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2 mai 2011 1 02 /05 /mai /2011 02:48

Tunisie : «Ammar 404 c’était aussi les étudiants tunisiens à l’étranger, notamment à Marseille»

Qui est vraiment Ammar 404 ? Qui avait réellement le pouvoir décisionnel sur la liste des sites à censurer en Tunisie ? «J’ai fait partie de ce qu’on appelle Ammar 404 et je veux rétablir une part de vérité». La rédaction de THD a reçu le témoignage d’un des agents de Ammar 404.

«Si je vous contacte aujourd’hui, c’est pour rétablir une part de vérité sur ce fameux Ammar 404. Si j’ose en parler, c’est parce que j’en faisais partie», nous a déclaré Riadh (le prénom a été changé car notre interlocuteur a souhaité garder l’anonymat). Il nous a contactés en fin de semaine dernière.

Mais est-ce que Ammar 404 existe réellement, où est-ce plutôt une structure avec un ensemble de décideurs ? «La structure existe, mais elle n’avait pas de rôle décisionnel. Ils exécutaient des ordres supérieurs. Donc oui, le Ammar 404 n’est pas imaginaire. Ammar 404, ce sont trois personnes qui ordonnaient la fermeture des sites. Ce sont les conseillers politiques de Ben Ali : Ben Dhia et surtout Abdelwahab Abdallah». Et le troisième, qui est-il donc ? Lui avons-nous demandé. «Ben Ali en personne», nous répond-il après un moment de silence. «Les cellules de veille sur le Net envoyaient leur rapport à ces trois personnes et c’est eux qui décidaient de ce qu’il fallait faire à la cellule technique».

Ammar 404 et ses trois strates cloisonnées

Faut-il alors comprendre que Ammar 404 était une structure à trois strates cloisonnées ? «En gros oui. Il y a la cellule de veille, les décisionnaires et les exécutants. Ces derniers ne sont autres que des ingénieurs informatiques rattachés au ministère de l’intérieur. Quant aux cellules de veille, elles sont dissimulées de partout, même au sein du ministère de l’intérieur lui-même. Mais disons qu’elles étaient essentiellement centralisées chez l’Agence Tunisienne de Communication Extérieur (ATCE) et au RCD».

«Mais vu que les pratiques de censure sont applicables seulement en Tunisie, ce qui limite donc le travail de veille depuis notre pays, les rapporteurs de l’ATCE et du RCD étaient alors plus actifs à l’étranger. Et si je vous disais que parmi eux on retrouvait des étudiants tunisiens envoyés aux frais de l’Etat ?».

Rapporteurs à l’étranger

«Mais il ne faut pas généraliser», tempère-t-il de suite ses propos. «Car à ma connaissance ceux sont des personnes qui ont obtenu des bourses d’étude grâce au comité central du RCD. Une sorte d’échange de services en gros».

Y’a-t-il des cellules à l’étranger qui étaient particulièrement actives ? «Je ne détiens pas de statistiques sur ce sujet, mais je peux vous dire que la cellule de Marseille en France était active dans sa veille sur tout ce qui se disait sur Ben Ali et sa famille sur le Net. Ca peut paraître ridicule, mais ces rapporteurs causaient parfois des problèmes au ministère de l’intérieur. Ces derniers se sont parfois fait remonter les bretelles par le palais. Pourquoi ? Parce qu’on leur demande de ne pas se limiter uniquement à la censure mais aussi à la veille tout comme l’ATCE et le RCD».

Le système de censure en Tunisie était donc tout aussi pervers que la dictature de Zaba. Un système à 3 strates. Une sorte de mini état cybernétique avec à sa tête Zine El Abidine Ben Ali, le vrai Ammar 404 de la Tunisie numérique.

  

par Welid Naffati

Source : http://www.tunisiehautdebit.com/index.php?option=com_content&view=article&id=1064:tunisie-lammar-404-cetait-aussi-les-etudiants-tunisiens-a-letranger-notamment-a-marseiller-&catid=58:websphere&Itemid=88

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25 avril 2011 1 25 /04 /avril /2011 15:13

اعتداء يتم حاليا علي الصحفيين من جريدة الصحافة و التقنيين من طرف مجموعات محسوبة علي المدير العام و المدير الاداري التجمعي نحتاج الي مساندة كل النونسيين الاحرار و الصحفيين المستقلين

 

بعد
مواكبتها لاعتصام القصبة 1 وء2 وء3 ونشرها لفضائح البوليس واعتقالات
الداخلية لل...معتصمين وتخصيصها ملفات للشهداء والمطالبة بمحاسبة القتلة صدر
اليوم قرار بغلقها جريدة الصحافة بعد حجبها من التوزيع منقول و معدل

 

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22 avril 2011 5 22 /04 /avril /2011 07:47

File 23271

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21 avril 2011 4 21 /04 /avril /2011 20:15
Par Pierre Haski 

Deux photographes occidentaux, Tim Hetherington et Chris Hondros, ont trouvé la mort mercredi « sur la ligne de front » dans la bataille de Misrata, en Libye. Deux autres photojournalistes étrangers ont été blessés dans les combats meurtriers qui opposent les insurgés libyens aux forces loyales à Kadhafi qui tentent de reprendre le contrôle de la ville.

Le Britannique Tim Hetherington, plusieurs fois vainqueur du World Press Photo, la plus importante récompense pour les photographes, était un habitué des théâtres de guerre. Il venait de publier un livre intitulé « Infidels », consacré à un bataillon de soldats américains en Afghanistan qu'il avait suivi sur la durée dans la vallée de Korengalm et avait réalisé un documentaire sur la guerre d'Afghanistan, « Restrepo », qui a été nominé aux Oscars.

Un autre photographe de guerre, l'Américain Chris Hondros, 41 ans, travaillant pour l'agence Getty, a d'abord été décrit dans un « état sérieux », mais il a ensuite succombé à ses blessures.

L'annonce de leur mort a été faite par un de leurs collègues également présent sur place, André Liohn, de l'agence VII, sur sa page Facebook. Deux autres de leurs collègues sont blessés, Michel Brown et Guy Martin.Ils ont été atteints par un tir de grenade sur Tripoli Street, l'artère principale de Misrata où ils se trouvaient pour couvrir les combats.

Sur cette capture d'écran de la page Facebook d'André Liohn, les premières réactions de leurs confrères sont d'abord incrédules, avant que le photographe ne leur dise qu'il se trouve lui-même à l'hôpital avec les victimes.

Capture d'écran du statut Facebook d'Andre Liohn.

« Tirs tous azimuts des forces de Kadhafi. Aucun signe de l'Otan »

Mardi, Tim Hetherington avait posté sur Twitter :

« Dans la ville libyenne assiégée de Misrata. Tirs tous azimuts des forces de Kadhafi. Aucun signe de l'Otan. »

 

Trois heures avant d'annoncer ce décès, André Liohn avait fait sur Facebook un constat amer sur le travail des photographes dans une situation comme celle de Misrata :

« Les Libyens ont d'innombrables vidéos et photos prises avec leurs téléphones. Elles sont toutes sans manipulations artificielles destinées à les rendre plus dramatiques ou intéressantes, juste une documentation brute de leurs propre souffrance.

 

Les photojournalistes, de leur côté, utilisent des iPhones et des artifices bon marché qui montrent à quel point ils sont obsédés par eux-mêmes. Le photojournalisme est en train de devenir une profession vulgaire, dégueulasse et pauvre avec de tels comportements irresponsables ». (Voir la capture d'écran)

 

Capture_decran_2011-04-20_a_18.48.57.png

Misrata est au cœur de l'épicentre du conflit libyen en ce moment, dernière ville de l'ouest de la Libye toujours aux mains des insurgés. L'armée de Kadhafi tient certaines positions dans la ville et tente d'en déloger les insurgés, créant une situation d'insécurité et de catastrophe humanitaire dans ce port de la Méditerranée. On ne compte plus les victimes civiles et militaires à Misrata.

Quelques journalistes et photographes sont présents dans la ville, devenue assurément l'endroit le plus dangereux de ce conflit.

Tim Hetherington était un photographe averti des risques de la guerre sur des fronts non conventionnels. Il a beaucoup travaillé en Afrique de l'ouest, notamment lors du conflit du Libéria.

En hommage à ce grand professionnel, regardez cette vidéo (en anglais malheureusement) dans laquelle il présente, sur la chaîne publique américaine PBS, son dernier travail sur l'Afghanistan. (Voir la vidéo)


 

Pour sa part, Chris Hondros (voir ci-dessous la photo de la page d'accueil de son site personnel) a plusieurs fois eu des photos nominées pour le prix Pulitzer.

Capture d'écran de la page d'accueil du site de Chris Hondros.

Illustrations : capture d'écran du statut Facebook d'André Liohn ; capture d'écran de la page d'accueil du site de Chris Hondros.

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20 avril 2011 3 20 /04 /avril /2011 14:48

L'ancien président tunisien Ben Ali, intermédiaire privilégié entre la direction de Jeune Afrique et ses actionnaires ? C'est ce que rapporte Le Canard enchaîné. Source: un patron tunisien qui avait investi dans l'hedbomadaire en 1997 à la demande de Ben Ali.

Le Canard enchaîné rapporte comment l′ancien président tunisien a vivement incité 41 chefs d′entreprises à acheter des actions de l′hebdomadaire Jeune Afrique. En 1997, "Mohamed Jeri et Mohamed Jegham, deux "ministres conseillers" du cabinet présidentiel, font le tour des entreprises du pays. (…) Lors d′un repas "arrangé" par le palais, la conversation glisse sur l′image de la Tunisie à l′étranger. Cette image, il faut la défendre, expliquent les collaborateurs du Président. Et il existe un moyen simple: prendre des actions du journal Jeune Afrique". C′est ainsi qu'à l'image de Jilani Attia, PDG d′une entreprise de travaux publics, 41 patrons tunisiens achètent 10 500 actions de l′hebdomadaire.

Canard - Jeune Afrique

Problème : lorsque dix ans plus tard, Jilani Attia souhaite revendre ses parts, cela devient plus compliqué. Patron de Jeune Afrique, Béchir Ben Yahmed lui répond, dans une lettre publiée par Le Canard enchaîné. "Votre souscription (...) n'est pas intervenue directement entre vous et nous. Les actions de notre groupe que votre société a acquise l'ont été (...) à la demande de la résidence de la République Tunisenne". Ben Yahmed conseille donc à l'actionnaire "de suivre à rebours [ce chemin] pour une éventuelle vente de vos actions". Ce que, selon le journal, Attia a renoncé à faire.

Jeune Afrique

Interrogé par Le Canard enchaîné, Ben Yahmed s′explique: "Lorsque nous avons besoin d′argent et procédons à une augmentation du capital, nous nous adressons aux pays où notre journal est diffusé. Le problème, c′est que, dans des régimes dicatoriaux, tout est entre les mains du pouvoir. On ne peut pas démarcher des actionnaires privés comme ça et passer par-dessus la tête des dirigeants. Ils le prendraient très mal. Alors ce sont les dirigeants qui s'occupent de ça". Pourtant, sur la question de l′indépendance de Jeune Afrique, le chef du groupe de presse est formel:"Cela n′a rien à voir. Mais, c′est vrai, les Etats souhaitent mettre leur grain de sel dans tout ça, je n′en disconviens pas".

picto Jeune Afrique, un "hebdomadaire international indépendant"...selon lui-même

En février dernier, Jeune Afrique avait consacré un édito aux relations qu′il entretenait avec Ben Ali, en réponse aux (déjà nombreuses) attaques concernant sa complaisance.

(par Tiphaine Crézé)

 

Lien : http://www.arretsurimages.net/vite.php?id=10912

 

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17 avril 2011 7 17 /04 /avril /2011 17:26
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16 avril 2011 6 16 /04 /avril /2011 05:51

 Le journaliste Iyad Issa a quitté avec grand fracas le syndicat des journalistes syriens, en publiant ce mercredi un communiqué dans lequel il dénonce l’attitude des médias de son pays. Entretien.

Par FRANCE 24 (texte)
 

Le journaliste Iyad Issa a décidé de claquer la porte du syndicat des journalistes syriens, en publiant ce mercredi un communiqué dans lequel il dénonce l’attitude des médias de son pays. Il a également exprimé son soutien total au mouvement de protestation qui secoue le pays depuis quatre semaines. Une première en Syrie, où les médias sont sous l’étroite surveillance du régime. Il explique sa démarche à FRANCE 24.

 

FRANCE 24 : Pour quelles raisons avez-vous décidé de quitter le syndicat des journalistes syriens ?

 

Iyad Issa : Lorsqu’un syndicat de journalistes manque à tel point de transparence dans sa couverture des mouvements de protestations et lorsqu’il refuse d’apporter son soutien aux revendications populaires appelant à plus de libertés, il ne s’agit plus de journalisme. Ces gens-là se comportent tout simplement comme des "baltageyas" - (en arabe des casseurs payés à la journée par le gouvernement pour "faire régner l’ordre") - déguisés en journalistes. Je trouve donc déshonorant d’appartenir à un tel syndicat, d’autant plus qu’il est présidé par un personnage, Elias Mrad, qui refuse de reconnaître les martyrs qui tombent dans les manifestations. C’est pour cela que je m’élève contre ces pratiques. Car il existe en Syrie, des journalistes qui comprennent et soutiennent les revendications des manifestants. C’est le minimum que je puisse faire face aux torrents de sang qui se déversent dans les rues du pays.

 

F24 : De quelle manière le soulèvement populaire est-il relaté par les médias officiels syriens ?

 

I.I : Plus d’une centaine de personnes ont été tuées dans des manifestations pacifiques, organisées ces dernières semaines dans plusieurs villes du pays. Mais le président du syndicat des journalistes syriens et les personnes chargées par le régime de s’exprimer sur les antennes des médias étrangers démentent ces chiffres. Le rôle actuellement joué par les médias syriens est mortel. En effet, au lieu de faire leur travail et de calmer les esprits, ils jettent de l’huile sur le feu. D’une part en mobilisant les partisans du régime contre les manifestants, et d’autre part en provoquant ces derniers parce qu'ils minimisent leur mobilisation et en moquent leurs revendications.

 

F24 : Votre prise de position vous expose-t-elle à une réaction de la part du régime ? Avez-vous peur pour votre sécurité et pour la suite de votre carrière ?

 

I.I : Oui évidemment. J’ai toujours grandi dans un climat de peur en Syrie. Mais quand je vois ce qui se passe à Deraa et à Banias notamment, je ne peux plus me taire. Quand je vois des jeunes avoir le courage de faire face à des chars, ma conscience s’emballe. Je vais peut-être en payer le prix, il se peut que je sois arrêté, tabassé jusqu’à ce que mes os se brisent ou encore qu’on m’arrache les ongles à l’instar de certains manifestants. Je suis prêt à payer ce prix, je ne vaux pas plus que les martyrs qui sont tombés au nom de la liberté. Je suis journaliste, je me dois d’être le premier à croire en cette liberté, où alors je n’ai rien à faire dans cette profession.
Source : http://www.france24.com/fr/20110415-syrie-regime-bachar-assad-journaliste-syrien-rompt-loi-silence-soutien-soulevement-syndicat
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14 avril 2011 4 14 /04 /avril /2011 05:05

La rédaction d'Al Jazeera English à Doha en 2008 (CM David/Wikimedia Commons).

Une idée tenace mais invérifiable s'est installée parmi les protagonistes du jeu politique moyen-oriental : la chaîne d'information Al Jazeera jouerait un rôle décisif dans les processus révolutionnaires qui secouent le monde arabe depuis quelques mois.

Cet impact présumé prend une dimension quasi-mythologique.

L'effet magique d'Al Jazeera dissipé à Bahrein

Qu'il soit positif ou négatif, cet effet supposé d'Al Jazeera semble remplir des fonctions plurielles parfois contradictoires et souvent inavouables.

La construction de ce mythe moderne se pose comme une explication transversale pour une situation extraordinaire. « La révolution Al Jazeera » permet souvent de faire l'économie d'une véritable réflexion sur les enjeux spécifiques placés dans leur contexte régional.

L'essoufflement du processus révolutionnaire à Bahreïn serait dû au supposé manque d'intérêt d'Al Jazeera pour un pays gouverné par une monarchie autoritaire sunnite dont la majorité de la population est chiite.

L'effet magique d'Al Jazeera, accélérateur du processus révolutionnaire, se serait dissipé aux frontières de l'île, au grand dam de l'opposition bahreïnie qui se déclare trahie par la chaîne.

 

Les commentaires audacieux ont disparu

Les détracteurs d'Al Jazeera ont trouvé un argument supplémentaire pour dénigrer la chaîne. En effet, sa récente légitimation, acquise grâce à la couverture des révolutions arabes, a discrédité en grande partie leur stratégie.

Les soutiens de la chaîne éprouvent une certaine gêne devant cette couverture timide. Ils tentent de justifier ce désintérêt par la taille des autres foyers révolutionnaires, comme au Yémen et en Libye.

La hiérarchie de l'information s'est imposée à toutes les grandes chaînes arabes sauf, peut-être, à Al-Manar, financée par le Hezbollah libanais ou Al-Alam, chaîne d'information en continu lancée par l'Iran.

En réalité, Al Jazeera a couvert les révoltes populaires à Bahreïn et mis l'accent sur les évènements marquants. Elle donne la parole à l'opposition bahreïnie qui a dénoncé en direct « des forces d'occupation saoudiennes ».La chaîne diffuse également les images de la brutalité de la répression des services de sécurité contre des manifestants pacifiques.

Les commentaires audacieux et dévastateurs, donnant un sens révolutionnaire aux images, c'est-à-dire la « marque de fabrique » de la chaîne, sont cependant absents. Le choix des termes et le ton restent également d'une grande neutralité. Bref, il y a un manque d'enthousiasme pour les révolutionnaires bahreïnis sur Al Jazeera.

 

Moins de militantisme pro-démocratique

Les lieux des manifestations au Bahreïn ne bénéficient pas d'une couverture médiatique permanente comme la place Tahrir au Caire et encore moins d'un appel en direct au tyrannicide du « dictateur » comme celui du cheikh Youssef al-Qaradawi contre le colonel Kadhafi.

Cette sagesse et cette prudence contrastent avec l'entrain et le militantisme pro-démocratique de la chaîne vis-à-vis des autres révolutions.

Depuis le début des protestations populaires à Bahreïn, le 14 février 2011, les éditorialistes de la presse arabe s'opposent à propos des raisons de cette couverture différenciée d'Al Jazeera.

Cette dernière n'est pas basée sur la logique géographique ni sur les affinités politiques ou diplomatiques de l'Etat qatari comme on le prétend souvent. Le clivage géographique Maghreb/Machrek et Golfe n'est pas valable non plus.

Les luttes au Yémen, dans la péninsule arabique, sont couvertes avec la même intensité que la Libye ou l'Egypte. La proximité de l'émir du Qatar avec le président syrien Bachar al-Assad influe peu sur la couverture des affrontements entre manifestants et forces de sécurité en Syrie.

 

Le clivage doctrinal entre sunnites et chiites

Deux explications ont emergé pour expliquer le traitement prudent d'Al Jazeera des luttes populaires à Bahreïn : l'hypothèse confessionnelle, d'une part, et politique, d'autre part.

Le clivage doctrinal entre sunnites et chiites pourrait expliquer le soi-disant parti pris médiatique d'Al Jazeera en faveur d'une monarchie sunnite contre des contestataires chiites, accusés d'être des alliés de l'Iran.

L'agitation de l'épouvantail de la menace iranienne sur le monde arabe sunnite vise à mettre l'Iran (chiite) et ses alliés arabes (chiites ou non) sur la défensive.

C'est l'argument de l'opposition bahreïnie et de ses sympathisants dans le monde arabe. Mais aussi de certains spécialistes de l'islam politique et autres tenants du paradigme islamiste qui ont pris l'habitude d'expliquer tout ce qui se passe dans le monde arabe par la religion.

« Contre la distinction entre les gens selon la doctrine et la secte »

Dans ses déclarations, le cheikh Youssef al-Qaradawi – souvent associé à Al Jazeera et soutien zélé des révolutions en Tunisie, en Egypte et en Libye – considère que la révolte des peuples contre leurs dirigeants et leurs aspirations démocratiques constituent des causes légitimes que la morale islamique encourage.

Dans le cas de Bahreïn, al-Qaradawi estime qu'il ne s'agit nullement de la révolte d'un peuple contre le despotisme :

« […] mais d'une révolution confessionnelle des chiites contre des sunnites et moi, je suis contre la distinction entre les gens selon la doctrine et la secte. Le danger apparaît lorsque les chiites déclarent leur allégeance à un autre pays et brandissent les portraits de Khamenei (le guide de la révolution iranienne) et Nassrallah (le secrétaire général du Hezbollah libanais), c'est comme s'ils appartiennent à un autre pays et non pas à Bahreïn. »

 

Dans cette perspective, la réussite de cette révolution labellisée confessionnelle se traduira par un gain stratégique pour l'Iran. Ses positions seront consolidées face à l'Arabie saoudite, qui a déjà perdu en Egypte, son principal soutien contre l'Iran.

 

Pas de fragmentation confessionnelle à Al Jazeera

Cependant, cet argument confessionnel est fragile et recèle une série de confusions. Tout d'abord, le mélange de l'équipe d'Al Jazeera avec la perception que al-Qaradawi peut avoir du chiisme et de l'Iran.

Al-Qaradawi est hostile à ce qu'il présente comme l'expansionnisme chiite aussi bien sur le plan doctrinal (notamment dans son pays d'origine l'Egypte) que stratégique. Il s'est également montré un farouche soutien du Hezbollah dans sa lutte contre Israël.

De même, l'émir du Qatar n'est pas connu pour son hostilité ni au chiisme et encore moins à l'Iran, avec lequel il entretient des bons rapports. La ligne éditoriale de la chaîne ne présente donc aucune sensibilité particulière par rapport au chiisme.

Le noyau dur de la rédaction est composé de journalistes jordano-palestiniens, égyptiens et maghrébins pour lesquels le clivage sunnite/chiite influe très marginalement sur leurs orientations idéologiques. En effet, leurs sociétés d'origine ne connaissent pas de fragmentation confessionnelle.

Si l'on tient compte de ces arguments, le facteur confessionnel joue un rôle non déterminant dans la couverture médiatique des évènements à Bahreïn par Al Jazeera. Il expliquerait moins ce timide traitement que le facteur politique.

 

Veto de l'Arabie saoudite sur Bahreïn

L'explication politique renvoi aux pressions insoutenables que l'Arabie Saoudite exercerait sur les autorités qataries pour leur signifier que la chute de la famille al-Khalifa constitue une ligne rouge à ne pas franchir.

Toute concession faite par le régime de Bahreïn aux contestataires sera lu, d'un point de vue saoudien, comme une faiblesse et une préfiguration de ce qui se produira en Arabie saoudite suite au précèdent bahreïni. Il y aurait donc un veto saoudien sur la couverture par Al Jazeera des évènements à Bahreïn.

L'émir du Qatar ne nourrit néanmoins pas une sympathie particulière pour la famille al-Khalifa pour des raisons liées à un différend frontalier qui a empoisonné les relations entre les deux pays. L'Arabie saoudite se considère comme le protecteur de Bahreïn notamment face à l'expansionnisme iranien.

 

L'opposition saoudienne a disparu des écrans d'Al Jazeera

La réceptivité d'Al Jazeera et du Qatar face aux pressions saoudiennes date de 2007. Depuis sa création, Al Jazeera n'a pas ménagé la famille royale saoudienne en laissant s'exprimer tous leurs opposants, notamment ceux de Londres (Saad al-Faqih et Mohamed Al-Massari).

La diffusion des casettes de Ben Laden ou des documentaires sur les scandales de corruption (liés aux contrats d'armes dans l'affaire al Yamama) était perçue par les autorités saoudiennes comme un acte d'hostilité manifeste du Qatar.

A partir de 2007, l'opposition saoudienne va disparaître des écrans d'Al Jazeera qui va infléchir sa couverture des affaires saoudiennes. Les relations entre les deux pays vont s'améliorer pour aboutir, le 6 juillet 2008, à un accord définitif sur le tracé des frontières, signé en dépit des réticences antérieures des autorités saoudiennes.

Le régime saoudien veut préserver le monopole du pouvoir politique au niveau interne et rassembler autour de lui les petits Etats du Golfe dans la guerre froide qui l'oppose à l'Iran. Cela explique mieux cette couverture prudente d'Al Jazeera.

 

Les révoltes yéménites et la marge de manœuvre d'Al Jazeera

L'image des troupes saoudiennes pénétrant le territoire de Bahreïn a pris une signification particulière au Qatar. Comme les autres pays du Golfe, le Qatar redoute l'hégémonie saoudienne au sein du Conseil de coopération du Golfe (CCG).

Ce malaise, aggravé par le différend frontalier datant de 1965 entre les deux pays, a débouché en septembre 1991 sur un affrontement militaire près de la ville d'Al-Khafus. Après le coup d'Etat orchestré par le cheikh Hamad bin Khalifa al-Thani contre son père en 1995, le Qatar sollicite la protection militaire américaine directe, tout en s'ouvrant d'une manière spectaculaire sur Israël.

Or, en dépit de la présence d'une base navale américaine à Bahreïn, les Etats-Unis n'ont pas réagi à l'initiative militaire saoudienne. Pour le Qatari, le signal est clair, si la pérennité de la famille royale en Arabie saoudite est en jeu, l'armée saoudienne est prête à une aventure au Qatar. La protection américaine ne constitue donc pas une assurance comme le croit les Qataris.

Les autorités saoudiennes ont été choquées par la facilité avec laquelle le président américain Obama s'est résigné à la chute du régime de Moubarak, pourtant considéré dans la région comme un allié stratégique des Etats-Unis.

La chute probable du régime du président yéménite Ali Abdallah Saleh – allié des Saoudiens – et l'installation d'un gouvernement issu du mouvement révolutionnaire sont susceptibles de redonner une marge de manœuvre politique au Qatar et médiatique à Al Jazeera.

C'est ce qui explique – en partie – la couverture sans concession d'Al Jazeera des révoltes yéménites, à tel point que Ali Abdallah Saleh a dénoncé, dans son dernier discours, aussi bien Al Jazeera que le Qatar.

Photo : la rédaction d'Al Jazeera English à Doha en 2008 (CM David/Wikimedia Commons/CC)

 

Source : http://www.rue89.com/2011/04/13/al-jazeera-a-perdu-la-fievre-revolutionnaire-a-bahrein-199632

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13 avril 2011 3 13 /04 /avril /2011 18:05
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6 avril 2011 3 06 /04 /avril /2011 17:43
   
 

Sihem Ben Sédrine. Résistante de longue date, et farouche opposante au régime de Ben Ali, Sihem Ben Sédrine prévient contre la présence forces contre-révolutionnaires, avec une justice et des médias aux ordres, et une police qui continue à sévir. Forte de sa double vocation de journaliste et de militante des droits de l’homme, cette ancienne dissidente continue à se battre sur ces deux fronts : le premier de Radio Kalima qui peine à obtenir une licence FM, et le second du CNLT qu’elle présente comme un observatoire vigilant pour garantir le respect des droits du citoyen. Ses relations avec le gouvernement, dont elle juge la politique de moins en moins claire, ne sont pas toujours au beau fixe. Notre interlocutrice ne mâche pas ses mots : "le ministre de la justice est incompétent, les criminels sont en train d’être libérés, et les juges corrompus de Ben Ali et de Leïla sont en train d’agir en toute liberté". Sa grande consolation : "ces jeunes qui continuent à se mobiliser et qui sont les vrais gardiens de la révolution". Interview.

Vous êtes à l’origine journaliste, comment avez-vous basculé dans le militantisme politique et de défense des droits de l’Homme ?

Je n’ai pas basculé dans la défense des droits de l’Homme. J’étais journaliste et défenseure des droits des humains en même temps, depuis que j’étais étudiante à l’étranger. En 1977, avant même la création de la LTDH, nous avons commencé à militer dans des comités pour les libertés individuelles et politiques des personnes. En 1979, j’ai adhéré à la Ligue, en 1985, j’étais élue au bureau directeur et je suis restée dirigeante de la LTDH, jusqu’à ce que Ben Ali l’ait dissous en 1992. En 1979, Abdejelil Behi a obtenu une licence et a lancé le Phare, et en 1980, j’ai rejoint l’équipe et on a commencé une très belle expérience d’une presse indépendante, à côté de Raï et bien d’autres journaux.

Pensez-vous avoir directement contribué pour que le 14 Janvier soit possible ?
Ce serait arrogant de ma part de dire que j’y ai directement contribué. Mais, la résistance à Ben Ali a commencé bien avant le 14 janvier, avec toutes les forces vives de la Tunisie, les opposants, les dissidents et les défenseurs des droits de l’Homme, qui ont été désignés de traitres. Je fais partie, bien sûr, de cette résistance à Ben Ali, qui a fait à ce qu’une insurrection soit possible, et ce sont des insurrections qui ont balisé le terrain à la révolution du 14 Janvier, dont l’intifadha du bassin minier de Gafsa…
En ce qui concerne Radio kalima, elle était présente dès le 18 décembre 2010 depuis le début des protestations, qui faisaient tâche d’huile tout d’abord à Sidi Bouzid, puis dans d’autres régions à l’instar de Regueb, Meknassi, Kasserine, etc. Kalima été présente dans toutes les villes et nos reporters étaient en première ligne pour couvrir ce qui se passait en temps réel. Bien qu’ils aient été agressés, violentés, l’un d’eux Mebrass Hdhili a été battu à mort. Les fichiers et les vidéos de Kalima ont circulé sur Internet et ont été partagés sur Facebook. Moi-même, on me passait des numéros, et je faisais des interviews, car nos reporters étaient la cible d’attaques et ne pouvaient pas se dévoiler.

Vous étiez à cette date à l’étranger, pourquoi avez-vous décidé de rentrer le 14 Janvier, avez-vous senti que c’était la fin ?
Avant le discours du 13 janvier, j’étais persuadée qu’on était déjà dans l’après Ben Ali. Mais, ce qui m’inquiétait, c’est qu’aucune force politique, aucune opposition n’était en posture de l’hériter. J’avais peur qu’il soit remplacé par une révolution de l’intérieur du palais. Le 13 janvier, nous avons organisé une manifestation devant le siège du gouvernement de Barcelone. Le soir, après le discours de Ben Ali, "je vous ai compris", nous avons constaté que certains étaient prêts à accepter à ce qu’il se rachète. Lorsque je suis intervenue sur al-jazeera, j’ai affirmé que le peuple tunisien a vomi Ben Ali et son régime basé sur le crime organisé et le massacre des Tunisiens, et je lui ai dit Partez, partez, et partez. Le soir, même, nous avons décidé avec mon mari, Omar Mestiri, de rentrer, et on savait qu’on allait être arrêtés, mais on s’est dit tant pis, nos vies ne sont pas plus chères que celles des Tunisiens. Et heureusement pour nous, nous sommes venus et nous n’avons pas été arrêtés parce que ce jour là, ils avaient d’autres chats à fouetter. Le départ de Ben Ali était le plus beau cadeau que je n’ai jamais reçu de ma vie.

Pour revenir à Kalima, ce lundi, vous avez organisé un rassemblement devant le siège du Premier ministère pour réclamer une licence Fm pour votre radio…

Nous avons demandé une réparation de préjudice. La Radio Kalima a été créée en 2008. En janvier 2009, nous avons commencé la diffusion sur satellite. Depuis, nos locaux étaient assiégés et nos journalistes poursuivis. Le 30 janvier 2010, notre siège était la cible d’un raid, on a saisi nos équipements, mis nos locaux sous scellés, intenté des poursuites judiciaires contre nos journalistes…nous avons délocalisé tout ce qui est technique, en affrontant toutes les formes de persécution, agression verbale et physique. Malgré cela, nos journalistes ont continué à travailler, car ce sont de vrais résistants des médias. Ils ont payé très cher de leur intégrité physique leur combat pour la liberté de la presse, et ils ont le droit aujourd’hui d’être reconnus dans leur droit de journaliste, et de diffuser en FM.

Pour quelles raisons, ils vous ont refusé la licence ?
Ils ont trouvé tous les prétextes ; le ministère de la Communication étant dissous, c’est lui qui accordait les licences, et ils ne savent pas quelle administration va le faire. Nos avocats leur ont dit que si le ministère est dissous, ce droit revient d’office au Premier ministère. Nous leur avons envoyé une convention que nous avons nettoyée et réécrite pour qu’elle soit respectable (parce que dans les anciennes conventions, il y a des clauses stipulant notamment l’obligation de diffuser les discours de Ben Ali...). On nous a répondu qu’il y a cent demandes qui attendent, et si on va vous accorder une licence à vous, il faut l’accorder à tout le monde. Notre réponse était que notre radio existe depuis longtemps, et c’est une reconnaissance de notre droit que d’avoir la licence. Nous avons été aujourd’hui reçus par le secrétaire d’Etat Ridha Belhaj, et jeudi, nous serons reçus par le Premier ministre, j’espère qu’il va nous donner une réponse.  

Sihem Ben Sédrine nous recevant hier (lundi) au siège du CNLT.S'agissant du Conseil national pour les libertés en Tunisie (CNLT), quel est son rôle ? Est-ce un contre-pouvoir ou un tremplin pour accéder au pouvoir ?
Ca, c’est une accusation gratuite. Nous considérons le CNLT comme une ONG des droits des humains qui a un rôle de contre-pouvoir naturel. Depuis sa création, le CNLT a joué un rôle d’observatoire vigilant pour garantir le respect des droits du citoyen. Nous avons exercé ce rôle sous Ben Ali, et on l’exerce maintenant, en ouvrant un dialogue avec les autorités publiques, comme le ministère de l’Intérieur et le Premier ministère. Nous leur transportons des dossiers, relatifs à des disparitions ou autres, en rapport avec les ministères de la Justice et de l’Intérieur. Avec le ministère de l’Intérieur, nous avons crée une commission mixte des représentants de la société civile et dudit ministère pour réformer la police ; cet instrument dont le dictateur a tiré sa force. On ne peut prétendre à la démocratie et à un Etat de droit sans une transformation de la police, d’une police outil de la dictature à une police républicaine, au service du citoyen.

 

Lire la suite ici : http://www.gnet.tn/temps-fort/tunisie/sihem-ben-sedrine-nous-avons-une-liste-des-criminels-acquittes/id-menu-325.html

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