Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
17 janvier 2011 1 17 /01 /janvier /2011 00:29

Des soldats tunisiens tentent de calmer les manifestants aux prises avec la police, le 14 janvier à Tunis (Zohra Bensemra).

(De Tunis) Sur le papier, Fouad Mebazaa est officiellement président par intérim. Mais l'ancien président de la Chambre des députés, 78 ans, est un homme à la santé chancelante, qui n'a ni autorité, ni envergure, ni ambition. Il ne voulait pas du pouvoir et n'a pas été préparé à l'exercer.

Le vrai homme fort n'est donc ni le Président, ni le chef du gouvernement, Mohamed Ghannouchi, un technocrate spécialiste des questions économiques et financières, mais Rachid Ammar, le chef d'état-major de l'armée de terre.

Limogé par Ben Ali pour avoir refusé de tirer sur le peuple

Agé de 63 ou 64 ans, ce Sahélien natif de Sayada, une petite bourgade du littoral, était totalement inconnu du grand public il y a encore quelques semaines. Mais il a eu le courage de s'opposer à Ben Ali, quand le dictateur tunisien a appelé la grande muette à la rescousse pour mater l'insurrection populaire dans les villes de Kasserine, Thala et Sidi Bouzid.

« D'accord pour déployer les soldats, afin de calmer la situation, mais l'armée ne tire pas sur le peuple », a-t-il fait savoir. Limogé séance tenante par Ben Ali et assigné à résidence, il a été rétabli dans ses fonctions par Mohamed Ghannouchi le 14 janvier, lors du dénouement de la crise.

La retenue de l'armée a évité un effroyable carnage. Fidèle à une tradition de non-ingérence dans les affaires politiques héritée de la présidence Bourguiba, elle a
tenu à ne pas apparaître sur le devant de la scène. Mais c'est bien elle qui a rendu possible le départ de Ben Ali.

« Elle a joué un rôle déterminant et s'est clairement placée du côté de la transition », commente Néjib Chebbi, fondateur du Parti démocratique progressiste, un des principaux chefs de file de l'opposition, qui est pressenti pour participer au gouvernement d'union nationale.

Ben Ali a marginalisé l'armée au profit d'une police pléthorique

Fondée en 1957, l'armée tunisienne, qui n'aurait donc pas tiré un seul coup de feu contre les manifestants, a été délibérément marginalisée par le président Ben Ali au profit de l'autre composante de l'appareil sécuritaire, la police, dont les effectifs (120 000 hommes) ont quadruplé au cours des vingt dernières années.

Avec seulement 35 000 hommes – dont 27 000 pour l'armée de terre – l'armée tunisienne est sous-dimensionnée et sous-équipée. Elle ne possède que douze hélicoptères. Quatre sont affectés à la surveillance du couvre-feu dans la capitale, et tournoient toutes les nuits au-dessus de Tunis et sa banlieue, pour sécuriser l'agglomération et prévenir les exactions des miliciens inféodés à l'ancien régime.

Zine el-Abidine Ben Ali, qui était lui-même militaire, se méfiait de ses frères d'armes. En avril 2002, un mystérieux accident d'hélicoptère avait décapité l'état-major des forces terrestres au grand complet. Et tué les treize plus hauts gradés, dont le chef d'état-major, le général de brigade Abdelaziz Rachid Skik, personnalité très respectée de la troupe.

Photo : des soldats tunisiens tentent de calmer les manifestants aux prises avec la police, le 14 janvier à Tunis (Zohra Bensemra/Reuters).

URL de l'article: http://www.rue89.com/2011/01/16/larmee-ne-tire-pas-lhomme-fort-de-la-tunisie-est-general-185923

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : thala solidaire.over-blog.com
  • : ThalaSolidaire est dédié à la ville de Thala, ville phare de la Révolution tunisienne. Thala est une petite agglomération du centre-ouest de la Tunisie. Elle est connue pour son histoire antique, ses sources, ses carrières de marbre, devenues une sorte de tragédie écologique et économique, sa résistance et sa misère. Thala solidaire a pour objectif de rassembler toutes les voix INDIGNÉES pour donner à cette terre ainsi qu'à toutes autres terres un droit à la vie et à la dignité…
  • Contact

Recherche

Vidéos

Catégories