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21 novembre 2011 1 21 /11 /novembre /2011 00:51

أحزاب تونسية ستقاطع جلسة التاسيسي اذا حضر امير قطر


amirqatar.jpgهددت احزاب سياسية تونسية بمقاطعة الجلسة الافتتاحية للمجلس الوطني التاسيسي اذا قام امير قطر حمد بن خليفة ال ثاني بحضور الجلسة. كما اعتبرت جمعيات ونشطاء زيارة امير قطر لتونس تدخل في الشان الداخلي للبلاد. واكد أمين عام حزب العمال الشيوعي التونسي حمة الهمامي بأن حزبه سينزل بالكامل إلى الشارع لمنع زيارة محتملة قد يقوم بها أمير قطر إلى تونس يوم 22 تشرين ثاني/نوفمبر لحضور الجلسة الافتتاحية للمجلس الوطني التأسيسي. وقال الهمامي "ان قطر دولة عميلة وأداة في خدمة الولايات المتحدة الأميركية" على حد قوله، مشيرا الى ان حزبه الفائز بـ 3 مقاعد في المجلس التأسيسي سينزل بكامل مناضليه للشارع لمنع هذه الزيارة.

كما هدد الحزب الديمقراطي التقدمي اليساري والحاصل على 16 مقعدا في المجلس التاسيسي بمقاطعة الجلسة الافتتاحية للمجلس في صورة حضرها أمير قطر. كما اعتبر حزب "حركة الشعب الناصرية" زيارة أمير قطر "تدخلا في الشأن الداخلي". واعتبر عضو المكتب التنفيذي للحزب الديمقراطي التقدمي مولدي الفاهم انه ليس هناك أي مبرر لحضور الأمير القطري لان هذا يعتبر تدخلا في الشأن الداخلي للبلاد الأمر الذي يجعل السيادة الوطنية محل شك.

من جهته، قال الناطق الرسمي باسم الاتحاد العام التونسي للشغل عبيد البريكي "لا مكان لأحد مهما كانت جنسيته في الجلسة الأولى للمجلس التأسيسي باستثناء التونسيين". وأطلق نشطاء انترنت صفحات خاصة على شبكة التواصل الاجتماعي فيسبوك ضمت آلاف الأنصار للتنديد بالزيارة المحتملة لأمير قطر إلى تونس ودعا بعضهم إلى الخروج في مظاهرات إن حل الأمير ضيفا على بلادهم.

وكانت قد نظمت جمعية "شباب الثورة" غير الحكومية الأسبوع الماضي مظاهرة أمام مقر سفارة قطر ردد المشاركون فيها شعارات معادية لأمير قطر ورفعوا خلالها لافتات نددوا فيها بما وصفوه بالتدخل السافر في الشأن الداخلي التونسي.

source : http://www.almanar.com.lb/adetails.php?eid=134766&frid=24&seccatid=63&cid=24&fromval=1


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Le Qatar et la France, boycottés par plusieurs partis politiques tunisiens

 

tunisie-boycott1.jpgPlusieurs partis politiques tunisiens ont menacé de boycotter la session d’ouverturede l’assemblée nationale constituante, si l’émir du Qatar Hamad Bin Khalifa Al-Thaniy assistait. D’ailleurs, de multiples associations et activistes ont protesté contre la visite de ce dernier, la qualifiant comme un acte d’interférence dans les affaires intérieures du pays.

A titre d’exemple, Hamma Hammami, secrétaire général du Parti Communiste des Ouvriers de Tunisie, a déclaré que son parti envahira la rue pour empêcher une éventuelle visite de l’émir, le 22 Novembre novembre prochain, pour assister à la séance d’ouverture de l’assemblée nationale constituante. «L’État du Qatar est une marionnette et un outil au service des Etats-Unis » a même déclaré Hammami. Le parti démocrate progressiste a également fait passer un message identique et a annoncé qu’il n’y avait « aucune justification à la présence du prince dans le pays, parce que c’est une ingérence dans les affaires internes du pays ».

L’Emir du Qatar aurait été invité par le parti islamiste Ennahda qui a remporté les dernières élections en Tunisie. Pourtant Ennahda a toute de suite démenti cette information par l’intermédiaire de son porte parole. D’autre part, plusieurs voix se sont élevées contre la visite du président français, Nicolas Sarkozy. Des critiques très proches de celle adressées à l’émir du Qatar.

Les Tunisiens pensent que ce dernier a été l’un des alliés du président déchu, Zine El Abidine Ben Alijusqu’à sa fuite en Arabie Saoudite. Sur le Net, les activistes se manifestent à travers des articles, des prises de position et aussi avec des méthodes qui sont devenues habituelles en Tunisie, la création de fan page !

source : http://mgb.minutebuzz.com/2011/11/20/le-qatar-et-la-france-boycottes-par-plusieurs-partis-politiques-tunisiens/

 

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عاجل : متشددون يقتحمون معهد بحي التضامن ويهددون أستاذة التشكيلية
salaf.png

 

علمت "الجريدة" أن مجموعة تنتمي لتيار إسلامي يرجّح أن تكون سلفية اقتحمت مساء اليوم معهد العهد الجديد بحي التضامن وقامت باحتجاز أستاذة تربية تشكيلية معتبرين أن هذه المادة من المحرمات وان "الاستاذة تطاولت على الرسول" حسب تعبير بعضهم.

فقد تحول حوار جد بين الاستاذة وأحد التلاميذ حول شرعية مادة التربية التشكيلية إلى حالة من الانفلات في صفوف التلاميذ. ليتدخل بعض المتشددين ويأخذ الاحتجاج شكلا آخر وصل لحد تهديد الاستاذة.

وباتصالنا بالأستاذة فاطمة جغام والتي كانت في حالة ذعر لهول الصدمة أكدت صحة المعلومات  وانها لم تكن تتوقع ان تصل الأمور لذلك الحد فمنطلق الحادثة كان نقاش بينها وبين احد التلاميذ الذي أصرّ على ان التصوير وكل الفنون محرمة شرعا.

وأضافت السيدة فاطمة أنها حاولت تحاشي التصادم مع التلميذ لتقدم له تعريفا حول الدولة المدنية وأن الفنون رمز لنهضة الشعوب إلا ان ما راعها أن التلميذ قام بمهاجمتها لتتطور الأمور وتدخل عناصر من خارج المعهد.

وختمت الاستاذة  التي تدرس لأكثر من 12 عشر سنة في المعهد وهي ناشطة في الجمعيات المدنية أنها لم تكن لتتوقع هذه الهجمة وأن ماحدث اليوم يجعلها "تخاف على مستقبل تونس".

وحسب ما صرّح به بعض التلاميذ فإن التحرك سيتواصل غدا وأنهم سيقاطعون الدروس لأن "الأستاذة شتمت الرسول" على حد قولهم مع العلم ان سن أكبرهم لا يتجاوز 18 سنة.

source : http://www.aljarida.com.tn/detail

 

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Un lycée tunisien pris d’assaut par des salafistes


salafistes.jpgSelon Al Jarida, un groupe salafiste a envahi le lycée La nouvelle aire  vendredi dernier en fin d’après midi en attaquant madame Fatma Jegham, enseignante d’arts plastiques, sous prétexte que le dessin est prohibé en islam  et que le professeur en question a tenu des blasphèmes offensants envers le prophète Mohamed.


Le dialogue entre le professeur et les élèves sur la légitimité de l’éducation a pris une tournure alarmante. L’enseignante Jgham Fatima, traumatisée, confirme l’exactitude de l’information, étonnée de l’étrange tournure qu’a pris un simple débat où l’étudiant farouche affirme que la photographie et tous les arts plastiques sont impies.

Rappelons que  l’enseignante  travaille depuis plus de douze ans au lycée. Active  dans plusieurs associations, Jgham Fatima avoue  « avoir peur pour l’avenir de la Tunisie ». Par ailleurs, des étudiants ont rapporté les cours seront boycottés  parce que «le professeur a  insulté le prophète ».

source : http://mgb.minutebuzz.com/2011/11/20/un-lycee-tunisien-pris-dassaut-par-des-salafistes/


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Sidi Bouzid : des armes vendues à des salafistes

 

Sidi Bouzid: Des armes vendues à des salafistes

L'affaire du fabriquant d'armes à Sidi Bouzid (voir article) a connu un nouveau rebondissement ce vendredi 18 novembre. Après son arrestation, cet homme âgé de 40 ans a avoué avoir vendu des armes à des salafistes. 
Notre correspondant Taieb Nessibi nous en dit plus, Ecoutez
 
source : http://shemsfm.

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Les femmes se mobilisent contre l’agression des Salafistes


Les salafistes qui se sont rassemblés devant le campus universitaire de la Cité des sciences à l’Ariana (Tunis) utilisent le même slogan que celui utilisé par les révolutionnaires contre Ben Ali pour agresser verbalement les femmes qui arrivent au campus. Á l’intérieur de l’université se tient la réunion du forum universitaire pour décider de la conduite à tenir suite à l’agression des étudiantes et étudiants contre une enseignante qui ne porte pas le voile. Celui là n’est pas un cas isolé, le même sort à été réservé à une enseignante de l’université de Manouba. La salle de la Cité des sciences est au comble, la participation est réservée aux universitaires. Quand on cherche à monter dans un taxi qui vient de débarquer des barbus, le chauffeur pour refuser dit: « le taxi est en panne ! », puis part.


Par contre dans les autres villes, comme à Sousse et Nabeul, les salafistes veulent imposer aux étudiantes le niqab. « Comme ça on pourra même plus les reconnaître ! », nous dit Nadjia Neji, une enseignante de langues à Nabeul. Elle est venue à Tunis pour participer à une manifestation de lutte pour la défense des doits des femmes dans le cadre de la réforme constitutionnelle. Les femmes qui se retrouvent pour manifester à la place de la Kasbah, en face du palais du gouvernement, sont une centaine. Elles ne sont pas nombreuses « on devait être beaucoup plus, mais l’organisation de la manifestation a échoué», dit Latifa Bekky, enseignante de l’histoire de l’islam. Elle est donc très inquiète : « si pendant mes leçons je dis quelque chose qui ne plaît pas aux islamistes…. je vais avoir des problèmes».


La tension augmente à Tunis et l’appel diffusé par des femmes inconnues a quand même pu mobiliser des femmes. Mais les féministes s’interrogent sur les tenants et les aboutissants d’une telle action. Il faut donc être vigilante et méfiante, car l’instrumentalisation bat son plein en ce moment en Tunisie.


Mais ce qui frappe de plus à la place Kasbah, c’est l’agressivité des hommes et des jeunes qui regardent les femmes qui manifestent. Un d’eux montre une pauvre vieille femme toute voilée et dit : « celle-ci est la vraie femme tunisienne, vous n’êtes pas des tunisiennes ». Un des jeunes se bagarre avec une autre femme. Pourquoi cette bagarre ? « Elle est contre l’islam, elle est contre En-nahda » répond-il.


Et alors, lui demandais-je ? « Moi, j’ai voté En-nahda, c’est le seul parti qui défend les droits des hommes, ces femmes-là ne respectent pas les hommes, elles font ce qu’elles veulent, elles sont violentes » me rétorqua-t-il.

Source : http://www.siawi.org/article2721.html

 

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Les salafistes tunisiens montent en puissance


Rencontres avec les salafistes dans une mosquée où ils ont créé la première école coranique salafiste en Tunisie. A la mosquée de Sidi El Bokri, à l'heure de la prière du soir.

Rencontres avec les salafistes dans une mosquée où ils ont créé la première école coranique salafiste en Tunisie. A la mosquée de Sidi El Bokri, à l'heure de la prière du soir.© Nicolas Fauqué / www.imagesdetunisie.com

Peu nombreux, les salafistes tunisiens se font de plus en plus visibles depuis la chute de l'ancien régime de Zine El-Abidine Ben Ali, au moyen d'actions souvent spectaculaires : attaques de maisons closes dans plusieurs villes en février, heurts avec la police à Tunis en mars, saccage d'une salle de cinéma dans la capitale en juin, échauffourées à l'université de Sousse pour le port du niqab, le voile intégral, et manifestations contre la chaîne Nessma TV début octobre... La plupart d'entre eux ne participeront pas, dimanche 23 octobre, à l'élection de la future Assemblée constituante, symbole à leurs yeux, d'une démocratie qu'ils rejettent.

Au début du mois pourtant, le cheikh Mohamed Moussa Cherif, venu d'Arabie Saoudite, a incité les salafistes réunis à la mosquée Al-Nour de l'Ariana, une banlieue de Tunis, à aller voter "pour le parti le plus proche de la religion". Mais entre Ennahda, la formation islamiste donnée gagnante du scrutin, et le mouvement sunnite qui revendique un retour à l'islam des origines fondé sur le Coran et la charia, la loi islamique, l'heure n'est pas au rapprochement.

"Nous ne sommes pas contre eux, mais nous sommes loin, intellectuellement", tranche Hassan Al-Saouabi, un salafiste convaincu, la tête couverte et vêtu d'unkamis (chemise longue), rentré après vingt et un ans d'exil. Où ? Il élude la question d'un geste qui englobe le monde. "J'étais dispersé, j'ai fait un grand tour.""Quel que soit le résultat, on demandera notre droit, la liberté. On en a marre d'être éliminés de la société", lance Bilel Dhaifallah, 21 ans, membre d'une obscure association Les vainqueurs de la charia. Keffieh autour du cou, cet étudiant à l'Institut préparatoire aux études d'ingénieur d'El-Manar (IPEIEM) à Tunis a été arrêté en 2008 pour son engagement salafiste, torturé au ministère de l'intérieur, et condamné à deux ans de prison avec sursis, car mineur à l'époque.

Privés de passeport, et même de carte d'identité par l'ancien régime, les salafistes tunisiens sont aujourd'hui revenus à la vie civile. Un bon nombre d'entre eux, emprisonnés pendant des années, ont bénéficié de l'amnistie générale décrétée après la révolution ; d'autres sont rentrés d'exil.

Evalués à quelques milliers, ils sont bien implantés à Bizerte, Menzel Bourguiba,Ben Guerdane, près de la frontière libyenne où avaient éclaté des émeutes en 2010, Meddenine, Sousse, Tunis et Sidi Bouzid, foyer de l'insurrection tunisienne, où se trouve l'un des chefs salafistes tunisiens, Cheikh Khatib. De lui dépendent les autorisations pour rencontrer des membres du mouvement.

En août, la première école coranique de Tunisie a ouvert ses portes à Sidi Al-Bokri, sur la route de Bizerte, à une vingtaine de kilomètres de la capitale. Accolée à une jolie mosquée bleue, la madrassa Odaifa Ibnou Ali Yaman accueille 400 enfants et jeunes adultes - 300 autres seraient "sur liste d'attente" -, dès l'âge de 4 ans. A 10 ans, les filles et les garçons sont séparés. Depuis trois mois, Ahmed Bab Ahmed, un Mauritanien, y enseigne "pour une durée indéterminée". Du bout des lèvres, car il n'aime pas les questions "personnelles", l'instituteur, comme il se présente, trace son parcours : les Emirats, "un petit tour en France", la Côte d'Ivoire, et la Libye dernièrement. C'est là aussi que l'on trouve Hassan Al-Saouabi. "Notre mission, maintenant, est d'aider les Tunisiens à comprendre d'une manière exacte la religion, de corriger leur vision de l'islam, car beaucoup d'idéologie étrangère est entrée dans ce pays, souligne-t-il. La seule gouvernance, pour nous, c'est Dieu. Mais on nous met des obstacles car les autorités disent que ce sont des écoles terroristes."

Divisés en plusieurs courants, les salafistes sont loin de former un groupe homogène. Ahmed Bab Ahmed distingue trois groupes, eux-mêmes séparés en plusieurs écoles : les djihadistes, les scientifiques qui prônent l'obéissance, et ceux qui se situent entre les deux. Il ne dit pas auquel il s'identifie : "Question personnelle. La violence est désormais la définition, mal interprétée, du salafisme mais les groupes violents sont une minorité", affirme-t-il. "Le problème aujourd'hui, ajoute le Mauritanien, ce n'est pas la pratique de la démocratie, mais son inspiration qui vient de la Révolution française fondée sur la séparation des pouvoirs." Pour lui, comme pour les autres, il ne saurait y avoir d'autre Constitution que la Charia.

Barbe bien fournie, Wael Rouabeh, 25 ans, originaire de la ville minière de Gafsa, étudiant dans une école privée aéronautique de Tunis, vient chaque week-end suivre les cours de Sidi Al-Bokri. Depuis le ramadan, en août, il jeûne un jour sur deux. "Les Tunisiens ne connaissent pas les salafistes car 80 % d'entre eux étaient en prison. Rien que le fait d'aller à la première prière de 5 heures suffisait pour cela. Moi-même, avant, je ne portais pas la barbe pour cette raison, explique-t-il. Mais je suis fier d'être salafiste." Comme beaucoup, il a participé aux récentes manifestations contre Nessma TV après la diffusion du film franco-iranienPersepolis, dans lequel Allah est représenté sous les traits d'un vieillard. "L'appel a été diffusé sur Facebook, après la deuxième prière du vendredi, précise le jeune homme. Nessma est devenue une chaîne qui diffuse la laïcité, on doit la fermer et jeter en prison son directeur et la réalisatrice." Certes, ajoute-t-il, "à quinze jours des élections, nous sommes bien conscients de la manipulation, mais c'était la moindre des choses que de manifester."

Manipulés, les salafistes ? Bilel Dhaifallah a un doute. "En juin, explique ce dernier,l'appel contre les maisons closes a été placardé à la mosquée d'Al-Manar (en face de l'université, rouverte une semaine après la chute de l'ancien président Ben Ali).Quand nous y sommes entrés, ces affiches n'y étaient pas, à la sortie cela a excité tout le monde mais encore aujourd'hui, je ne sais pas qui les a faites."

Non-votant au scrutin du 23 octobre, l'étudiant a décidé avec un groupe d'amis d'aller protéger... les bureaux de vote de son quartier, "par peur des infiltrés et pour que d'autres ne sèment pas le désordre sur le dos des salafistes". Mais, prévient-il,"chaque fois que l'islam sera attaqué, nous attaquerons."

Isabelle Mandraud

http://www.lemonde.fr/tunisie/article/2011/10/21/les-salafistes-tunisiens-montent-en-

 

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 "Nous prônons un salafisme nouveau"

 

 par Sara Daniel    

Louay al Zouabi est imam d’une des mosquées de Deraa. Je l’ai rencontré au nord du Liban où il vit désormais dans la clandestinité. Entretien avec l’un des principaux organisateurs de la lutte armée.  Par Sara Daniel.

L'imam Louay al Zouabi (Paul Assaker)L'imam Louay al Zouabi (Paul Assaker)

Comment a commencé la révolte à Deraa ?

- Le 18 mars, le régime a rasé la tête d’une manifestante. Puis un enfant a été tué. Une ligne rouge avait été franchie contre la tradition musulmane. J’ai moi-même appelé au soulèvement contre le régime et mon fils a déchiré une photo de Bachar en public. Le 8 avril j’ai promulgué une fatwa qui appelait à la révolte contre le régime. Aujourd’hui je pense que la seule armée légitime est l’armée libre syrienne, celle qui défend le peuple contre le régime.

 

 Pourquoi cette haine contre le régime de Bachar ?

- Ce régime monstrueux n’a que des travers. Il a multiplié les injustices, sociales, économiques et religieuses. Notre vie nous a été volée. Au nom de l’opposition contre Israël, ils ont bafoué le peuple. Même Israël que je ne porte pas dans mon cœur n’a pas tué autant de musulmans que Assad en 1982 à Hama. Et puis le régime est associé avec notre principal ennemi : l’ayatollah Khamenei et avec leurs sbires du Hezbollah.

 

Que représente "les croyants participent", ce groupe salafiste dont vous êtes le secrétaire général ?

- Nous prônons un "salafisme nouveau" tolérant et qui respecterait le droit des nombreuses confessions de Syrie. Il est vrai que j’ai combattu en Afghanistan et en Bosnie et qu’on me présente donc comme un radical. Mais au cours des 6 années que j’ai purgé dans les geôles de Bachar, j’ai changé. J’ai réinterprété certains versets du Coran. Je ne vous considère plus aujourd’hui comme une infidèle. D’ailleurs regardez je ne vous oblige pas à porter le voile, je m’abstiens juste de vous regarder comme me l’a ordonné mon Dieu…


Vous avez fréquenté les lieutenants d’Oussama Ben Laden, comprenez-vous la peur que vous inspirez à certaines communautés syriennes, en dépit de votre discours apaisant ?

- Le régime de Bachar nous présente comme d’épouvantables extrémistes qui veulent confisquer le pouvoir et instaurer un émirat islamique. C’est un mensonge. Dans la future Syrie, tout le monde aura sa place. Et le peuple décidera de la future forme du gouvernement. Les chrétiens sont très proches des musulmans et nous sommes prêts à nouer un dialogue constructif avec l’ouest qui doit nous aider à nous débarrasser de Bachar s’il veut éviter un bain de sang.


Interview de  Louay al Zouabi, l'un des imams de Deraa, dans le sud de la Syrie, par Sara Daniel – Le Nouvel Observateur   (Le mardi 15 novembre 2011)

source : http://tempsreel.nouvelobs.c

 

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Révoltes arabes : le nouveau défi islamiste

 

En Tunisie, en Egypte, en Libye, quel islam surgira du conflit ouvert entre les islamistes modérés et les salafistes ? Dans un grand dossier, "Le Nouvel Observateur" de cette semaine fait le point.

Une femme voilée avec, sur son poing, les drapeaux de pays arabes ayant connu des révoltes cette année et ce slogan : "Nous gagnerons" (MARWAN NAAMANI / AFP)Une femme voilée avec, sur son poing, les drapeaux de pays arabes ayant connu des révoltes cette année et ce slogan : "Nous gagnerons" (MARWAN NAAMANI / AFP)

Cette interview de l'universitaire Gilles Kepel (*) est extraite du dossier "Le Nouveau défi islamiste" dans "Le Nouvel Observateur" en kiosque le jeudi 3 novembre 2011.

La victoire des islamistes d'Ennahda en Tunisie est-elle une surprise ?

- Non. Les forces politiques les mieux organisées dans le monde arabe sont depuis longtemps les mouvements islamistes. Ce qu'il faut comprendre aujourd'hui, c'est que les islamistes qui ont remporté les élections en Tunisie et qui risquent fort d'être en tête en Egypte, si tout se déroule normalement, ne sont plus exactement les mêmes que ceux du Front islamique du Salut (FIS) algérien il y a vingt ans. Une scission historique a eu lieu dans les années 1990.

Une partie des islamistes se sont lancés dans le djihad terroriste, certains rejoignant Al-Qaida. Ceux-là ont focalisé l'attention pendant la première décennie du siècle. Les autres ont choisi une logique de compromis avec la démocratie qui a débouché en Turquie sur la naissance de l'AKP. Ennahda, qui a été fortement influencé par l'expérience et la réussite de l'AKP, est l'avatar tunisien de cette évolution. Il faut ajouter à cela qu'Ennahda a bénéficié dans l'opinion publique tunisienne d'être le parti des emprisonnés et des torturés, un peu comme le PCF, en 1945, avait été "le parti des fusillés".

Des laïques aussi, notamment des défenseurs des droits de l'homme, ont été arrêtés et torturés sous Ben Ali...

- C'est indiscutable pour beaucoup d'entre eux. Mais les gens d'Ennahda ont incarné plus efficacement que les autres la volonté de "sortir les sortants". A la différence de ce qui s'est passé en Egypte, où la place Tahrir a surtout été une scène symbolique mobilisant les médias - la masse de la population ne descendant dans la rue qu'à partir du moment où Moubarak a dit "Je ne pars pas" -, une vraie révolution a eu lieu en Tunisie. Un changement des forces sociales au pouvoir. On assiste aujourd'hui à l'irruption de nouvelles élites avec lesquelles celles d'hier tentent de négocier. D'une part, il est clair que l'ancien régime conserve une certaine capacité à mobiliser les tribus dans la Tunisie profonde, comme on a pu le constater lors des incidents récents à Sidi-Bouzid - le lieu emblématique du début de la révolution, où le siège d'Ennahda vient d'être incendié.

D'autre part, et les dirigeants d'Ennahda le savent, les échéances qui les attendent sont redoutables dans la petite année que durera la constituante. Il leur faudra relever l'économie du pays, en piètre état, et ils n'y parviendront qu'en passant des compromis avec la bourgeoisie entrepreneuriale. Ce n'est pas un hasard si, après la victoire, la première visite de Hamadi Jebali, secrétaire général d'Ennahda et futur Premier ministre, a été pour la Bourse : il faut rassurer les investisseurs.

Qui sont les électeurs d'Ennahda ?

- La base électorale du parti est très large. Alors qu'il a rafé plus de la majorité des voix, il n'a obtenu que 41% des sièges en raison du système proportionnel mis en place par la haute instance chargée d'organiser les élections. Mais, dans un système majoritaire, il en aurait eu beaucoup plus. Son électorat est composé des laissés-pour-compte de la modernisation, mais aussi d'une large partie de la petite bourgeoisie qui a aujourd'hui le sentiment d'être entrée dans une phase de paupérisation. Car la Tunisie d'aujourd'hui n'est plus le pays prospère d'il y a une quinzaine d'années. Elle a dix ans de retard sur le Maroc. Contrairement aux Frères musulmans égyptiens, les militants d'Ennahda ont multiplié les contacts pour élargir leur base sociale. Ils ont cherché à démontrer que leur espace politique débordait leur électorat traditionnel. Lisez leur programme : il n'y est pas question de charia mais de liberté, de démocratie, de développement. Ce qui va leur poser d'autres problèmes. Plus le parti glisse vers le centre, plus il abandonne le champ radical de l'islamisme à la pénétration salafiste. Il y a d'ores et déjà un confit pour le contrôle de l'islamisme tunisien entre la branche modérée, bourgeoise, soutenue par le Qatar et la Turquie, qu'Ennahda veut incarner, et les salafstes, poussés par l'Arabie saoudite.

Rached Ghannouchi (à gauche), cofondateur du parti Ennahda, au cours d'une réunion, le 27 octobre 2011 à Tunis
Rached Ghannouchi (à gauche), cofondateur du parti Ennahda, au cours d'une réunion, le 27 octobre 2011 à Tunis (c) Afp

       Les autres partis croient-ils en la "bonne foi démocratique" des islamistes ?

- Disons que leurs sentiments sont mitigés. Mais personne n'est terrorisé par Ennahda. Même si les manifestations à la suite du film de Marjane Satrapi ont alarmé beaucoup de laïques, personne ne voit l'ayatollah Khomeini derrière Ghannouchi. Il y a au sein du camp laïque ou libéral une division entre ceux, comme l'ancien opposant Moncef Marzouki, donné futur président de la République, qui veulent jouer le jeu et passer des alliances avec les islamistes pour renforcer leurs tendances "démocratisantes", et ceux qui veulent créer un pôle d'opposition. Mais il ne faut pas se leurrer : cette aptitude à être aujourd'hui un parti attrape tout, qui caractérise Ennahda et fait sa force, risque d'être demain sa principale faiblesse.

 

Comment expliquez-vous qu'en France, dans certains bureaux, Ennahda ait obtenu des résultats encore meilleurs qu'en Tunisie ?

- Par son implantation ancienne. N'oubliez pas que les islamistes tunisiens qui avaient créé l'Union des Organisations islamiques de France (UOIF) et avaient été écartés du pouvoir en 1993 par les islamistes marocains l'ont repris en juin dernier. On assiste d'ailleurs à l'apparition de situations inédites : un militant d'Ennahda peut être élu dans une circonscription de l'immigration tunisienne de France et siéger à l'Assemblée constituante à Tunis, mais aussi au Conseil français du Culte musulman (CFCM), voire sur une liste Europe Ecologie dans un conseil municipal français.

Il est clair qu'Ennahda cherche aujourd'hui à se positionner également comme un acteur dans le système démocratique français. Tous mes contacts en Tunisie, je les ai noués dans le "9-3" [Seine-Saint-Denis], d'où viennent une partie des cadres d'Ennahda. C'est à travers leur acclimatation et leur participation au système politique européen, que les militants d'Ennahda ont acquis leur expérience électorale. Cette porosité n'existait pas il y a vingt ans, à l'époque du FIS algérien.

 

Qu'y a-t-il de commun entre les courants islamistes libyen, tunisien, égyptien ?

- La matrice originelle, c'est-à-dire les Frères musulmans. Pour le reste, les spécificités locales sont évidentes. Ennahda, par exemple, ne se réclame plus des Frères. En Egypte où, malgré la chute de Moubarak, les changements sociaux induits sont beaucoup plus faibles qu'en Tunisie, ce sont toujours les militaires qui gouvernent à travers le Conseil suprême des Forces armées, chargé d'organiser les élections. En Tunisie, Ennahda s'est déjà coulé dans le pouvoir. En Egypte, les Frères sont l'un des acteurs d'une transition dont le cadre est étroitement limité par l'ampleur des problèmes sociaux et économiques et par la dimension du pays qui compte six ou sept fois plus d'habitants que la Tunisie.

 

Ce cadre est sans doute limité aussi par les enjeux régionaux, qui ne sont pas de la même dimension pour Le Caire et Tunis...

- C'est vrai. Même si les Tunisiens d'Ennahda se montrent désireux de jouer un rôle dans la transition libyenne, éventuellement en lien avec la France, et sont très préoccupés par l'évolution de l'Algérie, les défis qu'affrontent les Egyptiens sont d'une autre dimension. L'Egypte s'efforce aujourd'hui de reprendre pied sur la scène diplomatique moyen-orientale, où elle était marginalisée par le rôle de garde-frontière de Gaza auquel l'avait réduite Moubarak en échange d'une aide militaire et civile substantielle des Etats-Unis. La libération de Gilad Shalit a été un signe de ce retour de l'Egypte. La mise hors jeu d'Ankara, qui gagnait de l'influence sur le Hamas, et celle de Damas, qui bloquait l'échange, a été l'oeuvre du Caire.

Mais la voie est étroite. Si l'Egypte est perçue aux Etats-Unis comme trop hostile à Israël, le Congrès lui coupera les vivres. Qui paiera alors à la place de Washington ? L'Arabie saoudite, aux prises avec une transition dynastique délicate et qui soutient les salafistes ? Ou le Qatar, qui se tient aux côtés des Frères bourgeois et centristes, comme le cheikh Al-Qaradhawi, égyptien naturalisé qatari, prédicateur vedette d'Al-Jazeera ? Et quel sera pour Le Caire le prix de la "générosité" de ses voisins ?

 

En Libye, les islamistes semblent tout aussi divisés qu'en Tunisie ou en Egypte.

- Oui. La situation en Libye est assez instable car on assiste, là aussi, à une compétition entre les Frères musulmans, les salafistes et d'autres forces. Les dirigeants des différents courants doivent s'adapter à un marché politique en pleine mutation. Même ceux qui entendent conserver et défendre une idéologie radicale devront faire des compromis s'ils veulent arriver au pouvoir. Ce qui est frappant aujourd'hui dans ce pays, c'est la très forte incidence des facteurs régionaux et tribaux. Misrata avait été écrasée par les kadhafistes. C'est une véritable vengeance que les brigades de Misrata ont ensuite exercée contre Syrte, la ville du dictateur. Et c'est à Misrata qu'ils ont ramené son cadavre et celui de son fils, comme des trophées. Comme s'ils voulaient montrer aux montagnards berbères de l'Ouest et aux salafistes radicaux de Cyrénaïque qu'ils entendent prendre leur part dans le partage du pouvoir.

le chef du conseil militaire de Tripoli, Abdelhakim Belhadj
le chef du conseil militaire de Tripoli, Abdelhakim Belhadj, anciennement proche d'Al-Qaïda (Geoff Pugh / Rex Featur/REX/SIPA)

 

Qu'avez-vous pensé de la déclaration de Moustapha Abdeljalil, le président du Conseil de Transition libyen, sur la charia, source du droit ?

- D'abord, je ne suis pas sûr qu'il ait exprimé la position de la totalité du CNT en s'exprimant ainsi. J'étais en Libye il y a deux semaines. Nombre de ceux avec qui j'ai été en contact n'étaient pas sur cette ligne. A mon avis, Abdeljalil a tenu ces propos pour deux raisons. D'abord pour chercher des appuis, car il est très contesté en raison de son passé au sein du système Kadhafi . N'oublions pas qu'il a été ministre de la Justice - avec tout ce que cela implique - du dictateur. Il a donc besoin, pour le faire oublier, de s'appuyer sur des hommes comme Belhadj (en photo), l'ancien d'Al-Qaida, qu'il a installé au commandement militaire à Tripoli. Ensuite, il est clair que le système tribal en Libye reste très vivace et que la polygamie dans le pays est encore largement répandue.

 

Les islamistes tunisiens et une partie au moins des Frères musulmans égyptiens revendiquent le modèle de l'AKP turc. La comparaison est-elle fondée ?

- La situation sur ce point est en train de changer. Erdogan apparaissait jusqu'à présent comme islamo-compatible avec le marché et le pluralisme politique, mais le modèle turc est peut-être pris dans ses contradictions. Lors de sa tournée dans les pays arabes, le discours d'Erdogan a été bien reçu en Tunisie. Moins bien en Egypte.

Pourquoi ? Parce que ses hôtes ont eu l'impression qu'en Turquie l'islam a été mis au service de l'Etat turc, perçu comme un concurrent sur le dossier palestinien, mais également pour les projets d'exploitation des gisements de gaz en Méditerranée orientale. Et aussi parce qu'à domicile le modèle turc semble sur le point d'atteindre ses limites. L'AKP avait été à l'origine coopté par la grande bourgeoisie et les grandes entreprises turques, car elle leur permettait de sous-traiter leurs affaires à bas prix au petit patronat anatolien en exploitant les émigrés ruraux sous-payés. Aujourd'hui, la base de l'AKP constate qu'elle a été dupée et envoie au sommet des messages inquiets.

 

En Syrie, Bachar al-Assad invoque la menace que les islamistes font peser sur son régime pour justifier la poursuite de la répression sauvage des manifestations et le refus de tout changement. Cette menace est-elle réelle ?

- La famille Assad a coopté une partie des oulémas des deux grandes villes que sont Alep et Damas, où la situation est beaucoup plus calme qu'ailleurs (1). La bourgeoisie sunnite de ces villes, qui est liée à l'argent de l'Etat et au commerce avec les pays voisins, ne manifeste guère de volonté de rupture avec le pouvoir, contrairement à ce qui s'est passé en Tunisie. Les Syriens n'oublient pas qu'ils vivent, comme leurs voisins libanais et irakiens, dans un pays divisé entre de multiples ethnies, confessions et sectes, où les classes dominantes sont les victimes désignées de la guerre civile. On peut même imaginer que le prolétariat sunnite se révoltera contre la bourgeoisie sunnite avant de se soulever contre le pouvoir alaouite d'Assad.

D'autre part, si la Tunisie et l'Egypte ont une armée nationale dont le corps des officiers représente globalement la bourgeoisie urbaine, la Syrie dispose en quelque sorte de deux armées. Une armée de gueux : les régiments sunnites qu'on a envoyés occuper et racketter le Liban. Et une autre, de soldats professionnels alaouites, suréquipée en chars, avions et hélicoptères. Ces militaires là, qui sont aujourd'hui chargés de la répression avec la police politique et les milices du régime, savent que, s'ils sont vaincus, ils connaîtront le destin de Kadhafi et des siens.

Propos recueillis par René Backmann  

source : http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20111102.OBS3625/revoltes-arab

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