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27 avril 2012 5 27 /04 /avril /2012 04:13

URGENT : Le procureur requiert 3 ans de prison contre Abdelkader Kherba


Le procureur de la République a requis 3 ans de prison ferme contre le militant Abdelkader Kherba, pour « incitation à attroupement » . le juge a reporté le verdict à jeudi prochain, maintenant le militant en prison pour au moins une semaine supplémentaire.

Avec cette décision, la justice algérienne aux ordres du régime, vient de montrer encore une fois sa servilité et son visage hideux.

Kherba Abdelkader a été arrêté alors qu’il assistait à une manifestation organisée par les travailleurs du secteur de la justice afin de revendiquer l’amélioration des conditions de travail. Kherba Abdelkader, qui a assisté à la manifestation en tant qu’observateur ainsi qu’afin d’exprimer sa solidarité, a eu son appareil photographique confisqué au moment de son arrestation.

Le lendemain, 19 avril 2012, Kherba Abdelkader a été emmené devant le procureur de Sidi Mohamed qui l’a interrogé au sujet de sa présence à la manifestation. Le procureur a formalisé l’accusation de «incitation directe à attroupement» en vertu de l’Article 100 du Code Pénal et a ordonné qu’il soit placé en détention provisoire.

Kherba Abdelkader est actuellement détenu à la prison de Serkadji, et il sera emmené devant le tribunal le 26 avril pour l’ouverture du procès. Suite à son arrestation, Kherba Abdelkader a commencé une grève de la faim en signe de protestation contre sa détention arbitraire.

L’Observatoire pour la protection des droits de l’Homme et le Réseau euro‑méditerranéen des droits de l’Homme (Remdh) appellent, dans un communiqué commun publié ce mercredi 25 avril, les autorités algériennes à mettre fin au harcèlement des militants des droits humains. « Le harcèlement de ceux qui luttent pour les droits de l’Homme doit cesser ! », clament ces associations qui mentionnent notamment l’arrestation d’un militant du Comité national pour la défense des droits des chômeurs (CNDDC) et membre de la Laddh, Abdelkader Kherba, par la police devant un tribunal à Alger, où il s’était rendu pour apporter son soutien aux greffiers grévistes.

De son coté l’ONG de défense des militants des droits de l’homme, Front Line Defenders, exige la libération immédiate de Abdelkader Kherba.
 

 

Communiqué de Front Line Defenders

Le 26 avril 2012, le procès de défenseur des droits humains M. Abdelkader Kherba commencera à Sidi Mohamed. Il a été arrêté par la police judiciaire le 18 avril 2012 alors qu’il assistait à une manifestation devant l’édifice des tribunaux à Sidi Mohamed. Il a ensuite été accusé de «incitation directe à attroupement» et placé en détention provisoire. Kherba Abdelkader est un membre du Comité National pour la Défense des Droits des Chômeurs (CNDDC) et la Ligue Algérienne pour la Défense des Droits de l’Homme (LADDH).

Kherba Abdelkader a été arrêté alors qu’il assistait à une manifestation organisée par les travailleurs du secteur de la justice afin de revendiquer l’amélioration des conditions de travail. Kherba Abdelkader, qui a assisté à la manifestation en tant qu’observateur ainsi qu’afin d’exprimer sa solidarité, a eu son appareil photographique confisqué au moment de son arrestation. Le lendemain, 19 avril 2012, Kherba Abdelkader a été emmené devant le procureur de Sidi Mohamed qui l’a interrogé au sujet de sa présence à la manifestation.

Le procureur a formalisé l’accusation de «incitation directe à attroupement» en vertu de l’Article 100 du Code Pénal et a ordonné qu’il soit placé en détention provisoire. Kherba Abdelkader est actuellement détenu à la prison de Serkaji, et il sera emmené devant le tribunal le 26 avril pour l’ouverture du procès. Suite à son arrestation, Kherba Abdelkader a commencé une grève de la faim en signe de protestation contre sa détention arbitraire.
 

Front Line Defenders exprime sa préoccupation face à l’arrestation et la détention de Kherba Abdelkader, et estime qu’elles soient directement liées à son travail légitime et pacifique pour la défense des droits humains, en particulier son engagement avec le Comité de Défense des Chômeurs et la Ligue Algérienne pour la Défense des Droits de l’Homme. Compte tenu de la grève de la faim qu’il a commencé, Front Line Defenders est également préoccupé par l’intégrité physique et psychologique de Kherba Abdelkader pendant sa détention.

 

Front Line demande instamment aux autorités algériennes de :
 

1. Assurer la libération immédiate et sans condition de Kherba Abdelkader et abandonner toutes les charges contre lui, car elles semblent être motivées uniquement par son travail légitime et pacifique en défense des droits humains;
 

2. Prendre toutes les mesures nécessaires afin de garantir l’intégrité physique et psychologique de Kherba Abdelkader pendant sa grève de la faim;
 

3. Veiller à ce que tous les défenseurs des droits humains en Algérie, exerçant leurs activités légitimes de défense des droits humains, soient en mesure d’opérer sans restrictions ni représailles, y compris le harcèlement judiciaire. lanationdz

 

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Plusieurs d’entre eux ont subi la colère des citoyens cette semaine

Des candidats et des responsables de parti hués et humiliés

 

Ils sont boudés, chahutés, hués, chassés, parfois malmenés… certains leaders de partis politiques ne comptent pas que des sympathisants.

 

Ils n’arrivent non pas à capter les électeurs, mais à discourir devant leurs militants. Des chefs de parti se vantant d’être des «poids lourds» de la politique nationale ont été contraints d’écourter leur discours face à un public qui ne voulait visiblement pas les voir. D’autres, prétendant être les porte-voix des démunis, se sont vu annuler leur meeting faute de public.

La campagne pour les législatives du 10 mai met a nu le fossé existant entre les Algériens et les responsables politiques. Le citoyen n’est plus dupe, même contre une rémunération, il refuse d’assister à des meetings ; il les perturbe même. Pourquoi en est-on arrivé à cette situation ? D’aucuns diront que la faute incombe aux militants des partis, censés veiller au bon déroulement des rencontres. «Aujourd’hui, le souci primordial des organisateurs est de remplir la salle pour, entre autres, plaire à leur chef. Seulement, les curieux qui assistent à ces meetings se lassent des discours ennuyeux des candidats et se révoltent contre leurs promesses mensongères», explique un ex-député.

Dans plusieurs villes du pays, des candidats et responsables de parti ont vécu les pires humiliations de leur vie.

Sous les cris de «Dégagez», «Makan walou», les responsables de l’Alliance verte ont été chassés sur leur propre «terrain», à Ksar El Boukhari, dans la wilaya de Médéa. A Relizane, le secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem, a renoncé à un meeting faute de public. A Bouira, ce même vieux parti a été contraint d’écourter la diffusion de l’hymne national ; la mauvaise qualité du son a suscité l’ire des participants, ce qui a amené Belkhadem à en arrêter la diffusion. Une maladresse à mettre, selon les dirigeants du parti, sur le compte de l’incompétence des organisateurs locaux ! A Laghouat où il devait animer un meeting, Abdallah Djaballah a rebroussé chemin pour les même raisons : le public n’était pas au rendez-vous.

Le patron du RND et Premier ministre, Ahmed Ouyahia a été empêché d’animer son meeting à Bouira. En rappelant les réalisations du président de la République depuis son accession au pouvoir, des voix discordantes sont venues lui rappeler la réalité des Algériens. «Vive l’Algérie des barrages, vive l’Algérie de l’autoroute Est-Ouest, vive l’Algérie du million de logements», a scandé Ouyahia. En réponse, l’assistance lui a lancé : «Où est l’argent de notre pétrole ? Où sont les postes d’emploi promis par l’Etat ?» Face à ces chahuteurs, Ouyahia a déclaré : «Vous n’êtes pas à blâmer. Ce sont ceux qui vous envoient qui manquent cruellement de délicatesse et de grâce.» Constatant qu’il était en terrain hostile, Ahmed Ouyahia a fini par  écourter son discours. Même la secrétaire générale du PT, Louisa Hanoune, n’a pas échappé à une situation similaire.

Samedi dernier, elle a dû quitter la maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou. Des citoyens venus assister à son meeting ont profité de l’occasion pour réitérer leur rejet de la «mascarade du 10 mai». En dépit des efforts fournis par Louisa Hanoune, qui a tenté de convaincre avec des mots en kabyle, l’on n’entendait que les «sifflements».

Le FFS, vieux parti de l’opposition, a été également sanctionné par les citoyens ; en début de semaine, un meeting a été empêché à Souk El Tenine, dans la wilaya de Béjaïa, région natale de Arezki Derguini, tête de liste du FFS dans cette wilaya. Les organisateurs du meeting ont dû annuler carrément la sortie. La sortie du FFS à Tizi Ouzou était aussi une déception, selon certains observateurs, car le parti n’a pas drainé une foule nombreuse, comme par le passé... 

 Nabila Amir`; elwatan

 

 

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Campagne électorale : tout pour convaincre les citoyens d’aller voter


Le onzième jour du début de la campagne électorale n’est pas totalement différent des autres. Le rythme de la campagne est resté le même. De meetings en rencontres, les chefs de parti sillonnent le pays, tandis que les Algériens ont les yeux tournés plutôt ailleurs.

 

L’un des partis qui connaît une activité intense est le Parti des travailleurs (PT)
Sa secrétaire générale, Louisa Hanoune, était hier à Sidi Bel Abbès. Elle a dénoncé, selon l’APS, devant une assistance nombreuse, la demande par le Fonds monétaire international (FMI) à l’Algérie pour renforcer ses capacités financières, soulignant que l’économie algérienne est prioritaire pour bénéficier des 200 milliards de dollars que représentent les réserves de change de l’Algérie. 
La SG du PT a évoqué le danger guettant l’Algérie à travers ses frontières avec les pays voisins qui connaissent des problèmes, affirmant qu’il est impératif que le peuple algérien assume ses responsabilités et instaure la sécurité dans le pays et par conséquent protège l’unité et la sécurité de la nation et édifie une deuxième république démocratique.

 

A l’opposé, le secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia, a, lui, appelé, lors d’une intervention à la radio, à un vote massif. Le secrétaire général du RND a plaidé pour un «vote utile». «Nous avons plus que jamais besoin d’investir dans l’élément humain, en améliorant le niveau de l’enseignement et en introduisant la formation professionnelle dans les universités notamment», avait-il plaidé, mardi dernier, lors d’un meeting animé à Boumerdès.

 

Le Front des forces socialistes (FFS) continue, quant à lui, de plaider pour une participation aux élections pour éviter «le chaos». Lors d’un meeting animé mardi dernier à Oum El Bouaghi, Ali Laskri a indiqué que «le FFS est un parti patriotique d’opposition qui veut le changement par la voie pacifique loin de toute forme de violence». Il a fait savoir que son parti participe à ce scrutin «non par soif du pouvoir mais en raison de la conjoncture qui prévaut à l’intérieur du pays et dans la région et du fait que certaines parties internationales soient à l’affût rêvant de spolier le pays de ses richesses».

 

Le président du Front de la justice et du développement (FJD), Abdallah Djaballah, a affirmé, hier à Biskra, que son parti disposait du programme le mieux indiqué pour qu’en cas de victoire de son parti aux législatives du 10 mai prochain, l’Algérie puisse «passer à un palier supérieur» de son processus de développement. Les problèmes de l’Algérie doivent être débattus «de manière rationnelle, dans le calme et dans le cadre d’un dialogue responsable», a préconisé, hier à Khemis Miliana (Aïn Defla), le président du Front El Moustakbal, Abdelaziz Belaïd, tout en invitant la population à saisir l’opportunité des prochaines législatives pour permettre au pays d’amorcer son «décollage» dans tous les domaines.

 

Quant à Abdelaziz Belkhadem, qui était hier à Ouargla, il affirmera que «le programme du FLN projeté pour les cinq prochaines années œuvrera à la consolidation des acquis réalisés par l’Algérie au cours de ces dernières décennies en matière de développement des ressources humaines, le parachèvement de l’édification des institutions de l’Etat et le traitement des déséquilibres que connaît l’économie nationale».De son coté, le président du Front de l’Algérie nouvelle (FAN), Djamel Ahmed Benabdeslam, a souligné, hier à Ghardaïa, lors d’une sortie de proximité, qu’il œuvrera pour «la création d’un organisme national chargé de la prévention des calamités naturelles». africatime

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26 avril 2012 4 26 /04 /avril /2012 06:48

L'utilisation de la religion à des fins politiques anime la campagne des législatives 

 

 

Les chefs des trois partis islamistes rassemblés dans le cadre de
Les chefs des trois partis islamistes rassemblés dans le cadre de "L'Alliance Verte". (DR)



Le thème fait débat en pleine campagne pour les législatives. L'exploitation de la religion à des fins politiques suscite commentaires et mises en garde. Le secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND) au pouvoir, qui mène activement sa campagne avec les moyens de l'Etat, est monté au créneau.

Ahmed Ouyahia a mis en garde mercredi certains partis politiques contre l'utilisation de la religion à des fins politiques dans la perspective du scrutin du 10 mai.

"La Constitution et la loi algériennes interdisent depuis maintenant presque vingt ans l'utilisation de l'islam en politique ", a déclaré M. Ouyahia, également Premier ministre, sur les ondes de la Radio nationale, dans le cadre de la campagne électorale de son parti.

"Les Algériens ont payé le prix de la politisation de la religion parce qu'on appelle la fitna ( désaccord et divisions parmi les musulmans), et qu'on peut appeler de manière plus cruelle le terrorisme et son cortège de victimes", a-t-il ajouté.

La Commission nationale de surveillance des élections législatives (CNSEL), un organe composé des représentants des partis politiques en lice, a également lancé une mis en garde, le 19 avril, aux partis islamistes tentés d'exploiter ouvertement les thèmes religieux pour rassembler des voix.

Dans la réalité, ces formations ne se privent pas de faire largement usage de la religion dans leurs discours électoraux et ne rencontrent aucun obstacle pour ce faire. Les mises en garde qui leurs sont adressées sont purement formelles, sachant que le problème de fond reste l'existence même de partis se prévalant de la religion et n'ayant comme programme que de vagues slogans et promesses de "justice" et "d'égalité" véritables instruments d'exploitation de la détresse sociale.

La campagne électorale a débuté le 15 avril. Les algériens sont appelés aux urnes le 10 mai prochain pour choisir parmi les représentant d'un quarantaine de partis, dont 21 nouvellement agréés et cinq islamistes. La prochaine Assemblée populaire (APN) comprendra 462 sièges. mediaterranee

 

 

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Législatives : les principaux partis politiques en lice 

 

1. Le Front de libération nationale (FLN)

Le Front de libération nationale (FLN), premier parti de l'actuel Parlement, a été créé en 1954 à la suite d'une fusion avec d'autres formations plus petites, afin d'obtenir une indépendance de l'Algérie vis-à-vis de la France.

Après son indépendance en 1962, l'Algérie a été gouvernée par le parti unique du FLN jusqu'en 1989, lorsque la Constitution révisée a ouvert l'ère multipartite. Après les élections présidentielles de 2004, Abdelaziz Belkhadem a pris le contrôle du parti.

Le parti a reçu 34,3% du vote dans les élections parlementaires de 2002. Lors des élections de 2007, le FLN a perdu 63 sièges au parlement, mais il reste toujours le premier parti avec 136 sièges.

Le FLN et le Rassemblement national démocratique (RND) sont les deux partis de l'Alliance présidentielle au pouvoir, créé en 2005, après le retrait du Mouvement de la société pour la paix (MSP) de l'alliance au début de cette année.

 

2. Le Rassemblement national démocratique (RND)

Le Rassemblement national démocratique (RND) est le deuxième parti dans le parlement actuel. Il est dirigé par le Premier ministre Ahmed Ouyahia.

Le RND, fondé le 21 février 1997 en pleine période du terrorisme islamiste, a rapidement réussi à gagner du terrain avec une obtention de 9,5% du vote et 47 sièges du parlement lors des élections législatives de 2002. Dans les élections de 2007, il a réussi à se hisser au rang de la deuxième puissance politique avec 10,33% des voix et 61 sièges.

Le RND est un membre de l'alliance présidentielle avec le FLN.

 

3. L'Alliance de l'Algérie verte (AAV)

L'alliance a été créée en mar 2012 à la suite d'une fusion des trois partis islamistes, dont le Mouvement de la société pour la paix (MSP), le Mouvement Ennahda (Renaissance), et le Mouvement El Islah (Réforme), qui ont décidé de participer ensemble au scrutin campagne avec un programme unique et des listes communes.

Se présentant comme un mouvement islamiste modéré, l'alliance bannit le recours à la violence dans la pratique de la politique, mais appelle au retour vers des valeurs traditionnalistes.

Le MSP, fondé en 1988 et dirigé par Bouguerra Soltani, maintient quatre portefeuilles dans le gouvernement actuel. Le parti n'appelle pas la charia ni un Etat islamique.

Le Mouvement Ennahda, formé dans les années 1980, s'est éclipsé après le retrait de son fondateur, Abdellh Djaballah. Celui-ci a par la suite fondé le Mouvement El Islah, qui a pourtant perdu lui aussi son terrain après que Abdallah Djaballah fut à nouveau évincé.

 

4. Le Front des Forces Socialistes (FFS)

Le Front des Forces socialistes est considéré comme étant le plus ancien parti d'opposition en Algérie.

Il a été fondé en 1963 par Hocine Aït Ahmed, figure emblématique pendant la guerre d'Algérie. Il est fortement présent et populaire dans la Kabylie, berceau du parti.

Le parti, laïc, a boycotté les élections législatives de 2002 et de 2007, ainsi que l'élection présidentielle de 2009.

Pourtant, le chef du parti a annoncé la participation aux prochaines élections, arguant que la participation du FFS est "une nécessité tactique" qui s'inscrit dans sa stratégie de construction "pacifique" de l'alternative démocratique.

 

5. Le Parti des travailleurs (PT)

Le PT est dirigé depuis par Mme Louisa Hanoune depuis sa création en 1990, un an après l'instauration du multipartisme.

La formation est un parti de gauche, qui plaide pour la protection et la promotion des mouvements syndicaux.

Dans les élections législatives de 2007, le PT a saisi 5,08% des voix et 26 sièges.

Louisa Hanoun, la première femme du monde arabe à se porter candidate à l'élection présidentielle en 2004, est connue pour ses positions hostiles aux entreprises multinationales et à la privatisation des sociétés du secteur public.

 

6. Front pour la justice et le développement (FJD)

Le Front pour la justice et le développement (FJD) est le troisième parti politique islamiste créé début 2012 par Abdellah Djaballah après Ennahda et El Islah.

Bien que ce parti n'existe pas longtemps, le parcours politique de son chef ne date pas d'aujourd'hui. Fort d'une grande popularité au sein de la société algérienne, notamment dans les milieux intellectuels et universitaires, Abdallah Djaballah a obtenu le soutien dans un bref délai.

 

7. Le Front du changement (FC)

Le Front du changement est un parti islamiste dont l'activité a été officiellement autorisée en février 2012.

Il est dirigé par Abdelmadjid Menasra, un ancien haut fonctionnaire au sein du Mouvement de la Société de la Paix (MSP).

Le FC cherche à modifier la Constitution par le biais d'un dialogue inclusif, et à mettre en place un régime politique qui sépare clairement les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire.

Il préconise aussi de limiter les pouvoirs du président, et de remettre à la majorité parlementaire le pouvoir de constituer le gouvernement. afriquinfos

 

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La CNSEL énumère les dépassements des candidats

 L’utilisation des moyens de l’Etat dénoncée

 

 

 

Affichage anarchique, utilisation de langues étrangères dans les meetings, exploitation des moyens de l’administration, recours à la publicité à des fins de propagande électorale… sont, entre autres, les dépassements enregistrés par la Commission nationale de surveillance des élections législatives (CNSEL).

 

Mohamed Seddiki, président de cette instance, affirme avoir examiné, lors d’une réunion du bureau de la Commission, l’ensemble des requêtes enregistrées par ses antennes régionales implantées dans plusieurs villes du pays. Le bureau de la CNSEL a jugé, après étude de dizaines de recours, la saisine de la Commission nationale de supervision des élections, qui est habilitée à saisir le procureur général territorialement compétent en cas de dépassement. «Pour l’heure, cette dernière a pris le train en marche en prenant des décisions qu’elle a notifiées à certains candidats en lice pour les législatives du 10 mai», explique M. Seddiki. Ces décisions concernent l’utilisation par des candidats d’un procédé publicitaire commercial à des fins de propagande électorale dans des chaînes de télévision étrangères, une pratique interdite en vertu de l’article 193 de la loi organique sur les élections.

 

D’autres candidats ont utilisé, dans le même but, des titres de la presse écrite nationale en violation du même article. La Commission a également interdit l’utilisation d’affiches de candidats avec en arrière-plan des images illustrant des réalisations nationales faisant croire qu’ils en sont les initiateurs, en violation du principe d’égalité des chances.

 

Conformément à l’article 14 du décret présidentiel 68-12 définissant son organisation et son fonctionnement, la Commission a saisi le procureur général compétent des dépassements à caractère pénal à l’effet de prendre les mesures légales qui s’imposent. En plus de ce rappel à l’ordre, la Commission présidée par Seddiki envisage de saisir une fois de plus l’instance de supervision pour rappeler à l’ordre ceux qui utilisent les moyens de l’administration pour faire leur campagne. M. Seddiki cite, dans ce cadre, le secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia : «Lorsque Ouyahia programme un meeting dans une quelconque wilaya, les autorités de la région lui réservent un accueil officiel et lui réunissent les conditions appropriées, pénalisant ainsi les citoyens.» M. Seddiki ne comprend pas si Ouyahia mène campagne pour le scrutin du 10 mai en sa qualité de Premier ministre ou de secrétaire général du RND. Hier à Tizi Ouzou, les citoyens se trouvant aux alentours de la maison de la culture qui abritait un meeting d’Ahmed Ouyahia ont été malmenés par des agents des services de sécurité.

 

«Ouyahia est censé défendre les lois de la République, alors pourquoi il les piétine ? Le patron du RND n’a rien réalisé, c’est grâce à la rente pétrolière que l’Algérie a mis sur pied certains chantiers. Ouyahia devrait réorienter son discours politique», avertit encore M. Seddiki, qui compte saisir l’instance de supervision sur cette question.
La CNSEL a aussi demandé au MSP le retrait du portrait de Amar Ghoul, tête de liste à Alger, car son affiche ne répond pas aux normes. «En arrière-plan de cette affiche figure un grand projet réalisé par l’Etat algérien et non pas par le MSP. Ce dernier n’a pas à s’approprier le travail du gouvernement», explique-t-il encore. Autre dépassement : l’utilisation de portraits du président en arrière-plan lors d’un meeting. «Les candidats aux élections législatives doivent s’étaler sur leur programme et non pas sur les réalisations présidentielles. Les gens doivent comprendre que Bouteflika n’est pas candidat à la députation», ironise-t-il.  elwatan

 

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25 avril 2012 3 25 /04 /avril /2012 06:16

Interdiction de se moquer des élections

 

 

En Algérie, le ministre de l'intérieur prévoit des sanctions «contre ceux qui raillent les élections.»

 

L'inquiétude a définitivement changé de camp. Pendant qu'il fait arrêter le maximum de militants gêneurs, boycotteurs ou sceptiques structurés, DOK (Dahou Ould Kablia) multiplie les interventions avec cette émotion à peine dissimulée, la peur de l'abstention. A tel point que dans cette ambiance confiante, sereine et ouverte, il prévoit des sanctions «contre ceux qui raillent les élections.»

Les Algériens sont-ils apathiques, apolitiques et inciviques?

La légitimation forcée par la pénalisation n'est pas nouvelle; lorsque la loi sur la réconciliation avait été adoptée en 2005, d'ailleurs par le gonflement artificiel de la participation au référendum (80% et 97% de oui), une législation avait été promulguée pour sanctionner ceux qui critiquent cette grande démarche de pardon.

On les dit apathiques, apolitiques et inciviques, la tête ailleurs et le ventre devant mais les Algériens ont l'air, d'après la peur de DOK (Dahou Ould Kablia), de se diriger vers une forme de refus passif, vengeance douce contre un régime qui ne se rappelle d'eux que lors de consultations électorales ou de soulèvements arabes.

Cette force molle est semblable à l'inertie du ballon mal gonflé qui se fait shooter sans avoir mal et donne un tir qui ne va pas bien loin. Dans ce choc mou, chewing-gum géant qu'on ne peut écraser et qui finit collé et étalé sous les pieds, les Algériens ont l'air de tenter, par l'indifférence, une reconfiguration du dialogue.

S'abstenir c'est contester

Entre le dirigeant et le dirigé, ce dernier ne pouvant ni manifester ni s'exprimer dans un pays fermé par le haut, la seule façon de faire porter sa voix étant justement de ne rien dire. Vision tronquée, fantasme d'opposant ou raillerie délinquante?

Ce sera au juge, nommé mais non élu, d'en décider après les élections. Si c'est une raillerie, la sanction tombera. Mais si le taux de participation est important, les poursuites s'éteindront. Comme un joueur de poker, le régime sait être généreux quand il gagne. Il est en revanche très mauvais perdant. slateafrique


 

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L’humour comme arme critique

Quand les jeunes tournent les élections en dérision


Sur les panneaux électoraux, les Algériens dessinent des personnages de dessins animés.

Le Parti des travailleurs de Louisa Hanoune apparaît sous les traits de Bob l’éponge, le Front de libération nationale est affublé d’un mouton jovial et le Mouvement pour la paix de Bouguerra Soltani prend des allures d’un bodybuilder ressemblant à la fois à l’acteur Sylvester Stallone et au rappeur Snoop Dogg. Les auteurs des graffitis ont peut-être voulu rendre à l’expression «bled Mickey», à laquelle on assimile souvent l’Algérie, toute sa signification.

 
Sur d’autres panneaux, près de Bab Ezzouar, des tags rappellent que la pomme de terre se vend désormais à 100 DA et que l’USMA reste le parti préféré des jeunes du quartier. Autre image attestant le peu de crédit que les Algériens attribuent à ces élections, une photo circulant sur facebook met en vedette une poubelle verte, comme il y en a partout à Alger, qui nargue les passant en affichant : «10 mai, votez ici.»


Quand on n’a que l’humour…


Les blagues et les détournements d’images font florès sur les réseaux sociaux, renforçant l’idée selon laquelle les jeunes sont peu captivés par les programmes des partis en lice pour les législatives. Dans des photos montages publiées sur facebook, il est possible de voir Belkhadem, Ouyahia, Soltani et Djaballah dans une course aux poubelles.

 
Une autre photo met en scène un groupe de musique dans lequel Bouguerra Soltani joue du saxophone, Abdallah Djaballah de l’accordéon et Louisa Hanoune du synthétiseur avec ce commentaire : «Nous en avons marre de la même chanson, nous voulons le changement et maintenant !»
 

Dans le jeu des détournements de slogans, les jeunes rivalisent d’inventivité : «Mouvement pour la société et la paix : ensemble pour l’hypocrisie et la corruption» ou «L’abstention équivaut à mettre les khobzistes au boulot, Belkhadem au placard, son parti FLN au musée, Bouteflika dans le pétrin, le pouvoir aux abois, le peuple dans la joie.»  D’autres photos mettent en parallèle un ministre devant un buffet de méchoui et une vieille fouillant dans les poubelles.


Qu’est-ce qu’un député ?


Face au blocage politique, il ne reste aux abstentionnistes que l’humour pour faire entendre leur voix. Ils font ainsi de la politique avec goguenarderie. L’image du député est généralement assimilée au vol et à l’enrichissement illicite. C’est donc tout naturellement qu’ils conjuguent le verbe voter : «Je vote, tu votes, il vote… ils s’enrichissent.» Certains appellent même à voter Ali Baba afin de se convaincre qu’il n’y aura que 40 voleurs à l’hémicycle. Et à d’autres de crier : «One, two, three, wallah ma n’voti (je ne voterai pas).»  Les blagues politiques font aussi leur grand retour à l’occasion de ces élections. Là encore, les élus en sont les cibles privilégiées. «Auparavant, il y avait Chadli ; désormais les blagues ont pour héros les députés qu’on compare souvent aux beggars à cause de leur bedaine, leur moustache et leurs manières», explique Ryad, étudiant. Parmi les blagues en vogue ces derniers jours : «Deux Algériens parlent des prochaines élections : -Mohamed : tu votes pour les corrompus ou les autres ? -Ali : mais qui sont les autres ? » Autre blague visant directement les représentants du peuple : «Un député qui a cumulé les mandats pour bien se placer dans le milieu des affaires : vendre des passeports pour le hadj et gagner des millions en roupillant, choisit, à la fin de son mandat, de placer sur la porte de sa villa l’inscription : «C’est par la grâce de Dieu» (hada min fadhli rabi).

 

Ahmed Rouadjia, maître de conférence à l’université de M’sila, considère que, pour les jeunes, l’internet n’est pas seulement un moyen d’évasion, de quête de l’ailleurs «rêvé» et transfiguré, mais aussi un défouloir, c’est-à-dire le lieu où ils manifestent leur mécontentement, leur colère ou leur indignation contre un ordre social et politique qu’ils jugent injustes. «Sur facebook et les sites internet, on peut lire l’expression d’une défiance envers le système politique algérien, le témoignage d’un refus global de ce système et un appel à son changement, voire à sa disparition», explique-t-il, relevant néanmoins un manque de maturité politique et une attitude négative dans laquelle le dénigrement systématique de celui-ci occupe une place prépondérante.
Ne dit-on pas, après tout, que l’humour est l’impolitesse du désespoir ?  

Amel Blidi; elwatan

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D'ANCIENS RESPONSABLES DES SERVICES SECRETS OCCIDENTAUX ACCUSENT :

 

«Le Qatar, l'Arabie Saoudite, les USA et les Frères musulmans déterminés à faire chuter l'Algérie»

Organisée à l'appel de sociétés civiles de wilayas du sud du pays, Tamanrasset, Adrar, Illizi et Ghardaïa, de Saïda Benhabylès, présidente d'association, et la revue El-Djazair.Com, une rencontre sur les prises d'otages, notamment le rapt de diplomates algériens à Gao, au nord du Mali, s'est tenue
, hier, à l'hôtel El Aurassi, avec la participation de grosses pointures du renseignement, des ambassadeurs en Algérie de l'Autriche, de Cuba, du Venezuela, d'un représentant de l'ambassadeur de la République arabe du Sahara Occidental (RASD) et d'experts. Ont également participé à la rencontre, les familles de nos diplomates enlevés à Gao et des notables touaregs, dont Akhamoukh.

D'emblée, Saïda Benhabylès a déclaré qu'au Sahel «c'est une situation qui n'inspire pas confiance, qui menace la paix, la stabilité et surtout la cohésion sociale». «On a voulu et réussi, par tous les moyens, à obtenir la caution de l'opinion publique pour l'ingérence étrangère dans la région», selon elle. «Je remercie les familles des diplomates enlevés qui sont venues, ici, pour rejeter l'ingérence étrangère», ajoute-t-elle.
Intervenant à son tour, Yves Bonnet, ancien patron de la DST (services secrets français), explique «l’évolution» du terrorisme, à travers le temps, tout en rappelant que «le terrorisme n'a jamais fait fléchir une région ou lui a fait changer sa ligne de conduite».

«L'Algérie a fait face, durant les années 1990, au terrorisme, avec ses propres moyens et par le sacrifice de ses enfants». «L'Algérie avait alerté la communauté internationale sur le caractère transfrontalier du terrorisme, et quand je défendais la vision algérienne, on me taxait d'homme des généraux. Le temps a fini par donner raison à la juste réflexion algérienne», lance-t-il. «Il faut rendre hommage à ces généraux qui ont défendu l'Algérie quand le pays était en isolement», ajoute-t-il.

Lors de son intervention, Yves Bonnet, ancien patron de la DST, rappelle avoir, lui et d'autres personnes, fait le déplacement à Tripoli puis à Benghazi, en Libye. «Cet Etat fonctionnait nettement mieux qu'en l'état actuel», selon lui, ajoutant avoir alerté sur le fondamentalisme religieux. «Moins les forces occidentales s'occupent des affaires des autres, mieux ça ira», a-t-il dit. Yves Bonnet plaide, par ailleurs, pour

«le rapprochement total entre l'Algérie et la France, face aux menaces qui pèsent sur la région du Sahel». «La menace n'est pas seulement terroriste, mais également liée à d'autres organisations criminelles et les narcotrafiquants, notamment latino-américains et mexicains qui inondent le Mali et la Mauritanie», selon Yves bonnet.

«L'Algérie paye pour avoir combattu le terrorisme dans les années 1990»

 
Anna Marie Lisa, présidente honoraire du Sénat belge, accuse, quant à elle, ouvertement l'Arabie Saoudite «d’œuvrer à déstabiliser volontairement les frontières sud de l'Algérie à travers, notamment, le financement des salafistes et djihadistes». «L'Algérie, et par le rapt de ses diplomates à Gao, paye pour avoir combattu le terrorisme durant les années 1990», selon elle. «Les auteurs du rapt se sont, en particulier, attaqués au symbole de l'Algérie, en la personne des diplomates enlevés», explique-t-elle.

«Ceci, au moment où de l'argent, provenant de paiements de rançons, et autres, arrive, de la façon la plus illégale qui soit, aux terroristes sévissant dans la région», dénonce-t-elle. «C'est une œuvre de déstabilisation qui cible l'Algérie, entretenue par des bailleurs de fonds saoudiens», insiste la présidente honoraire du Sénat belge.

Prenant la parole, Eric Denussy, directeur du Centre français de recherches sur le terrorisme, et ancien officier des services secrets, tire la sonnette d'alarme : «La situation est très grave. L'Algérie est considérée par le Qatar et l'Arabie Saoudite, et par l'alliance entre les USA et les Frères musulmans, comme le domino qui n'est pas tombé et qui doit tomber, coûte que coûte.» Il accuse l'Otan d'avoir reconfiguré le terrorisme dans la région du Sahel, avec l'intervention militaire engagée dans ce pays.

«Certains pays ont même largué des armes, profitant, du coup aux terroristes du GIA, devenu GSPC puis AQMI, après que les terroristes eurent été défaits en Algérie et fui vers le Sud», ajoute-t-il. «Ils ne comprennent pas comment l'Algérie n'a pas chuté avec le printemps arabe et veulent déstabiliser ce pays coûte que coûte», lance-t-il.

Il s'interroge : «Comment l'Occident peut-il donner des leçons de démocratie à la Libye et à la Syrie en s'alliant à l'Arabie Saoudite et le Qatar ?» Comme il se demande : «Comment le Qatar donne-t-il des leçons de démocratie à la Syrie, pays à la civilisation millénaire ?» Richard Labévière, journaliste, essayiste, spécialisé dans le terrorisme, abonde dans le même sens, accusant d'autres parties de tenter de déstabiliser l'Algérie et toute la région du Sahel.

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13 avril 2012 5 13 /04 /avril /2012 03:07

Ahmed Ben Bella : histoire d'un mythe exemplaire

 

Le premier président de l'Algérie indépendante a constitué un mythe comparable à ceux d'Abdel Nasser et de Fidel Castro. Par Jean Daniel.

Portrait d'Ahmed Ben Bella daté de 1965. (AFP)

 

La mort du premier président de la République démocratique et populaire d'Algérie met en évidence des mutations exceptionnelles. Cet homme, dans ce que l'on appelait alors le tiers-monde, a constitué un mythe comparable à ceux d'Abdel Nasser et de Fidel Castro, sauf qu'il n'a été au pouvoir que pendant trois années. Il n'a jamais été un théoricien et n'a jamais écrit de livre, contrairement aux deux autres grands révolutionnaires. Mais il avait cet ascendant des tribuns et ce charisme du chef qui lui ont permis de s’imposer parmi les neuf leaders historiques qui, le 10 juillet 1954, prirent dans la clandestinité la décision de proclamer l'insurrection algérienne, qui devait débuter le 1er novembre de la même année. Trois d'entre eux furent tués, tous les autres furent arrêtés. Entre tous ces hommes – parmi lesquels on avait longtemps cru qu’il ne pourrait jamais surgir une forte personnalité, la colonisation s'étant appliquée à détruire les élites algériennes par tous les moyens - il y avait des différences considérables.

Mais celui dont ses amis disaient déjà qu'il était un prodigieux "animal politique", c'était bien lui, Ahmed Ben Bella. A ce moment-là, personne ne soupçonnait qu'un Brutus de grande envergure, Houari Boumédiène, n'attendrait pas longtemps avant d'abattre ce jeune César.

La supériorité politique de Ben Bella n'allait cependant pas être sans conséquences pour le destin de l'Algérie. Le fait le plus important, dès le départ, c'est qu'il s'était évadé d'une prison française, où il subissait une peine légère, pour s'enfuir au Caire. La grande Egypte n'était plus seulement celle des pharaons ou des Ptolémée, elle était depuis longtemps le cœur du monde arabe, la puissance qui s'était imposée face aux Perses devenus iraniens et aux mésopotamiens qui vivaient en Irak. L'Egypte était en fait et surtout le pays où un officier, meurtri par la victoire du petit Etat israélien sur les armées arabes, avait renversé une monarchie corrompue et pris la tête d'une révolution.

Et cet homme, Gamal Abdel Nasser, après avoir provoqué l'intervention militaire de la France, de la Grande-Bretagne et d'Israël, avait trouvé le moyen de se faire protéger par l'Union soviétique et par les Etats-Unis. C'est cet Arabe prestigieux et vainqueur, adoré de toutes les foules arabes au-delà de ses frontières, que Ben Bella est allé rencontrer. Il avait été, de loin, l'admirateur. Sur place, il va en devenir le disciple. Pendant la guerre d'Algérie, il coordonne epuis l’Egypte toutes les organisations destinées à fournir à ses frères en insurrection les armes et les fonds.

Les intellectuels français théorisent, soutiennent et s'engagent 

Où en est le monde à cette époque ? Il est celui de la guerre froide mais aussi celui du soulèvement des peuples colonisés, de l'insurrection des "damnés de la terre", de la "révolution dans la révolution". C'est le monde des non-alignés, des révolutionnaires indépendants, de l'hostilité à l'Occident et, bientôt, de la haine des Etats-Unis.

Dans chaque mouvement et dans chaque pays, un homme incarne ce nouveau grand soulèvement. Il ne faut pas oublier que ce soulèvement a des soutiens dans les pays occidentaux. C'est à Paris que s’organisent les mouvements marxistes, léninistes, maoïstes, pol potiens. Les intellectuels français théorisent, soutiennent et s'engagent. Mais c'est aussi à Paris que le combat anti-colonialiste suscite une justification de ce qui va devenir le nationalisme autoritaire des Arabes. Un certain nombre de futurs leaders vont emprunter, et élargir aussi, les méthodes autoritaires de la révolution socialiste et la mystique de l'arabisme. Il peut paraître aujourd’hui singulier mais il est remarquable qu’il ne soit jamais question, à l’époque, de l'islam. Dans les sociétés jadis formées par la France, on associe alors l'héritage de la Révolution française et la contagion des nationalismes arabes.

"Mais on ne peut être en permanence en révolution !"

C'est dans cet univers qu'Ahmed Ben Bella va se cultiver, s'épanouir, se former. Il fait partie de la secte du Caire, opposée à celle des maquis, souvent kabyles. Il combat pour l'Egypte de Nasser et il gagne, pour son Algérie et il en devient le chef, mais il n’oublie jamais non plus le combat pour les Palestinien. Pour les "maquisards" de l’intérieur, en revanche, c'est l'Algérie souveraine, démocratique et diverse qui compte le plus. Ils sont des patriotes algériens bien plus que des nationalistes arabes.

J'ai eu l'occasion de rencontrer Ben Bella au Caire, à Tunis et enfin Alger dès après l'indépendance. Pour célébrer ces fêtes, l'un des invités était Che Guevara lui-même, que le romancier Juan Goytisolo m'avait fait rencontrer. J'ai ensuite accompagné Ben Bella, lors de son premier voyage comme président, en Egypte. Dans l'avion, il m'a confié que Guevara était l'un des hommes dont il se sentait le plus proche. J'ai déjà écrit cela. Et surtout que Ben Bella avait ajouté : "Mais on ne peut être en permanence en révolution !"  tempsreel.nouvelobs


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Che et Ben Bella

 

Ainsi était le « Che »

 

par Ahmed Ben Bella, octobre 1997


Depuis trente ans, Che Guevara interpelle nos consciences. Par-delà le temps et l’espace, nous entendons l’appel du « Che » qui nous somme de répondre : oui, seule la révolution peut parfois faire de l’homme un être de lumière. Cette lumière, nous l’avons vue irradier son corps nu, étendu quelque part au fond du Nancahuazu, sur ces photos parues dans les journaux des quatre coins du monde, alors que le message de son dernier regard continue de nous atteindre jusqu’au tréfonds de l’âme.


Le « Che » était un preux, mais un preux conscient, au corps affaibli par l’asthme. Je l’accompagnais parfois sur les hauteurs de Chréa, au-dessus de la ville de Blida, lorsque je voyais la crise arriver et qu’elle donnait à son visage un teint verdâtre. Qui a lu son Journal de Bolivie (1) sait avec quelle santé délabrée il a dû faire face aux terribles épreuves physiques et morales qui ont parsemé son chemin.


Il est impossible de parler du « Che » sans parler de Cuba et des relations particulières qui nous unissaient tant son histoire, sa vie, sont liées à ce pays qui fut sa seconde patrie avant qu’il ne se tourne vers là où l’appelait la révolution.


Je fis la connaissance d’Ernesto Che Guevara à la veille de la crise internationale de l’automne 1962 liée à l’affaire des fusées et au blocus de Cuba décrété par les Etats-Unis. L’Algérie venait d’accéder à l’indépendance, son premier gouvernement venait d’être constitué et, en tant que chef de ce gouvernement, je devais assister, en ce mois de septembre 1962, à New York, à la session de l’ONU pour la levée symbolique du drapeau algérien au-dessus du siège des Nations unies ; cérémonie qui consacrait la victoire de notre lutte de libération nationale et l’entrée de l’Algérie dans le concert des nations libres.

Le bureau politique du FLN avait décidé que ce voyage aux Nations unies devait être suivi d’une visite à Cuba. Plus que d’une visite, il s’agissait surtout d’un acte de foi marquant nos engagements politiques. L’Algérie souhaitait souligner publiquement sa totale solidarité avec la révolution cubaine, particulièrement en ces moments difficiles de son histoire.


Invité le 15 octobre 1962 au matin à la Maison Blanche, j’eus de franches et chaudes discussions avec le président John Fitzgerald Kennedy à propos de Cuba. A la question directe que je lui posai :« Allez-vous vers une confrontation avec Cuba ? », il ne laissa planer aucun doute sur ses intentions réelles et me répondit : « Non, s’il n’existe pas de fusées soviétiques ; oui, dans le cas contraire. »Kennedy tenta de me dissuader avec insistance de me rendre à Cuba par un vol direct à partir de New York ; allant même jusqu’à évoquer l’éventualité d’une attaque de l’avion des forces aériennes de Cuba qui devait me transporter par l’opposition cubaine installée à Miami. A ces menaces à peine voilées, je lui rétorquai que j’étais un fellaga et que les menaces des harkis algériens ou cubains ne m’intimidaient pas.

 

Notre arrivée à Cuba, le 16 octobre, se déroula dans une liesse populaire indescriptible. Le programme prévoyait des discussions politiques au siège du parti à La Havane dès l’arrivée de notre délégation. Mais les choses se déroulèrent tout autrement. A peine nos valises déposées dans le lieu où nous devions séjourner, bousculant le protocole, nous nous mîmes à discuter à bâtons rompus avec Fidel, Che Guevara, Raul Castro et les autres dirigeants qui nous accompagnaient.

 

Nous restâmes là à parler des heures et des heures durant. Bien entendu, je rapportai aux dirigeants cubains l’impression que m’avait laissée mon entrevue avec le président Kennedy. A la fin de ces débats passionnés, menés autour de tables que nous avions poussées bout à bout, nous nous aperçûmes que nous avions pratiquement épuisé le programme des questions que nous devions étudier et que notre rencontre au siège du parti n’avait plus d’objet. Et, d’un commun accord, nous décidâmes de passer directement au programme des visites que nous devions faire à travers le pays.

 

Cette anecdote donne une idée des rapports totalement dénués de protocole qui devaient ainsi, et dès le début, être la caractéristique essentielle, la norme des liens unissant la révolution cubaine et la révolution algérienne, et des liens personnels qui m’ont lié à Fidel Castro et à Che Guevara. Lire la suite

 

 

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Ahmed Ben Bella : « J’ai vécu 24 ans et demi en prison »

 

Le premier président de l’Algérie indépendante (1963-1965) Ahmed Ben Bella s’est éteint en ce 11 avril 2012 à l’âge de 96 ans. A l’heure de son décès nous rediffusons l’entretien qu’il nous avait accordé à Genève le 16 avril 2006.


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Ahmed Ben Bella est une des hautes figures du nationalisme arabe. Il fut l’un des neufs membres du Comité révolutionnaire algérien qui donna naissance au Front de Libération Nationale (FLN). Arrêté par l’occupant français en 1952, il s’évade. Arrêté de nouveau en 1956, avec cinq autres compagnons, il est détenu à la prison de la Santé jusqu’en 1962. Après la signature des accords d’Évian, il devient le premier président élu de l’Algérie indépendante.

 

Sur le plan intérieur, il mène une politique socialiste caractérisée par un vaste programme de réforme agraire. Sur le plan international, il fait entrer son pays à l’ONU et l’engage dans le mouvement des non-alignés. Son influence grandissante dans la lutte contre l’impérialisme conduisent de grandes puissances à favoriser son renversement par un coup d’État militaire. Il est placé en résidence surveillée de 1965 à 1980. Depuis lors, il s’est tenu à l’écart des affaires intérieures de son pays, mais continue à jouer un rôle international, notamment en tant que président de la Campagne internationale contre l’agression en Irak.

 

Alors que se développe en France un débat malsain sur les bienfaits de la colonisation et sur la responsabilité des Arabes dans le blocage de leurs sociétés, le président Ahmed Ben Bella rappelle quelques vérités historiques : l’illégitimité de la domination d’un peuple sur un autre -que ce soit hier en Algérie ou aujourd’hui en Palestine-, la réalité mondiale -et non pas arabe- de la colonisation et des luttes de libération nationale, l’ingérence occidentale pour renverser les gouvernements nationalistes et révolutionnaires du Sud et maintenir les séquelles de la colonisation. Acteur central de bouleversements historiques, il répond aux questions de Silvia Cattori.

 

Silvia Cattori : Quand vous n’êtes pas en voyage, résidez-vous en Suisse ?

 

Ahmed Ben Bella : Non, je vis en Algérie, mais je viens souvent en Suisse. J’ai vécu ici durant dix ans, après mes démêlés avec le pouvoir des militaires algériens. En Algérie je suis assailli par les journalistes. Donc, quand j’ai besoin de prendre un peu de repos et de recul avec ce qui se passe là bas, je viens ici où j’ai gardé un petit appartement. Vous savez, j’ai quatre-vingt dix ans !

 

S.C.- Vous avez l’air d’un jeune homme ! Savez-vous, M. Ben Bella, que vous avez imprimé une très belle image dans le cœur des gens partout dans le monde ?

 

Ahmed Ben Bella : (Rire) J’ai eu une vie un peu spéciale, il est vrai. J’ai participé à la libération de mon pays. J’ai été l’un des organisateurs de sa lutte de libération. J’ai participé également de façon active à toutes les luttes de libération.

 

S.C.– Vous êtes d’origine arabo-marocaine. Quel lien gardez-vous avec vos racines rurales ?

 

Ahmed Ben Bella : Oui, je suis Algérien d’origine marocaine par mes parents, mais toute ma vie c’est l’Algérie. Je suis né là-bas. Je suis un fils de paysans pauvres venus très jeunes vivre en Algérie. Je n’ai vu que récemment l’endroit où ils sont nés, dans les environs de la ville de Marrakech.

 

S.C.– En venant à vous, j’ai l’impression d’aller à la rencontre des peuples et des causes pour lesquels vous vous êtes battu toute votre vie. C’est très émouvant de s’entretenir ici de votre combat pour créer un monde plus humain, plus juste. N’incarnez-vous pas tout cela ?

 

Ahmed Ben Bella : Oui, ma vie est une vie de combat ; je puis dire que cela ne s’est jamais arrêté un seul instant. Un combat que j’ai commencé à l’âge de 16 ans. J’ai 90 ans et ma motivation n’a pas changé : c’est la même ferveur qui m’anime.

 

S.C.- En 1962, vous accédez aux plus hautes charges de l’Algérie indépendante. Tous les espoirs sont ouverts. De l’Algérie colonisée à sa libération, de la scène politique internationale au combat altermondialiste, vous avez payé cher le prix de votre insoumission.

 

Ahmed Ben Bella : Oui j’ai payé très cher mon combat pour la justice et la liberté des peuples. Mais voilà, j’ai fait ce que j’ai ressenti comme un devoir, une obligation. Donc, pour moi le choix n’a pas été difficile. Quand je me suis engagé dans la lutte pour mon pays, j’étais très jeune. Mes horizons se sont ouverts. Je me suis très vite rendu compte que les problèmes allaient au-delà de l’Algérie, que la colonisation touchait quantité de peuples, que les trois quart des pays de la planète étaient colonisés d’une façon ou d’une autre. L’Algérie était alors, pour les Français, un département d’outre mer, c’était la France de l’autre coté de la méditerranée. La colonisation par la France en Algérie a duré longtemps : 132 ans. J’ai participé à cette lutte-là en Algérie. Tout de suite après l’indépendance, je me suis associé à tous ceux qui, dans le monde, se battaient eux aussi pour libérer leur pays. Il y a donc eu cette phase de la lutte de libération nationale à laquelle j’ai participé de façon totale. En Tunisie, au Maroc, au Vietnam, l’Algérie était devenue un peu la mère des luttes de libération ; les soutenir était donc pour nous une tâche sacrée. Quand quelqu’un venait nous demander de l’aide, c’était sacré. On ne réfléchissait même pas. On les aidait, alors même que nous n’avions que peu de moyens ; on leur offrait des armes, un peu d’argent et, le cas échéant, des hommes.

 

S.C.- En 1965, ce ne sont pas les Français qui vous emprisonnent, ce sont vos frères d’armes. Que ressentez-vous, aujourd’hui, à l’égard de ceux qui vous ont brutalement barré la route ?

 

Ahmed Ben Bella : Je ne ressens pas de mépris, je ne ressens pas de haine. Je pense qu’ils ont participé à quelque chose qui n’était pas très propre et qui a été très dommageable, non seulement pour le peuple algérien, mais également pour les autres peuples qui comptaient alors sur notre soutien. Mon combat pour apporter de meilleures conditions de vie aux Algériens, alors plongés dans une grande misère, et mon combat pour aider les autres peuples encore colonisés à recouvrer leur liberté, dérangeait fort certains pouvoirs. De leur point de vue j’allais trop loin. Je devais disparaître. Ceci pour dire que, si l’armée algérienne ne m’avait pas renversé, d’autres l’auraient fait. Je devais disparaître, parce que je devenais trop gênant. J’abritais pratiquement tous les mouvements de libération, y compris ceux venus d’Amérique latine.

 

S.C.- Etiez-vous déjà en contact avec Fidel Castro ?

 

Ahmed Ben Bella : Oui, le Che était venu à Alger m’apporter le message de Fidel Castro que j’avais rencontré deux fois. Il nous demandait de soutenir les luttes qui se développaient en Amérique du Sud, car Cuba ne pouvait rien faire ; elle était sous le contrôle des États-Unis qui occupaient la baie de Guantanamo. Rien ne pouvait donc sortir de Cuba, même pas une boîte d’allumettes, sans que les États-Unis le sachent. Je n’ai pas hésité une seconde. C’est depuis l’Algérie, et avec la participation du Che, qui est resté chez nous durant six mois, que s’est créé l’État major de l’armée de libération de l’Amérique du sud. Je peux le dire maintenant : tous les combattants qui participaient à la lutte de libération en Amérique du Sud sont venus en Algérie ; c’est de là que tout ceux qui luttaient sont partis. On les a entraînés, on s’est arrangé pour que les armes arrivent chez eux, on a créé des réseaux.

 

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Ahmed Ben Bella recevant Ernesto che Guevara

 

S.C.- En quelle année Che Guevara est-il venu en Algérie ?

 

Ahmed Ben Bella : Le Che est venu en 1963, peu après mon arrivée au pouvoir. Avec mon gouvernement, nous nous sommes engagés à apporter notre aide aux luttes de libération nationale. À ce moment-là, de nombreux pays étaient encore colonisés ou sortaient à peine de la colonisation. Toute l’Afrique pratiquement était dans ce cas. Nous l’avons soutenue. M. Mandela et M. Amilcar Cabral sont venus eux aussi en Algérie. C’est moi qui les ai entraînés ; ensuite ils sont repartis mener la lutte de libération chez eux. Pour d’autres mouvements, qui n’étaient pas engagés dans la lutte armée ou qui n’avaient besoin que d’un soutien politique, comme le Mali, nous les aidions sur d’autres plans.

 

S.C.- Qui vous a écarté précisément en 1965 ? L’armée algérienne ou des forces extérieures ?

 

Ahmed Ben Bella : Je suis certain que, indirectement, il y a eu l’intervention de puissances étrangères. Nous avons vu ailleurs les mêmes mécanismes. Partout où les luttes de libération nationale ont triomphé, une fois le pouvoir constitué, il y a eu des coups d’État militaires qui ont renversé leurs dirigeants. Cela s’est produit maintes fois. En deux ans, y a eu 22 coups d’État militaires, essentiellement en Afrique et dans le tiers-monde. Le coup d’État d’Alger, en 1965, est celui qui a ouvert la voie. L’Algérie n’a donc été que le début de quelque chose qui était en germe : c’est pourquoi je dis que c’est le système capitaliste mondial qui finalement a réagi contre nous.

 

S.C.- Êtes-vous marxiste ?

 

Ahmed Ben Bella : Je ne suis pas marxiste, mais je me situe résolument à gauche. Je suis arabe musulman, orienté très à gauche dans mon action, dans mes convictions. C’est pourquoi, même si je ne partage pas la doctrine marxiste, je me suis toujours trouvé aux côtés de tous les mouvements de gauche dans le monde et des pays socialistes qui, comme Cuba, la Chine, l’URSS, ont mené le combat anticolonialiste et anti-impérialiste. C’est avec eux que nous avons constitué un front de libération et apporté notre appui logistique aux armées populaires pour aider leurs pays à sortir du colonialisme et instaurer un régime intérieur national. C’était la phase de liquidation du colonialisme. Le colonialisme est une idée qui est née en Occident et qui a conduit les pays occidentaux - comme la France, l’Italie, la Belgique, la Grande Bretagne - à occuper des pays hors du continent européen. Un colonialisme dans sa forme primitive, c’est-à-dire par l’installation à demeure de pouvoirs étrangers répressifs, avec une armée, des services, des polices. Cette phase a connu des occupations coloniales cruelles qui ont duré jusqu’à 300 ans en Indonésie.

 

S.C.- Après cette phase, n’étiez-vous pas actif dans le mouvement des pays non alignés ?

 

Ahmed Ben Bella : Il n’y a plus de pays non alignés. Ce mouvement a été créé par des hommes de très grande qualité tels Nehru, Mao Tsé-toung, Nasser et d’autres grands noms ; à une époque surtout où il y avait le risque d’une guerre atomique. C’était l’affrontement entre l’URSS et les États-Unis. Nous étions au bord de la guerre nucléaire. Les pays non alignés ont joué un rôle important pour l’empêcher. Ce mouvement a duré un certain nombre d’années. Mais le système a fini par avoir raison de lui.

 

S.C.- Par la suite, n’avez-vous pas joué un rôle important dans le développement du mouvement altermondialiste ?

 

Ahmed Ben Bella : Le système mondial qui préside à tout ce dont nous avons parlé, a inventé une autre forme de domination : la « mondialisation ». « Mondialisation » est un mot très beau en soi. Un mot qui peut unir, amener la fraternité entre les peuples. Or, le mot « mondialisation » tel qu’il a été conçu, est un mot qui fait très mal. Un mot qui a amené à la mondialisation de la misère, de la mort, de la faim : 35 millions de personnes meurent de malnutrition chaque année. Oui, ce serait un très beau mot, si l’on avait mondialisé le bien, apporté le bien être pour tous. Or, c’est tout le contraire. C’est une globalisation perverse ; elle mondialise le mal, elle mondialise la mort, elle mondialise la pauvreté.

 

S.C.- La mondialisation n’a-t-elle eu que des effets pervers ?

 

Ahmed Ben Bella : Le seul avantage que nous en avons retiré est que nous sommes aujourd’hui mieux informés qu’hier. Nul ne peut plus ignorer le fait que ce système amène à l’extension de la faim. Des richesses ont été créées, mais ce sont des richesses factices. Ce sont des multinationales, comme General Motors et Nestlé, ce sont de grands groupes industriels qui pèsent, sur le plan monétaire, beaucoup plus que de grands pays comme l’ Égypte. Si on se base sur ses gains, General Motors, par exemple, est quatre fois plus riche que l’Égypte, qui est un pays de 70 millions d’habitants, le pays des Pharaons, un pays extraordinaire, le pays arabe le plus éduqué ! Cela vous donne une image de ce que signifie le mot « mondialisation ». Voilà pourquoi j’ai combattu ce système qui favorise des groupes qui représentent, sur le plan monétaire, beaucoup plus qu’un grand pays et génèrent tant d’inégalités. Voilà pourquoi nous devons, nous autres, favoriser une meilleure compréhension des problèmes, qui ont été compliqués à souhait, mais qui sont finalement l’expression d’une seule chose : la mise en place d’un système inhumain.

 

S.C.- Malgré la volonté clairement exprimée, en 2003, par les trois quarts des peuples de la planète, les mouvements progressistes n’ont pas réussi à empêcher la guerre. N’avez-vous pas, parfois, le sentiment, que ceux qui sont à la direction des mouvements, ont manqué une marche ; ou carrément fait fausse route pour n’avoir pas su identifier les vraies motivations de l’adversaire ?

 

Ahmed Ben Bella : Moi qui suis un homme du sud, je constate que quelque chose a changé dans le nord, qui est très important à relever. Ce qui a changé précisément dans cette aire dite avancée du nord, qui nous a fait la guerre, qui nous a colonisés, qui nous a fait des choses terribles, est qu’il y a aujourd’hui une opinion qui s’exprime, qu’il y a des jeunes qui disent « assez ». Ceci indique que ce système mondial pervers ne frappe plus seulement le sud mais aussi le nord. Par le passé on parlait de pauvreté, de misère uniquement dans le sud. Il y a maintenant beaucoup de misère, beaucoup de maux qui font des victimes dans le nord également. Cela est devenu manifeste : ce système mondial n’est pas fait pour servir le bien de tous, mais pour servir des sociétés multinationales.

 

Donc, à l’intérieur de ce nord, que nous avons tellement combattu, il y a maintenant un mouvement, il y a toute une jeunesse qui veut agir, qui descend dans la rue, qui proteste, même si la gauche n’a pas su donner, à ces jeunes qui veulent des changements, les clés de la solution. Cela s’est toujours passé ainsi : tout mouvement commence de cette façon. Le mouvement de libération que j’ai conduit en Algérie, l’organisation que j’ai créée pour combattre l’armée française, était au départ un petit mouvement de rien du tout. Nous n’étions que quelques dizaines à travers toute l’Algérie, un territoire qui représente cinq fois la France.

 

S.C.- Qu’ont-elles obtenu, ces générations de jeunes qui ont mis tant d’espoir dans Attac, par exemple, qui propose de « réformer la mondialisation » ! Mais n’eut-il a pas fallu refuser son principe même et adopter des mesures plus radicales, face à la radicalité du système dit libéral ?

 

Ahmed Ben Bella : Les gens de gauche, une fois au pouvoir, ne sont pas différents de ceux des autres partis. En ce qui concerne l’Algérie, nous avons essayé de travailler avec la gauche française. Or nous n’avons pas connu de pire pouvoir que celui exercé par le parti socialiste français. La pire des choses qui nous soit arrivée ce fut avec les socialistes. Aucun pouvoir politique auparavant ne nous avait combattus aussi durement que celui du socialiste Guy Mollet. Je vous parle de faits précis. Je parle de ce que j’ai connu. J’étais à la tête du FLN quand le gouvernement de Guy Mollet - après avoir compris que la France ne pourrait se maintenir en Algérie – a contacté Gamal Abdel Nasser pour qu’il nous demande si nous étions prêts à discuter avec eux. C’est ce que j’avais toujours prévu ; qu’un jour il allait falloir s’asseoir autour d’une table et définir la meilleure façon pour l’Algérie de devenir totalement indépendante. C’était le but que nous recherchions : redevenir libres, ne plus vivre sous la férule d’un système oppressif. J’ai dit oui, que j’étais prêt à négocier, à condition que ce soit eux, les Français, qui en fassent la demande. C’était important, car c’est toujours celui qui est le plus faible qui demande à négocier. J’ai exigé que les négociations se déroulent en Égypte. Les négociations ont duré six mois. Nous sommes arrivés à une solution. Avec ce bout de papier en poche, en septembre 1956, je suis allé informer Mohammed V, le roi du Maroc. Il s’était impliqué dans cette lutte, il nous avait aidés, y compris militairement. Puis, alors que nous nous rendions en Tunisie, où nous voulions également informer les autorités, notre avion a été pris en chasse par l’aviation française. C’était le premier détournement d’avion de l’histoire. Il y avait, dans cet avion, les deux tiers des dirigeants de la révolution algérienne. Ils voulaient nous liquider tout de suite. C’est un miracle si nous avons échappé à la mort. Tout ceci pour vous dire ce que je pense des socialistes : c’était Guy Mollet qui, à peine avait-il signé un engagement, le trahissait. Je pourrais dire la même chose du gouverneur Lacoste, c’était un socialiste lui aussi. Non, les partis de gauche ne nous ont pas soutenus, au contraire. Quoi qu’il en soit, c’est la gauche qui nous intéressait et c’est avec elle que je continue de me battre. Je suis un homme de gauche.

 

S.C.- Alors quand vous côtoyez les représentants de l’internationale socialiste, sur les podiums des Forums sociaux, vous arrive-t-il de vous dire qu’ils sont là pour leur prestige personnel avant tout ?

 

Ahmed Ben Bella : Oui il m’arrive de penser qu’ils ne sont pas sérieux. Moi je veux vraiment le changer ce monde. Je veux que ce monde change. Pour changer les choses, nous avons besoin de gens sincères et désintéressés, avant tout.

 

S.C.- Vous croyez en la nécessité d’un changement ?

 

Ahmed Ben Bella : Oui, depuis ma prime jeunesse je crois en cette nécessité. Je reviens sur ce que vous disiez. Ce qui personnellement m’amène à avoir une certaine confiance en l’avenir. Je veux parler de ce que j’observe ici, en Occident. Je suis convaincu que le système libéral n’a pas d’avenir. Ces jeunes, ces lycéens que j’ai vu descendre dans les rues, qui n’ont rien que leur idéal de justice ; ces jeunes qui manifestent, qui sont en quête d’autres valeurs, j’aimerais leur dire : « J’ai commencé comme cela, quand j’avais votre âge, par de petits pas. Et peu à peu c’est tout un peuple qui m’a suivi. » Quand je vais à des manifestations, je les observe, je parle avec eux, je vois que ce sont eux qui ont les cartes en mains.

 

S.C.- La question se pose avec insistance : les dirigeants des mouvements anti-impérialistes n’ont-ils pas ménagé Israël, un État idéologiquement et législativement raciste qui mène depuis sa création une politique d’épuration ethnique en Palestine ? Par conséquent, ils ont mal orienté des générations de jeunes, faussé le débat, pendant qu’Israël était très actif aux côtés des États-Unis pour combattre le communisme, combattre Nasser et le nationalisme arabe, soutenir des régimes affreux ?

 

Ahmed Ben Bella : Ces questions sont aujourd’hui sur la table, elles font débat. Nous ne voulons pas d’une solidarité biaisée. Nous ne voulons pas d’un État qui, comme Israël, soit l’outil préféré de ce système global cruel conduit par les États-Unis, qui pratiquent une politique qui a déjà fait tellement de mal. Pour nous, il y a double trahison. La trahison, d’abord, de ceux qui, dans le camp de la gauche, auraient dû se trouver à nos côtés, loyaux à la cause palestinienne et arabe, et qui ne l’ont pas été. La trahison, ensuite, de tous ces juifs avec qui nous nous sentons proches, avec qui nous avons des ressemblances, et avec lesquels nous vivions en parfaite harmonie. Les Arabes et les juifs sont des cousins. Nous parlons la même langue. Ils sont sémites comme nous. Eux ils parlent l’Araméen, nous parlons l’Araméen. L’Araméen comporte plusieurs branches : l’Ethiopie parle Araméen, l’Erythrée parle Araméen, les gens de confession juive parlent l’Araméen, les arabes parlent l’Araméen. C’est cela qui nous fait très mal : c’est de nous savoir trahis par ceux qui sont si près de nous, par des gens qui sont nos cousins, qui nous ressemblent et qui parlent Araméen comme nous. L’antisémitisme, nous le connaissons ; nous sommes sémites. J’ajoute à cela que, même leur prophète est notre prophète. Moïse et Jésus Christ sont des prophètes chez nous.

 

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Ahmed Ben Bella et Gamal Abdel Nasser

 

S.C.- Depuis la fin du multilatéralisme, l’ONU est mise sous la coupe de Washington et des néo-conservateurs. Tout pays arabe qui ne se soumet pas à leurs diktats est mis au ban des nations. Comment jugez-vous cette situation ? Comment en sortir ? Aussi, confronté a l’unilatéralisme israélien, le Hamas n’est-il pas condamné à échouer, et à renoncer à ce pourquoi son peuple se bat depuis 60 ans ?

 

Ahmed Ben Bella : Je pense que le Hamas est caractéristique de ce qui se passe chez nous, de cette dimension qui maintenant prend une forte couleur religieuse, qui endosse l’Islam. Je suis un Arabe musulman, je ne voudrais pas vivre dans un pays dirigé par un intégrisme islamique. Mais je vous parle très franchement : je ne les blâme pas. Parce que ce besoin de religion a été créé par les distorsions du système capitaliste. C’est à force de nous faire du mal que, finalement, au lieu d’avoir face à eux un mouvement, oui, qui endosse l’arabité, qui endosse la culture et reste ouvert, les extrémistes, Israël et les États-Unis, se retrouvent face à cette dimension. Ce sont eux qui ont créé cette situation.

 

S.C.- Vous ne voulez pas de réponse religieuse ?

 

Ahmed Ben Bella : Je suis musulman, mais je ne souhaite pas que la réponse soit religieuse. Ce n’est pas le fait religieux en soi que je récuse, non, mais le fait que l’on puisse faire une lecture qui ne va pas dans le sens de la rénovation de l’Islam, que l’on puisse faire une lecture rétrograde de l’Islam ; alors que dans l’Islam nous avons l’avantage de croire aux deux religions : la religion juive et la religion chrétienne. Pour nous Mohammed n’est que le continuum de Jésus Christ et de Moïse.

 

S.C.- Les musulmans n’ont-ils pas pris la tête de la résistance anticoloniale aujourd’hui ? N’y a-t-il pas lieu de reconnaître que ce ne sont pas les valeurs de l’Occident que les arabo-musulmans combattent, mais sa politique agressive ? Le Hezbollah, par exemple, qui a si mauvaise presse chez nous, n’a-t-il pas fait reculer l’impérialisme américain et israélien au Liban ? Les progressistes ne devraient-ils pas surmonter leurs préjugés à l’égard des musulmans, les considérer comme un élément dynamique dans la lutte contre l’oppression et les soutenir ?

 

Ahmed Ben Bella : Oui, oui. Là il y a un problème d’éducation. Il appartient à ceux qui sont à la direction des partis progressistes de répondre de façon correcte à des situations données. Or ce n’est pas le cas. Nous avons un drapeau, nous avons un hymne national, le reste ce sont les Occidentaux, toutes tendances confondues, qui le décident à notre place. Tout cela, enrobé avec de jolis mots, sous couvert de l’aide d’organismes comme la Banque mondiale et le FMI, qui ne sont rien d’autre que des instruments de torture créés par l’Occident pour continuer sa domination. Ce qui signifie que nous sommes sortis d’un système de colonialisme direct en échange de quelque chose qui parait meilleur, mais qui ne l’est pas. Toutefois, je vous le redis, j’ai cet espoir que dans ce nord qui nous a déjà fait tant de mal, sa jeunesse est en train de prendre la mesure de cette logique de domination qui crée de plus en plus de pauvreté aussi bien au nord qu’au sud. Même si ce n’est pas la même domination que celle qui s’applique au sud, c’est une situation d’indigence qu’aucun être libre ne peut accepter. Combien de gens ne sont-ils pas livrés au chômage, à la pauvreté, à la rue ? C’est cela, peut-être, qui finira par inciter les peuples du nord à changer d’optique et à s’associer de manière franche avec nous.

 

S.C.- Mais nous ne voyons pas aujourd’hui grand monde, en Occident, protester contre les atrocités commises en Irak, en Palestine, en Afghanistan. N’avez-vous pas l’impression qu’il y a tellement de préjugés, savamment entretenus, vis-à-vis des arabes et des musulmans - y compris dans les organisations anti-guerre - que soutenir leur résistance, est une idée très éloignée d’eux ?

 

Ahmed Ben Bella : C’est vrai, les partis de gauche que l’on attendait ne sont pas au rendez-vous ; ils se sont braqués là dessus. Dès que l’on parle de l’Islam, ils vous opposent Ben Laden. Je ne voudrais pas vivre dans sa république, mais je ne le critique pas. Quand je vois ce que Bush fait, je ne me permets pas de critiquer Ben Laden. Je vous le dis franchement : les attaques contre les tours de New York, je ne les ai pas condamnées. Je condamne Bush, je condamne le gouvernement américain, parce que je considère que Ben Laden est le fruit de leur politique. Ils ont fermé toutes les portes du dialogue aux arabo-musulmans. Ils leur ont fait croire durant des décennies que, s’ils faisaient ceci ou cela, l’Occident rendrait justice en Palestine. Or, Israël et ses alliés n’ont jamais voulu la paix chez nous. Israël n’a cessé de faire la guerre et de terroriser nos peuples. Ben Laden est indirectement la création de Bush et d’Israël. Ces deux États sèment la mort et la haine au Moyen-Orient et dans le monde : ils ne nous ont laissé aucune autre alternative que celle de la confrontation violente. Tous ces mouvements radicaux, qualifiés de « terroristes », « d’intégristes », sont nés pour répondre aux terroristes qui, à Tel Aviv et Washington, mènent des guerres de destruction des peuples arabes. Quels choix ont-ils, ces peuples qu’ils bombardent avec une telle sauvagerie ? Face aux armées modernes, ils n’ont d’autres armes que de sacrifier leur vie en se faisant exploser, voilà. Dans le Coran on appelle cela « shahâdah ». C’est une idée extraordinaire qui s’exprime dans ce mot. C’est un état de désespoir, où celui qui l’éprouve, en arrive à ne plus supporter de vivre. Il se sacrifie, non pas pour obtenir une vie meilleure pour lui-même, mais pour que les siens au moins puissent vivre mieux. C’est le plus grand sacrifice. On les appelle ici en Occident « des terroristes ». Or, je vous le dis en toute sincérité, moi je m’incline devant quelqu’un qui fait un pareil sacrifice, je vous assure.

 

S.C.- Si je comprends bien, vous dites que tout ce qui met en révolte les gens au Moyen-Orient a été généré par l’Occident. Que ceux qui se battent doivent se sacrifier, souffrir pour les autres ? Que les Arabes ont fait preuve de tolérance par le passé ?

 

Ahmed Ben Bella : Tout à fait. La violence qui s’exprime dans le monde arabo-musulman est le résultat de la culture de haine et de violence qu’Israël a engendré en s’imposant par la force sur les terres des Arabes. Ce sont les atrocités de cet État illégal qui contraint les plus valeureux à réagir. Je ne pense pas qu’il y ait combat plus noble que celui des Palestiniens qui résistent contre leur occupant. Quand je vois ce que ce peuple a enduré depuis plus d’un siècle, et qu’il continue de trouver la force de se battre, je suis admiratif. Aujourd’hui, ceux-là mêmes qui massacrent ce peuple, sont en train de faire passer les gens du Hamas pour des fascistes, des terroristes. Ce ne sont pas des fascistes, ce ne sont pas des terroristes, ce sont des résistants !

 

S.C.- La Palestine est une nation emprisonnée. Comment en est-on arrivé, même à gauche, à parler de « terrorisme », au lieu de parler du droit de résister par les armes ? Voyez-vous des parallèles ou des différences majeures entre la colonisation de l’Algérie par la France et la colonisation de la Palestine par Israël ?

 

Ahmed Ben Bella : C’est pire en Palestine. Avec l’apartheid en plus. Les Français ne pouvaient pas nous chasser hors d’un pays grand comme cinq fois la France. Ils ont bien essayé de créer au nord une zone tampon, avec le moins d’Algériens possible, mais cela n’a pas réussi. Ils n’ont pas mis en place un véritable apartheid comme les Israéliens en Palestine. L’État d’Israël a créé la plus terrible des dominations.

 

S.C.- À votre avis, les Palestiniens vivront-ils moins longtemps sous occupation que les Algériens ?

 

Ahmed Ben Bella : Je crois que oui. D’abord, le colonialisme est un phénomène qui est clairement établi et sanctionné par les lois internationales. Ensuite, s’il y a une question qui fait l’unanimité dans le monde arabe, c’est la Palestine. Aussi longtemps que les Palestiniens n’obtiennent pas justice, le monde arabe musulman ne pourra pas se sentir libre non plus. C’est comme une partie de leur chair qui reste captive.

 

S.C.- Autrefois, la politique n’était pas plus noble, mais il y avait encore un équilibre. Depuis la fin de la bipolarité, les principes moraux les plus élémentaires ont été balayés. Partout on parle de combattre le « terrorisme », mais on ne parle guère des 800 enfants tués en Palestine par les soldats israéliens depuis 2000 ; des millions d’enfants irakiens tués ou malades qui n’ont plus droit à un développement normal. Guantanamo, Abu Ghraïb, auraient-ils été possibles si la Communauté Internationale avait eu la décence de dire non à la violence de Washington ? Quel responsable étatique a encore les mains propres dans cette prétendue guerre contre « le terrorisme » ?

 

Ahmed Ben Bella : C’est énorme ce qui s’est passé à Guantanamo, à Abu Ghraïb et ailleurs. Et toute cette horreur continue de se propager et de générer de grandes souffrances. Nous apprenons que les États-Unis ont installé des prisons en Europe de l’Est pour échapper aux juridictions de leur pays et que l’Europe participe de tout cela. Il est même reproché à la Suisse d’avoir autorisé le survol de son territoire par ces avions qui transportent des prisonniers fantômes, kidnappés, soumis à des tortures.

 

S.C.- Quels sont, selon vous, les moyens de contrer la stratégie mise en place par Bush et les néo-conservateurs ?

 

Ahmed Ben Bella : C’est un mouvement intégriste, mais chrétien celui-là ! Le problème auquel nous faisons face aujourd’hui est celui-là : l’idéologie de Bush est le pire intégrisme que l’on puisse imaginer. Ce sont les fameux évangélistes protestants qui inspirent Bush. C’est un intégrisme terrible. Quels sont finalement les moyens que nous avons pour combattre ? Je vous ai parlé des espoirs que je mets dans la jeunesse, tout en sachant qu’elle n’a pas de vrais moyens pour combattre ce système effrayant. Je sais, il ne suffit pas de descendre dans la rue. Il faut passer à autre chose, inventer d’autres moyens d’action, mais il faut agir et non pas subir. Et quand on a le sentiment de ne pas avancer, il faut se dire que l’on passe par des phases, qu’il faut un certain temps avant d’atteindre la compréhension du grand nombre. On commence à agir avec ceux qui ont une compréhension claire, même si cela ne couvre pas la totalité des problèmes. Mais ensuite, on doit passer par-dessus les obstacles, et se dire que ce n’est ni le parti socialiste, tout socialiste qu’il se déclare, ni telle association qui va changer ce monde.

 

S.C.- Pour parvenir à un rééquilibrage, la solution peut-elle venir du côté de la Chine et de la Russie ?

 

Ahmed Ben Bella : Je pense qu’un espoir peut venir de la Chine. Par le passé, la Russie nous a aidés de façon extraordinaire. Mais pour l’instant, malheureusement, la Russie n’est pas dans une situation facile. Je ne mettrais pas d’espoirs en elle. Je compterais beaucoup plus sur la Chine. D’abord elle a des arguments que la Russie n’a pas. C’est un pays qui est en tête des pays en expansion. Même l’Occident va s’implanter en Chine pour vivifier son économie. D’ici 20 ans on verra la nouvelle carte politique.

 

S.C.- En attendant, que dire aux peuples laissés à l’abandon, en Palestine, en Irak ?

 

Ahmed Ben Bella : On n’agit jamais en pensant que c’est nous qui allons en être les bénéficiaires. On agit parce qu’il faut agir. Jamais les grandes conquêtes n’ont été le fruit d’une seule génération. On dit chez nous que celui qui mange n’est pas celui qui sert le plat. Il faut créer des réseaux de solidarité qui soutiennent sans conditions la lutte de ces peuples.

 

S.C.- Que dire aussi à cette jeunesse que vous avez mentionnée, témoin de tant d’abus ?

 

Ahmed Ben Bella : Il faut qu’ils aillent outre, qu’ils prennent des initiatives. S’il ne suffit plus de se réunir périodiquement à des grands rassemblements, si rien ne change, il faut passer à autre chose : inventer de nouvelles formes de luttes sans attendre.

 

S.C.- Mais le temps n’est-il pas venu que les Arabes prennent la direction du mouvement anti-guerre jusqu’ici entre les mains d’Occidentaux ?

 

Ahmed Ben Bella : Oui, oui. Vu la gravité de la situation au Moyen-Orient, ce sont des Palestiniens ou des représentants des mouvements du monde arabe qui doivent bouger. Je pense que ce mouvement arabe, le mouvement palestinien, toutes ces forces, si elles se conjuguent et dépassent leurs différends, sont un espoir pas seulement pour les Arabes. Elles peuvent contribuer également à changer ce monde, le système mondial tel qu’il fonctionne.

 

S.C.- Vous semblez optimiste !

 

Ahmed Ben Bella : Oh vous savez, je ne suis pas rien qu’optimiste : je passe ma vie à agir. Je ne me contente pas de faire des discours, je consacre tout mon temps à agir par le biais de l’organisation Nord-Sud. Aussi je crois que, parfois, les forces de l’espoir viennent de là où on les attend le moins.

 

S.C.- Le premier congrès constitutif de l’Alliance Populaire Arabe de Résistance s’est tenu fin mars 2006 au Caire. Les participants ont appelé les peuples à se mettre « sous la bannière de l’internationalisme pour soutenir le peuple arabe dans sa lutte contre l’agression impérialiste ». N’est-il pas le point de départ d’une campagne qui, si les partis progressistes d’Occident s’y rallient, pourrait relancer le mouvement anti-guerre et aller dans le sens de vos souhaits ?

 

Ahmed Ben Bella : Oui, je suis personnellement favorable à cette initiative. L’essentiel est d’avancer. On n’avance pas si l’on doute, si l’on pense que c’est fini. Si l’on campe sur des dissensions. On avance et on corrige les défauts. La vie c’est cela. Il y a aussi, dans le camp arabe, beaucoup d’obstacles à surmonter. Nous devons faire un effort pour dépasser les dissensions. En effet, nous connaissons, dans le mouvement arabe, les mêmes faiblesses que connaît le mouvement anti-impérialiste en Occident.

 

S.C.- Il y a près de dix mille palestiniens emprisonnés arbitrairement dans les geôles israéliennes. Ils ne sont pas reconnus comme prisonniers politiques. Ahmed Sa’adat - kidnappé par Israël en mars 2006, à Jéricho, avec cinq compagnons - alors qu’il était sous garde américano-britannique - est depuis soumis à des tortures continues. Il a réaffirmé sa volonté de ne pas céder, en disant : « Peu importe l’endroit où je serai, je continuerai à combattre ». Vous devez vous reconnaître en cette affirmation, vous qui savez ce que cela veut dire vivre emprisonné ?

 

Ahmed Ben Bella : Oui, j’ai vécu 24 ans et demi en prison. Quand les Français m’ont enfermé à la Santé, ils m’ont mis là avec les détenus que l’on guillotinait. Je voyais la guillotine depuis ma cellule. C’est terrible ce qu’Israël fait subir comme mauvais traitements aux Palestiniens. Actuellement je n’ai qu’un seul projet : c’est la Palestine. Je ferai tout mon possible pour les aider. Pour parvenir à la paix, en Palestine et dans le monde, il faut que ce système de marchands s’en aille. Parce que les problèmes sont immenses, les dégâts sont immenses. Laisser le monde entre les mains de marchands et de tueurs est un crime. C’est cela le terrorisme. Ce n’est pas Ben Laden.

 

S.C.- Quand vous entendez des chefs d’État dire qu’ils font la guerre en Irak au nom de la liberté et de la démocratie, qu’avez-vous envie de leur dire ?

 

Ahmed Ben Bella : Je leur dis que le droit à la vie est le premier des droits humains. Les droits de l’homme c’est le droit de vivre. Tous les philosophes chez nous parlent du droit à la vie. Sauvegarder la vie, vivre, est la première des choses auxquelles chacun aspire. Or le système mondial ne s’embarrasse pas de garantir ce droit. Il exploite, il tue. Et quand il ne peut pas tuer, il construit des prisons sauvages, abus qui prétendent apporter la démocratie. Les États-Unis se sont mis à faire, en Afghanistan et en Irak, ce qu’Israël a toujours fait contre les Palestiniens. On nous parle de démocratie israélienne, américaine. Mais quelle démocratie ont-ils apporté en détruisant toute chance de vie ?

 

S.C.- Vous souffrez pour l’Irak ?

 

Ahmed Ben Bella : Ah oui l’Irak pour moi…je suis allé quinze fois en Irak, vous savez. (Un silence) [1] J’ai failli être tué en Irak. C’est insupportable de voir ce que l’on a fait à l’Irak ! À ce pays qui est le berceau de la civilisation ! L’Irak, c’est là où on a commencé à cultiver la terre, c’est là où est née l’humanité, c’est là où se sont fondus les premiers principes, c’est là qu’est né l’alphabet, le premier code, est celui d’Hammourabi. Tout cela a été détruit par des dirigeants incultes, par une nation qui n’a pas plus de 250 ans d’histoire, qui était une colonie de la Grande-Bretagne. Ils ont liquidé le colonialisme anglais et ils ont instauré un colonialisme planétaire. Que sont devenus les 80 millions d’Amérindiens ? Jamais je ne retournerai en Amérique, c’est un pays de brigands.

 

S.C.- Ressentez-vous comme racistes les guerres menées en Afghanistan et au Moyen-Orient ?

 

Ahmed Ben Bella : Tout à fait. Ce sont des guerres menées contre l’Islam, contre la civilisation arabe. Cela saute aux yeux. Sur les pays qui sont hors la loi, selon Bush, un seul n’est pas arabo-musulman, la Corée du Nord. Les autres, la Syrie, l’Irak, le Soudan, l’Iran sont tous musulmans. Les croisades visaient soi-disant à récupérer le tombeau de Jésus Christ. Parfois, pour taquiner les Occidentaux, je leur dis : Jésus Christ, quelle langue parlait-il ? Il parlait ma langue, pas la vôtre, il parlait l’Araméen comme moi ! Quand vous lisez la bible, Jésus Christ dit : "Eli, Eli, Lama sabakta-ni" [2] Et nous disons en Algérie : "Ilahi limada sabakta-ni". Ce sont exactement les mêmes paroles qu’a prononcées Jésus. Jésus parlait comme moi. L’Islam tire beaucoup de choses de l’Évangile ou bien de la Bible, qu’il est venu compléter.

 

A force de voir ces abus, j’explose. On nous a fait tellement de mal. On nous a atteints dans notre dignité. Sans parler de ce petit peuple en Palestine. Combien de Palestiniens sont obligés de vivre sous la férule la plus abjecte ? Notre réaction n’est pas du racisme, Je vous assure. Nous en avons plus qu’assez. L’Occident nous a fait beaucoup de mal. N’est-ce pas en Occident que se sont produits les pires crimes contre l’humanité ? Le fascisme, où est-il né ? Le nazisme, où est-il né ? Le stalinisme, où est-il né ? La fameuse inquisition, qui a duré 400 ans, où s’est-elle déployée ? Franchement il faut beaucoup, beaucoup d’abnégation pour se dire chaque jour qui passe, je ne veux pas haïr l’Occident.

 

S.C.- Ne faut-il pas incriminer les tenants du « choc des civilisations », les pro-israéliens, comme les principaux instigateurs de la haine anti-arabe, anti-islam, qui se répand de façon inquiétante contre vos peuples ?

 

Ahmed Ben Bella : Tout à fait. Le Lobby israélien aux États-Unis est quelque chose de terrible. Jusqu’ici il était interdit d’en parler sans se voir accusé d’antisémitisme. Récemment, plusieurs études sont venues attester par des exemples inattaquables le poids du lobby israélien dans les options politiques et militaires prises contre nous [3]. Plus personne aujourd’hui peut nier l’importance, voire le danger, de ce lobby qui pénètre toutes les sphères stratégiques. Je suis donc très concerné par cet aspect des choses qui rend encore plus difficile le règlement de la question palestinienne.

 

Je vais vous dire, alors que l’Islam a connu beaucoup de misères, jamais l’Islam n’a fait du mal à d’autres pays. Dans l’histoire, l’Islam a montré une tolérance qui n’existe nulle part ailleurs, alors qu’Israël a réussi à s’implanter par la force dans un espace et dans un lieu qui était habité par les Palestiniens - l’un des peuples arabes les plus évolués - et à y créer, en les dépossédant de leur terre, un État raciste. Aussi longtemps qu’Israël refusera de reconnaître le droit des Palestiniens à exister et revenir sur leur terre, il n’y aura pas de paix dans le monde.

 

 Notes :

[1] En 1990-91, le président Ahmed Ben Bella conduisit une médiation entre la France et l’Irak pour tenter d’empêcher la guerre du Golfe. Les négociateurs français étaient Edgard Pisani et Marc Boureau d’Argonne, administrateur du Réseau Voltaire.

[2] « Eli, Eli, Lama sabakta-ni » paroles prétées à Jésus dans Les Évangiles quelque temps avant sa mort. Traduction : « Père, Père, pourquoi m’as-tu abandonné ? »

[3] M. Ben Bella se réfère ici à l’essai publié par la London Review of Books, intitulé « Le Lobby israélien et la politique étrangère des États-Unis » (The Israel Lobby and US Foreign Policy), co-rédigé par le Professeur John Mearsheimer, de l’Université de Chicago et le Professeur Stephan Walt, le doyen de la Kennedy School of Governement de l’Université d’Harvard.

Sources : Silvia Cattorimichelcollon


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12 avril 2012 4 12 /04 /avril /2012 08:41
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Ahmed Ben Bella est mort 

 

 

Le premier président de l'Algérie indépendante (1962-1965),  Ahmed Ben Bella, est décédé mercredi à Alger à l'âge de 96 ans.

Ahmed Ben Bella qui est décédé à son domicile familial à Alger, avait été admis, rappelle-t-on, à deux reprises, il y a plus d'un mois, à l'hôpital militaire d'Ain Naadja, suite à un malaise.

L’état de santé de l'ancien président de la républque avait fait l’objet d’une grande confusion depuis le début de l'année.

Le 22 février dernier, notre quotidien avait annoncé son décès après avoir été admis dans un état critique à hôpital militaire d'Aïn Naadja où il avait été maintenu en observation pendant des heures.

Une information qu'avait alors démentie l'APS en se basant sur des sources proches de l'ancien président : «La nouvelle de sa mort est fausse. M. Ben Bella est toujours en vie, sous observation médicale à l'hôpital après avoir été évacué dans la nuit de mardi à mercredi», avait-elle annoncé cette source à l'APS.

Ce qui est  par contre certain, c'est que l’état de santé de Ben Bella qui souffrait notamment de problèmes respiratoire s était nettement dégradé depuis début 2012. 

Né le 25 décembre 1916 à Maghnia (Tlemcen), Ben Bella présidait depuis 2007 le Groupe des sages de l'Union africaine. Devenu en septembre 1962 le premier président de l'Algérie  indépendante, Ahmed Ben Bella avait été renversé en 1965 par son ministre de la Défense, feu le colonel Houari Boumediene.

Bien avant, en 1937, il effectue son service militaire puis lors du conflit mondial, sous-officier, participe aux combats en montrant sa bravoure, notamment lors de la campagne d'Italie. Il reçoit pour ses actions plusieurs décorations.

Marqué par les massacres du 8 mai 1945, il adhère au PPA–MTLD, de Messali Hadj. Il est ensuite élu conseiller municipal de sa ville en 1947.

Responsable de l’Organisation Spéciale (O.S.) en compagnie de Hocine Aït Ahmed et de Rabah Bitat, il participe au casse de la poste d’Oran de 1949.

En mai 1950, il est arrêté à Alger, jugé coupable et condamné, deux ans plus tard, à sept ans de prison. Il s’évade en 1952 et se réfugie au Caire auprès d'Hocine Aït Ahmed et de Mohamed Khider avec qui il formera plus tard la délégation extérieure du Front de Libération Nationale (FLN).

Un des 9 chefs historiques du Comité révolutionnaire d'unité et d'action (CRUA), il déclenche le soulèvement de novembre 1954 mais deux ans plus tard, il est arrêté une deuxième fois alors qu’il prenait l’avion qui devait l’emmener du Maroc à Tunis en compagnie de Mohammed Boudiaf, Hocine Aït Ahmed, Mohamed Khider et Lacheraf.

Libéré en 1962, il participe au congrès de Tripoli où un différend l’oppose au GPRA. Après les négociations d'Evian, il critique en effet la légitimité du gouvernement provisoire et s'affronte à Boudiaf et Belkacem qu'il élimine rapidement. Il rentre à Alger et le 15 septembre 1962, est désigné président de la République jusqu à son renversement en 1965 par Houari Boumediene. elwatan

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Ben Bella, premier président de l'Algérie indépendante, est mort

Cette figure emblématique de l'indépendance avait dirigé le pays de 1962 à 1965. Un deuil de 8 jours a été décrété. 

 

Le premier président de l'Algérie indépendante, Ahmed Ben Bella. (JOSEPH BARRAK / AFP)

 

Ahmed Ben Bella, le premier président de l'Algérie indépendante, est décédé mercredi 11 avril à Alger à l'âge de 96 ans, a annoncé l'agence APS citant ses proches.

Le président algérien, de 1962 à 1965, est décédé à son domicile familial à Alger, selon la même source. Il avait été admis à deux reprises, il y a plus d'un mois, à l'hôpital militaire d'Ain Naadja, après un malaise.

Il présidait depuis 2007 le Groupe des sages de l'Union africaine.

Les funérailles nationales du premier président de l'Algérie indépendante Ahmed Ben Bella auront lieu vendredi au Carré des martyrs du grand cimetière d'El Alia à Alger, après la prière du Dohr, selon des sources officielles.

Le président Abdelaziz Bouteflika a également décrété un deuil national de huit jours à compter de mercredi sur l'ensemble du territoire, a rapporté l'agence APS citant la présidence.

Ben Bella, qui fit partie des chefs historiques du FLN, avait été renversé le 19 juin 1965 par un coup d'Etat militaire conduit par son ministre de la Défense, feu le colonel Houari Boumediene que Bouteflika avait toujours soutenu.

Selon le quotidien algérien "El Watan", il est mort en début d'après-midi. Selon la même source, les activités culturelles et sportives, prévues par des jeunes, ont été spontanément annulées dans sa ville natale de Maghnia.

- Extrait du JT de 13 heures le 11 octobre 1962 : l'assemblée générale de l'ONU reconnait l'Algérie : 

 

- Extrait du JT de 20 heures du 10 octobre 1962 :Ahmed Ben Bella, à la tribune de l'assemblée générale de l'ONU pour plaider la reconnaissance de l'Algérie.

 

tempsreel.nouvelobs

 

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Funérailles nationales pour Ahmed Ben Bella, premier président de l'Algérie indépendante


Ahmed Ben Bella, le 5 novembre 2001 à Beyrouth au Liban.

Ahmed Ben Bella, le 5 novembre 2001 à Beyrouth au Liban. © AFP

 

 

Décédé le 11 avril, le premier président de l'Algérie et héros de la guerre d'indépendance, Ahmed Ben Bella, aura des funérailles nationales ce vendredi. L'actuel président Abdelaziz Bouteflika a également décrété un deuil national de huit jours à partir de mercredi.

 

La présidence algérienne a décidé l'organisation de funérailles nationales pour le premier président de l'Algérie indépendante, Ahmed Ben Bella, décédé le 11 avril. Celles-ci auront lieu vendredi après la prière du Dhor (après 13H30, 12H30 GMT) au grand cimetière El Alia d'Alger, dans le Carré des martyrs. Un deuil national de huit jours a également été décrété à partir de mercredi.

Âgé de 95 ans, le héros de la guerre d'indépendance algérienne est décédé à son domicile d'Alger. Avant les obsèques, son corps sera exposé à partir de jeudi midi au Palais du Peuple, l'ancienne résidence des gouverneurs d'Alger, pour que la population puisse lui rendre un dernier hommage.

 

 

> Lire "Une soirée avec Ahmed Ben Bella"

 

 

Né le 25 décembre 1916 à Maghnia (Ouest), Ben Bella venait d'une famille de paysans originaires du Maroc. Dès son arrivée au pouvoir, en septembre 1962, il tente d'implanter le « socialisme autogestionnaire ». Il voulait incarner aux côtés du Cubain Fidel Castro, de l'Égyptien Gamal Abdel Nasser, de l'Indien Nehru et du Chinois Mao Tsé-Toung, la lutte « anti-impérialiste » et le « non-alignement » du Tiers-Monde émergent. Élu en 1963 pour deux ans, il est finalement renversé en 1965 par le colonel Houari Boumedienne, qui l'emprisonne pendant 15 ans. Une durée de détention qui s'ajoute à la dizaine d'années passées dans les geôles françaises pour son militantisme politique.

 


Ahmed Ben Bella vote pour la nouvelle Constitution, le 9 septembre 1963 à Alger.© AFP

 

 

"Parti dans son sommeil"

 

Il y a environ deux mois, Ben Bella avait été admis à deux reprises à l'hôpital militaire d'Ain Naadja, après avoir fait des malaises. La presse avait alors relayé des rumeurs sur son décès, qui avaient été démenties par sa fille Mehdia. « Ahmed Ben Bella était plutôt en forme hier (mardi), mais il s'est ensuite senti très fatigué et est remonté dans sa chambre dormir. Il est parti dans son sommeil vers 15 heures cet après-midi, entouré de ses deux filles Mehdia et Noria », a déclaré mercredi son biographe Mohamed Benelhadj.

 

« Quasiment tout le gouvernement est là », au domicile du « Vieux », avait-il précisé en début de soirée. Dans un message à la télévision nationale, le président algérien Abdelaziz Bouteflika a présenté ses condoléances à la famille et à la nation. « Nous perdons aujourd'hui un des dirigeants les plus valeureux de l'Algérie contemporaine. (...) Un sage parmi les sages du continent africain », a-t-il déclaré.

Les relations ont été très compliquées entre l'actuel président et Ben Bella, qui été renversé par Boumediene, un proche de Bouteflika. Ce n'est qu'après l'élection de ce dernier à la présidence en 1999 que les deux hommes se sont à nouveau rapprochés.

 

Politiquement actif

 

Selon son biographe, Ben Bella est resté politiquement actif « quasiment jusqu'à la fin de sa vie », notamment à la tête de la Commission des Sages Africains qu'il dirigeait depuis 2007, qui est chargée de la prévention et solution des problèmes du continent noir. Il en avait présidé une ultime réunion l'an dernier à Alger.

Les réactions au décès de Ben Bella ont été nombreuses. « L'Algérie vient de perdre un grand homme, un militant, un moudjhahid (combattant) », a déclaré mercredi soir à la radio le secrétaire général du Front de libération national (FLN parti présidentiel) Abdelaziz Belkhadem. « C'est une perte importante, il fait partie de ceux qui ont participé à la restauration de l'État national algérien après l'indépendance », a-t-il ajouté.

 

La mort de Ben Bella « est une perte pour l'Algérie et le monde, particulièrement en cette conjoncture où l'Algérie se trouve à un tournant historique en vue d'un changement pacifique « (les législatives du 10 mai), a déclaré Miloud Chorfi, porte-parole du Rassemblement national démocratique (RND), parti du Premier ministre Ahmed Ouyahia,  Jeuneafrique.

 

 

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20 mars 2012 2 20 /03 /mars /2012 08:12

SOUVENIR DU 1ER NOVEMBRE 1954     Mémoires d'Algérie

 

« J’allais avoir 7 ans. J'habitais Biskra au 15, boulevard Mac-Mahon. Le 31 octobre 1954 vers minuit, je fus tiré de mon sommeil d'enfant par un énorme bruit. J'ai cru que c'était la cuve à eau de 1000 litres, posée dans la cour, qui s'était renversée ! Il y avait eu une fusillade.

 Ma mère et mes soeurs sont venues me dégager car j'étais couvert de gravats : une bombe avait explosé dans la rue, contre le mur de ma chambre ! On a entendu une grosse voix avec un fort accent africain : «Vous êtes vivants ?» Ma mère a répondu : «Je vais vous ouvrir.» «Pas la peine, il n'y a plus de porte !» C'étaient des soldats du 15e régiment de Tirailleurs sénégalais. La guerre d'Algérie venait de commencer ...»


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17 mars 2012 6 17 /03 /mars /2012 02:11

La guerre d’Algérie, de Yaha Abdelhafidh

 

L’homme qui a connu deux maquis signe un livre magistral. Les acteurs politiques et militaires de l’époque doivent eux aussi accoucher leurs vérités, leurs témoignages. Suivre l’exemple, ne pas laisser l’histoire aux seuls historiens.

«Notre combat a été beau à certains égards, mais incomplet à d’autres. Beau, car les grands espoirs de lendemains qui chantent l’ont nourri. Il a même été un parangon pour plusieurs révolutions tiers-mondistes. (…) Cette liesse qui a célébré la renaissance de notre pays a été hélas ! de courte de durée. (…) En quelques jours, l’élan révolutionnaire de toute une génération d’Algériens s’est brisé contre le mur des ambitions d’un clan qui a pris en otages la révolution et son devenir.» Yaha Abdelhafidh donne le ton très vite. L’ancien officier de la Wilaya III veut témoigner, dire ses vérités, les trahisons dont il a été victime. Dans Ma guerre d’Algérie, Riveneuve éditions, il raconte les événements de l’intérieur, sur le terrain, dans les montagnes escarpées.

Il n’a toujours pas digéré la trahison des idéaux de la Soumman par les nouveaux maîtres d’Alger. Il voue un mépris cinglant pour le «clan d’Oujda», coupable, selon lui, de la situation actuelle de l’Algérie. «A l’aube de l’indépendance, des hommes, qui ont passé toute la période de la guerre tapis derrière les frontières, au Maroc et en Tunisie, en Libye et en Tunisie, ont commis un coup d’Etat contre la Révolution. (…) Ces militaires ambitieux et suffisants, qui n’ont, pour la plupart d’entre eux, jamais tenu une arme face à l’ennemi, n’ont malheureusement pas hésité après l’indépendance à dresser leurs canons tout neufs contre nous, leurs frères. Nous (…) avons été sommés donc de céder devant la force brutale de cette armée stationnée à l’extérieur, dirigée par le colonel Houari Boumediène.» Pour Yaha Abdelhafidh, la seule élection véritablement démocratique que l’Algérie aura connue est le référendum de 1962 approuvant les Accords d’Evian et la fin de la guerre avec la France. Depuis, rien ou presque, entre dictature et autoritarisme.

A 79 ans, il est sans haine, désabusé sûrement, blessé de voir l’Algérie, incarnation de ses rêves, dans l’impasse. Sa lecture est simple : la victoire de «l’extérieur» sur «l’intérieur» après la guerre d’Algérie est la cause de tous les maux. Dans ce premier tome, le fondateur du FFS en 1963, avec Aït Ahmed, ne cache pas les paradoxes et les crispations durant le conflit. Comme un amghar azemni, un sage, il se confie sans haine, il offre généreusement ses souvenirs aux nouvelles générations. «En dépit des risques et de la dureté de ma traversée, j’avoue que j’ai vécu. Deux maquis successifs et près de vingt-quatre ans d’exil. Un exil d’activités politiques, de lutte et non de luxe, comme beaucoup l’ont mené sans vergogne.» Yaha Abdelhafidh nous livre un document exceptionnel, le témoignage d’un faiseur d’histoire, d’un responsable politique et militaire. «Cette première salve mémorielle finie, l’hiver peut maintenant cingler à sa guise», dit-il. La nature l’a entendu, jamais il n’a autant neigé. Et les hommes ? Ils feraient bien d’imiter la nature, comme toujours.

source elwatan

 

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 Désobéir en République. Un éditeur dans la guerre d’Algérie

 

Les Éditions de Minuit ont mené pendant la guerre d’Algérie un combat à la fois moral et politique. Il s’agissait, souligne Anne Simonin, à la fois de dénoncer la torture en faisant valoir les droits de la conscience et de réaffirmer les valeurs universelles de la République française, renouant ainsi avec l’engagement dreyfusard et résistant.

La Vie des Idées  : Pourquoi les Éditions de Minuit ont-elles souhaité rééditer, à l’occasion du cinquantième anniversaire des accords d’Évian, sept ouvrages du catalogue algérien ?

Anne Simonin  : Peut-être parce que l’engagement dans la dénonciation de la guerre d’Algérie est une prise de position encore aujourd’hui souvent mal comprise, et facile à délégitimer. Lus ensemble, les sept livres (dont celui qui est devenu un classique, La Question d’Henri Alleg) disent que la dénonciation de la torture, axe fondamental de la production éditoriale des Éditions de Minuit, n’est pas une position « morale » mais bel et bien une position « politique » qui conduit, à partir de 1960, à valider un comportement extrême : la désertion. Les livres qui ont été réimprimés ont pour fonction d’expliquer comment des hommes marqués par la Résistance, et son héritage patriotique, ont été conduits à opérer une véritable révolution, et à devenir traîtres pour rester fidèles à cet héritage, et préserver l’identité de la France patrie des droits de l’Homme. Dans Le Désert à l’aube, Favrelière raconte comment il devînt déserteur : pour sauver un jeune combattant algérien d’une exécution sauvage.

 Dans Itinéraire, Robert Bonnaud, lui aussi témoigne que ce qu’il a vu d’horreurs ordinaires en Algérie en tant que rappelé. Et comment, de retour en France, cette expérience oblige, et pousse au militantisme, et à la critique des positions adoptées par les partis de gauche, le parti communiste en particulier. Dans Les Belles Lettres, Charlotte Delbo, auteur à venir d’une trilogie majeure sur Auschwitz, laisse exploser son « indignation », – la chose était alors moins à la mode qu’aujourd’hui –, en produisant un livre d’une forme très neuve : une parodie de roman épistolaire, coupé-collé commenté des attaques et des réponses qu’échangent dans la presse les intellectuels des différents bords. Avec Provocation à la désobéissance, publication des actes du procès intenté en décembre 1961 à Jérôme Lindon pour la publication d’un roman, Le Déserteur de Jean-Louis Hurst (sous le pseudonyme de Maurienne), les motivations de l’engagement dans la dénonciation de la guerre d’Algérie sont précisément explicitées devant les juges. La Ve République n’a jamais été menacée de devenir totalitaire sous les différents régimes d’exception imposés par « les événements », elle n’a, en revanche, pas échappé à l’absurde ou à l’ubuesque, en poursuivant un éditeur pour des opinions émises par un personnage de roman dans un livre saisi que, pour condamner, les juges ont dû résumer de façon détaillée à l’audience...

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La Vie des Idées  : Dans le commentaire qui accompagne cette réédition, vous évoquez, pour qualifier le combat mené par ces intellectuels et porté par les Éditions de Minuit, la « tradition dreyfusarde ». Pour quelles raisons ?

Anne Simonin : C’est Pierre Vidal-Naquet qui, dans un article devenu classique, a inventé une typologie pour penser les divers engagements dans la dénonciation de la guerre d’Algérie, et identifié les « dreyfusards », les « bolcheviques » et les « tiers-mondistes ». Les Éditions de Minuit exemplifiant la première catégorie, celle des « dreyfusards ». Pierre Vidal-Naquet était un ami personnel de Jérôme Lindon, mais il fut aussi l’historien maison pendant la guerre d’Algérie, celui qui écrivait des textes (L’Affaire Audin), celui qui expertisait certains textes, celui qui apportait des textes, celui qui, grâce au Comité Audin, dont il était l’un des membres fondateurs, aidait à leur diffusion... Qualifier de « dreyfusard » le combat mené par les Éditions de Minuit insiste sur la dimension morale de leur engagement, et son inscription dans une sphère franco-française. Ce que Jérôme Lindon résumera en une phrase, citée par Pierre Vidal-Naquet : « Ce que j’ai fait, je l’ai fait pour la France, non pour l’Algérie ». Si cette typologie a une portée heuristique évidente, il me semble toutefois nécessaire de lui apporter un correctif : le « dreyfusisme » des Éditions de Minuit traduit, entre 1957 et 1962, la permanence d’un gaullisme de gauche, peu ou pas institutionnalisé, qui permet de comprendre qu’en 1965, après avoir été dans une opposition apparemment radicale à la politique menée par le général de Gaulle, Jérôme Lindon puisse rédiger une tribune dans Le Monde... et annoncer qu’il votera de Gaulle.

 

La Vie des Idées  : C’est aussi de la Résistance que ces intellectuels engagés se réclament. Est-ce là une manière de légitimer la désobéissance, en montrant que, en faisant la guerre en Algérie, la République française a cessé d’être pleinement républicaine ?

Anne Simonin : La référence à la Résistance est effectivement essentielle, moins pour délégitimer la République, que pour légitimer le combat des insoumis. Les Éditions de Minuit sont la seule maison d’édition à avoir été fondées dans la clandestinité, sous l’Occupation allemande en 1942, et à avoir toujours pignon sur rue en 1957.

La Résistance dans l’histoire de la maison c’est, pour le dire dans les termes de Pierre Bourdieu, un « capital symbolique » prestigieux qui anoblit les causes défendues. Mais la résistance c’est aussi, et ça c’est lié au facteur homme, à la personnalité de leur directeur, Jérôme Lindon, une obligation. Résistant – il a rejoint le maquis du Tarn à l’âge de dix-huit ans –, Jérôme Lindon a toujours eu une claire conscience de l’importance de son engagement, mais en donnait aussi toujours une version minimaliste : dans la mesure où il était juif, il avait bien été obligé de... Quand il arrive aux Éditions de Minuit, après guerre, Jérôme Lindon appartient à la fois à la « génération de la Résistance », mais pas à la génération « fondatrice » de la maison (Pierre de Lescure, Jean Bruller-Vercors, Yvonne Paraf-Desvignes). Et s’il en devient le président-directeur général en 1948, il ne « reprend » véritablement les Éditions de Minuit qu’en 1958-1959, quand il publie La Question d’Henri Alleg – le livre emblématique de la lutte des intellectuels pendant la guerre d’Algérie –, et La Gangrène – le recueil des plaintes de cinq étudiants algériens pro-FLN torturés, à Paris, rue des Saussaies. Autrement dit, la Résistance survit aux Éditions de Minuit sous la forme non d’une dévotion au passé, mais d’une perplexité – « Serais-je jamais capable, ou en mesure de, faire aussi bien que mes prédécesseurs ? ». À cette question, les choix de l’éditeur pendant la guerre d’Algérie fournissent une réponse positive : La Question et La Gangrène étant, en quelque sorte, l’équivalent historique du Silence de la mer. En conservant toutefois toujours présent à l’esprit que cette équation est vouée à demeurer imparfaite, parce que, j’y insiste, la République en état d’exception reste un régime démocratique, ce que n’a jamais été le régime de Vichy. En publiant La Question et La Gangrène, les Éditions de Minuit risquaient la faillite ; en publiant Le Silence de la mer, la déportation et la mort.

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La Vie des Idées  : La République en état d’exception reste démocratique, mais en pratiquant la torture, en appliquant la censure, elle se coupe des valeurs qui doivent l’inspirer : celles des Lumières, qui sont invoquées par ceux qui s’engagent contre la guerre en désobéissant. Leur combat n’est-il donc pas tout autant politique (pour le bien commun) que moral (le cas de conscience) ?

 

Anne Simonin : Oui, tout à fait. Mais l’enjeu est de « reprendre » plutôt que de « délégitimer » la République. Le combat des Éditions de Minuit est incontestablement un combat politique. Leur grande réussite, si je puis dire, est d’être parvenu à transformer une mobilisation « morale » (la dénonciation de la torture) en une position politique. Faire consensus autour de la dénonciation de la torture s’est révélé assez vite une bonne stratégie : quand Pour Djamila Bouhired de Georges Arnaud et de Jacques Vergès est publié, à l’automne 1957, c’est la presse de droite qui est le premier relais de la dénonciation. Ensuite, le scandale de La Question, l’écho et la saisie du livre après que 70 000 exemplaires aient été vendus, en juin 1958, la protestation au nom de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, signée par les prix Nobel (à l’exception de Camus, qui refusa, et en incluant Sartre qui accepta de signer) auraient pu faire penser que « c’était gagné », et qu’il y allait avoir un mouvement fort de l’opinion publique pour contraindre les pouvoirs publics à interrompre une guerre coloniale, donc par nature injuste.

La guerre d’Algérie ne devait s’interrompre que quatre ans plus tard. Le calendrier politique contraindra les intellectuels oppositionnels à une très nette radicalisation. La pratique de la torture, consubstantielle à la guerre coloniale, est une atteinte directe aux Droits de l’Homme et du Citoyen. Formulés en 1789, ces derniers ont été constitutionnalisés en 1946 : « Toute rigueur ou contrainte qui n’est pas nécessaire pour appréhender une personne ou la maintenir en détention ainsi que toute pression morale ou brutalité physique, notamment pendant l’interrogatoire, sont interdites » (art. 9). Le combat pour la dénonciation de la torture est un combat légal.

Que faire quand les pouvoirs publics d’un régime démocratique, connaissant de façon indiscutable l’existence généralisée de la torture, tolèrent cette pratique ? « Quand le gouvernement viole les libertés et les droits garantis par la Constitution, la résistance sous toutes ses formes est le plus sacré des droits et le plus impérieux des devoirs. » (art. 21). Ces principes ont été réaffirmés au sortir de la Seconde Guerre mondiale, après la terrible épreuve de l’Occupation. Dix ans après, ils sont impunément violés. Ce qui atteste, à tout le moins, que les gouvernants ont « la mémoire courte », – selon le titre du pamphlet publié par Jean Cassou aux Éditions de Minuit en 1953... La « résistance » à la guerre d’Algérie est un rappel des positions de principe au fondement de la République démocratique.

 

La Vie des Idées  : Comment expliquer que l’engagement contre la guerre coloniale et contre la soi-disant mission civilisatrice de la France, se fasse, paradoxalement, au nom des valeurs de la France universelle et dans une veine patriote ?

Anne Simonin  : La fin des années 1950, et le début des années 1960 est une période difficile à penser parce qu’elle se trouve « coincée » en quelque sorte entre deux événements majeurs : la fin de la Seconde Guerre mondiale suivie par la Guerre froide et Mai 68. Pour comprendre ces années 1955-1965, il convient de retirer ces deux focales : la Guerre froide et la banalisation de l’anticommunisme ; Mai 68 et la généralisation d’une idéologie libertaire, pour le dire vite. Quand, le 23 avril 1961, à minuit quarante-cinq, à la suite du putsch des généraux à Alger, Michel Debré lance à la télévision un appel à la population à se rendre sur les aéroports « à pied ou en voiture » pour barrer la route aux éventuels parachutistes, certains commentateurs sont goguenards.

Pierre Goldman, lui, y croit. Dans Souvenirs obscurs d’un juif polonais né en France (1975), il évoque « le frisson de plaisir » éprouvé au « signe d’un orage majeur et historique » : « J’ai informé mon père que j’allais répondre à l’appel du Parti et de la CGT, que la radio avait répercuté et diffusé. Il [...] me dit : « Ils vont se rendre, c’est du cinéma, [...] ». Et il s’endort. Mais je sens qu’il est heureux de ma décision. J’attendis les parachutistes toute la nuit, et des armes pour les combattre [...]. Ce fut une nuit d’attente impatiente et exaltée [...] ». Nulle honte à se revendiquer patriote, et à mobiliser ce patriotisme contre des généraux félons. Et si le patriotisme fait alors bon ménage avec tout ou presque, (la gauche, la famille, le tiers-monde, la désertion), c’est à une certaine idée de la Résistance qu’il le doit. La dénonciation de la guerre d’Algérie ne ferait ainsi que réactiver les valeurs (patriotisme, humanisme, lutte pour la dignité de l’homme) d’une Résistance idéelle. Si l’on fait intervenir la Résistance comme « répertoire » de valeurs et d’actions, plutôt que comme « mémoire », rien de surprenant à ce que le patriotisme soit l’une des clefs explicatives du refus de la guerre d’Algérie.

Florent Guénard

source laviedesidees

 

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Arthur Smet, photographe inconnu et œil de Bigeard

Doublure du photographe de Bigeard, il a tout fixé de la guerre d'Algérie : la propagande et les corps mutilés. Pour la première fois, Arthur Smet raconte en six diaporamas sonores comment les « évènements » ont fait de lui un photographe.

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Arthur Smet chez lui à Dax en février 2012 (Audrey Cerdan/Rue89)

Comme il a vécu l'Algérie, il a fait ses photos. 14 700 clichés inédits. En soldat, sans point de vue autre que celui de ses « frères » de commando. Ils menaient une « guerre juste », pour « défendre la France » et leurs « frères » musulmans de la France d'Algérie :

« Ils avaient tout pour être bien. Ils ne cherchaient même pas plus de liberté. Les enfants allaient à l'école, il n'y avait pas de discrimination. »

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Arthur Smet en Algérie en 1959 (Arthur Smet)

Arthur Smet, bientôt 80 ans, ne sait pas quels trésors il tient entre ses mains. Il vit près de Dax, avec des palombes et ses souvenirs, dans une maison qu'il a entièrement construite de ses mains.

Il est indifférent aux compliments sur la qualité de ses photos. Il connaît les noms de tous les hommes qu'il nous montre – surtout les Harkis – et pleure beaucoup quand il raconte.

Il faut entrer dans son histoire nu de tout ce que l'on pense de cette catastrophe coloniale. Homme simple, qui n'avait de sa vie ouvert un magazine lorsqu'il a commencé à mettre en images ses camarades, qui ne saurait citer un photographe célèbre, Arthur Smet n'a pas de sang sur les mains. Mais il a tout fixé. Les opérations, les corps mutilés des deux camps, les montagnes, les enfants, les enterrements, les bidasses, le général de Gaulle, le colonel, photos de propagande et photos de la guerre sale...

Il est devenu photographe parce qu'en 1959, un colonel – Bigeard – l'a remarqué avec son Typhon qui ne quittait pas sa poitrine. D'un clin d'œil, il lui a dit que désormais, il allait couvrir « le secteur » pour lui.

Smet est devenu la doublure du sergent-chef Marc Flament, « le » photographe du colonel Bigeard. Ancien de l'Indochine, Flament va diriger la propagande photographique des actions des paras du 3e RPC (régiment de parachutistes coloniaux). Ses clichés – ou crédités comme étant de lui – vont nourrir la légende d'une France qui officiellement n'est pas en guerre : la France défend la population autochtone contre des terroristes.

Dans ces années-là, on pouvait faire de la photo simplement parce qu'on avait un appareil et que les autres n'en avaient pas. Mais comment devenait-on photographe ? Par amour du colonel :

« Il nous aurait fait marcher sur l'eau. »

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Arthur Smet chez lui à Dax en février 2012, devant des photographies du colonel Bigeard (Audrey Cerdan/Rue89)

1953, Donau Schingen (RFA) : un Voigländer de la gamme Vito

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« J'étais l'aîné d'une famille de sept. Mon père était mineur, à Valenciennes, illettré comme ma mère. Chez mes parents, il y avait deux valeurs : le travail et le respect. D'abord pour ses outils de travail.

Quand j'ai annoncé que je restais dans l'armée, mon père à dit à ma mère : “Maria, fais sa valise, y a jamais eu de fainéants dans la famille.” Dans les corons, les voisins disaient : “Il va à l'armée, ils ont pas mérité ça.”

Le maître à penser dans les corons, c'était Maurice Thorez (leader communiste). On ne savait pas ce que c'était mais on était communiste, contre la guerre, c'était obligé. »

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Arthur Smet à Donaueschingen en 1954 (A. Smet)

« Moi en Allemagne, j'étais plus heureux que mes frères et sœurs. J'avais à manger au matin, midi et soir, je faisais du sport, je chantais dans l'orchestre.

Un jour, le colonel m'a envoyé chanter pour une réception au château du prince de Furstenberg. Quinze jours après, le prince m'a fait porter deux cadeaux, au choix : des patins à glace ou un appareil photo. Un Voigtländer. Je n'avais même pas d'argent pour les films, j'envoyais toute ma solde à la maison. Le vaguemestre m'a acheté mon premier film. Du 120. Douze vues 6x6. J'ai commencé à faire les photos des copains. »

Septembre 1955, embarquement pour Oran : premières photos fauchées

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Embarquement pour l'Algérie (A. Smet)

« J'avais mon certificat d'études, je connaissais “La Marseillaise” et le chant du départ. Là, sur ce gros bateau, chanter ça, ça faisait quelque chose dans le ventre que les jeunes d'aujourd'hui ne peuvent pas comprendre.

A Oran, on nous a mis dans un camion pour Alger. La grandeur de ce que je découvrais... Je dormais avec mon appareil. Je faisais développer mes films chez les photographes des villes où on nous envoyait. Je prenais les gens en turban [les Algériens, ndlr], tout le monde était très gentil.

Très vite on nous a envoyés en “opération”, le maintien de l'ordre. Là, mes photos étaient fauchées tout de suite par les gradés – enfin celles qui ne convenaient pas – quand elles rentraient de chez le photographe.

Et on me prévenait. Motus. Les hommes égorgés avec les testicules dans la bouche, les femmes pendues par les pieds. Nous, on ne pouvait pas comprendre pourquoi il y avait la guerre. »

Oued el-Hadjar/Sidi Bela Abbès, un Foca Sport : débuts dans la photo

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« Là-bas, il y avait un labo photo. Mais moi, je ne savais pas faire. Un rappelé, chef de gare dans le civil, m'a dit : “Je rentre à Paris, je te rapporte du matériel.” Il m'a appris. Un châssis en bois, la lampe rouge avec le bouton sur la douille. Cet homme-là m'a montré comment développer un film, on avait du vinaigre à la place du bain d'arrêt.

Le capitaine m'a dit : “Maintenant, vous êtes le photographe de la compagnie.” A partir de là, j'ai eu mon appareil sur le ventre, sans le cacher. Vis-à-vis des officiers, des sous-officiers, je n'étais plus un pousse-cailloux, tout le monde voulait mes photos, les attendait. »

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En opération en Algérie (A. Smet)

« Le capitaine, un jour, me dit : “Il faut vous acheter un agrandisseur, et passer au 24x36.” J'étais fiancé à la fille du boucher [pied-noir, ndlr] de Saïda, qui m'a envoyé chez son ami qui avait un magasin de photos. Il m'a donné unFoca Sport, 24 ou 36 poses, 35 mm.

Le capitaine m'avait acheté une boîte pour développer : “Là, c'est sous-ex[sous-exposé, ndlr], là c'est sur-ex [sur-exposé, ndlr]”. Ça a été mes débuts dans la photo.

A Bel Abbès, à la légion, on m'a installé mon labo dans les chiottes du théâtre, avec de l'eau courante, une pancarte “interdit de rentrer, ne pas déranger”. J'étais le roi du pétrole. »

Saïda, janvier 1959, 8e RIM (régiment d'infanterie de marine) : le hall d'information

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Arthur Smet et un autre soldat à Saïda, devant un panneau d'information (A. Smet)

« Il y avait un nouveau colonel, Bigeard. Ce colonel-là, c'était un tel “déraisonnement”, un jeune homme au milieu des vieux gros en képi. Il me fait signe avec son doigt, comme ça, venez : “Si j'avais mon photographe avec moi, mes photos je les aurais ce soir.” J'ai fait l'aller-retour en moins d'une heure.

Il disait au gars pas bien rasé : “Faudra se raser pour faire un beau mort.” Aux gradés avec des gros ventres qui tombaient : “Il est temps de se mettre au sport.”

Là, ça a commencé à changer, on avait un soldat comme chef, pas un militaire.

Il avait son photographe, le sergent-chef, Marc Flament qui se baladait avec son Rolleiflex, flash éclaton 2 étoiles. Il se présente, me dit : “Je suis Marc.” Voilà, c'était l'ambiance. Plus de sergent-chef à vos ordres, rompez. Je l'ai suivi dans son labo, une grande villa où chaque pièce était un laboratoire. Des glaceuses, des rotatives, des G3. On se parlait en photographes, sans distinction de grades. Je découvrais un monde.

Lui, Marc Flament, un grand photographe, il m'explique : “Moi, je fais mes bouquins (‘Aucune bête au monde’, ‘Piste sans fin’), toi tu feras le hall d'information du chef [le colonel Bigeard, ndlr]. Tu glaneras tout ce que tu pourras, et on l'exposera dans le hall, pour la population de Saïda. Voila un Rolleiflex. Tu as ton permis moto ? Bon, on va te donner une moto pour tes reportages.”

Un appareil-photo avec un objectif qui fermait à f/16 et ouvrait à f/2,8, une moto, plus d'autorisation à demander, je pouvais aller partout sans rendre compte, c'était pas croyable.

Je suis rentré au 8e RIM [son régiment d'origine, ndlr] pour expliquer ma situation. Vous voyez, les beaux bureaux, le grand drapeau, le portrait du général de Gaulle, tout le cinéma. “Qu'est-ce que vous voulez ? ”, comme à un chiffonnier. Et moi : “Le colonel Bigeard veut savoir tout ce qui se passe dans le secteur et que tous les habitants puissent le voir”. »

Le commando Georges

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Le colonel Bigeard présente une brochure (A. Smet)

« Je partais en moto, j'étais invité partout, les matches de foot, les communions, à la gendarmerie. “Bonjour mon ami.” Et tout le monde venait voir les photos au hall d'information.

L'autre travail, c'était d'aller photographier les gens que le colonel voulait voir de près. Et de lui montrer ce qui se passait sur le terrain. C'était des demandes “spéciales”. Ça pouvait être 200 km, l'aller-retour en moto dans la journée. Il regardait les clichés, un clin d'œil, ça voulait tout dire, ça vous transperçait. “C'est pas mauvais.”

Le commando Georges, et le commando Cobra, c'est Bigeard qui l'a inventé, qui lui a donné la fierté, l'esprit de famille et de soldats. J'ai appris qu'il était possible de s'aimer les uns les autres. Des appelés, des soldats, des Harkis, comme des frères. Le premier qui critiquait les musulmans, c'était huit jours d'arrêt, ou pire : “Tu fous le camp, tu n'as rien à foutre dans le commando.” »

Après Bigeard

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Cadavres de fellaghas étendus (A. Smet) Lire la suite

 

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Les traumatismes sont toujours présents

 

 

 

Alors que l’on va célébrer le 50e anniversaire de la fin de la guerre d’Algérie, certains anciens combattants souffrent toujours de traumatismes profonds. Cela n’est d’ailleurs pas le propre de ce conflit. Mais durant longtemps, ils ont été ignorés et l’on portait plus d’intérêt à la santé physique que mentale. Depuis, ces traumatismes portent un nom : le PTSD. C'est l'occasion de se pencher sur cesséquelles qui peuvent être graves. Nous reviendrons sur ce thème avec le témoignage de Jacques Inrep, ancien appelé devenu psychologue puis avec le psychiatre Boris Cyrulnik.

Un demi-siècle. Cela va faire un demi-siècle que l’Algérie a obtenu son indépendance à la force des armes. Et malgré les décennies écoulées, certaines plaies béantes n’ont jamais été pansées. Les traumatismes, vécus dans les deux camps, hantent encore les anciens soldats, qu’ils aient été combattants, bourreaux, ou même simples spectateurs de l’horreur et de la mort. Pourquoi, lors d'événements de ce genre, ces souvenirs violents sont-ils toujours là ? Il aura fallu des décennies, voire des siècles, de déni et d’ignorance avant que des observations scientifiques et des témoignages n’apportent enfin une réponse à cette question.

L’Homme s’est de tout temps engagé dans des guerres. Pourtant, le sort des survivants n’intéresse les psychiatres que depuis peu. Même durant la première guerre mondiale, les soldats pris de tremblements incontrôlés sont le plus souvent passés pour des simulateurs. Ces trembleurs de la guerre, comme on les appelle, ont parfois péri sous le feu des pelotons d’exécution. Délaissés par la psychiatrie, de la même façon, souvent, que les revenants de la Shoah à leur retour des camps de concentration. Personne (ou presque) pour écouter leur souffrance, pas même le milieu médical.

Bis repetita quinze ans plus tard. À leur retour, les soldats d’Algérie avaient besoin de s’exprimer. Raconter les événements les plus marquants. Mais la culture, et souvent la famille, leur ont ordonné de se taire. Alors ils ont obéi, rejetant dans un coin de leur tête ce qu’ils venaient de vivre. Le refoulement. Mais cela ne dure qu’un temps.

 

 

 

 

ATTENTION, CETTE VIDÉO CONTIENT DES SCÈNES SUSCEPTIBLES DE HEURTER LA SENSIBILITÉ DE CERTAINS INTERNAUTES. Elle montre ce qu'étaient les trembleurs de la guerre, ces soldats de la première guerre mondiale incapables de contrôler leurs mouvements. Traduction du texte : « Trembleurs de la guerre, Verdun, 1916. La guerre détruit les corps... mais aussi les esprits. Voilà les tremblements tels qu'ils ont été vécus. À la guerre, il n'y a pas de soldat qui rentre indemne. José Narosky ». © YouTube

 

 

 

L’Algérie : une guerre sans nom


Un beau jour, de préférence quand on s’y attend le moins, l’objet de l’angoisse resurgit telle une bombe. Peut-être même celle qui a tué son camarade de chambrée. À vouloir trop faire tomber la pression dans lecerveau, elle n’a cessé de croître et se manifeste par un violent retour du refoulé, comme le qualifient les psychologues. On s’y revoit. Ces cris de terreur, ces relents pestilentiels, cette vision fantomatique d’un être humain que l’on sait vivre ses dernières minutes… Le traumatisme, le vrai.


Les séquelles ne s’effacent pas d’un coup de baguette magique.Cauchemars, mutisme, comportements violents, alcoolisme, suicides, crimes, accidents étranges… La liste est encore longue. L’État français n’a jamais fourni de chiffres officiels. Il n’en dispose pas, tout simplement. Il faudra attendre les calculs, approximatifs, de spécialistes, dont ceux des deux psychanalystes, tous deux acteurs malgré eux du conflit, Jacques Inrep et Bernard Sigg, pour avoir les premières estimations : entre 250.000 et 300.000 traumatisés, parmi les quelques millions de militaires engagés. Fin 2000, un article de Florence Beaugé, journaliste au Monde évoque même le chiffre de 350.000. Combien de combattants et de civils algériens ont pâti psychologiquement de cette guerre ? Difficile d’avoir des données précises…

Il n’est probablement pas inutile de rappeler que ce conflit a, pendant près de quarante ans, été qualifié « d’événement » et « d’opération » plutôt que de « guerre ». Il faudra attendre le 18 octobre 1999 pour qu’une loi soit adoptée par le Parlement français et substitue ce dernier terme aux deux premiers.

Mais il y a peut-être encore plus grave. Dans un documentaire appelé, et pour cause, La guerre sans nom, sorti en 1992 et signé Patrick Rotman, on apprend même que certains de ces vétérans n’ont toujours pas quitté l’hôpital psychiatrique trente ans après que les explosions n’ont plus retenti.

 

 

Traumatisme, effroi : le PTSD les guette


Il faudra finalement attendre la guerre du Viet Nam avant que l’on s’intéresse au sort des soldats perturbés. C’est précisément cet affrontement qui marquera un tournant dans la prise en charge des traumatismes de guerre. Alors que l’Amérique en avait retiré ses soldats, ils mouraient encore :suicides, consommation de drogues et overdoses, accidents inexpliqués, etc. Les chiffres officiels dénombrent davantage de victimes après l’arrêt des combats que durant les échanges de feu. Rien de plus anormal. Cela alertera les thérapeutes américains qui définiront alors le PTSD : Post Traumatic Stress Disorder, que l’on peut traduire par « syndrome de stress post-traumatique ».

 

 

 

La fameuse « gégène », comme les militaires l'appelaient, était un instrument de torture utilisé par l'armée française. Il s'agit d'une dynamo manuelle qui générait un courant électrique qui circulait dans le corps de la victime. Pourtant, à l'origine, elle devait fournir de l'énergie aux téléphones.

 

La fameuse « gégène », comme les militaires l'appelaient, était un instrument de torture utilisé par l'armée française. Il s'agit d'une dynamo manuelle qui générait un courant électrique qui circulait dans le corps de la victime. Pourtant, à l'origine, elle devait fournir de l'énergie aux téléphones. © PRA, Wikipédia, cc by sa 30

 

 

 

Il s’agit d’un trouble de l’anxiété, consécutif à une expérience traumatisante. Il faut cependant s’accorder sur la définition du traumatisme psychique. Nous retiendrons l’acception qu’en a le psychiatre militaire François Lebigot dansTraiter les traumatismes psychiques, qui évoque la rencontre avec le réel de la mort, du néant. Lorsque l’impression d’immortalité s’échappe. Sigmund Freud remarquait dans ses Considérations actuelles sur la guerre et sur la mort (1915) que bien qu’aucun de nous n’ignore sa propre mortalité, nous refusons d’y croire vraiment et nous la nions. Jusqu’à ce que la mort nous effleure et qu’on la croise du regard à son passage…

Cet événement s’accompagne toujours d’un moment d’effroi. La pensée vide, le cerveau en pause : ni affect, ni représentation, même la peur ne se fait pas ressentir. Il faut le vivre soi-même pour le comprendre. Aucun récit, aucun documentaire, aussi horribles soient-ils, ne pourront le déclencher. Et le traumatisme qui s’ensuit est d’autant plus pernicieux que ce rendez-vous avec la mort était inattendu.

 

 

La fin n’a pas justifié les moyens

La guerre d’Algérie, comme tout conflit, a confronté ses acteurs (mais aussi certains de ses spectateurs malheureux) à ces situations effroyables. La surprise d’un attentat, la perte d’un ami, la vue de cadavres mutilés, la participation à la torture… Et puis, la fin. Lorsque les mitraillettes se sont tues, que les bombes n’explosaient plus, chacun est rentré paisiblement chez soi. Et d’un coup de stylo, celui qui ratifie les accords d’Évian, on pensait pouvoir faire table-rase du passé. Comme s’il n’en avait jamais rien été.

Ce stylo, il aurait également fallu en léguer un exemplaire à bon nombre de ces soldats qui, grâce à lui, auraient pu y déverser les pires souvenirs de leur récit. Mais les langues commencent petit à petit à se délier. Chez certains, pas chez tous. La parole est souvent libératrice, même si elle n’efface pas tout ce qui est passé. Elle permet d’exorciser ses peurs pour mieux les affronter. C’est ce que nous expliqueront Jacques Inrep et Boris Cyrulnik dans les articles à venir.

source futura-sciences

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17 février 2012 5 17 /02 /février /2012 07:15

Quand la «charité» devient vulgaire …

kabylie 


 

 

 

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Dans les villages haut perchés de Chellata (Béjaïa)

Blanche neige, noire misère

 

 

Le mur de neige qui borde la route dépasse les deux mètres de hauteur. Le danger est encore là. A tout moment, une avalanche peut se déclencher et enterrer véhicule et occupants.

 

La route ressemble à un lugubre et froid corridor bordé par des remparts de neige de deux mètres de hauteur. Le col de Chellata, sis à plus de 1500 m d’altitude, est encore très loin, perdu dans les cimes laiteuses et brumeuses du Djurdjura. Pourtant, les engins de déneigement ont toutes les peines du monde à avancer. Les quantités de neige dégagées sont tellement importantes qu’on ne sait plus où les mettre. Il faut dégager la route vers les bas côtés déjà surchargés. Le froid est mordant malgré le soleil radieux, et l’immensité blanche scintille à tel point qu’il est difficile d’ouvrir les yeux.


«Nous avons livré un combat quotidien contre la neige pendant quinze jours. Chaque jour, du matin jusqu’à 20h ou 22h h», dit Mahmoud Mimoun, l’un des employés de la mairie de Chellata, sur les hauteurs d’Akbou, qui nous a accompagnés dans cette sortie sur le terrain, vers des villages difficilement accessibles. Ath Hyani, Alma, Ath Mqeddem et Ath Anane.

 
Sisyphe au déneigement

 
Ce mercredi 15 février, dans la matinée, il neigeait encore. Tel Sisyphe et son rocher, les équipes de la mairie, chaque jour, recommençaient à zéro le pénible travail de déneigement de la veille. De mémoire d’homme, on ne se rappelle pas un pareil épisode neigeux depuis 1945.

Le premier village visité est celui d’Alma situé à de 1200 m d’altitude. La route est bien dégagée, mais pour un seul véhicule seulement et les croisements se font de façon difficile et aléatoire.
Ce village composé de jolies maisons noyées sous les frênes disparaît à moitié sous la neige. Un jeune habitant traîne un bidon d’eau puisé à la source. La corvée d’eau est de mise malgré les quantités de neige accumulées. Une association religieuse vient juste de quitter les lieux. Sur le devant du fourgon chargé de vivres, le nom de l’association, écrit sur une banderole sale, s’étale en lettres grasses, bien en évidence.


Depuis quelques jours, des associations d’ordre politique ou religieux sillonnent les routes des villages isolés pour livrer des dons. Pourtant, les villageois que nous avons rencontrés nous ont tous parlé des dons fait par des industriels philanthropes qui ont aidé généreusement, mais sans publicité tapageuse. Discrètement. Comme le veut la tradition séculaire de ces régions. Quand on donne, on ne le crie pas sur tous les toits.


La situation difficile vécue par les villages pris sous une neige tenace et persistante a suscité un immense élan de solidarité. Ceux qui possèdent des véhicules 4x4 ou des engins de travaux publics les ont mis à la disposition des populations pour évacuer les malades ou ouvrir des routes. Chacun, selon ses moyens et ses possibilités, a donné la main à son voisin.  Pour la commune de Chellata, le plus dur a été vécu par les villages de Ath Hyani, Ath Mqeddem et Ath Anane. Outre l’épaisseur très importante de la neige, les routes, qui mènent vers ces villages, sont des descentes vertigineuses où les engins glissent ou ont de la peine à remonter. Au-delà de la première semaine d’isolement, les équipes de l’APC ont mis un point d’honneur à joindre chaque jour les habitants isolés pour leur apporter des vivres et des provisions. «Parties le matin, nos équipes arrivaient vers 21h et ne rentraient qu’à minuit passé», raconte M. Maïbeche,  maire de la commune, que nous avons joint au téléphone.


Des  villages à moitié ensevelis


Pour accéder au village d’Ath Anane, il faut emprunter une route défoncée par les bulldozers qui ont procédé au déneigement. Le mur de neige qui borde la route dépasse les deux mètres de hauteur. Le danger est encore là. A tout moment, une avalanche peut se déclencher et enterrer véhicule et occupants. Le cimetière des chouhada, à l’entrée du village, a disparu complètement sous le manteau blanc. Seul l’emblème national et la tête d’une statue de moudjahid émergent des amas blancs. Yata Cherif, «né à peu près en 1953», manie la pelle pour dégager la route avec son ami Maâfa Karim, 35 ans, originaire des Ath Mqddem. Ils témoignent de ce que les villageois ont vécu. «Une vraie misère noire», dit Cherif. «Nous aurions pu ne pas survivre, car notre commune est pauvre et manque cruellement de moyens», ajoute son ami. Trois tractopelles de marque Case ont renoncé devant l’impossibilité d’ouvrir les routes. Il a fallu envoyer des bulldozers dans la région.


Au final, l’abnégation des responsables de la commune ainsi que le réveil de la solidarité ancestrale ont évité le pire. La succession des hivers doux a fait baisser la garde à beaucoup de montagnards qui ne prévoient plus autant de bois de chauffage et de provisions.

 
Dans tous les villages que nous avons visités, les routes ont été ouvertes mais demeurent difficilement praticables. Cependant, le gaz butane n’arrive toujours pas. Il faut dépêcher des camions qui doivent passer la nuit au dépôt d’Akbou pour ramener quelques bouteilles qui seront de toute façon insuffisantes. Les écoles sont fermées pour encore longtemps.


Elles sont encore ensevelies sous la neige. Les infiltrations d’eau, les glissements de terrain, les canalisations éclatées, les toits écroulés, c’est pour demain. Toutes ces régions isolées, durement touchées par une neige de 15 jours et plus, auront besoin d’un véritable plan Marshall pour soigner les plaies du dénuement et les cicatrices d’une nature aussi capricieuse qu’implacable.

 
Demain, lorsque toute cette neige aura fondu, il faudra remettre en l’état les maisons, les granges, les étables, les routes, les maisons et les écoles. C’est bien connu des montagnards : c’est lorsque la neige fond que toute la laideur qu’elle a cachée réapparaît. C’est maintenant que les villageois demandent à ne pas être oubliés. Quand la neige blanche aura fondu, ils retrouveront leur misère un peu plus noire.           

source elwatan

 

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11 février 2012 6 11 /02 /février /2012 03:31

 

En Kabily 

 

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Algérie/Bulletin spécial : De la neige jusqu’à 200 m d’altitude dans 18 wilayas

46 victimes et de nouvelles neiges attendues de vendredi à dimanche 12 février. La vague de froid qui touche l'Algérie depuis une semaine a fait deux nouveaux morts, a indiqué vendredi la protection civile à l'AFP. Le nombre de victimes, directement ou non liées au froid, est de 46 personnes. Au moins. Les nouvelles chutes de neige toucheront 18 wilayas.


 

Une femme âgée de 60 ans résidant à Berrahal dans la wilaya (Préfecture) d'Annaba (600 km à l'est d'Alger) est morte chez elle d'hypothermie jeudi après-midi. Un homme âgé d'une quarantaine d'années est mort le même jour intoxiqué par du monoxyde de carbone, a précisé la même source.


Le bilan donné jeudi par la radio nationale Chaîne 3, citant la Protection civile faisait état d'au moins 30 personnes qui ont péri dans des accidents de la route et 14 autres par asphyxie due à des émanations de gaz, depuis le début des intempéries. Le dernier bilan officiel s'établissait mercredi à 29 morts.

De nombreuses routes nationales et chemins de wilaya sont toujours coupés à la circulation routière dans 12 wilayas en raison d'importantes chutes de neige, selon un point de situation publié vendredi par le Commandement de la Gendarmerie nationale.

 

 

De la neige à 200m d'altitude


Des chutes de neige continueront d’affecter les reliefs du centre et de l’est du pays à partir de 600 m d’altitude, puis gagnant progressivement des altitudes plus basses (200 m), a annoncé vendredi 10 février l’office national de la météorologie (ONM) dans un bulletin spécial.

Les wilayas concernées par ces chutes de neige sont Ain Defla, Médéa, Boumerdes, Bouira, Tizi Ouzou, Bordj Bou Arreridj, Sétif, Bejaia, Jijel, Skikda, Constantine, Mila, Guelma, Batna, Souk Ahras, El Tarf, Oum El Bouaghi et Khenchela.

L’épaisseur des neiges prévue atteindra ou dépassera localement 40 cm durant la validité du bulletin en cours jusqu’au dimanche 12 février à 21 heures au moins, selon l’ONM.

Les chutes de neige affecteront également les wilayas de Tlemcen, Sidi Bel Abbès, Naâma, El Bayadh, Tiaret, Laghouat et Djelfa.

L’épaisseur des neiges prévue dans ces wilayas atteindra ou dépassera localement 20 cm durant la validité du bulletin qui court du samedi, 11 février, à 18 heures au dimanche, 12 février, à 21 heures au moins, a précisé encore l’ONM.


 

Etat des route coupées vendredi 10 février


Tizi Ouzou - les importantes chutes de neige ont bloqué la route nationale (RN) 15, reliant Tizi Ouzou à Bouira au col de Tirourda, commune d’Iferhounène, et dans la circonscription communale de Larbaa-Nath-Iraten.

La RN 30, reliant la RN 30 A à Bouira, au lieu dit Tizi Noukalal, commune d’Iboudrarène, a été également bloqué par la neige, selon la même source. Le chemin de wilaya (CW) 09 reliant Tizi Ouzou à Béjaia au col de Chellata, commune d’Illoula Oumalou, a été aussi coupé à la circulation.

L’amoncellement de neige a causé, dans la même wilaya, la fermeture du CW 253, reliant Ain El-Hammam à Béjaia au col de Chellata, commune d’Illoula-Oumalou, le CW 11, reliant les communes de Ouacif à Ouadhia, la RN 15, reliant Bouira à Tizi Ouzou, au col de Tirourda, commune d’Aghbalou, et la RN 33, reliant Bouira à Tizi Ouzou à hauteur de Tikedjda, commune d’El Asnam.

La RN 33 bis, reliant Haizer à Tikedjda, au village Ain Alouane, commune de Haizer, a été également bloquée par la neige.

Bouira - la RN 30, reliant Bouira à Tizi Ouzou, au lieu dit Tizi-Noukoulal, commune de Saharidj, ainsi que le CW 93, reliant les villes de Guerrouma à Lakhdaria, le CW 15, reliant Souk el Khemis à El Mokrani, entre les deux localités, le CW 23, reliant El-Mokrani à Médéa, au village Ouled el Arbi, ainsi que le CW 09, reliant Saharidj à Aghbalou, entre les deux communes, sont bloqués par la neige.

Blida- la RN 37, reliant Blida à Chréa, au point kilométrique (PK) 17, commune de Chréa, est coupée à la circulation en raison de l’amoncellement de neige.

Médéa -
 la RN 08, reliant la ville de Tablat à Blida, la RN 64, reliant la ville d’El-Omaria à Bougara (Blida) et les CW 64 08, reliant respectivement El-Omaria et Bougara (Blida) ET Tamesguida à Médéa.


Boumerdes - le CW 152, reliant Timezrit à Tizi Ouzou, dans la circonscription communale de Timezrit, et le CW 27, reliant Larbatache à Bouderbala (Bouira), ont été coupés à la circulation.

Tipaza - le CW 54, reliant le douar Tazerourt à Béni Meleuk est également bloqué.

Tiaret - la RN 23, reliant Tiaret à Relizane, dans la circonscription communale de Guertoufa, la RN 77, reliant Jijel à Sétif, dans la commune de Jimla, et la RN 77 A, reliant Sétif à Jijel, à hauteur de la commune de Minar Zarza, sont coupées à la circulation à cause d’inondation de la chaussée.

La RN 105, reliant Jimla à El Milia, sur une distance de 20 km, le CW 01, reliant la RN 77 à Minar-Zarza, à hauteur de la mechta Fedoul, commune de Minar-Zarza, sur une distance de 15 km, sont bloqués par la neige.

Mila - le CW 134, reliant Oued Othmania à Constantine, sur une distance de 12 km, le CW 06, reliant la RN 79 à la RN 77 A sur une distance de 25 km, sont coupés à la circulation en raison d’amoncellement de neige. Dans la même wilaya, les chutes de neige ont également bloqué le CW 135 A, reliant Terra-Bainem à Boucif-Ouled-Askeur (Jjiel), et le CW 03 reliant Teleghma à Chelghoum Laid, au lieu dit Djebel Ali sur une distance de 18 km.

Jijel - la RN 105, reliant la ville de Jimla à El-Milia sur une distance de 20 km est également coupée à la circulation.

C’est aussi le cas pour le CW 137 A, reliant Selma Ben Ziada à Texena sur une distance de 05 km, le CW 137 B, reliant la ville Ziama Mansouriah à Iraguen Souissi, sur une distance de 10 km, le CW 135 A, reliant la ville Bordj T’har, et 41, reliant Sidi Marouf à Ouled Rabah, sur une distance de 07 km.

Béjaia - la RN 75, reliant Sétif à Béjaia, entre les communes de Barbacha et Kendira, sur une distance de 18 km, la RN 12 reliant Béjaia à Tizi Ouzou, sur une distance de 33 km, et la RN 26 A reliant Akbou à Tizi Ouzou, sur une distance de 08 km, le CW 01, reliant Tibane à Akfadou, sur une distance de 08 km, ainsi que le CW 159, reliant les villages Alma et Ighil Oumssid, commune de Chellata, le CW 158, reliant Barbacha à Amizour sur une distance de 06 km, sont coupés au trafic routier par la neige.

Le CW 06, reliant Ait Smail à Ait-Tizi (Sétif), sur une distance de 09 km, le CW 23, reliant Akbou à Elmayen ( Bordj Bou Arréridj) sur 20 km, le CW 35, reliant Amalou à Béni Mouhil (Sétif), sur une distance de 30 km, le CW 137, reliant Sidi Aich à Chemini, sur une distance de 10 km, le CW 23 A, reliant Tichy à Boukhelifa, sur une distance de 06 Km, sont coupés à la circulation.

La même situation est constatée au niveau du CW 15 A, reliant Tizi Nberber à Bouandas (Sétif), sur une distance de 20 km, et le CW 07, reliant Béni Mlikeche à Tazmalt, sur une distance de 13 km.

Bordj Bou Arréridj-
 les RN 76, reliant Bordj Zemmoura à Guenzet (Sétif), au lieu dit El Madafaa, la RN 75, reliant Béjaia à hauteur de la commune Ait Naoual-Mzada, sur une distance de 04 km, ainsi que la RN 75, reliant Béjaia et Sétif, à hauteur de la commune de Tala Ifacène, sur une distance de 07 km.

Sétif - les RN 76, reliant Sétif et Bordj Bou ArRéridj, à hauteur du douar de Dar El Hadj, commune de Harbi, sur 05 Km, 76, reliant Sétif et Bordj Bou Arréridj, au lieu dit Djebel Tansaout, commune de Guenzet, sur une distance de 05 km sont coupées à la circulation.

Dans la même wilaya, la RN 103, reliant Sétif et Bordj Bou Arréridj, à hauteur du village d’El Hamamcha, commune de Bougaâ, sur une distance de 07 km, le CW 32 A, reliant Tala Ifacène (Sétif ) à Kherrata ( Béjaia), sur une distance de 07 km, le CW 117, reliant la RN 77 à la RN 77 A, par la commune de Djemila, le CW 117, reliant Sétif à Béni Fouda, sur une distance de 06 km, le CW 45 reliant Bouandas à Bousselel, sur une distance de 21 km, ainsi que le CW 06, reliant Bouandas à Ait Tizi sur, une distance de 02 km sont coupés à la circulation en raison de l’amoncellement de la neige.

 source  Bulletin spécia

 

 

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 Neige : Les questions que l’on se pose toujours une semaine après

 Il a fallu attendre 48 heures pour que le plan Orsec soit lancé.

 

 

Il a fallu attendre 48 heures pour que le plan Orsec soit lancé.

 

Toute la semaine, la colère est montée du fond des wilayas. Les habitants des communes isolées cherchent du butane pour se chauffer, de quoi manger et même de quoi boire. Ils redoutent les nouvelles intempéries annoncées et les mêmes questions reviennent…


-Pourquoi Sonelgaz est-elle prise au dépourvu été comme hiver ?

«Le délestage est une opération volontaire qu’effectue l’entreprise pour maintenir un équilibre entre l’offre et la demande en période de très forte consommation électrique, explique Manel Aït Mekidèche, directrice des relations avec les médias. Alors que la situation actuelle échappe totalement au contrôle de l’entreprise. Sonelgaz (qui a annoncé hier un pic historique de consommation, ndlr), doit faire face à une situation exceptionnelle à laquelle elle n’est pas préparée (plus de 900 000 foyers sans électricité). Ajoutez à cela l’absence de moyens spécifiques pour les zones aux reliefs inaccessibles – quand les accès aux hameaux enclavés sont bloqués par la neige.» Sonelgaz assure faire tout ce qui est en son pouvoir pour rétablir le courant aux 13 000 foyers qui en sont encore privés. «Nous avons mobilisé toutes les équipes du groupe, même celles des sociétés sous-traitantes, déclare-t-elle. Mais les techniciens de l’entreprise doivent faire face au relief et à l’épaisseur de la neige, qui empêchent les véhicules d’accéder aux hameaux éloignés et obligent nos agents à avancer à pied.» Ce n’est pas tout : Sonelgaz attend d’autres records de consommation pour les jours à venir.

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-Pourquoi personne n’est d’accord sur le nombre de morts ?

C’est un mystère car même si le recensement des victimes diffère, le nombre de morts dépasse largement l’«étrange» bilan officiel. Hier à 17h11, le ministère de l’Intérieur insistait : «Le nombre de personnes décédées, deux, demeure inchangé.» L’AFP avance le chiffre de 44 personnes décédées en une semaine. La Chaîne III, quant à elle, comptabilise au moins 30 personnes décédées dans des accidents de la route et 14 par asphyxie due à des émanations de gaz, depuis le début des intempéries. A Aït Tizi (Sétif), un adolescent de 14 ans est mort d’hypothermie. «Son village n’était plus alimenté en butane. Il est tombé dans le coma, relève Kamel Beniaiche, notre correspondant à Sétif. Il a été transporté à pied jusqu’au service des urgences d’Aokas où il est décédé.» Les services de la Protection civile de la wilaya de Annaba sont intervenus, avant-hier vers 19h, pour constater le décès de deux personnes. Habitant seule à la cité Guirèche dans la commune de Berrahal, la première victime est une femme de 60 ans ; elle est décédée, selon le médecin de l’hôpital de Berrahal, d’hypothermie. A défaut de moyen de chauffage, la seconde victime, un homme de 40 ans, a trouvé la mort, quelques heures après, dans un dépôt de transformation de bois à la zone industrielle Pont Bouchet (Annaba). Originaire de la cité déshéritée de Sidi Salem, le défunt a été intoxiqué par le monoxyde de carbone d’un poêlon de charbon. A Hammadi Krouma (10 km au sud de Skikda), un jeune de 20 ans a été emporté par les eaux alors qu’il tentait de traverser un chaâba (torrent). Son corps n’a toujours pas été retrouvé.

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-A quoi sert un bulletin météo spécial (BMS) ?

Le BMS, seul, ne sert à rien. Il doit être suivi d’une organisation spécifique. Le service des prévisions météorologiques publie un bulletin météo spécial destiné aux pouvoirs publics (ministère de l’Intérieur, Gendarmerie nationale, Protection civile) pour signaler que d’importantes perturbations climatiques, sur les plans pluviométrique, des températures, du vent et de la neige dans une région donnée, sont attendues. Après la catastrophe de Bab El Oued, il était prévu que des études de terrain et des travaux de coordination avec les destinataires de ces bulletins soient menées pour permettre une meilleure connaissance, entre autres, des seuils de pluie à partir desquels les terres risquent d’être inondables. Ce travail n’a toujours pas été effectué.

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-Pourquoi tout le monde cherche du gaz butane ?

Essentiellement parce que les camions de Naftal ne peuvent plus approvisionner les stations-service à cause des routes enneigées. L’entreprise doit aussi faire face à une très forte demande qu’elle n’a pas su anticipée. Au marché noir, la bouteille de gaz butane est cédée à 1500 DA, alors qu’elle ne coûte que 250 DA. A Boumerdès, la bonbonne a même flambé jusqu’à 2000 DA.  Devant l’ampleur de la catastrophe, certaines APC, comme celle de Larbaâ Nath Irathen, propose aux citoyens de s’organiser et d’aller eux-mêmes chercher leur gaz, en mettant à leur disposition un camion de la commune. Les gendarmes sont obligés d’escorter les camions pour sécuriser la distribution. A Sétif, plus de 2000 bouteilles ont pu ainsi être distribuées dans les zones enclavées.

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-Pourquoi le plan Orsec n’a-t-il pas été déclenché ?

La diffusion d’un BMS génère automatiquement une cellule de crise. En fonction de la gravité des perturbations, un plan Orsec (Organisation de la réponse de sécurité civile) est lancé. Ce qui a été le cas dans les 15 wilayas touchées : il a été mis en place dès samedi dans la majorité des wilayas, à l’exception de celle de Tizi Ouzou, qui a attendu 48 heures avant de juger utile de déclencher l’alerte. «Les autorités n’ont pas pris au sérieux les BMS et ont été surprises par l’ampleur du phénomène», relèvent nos correspondants à Sétif, Chlef, Skikda… Le problème, c’est que le plan Orsec ne bénéficie pas de moyens supplémentaires, comme cela devrait être le cas. «Il n’y a eu aucune stratégie de gestion surtout pour les zones montagneuses et les douars, les zones les plus touchées», précise-t-on aussi à Chlef.
A Skikda, même la mort d’une personne (suite à une chute dans un oued) n’y a rien fait. Hsen, habitant la localité de Aïn Makhlouf, à 45 km de Souk Ahras, affirme que «les autorités n’ont rien fait pour remédier à cette situation. Sous d’autres cieux, il aurait été largement possible de saler les routes. Comment expliquer que, pendant 4 jours, il nous était impossible de nous rendre ni à Constantine ni à Guelma ?»

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-Comment fonctionne la cellule de crise d’une wilaya ?

Une cellule de crise est toujours composée des mêmes acteurs : des représentants de la wilaya, de la Protection civile, de la police, de la gendarmerie, de l’hydraulique, des travaux publics, de l’énergie et des mines, de la santé et parfois du commerce. Si elle a, dans la plupart des wilayas, été mise en place dès samedi 4 février, elle ne répond pas toujours. Exemple à Boumerdès où sa ligne téléphonique est la plupart du temps saturée. Ou à Tizi Ouzou. «Depuis le début de cette tempête de neige exceptionnelle qui a isolé de nombreuses communes, nous avons beau essayer de joindre cette cellule de crise, en vain, rapporte notre bureau sur place. Au moment où des étudiants étaient rassemblés devant la wilaya pour demander des aides pour leurs familles bloquées dans la montagne, nous avons reçu, à 10h, un appel de la cellule de communication nous invitant à un point de presse avec le chef de cabinet du wali, à 11h. Mais, finalement, cette rencontre avec les journalistes a été annulée…»   

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-Pourquoi les prix flambent ?

C’est le résultat de l’absence de régulation des prix. Azzedine Chenafa, président de l’Association des consommateurs de Sétif, explique : «Cette flambée des prix est récurrente, à chaque perturbation de conditions climatiques ou à l’occasion des fêtes religieuses. Elle est la conséquence de l’absence de contrôle du marché, dépourvu d’un réseau de distribution développé. L’absence de culture de la consommation chez nos concitoyens est l’autre cause de l’envolée qui n’a pas épargné les produits subventionnés. Devant jouer le rôle de régulateur, l’Etat a laissé le champ libre au privé, qui impose sa loi. L’absence de certains opérateurs publics qui ont constitué des stocks de pomme de terre et de viande blanche intrigue. Pour mettre un terme à cette frénésie des prix et au dérèglement du marché, il faudrait institutionnaliser un secrétariat d’Etat du consommateur, un intermédiaire entre le consommateur, éternel dindon de la farce, et les différents intervenants.»
En attendant, nos correspondants s’accordent à dire que les prix ont été multipliés par deux. Le kilo de pomme de terre dépasse souvent les 90 DA. A Aïn Defla, le kilo de petits pois est passé de 70 à 140 DA. «Il faut désormais dépenser trois fois plus pour acheter des chaussures de neige !», assure Mohammed Benzergua à Blida.

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-L’œuf et le poulet plus chers

Les gestionnaires des ressources hydriques des hautes plaines sétifiennes se frottent les mains. Tout comme certains agriculteurs. Alors que les aviculteurs craignent le pire pour leur cheptel et leur trésorerie. D’autant plus que les intempéries, qui bloquent une bonne partie du réseau routier de la wilaya de Sétif, privent un important contingent des 400 aviculteurs de la première wilaya du pays productrice de poulet de chair et deuxième en matière de poules pondeuses, d’aliments et de gaz butane nécessaires aux éleveurs. «La filière avicole subira de plein fouet les effets de ces exécrables conditions climatiques. Nous éprouvons les pires difficultés pour écouler les poussins de chair dont la durée de vie n’excède pas les 24 heures. D’importantes quantités de poussins seront décimées. Les pertes se chiffrent par centaines de millions de dinars. De nombreux éleveurs auront du mal à se relever. Le manque d’aliment est à l’origine de la chute de production des poules pondeuses, d’où la tension sur les œufs, cédés au pris de gros à 320 DA le plateau de 30.  La pénurie de gaz butane pénalise les éleveurs du poulet de chair, sujets à de grandes pertes. Cette situation se répercute déjà sur le prix du poulet, vendu entre 350 et 400 DA le kilo. La filière est sinistrée, l’Etat doit venir à son secours», souligne un aviculteur, qui ajoute que la wilaya de Sétif produit annuellement plus de 20 millions d’œufs et 16 millions de poussins de chair…                             

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-Les jeunes se mobilisent pour les SDF

Des jeunes étudiants lancent une opération de collecte de vêtements, de couvertures et de nourriture au profit des nécessiteux, particulièrement les SDF d’Alger. Les dons collectés seront distribués jeudi 16 février. Vous avez à votre disposition des numéros de téléphone de bénévoles à contacter selon votre proximité géographique.
Pour tout renseignement contactez :
Idriss : 0550 30 80 49       
Larbi : 0551 03 14 71     
Et pour vos dons :   
Alger-Centre et ses environs : 0550 30 80 49      
El Biar et ses environs : 0550 58 61 18       
Hydra, le Golf, Poirson : 0663 50 98 47      
Ben Aknoun, Dely Ibrrahim : 0551 03 14 71       
Chéraga et ses environs : 0550 58 61 18 /
 0557 95 67 33       
Draria et ses environs : 0797 54 36 31      
Bab Ezzouar et ses environs : 0550 66 97 53/ 0557 31 08 51      
Kouba et ses environs : 0552 00 33 91/0557 33 24 55
Ouled Fayet et ses environs : 0550 93 47 18       
Aïn Taya et ses environs : 0560 25 62 81      
Bab El Oued, Staouéli, Aïn Benian : 0550 30 80 49      
Reghaïa et ses environs : 0554 59 40 61      
Dar El Beïda et ses environs : 0771 78 48 77      

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-Et des repas chauds au Croissant-Rouge algérien

Le Croissant-Rouge algérien maintient son opération au profit des SDF organisée chaque hiver à l’échelle nationale, selon Lahcen Bouchekroun, secrétaire général du CRA. Les portes des différents centres sont ouvertes pour offrir des repas chauds. Le même responsable appelle les commerçants à faire preuve de solidarité en faisant des dons alimentaires.

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-Mourir de froid, est-ce que ça peut arriver à n’importe qui ?

Oui. «Notre organisme se protège du froid grâce à des centres régulateurs de la température, explique Sara Deghima, médecin résidente en endocrino-diabétologie au CHU Mustapha Pacha d’Alger. Par exemple, les frissons permettent de produire de la chaleur. Car le corps doit maintenir sa température à 37°.» Mais si l’organisme est trop longtemps exposé au froid, on peut tomber en hypothermie (en dessous de 35°). «A partir de 32°, on parle d’hypothermie grave. A 30°, elle devient sévère et risque de mener à la mort. Surtout si le patient n’est pas pris en charge à temps. Après des troubles de la conscience, on tombe dans un coma profond, le rythme cardiaque ralentit et s’ensuit un arrêt respiratoire.» Voir les conseils pour se protéger de l’hypothermie dans l’encadré ci-contre.

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-5 conseils contre l’hypothermie

*Portez des vêtements isolants, en laine, ou des coupe-vent, des imperméables.
wMangez souvent, de préférence des aliments à haute teneur énergétique (dattes, pruneaux, lentilles, raisins secs…), ils vous procurent de la chaleur qui remplace l’énergie que vous perdez lorsque vous êtes en mouvement.
*Privilégiez les boissons chaudes et les soupes.
*Isolez-vous de la neige : ne vous asseyez jamais dans la neige.
*Si vous vous trouvez face à quelqu’un souffrant d’hypothermie, isolez-le du froid en le plaçant doucement dans une couverture, mais n’appliquez surtout pas de source de chaleur directe comme de l’eau chaude. Evitez de masser ou de frotter la personne car elle risque un arrêt cardiaque.

source elwatan

 

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9 février 2012 4 09 /02 /février /2012 06:41

Pénurie de pain, de légumes, de semoule, de gaz… Les populations excédées



«La situation n’a pas évolué, au contraire, elle empire de plus en plus au point de susciter la colère des citoyens qui ne voient rien venir des pouvoirs publics. Les moyens de l’APC ne peuvent rien faire devant l’ampleur de cette tempête de neige», nous a expliqué, hier, le président de l’APC d’Aït Zikki, une commune perchée à plus 1400 mètres d’altitude, à environ 70 kilomètres au sud-est de Tizi Ouzou, où les habitants ont procédé hier à la fermeture du siège de l’APC.
Après six jours d’isolement et sans aucune aide des pouvoirs publics, les villageois ont décidé d’entreprendre des actions de protestation pour manifester leur désarroi dans la wilaya de Tizi Ouzou.

Ils réclament des moyens de déneigement pour l’ouverture des accès à leurs villages. Ils n’ont reçu jusqu’à présent ni renfort matériel ni moyens promis par l’administration. «La direction des travaux publics nous a envoyé deux chargeurs et une niveleuse, mais ils ne sont pas efficaces. Les secours n’arrivent pas et la population reste toujours pénalisée, sans moyens de déneigement, sans denrées alimentaires ni gaz butane», a ajouté M. Amara, qui réitère son appel aux pouvoirs publics à intervenir pour venir en aide aux citoyens de sa commune qui lancent, chaque jour, des cris de détresse mais sans aucune suite. Les responsables de l’administration se contentent, s’insurge-t-on, de «de voiler la réalité du terrain à travers leurs interventions dans les medias». Les villageois d’Aït Zikki n’ont pas encore reçu l’aide promise par les pouvoirs publics.


Désarroi


Ils ont rencontré, hier après-midi, après avoir marché à pied sur dix kilomètres, le chef de daïra de Bouzguène et le président de l’APC. Des citoyens d’autres localités de la wilaya de Tizi Ouzou sont toujours dans le désarroi au point de sortir dans la rue pour se faire entendre. C’est le cas des habitants des villages de Aït Khercha et Ihidoussene, dans la commune de Tadmait (20 km à l’est de Tizi Ouzou), qui ont fermé, hier, la RN12 reliant Tizi Ouzou à Alger. Dans d’autres communes, notamment en Haute-Kabylie, les citoyens sont toujours abandonnés à leur sort et ne savent plus à quel saint se vouer. Leurs cris d’alarme sont restés vains. «On est dans l’isolement et personne n’a pensé à nous, à l’exception de notre président d’APC qui est avec les citoyens en ces moments difficiles.

Il a mis les moyens de l’APC qui sont malheureusement insuffisants pour faire face à cette exceptionnelle tempête de neige qui a enclavé la région. Au lieu de déclencher un plan d’urgence national pour désenclaver les localités sinistrées par ces fortes intempéries, le Conseil des ministres a décidé de l’augmentation du nombre de sièges à l’APN alors que dans ces circonstances difficiles, les députés sont absents sur le terrain», clame avec beaucoup de colère un citoyen d’Iferhounène, qui nous a affirmé aussi que la vie est dure dans cette commune située à 60 km au sud-est de Tizi Ouzou. «Ici, il n’y a ni ravitaillement, ni gaz butane, ni pain.

D’ailleurs, un épicier de notre village a dû rationner la semoule à dix kilos par foyer, afin de permettre à toutes les familles de s’approvisionner. L’eau du robinet est gelée. C’est une situation apocalyptique», nous a-t-il ajouté.  A Illiltene, toujours au pied du Djurdjura, les villageois sont dans la détresse. Ils sont livrés à eux-mêmes en l’absence d’équipements de déneigement, ceux de l’APC  n’arrivant plus à déblayer les routes où la neige a atteint plus de 2 mètres d’épaisseur. «L’alerte est au rouge. L’évacuation des malades, même avec des véhicules tout-terrain, est presque impossible.

On a dû transférer vers l’hôpital une femme qui devait accoucher à l’aide d’un engin de déneigement. C’est intenable», fulmine Rachid, un jeune d’Illiltene. Dans la commune voisine d’Imsouhal, les citoyens vivent le calvaire. Ils ont d’ailleurs observé, hier, un sit-in devant la mairie pour dénoncer l’indifférence des pouvoir publics.

source elwatan
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Hypothermie, asphyxie, accidents de la circulation et avalanches

Intempéries : déjà 80 morts !

 

 

Le bulletin météo spécial, dont l’expiration était prévue pour aujourd’hui à 12h, est finalement prolongé jusqu’à vendredi. Et pour cause, la vague de froid persiste pour toucher toutes les villes et villages, y compris les bourgades situées dans les zones frontalières dont les populations nomades ont dû fuir leur campement pour se rapprocher des agglomérations, à la recherche de la nourriture.

 
Quatre-vingts morts, c’est le bilan d’une semaine d’intempéries qui ont touché de plein fouet l’Algérie et du froid polaire qui sévit, y compris dans le Grand-Sud. Avec une moyenne quotidienne de 45 accidents de la circulation, 5 morts et 30 blessés, les services de sécurité ont enregistré, ces trois derniers jours, 17 morts et plus de 80 blessés.

 
Ce sinistre bilan s’ajoute aux 23 décès des suites d’inhalation du monoxyde de carbone. Ce qui porte le nombre à 40 personnes décédées en 72 heures.

 
En ce sens, la protection civile a recensé, en 7 jours, 10 décès par asphyxie et 31 cas de personnes incommodées, sauvées in extremis. Cela va sans dire que plus de 300 personnes, dont 271 SDF (sans domicile fixe), ont également été sauvées par les unités d’intervention et les sapeurs-pompiers qui accomplissent un travail d’Hercule et dans des conditions catastrophiques. Un chiffre qui donne froid dans le dos quand on sait les conditions dans lesquelles ces rescapés, dont des enfants et des femmes, ont été délivrés.
Tous les centres du Croissant-rouge algérien ont été ainsi mobilisés pour accueillir ces familles touchées par l’hypothermie. En Kabylie, ce sont trois autres personnes qui ont été ensevelies sous les amoncellements de neige alors qu’un jeune a fait une chute mortelle dans la région d’Aïn Defla.

 
Ce drame a poussé des milliers de famille à abandonner leur région pour fuir le froid glacial et l’isolement qui persiste, avec en toile de fond le manque de nourriture, de carburant, de gaz et les coupures d’électricité qui perdurent. Selon notre source, plus de 30 000 interventions ont été enregistrées ces trois derniers jours, notamment en Kabylie où 1 500 villages sont toujours isolés par la neige et le verglas.
L’intervention des troupes de l’Armée nationale populaire (ANP) a été salutaire à bien des égards, ajoutée aux URS (unités républicaines de sécurité) déployées par la DGSN (plus de 60 000 hommes) et aux groupements d’intervention et de réserve (GIR) de la Gendarmerie nationale (plus de 80 000 hommes) et de la Protection civile (plus de 40 000 hommes). 

 

15 000 nomades désertent leur campement 

 
Dans les wilayas d’El-Bayadh, Naâma, notamment la localité enclavée d’El-Aâricha (une zone frontalière au Maroc), Djelfa et Laghouat, environ 5 000 familles de nomades (soit 15 000 personnes, dont des femmes et des enfants) ont fui le froid glacial.

 
Dans ces régions arides de l’Algérie profonde, les températures ont sensiblement chuté pour atteindre les -10 et -12 C° ! Certains éleveurs nomades ont carrément abandonné leurs cheptels, leurs uniques ressources de vie, avant de les récupérer avec l’aide des services de sécurité.

 
L’instinct de vie oblige, ces populations ont déserté leurs tentes. Et si certaines familles ont pu sauver ce qui restait de leur bétail, d’autres, en revanche, ont préféré s’amasser auprès des villes. Selon notre source, les groupements des gardes-frontières (GGF) ont également contribué pour sécuriser ces populations et leur apporter aide et assistance. Cette situation n’est pas propre au sud-ouest du pays.

 
Notre source révèle que le froid qui frappe la zone frontalière algéro-tunisienne a également contraint certaines populations habitant dans les petites bourgades à se rabattre sur les villes, notamment à Guelma, Tébessa, Souk-Ahras et el-Tarf. Le drame du froid polaire touche aussi les zones arides de Béchar, de Tamanrasset, d’Illizi, d’Adrar et de Tindouf où le mercure a vertigineusement chuté ces trois derniers jours. À El-Oued, la neige a fait son apparition, à la surprise de ces populations, autrefois habituées au froid hivernal et aux averses orageuses. L’exode a également touché certaines régions du centre avec l’effondrement de maisons, notamment à Alger, avec l’effondrement partiel des murs d’une habitation précaire et l’effondrement partiel du faux plafond d’une classe, au lycée Mohamed-Anaoui. Hier, au moins 300 têtes de cheptel ont succombé au froid et à la faim dans la région de Médéa où un éleveur était contraint de fermer son étable, alors qu’un autre citoyen est décédé dans la wilaya de Khenchela des suites de l’hypothermie et de l’isolement. 

 

L’armée face aux 273 routes coupées à la circulation

 
L’état des routes est catastrophique, selon un bilan exhaustif rendu public hier par les services de sécurité et la protection civile. Déployées dans plusieurs régions du pays, les troupes de l’Armée nationale populaire (ANP) sont mises à contribution pour atteindre les zones jusque-là inaccessibles.
Avec 273 routes coupées, 800 communes coupées du monde, dont 60 en Kabylie, et 30 wilayas sinistrées (Tizi Ouzou, Béjaïa, Constantine, Khenchela, Batna, Boumerdès, Bouira, Tiaret, El-Bayadh, Laghouat, Blida, Tipasa, Bordj Bou-Arréridj, Tiaret, Chlef, Aïn Defla…), l’armée a déployé de gros engins pour venir en aide aux populations en souffrance depuis déjà une semaine.

 
Selon un communiqué du ministère de la Défense nationale (MDN), les troupes de la Ire Région militaire sont déjà en œuvre dans les wilayas de Blida, Tizi Ouzou, Boumerdès, Médéa et Aïn Defla. Dans ces régions, pas moins de 11 routes principales ont été rouvertes à la circulation.

 
Mais pas seulement, puisque les militaires ont réussi à désenclaver 80 familles entre Larbaâ et les Deux Bassins (Blida) et sauvé une famille entière à Amalou (Tizi Ouzou). À Aïn Defla, les unités de l’ANP sont venues au secours d’un centre de prise en charge des enfants alors que des dizaines de citoyens, menacés par l’isolement, ont été pris en charge dans les casernes.


Aussi, des familles sinistrées dans la wilaya de Boumerdès ont été sauvées par les militaires qui sont intervenus d’urgence à Timezrit. “Les unités de l’ANP resteront mobilisées jusqu’à la fin de leur mission et qui consiste à désenclaver les populations en détresse”, indique-t-on. Du côté du ministère de la Solidarité, on indique que des caravanes sont déjà à pied d’œuvre pour venir en aide aux SDF, notamment en couvertures et en nourriture alors que toutes les unités du Samu ont été mobilisées pour sillonner les wilayas sinistrées afin d’apporter l’aide sanitaire et psychologique aux sinistrés. Cette action sociale est orientée vers les régions enclavées où les cellules de crise sont installées pour coordonner les interventions rapides, avec la mise à contribution du mouvement associatif. 



Appels à la vigilance


Le bulletin météo spécial (BMS), dont l’expiration était prévue pour aujourd’hui à 12h, est finalement prolongé jusqu’à la journée de vendredi. Raison pour laquelle les appels ont été lancés, hier, aux populations en souffrance afin de faire preuve de vigilance. Et pour cause, la vague de froid persiste pour toucher toutes les villes et villages, y compris les bourgades situées sur les zones frontalières. En plus des cellules de crise installées au niveau des wilayas et des daïras, les citoyens sont appelés également à éviter les déplacements inutiles dans les régions dangereuses et sur les axes routiers à risque.

par Farid Belgacem

source liberte-algerie

 

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Le climat ne s’améliore pas, les chutes de neige continuent

 


Selon l’Office national de la météorologie, des chutes de neige et des pluies importantes persisteront jusqu’à demain dans la plupart des régions du Nord.

Le froid et la neige bloqueront encore plusieurs villes, villages et routes nationales ou régionales aujourd’hui et demain. Le bulletin de l’Office national de la météorologie ne prévoit pas d’amélioration et annonce la reprise de la perturbation qui touchera de nouveau la majorité des régions du nord avec des pluies importantes, de la grêle ainsi que des chutes de neige. Cette dernière concernera une nouvelle fois la plupart des régions du nord du pays avec des pluies importantes, de la grêle et des chutes de neige, notamment dans les régions du Centre et de l’Est.

Les chutes de neige reprendront à partir de 300 mètres au Centre et à l’Est notamment en début de matinée, et à partir de 600 mètres à l’ouest du pays. Des chutes qui feront naturellement installer le froid dans la durée. Sale temps pour plusieurs régions qui sont toujours isolées et coupées du monde depuis des jours déjà. Alors que la situation s’est normalisée à travers plusieurs wilayas, d’autres régions continuent de subir le diktat de la nature ainsi que la négligence et l’inefficacité des autorités locales. Le mauvais temps a donné lieu hier à plusieurs mouvements de protestation. Menés par le froid et le blocage ainsi que les mauvaises conditions de vie, les habitants ont crié leur ras-le-bol dans plusieurs localités. Les citoyens d’Ait Ziki, à Tizi Ouzou, ont fermé hier le siège de l’APC.

A travers leur action, les protestataires qui n’ont reçu aucun renfort matériel, réclament «des moyens de déneigement pour l’ouverture des routes de leurs villages». Sans électricité ni gaz, des centaines d’habitants de plusieurs villages de la wilaya de Tizi Ouzou, Ihidoussen, Aït Sâada, Aït Kharcha, ont procédé hier à la fermeture de la RN 12 reliant Tizi Ouzou à Alger au niveau de Tadmaït, en signe de contestation contre la situation difficile qu’ils subissent depuis le début de la tempête de neige. À Boumerdès, la chute de plusieurs arbres d’eucalyptus a causé l’effondrement d’une trentaine d’habitations précaires, sises à Isser-ville. Idem pour la wilaya de Béjaïa où plusieurs villages attendent toujours les bonbonnes de gaz et le rétablissement de l’électricité, comme c’est le cas des villages de la commune de Toudja, d’Aokas, de Barbacha…

Le bilan noir des intempéries comporte également les accidents de la route ainsi que plusieurs décès. Hier, une femme a été tuée et trois autres personnes blessées à la suite du dérapage de leur voiture sur la RN 46 entre M’sila et Djelfa en raison du verglas. La circulation particulièrement difficile et dangereuse a occasionné un lourd bilan depuis le début des chutes de neige. Une semaine durant, les intempéries ont causé la mort de plus de quatre-vingts personnes.

En moyenne, 45 accidents routiers sont enregistrés chaque jour. Les habitats précaires sont aussi mis à rude épreuve face à la neige. Les habitants des bidonvilles d’Alger comme ceux d’autres wilayas, continuent de chercher aide et assistance auprès des pouvoirs publics, en raison de l’aggravation de leurs conditions de vie suite à ces intempéries. Les services de l’APC de Bouzaréah ont trouvé des difficultés à gérer la situation dans les différents habitats précaires implantés sur son territoire. Le mauvais temps a mis à nu la fragilité et le manque de moyens à faire face à cette vague de froid, chutes de neige et de pluies qui ne sont à l’origine que des perturbations naturelles.

http://www.donnetonavis.fr/algerie-meteo-le-climat-ne-sameliore-pas.html

 

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