte-parole du ministère, Chokri Nefti, les deux blogueurs ont été jugés pour « atteinte à la morale, diffamation et trouble de l’ordre public ». La plainte a été déposée par un avocat et un habitant de la ville de Mahdia, choqués par les caricatures publiés par les deux jeunes hommes.

 

Condamnés pour athéisme ?


Ghazi Béji, le blogueur en fuite, a témoigné suur le site Atheistica de Kacem el-Ghazzali, un militant athée marocain. Il y raconte les conditions dans lesquelles il a fui son pays et estime qu’il n’a pas été condamné pour les caricatures sur le Prophète mais pour son athéisme. Une interprétation partagée par la journaliste et blogueuse Olfa Riahi : « Comment croire à une peine aussi lourde pour un fait qui arrive quotidiennement sur la Toile ? Comment y croire, car des photos de ce genre, j’en croise quasiment tous les jours en parcourant mon flux d’actualité Facebook, si bien que je n’y prête même plus attention ? »

 

Sur son blog, elle lie la condamnation à un essai écrit par Ghazi Béji, L’illusion de l’Islam. Selon Riahi, partie enquêter sur place et qui a rencontré l’un des plaignants, avocat de profession, tout serait pourtant partie d’une caricature du Prophète postée sur le réseau social. Documents à l’appui, elle retrace le cheminement de l’affaire, du dépôt de la plainte pour « atteinte au sacré appelant à la fitna » [division, en arabe], à l’audition de Jabeur Mejri, le premier condamné. Le jeune homme s’y proclame athée et revendique la liberté de publier les caricatures.

 

Deux autres affaires similaires doivent également être jugées. L’une d’entre elle concerne le directeur de la télévision privée Nessma, Nabil Karoui, poursuivi pour « atteinte aux valeurs sacré » après la diffusion de Persopolis. Le procès a été reporté au 19 avril. Jeuneafrique.


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A word from Ghazi El Beji: Tunisian Atheist who’s sentenced to 7 years and a half of imprisonment


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Ghazi El Beji Tunisian Atheist who's sentenced to 7 years and a half of imprisonment

A while ago I have spoken to Ghazi El Beji victim of Tunisian dark and theocratic government, I couldn’t hold back my tears when he was telling me his story. He told me how he swam across the Turkish boarder to get to Greece, and did not find anything to wear: he was naked like at his birth. He looked around him and found a corpse that the river threw on the shore. He had to take the dead man’s clothes ” the image of death for life”. He was now wearing the death-cloth of injustice and terrorism that cought him in his counrty and still are after him like an evil curse.

El Beji got residence in Greece for a month, but he is living with two Algerian young men in one room that lacks hygenic conditions, and all of them sleep on the floor.
After the end of his residence period, the Greek immigration department will have to ask him to leave, or emprison him for 6 months because of illegal immigration.

His flat mate smoke narcotics, which caused him a vision problem especially that he is asthma. He was also blackmailed by his flatmates after they have listened to his phone conversations with journalists after they have discovered he is escaping from Tunisia because of religion insults charges. He is now subject to blackmail and ultimatums: sometimes they would tell him that there is a Sudani terrorist that would not think twice before killing him if they tell him his story, and this morning they have asked him for 20 euros for their silence.

Ghazi’s Tunisian friends started avoiding talking to him. Even his best friend that was the “closest person in his life” turned against him according to Ghazi, who feels that the entire world turned hostile.

We have learned from Ghazi’s address that he lives in a neighberhood predominantly Salafi and Jihadi, and he is asking for immediate intervention from international Human Rights organizations to help him get a political refugee status that insures him personal safety.

I asked Ghazi to tell me what he feels after all of this: “Before the revolution,the system used to opress the religious extremist, but now they started oppressing the secular population, the thinkers, and the social intellectual elite, we made a revolution to free ourselves from oppression but now it’s gotten worse”

The Facebook page to keep yourself updated: Here

Sign the petition : Here;   atheistica

The case and international Media:

http://english.alarabiya.net/articles/2012/04/05/205716.html

http://af.reuters.com/article/topNews/idAFJOE83501L20120406?feedType=RSS&feedName=topNews

http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2012/04/05/97001-20120405FILWWW00860-tunisiecaricatures-7-ans-de-prison.php
http://www.jeuneafrique.com/actu/20120405T153117Z20120405T153115Z/tunisie-7-ans-de-prison-pour-avoir-publie-des-caricatures-du-prophete-sur-facebook.html
http://mediarabe.info/spip.php?breve4685
http://www.francetv.fr/info/tunisie-7-ans-de-prison-pour-avoir-publie-des-caricatures-de-mahomet-sur-facebook_80691.html
http://www.lepoint.fr/societe/tunisie-7-ans-de-prison-pour-avoir-publie-des-caricatures-du-prophete-sur-facebook-05-04-2012-1448797_23.php
http://www.ouest-france.fr/actu/actuLocale_-Tunisie.-7-ans-de-prison-pour-avoir-publie-des-caricatures-de-Mahomet-sur-Facebook_6346-2063348-fils-tous–50502-abd_filDMA.Ht
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Maroc

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