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23 novembre 2011 3 23 /11 /novembre /2011 19:06

 

Maya Jribi s'affirme en chef de l'opposition parlementaire


Dans le petit carré réservé aux 16 élus du Parti Démocratique Progressiste (PDP), une femme en particulier attirait l’attention par son sang-froid et sa dignité, plus encore que par son non port du voile. Dans le chahut ambiant provoqué lors de la séance d’hier mardi par ses camarades visiblement encore aigris par l’ampleur de leur défaite électorale inattendue, cette militante historique s’est démarquée par un sens impressionnant de la maîtrise de la parole politique.

Bien droite dans ses bottes mais aussi dans son propos, chemise et costume masculins comme à son habitude, Maya Jribi a d’abord pris la parole pour présenter sa candidature à la présidence de l’Assemblée nationale constituante, poste pour lequel la controversée Souad Abderrahim d’Ennahdha fut un temps pressentie.

La secrétaire générale du parti démocratique progressiste s'est donc présentée contre Mustapha Ben Jaâfar, largement favori. « Elle n’a que plus de mérite », disent ses partisans, qui soulignent qu’une fois de plus que, comme du temps de la dictature, la « militante née »comme elle se définit elle-même, ne recule devant aucun défi.

Déterminée, Maya Jribi a affirmé devant l’assemblée constituante vouloir démontrer à travers sa candidature que « le temps de la pensée unique est désormais révolu ». « Il ne saurait y avoir de démocratie sans pluralisme, de pouvoir sans contre-pouvoir » a-t-elle ajouté, très applaudie.

Un autre élu de la constituante, Mohamed Braham, avait aussi présenté sa candidature à la présidence de la constituante, avant de la retirer. En se présentant pour une candidature désespérée qui obtiendra au final tout de même 68 voix, contre 145 pour Ben Jaâfar, c’est donc Maya à elle seule qui évite par un geste politique courageux à l’Assemblée de se retrouver avec une candidature unique. Ce qui aurait été une assez fâcheuse image pour commencer un cheminement démocratique.

68 voix qui donnent malgré tout une légitimité et un poids bien réels à l’opposition moderniste incarnée avec force et abnégation par l’égérie du PDP.

Stoïque, même dans la défaite

Sur sa page Facebook officielle, elle commentait au soir de la journée historique d’hier :

« J’ai vécu l’inauguration de l’Assemblée nationale constituante avec beaucoup de fierté en tant que Tunisienne qui retrouve son droit à la dignité, grâce, précisément, à la Révolution du 14 janvier 2011.

Aujourd’hui, c’est la consécration du scrutin du 23 octobre. On ne peut qu’avoir une pensée pour ceux qui se sont sacrifiés pour que la Tunisie accède à la liberté. Notre responsabilité est très lourde en vue de mettre fin à toutes les formes de dictature et despotisme.

Notre parti, le PDP, assumera pleinement sa responsabilité en matière d’instauration de la démocratie.

Pour ce qui est de l’accord signé, lundi soir, par la troïka, j’estime qu’il est normal et légitime que les partis vainqueurs coalisent et s’entendent sur un plan d’action commun.

Cependant, je me pose la question : pourquoi cet accord a tardé à se faire connaître et pourquoi toute cette opacité et ces négociations en catimini ? »

Une façon sans doute pour elle de fustiger, non sans la subtilité qu’on lui connait,l’exclusion de sa famille politique des négociations en vue d’un partage du pouvoir.

C’est que la rupture avec le frère ennemi d’Ettakatol (FDTL) était consommée dès le lendemain de la révolution, le PDP étant jugé comme opposition trop molle vis-à-vis du système par un FDTL qui avait déjà choisi de rejoindre un Conseil de la protection des objectifs de la révolution, plutôt que de rejoindre un gouvernement provisoire.

Notons que, visionnaire, Maya Jribi n’avait pas à titre personnel souhaité rejoindre le gouvernement, se plaçant en porte-à-faux de la politique voulue par le chef du parti, Néjib Chebbi.

Mais il en faut plus pour décourager cette pasionaria du combat politique. Elle incarne aujourd’hui et assume pleinement son rôle d’opposante, voire de future chef de fil de la nouvelle opposition.

C’est reparti pour un tour donc, quitte à endosser le rôle cette fois d’éternelle opposante selon les médias locaux les plus pessimistes pour le devenir du PDP. « Aucun problème » rétorque l’intéressée, encore plus stoïque dans l’épreuve.

source : http://www.lecourrierdelatlas.


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231111_Chambre_deputs_poursuite_travaux01M. Hamadi Jebali, élu à  l'Assemblée nationale constituante du Mouvement Ennahdha et candidat au poste de chef du gouvernement provisoire a affirmé que le rôle de l'opposition "sera garanti".

"Etre majoritaire ne veut pas dire contenter la minorité et céder sur certains points", a-t-il concédé, mercredi, dans une déclaration à la TAP à l'issue de la troisième séance des  travaux de la Constituante.

"La liberté est garantie à toutes les parties au sein de la Constituante. Il s'agit seulement d'accepter les règles du jeu démocratique", a-t-il averti, ajoutant qu'il "n'est pas question de parler de projets imposés ou d'une domination de la majorité. Dans toutes les démocraties, la règle est le vote, ainsi que la garantie de la liberté de la parole et de la critique".

Répondant à une question sur la nature du prochain régime politique en Tunisie, M. Jebali a rétorqué :"Ennahdha en tant que groupe à la Constituante défendra le régime parlementaire.  Nous parviendrons sûrement à un consensus sur la question ou alors nous passerons au vote".

Le secrétaire général du Mouvement Ennahdha a préféré ne pas donner de déclaration sur la composition du gouvernement afin "de respecter la marche du travail au sein de la Constituante".

Après l'élection du président de la Constituante, des deux vices-présidents, des membres du bureau et des deux commissions du règlement intérieur et de l'organisation provisoire des pouvoirs publics, il sera procédé à l'élection du Président de la République par les constituants qui chargera, à son tour, le Premier ministre de former un nouveau gouvernement.

Se remémorant l'ambiance qui prévalait au sein de la Chambre des députés à l'époque du discours politique unique et de la voix unique, M. Jebali a souligné que le paysage politique a changé dès la première séance de la Constituante "marqué désormais par le pluralisme", estimant que l'opposition aura un rôle "majeur" au sein de la Constituante.

source : http://www.tap.info.tn/fr/fr

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Composition des deux commissions de la Constituante, selon le parti ou la coalition politique

 

La commission chargée de la rédaction du règlement intérieur

 

Ennahdha (9 membres) :

Imed Hammami, Néji Jmal, Ferjani Doghman, Sana Morsni, Latifa Habbechi, Fethi Elayadi, Hela Hammi, Salha Ben Aicha et Ameur Elaraiedh ;

Congrès pour la république (CPR, 3) :

Amor Chetoui, Izad Badi et Abdelaziz El Kotti ;

Forum démocratique pour le travail et les libertés (Fdtl, 2) :

Abderrahmane Ladgham et Slim Ben Abdessalem ; 

Coalition du PDP, PDM, Afek Tounes, Parti libéral maghrébin et les indépendants (3) :

Iyed Dahmani, Samir Bettaieb et Nooman Fahri ;

Pétition populaire pour la liberté, la justice et le développement (2) :

Mouldi Zidi et Rym Thaïri ;

Coalition du 14 janvier (1) :

Hichem Hosni ;

Coalition démocratique libre (1) :

Mohamed Chafik Mekki Zarkin ;

Coalition du parti l’initiative, du Parti de la justice et de l’égalité (1):

Amira marzouk.

 

La commission chargée de la préparation du texte final relatif à l’organisation provisoire des pouvoirs publics


Ennahdha : 9 membres ;

Forum démocratique pour le travail et les libertés (Fdtl) : 2 ;

Congrès pour la république (Cpr) : 3 ;

Coalition du PDP, PDM, Afek Tounes et deux indépendants : 3 ;

Pétition populaire : (2) ;

L’Initiative et le Parti du travail et de l’égalité : 1 ; 

Coalition du 14 janvier : 1 ;

Démocratie et liberté : 1.

 

Source Tap et .kapitalis.

 

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22 novembre 2011 2 22 /11 /novembre /2011 19:07

 

 
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m_benjaafar221111

 (TAP) - Mustapha Ben Jaâfar a été élu, mardi après-midi, Président de l'Assemblée Nationale Constituante en obtenant la majorité des voix, soit 145 voix sur 213, alors que Maya Jéribi, candidate de l'opposition au sein de l'Assemblée a remporté 68 voix.

 

Deux membres de l'Assemblée se sont absentés de cette première séance et deux bulletins de vote ont été annulés.

La candidature de Mustapha Ben Jaâfar, président du Forum Démocratique pour le travail et les libertés (FDTL) (Ettakatol), classé quatrième selon les résultats du scrutin du 23 octobre a bénéficié du soutien du Mouvement « Ennahdha » et du Congrès pour la République (CPR), en vertu d'un accord tripartite avec ces deux formations.

Maya Jéribi est la Secrétaire générale du Parti Démocrate Progressiste qui a obtenu 16 sièges à la Constituante.

source : http://www.tap.info.tn/fr/fr/la-une/13387-mustapha-ben-jaafar-president-de-la-constituante.html

 

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L'Assemblée constituante entame ses travaux et élit Ben Jaafar

 

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La réunion de la Constituante, qualifiée de "journée historique" par de nombreux participants, a donné lieu à des épisodes solennels mais aussi à des moments désopilants, marqués par les traits d'humour du président de la séance, le doyen Tahar Hamila. ( © AFP Fethi Belaid)

 L'Assemblée constituante issue du premier scrutin libre en Tunisie le 23 octobre a solennellement ouvert mardi ses travaux et élu à sa tête un homme de gauche Mustapha Ben Jaafar , dix mois après la fuite de l'ancien président Zine El Abidine Ben Ali.

Les 217 députés de l'Assemblée dominée par les islamistes d'Ennahda --89 élus-- se sont retrouvés, un mois après leur élection, dans le palais du Bardo à Tunis, siège de l'ancien parlement.

Ils ont élu dans l'après-midi leur président, le chef du parti de gauche Ettakatol Mustapha Ben Jaafar, 71 ans, ex-opposant à Ben Ali.

Sa candidature avait été proposée par les trois partis vainqueurs du scrutin, Ennahda, Congrès pour la République (29 élus) et Ettakatol (20 sièges).

M. Ben Jaafar a recueilli 145 voix contre 68 à Maya Jribi, dirigeante du parti de centre gauche PDP. Il a promis qu'il resterait "fidèle aux objectifs de la révolution", et s'est dit "fier" et "confiant dans l'avenir de son pays".

Outre cette élection, les députés se sont mis d'accord sur le projet de règlement intérieur qui définira le fonctionnement de la Constituante, chargée de rédiger une nouvelle constitution et de légiférer jusqu'aux prochaines élections générales, en principe dans un an.

La réunion de la Constituante, qualifiée de "journée historique" par de nombreux participants, a donné lieu à des épisodes solennels mais aussi à des moments désopilants, marqués par les traits d'humour du président de la séance, le doyen Tahar Hamila.

Des altercations et des couacs ont également émaillé la journée, des élus de la liste indépendante "Pétition populaire", numériquement troisième force de l'Assemblée avec 26 sièges, s'estimant victimes de dénigrement et de mépris.

L'ouverture de la séance a été prononcée mardi matin par Tahar Hamila. Les députés ont chanté l'hymne national tunisien, avant de réciter la première sourate du Coran, en hommage aux "martyrs" de la révolution tunisienne, dont les quelque 300 noms ont été énumérés.

"Que vive notre pays! Dieu est témoin que j'ai assumé mes fonctions pour mettre le pays dans des mains sûres à l'Assemblée constituante", a déclaré, sous les applaudissements, le président tunisien par intérim Fouad Mebazaa, qui a dirigé la Tunisie depuis la chute de Ben Ali le 14 janvier.

L'Assemblée devrait valider dans les prochains jours la suite de l'accord de partage du pouvoir conclu entre Ennahda et ses deux partenaires de gauche. Il prévoit la désignation de Moncef Marzouki, dirigeant du CPR, à la présidence du pays, et celle d'Hamadi Jebali, 62 ans, numéro 2 d'Ennahda, à la tête du gouvernement.

Le chef d'Ennahda, Rached Ghannouchi, a exprimé lors d'une suspension de séance son "immense bonheur" de voir se mettre en place une "première assemblée constituante élue démocratiquement". Moncef Marzouki a de son côté fait part de son "sentiment d'émerveillement" face à l'installation de "la première chambre représentative" du peuple tunisien.

Avant l'ouverture de la séance, quelques centaines de personnes ont manifesté devant le palais du Bardo pour rappeler aux députés que la société civile "les a à l'oeil", selon la formule d'un manifestant.

Femmes démocrates, familles des "martyrs" de la Révolution, représentants de la société civile, brandissaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire: "ne touchez pas au Code du statut personnel" (de la femme), "non à l'extrémisme", "n'oubliez pas les martyrs".

source : http://www.liberation.fr/depeches/

 

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marzouki221111

 

 

 

 

 

 

 

 

 

M. Moncef Marzouki, président du parti du Congrès Pour la République (CPR) et candidat à la présidence de la République, a affirmé qu’il «ne changera pas et qu’il restera le fils du peuple et au service du peuple».

 

Il a ajouté, dans une déclaration à la presse après avoir prêté serment à la séance inaugurale de l’Assemblée nationale constituante, en tant que membre de cette Assemblée, qu’il s’agit du «plus beau jour» de sa vie et d’un «tournant dans l’histoire de la Tunisie».

Il a fait part de sa détermination à être à la hauteur de la responsabilité qui lui a été dévolue dans le paysage politique tunisien.

Concernant les protestations qui ont eu lieu devant le palais du Bardo revendiquant le respect des droits de l’Homme et de la durée du mandat parlementaire de l’Assemblée nationale constituante, M. Marzouki a souligné que «les messages de ces citoyens ont été reçus et seront pris en compte lors des travaux de l’Assemblée».

source :http://www.tap.info.tn/fr/fr/la-une/13381-marzouki-lje-ne-changerai-pasje-reste-le-fils-du-peupler.html


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La société civile s'invite à la première séance de la Constituante

   

 

Le président tunisien par intérim Fouad Mebazaa, le 22 novembre 2011 au palais du Bardo. © AFP

À l’occasion du démarrage des travaux de l'Assemblée constituante tunisienne, la société civile a fait entendre une voix plurielle. Ce qui a suscité des remous parmi les députés.


« Un pouvoir civil et non islamiste », « Non à l’ingérence étrangère, non à l’impérialisme du Qatar », « Liberté, dignité, égalité »… Ce sont les slogans qu’ont scandé plus d’un millier de Tunisiens et de nombreux représentants de la société civile mardi 22 novembre face au Palais du Bardo, où se déroulait la cérémonie solennelle marquant le début des travaux de l’Assemblée constituante.


De nombreux petits groupes débattaient avec fougue tandis que les représentants d’Ennahdha ont préféré s’éloigner. Dans la foule hétéroclite se mêlaient des responsables d’Amnesty International revendiquant l’abolition de la peine de mort, des mouvements « modernistes » et des associations de familles de martyrs ainsi que des membres de divers partis. « Ce rassemblement est un message; la société civile indique aux membres de la constituante qu’ils ont à tenir les engagements pour lesquels ils ont été élus par le peuple », fait remarquer Hamadi Rdissi, juriste et politologue.


 

"Mère Souad" bat en retraite

 

Certains élus ont néanmoins choisi de traverser la foule, comme Ahmed Néjib Chebbi, leader du Parti Démocratique Progressiste (PDP), qui a été ovationné. Mais Souad Abderrahim, membre d’Ennahdha, qui avait fait scandale en refusant toute protection légale aux mères célibataires, a été largement conspuée aux cris de « dégage ! » « Mère Souad » a dû battre en retraite quand une mère célibataire, qui a perdu son logement, a tenté de l’agresser.


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À l’intérieur de l’hémicycle, un premier incident est venu émailler la séance. Le doyen des élus, membre du Congrès pour la république (CPR) qui présidait la cérémonie, a provoqué l’indignation du PDP, d’Ettakatol et du Pôle démocratique en assénant : «  je dis à ceux qui n'ont pas accepté les résultats des élections, honte à vous d'avoir créé l'assemblée de la société civile » - en référence à la manifestation qui se déroulait dehors. Ennahdha et des membres du CPR ont applaudi. Mais Moncef Marzouki lui a demandé de s’en tenir à « suivre l'agenda de la séance et de fermer cette parenthèse ; le monde entier nous regarde. »


source :http://www.jeuneafrique.com/Al


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Manifestation en faveur des libertés civiles en marge de la Constituante

 

 

TUNIS (AP) — Un millier de personnes, dont des militants associatifs, se sont rassemblés mardi devant le palais du Bardo, près de Tunis, pour revendiquer des garanties sur les libertés civiles, alors que l'Assemblée constituante tenait au même moment sa réunion inaugurale un mois après les premières élections libres en Tunisie.

Parmi les ONG présentes, on notait l'Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD), la Ligue tunisienne de défense des droits de l'Homme (LTDH) et l'Association sur la laïcité. "On vous a à l'oeil", avertissait une pancarte. "Pas touche à mes libertés", lançait une autre.

"Nous sommes venues pour revendiquer l'inscription des droits de la femme et les droits universels dans la future Constitution. On ne veut pas que la société tunisienne régresse. Nous faisons cela pour nos enfants", a plaidé Amel Abdennebi, cadre dans une entreprise de télécoms.

A son arrivée, Souad Abderrahim, une élue du mouvement islamiste Ennahdha, a été malmenée par des manifestantes, notamment de l'Association des femmes démocrates (ATFD), aux cris de "Dégage!". Il a fallu l'intervention des forces de l'ordre pour qu'elle atteigne l'entrée de l'enceinte parlementaire sans dégâts. Cette élue a récemment critiqué les mères célibataires en les traitant d'"infâmes".

Nombre d'autres manifestants affichaient leur opposition au "califat", un système de gouvernance basée sur la charia (loi islamique, NDLR), évoqué récemment par le No2 d'Ennahdha, Hammadi Jebali, pressenti pour être le prochain Premier ministre. "Nous voulons une nouvelle Constitution, pas une nouvelle dictature", a-t-on entendu dans la foule.

Un peu plus loin, des militants d'Amnesty International brandissaient des pancartes appelant à l'abolition de la peine de mort et au respect de la liberté de la justice. Le cortège comprenait aussi des familles des victimes tombées ou blessées lors du soulèvement populaire qui a entraîné la chute du régime Ben Ali à la mi-janvier, réclamant justice pour leurs proches.

Une caricature géante de l'émir du Qatar, Hamad ben Khalifa al-Thani, était également visible. Des informations ayant circulé dans les médias à la suite d'une visite à Doha du chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, faisant état d'une invitation adressée à l'émir pour assister à la séance solennelle de la Constituante ont soulevé des réactions hostiles.

"Non à l'ingérence étrangère dans les affaires de la Tunisie", pouvait-on lire sur une banderole. Une équipe de la chaîne Al-Jazira a été prise à partie par des manifestants qui les ont qualifiés de "mercenaires" et "valets".

Figure marquante de la scène politique depuis les années 1960, Ahmed ben Salah, a lui aussi mis en garde contre "les convoitises étrangères". "Il faut être vigilant contre les risques de tutelle étrangère qui menacent en fait toute la région", a-t-il déclaré à la presse. Selon lui, "les interférences étrangères existent bel et bien". Après avoir rappelé l'attitude de l'ex-ministre française des Affaires étrangères Michèle Alliot-Marie qui avait offert d'aider le régime Ben Ali dans ses derniers jours, il a estimé que "la plus grande menace pour la Tunisie pourrait provenir de la Libye" voisine.

source : http://tempsreel.nouvelobs.

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 En marge de la première réunion de la Constituante

«Le peuple libre tunisien ne veut ni Qatar, ni El Jazeera» scandent les manifestants...
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Membres de la Constituante
Présidence
  • Président : Mustapha Ben Jaâfar (Ettakatol)
  • Premier vice-président : Mehrzia Laâbidi (Ennahdha)
  • Deusième vice-président : Lâarbi Abid (CPR)
Liste des membres de l'assemblée nationale constituante
Ennahdha (89)

Mohamed Habib MARZOUKI, Yamina ZOGHLAMI, Karim HAROUNI, Hager AZEÏZ, Souad BEN ABDERRAHIM, Zied DOULATI, Halima GONNI, Sahbi ATIG, Amel GHOUIL, Ferjani DOGHMAN, Noureddine BHIRI, Héla Hammi, Sadok CHOUROU, Selma SARSOUT, Abdelbasset BEN CHIKH, Latifa HABACHI, Mohsèn KAÂBI, Samir DILOU, Aïcha DHAOUADI, Béchir LAZZEM, Assia NAFFATI, Mohamed BEN SALEM, Nabiha TORJMAN, Moez BEN HAJ RHOUMA, Sana HADDED, Imed HAMMAMI, Salha BEN ICHA, Mohamed SAÏDI, Nabila ASKRI SENOUSSI, Ahmed MECHRGUI, Sana MORSNI, Abdellatif MEKKI, Mounira AMRI, Adel BENÂATIA, Samia FERCHICHI, Hammadi JBALI, Mounia Ibrahim, Zied LAÂDHARI, Fattouma ATTIA, Néjib M'RAD, Sonia TOUMIA, Mounir BERN HNIA, Hédi BEN BRAHEM, Néjiba BERYOUL, Abdelaziz CHAÂBEN, Moncef BEN SALEM, Fattoum LASSOUED, Kamel AMMAR, Habib ELLOUZ, Kalthoum BADREDDINE, Badreddine ABDELKEFI, Habiba TRIKI, Mahmoud GOUIÂA, Farida LABIDI, Ahmed SMIÎI, Moufda MARZOUKI, Walid BENNANI, Khira SGHIRI, Fraj NSIBI, Mohamed Taher TLILI, Baya JAOUADI, Habib KHEDHR, Abel AZZOUZ, Abdelkader GUEDRI, Dalila BOUÎNE, Abdelmejid NAJJAR, Basma JBALI, Saleh LHIBA, Hager MNIFI, Nafti M'HATI, Mohamed S'GHIR, Jawhra TIS, Ali FARES, Sliman HLEL, Zohra SMIDA, Abdelhalim ZOUARI, Hafedh LASSOUED, Kaouther LADGHEM, Béchir CHEMMAM, Monia KASRI, Amer ARAYEDH, Mehziya LABIDI, Néji JMEL, Dalila BABBA, Oussama SGHIR, Imen BENMOHAMED, Fathi AYADI, Ferdaous OUESLATI, Kamel BEN AMARA.

CPR (29)

Samir BEN AMOR, Arbi ABID, Abdelaziz Qotti, Haïthem BELGACEM, Abderraouf AYADI, Hichem BEN JAMAÂ, M'nasser IBRAHIMI, Mohamed (Elmehrzi) ABBOU, (Mohamed) Moncef MARZOUKI, Rabiâ ABDI, Dhamir MANAÂI, Tarek LAÂBIDI, Taher HMILA, Lazhar CHAMLI, Rafik TLILI, Messaoud JERBI, Abdelwaheb M'ÂATER, Nizar MAKHLOUFI, Mohamed NSIRI, Naoufel GHRIBI, Slim BEN HMIDEN, Abdessalem CHAÂBAN, Azed BADI, Omar CHETOUI, Hasna MERSIT, Imed DAÏMI, Hédi BEN ABBES, Mabrouka M'BAREK, Ikbel M'SADAÂ.

Aaridha (26)

Ali HOUIJI, Mohamed Saleh CHÎIRAT, Jdidi SBOUÎI, Tarek BOUAZIZ, Taoufik ABDELLAOUI, Aymen ZOUAGHI, Anouar MARZOUKI, Hatem KLAÂI, Chokri ARFAOUI, Skander BOUALLAGUI, (Mohamed) Abdel Moneem KRIR, Jalel FARHAT, Hanen SASSI, Moez KAMMOUN, Remdhan DOGHMANI, Rim THAÏRI, Rabiâa NAJLAOUI, Mohamed HAMDI, Faïza KADDOUSSI, Hasni BADRI, Mouldi ZIDI, Saïd Kharchoufi, Saâd BOUÎICH, Hsen RADHOUANI, Ibrahim KASSAS, Abdessattar DHIFI.

Ettakatol (20)

Mustafa BEN JAÂFER, Khalil (Moncef) ZAOUIYA, Lobna JRIBI, Mouldi RIAHI, Khémaïes KSILA, Salma (Hédia) MABROUK, Abderrahman LADGHEM, Mohamed ELALLOUCH, Abdellatif BEN ABID, Fatma GHARBI, Béchir BECHERIFA, Saïd MECHICHI, Abdelkader BEN KHMEÏS, Saleh CHOUAÏB, Jamel TOUIR, Jamel GARGOURI, Jalel BOUZID, Mohamed Habib HERGUEM, Slim BEN ABDESSALEM, Karima BEN SOUID.

PDP (16)

(Mohamed) Moncef CHEIKH ROUHOU, Ahmed Néjib CHEBBI, Issam CHEBBI, Maya JRIBI, Mehdi BEN GHARBIYA, Kaïs MOKHTAR, Najla BOURIEL Ep. ESSID, Mahmoud BAROUD, Chokri KASTALLI, Rabeh KHRAÏFI, Iyed DAHMANI, Mohamed GAHBICH, Mohamed Néji GHARSALLI, Mohamed HAMDI, Mohamed K'HILA, Mohamed EL MEY.

Pôle (5)

Samir ETTAÏEB, Ahmed BRAHIM, (Mohamed Lâarbi) Fadhel MOUSSA, Selma BAKKAR, Nadia CHAÂBEN.

Moubadara (5)

Mohamed Karim KRIFA, Mouna BEN NASSER, Hédi CHAOUECH, Amira MARZOUK, Fadhel OUEJ.

Afek (4)

Nooman FEHRI, Rim MAHJOUB, Chokri YÂICH, Samira MERÎI.

Autres
  • Hattab BARAKATI, Ahmed SEFI, Fathi L'TAÏEF (PCOT)
  • Hichem HASNI (Nidhal Progressiste)
  • Karim (BOUSSAÏRI) BOUEBDELLI (PLM)
  • (Mohamed) Nizar Kacem (PNDS)
  • Abderrazzek KHALLOULI (PND)
  • Mourad AMDOUNI, Mohamed BRAHIMI (MP)
  • Wissel YACINE (Nidhal Social)
  • Mongi RAHOUI, Kamel SAÂDAOUI, Hmed KHASKHOUSSI (MDS)
  • Mohamed Habib HASNI (Indép.)
  • Noureddine MRABTI (UPL)
  • Ibrahim Hamdi (PNCU)
  • Mohamed BEN MOSBAH (PJE)
  • Slaheddine ZAHAF (Indép.)
  • Mabrouk JZIZI (Indép.)
  • Mohamed Taher ILAH
  • Foued THAMER (Indép.)
  • Faïçal JADLAOUI (Indép.)
  • Mohamed ZERGUINE (Indép.)

source : tnanc

 

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Intervention de Mohamed Hechmi Hamdi d'El Arditha (la Pétition)
 
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11 novembre 2011 5 11 /11 /novembre /2011 04:30
Les mères célibataires sont une «infamie», selon une élue d'Ennahda

La représentante la plus médiatique du parti islamiste, Souad Abderrahim, a tenu sur une radio arabophone des propos très durs contre les mères célibataires.


Par QUENTIN GIRARD


Souad Abderrahim lors d'un meeting, le 21 octobre 2011. (AFP)
Elle est censée être la vitrine moderne des islamistes d'Ennahda: Souad Abderrahim, pharmacienne et femme d'affaires de 47 ans, non-voilée, a été élue facilement à Tunis lors des dernières élections qui ont vu son parti arriver en tête.

Rencontrée récemment par Le Parisien, elle expliquait que «la Tunisie pratique un islam modéré, et [que Ennahda] est un parti politique civil et modéré, respectueux des libertés» ajoutant que «non, la polygamie ne sera pas instaurée, non, on ne va pas imposer le voile».

Sauf que la nouvelle élue, candidate à la présidence de l'Assemblée constituante, semble adapter son discours selon les médias. Pour un quotidien français, une position d'ouverture, pour la radio arabophone française Monte Carlo Doualiya, des propos beaucoup plus rétrogrades.

Lors d'un débat sur les inquiétudes des femmes tunisiennes face à la montée d'Ennahda, elle s'est attaquée ainsi violemment aux mères célibataires. Selon elle, ces dernières ne «devraient pas aspirer à un cadre légal qui protège leurs droits» et sont «une infamie», traduit notamment Slate Afrique. Un peu plus loin, elle ajoute qu'«éthiquement, elles n'ont pas le droit d'exister».

Le site Tuniscope précise que «Souad Abderrahim a ajouté qu'en tant que Tunisiens, nous devrions préserver nos mœurs et se battre pour une liberté conforme aux normes d'une société arabo-musulmane, conforme aux coutumes et aux traditions.» «Il n'y a pas de place pour une liberté intégrale ou absolue», juge la membre d'Ennahda. Pour le professeur en islamologie à Toulouse 2 Mathieu Guidère, «ces propos sont inadmissibles d'un point de vue humaniste et démocratique, mais ils démontrent qu'il existe en Tunisie même des tendances féminines conservatrices, voire régressives, à côté de la mouvance féminine progressiste et libérale».

Stigmatiser les plus pauvres

Karima Brini est présidente de l'Association des femmes citoyennes du Kef, ville à  l'ouest du pays. Elle n'a «pas du tout été surprise». Souad Abderrahim «n'est pas spécialiste de la chose, elle ne connaît pas les problèmes sur le terrain, elle joue la carte de l'argument morale sans prendre en compte la la réalité», juge-t-elle. Son association travaille avec des mères célibataires et veut développer la prévention. «Ce ne sont pas des femmes modernes ou libérées sexuellement, ce sont la plupart du temps des jeunes de zone rural qui n'ont pas accès à la contraception et qui ne connaissent pas leurs corps». Pour elle, les déclarations de l'élue d'Ennahda vise surtout à stigmatiser les plus pauvres.

Sur Internet, cela fait réagir. Sur son blog, Mohamed Ali Charmi, professeur à l'Ensi Tunis (une école d'informatique), adresse ainsi une lettre ouverte à Souad Abderrahim: «Vous oubliez madame, que quand vous marginalisez ces femmes, vous lésez des bébés, des enfants qui n'ont pas choisi de venir dans ce monde cruel. Vous oubliez que si vous livrez ces femmes à leur sort vous les laissez proie facile à la drogue et la prostitution et vous détruisez l'avenir de leurs enfants», écrit-il.

De manière générale, Ennahda n'hésite pas depuis les élections à durcir son discours sur les questions de la famille. Mais peut-être est-ce pour plaire le plus possible à ses électeurs. Mathieu Guidère juge ainsi que «ces propos s'adressent prioritairement aux femmes qui ont voté pour la parti Ennahda et non pas à l'ensemble des femmes tunisiennes.» Karima Brini regrette elle, que, sur le terrain, «on est en train de se rendre compte que le peuple tunisien est très conservateur, peut-être même plus conservateur que le discours des partis».

source http://www.liberation.fr/monde/01012370788-tunisie-les-meres-celibataires-sont-une

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Souad Abderrahim, du parti conservateur Ennahdha, vient d'annoncer sa candidature à la présidence de l'Assemblée constituante tunisienne. 

 

Seule femme non voilée à la tête d'une liste du parti islamo-conservateur Ennahdha, Souad Abderrahim vient d'annoncer sa candidature à la présidence de l'Assemblée constituante tunisienne. L'initiative vise sans doute à rassurer ceux qui s'inquiètent de voir les "acquis de la femme" remis en question par les islamistes. Le 2 novembre plusieurs centaines de femmes manifestaient dans le centre de Tunis afin d'obtenir des garanties sur leurs droits. 

source : http://www.lexpress.fr/actualite/indiscrets/tunisie-une-femme-au-perchoir_1049672.html

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Madame Souad Abderrahim, le diamant de la Tunisie

Durant 23 ans le régime dictatorial de Ben Ali n’a fait qu’occulter la réalité. Une situation que certains arriveront à supporter pendant que d’autres préfèreront jouer à l’autruche et ne voudront pas la voir.

Aujourd’hui, il nous est donné un nouvel exemple de cette politique de l’autruche où la majorité se complait. Souad Abderrahim qui siègera bientôt dans l’une des 89 places accordées au parti Ennahdha pour écrire la Constitution de la Tunisie post-révolutionnaire illustre cet état d’autisme collectif dans lequel les Tunisiens semblent enfermés. Dans son interview donnée sur les ondes de radio Monte Carlo, madame Souad pointe d’un doigt accusateur et incendiaire les mères célibataires et les enfants nés hors mariage. Nous ne disposons pas, à ce jour, de statistiques sur le nombre exact d’enfants abandonnés en Tunisie mais on l’estime à plus de 1000 / an.

Il n’existe pas non plus de statistiques sur le nombre de rapports sexuels non protégés consentant qui engendreront une grossesse, mais sachez qu’ils existent même si certains préfèrent l’ignorer. Les 1000 enfants nés hors mariage ne naissent pas dans les choux et ne sont pas tous le fruit d’un viol.

Beaucoup d’étudiantes venues faire leurs études dans la capitale se voient offrir de l’argent facile, dont elles ont besoin pour survivre, en échange de faveurs sexuelles. D’autres tombent amoureuses, avec ou sans fausses promesses de mariage et veulent matérialiser cet amour.

Enfin, et parce qu’une personne est libre de son corps, elle peut choisir d’avoir du plaisir en ayant des relations sexuelles avant le mariage Ces cas existent dans tous les pays car ils sont inhérents à l’espèce humaine.

Vu l’absence totale d’éducation sexuelle en Tunisie et la focalisation de la plupart des associations et des structures sanitaires de l’état (ONFP) sur la lutte contre les IST et le SIDA, on oublie l’essentiel : l’éducation sexuelle. Le message n’arrive pas au public cible. Résultat : de très jeunes femmes ignorent le fonctionnement de leur corps et les moyens de contraception sujet tabou par excellence Jugez-en à travers cette anecdote véridique lors d’une discussion entre une psychologue et une mère célibataire :

-Tu ne savais pas que tu pouvais tomber enceinte ? Tu n’as pas vu ça dans les cours de sciences en 9ème année de base ?

-Si je l’ai vu mais je pensais que ça concernait uniquement les poules et les coqs.

Ces femmes qui tombent enceintes à cause du tabou social et surtout du manque d’informations ne pensent pas à avorter à temps. De peur de la réaction de leurs proches, elles restent à Tunis jusqu’à l’accouchement. Elles ont alors le choix de le garder ou de remettre le bébé à l’INPE.

Sachant que rien ne peut remplacer la chaleur d’une mère et que l’adoption est de plus en plus difficile, ces enfants passeront toute leur enfance dans des centres. A l’adolescence ils seront transférés dans un centre intégré. Cette succession de centres fera de l’enfant, dans la plupart des cas, un paria et un handicapé social.

Plusieurs associations, dont AMAL, BAYTI et les amis de l’INPE, font un travail de titans pour aider ces mères à trouver un emploi, à s’installer et à garder leur enfant dans de bonnes conditions.

Le but final étant de sauver cette enfance et de donner une seconde chance à ses filles considérées comme « perdues » Souad Abderrahim pose le problème de ces femmes comme une honte contrastant avec l’image de la femme tunisienne qui devrait être à ses yeux semblable à un « diamant ». (Sic!) Quid de ces femmes qui souffrent déjà assez de la pression sociale et des lois discriminatoires à leurs égards. Ces femmes se verront être en plus accusées et condamnées par les institutions de leur pays. Souad Abderrahim dit qu’elle « ne veut pas avoir honte devant les autres pays arabes » !!! Madame Souad ignore-t-elle que le combat des femmes est aussi de protéger et de mettre à l’abri les plus fragilisées ? Madame Souad dit que l’état ne les aidera pas ni elles ni leurs enfants parce que « ces femmes l’ont bien cherché. ». Quelle musulmane est donc cette femme ?

Comme toutes les sociétés humaines, la Tunisie est multiple. Est-ce que quelqu’un dénigrerait ses yeux et refuserait de mettre des lunettes parce qu’il est myope ?

Nous avons enterré la peur et le silence, déterrons nos préjugés et nos problèmes et faisons leur face.

Nous avons « dégagé » un dictateur pour avancer, pour prendre par la main les personnes les plus démunies, les laissés-pour-compte, pour rétablir la dignité de chacun. Ennahdha cible à travers madame Souad Abderrahim (futur ministre de la vertu ?) un problème statistiquement marginal, mais combien significatif du projet de société qui nous sera proposé.

source : http://nawaat.org/portail/2011/11/10/madame-souad-abderrahim-le-diamant-de-la-tunisie/

 

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11 novembre 2011 5 11 /11 /novembre /2011 03:52

 

Le refrain "mal aimé" des islamistes 


إذا الشعب يوما أراد الحياة

فلا بدّ أن يستجيب القدر

ولا بد لليل أن ينجلي

ولا بد للقيد أن ينكسر

 

 

«Lorsqu’un jour, le peuple aspire à vivre,

Le destin se doit de répondre !

Les ténèbres se dissiperont !

Et les chaînes se briseront !»


 

 

 

 

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8 novembre 2011 2 08 /11 /novembre /2011 05:12
Pourquoi Ennahda s'attaque à la langue de Molière

En s'en prenant à la langue française, le parti Ennahda règle ses comptes avec Paris et avec les démocrates progressistes.

Très prudent, pour ne pas dire trop rassurant, quant à ses intentions concernant une remise en cause du mode de vie actuel des Tunisiens et, surtout, des Tunisiennes, le parti Ennahdha a tout de même annoncé la couleur concernant une langue française, enseignée dès le cours primaire, dont il a critiqué l’omniprésence.


«Nous sommes arabes et notre langue c’est la langue arabe. On est devenu franco-arabe, c’est de la pollution linguistique» a ainsi déclaré Rached Ghannouchi, le leader du parti religieux.

 


C’était à la veille de la proclamation du résultat final provisoire du scrutin pour l’Assemblée constituante (90 sièges sur 217 pour Ennahdha) et ces propos ont provoqué une vive émotion en Tunisie (membre fondateur de l’Organisation internationale de la Francophonie) mais aussi en France où, pour de nombreux médias, la victoire des islamistes est (un peu trop vite) analysée comme étant la fin brutale du Printemps arabe (voir à ce sujet l’émission Mots croisés sur France2).

 

«De nombreux Tunisiens sont bilingues. La maîtrise de la langue française est un atout. Ennahdha veut créer des problèmes là où il n’y en pas», s’indigne un universitaire tunisois qui y voit une nouvelle preuve de l’incapacité du parti religieux à aborder «les vrais défis de la Tunisie » ce qui le pousserait à «trouver des moyens de détourner l’attention de l’opinion publique afin de masquer son incompétence».

L’omniprésence symbolique du «donc»

Du côté d’Ennahdha, on se défend d’avoir déclaré la guerre à la langue de Molière.

«La langue française ne nous gêne pas. Plusieurs de nos militants la maîtrisent parfaitement. Ce qui pose problème c’est son mélange avec la langue arabe. C’est pour cela que le cheikh Ghannouchi a parlé de pollution», déclare à SlateAfrique un dirigeant du parti religieux. A ce sujet, il est vrai qu’une évolution nouvelle se dessine dans le pays où de nombreux arabophones ont de plus en plus tendance à insérer des mots français dans leur discours.

Qu’il s’agisse d’un arabe dialectal ou plus littéraire, la mixtion avec le français est très fréquente. Pour s’en rendre compte, il suffit de suivre l’un des nombreux talk-show qui ont fleuri depuis la chute de Ben Ali sur les chaînes privées (Nesma, Hannibal) ou même publiques. Dans la plupart des cas, la discussion, qui a lieu en langue tunisienne, est ponctuée par des mots et des expressions françaises. Et il faut bien convenir que le mélange n’est pas toujours heureux, ou du moins harmonieux, comme en témoigne l’omniprésence de la conjonction de coordination (ou adverbe de liaison) «donc» (prononcée sous de multiples formes qui vont du «donc» bien pointu à un «da-annk» plus oriental…). Un «donc» dont l’usage intensif, y compris dans les émissions à caractère religieux, est même devenu un motif de plaisanterie dans les quartiers huppés de Tunis.

«C’est vrai que si l’on continue comme ça, on va se mettre à parler comme les Algériens» s’amuse un journaliste tunisien, électeur du Parti démocratique progressiste (PDP, désormais dans l’opposition) en faisant référence à la propension de la langue parlée algérienne à capturer, en les «algérianisant», nombre de mots et d’expressions françaises. Exemple : «n’dir fik blizir» (je te fais plaisir, très usité à Alger quand il s’agit de dire que l’on veut bien rendre service…

Une attaque frontale contre les élites bilingues et francophones

Mais la sortie de Rached Ghannouchi ne s’explique pas uniquement par une volonté de préserver la pureté de la langue arabe. Il s’agit d’abord pour lui de maintenir la pression sur ses adversaires démocrates en replaçant la question de l’identité au centre du débat politique. Ainsi, la mise en cause de la langue française, permet-elle de pointer du doigt ceux qui, à gauche, ont été critiqués pour l’avoir utilisée lors de la campagne électorale. Comme en Algérie, mais de manière bien moins aigue, la dénonciation du «hizb frança» (le parti de la France) a été un argument récurrent des «nahdhaouis», les militants du parti religieux.

«En faisant cela, ils visent nombre d’élites tunisiennes, notamment celles qui ont fait leurs études en France et qui sont plus à l’aise avec la langue française dans le privé mais aussi dans le milieu professionnel», analyse un homme d’affaires qui rappelle que la présence de plusieurs ministres franco-tunisiens dans le premier gouvernement post-Benali – un gouvernement contesté par la rue et qui a finit par tomber – a permis aux islamistes de dénoncer l’influence française.

La polarisation autour de la langue française a d’ores et déjà produit ses effets, car les partis démocrates sont désormais sur la défensive concernant cette question. Pas question pour eux d’émettre le moindre document s’il n’est pas bilingue et ils s’imposent même une vigilance en termes de parité média arabophone – média francophone quant aux interviews accordées. A cela, s’ajoute les précautions oratoires de leurs dirigeants pour justifier l’emploi de la langue française dans un discours ou une intervention télévisée… Et la prudence règne aussi dans la société civile comme en témoigne la décision d’une association tunisienne spécialisée dans l’économie sociale de différer l’annonce de sa création en attendant la traduction complète en arabe de son programme (rédigé en langue française).

Un signal adressé à la France

Au cours des discussions publiques ou des apartés avec les militants d’Ennahdha, une chose saute aux yeux. L’affaire Alliot-Marie est encore dans toutes les mémoires de même que le soutien inconditionnel de la France au régime de Ben Ali alors que sa police torturait et embastillait les militants islamistes. En s’attaquant à la place de la langue française, Rached Ghannouchi, qui a vécu près de vingt-ans en Grande-Bretagne et dont il se dit à Tunis qu’il a ses entrées à l’ambassade des Etats-Unis,de Turquie et du Qatar, a donc envoyé un signal de fermeté au gouvernement français.

Ce dernier, contrairement à nombre de ses homologues occidentaux, s’est d’ailleurs bien gardé de féliciter Ennahdha pour sa victoire électorale et les propos d’Alain Juppé sur la vigilance de la France en matière des droits de la personne humaine a beaucoup irrité les militants islamistes (mais aussi nombre de Tunisiens ayant voté pour le camp démocrate).

«Le Protectorat, c’est terminé depuis 1956! Si la France accorde tant d’intérêt aux droits de l’homme, pourquoi n’a-t-elle rien dit quand la police de Ben Ali nous faisait boire de l’eau de Javel?», s’insurge un «nahdhaoui».

Cette défiance et le caractère sensible du débat sur la langue et l’identité de la Tunisie montrent qu’Ennahdha aura toujours la possibilité de créer la polémique sur cette question. Une réalité dont sont conscients les démocrates tunisiens mais aussi les diplomates français qui s’activent à normaliser les relations entre Paris et la première formation politique tunisienne.

par Akram Belkaïd

source : http://www.slateafrique.com/62411/ennahdha-la-langue-de-moliere

 

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Les modernistes entre autocritique et projet de regroupement

Opposants à la dictature, militants des droits de l'Homme, féministes, ils pensaient que la révolution tunisienne était leur victoire et que le peuple reconnaissant leur confierait la tâche de mener le pays vers la démocratie. C'est peu dire que les «  modernistes  » tunisiens sont sonnés par le résultat de l'élection du 23 octobre, remportées haut la main par les islamistes d'Ennahdha (37 % des voix).

Si l'événement peut se lire dans le temps long d'un mouvement balancier séculaire dans la recherche d'un équilibre entre modernité et identité, partagé par tout le monde musulman depuis le choc avec l'impérialisme européen, les acteurs politiques, eux, doivent réagir dans le temps très court des prochaines échéances  : la rédaction de la Constitution et la préparation des élections suivantes (probablement d'ici un an).

L'autocritique est menée tambour battant et l'heure est aux rapprochements politiques accélérés pour aboutir à la formation d'une force politique de centre gauche unifiée.

Une gauche d'opposition

Il existe déjà deux partis non religieux, placés parmi les principales forces politiques : le Congrès pour la République de Moncef Marzouki, ancien opposant en exil, qui a capté une partie du vote protestataire de gauche (13%) tout en affichant un rapprochement avec Ennahdha, et Ettakatol de Mustafa Ben Jafaar, dont le score (10 %) a récompensé une campagne fondée à la fois sur un projet moderniste et la recherche du consensus.

Ils sont disposés à gouverner avec Ennahdha, estimant que la période est exceptionnelle et appelle dépasser les divergences partisanes.

Les autres formations de gauche, estiment au contraire qu'une démocratie ne peut se construire sans une opposition, envisagent donc un regroupement, mais doivent d'abord dresser le bilan d'une déroute électorale.

Les chiffres d'une débâcle

Pour les partis situés sur une ligne d'opposition à Ennahdha, l'élection du 23 octobre est en effet un échec incontestable. Le PDP, Parti démocrate progressiste a dilapidé en quelques semaines le capital de crédibilité que lui valaient son implantation et le parcours d'opposant irréprochable de son leader, Ahmed Néjib Chebbi. Espérant disputer la première place à Ennahdha, le PDP cumule moins de 4% des suffrages (environ 150 000 voix).

Le Pôle démocratique moderniste (le Pôle), regroupant Ettajdid, parti de gauche historique, associé à d'autres formations politiques et associatives, n'a regroupé que 45 000 voix. Un nouveau parti, libéral et social, Afek Tounes réussit certes sa percée dans le paysage, mais n'a que 70 000 électeurs à mettre dans la balance.

Autoflagellation

Le résultat est tellement au-dessous des espérances que l'invitation à l'autocritique vire rapidement à l'autoflagellation. Ahmed Bouaazi, membre du bureau politique du PDP, en a gros sur le cœur  :

«  Nous étions la plus grande masse de militants d'opposition. Nos militants ont participé à la révolution, mais nous avons fait tellement d'erreurs que nous avons mérité notre score. D'abord Ahmed Néjib Chebbi s'est positionné dès le lendemain du départ Ben Ali dans la perspective d'une présidentielle. C'était prématuré et il est devenu l'homme à abattre.

Ensuite des hommes d'affaires ont misé sur lui pour contrer les islamistes, ont financé la campagne et décidé de l'orientation du parti. Ils ont amené leurs boîtes de communication qui ont fait placarder d'immenses affiches montrant Néjib Chebbi et la secrétaire générale du parti, Maya Jribi, exactement comme le couple Ben Ali. L'effet a été désastreux.

Enfin le positionnement anti-Ennahdha nous a inscrits dans la continuité de l'ancien régime et c'est nous qui sommes apparus comme les fauteurs de trouble dans la société.  »

Yassine Brahim, jeune cofondateur d'Afek Tounes, mentionne la supériorité militante d'Ennadha  :

«  Tout le mérite de la victoire leur revient. Leur base militante était prête. C'est le seul parti réprimé dans toute sa masse, pas seulement les dirigeants, pendant les années Ben Ali. Tout le monde a vu leur souffrance. Après le départ de Ben Ali, il a réactivé ses réseaux.  »

Face à une machine de guerre

Riadh Ben Fadhel, coordinateur du Pôle complète l'analyse :

«  Nous étions face à une machine de guerre. Nous avons sous-évalué la profondeur militante d'Ennahdha. Quand nous allions faire campagne quelques part, le contact passait bien, mais nous restions des intrus et les militants d'Ennahdha repassaient derrière nous. Les forces progressistes ont manqué de profondeur sociologique. Nous étions imbattable sur les relais d'opinion, mais au quotidien et dans la proximité, nos militants ne pouvaient pas lutter.

Notre une défaite est aussi numérique : Ennahdha avait une page Facebook officielle très clean, mais laissait à des pages tenues par des militants le soin de mener les attaques et la désinformation. Nous n'avons pas su réagir à temps.

Ensuite nous avons fait campagne pour une constituante, or pour la plupart des électeurs, la Constitution c'est de l'ourdou. Ennahdha a fait campagne comme pour des législatives.

Et surtout, nous nous sommes laissés enfermer dans un débat sur la laïcité, la liberté sexuelle ou la normalisation des relations avec Israël.  »

Enfermés dans le débat sur la laïcité

Vouloir faire de cette élection un débat sur la laïcité, sur un modèle de société opposé à celui d'Ennahdha, est aujourd'hui largement considéré comme l'erreur stratégique majeure du camp progressiste. Au sortir de la dictature, la société tunisienne a voulu renouer avec une valeur sûre et réintégrer le cours de la révolution dans ses repères. Ennahdha a su les rassurer.

Saïda Garrach, avocate, militante féministe, candidate pour un parti d'extrême gauche, le Mouvement des patriotes démocrates, reconnaît  :

«  Nous avons sous-estimé l'emprise que la question de l'identité exerce sur la population. Notre erreur a été d'amener le débat sur le terrain des libertés individuelles. Ennahdha l'a déplacé vers la question de l'identité et de la religion. Ils se sont appropriés le monopole de la moralité, en se présentant comme les seuls qui craignent Dieu et en nous présentant comme des buveurs, des débauchés.  »

Yassine Brahim va plus loin  :

«  C'est un vote sanction à l'égard d'une élite de milieux d'affaire et des intellectuels qui s'en est relativement mieux sorti sous Ben Ali.  »

En privé, la critique est souvent plus cruelle avec ces «  orientalistes indigènes  » qui méprisent le petit peuple, diabolisent les islamistes, circulent en 4x4, s'expriment en arabe avec l'accent français, et signeraient à nouveau volontiers un pacte avec un dictateur disposé à les débarrasser des islamistes.

Une petite minorité dont l'image passe mal dans le reste du pays, alors que la mouvance moderniste ne se limite pas aux beaux quartiers de la banlieue nord de Tunis.

Feuille de route

L'exercice tournerait à la délectation morose s'il ne traçait déjà la feuille d'une force unifiée du centre gauche dont les grandes lignes semblent assez bien partagées.

Tout d'abord, cesser la diabolisation d'Ennahdha.

Riadh Ben Fadhel est clair sur ce point  :

«  Ce n'est pas un parti obscurantiste. C'est parti de droite, ultra-libéral, ultra conservateur qui a su donner une image consensuelle. »

Yassine Brahim (Afek Tounes) corrobore  :

«  Nous ne voulons donner aucune chance à un projet de société rétrograde, mais il est contreproductif de faire un procès d'intention à Ennahdha. Nous voulons un parti social-démocrate donnant sa place à l'identité.  »

Déplacer le centre de gravité vers les questions économiques et sociales

Ahmed Bouazzi (PDP) insiste  :

«  Il ne faut pas refaire la gaffe de tout miser sur l'anti-islamisme. Un grand parti du centre doit être ancré dans la société et pas lié à une élite. Il faut donner des perspectives économiques concrètes et réalistes.  »

Toute la difficulté tient à ce que, le projet d'Ennahdha est bien un projet sociétal, mais que l'attaquer sur l'identité a priori revient à se placer hors du consensus. Il faudra « combiner compétence économique et valeur universelle de la liberté », explique Ahmed Bouazzi  :

«  Il faudra tenir sur des lignes rouges. L'école sera un test crucial. Il est probable qu'on doive faire face à des demandes de salles de prière pour prier pendant les cours. Il faut que l'école demeure un lieu consacré à l'enseignement. La prière, c'est à la mosquée.  »

> Tenir compte de la réalité culturelle du pays.

Youssef Chahed, fondateur de La Voie du centre, l'une des composantes du Pôle, est clair  :

«  Si on se tient au discours sur l'égalité hommes/femmes, la laïcité et l'homosexualité, on restera un parti de niche. On sera le parti laïc tunisien, symétrique du parti salafiste Tahrir  !  »

Yassine Brahim renchérit  :

«  On ne peut pas faire de la politique au service d'une société sans prendre en compte la réalité de cette société. Les Tunisiens ont envie de s'intéresser à leur religion, travaillons plutôt l'enseignement religieux pour contrer l'influence wahhbabite.

Mais donner trop d'importance à une question comme l'égalité successorale [la norme coranique d'une part pour une fille, et deux part pour le garçon, sert de base au Droit des successions, ndr] c'est prématuré. On y arrivera dans quatre ou cinq étapes.  »

> Acquérir une profondeur sociologique.

Youssef Chahed reconnaît  :

«  Nous ne savons pas faire le terrain. On vient de Tunis, on n'a pas de relais. Il va falloir identifier les relais à l'intérieur du pays.  »

Ces relais ce sont déjà les militants des anciens partis et les militants syndicaux qui ont encadré la révolution mais qui sont isolés ou dispersés dans plusieurs partis, souvent d'extrême-gauche

Une utopie réaliste

L'idée d'un parti de centre gauche fait l'unanimité, mais sa réalisation se heurte à la réalité des appareils et à la rivalité des ambitions personnelles.

Riadh Ben Fadhel tempère donc les enthousiasmes  :

«  L'idée d'un parti regroupant notamment le Pôle, le PDP, Afek Tounes à ce stade est une utopie réaliste. Une démarche précipitée risque d'éclater au bout de quelques mois. Le PDP, Afek et Ettajdid (une des formations du Pôle) doivent d'abord tenir leur congrès.  »

Le PDP en particulier doit tirer les enseignements de sa campagne ratée. On promet du «  filtrage  », même au plus haut niveau, et les choix stratégiques d'Ahmed Néjib Chebbi vont être sévèrement évalués.

Ettajdid va devoir aussi s'adapter au passage d'une culture de résistance quasi clandestine, à une culture d'action politique dans un environnement concurrentiel et médiatisé. Afek Tounes, même jeune parti, n'est pas épargné par les crises et les dissidences.

Dans l'immédiat, les trois se sont mis d'accord pour créer, avec d'autres petites formations, un groupe parlementaire commun à l'Assemblée constituante, rassemblant au moins une trentaine de députés.

Yassine Brahim défend une approche progressive  :

«  Il faut d'abord se connaître, travailler sur des positions communes et laisser le temps aux gros partis historiques le temps de digérer les résultats et de se convaincre qu'ils ont un intérêt à se fondre dans un ensemble. Il faut respecter les contraintes des uns et des autres.  »

De son côté, le Pôle réfléchit à la possibilité de se transformer en parti et d'autoriser les adhésions individuelles directes à côté des adhésions collectives.

Trois hypothèses

La formation d'un parti du centre n'est donc pas pour tout de suite. Mais soit l'une des formations apparaîtra comme la plus à même d'attirer les autres à elle, soit chacun des appareils décidera de s'auto-dissoudre pour se fondre dans une seule formation.

Une troisième hypothèse serait que des jeunes cadres de second rang, profitant de ce moment de fluidité et court-courcuitant des appareils qui tendent à persister dans leur être, n'allument l'étincelle créatrice et lance une nouvelle formation qui viderait de leur substance des partis dont la mission historique est épuisée. Une manœuvre risquée.

Mais il y a urgence estime Youssef Chahed  :

«  Si nous ne réagissons pas dans l'année, nous sommes fichus.

source http://blogs.rue89.com/tunisie-libre/2011/11/07/tunisie-les-

 



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5 novembre 2011 6 05 /11 /novembre /2011 04:15

 

Négociations en cours pour la formation d'un nouveau Gouvernement

 


(TAP) - Les négociations au sujet de la composition et du rôle du prochain Gouvernement se poursuivent entre les principaux partis vainqueurs aux élections de la Constituante.

 

Les partis les plus représentés au sein de la Constituante ont été unanimes à affirmer que la semaine prochaine sera décisive, dans la mesure où elle révèlera la composition du prochain Gouvernement et les principaux axes de son programme d'action.

La composition du prochain Gouvernement sera déterminée par les formations les plus représentées au sein de la Constituante (parti du Mouvement «Ennahdha», le Congrès pour la République «CPR» et parti «Ettakatol ») sans pour autant exclure les autres parties, a déclaré M. Nourredine Bhiri, porte-parole du Mouvement "Ennahdha" à l'Agence TAP.

Le programme du Gouvernement sera défini en concertation avec ces partis, d'autres formations et plusieurs compétences nationales, a-t-il indiqué, précisant que des négociations pourraient être engagées avec le Parti Démocrate Progressiste (PDP) concernant la gestion des affaires publiques, à la seule condition que ce parti revienne sur la décision qu'il avait prise avant la proclamation des résultats préliminaires des élections de rejoindre l'opposition.

La question du prochain Gouvernement sera tranchée après l'annonce des résultats définitifs des élections, a-t-il ajouté.

Pour Samir Ben Amor, représentant du CPR, les négociations se poursuivent entre le mouvement «Ennahdha» et le parti «Ettakatol» pour constituer un Gouvernement qui dirigera le pays pour la prochaine période.

Joint au téléphone, il a déclaré à l'Agence TAP que ces négociations se déroulent dans une ambiance consensuelle pour enfin aboutir à un Gouvernement de coalition composé des principales formations gagnantes aux élections avec la possibilité d'inclure d'autres partis «n'ayant aucun lien avec l'ancien régime», précisant que les contours de la composition de ce Gouvernement seront dessinés au début de la semaine prochaine.

Ce Gouvernement de coalition, tel qu'il a été envisagé par le CPR, a-t-il espéré, doit être un «Gouvernement politique par excellence» qui ne se contente pas uniquement de la gestion des affaires courantes, un Gouvernement composé de partis qui partagent la même volonté de parachever la réalisation des objectifs de la révolution.

Quant à M. Mohamed Bennour, porte-parole officiel du parti «Ettaktol», il a précisé que la participation de son parti au prochain Gouvernement est tributaire d'un consensus autour de ses programmes, plaidant, à ce propos, en faveur de la constitution d'un «Gouvernement d'intérêt national» qui doit remplir un mandat d'une année depuis la date de sa composition.

source : http://www.businessnews.com.tn/Tunisie---Initiative-citoyenne-p

 

 

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La religion sera absente de la Constitution tunisienne

Le parti Ennahda accordera une place importante aux droits de l'homme

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La religion sera absente de la nouvelle Constitution tunisienne qui accordera en revanche une place importante aux questions des droits de l'homme, de la démocratie et de l'économie de marché, assure le parti islamiste Ennahda qui a remporté les premières élections libres du pays. Le gouvernement, dont la composition devrait être dévoilée la semaine prochaine, n'introduira pas le principe de la charia ni d'autres principes islamiques susceptibles de rogner sur le caractère laïque de la Constitution en vigueur lorsque l'ancien président Zine ben Ali a été chassé du pouvoir par la rue en janvier.

"Nous ne voulons pas imposer un style de vie particulier", déclare le responsable d'Ennahda, Rachid Ghannouchi, exilé à Londres pendant plus de vingt ans. Depuis la large victoire de son parti réputé modéré aux élections constituantes du 23 octobre, certains soupçonnent Ennahda de vouloir imposer une application stricte des principes religieux à une société tunisienne habituée depuis la décolonisation à un mode de vie libéral.

 

"Il s'agit juste de la description de la réalité"

La première tâche de l'Assemblée nouvellement élue, chargée de rédiger la Constitution, sera donc avant tout de rassurer les Tunisiens et les investisseurs étrangers, indispensables à la relance de l'économie, estiment analystes et observateurs. Avant même le début des discussions sur la Constitution, tous les partis politiques du pays sont convenus de conserver le premier article de l'actuelle loi fondamentale, qui déclare que l'islam est la religion et l'arabe la langue officielle du pays.

"Il s'agit juste de la description de la réalité", explique Ghannouchi. "Cela n'a aucune implication légale." "Il n'y aura pas d'autres références à la religion dans la Constitution. Nous voulons accorder la liberté à l'ensemble du pays", poursuit le chef de file d'Ennahda, qui ne jouera aucun rôle dans le nouveau gouvernement. La nouvelle Constitution devrait entrer en vigueur d'ici un an.

 

Aucune promotion de la religion

Publiés dans les années 1980-1990, les écrits de Ghannouchi ont inspiré le Parti de la justice et du développement (AKP) au pouvoir en Turquie, qui applique un subtil mélange entre démocratie et islam. Ghannouchi affirme également que les 22 années passées en exil lui ont permis de constater l'importance de la société civile. Comme la Turquie, la Tunisie a connu des décennies de dictature laïque avant d'évoluer vers un régime démocratique dans lequel les islamistes modérés se sont imposés dans le paysage politique.

"La loi par elle-même ne change pas la réalité", lance Ghannouchi, interrogé au siège de son parti. "Il ne devrait pas y avoir de loi qui tente de rendre les gens plus religieux", estime-t-il. Dans la foulée de sa victoire aux élections constituantes, son parti s'est engagé à ne pas interdire l'alcool et les vêtements occidentaux et à poursuivre les politiques économiques en faveur du tourisme, de l'investissement étranger et de l'emploi.

La charia et les lois de l'islam sont un ensemble de valeurs morales individuelles et sociétales et non un code de conduite strict à appliquer au niveau national, dit-il. "L'Égypte dit que la charia est le principal fondement de sa loi mais cela n'a pas empêché l'ancien président déchu Hosni Moubarak de devenir un dictateur."

 

Probable accord des laïcs

Pour Samir Ben Amor, chef de file du Congrès pour la République (CPR) qui devrait participer au gouvernement de coalition aux côtés d'Ennahda et d'un autre parti laïque, il y a un consensus autour de la référence à l'islam dans le premier article de la Constitution. Ces partis politiques s'accordent également pour renforcer la démocratie en introduisant notamment des références aux conventions internationales des droits de l'homme. "Nous voulons un régime libéral"", dit Ben Amor.

Alors que les partis s'accordent pour défendre les droits des femmes, parmi les plus avancés du monde arabe, Ben Amor se dit toutefois opposé à l'inscription du Code du statut personnel dans la Constitution. "Aucune Constution au monde n'a ça", note-t-il. Ces droits seront protégés par la législation, argue-t-il. Le principal point d'achoppement porte sur le type de régime politique. Ghannouchi a une préférence pour le système parlementaire quand les autres partis politiques soutiennent un système à la française, avec un pouvoir partagé entre un président élu au suffrage universel direct et un parlement.

"Le système parlementaire peut entraîner une instabilité politique, et sortant tout juste d'une dictature, nous pensons que nous ne pouvons pas courir ce risque", explique Ben Amor. Pour Radouan Mamoudi, directeur du Centre pour l'étude de l'islam et de la démocratie, basé à Washington, les élections d'octobre ont montré que le pays avait opté pour une "révolution évolutionnaire" sans changements radicaux. "Les Tunisiens sont d'accord sur presque tout, note-t-il. Ils veulent garder leur identité arabe et musulmane sans vivre dans une théocratie. Je pense que la Tunisie peut ouvrir la voie dans le monde arabe en construisant une véritable démocratie pleinement compatible avec l'islam."

source : http://www.lepoint.fr/monde/la-religion-sera-absente-de-la-constitution-tunisienn

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Nous nous sommes trompés...

 

 

Oui, à Tunis et à Paris, nous nous sommes trompés. Le vrai changement n’était pas dans la possible victoire des révolutionnaires, mais dans le désir des islamistes de prouver qu'ils avaient changé. Par Jean Daniel. 

Une Tunisienne et sa fille à un meeting de campagne du parti Ennahda, le 21 octobre à Tunis. (AFP/ LIONEL BONAVENTURE)Une Tunisienne et sa fille à un meeting de campagne du parti Ennahda, le 21 octobre à Tunis. (AFP/ LIONEL BONAVENTURE)
Nous avons donc eu affaire en Tunisie à une  phase de ce que l’on peut appeler une contre-révolution. Je dis bien "une phase", car l’échéance la plus importante, et en vérité la seule déterminante, c’est celle des élections législatives qui auront lieu après une année de débats de la nouvelle Assemblée Constituante. C’est long une année : tout peut arriver, et il est donc un peu tôt pour les "modernistes" de se battre la coulpe et de se dire qu’ils ne connaissaient pas leur peuple. Sans doute peuvent-ils se reprocher – et nous avec eux !- d'avoir surestimé le degré de représentation de cette fraction révolutionnaire qui enflammait les cœurs et les imaginations. Sans doute aussi, peuvent-ils se reprocher de n’avoir pas évité la peur du chaos qu’ont suscité leurs divisions dans une société solidement conservatrice.

Mais ils feraient mieux de mettre désormais toute leur énergie non pas dans les complaisances du regret, mais dans les ambitions d’un projet. D’autant que, s’il est honnête de s’incliner devant la victoire d’Ennahda, il l’est tout autant de constater que cette victoire s’est accompagnée d’une affirmation de changements profonds opérés sur le visage même de l’islamisme. Ennahda a vaincu avec des habits neufs. Nous avons toute une année pour vérifier s’il adopte une nouvelle tenue, ou s’il n’a emprunté qu’une défroque de circonstance. Je crois personnellement qu’Ennahda a changé, tout simplement, parce que le monde à changé. Si les modernistes tunisiens croient s’être bercé d’illusions, il faut qu’ils se consolent en constatant que la modernité, elle, à triomphé. Il n’est pas de jour en Tunisie où un islamiste n’affirme son respect des acquisitions démocratiques. Et c’est avec cette affirmation qu’il prétend séduire le peuple, et qu’il l’a fait.

 

"Hélas ! Le peuple sauveur, le peuple Dieu, est d'humeur inconstante"

Les Tunisiens nous ont rappelés qu’une révolte, même victorieuse, contre le tyran, peut se nourrir d’une fidélité aux traditions identitaires. Mais ils nous ont rappelés aussi que la démocratie comportait tous les risques et que, librement consulté, le peuple pouvait avoir tort. Si Bourguiba en 1954 avait soumis à référendum son révolutionnaire statut des femmes, rien ne prouve qu’il aurait eu la majorité. Sans doute, pour Robespierre : "Jamais les maux de la société ne viennent du peuple, mais du gouvernement". Mais Clémenceau, pendant l'affaire Dreyfus, s'écriait : "Hélas ! Le peuple sauveur, le peuple Dieu, est d'humeur inconstante". Mais on ne peut céder pour autant à la tentation du souhait d’un despotisme éclairé parce que le despote finit toujours, Bourguiba l’a montré, par être illuminé.

Que s’est-il passé ailleurs ? Les Frères musulmans, en Egypte, se sont trop vite félicités de ce que leurs frères tunisiens aient fait avancer leur propre cause. Les Libyens ont confirmé successivement le caractère théocratique de leur futur gouvernement et le fait qu’ils voulaient se présenter comme des musulmans "modérés". Sans que l’on puisse encore savoir sur quoi porte cette modération, surtout après le meurtre de Kadhafi. Enfin, en Algérie et au Maroc, où l’on était agacé de voir célébrer à tout moment le "modèle tunisien", la mauvaise conscience a disparu et les hommes de pouvoir se sont sentis confortés. En résumé, la perspective d’une démocratie à l’occidentale qui permettrait une indépendance totale à l’égard de la religion s’est totalement éloignée. On se persuade que la mystique de la fidélité aux traditions l’emportera toujours sur le romantisme du triomphe de la liberté. C’est au nouvel islam de faire la synthèse.

 

"les modernistes" n’ont pas eu tort de redouter la dimension éventuellement djihadiste de leurs adversaires

Et c’est précisément cette synthèse que déclare vouloir réaliser le leader d’Ennahada, Rachid Ghannouchi. Faut-il l’en croire ? Disciple de Nasser, il n’avait jamais dissimulé jadis, sa sympathie active pour la doctrine de Hassan el-Banna, le fondateur égyptien des Frères musulmans. Lorsque Ghanouchi a fondé son mouvement islamique en 1981, c’est-à-dire l’année où Anouar el-Sadate a été assassiné, il savait bien que les islamistes n’étaient pas des démocrates, même si on lui prête aujourd’hui d’avoir manifesté un désaveu de la violence à un moment où les intégristes de tous les pays arabes se solidarisaient avec les différents mouvements terroristes. Mais on ne peut plus ignorer que Rachid Ghannouchi, aujourd’hui, ne cesse de louer le régime turc et sa façon de concilier l’appartenance à l’islam et la défense de toutes les libertés. Il entend, dit-il créer le modèle le plus démocratique du monde arabe. Personnellement, je le crois sincère, mais seulement pour une raison objectivement politique. Il n’y a d’avenir pour l’islamisme que s’il se délivre de son ancienne connotation djihadiste tout en islamisant la modernité.

Pour résumer mon propos, et me séparant de presque tous les miens, je dirais que ce qu’on appelle par commodité de langage "les modernistes" n’ont pas eu tort de redouter la dimension éventuellement djihadiste ou obscurantiste de leurs adversaires. Ils n’ont pas eu tort parce qu’ils ont négligé la profondeur de l’enracinement de leur peuple dans la religion. Après tout, la doctrine de la table rase n’a pas conduit ni les révolutionnaires de 1789, ni ceux de 1917, à l’échec. Ils ont eu tort de penser qu’il y avait encore une grande peur des terroristes, alors que la majorité ne comptait que sur la religion pour être antitotalitaire et conservatrice.

 

Jean Daniel - Le Nouvel Observateur 

P.S J’ai commis une erreur dans mon dernier article en écrivant que les islamistes avaient été les seules victimes de l’ancien président Zine el-Abidine Ben Ali. C’était faire injure à tous les opposants démocrates et modernistes qui ont été emprisonnés ou persécutés et je fais ici mon mea culpa. Il reste que les ennemis les plus directement ciblés de Ben Ali étaient bien les islamistes. Leurs attentats terroristes avaient commencé bien avant le coup d’Etat qui, en 1987, a entraîné l’éloignement d’un Bourguiba chancelant qui les avait lui-même activement combattus. A ce moment-là, et pendant un certain temps, chacun s’est félicité de voir les terroristes islamistes pourchassés et peu à peu éliminés.

source : http://tempsreel.nouvelobs.com/jean-daniel/20111102.OBS3670/tunisiel


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Dr Ben Jaâfar, ne soyez pas le Bani Sadr tunisien !

 

par Moez Salem

Mustapha Ben Jaafar doit réfléchir par deux fois avant d’accepter le poste de président de la république offert sur un plateau par le cheikh Rached Ghannouchi ! Et pour cause…

Je fais partie d’une génération qui a connu la révolution iranienne et je constate qu’il existe malheureusement de troublantes analogies entre cette dernière et la révolution tunisienne.

Je note surtout l’existence de nombreuses similitudes entre les deux tandems Khomeini-Bani Sadr et Ghannouchi-Ben Jaâfar.

Le 1er février 1979, deux semaines après la chute du régime du chah, l’ayatollah Khomeini rentre triomphalement de son  exil français. Il  instaure la République islamique d’Iran et s’autoproclame Guide suprême de la révolution. Il nomme comme président de la république Aboulhassen Bani Sadr, considéré comme son fils spirituel.

Mais les graves dérives de la révolution et notamment le non respect des droits de l’homme en Iran provoque de sérieux conflits entre les deux hommes et le président Bani Sadr se trouve obligé de fuir en juin 1980 à destination de la France où il vit encore.

Ce qui s’est passé en Iran me rappelle étrangement ce qui se passe en ce moment en Tunisie.

Le cheikh Rached Ghannouchi rentre de son exil doré londonien le dimanche 30 mars 2011.

Il entreprend une manœuvre de séduction en direction de Mustapha Ben Jaafar qui ne reste pas insensible.

Le cheikh sait pertinemment que le mouvement Ennahdha ne possède aucune figure présidentiable ; il présente donc un programme politique proposant un régime parlementaire en Tunisie avec un président choisi par le parlement et non élu par le peuple tunisien ; ce qui lui permettrait de contrôler à la fois le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif.

M. Ben Jaafar possède tous les atouts pour «plaire» à une large frange de Tunisiens : un visage bienveillant, un honorable passé de militant et une droiture indiscutable ; aussi le Cheikh lui propose-t-il cette offre alléchante d’un fauteuil de président, en contrepartie de son allégeance au mouvement Ennahdha.

Mais quelle serait l’attitude du Dr Ben Jaafar si, par malheur, Ennahdha se mettait à appliquer la Charia, à abolir le Code du statut personnel, à commettre de graves violations des droits de l’homme ?

M. Ben Jaafar, je vous invite à réfléchir par deux fois avant d’accepter l’offre du cheikh et surtout vous rappeler l’amère mésaventure qui est survenue à l’ancien président iranien, Aboulhassen Bani Sadr !

source http://www.kapitalis.com/afkar/68-tribune/6665-dr-ben-jaafar-ne-soyez-pas

 

 

 

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4 novembre 2011 5 04 /11 /novembre /2011 06:07

"Arrêtez de soutenir les islamistes!" scande l'Imam de Drancy

 

L'imam Hassen Chalghoumi, dont la Conférence représente 80 imams en France, condamne sans ambiguïté l'attaque des locaux de Charlie Hebdo, et il reproche à l'Occident d'être « naïf et trop complaisant vis-à-vis des islamistes ».

L'Imam de Drancy, Hassen Chalghoumi met en garde l'Occident sur les la situation actuelle dans les pays arabes
L'Imam de Drancy, Hassen Chalghoumi met en garde l'Occident sur les la situation actuelle dans les pays arabes SIPA/Baltel

Hassen Chalghoumi, Président de la Conférence des Imams de France et Imam de Drancy (région parisienne), n'est pas tendre avec les islamistes : « L'attaque contre les locaux de Charlie Hebdo est un acte très grave d'intolérance. Bien sûr, je suis je suis contre les caricatures du Prophète, je les condamne. Mais la réponse ne peut pas être la violence. La liberté d'expression implique le dialogue. Les fondamentalistes, eux, ne croient pas au dialogue, ils refusent la démocratie, et ils punissent tous ceux qui ne pensent pas comme eux ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Interrogé par France-Soir, l'Imam de Drancy estime que l'attaque des locaux de Charlie Hebdo doit servir d'alerte : « Je dis aux Français, je dis à l'Europe et à l'Occident en général, mais je dis aussi aux journalistes : Réveillez-vous! Arrêtez de soutenir l'islam politique. Ne soyez pas naïfs, ces gens-là sont intolérants, ils menacent même des musulmans qu'ils jugent trop modérés ».


"Je connais le double langage des islamistes"

Hassen Chalghoumi s'inquiète de la « candeur » des Occidentaux, face aux succès des mouvements islamistes : « Ce qui se passe aujourd'hui dans le monde arabe est très grave. Quand le parti islamiste Ennahda accède au pouvoir en Tunisie, quand quarante pour cent des musulmans de France ont voté pour lui, je suis catastrophé. Je connais le double langage des islamistes, je suis musulman, je suis tunisien... Ces gens-là veulent instaurer la charia, et tout le monde se réjouit ».

Selon l'Imam Hassen Chalghoumi, « l'Europe doit se réveiller. Elle ne peut pas cautionner l'arrivée de partis islamistes dans les pays musulmans. Elle doit, au contraire, apporter son soutien aux seuls partis démocratiques ». L'imam franco-tunisien affirme que « les Révolutions en Tunisie, en Egypte et en Libye, qui au départ étaient nobles et démocratiques, sont en train d'être récupérées par les islamistes ».

Cet Imam, qui se présente comme « un homme de terrain confronté à la réalité », reproche aux politiques et aux médias occidentaux de « trop donner la parole aux islamistes, d'être trop complaisants avec les Frères musulmans » : « Les journalistes ne veulent pas voir les choses, dit-il. Mais cette attaque contre Charlie Hebdo montre qu'il y a des gens qui n'acceptent pas le point de vue des autres. Ils veulent imposer leurs lois même en France. Ce sont des fanatiques. Pour moi, tous les points de vue doivent s'exprimer, et la réponse n'est pas la violence, mais le dialogue ou le recours à la Justice ».

"Pourquoi la France a fait le jeu d'Al Qaïda en Libye ?"

L'Imam de Drancy ne comprend pas pourquoi « les Américains se sont réjouit de la victoire des Frères musulmans en Egypte, pourquoi la France a fait le jeu d'Al Qaïda en Libye, pourquoi plusieurs pays européens ont hébergé des leaders islamistes qui, aujourd'hui, rentrent dans leurs pays avec beaucoup d'argent, financés notamment par le Qatar, pour se s'approprier les Révolutions arabes ».

Selon lui, « il ne faut jamais soutenir un parti islamiste, car si les islamistes gagnent en Tunisie, en Libye et en Egypte, c'est tout le monde arabe qui va basculer, et on va le payer très cher  ».

source : http://www.francesoir.fr/actualite/societe/charlie-hebdo-arretez-soutenir-islamistes-scande-l-imam-drancy-152778.html

 

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Un rapport des Femmes démocrates dénonce la « partialité » des médias nationaux

 

Le troisième rapport de l'opération d'observation du rôle des médias en Tunisie, au cours de la période légale de la campagne électorale qui s'est déroulée du 1er au 23 octobre 2011 a démontré que les médias nationaux n'ont pas été neutres dans la couverture de cette campagne tout en révélant une présence timide de la femme et des questions qui lui sont liées dans les médias nationaux.

Mme Sana Ben Achour, présidente de l'Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD) a indiqué lors d'une conférence de presse, tenue jeudi au siège de l'observatoire national de l'information à Tunis, que les organes d'information n'ont pas réussi à assurer une couverture exhaustive des programmes des acteurs de la vie politique en ce qui concerne leurs visions de l'Assemblée nationale constituante, outre la faiblesse de la couverture des activités politiques féminines.

Ce rapport présenté par cette Association reproche aux médias d'avoir participé à plusieurs reprises, durant cette campagne, au détournement de l'attention des citoyens du vrai débat sur les élections, en provocant un autre débat sur l'identité, devenu problématique après la diffusion par Nessma TV, du film ''Persepolis''.

Le rapport précise que la scène médiatique a été divisée, suite à la diffusion de ce film, entre défenseurs et accusateurs de cette chaîne et entre défenseurs de l'Islam et défenseurs de la liberté d'expression et de l'information, déviant ainsi de son rôle fondamental en cette période et qui consiste à assurer la couverture des programmes des candidats en lice aux élections.

S'agissant des résultats de l'observation concernant la presse écrite le rapport montre que 20,20% de la matière observée n'était pas neutre dans le traitement des sujets et que les genres journalistiques propres à la presse d'opinion étaient rares.

Le rapport d'observation révèle aussi une grande faiblesse de la présence de la femme politique dans les articles de presse, ne bénéficiant que de 4,22% seulement des espaces observés soit 10 fois moins que les hommes politiques qui ont bénéficié de 41,68% des espaces concernés par cette opération.

S'agissant de l'observation des stations radiophoniques, le rapport indique que 55, 29% de la matière observée n'était pas neutre dans le traitement des programmes et des sujets liés aux élections outre le fait que la femme n'y a bénéficié que de 5,16 % de taux d'occupation de la totalité des tanches horaires observées contre 57,64% pour les hommes politiques.

Les résultats d'observation des chaînes TV publiques dans la couverture des activités des acteurs de la scène politique ont révélé que 65,35% des programmes observés n'étaient pas neutres indique ce rapport précisant que la couverture des activités des femmes politiques n'occupe que 6,37% de la totalité des tanches horaires alors celles des hommes politiques atteint 55,05%.

Il est à noter que l'opération d'observation des organes d'information tunisiens lors de la période des élections de l'Assemblée nationale constituante a été décidée dans le cadre d'une coalition entre plusieurs organisations non gouvernementales comprenant l'Association tunisienne des femmes démocrates, l'Association des femmes tunisiennes pour la recherche sur le développement, la Ligue tunisienne pour la défense des droits de l'Homme, le Conseil national pour les libertés, le Syndicat national des journalistes tunisiens et l'Observatoire de la liberté de la presse de l'édition et de la création.

Ce projet est soutenu par plusieurs organisations internationales et régionales dont l'organisation danoise à but non lucratif "International Media Support" (IMS) opérant dans plus de 40 pays pour le soutien de l'information locale en période de conflits et de bouleversements politiques


 source : http://www.maghrebemergent.info/actualite/fil-maghreb/6072-tunisie-un-ra 

 

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Ben Jaafar : «On ne doit pas avoir peur d'Ennahda»


Le chef d'Ettakatol, Moustapha Ben Jaafar, a confirmé l'ouverture de discussions avec les islamistes d'Ennahda pour la formation d'un gouvernement «d'intérêt national». Il se dit candidat à la présidence de la République de Tunisie

Le chef d'Ettakatol, Moustapha Ben Jaafar, a confirmé l'ouverture de discussions avec les islamistes d'Ennahda pour la formation d'un gouvernement «d'intérêt national». Il se dit candidat à la présidence de la République de Tunisie | AFP/Fethi Belaid

 

 

 

 

Le chef du Forum démocratique Ettakatol, Moustapha Ben Jaafar, se déclare candidat au poste de président de la République de Tunisie, pour la période transitoire qui s'ouvre avec l'élection d'une Assemblée constituante, dominée par une majorité du parti islamiste Ennahda avec 90 sièges sur 217.  Ettakatol a obtenu 21 sièges juste derrière le Congrès pour la République (CPR) dirigé par Moncef Marzouki avec 30 sièges. 

Médecin de 70 ans, proche des socialistes, Moustapha Ben Jaafar affirme au parisien.fr qu'il veut incarner  la «volonté consensuelle» dans le nouveau gouvernement tout en assurant la sérénité avec la communauté internationale qui «ne doit pas, selon lui, avoir peur des islamistes» de Ennahda.

 

Les islamistes de Ennahda étant arrivés en tête des premières élections de l'après Ben Ali, comprenez-vous les craintes de l'Occident ?

-«Je n'ai pas attendu ces résultats pour dire que nous ne devons plus avoir peur de qui que ce soit soit, pas de l'islamisme seulement. Nous devons d'abord nous réconcilier entre nous-mêmes, accepter l'autre. Croire que cette société tunisienne est une société de la modération et de l'ouverture».


 

Est-ce possible pour le démocrate que vous êtes de travailler sur un projet de constitution avec des islamistes ?

-«Bien sûr que c'est possible, en considérant que nous sommes dans une situation exceptionnelle et que nous ne sommes pas dans un scénario classique de majorité-minorité. Et que les forces de progrès soient convaincues qu'aujourd'hui, on ne pas laisser le pouvoir à un seul parti dominant. Parce que nous sommes à un virage où beaucoup de choses importantes et qui vont déterminer l'avenir du pays vont se décider au cours de la prochaine année.»


 

Ca veut dire que, selon vous, les Occidentaux comme la société civile tunisienne n'ont vraiment rien à craindre d'Ennahda ?

-«Absolument ! Ils n'ont rien à craindre. Il faut considérer que 60% des électeurs ne sont pas Ennahda sans parler des gens qui se sont éparpillés sur des petites listes. Il ne faut pas oublier que près de 40% des Tunisiens ne se sont pas inscrits sur les listes électorales. Tous ces éléments doivent être pris en compte pour relativiser ce succès d'Ennahda. La peur n'a pas sa place aujourd'hui.»

 
 

Ennahda revendique la tête de l'exécutif. Et vous, êtes-vous candidat aux responsabilités?

-«Je suis candidat potentiel pour les premières responsabilités qui pourraient surgir d'un consensus entre les forces politiques représentées au sein de cette nouvelle assemblée. Nous sommes, d'abord, pour nous concerter autour d'un scénario global. Je n'ai pas encore fixé mon choix. Mais je suis un candidat potentiel à la présidence de la République, pourquoi pas.»

 

Si vous êtes président de la République, quelles seront vos priorités ?

-«Réaliser le changement d'une part, répondre aux attentes urgentes de la population, notamment la question du chômage et de la pauvreté, de la précarité et les disparités entre les régions. Puis, et c'est peut-être la tâche essentielle au cours de l'élaboration de la nouvelle constitution: faire tout pour préserver les acquis de la société tunisienne en terme de modernité, de démocratie et des libertés, d'égalité entre les hommes et les femmes. Voilà nos objectifs.»


 

En préservant l'unité nationale ?

-«Absolument, préserver l'unité nationale. Surtout éviter la bi-polarisation de la vie politique qui pourrait être source de tensions. Et être convaincu que pour atteindre ces objectifs, dans une année cruciale, il faut qu'il y ait la sécurité, la stabilité. Il faut donc rassurer l'entreprenariat national et étranger, notamment nos amis des pays qui ont des rapports historiques et intimes avec la Tunisie. Tout cela ne peut se faire que dans le cadre de ce que nous proposons, nous, à savoir un gouvernement d'intérêt national.»


 

Ce gouvernement  est pour bientôt ?

- «Je l'espère. Nous avons une dizaine de jours avant que la nouvelle assemblée ne soit convoquée. D'ici là, nous poursuivons nos concertations avec les différents partenaires, sans laisser personne sur le bas côté»

source : http://www.leparisien.fr/crise-tunisie/ben-jaafar-on-ne-doit-pas-avoir-peur-d-ennahda-01-11-2011-1696733.php

 

 

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Point de vue

« Printemps arabe » : Tunisie, l'art d'avancer en arrière ?

Un nouveau « prisme à l'analyse » ?

par Robert Bibeau

Elles s’activent et elles s’agitent comme si le sol se dérobait sous leurs pas ces féministes dilettantes outragées. Madame Hillary Clinton, leur maître à penser, ayant décrété que le « Printemps arabe » avait pour objectif de « remettre en marche le cours de l’histoire vers la justice, la démocratie, la modernité et la laïcité », elles ne savent plus à quel saint se vouer, mais surtout, elles s’excitent, les amazones occidentales, depuis ce qu’elles décrivent pudiquement comme : « les événements récents en Tunisie et en Libye qui apportent un autre prisme à l’analyse » (1) ! 

Le pilonnage des populations civiles par plus de 14 000 sorties meurtrières d’avions de combat de l’OTAN, le massacre de milliers de femmes, d’hommes, d’enfants et de vieillards dans leur sommeil ou dans leur fuite des villes libyennes assiégées et bombardées apportent quel « autre prisme d’analyse », dites nous mesdames, sur la laïcité, le voile, la justice et la démocratie bourgeoise ?

À entendre ces élucubrations ubuesques, on croirait rêver, comme dans un cauchemar d’une nuit d’automne – loin du « Printemps arabe » justement – qui ressemble de moins en moins à un jardin de jasmins et de plus en plus à un cimetière de coquelicots sanglants.

Les événements évoqués par ces conférencières outrancières ont trait au massacre de populations civiles libyennes (plus de 50 000 victimes, 17 fois plus qu’au WTC) et à l’exécution sommaire – extrajudiciaire – du chef d’État libyen Mouammar Kadhafi par des mercenaires commandités par l’OTAN (une facture de 478 milliards de dollars sera refilée au CNT) ; ainsi qu’au vote de la population tunisienne qui vient de porter au pouvoir un parti islamiste, un parti qui n’a surtout pas participé au soulèvement populaire spontané et pseudo « apolitique », serait selon elles la résultante de la remise en marche de l’histoire arabe (2) ! Tiens donc, l’histoire arabe s’était immobilisée ? Quelle fadaise ridicule !

 

LES ISLAMISTES ACCRÉDITÉS – NON RÉSISTANTS

Le quotidien le Monde qui nous avait précédemment gratifié de ses écrits hystériques à propos des « islamo-fascistes » et sur le danger de reconnaître la résistance du  Hamas comme gouvernement légitimement et démocratiquement élu en Palestine occupée (2006), ou encore, de reconnaître la résistance du Hezbollah dont les candidats ont également été élus démocratiquement au Liban (2009) ; Le journal Le Monde, disions-nous, y va lui aussi de son mièvre laïus et s’interroge hébété : « Et si, en Tunisie la démocratie passait par l’Islam ? » 

Il y aurait donc de bons islamistes – nous savons déjà qu’une fraction des Talibans négocie avec les troupes d’invasion en Afghanistan et que pour cela ils sont devenus de bons Talibans – et il y aurait de mauvais islamistes (résistant à l’OTAN) selon le quotidien Le Monde, suivant en cela les directives de Washington et de Paris.

Le quotidien va plus loin et décrète tout bonnement que « la Tunisie, a été également le premier à affronter l'épreuve des urnes. Avec succès si on en juge la participation que les premières élections vraiment libres du monde arabe (…). » (3). La participation populaire fut de moins de 49 % à l’élection tunisienne bidon. De plus, impasse sur les élections palestiniennes démocratiques de 2006 et silence sur les élections libanaises démocratiques de 2009, parce que Hamas et Hezbollah ne sont pas des islamistes accrédités par Washington car ceux-la résistent, alors que ceux de Tunisie, et bientôt ceux d’Égypte, de Libye et de Syrie ne résistent pas à l’OTAN ; ils collaborent, voilà ce qui leur vaut la palme d’or de l’intégrité non « intégriste ».

Pendant ce temps, jeudi, à Sidi Bouzid (Tunisie), d’où serait partie le 17 décembre 2010 la « résurrection » de la civilisation arabe (!) le peuple en colère, plutôt que de perdre son temps à voter, mais toujours au chômage et amère, ne pouvant digérer les coupons de votes qu’on leur offrait à consommer, a été réprimée dans le sang, par le fer et par le feu (4). Voilà la véritable réponse du peuple tunisien à l’encontre de la frauduleuse mystique démocratique. La même répression a aussi cours en ce moment en Égypte sous la junte militaire « démocratique » moubarakienne, sans Moubarak, ce tyran planqué, mis à la retraite dans sa datcha de Charm el-Cheikh « par la direction de la plus grande révolution » !?

 

ÉLECTIONS AVEC LES DOLLARS DU QATAR !

Quelle flagornerie petite bourgeoise, quel mépris pour les peuples arabes, cette grande civilisation millénaire qui n’attendait surtout pas le string, la pornographie juvénile, les génocides, les bombes à fragmentation, les munitions à l’uranium appauvri et les bombes au phosphore blanc pour s’émanciper et se « moderniser » ! 

Voila que les forbans de l'impérialisme américain, français et canadien - les chantres de la pseudo démocratie, le choeur des pleureuses de la « libératrice » Hillary, sont pris au piège de leur cynisme. Les féministes des pays riches dansent sur les cadavres des femmes arabes enfin « libérées » de leur voile, – elles qui n'avaient rien  demandé aux féministes ni aux « démocrates » des salons de Paris, de Montréal ou de Washington – voilà, disions-nous, que les femmes tunisiennes (moins de la moitié d’entre elles du moins) ont voté majoritairement – et c'est leur droit – pour un parti islamiste maintenant chargé d'assurer la continuité de Ben Ali sans Ben Ali, mais pour le bénéfice de la classe capitaliste que servait Ben Ali.

Que pouvait-on attendre de mieux quand un soulèvement populaire est, non pas « apolitique » mais extrêmement politisé, en direction de la social-démocratie opportuniste et réformiste et de l’électoralisme petit-bourgeois qui laisse espérer que l’on peut renverser un système social décadent à coup de coupons de votation. Le parti politique qui possède le plus de ressources financières et qui contrôle les moyens de propagande est assuré de l’emporter, nous l’avions écrit il y a dix mois.

« Voilà qu’entre en scène une nouvelle fraction d’intellectuels arabes, des occidentalisés mieux avisés. Maintenant que le premier groupe de compromis s’est cassé le nez, eux s’avancent et proposent une tactique différente; ils souhaitent détourner le mouvement ; d’une lutte sur le front économique, idéologique et politique, ces intellectuels arabes suggèrent de faire une lutte pour la « démocratie ». La « démocratie » qui nourrit comme aux États-Unis, mais pas les gagne-petits, elle nourrit la petite-bourgeoise (…) c’est le prix qu’elle fixe pour gagner son pari et engranger son profit, la petite-bourgeoise, le pari de diriger le conflit en Tunisie vers la « démocratie » du désespoir, de la faim et du mépris. » (5).

Les millions de dollars du Qatar et de l’Arabie Saoudite auront tout simplement fait la différence dans l’élection tunisienne comme ils le feront plus tard  en Égypte post Moubarak, dans la Libye post Kadhafi et éventuellement en Syrie laïque post Bachar el-Assad (6).

 

LA SOLUTION ARABE

Démocratisme bourgeois pour les riches, laïcité hypocrite, pseudo justice et modernité capitaliste, voilà l'art d'avancer en arrière aux pays du Maghreb et du Makresh sous domination impérialiste. Et maintenant, à Montréal, elles pleurent en chœur, nos soeurs en peur, devant ce qu’elles appellent un « détournement démocratique » (7). Quelle outrecuidance arrogante ces féministes occidentales ! Il n’y a là aucun détournement de la démocratie bourgeoise, le résultat de l’élection en Tunisie est le fruit de la démocratie bourgeoise manipulée par les riches tunisiens et leurs suppôts occidentaux, soutenus en sous main par les capitaux de l’intégriste Arabie Saoudite Wahhabite qu’aucune de ces donneuses de leçons n’ose dénoncer ouvertement, devinez pourquoi (8).  

Pourtant, la solution arabe et africaine aux maux de ces peuples est si simple et si évidente : que les puissances occidentales se retirent d'Afrique et qu’elles laissent l’Afrique aux Africains et les pays arabes et berbères aux arabes et aux berbères. Ils ne pourront jamais faire pire que l’Occident. Voilà la vraie solution pour ce continent et pour le Moyen-Orient. Mais il faudra les chassés ces puissances occupantes. De grâce, ne les aidez surtout pas, ils vivent assez de calamités sans subir Obama, Sarkozy, Cameron, Harper et Berlusconi, ils ont assez souffert sous les bottes de ces criminels de guerre (9).

 

 Notes-références

(1)  http://laicitequebec.wordpress.com/table-ronde-femmes-arabes-laicite-egalite-des-sexes/ 
(2)  http://laicitequebec.wordpress.com/table-ronde-femmes-arabes-laicite-egalite-des-sexes/  
(3)  http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/10/26/et-si-en-tunisie-la-democratie-passait-par-l-islam_1593940_3232.html 
(4) http://www.lemonde.fr/tunisie/article/2011/10/29/retour-au-calme-a-sidi-bouzid-apres-plusieurs-jours-de-violence_1596118_1466522.html 
(5)  http://www.ism-france.org/analyses/Le-printemps-de-Tunis--article-14916 
(6) http://www.centpapiers.com/le-%c2%ab-printemps-arabe-%c2%bb-%e2%80%93-l%e2%80%99attaque-contre-la-syrie/85260 et http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=23260  
(7)  http://sisyphe.org/spip.php?article4023  
(8)  http://www.ledevoir.com/international/actualites-internationales/334891/vers-l-obscurantisme-islamiste?utm_source=infolettre-2011-10-31&utm_medium=email&utm_campaign=infolettre-quotidienne  
(9)  http://www.centpapiers.com/le-plan-americain-de-%c2%abgrand-moyen-orient%c2%bb-bat-de-l%e2%80%99aile/84557  

 source : http://mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=27422

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31 octobre 2011 1 31 /10 /octobre /2011 01:16

Être ou ne pas être aux côtés d’Ennahdha ?

 Alors que le parti Ennahdha est maintenant la première force politique de la Tunisie et qu'une Constitution doit être rédigée, l'avocat tunisien Slim Hajeri partage son analyse de la situation.

 

Aujourd’hui, les choses sont claires, avec près de 42% des sièges, le parti islamiste domine largement l’Assemblée constituante.

 

Avant même la fin du décompte des voix, Ennahdha a clairement affirmé son intention de prendre en main les rennes du pouvoir. Elle a présenté sans plus attendre son futur Premier ministre, le président de l’Assemblée constituante et livré les noms de ses candidats à la présidence de la République

 

 

 Hamadi Jebali, secrétaire général d'Ennahdha et Rached Ghannouchi, chef du parti, le 28/10/11 à Tunis (FETHI BELAID/AFP)

Hamadi Jebali, secrétaire général d'Ennahdha et Rached Ghannouchi, leader du parti, le 28/10/11 à Tunis (FETHI BELAID/AFP)

 

Mais les islamistes ne veulent pas y aller seuls, ils ont lancé un appel à la constitution d’un gouvernement "d’union nationale", appel très vite accepté puis relayé par leurs alliés stratégiques du Congrès pour la République (CPR). La plupart des autres partis représentés à l’assemblée ont décliné (pour l’instant) l’offre d’Ennahdha à l’exception notable d’Ettakatol. Troisième force de l’AC, ce parti historique de centre gauche a su négocier la première période de transition avec une certaine habileté politique et a ainsi, pu se positionner comme l’une des formations politiques les plus crédibles de la place.

 

A l’heure actuelle, les négociations battent leur plein, Ettakatol se dit prêt à intégrer le gouvernement dirigé par l’islamiste Hamadi Jebali mais pose des conditions et dit vouloir négocier un programme commun. Les sympathisants d’Ettakatol et autres démocrates sont partagés. Mais au sein du parti les militants semblent majoritairement pencher pour une alliance ; argument principal : il faut accompagner Ennahdha afin d’éviter les dérives possibles et prendre en compte l’intérêt supérieur du pays.

 

Mais sur quel fondement le raisonnement des partisans de l’alliance repose-il ? Une stratégie politique se base sur des données objectives, des faits, des hypothèses crédibles, des prévisions et une analyse de la situation. Les choix sont ensuite faits et les décisions prises en fonction des objectifs à atteindre à court, moyen et long terme.

 

La position d'Ennahdha

 

Politiquement la situation peut se résumer ainsi : Ennahdha est le parti le plus puissant de l’assemblée et bénéficie du soutient du CPR qui comporte en son sein, il ne faut pas l’oublier, une forte composante nationaliste et/ou islamiste. L’axe Ennahdha/CPR aurait la maîtrise totale de l’Assemblée constituante. Or cette dernière est souveraine. Outre le pouvoir législatif et exécutif, elle aura le loisir de modeler la constitution à sa guise.

 

Ennahdha a d’ailleurs dès le départ posé les règles du jeu ; elle revendique de maintenir une position dominante et de diriger le gouvernement. Autre élément important, l’administration et l’armée ; ils sont a priori hostiles à Ennahdha du fait principalement de l’épuration radicale entreprise par l’ancien régime, mais aussi parce que le parti islamiste a jusqu’ici affirmé sa détermination à rompre avec le passé et à demander des comptes aux plus hauts responsables de l’administration placés par Ben Ali. Tout cela a le mérite d’être relativement clair, mais l’équation politique comporte plusieurs autres inconnues.

 

La plus grande et la plus intrigante de ces inconnues, la question que tous les démocrates se posent est la suivante : qui est réellement Ennahdha et que veut-elle ? Cette interrogation n’est pas gratuite, elle prend sa source dans l’histoire idéologique de ce parti. Ennahdha est l’héritière directedu courant des Frères musulmans, de l’idéologie fondamentaliste de Sayed Qotb et du cheikh El Benna. Elle est l’émanation du Mouvement de la Tendance Islamique (MIT, ancien nom d’Enahdha) et ses pères fondateurs (toujours solides aux postes) affirmaient à leurs militants (et affirment toujours de temps en temps) que leur reconversion aux principes de la démocratie n’est pas à prendre au premier degré.

 

La question est donc de savoir si ce parti à l’histoire et aux fondements islamistes radicaux s’est métamorphosé en parti démocrate. Faut-il croire le discours apaisant de ses dirigeants et leurs références au modèle turc alors même que dans les prêches de certains imams sympathisants d’Ennahdha et sur les réseaux sociaux, les appels à l’application de la chariaâ et à l’instauration d’un état islamique fusent.

 

Ennahdha acceptera-t-elle de jouer le jeu de l’alternance démocratique ou fera-t-elle son coming out théocratique une fois son autorité assise sur les postes stratégiques de l’appareil d’état ?

 

Une supportrice d'Ennahdha au QG du parti, à Tunis, le 25/10/11 (FETHI BELAID/AFP)

Une supportrice d'Ennahdha au QG du parti, à Tunis, le 25/10/11 (FETHI BELAID/AFP)

 

Tels sont donc les principaux éléments de l’équation politique. Au plan économique la situation est extrêmement difficile : croissance négative, investissement en baissechômage, inflation etc. Les perspectives sont loin d’être bonnes, les islamistes, modérés ou pas font peur aux touristes et aux investisseurs occidentaux. L’heure est grave ! Prendre une décision quel qu’elle soit nécessite de tenir compte de l’ensemble de ses éléments.

 

 Prospectives

 

Alors, être ou ne pas être au gouvernement ? Partons du postulat que l’objectif stratégique d’Ettakatol est d’instaurer à moyen terme un régime réellement démocratique garantissant à tous, l’exercice des libertés fondamentales. Les objectifs à court terme (principalement économique et sociaux) quoique fondamentaux ne sauraient primer sur l’intérêt supérieur du pays entendu au sens historique et civilisationnel.

 

Il faut donc juger de l’opportunité d’adhérer à l’axe en considérant principalement l’objectif à long terme, c’est-à-dire l’instauration de la démocratie.

 

Dans la première hypothèse, Ennahdha est un parti démocrate dont les aspirations pour le pays sont les mêmes que celles de n’importe qu’elle autre parti progressiste. Si telle est la vision que l’on adopte, alors l’alliance semble s’imposer. Sauver l’économie, rassurer nos partenaires étrangers, initier les réformes principales (justice, police, administration, éducation, etc.) et s’atteler à la rédaction d’une constitution consensuelle ne saurait trouver meilleur terrain que celui d’une union nationale.

 

En revanche si l’ont émet des doutes sur les intentions réelles du parti islamiste, les choses deviennent beaucoup plus nuancées et complexes. La stratégie consisterait alors à trouver la meilleure parade à de prévisibles manœuvres politiques d’Ennahdha visant en définitive, une prise pure et simple du pouvoir en vue de l’instauration d’une théocratie, à l’image de ce qui se produisit en Iran, après 1979. A quoi servirait une alliance avec un parti ayant de telles intentions, disposant d’une majorité confortable à l’AC et revendiquant une position dominante dans le gouvernement ?

 

Un programme commun ?

 

Certes, un programme négocié à l’avance, solution préconisée par Ettakatol, permettrait de garder un certain contrôle et de limiter les dégâts pour un certain temps. De plus, la présence d’un parti modéré au sein du gouvernement serait sans doute un atout majeur pour l’économie surtout du point de vue de nos partenaires étrangères. Mais qu’elle serait la marge de manœuvre réelle d’un parti minoritaire au sein dune pareille alliance ?

(pld/pc Patrice Deré /pp/AFP)

Le programme commun n’offre que peu de garanties car il ne s’agit, en fin de compte, que d’un ensemble de promesses. Par ailleurs, l’importance de la prise de positions stratégiques au sein de l’appareil d’état doit être relativisée car elle ne saurait être que partiel et temporaire. A l’opposé, du point de vue d’un parti aux visées hégémoniques (si tel était le cas d’Ennahdha) il n’y a qu’avantages, dans les circonstances actuelles, à s’allier à ses adversaires politiques. Cela lui permettrait en premier lieu de bénéficier de la crédibilité de ces partenaires aussi bien vis-à-vis de l’opinion publique et d’une partie de l’administration que des partenaires étrangers de la Tunisie. Une certaine relance économique deviendrait alors possible ainsi qu’une réforme en douceur d’une administration qui lui est jusqu’à présent plutôt hostile.

 

L’application du programme politique et des promesses électorales d’Ennahdha peu réalistes (118.000 emplois par an !) seraient reportée sine die. Ennahdha garderait tout de même la maitrise des principaux dossiers, mais les critiques et attaques inéluctables en cette phase délicate ne seraient plus dirigées directement contre elle mais viseraient l’ensemble de la coalition.

 

Enfin, en cas d’échec de la politique menée par la coalition (chose fort probable) la responsabilité d’Ennahdha en serait à tout le moins diluée, sinon éludée. Par contre, un succès, même relatif pourrait aisément être récupéré.

 

Quelle stratégie pour Ennahdha ?

 

Bref, à l’abri des critiques et grâce à une situation socio économique en amélioration plus ou moins sensible, Ennahdha bénéficierait de meilleures circonstances possibles pour se consacrer à assoir son autorité sur le pays par le biais d’une stratégie en trois ponts que l’on pourrait imaginer ainsi :

 

1-Nettoyer l’administration de tous les éléments hostiles et y intégrer quelques fidèles.

2- Faire approuver une Constitution comportant quelques compromis mais qui lui est résolument favorable.

3- Et surtout, accomplir avec sérénité son travail le plus important : niveler la société et l’islamiser en agissant "par le bas" c’est-à-dire dans les quartiers, les mosquées, les cafés etc.

 

Intégrer une coalition dirigée par Ennahdha (s’il s’avérait que ce parti était hégémonique) ne permettrait donc pas de réaliser l’objectif stratégique ; bien au contraire il servirait des intérêts contraires. Servir de faire valoir, puis d’alibi tout en ayant l’impression de détenir une partie du pouvoir et d’exercer un contrôle pourrait s’avérer suicidaire.

 

En s’alliant à Ennahdha, Ettakatol risque de perdre une grande partie de ses électeurs et pourra difficilement en conquérir d’autres car il sera désormais un parti de gouvernement qui aura à prendre des mesures douloureuses et impopulaires. L’une des principales erreurs de 1987 était d’avoir présumé de la bonne foi et des bonnes intentions de Ben Ali ; or en politique il n’y y a pas de place pour de telles présomptions. Il vaut mieux se réveiller sur une bonne surprise qu’être réveillé en sursaut par un cauchemar.

 

Être dans l’opposition constructive, dire oui quant il le faut et résister avec force quand cela est nécessaire, tisser des liens plus étroits avec les islamistes réformateurs et le CPR, investir sérieusement le terrain en bénéficiant de la position bien plus confortable d’opposant, affiner sa stratégie, tenir un discours fédérateur basé sur la question sociale, tel semble être la meilleure option ou en tout cas la moins mauvaise.

 

par Slim Hajera

source : http://leplus.nouvelobs.com/contribution/209176;tunisie-etre-ou-ne-pas-etre-aux-c

 

 

 

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Un point de vue russe

 

La Tunisie après le «printemps» arabe


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Photo: EPA

Le 27 octobre dernier les résultats officiels des élections de l'Assemblée constituante tunisienne, ont été annoncés. Le parti islamiste Ennahba (Renaissance) a remporté la majorité de mandats (90 sur 217) en devançant le Congres pour la République (gauche nationaliste) et Ettakatol (gauche) avec respectivement 30 et 21 mandats. Le taux de participation était très important avec plus 70% d'électeurs qui se sont déplacés le 23 octobre dernier, le jour des élections. Par ailleurs, les partis politiques se sont également montrés très actifs – ils étaient une centaine à avoir participé aux élections.

Les observateurs internationaux qui ont surveillé le bon déroulement du scrutin, sont unanimes : les élections du 23 octobre sont les premières élections tunisiennes véritablement démocratiques. Cependant le nombre aussi élevé de partis politiques qui y ont pris part témoigne de la division et des tensions qui règnent depuis presque dix ans dans la société tunisienne. Il est très symbolique, qu'à la veille de l'annonce des résultats des élections en Tunisie, le Parlement européen a décerné le prix Sakharov pour la liberté de l'esprit à cinq militants du «printemps arabe». Le premier lauréat est le Tunisien Mohamed Bouazizi de Sidi Bouzid.

Le 17 décembre dernier, ce jeune homme de 26 ans s'est immolé par le feu. Sa mort est devenue cette étincelle qui a mis le feu aux poudres de la révolution tunisienne, la première de la série de révolutions du «printemps arabe». En moins de trois mois de contestations antigouvernementales le président Ben Ali et sont régime policier ont a été renversés. Le chef de file d'Ennahba, qui a remporté les élections du 23 octobre, propose aux autres forces politiques du pays de conjuguer leurs efforts pour construire une «société démocratique». Et pourtant, l'orientation islamiste du parti Ennahba éveille les soupçons en Tunisie, mais surtout dans les autres pays. «C'est à cause des idées reçues sur l'islamisme qui, de l'époque de Ben Ali, était opposé régime laïque en place», est convaincu Veniamine Popov, le directeur du Centre de partenariat des civilisations de l'Institut russe des relations internationales, qui était ambassadeur russe et soviétique au Yémen, en Libye et en Tunisie.

"Le parti islamiste a en effet obtenu la majorité de voix. Il se qualifie de parti islamiste modéré, mais c'est lui qui a souffert le plus du régime de Ben Ali. Son leader a passé plus de 20 ans en exil. Des centaines de ses membres ont été jetés en prison. Le numéro deux du parti et son secrétaire général, Hamadi Jebali, dont la candidature est proposée au poste du Premier ministre, a passé 16 ans en prison", a-t-il indiqué. "La victoire des islamistes a bouleversé la société tunisienne. Des jeunes sont descendus dans les rues pour protester contre cette victoire en estimant qu'Ennahba était payé par les régimes monarchistes des Etats de la Golfe persique ce qui lui avait permis de remporter les élections. Il me semble que la majeure partie de la population tunisienne soutient les islamistes parce que ceux-ci ont souffert le plus que les autres des exactions du régime renversé. Et puis l'interdiction du parti de Ben Ali a créé une sorte de vide politique que les islamistes sont venus rapidement remplir". 

"Je suis pourtant confiant, car les dirigeants du parti et, en premier lieu, Rached Ghannouchi n'ont pas tardé à promettre de préserver tous les acquis du peuple tunisien, de former une coalition avec les partis et mouvements laïques, notamment les sociaux-démocrates, qui sont de gauche. Et ils ont aussi tenté de parvenir à un consensus en prenant des décisions politiques", poursuit Veniamine Popov. "A mon avis, il ne faut pas dramatiser la situation, car Ghannouchi et les autres dirigeants du parti promettent d'adopter un modèle turc en Tunisie. En Turquie le parti islamiste du premier ministre Erdogan est au pouvoir depuis une dizaine d'années et montre de bons résultats notamment dans le secteur économique. Par ailleurs, la Malaisie peut aussi être prise comme modèle. Ce pays a su devenir une économie forte et viable, ayant réussi de venir à bout de ses problèmes interreligieux et interconfessionnels". 

Lors de la campagne électorale, Alexeï Grigoriev a noté une participation importante de jeunes femmes, qui ont protesté contre les mouvements islamistes. La Tunisie est le premier pays arabe à avoir proclamé l'égalité des sexes.

"Effectivement, l'égalité des sexes a été proclamée en Tunisie", confirme Veniamine Popov. "Mais je crois que les islamistes tunisiens sont toutefois plus progressistes par rapport aux islamistes des autres pays. Ils ont tiré des enseignements du passé. Ghannouchi qui était en exil pendant 20 ans, est considéré comme un intellectuel, et ses opinions sont plus modérées et tolérantes que celles de la plupart de mouvements islamistes, comme les fameux «Frères musulmans». Qui vivra verra, dit-on, mais il me semble que les islamistes ne vont pas miner les fondements de la société tunisienne. Tout ce qui fait aujourd'hui partie de la vie quotidienne, tout ce qui est entré dans les mœurs ne peut plus être annulé. D'ailleurs, les dirigeants du parti Ennahba déclarent qu'ils ne vont pas revenir à la société islamiste fondée sur la charia. Certes, il est possible qu'il s'agisse d'un discours pré-électoral, mais si Ennahba décide de mettre en place un Etat exclusivement islamiste, les Tunisiens seront vite déçus. Je connais bien les Tunisiens et l'intérêt qu'ils portent à ce qu'on appelle la civilisation occidentale. Les jeunes qui ont déjà pris goût des possibilités offertes, par exemple, par l'Internet, vivent comme des jeunes gens de n'importe quel pays. Leur imposer un modèle de société islamiste fermée aux influences extérieures est dangereux et ne fera que déstabiliser la société. Il est peu probable qu'Ennahba se décide à le faire". 

Il n'y a pas très longtemps, la Tunisie était l'une des destinations les plus attractives pour les touristes russes. Quelle est l'avenir des relations russo-tunisiennes qui étaient toujours très amicales par le passé ?

"Comme j'ai déjà dit, parmi les observateurs, il y avait des observateurs russes qui ont surveillé le déroulement du scrutin en Tunisie", a répondu Véniamine Popov. "Je crois que vous allez très prochainement entendre parler de nouveaux contacts au sommet entre la Russie et la Tunisie. Et je vous assure qu'il y en aura".

par Alexei Grigoriev

source : http://french.ruvr.ru/radio_broadcast/5646866/59601563.html

 

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La Tunisie à la recherche d'une politique commune

 

Une semaine après le premier scrutin libre du pays, les partis politiques doivent composer des alliances. Une étape cruciale du processus démocratique.

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Une manifestation contre le parti islamiste Ennahda, à Tunis, le 28 octobre 2011. REUTERS/Zohra Bensemra

Une semaine après le premier scrutin libre en Tunisie, l'heure pour les partis politiques est aux alliances et aux négociations. Après la chute du dictateur Zine el Abidine Ben Ali en janvier, les électeurs tunisiens ont fait le choix de programmes affichant leur idéologie sociale, conservatrice et religieuse.

Les trois mouvements majoritaires au sortir de cette échéance électorale: le parti Ennahda en tête, suivi du Congrès pour la république (CPR) et du Forum démocratique pour le travail et les libertés (FDTL) plus connu sous le nom d'Ettakatol, s'organisent à présent pour composer une politique commune.

Le processus démocratique au sortir de la révolution a donné naissance à l'expression d'un pluralisme politique, menant in fine à des ententes incontournables entre les partis. Toutefois, les différents mouvements devront respecter la hiérarchie des votes et reconnaître à chacun la place qui lui est dû dans le nouveau paysage politique tunisien.

Certaines organisations politiques comme le Parti démocratique progressiste (PDP) ont clairement affiché leur refus d'un gouvernement d’union nationale. De leurs côtés,Moncef Marzouki, fondateur du CPR, et Mustapha Ben Jaafar, Secrétaire général de Ettakatol n’ont pas voulu marquer de distance avec le parti en tête, privilégiant l'intérêt commun aux alliances partisanes.

Le docteur Moncef Marzouki au cœur des négociations

Pour l'ancien président de la ligue des droits de l'homme, Moncef Marzouki, cette coalition semble pourtant déjà «payer». Le fondateur du CPR est en effet pressenti pour présider la future Assemblée constituante. A l'égard des partis islamistes et en réponse aux récentes polémiques autour de l'identité tunisienne, ce dernier a souligné son attachement «aux valeurs de l'identité, sans qu'elle soit un enfermement ou une dictature et sans que la religion puisse être instrumentalisé en nouvelle oppression. »

«A ceux qui s’interrogent sur les libertés et les acquis sociaux, le CPR demeure garant des valeurs universalistes et continuera à défendre les libertés individuelles, les droits humains et les droits de la femme, sans rentrer dans une guerre idéologique avec des factions conservatrices», a-t-il déclaré.

D'autres postes à responsabilités restent encore à définir, comme le prochain président de la république ainsi que son Premier ministre. Pour ce dernier, le nouvel homme fort de Ennahda, Hamadi Jebali, qui multiplie les passages dans les médias, semble le plus en vue d'après le quotidien Le Temps. Le Premier ministre sortant, Béji Caïd Essebsi, pourrait ainsi devenir le nouveau président de la république à la place de Fouad Mebazaa.

«Le secrétaire général du parti qui remporte la majorité des suffrages aux élections, dans toutes les démocraties du monde, occupe le poste de chef de gouvernement», explique Hamadi Jebali, le secrétaire général du parti Ennahda.

Même si en apparence Ennahda place ses principaux dirigeants aux postes clés, le parti n'a pas obtenu la majorité absolue, il aura besoin d'alliés et sera toujours tenu d'expliquer et de justifier ses décisions. L'éventualité de voir le pouvoir confisqué ou la résurgence d'anciennes idées du Mouvement islamiste tunisien recyclées, devrait s'éloigner si Ennahda demeure dans sa dynamique de partage des responsabilités.

Ennahda déjà en poste

Arrivé en tête sur l'ensemble du territoire mais aussi à l'étranger avec 90 sur 217, soit 41,47% des sièges qui composent l'Assemblée constituante, Ennahda n'a par ailleurs pas tardé à prendre ses responsabilités marquant la fin d'une politique transitoire. Sur fond de rumeurs de fraudes électorales, de financements de campagne disproportionnés ou occultes, le leader du parti majoritaire, Rached Ghannouchi, fort de sa nouvelle légitimité, a brisé le silence de l'actuel gouvernement à propos des récentes manifestations et grèves survenus dans la ville de Sidi Bouzid:

«Comme nous avons lancé notre campagne électorale à partir de Sidi Bouzid, nous nous engageons à donner la priorité pour cette région dans les projets économiques et les privilèges dans le progrès. Ce qui se passe aujourd’hui à Sidi Bouzid est l’œuvre des RCDistes qui veulent créer la confusion et le désordre dans le pays»,déclarait Ghannouchi lors de sa conférence de presse du 28 octobre sur les résultats des élections.

Omniprésence du vainqueur?

Mais pour Ennahda, cette volonté d'inscrire l'action de son parti dans chacune des préoccupations sociales va de pair avec les questions financières et économiques urgentes pour le pays. Le jour de l'annonce des résultats définitifs le 27 octobre, une délégation de responsables, présidée par le Secrétaire général du mouvement, Hamadi Jebali, s'est rendue au siège de la Bourse de Tunis afin de rappeler que Ennahda compte s'appuyer sur les marchés financiers pour dynamiser l'économie.

«Nous leur avons confirmé que nous allons protéger les investisseurs. Il n’y a pas de quoi s’inquiéter puisqu’il n’y aura plus de corruption. Nous accueillerons les investisseurs tunisiens et étrangers et ils auront toutes les garanties dont ils ont besoin», a-t-il affirmé.

Qu'il s'agisse d'inquiétudes en matière du droit des femmes ou de crainte de voir les banques islamiques se généraliser, les dirigeants de Ennahda veulent se montrer rassurants et conservateurs. Sur la crainte des hommes d’affaires de voir les retombées de certaines orientations de son mouvement sur le secteur financier, Hamadi Jebali avait indiqué qu’il n’y avait«aucune intention d’abroger le système financier en vigueur en Tunisie, ni de restreindre les activités des hommes d’affaires (…) Ces craintes n'ont aucune justification».

Partage des tâches et élections dans un an

Loin de la liesse électorale du 23 octobre, de l'attente interminable de résultats officiels et définitifs, les militants élus par la population sont déjà prêts à s'atteler aux deux prochains chantiers politiques du pays, à savoir: la rédaction de la Constitution et l'organisation d'un nouveau gouvernement.

Après avoir étudié l'ensemble des premières propositions de textes, les membres de l'Assemblée devraient très vite user de référendums afin de garantir la transparence autour de l'écriture des articles constitutionnels.

Dans le même temps, la constitution d'un nouveau gouvernement, formé par les membres de l'Assemblée constituante, devrait être accéléré et rendu public dans une dizaine de jours, selon Hamadi Jebali. Certaines priorités d'actions et conditions de la révolution semblent en effet à réactiver en urgence, telles que l'emploi, le développement économique des sous-régions, la santé, l'éducation ou encore la redéfinition d'une politique touristique cohérente et qualitative.

Enfin, des élections législatives et présidentielles devraient se dérouler dans un délai d'un an. Un laps de temps jugé par certains largement suffisant. Les débats d'idées n'ayant pu avoir lieu en Tunisie durant ces derniers mois de campagne, les Tunisiens s'impatientent de participer aux premiers débats et de voir certains profils apparaître plus distinctement à la population.

par Mehdi Farhat

source : http://www.slateafrique.com/61113/tunisie-la-recherche-politique-commun

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30 octobre 2011 7 30 /10 /octobre /2011 04:58

 

Tunisie, les éditocrates repartent en guerre


 

 

C’est la première élection libre tenue dans le monde arabe depuis plus de cinquante ans – à l’exception, particulière, de la Palestine où le scrutin s’était tenu sous occupation. La campagne a été animée, la participation massive malgré tous les Cassandre qui prétendaient le peuple déçu par l’absence de changements, comme si le peuple ne s’intéressait qu’aux questions de subsistance et pas à la liberté et à la démocratie. Bien sûr, les élections n’ont pas été parfaites. Certains ont évoqué le poids de l’argent, notamment avec cet homme d’affaires basé à Londres qui a réussi à obtenir un grand nombre de députés (sans doute en amalgamant les rescapés de l’ancien régime). Mais peu de démocraties ont réussi à régler le problème des rapports entre la politique et l’argent – que l’on songe aux Etats-Unis ou à la France. Les Tunisiens ne s’y sont pas trompés et tous les observateurs ont noté non seulement la forte participation, mais aussi l’émotion et la joie de personnes qui faisaient la queue pendant des heures pour glisser un bulletin dans l’urne.

 

Mais voilà : certains n’acceptent la démocratie que lorsque les électeurs votent comme ils le souhaitent. Que le peuple palestinien sous occupation vote pour le Hamas, et l’Occident organise le blocus du nouveau gouvernement et sa chute. Que les Tunisiens votent pour Ennahda, et voilà nombre de nos éditorialistes, ceux-là même qui affirmaient que le printemps arabe avait vu la disparition des islamistes, s’interroger gravement et reprendre une vieille antienne : les Arabes ne sont pas mûrs pour la démocratie ou, comme ils l’écrivaient avant, mieux vaut Ben Ali que les islamistes.

 

Heureusement, tous ne sont pas sur la même longueur d’ondes, mais le titre « Après le régime de Ben Ali, celui du Coran » du journal de 7 heures de France-Inter le 25 octobre résume la position de toutes les chaînes de Radio France, mobilisée sur un anti-islamisme primaire.

Dans L’Express, Christophe Barbier, celui-là même qui qualifiait la guerre israélienne contre Gaza de « guerre juste », écrit (« Après le printemps arabe, l’hiver islamiste ? », 25 octobre) :

« C’est une peur qui chemine alors que les armes se taisent et que s’élève le brouhaha des urnes. Une peur un peu honteuse, tant l’irénisme est de rigueur, et tenace aussi, le remords d’avoir si longtemps soutenu des dictateurs, avec, pour seule raison, cynique mais valable, d’être en sécurité sur nos rives. Une peur nourrie par les cris des coptes massacrés en Egypte, les premières élections en Tunisie et l’engagement du Conseil national de transition libyen à faire de la charia la “source première de la loi”. Cette peur, c’est celle de l’islamisme, celle d’un pouvoir barbu et liberticide, dont les imams psychopathes remplaceraient les militaires d’opérette et les despotes débauchés d’hier. »

« Valable » ? Valable de soutenir Ben Ali et Moubarak, le roi du Maroc et les généraux algériens ? S’agissant des coptes égyptiens, faut-il rappeler qu’ils ont été (aux côtés de musulmans qui manifestaient avec eux) massacrés par l’armée, présentée comme une garante face aux islamistes ? Quant à la dénonciation des « imams psychopathes », on reste sans voix...

« Jamais cette crainte n’a abandonné les esprits occidentaux, même si le vacarme de la fête droits-de-l’hommiste l’a reléguée depuis janvier dans l’arrière-boutique de la foire-fouille sondagière. Elle ressort aujourd’hui parce que nous sommes dans un marécage idéologique, un entre-deux politique où les potentats sont déchus, mais les démocraties, pas encore installées. Balbutiantes et vacillantes, elles sont comme un enfant effrayé par ses premiers pas dans un monde vertigineux. Arabes et Occidentaux, tous épris de paix et de liberté, nous sentons que quelque chose a gagné, qui était juste, mais qu’autre chose aujourd’hui menace, qui est terrible. Et si rebelles et révoltés avaient œuvré, à leur insu, pour préparer le règne des imams ? Et si nous avions fourni, enfants béats de Danton et de Rousseau, le moteur démocratique au véhicule islamiste ? S’imposer par une révolution ou une guerre civile n’est rien à côté d’élections gagnées : l’islamisme pourrait bien, demain, affirmer être légitime selon les critères mêmes de l’Occident. Que répondrons-nous ? »

 

Eh bien, nous répondrons que c’est le jeu de la démocratie. C’est ce que font les partis de la gauche tunisienne, dont certains s’apprêtent à gouverner avec les islamistes. Car, nous le savons tous, des élections libres donneront dans tout le monde arabe un poids important aux islamistes (dans ses différentes déclinaisons, et Ennahda en Tunisie n’est pas les Frères musulmans en Egypte ou au Maroc) et le choix est clair : soit le retour aux dictatures que l’Occident a soutenues sans états d’âme ; soit la confiance dans la démocratie, dans les peuples, qui, même musulmans, aspirent à la liberté et non à une dictature de type taliban.

 

Autre éditorialiste, Jean Daniel, toujours mal à l’aise quand il s’agit de l’islam et qui a mis si longtemps à dénoncer la dictature de Ben Ali. Son texte publié le 26 octobre, « Tunisie. Victoire programmée pour les islamistes » (Nouvelobs.com) est un mélange d’erreurs factuelles – que signalent d’ailleurs ses lecteurs sur le forum – et des préjugés qui animent une bonne partie de la gauche française.

« Le plus triste, c’est que cette victoire altère les couleurs du Printemps arabe, décourage les insurrections modernistes, et galvanise les insurgés religieux. La Tunisie était un exemple à suivre pour tous les nouveaux combattants arabes de la démocratie. Elle est devenue un modèle pour les mouvements religieux. Dieu vient de dérober au peuple sa victoire. »

Insurgés modernistes ? insurgés religieux ? Sur la place Tahrir tant célébrée, tous les vendredis, des milliers de manifestants faisaient la prière. A quel courant appartenaient-ils ? moderniste ? religieux ?

« Une bonne partie des opinions publiques, tant en Occident que dans les pays arabo-musulmans, s’étaient détournées des compétitions sportives ou de la crise financière mondiale pour s’intéresser à ce qu’il se passait dans un petit pays méditerranéen de 12 millions d’habitants. » (...)

Avaient-elles tort ?

« Les Tunisiens se sont donné le droit de vote. Encore fallait-il que les élections fussent libres. Elles l’ont été pour la première fois et chacun s’est incliné devant le civisme allègre des citoyens qui, par leur vote à près de 90%, étaient supposé charger les 217 constituants d’établir une forme d’Etat de droit en respect avec les principes essentiels qui font une démocratie. Le combat reste ouvert mais il est compromis. On va voir si les Tunisiens savent se reprendre et organiser une coalition qui empêche les 70 nouveaux constituants d’imposer leurs lois. »

 

Les Tunisiens doivent « se reprendre » ? Quelle condescendance à l’égard de ces ex-colonisés qui ont le front de ne pas voter comme les intellectuels parisiens le souhaitent.

Et Jean Daniel dresse un étrange parallèle avec l’Algérie : « Si une vigilance, parfois ombrageuse, s’est imposée aux familiers de l’histoire du Maghreb dès qu’il a été question d’élections libres en Tunisie, c’est parce qu’ils gardaient à l’esprit ce qui s’était passé, en Algérie, entre le 5 octobre 1988 et le 14 janvier 1992. Bilan : environ 150 000 morts. » Que signifie ce charabia ? Entre octobre 1988 et les élections de janvier 1992, il n’y a pas eu 150 000 morts. Les morts sont venus après que l’armée a arrêté le processus démocratique. Ce coup d’Etat fut, selon Jean Daniel, « populaire aux yeux de l’opinion démocratique » et « a sans doute protégé l’Algérie d’une victoire des ennemis islamistes de la démocratie ».

Populaire aux yeux de l’« opinion démocratique » ? Faut-il rappeler que de nombreux partis non confessionnels, comme le Front des forces socialistes (FFS) ou même le Front de libération nationale (FLN), ont pris position contre le coup d’Etat ? Et qui peut prétendre que ce coup a protégé la démocratie ? S’il existe un pouvoir autoritaire et corrompu aujourd’hui dans le monde arabe, c’est bien celui des généraux algériens.

« Pour nombre de laïcs ou simplement de républicains, fussent-ils les plus musulmans, l’expression “islam modéré” est un oxymore : il y a contradiction absolue entre les deux mots. Pour d’autres, la capacité de résoudre les problèmes considérables que la construction et le développement de la Tunisie vont poser est assez faible sans l’appui des forces qui se disent encore islamistes mais qui ne sont souvent que conservatrices. Elles répondent au besoin d’ordre et d’autorité qui, dans l’histoire, est toujours apparu après le chaos provoqué par des journées insurrectionnelles. »

 

Nombre de laïcs, de républicains contestent l’expression islam modéré ? Jean Daniel confond les musulmans qui s’expriment abondamment dans les médias occidentaux avec l’opinion dans le monde arabe. Les deux plus importantes forces de gauche en Tunisie ont accepté le principe d’une collaboration avec Ennahda, preuve qu’elles croient qu’il existe non pas un « islam modéré », mais des organisations islamistes qui acceptent les règles de la démocratie.

Plus largement, les clivages qui divisent la Tunisie ne se résument à celui entre laïcs et islamistes. D’autres questions se posent à la société, aussi bien sociales que politiques, des choix du développement comme celui de la politique internationale et régionale. Rien ne serait plus dangereux que de faire des combats dans le monde arabe des combats entre deux blocs homogènes, laïcs et islamistes. Non seulement parce que la victoire de ces derniers serait certaine, mais aussi parce que ce n’est pas le principal clivage de la société.

 

Oui, Ennahda est une organisation conservatrice, notamment sur le plan des mœurs et de la place des femmes ; elle est libérale en matière économique ; son fonctionnement a longtemps été vertical (comme tous les partis de la région), même s’il est désormais contesté par les nouvelles générations et les nouvelles formes de communication. Il ne s’agit donc pas de donner une image idéalisée du mouvement, mais de reconnaître que, comme le Hamas en Palestine, il est une partie de la société, et que son exclusion signifie l’instauration d’une dictature militaire.

 

D’autres éditoriaux reprennent cette même ligne islamophobe. On pourra lire bien d’autres contributions sur le thème, que ce soit Alain-Gérard Slama dans Le Figaro du 26 octobre (« Elections en Tunisie : sous le jasmin, les cactus », heureusement ce texte n’est pas en accès libre sur le site du journal) ; ou encore Martine Gozlan, ou l’inénarrable Caroline Fourest, qui écrit notamment sur son blog : « Dire qu’Ennahdha est “modéré” parce qu’il existe des salafistes très excités, c’est un peu comme expliquer que Le Front national de Marine Le Pen est de “gauche” parce qu’il existe des skinheads. »

Mais ne tombons pas dans la paranoïa : fort heureusement, d’autres textes font la part des choses.

On notera la tribune de Bernard Guetta dans Libération du 26 octobre,« L’impardonnable faute des laïcs tunisiens » – encore que l’idée d’un nécessaire front des laïcs me semble contestable.

Et aussi l’éditorial du Monde (27 octobre), « Et si, en Tunisie, la démocratie passait par l’islam ? » :

« L’annonce concomitante du retour de la charia en Libye, avant la poussée électorale attendue d’autres forces islamistes en Egypte, risque ainsi d’alimenter l’incompréhension face à des révolutions menées pour les droits de l’homme qui ne se traduisent pas instantanément par l’adoption des valeurs que les Occidentaux revendiquent. C’est singulièrement vrai sur la question des droits qui doivent être reconnus aux femmes. Ce serait cependant faire injure aux Tunisiennes et aux Tunisiens que de décréter, toutes affaires cessantes et sans qu’il soit nécessaire de voir les vainqueurs à l’ouvrage, que le succès d’Ennahda sonne le glas de leur “printemps”. En l’occurrence, si une loi mérite l’attention, dans les pays qui vont voter pour la première fois autrement que sous la matraque et pour un parti unique, c’est sans doute moins la loi islamique qu’un code autrement plus prosaïque : la loi électorale. »

« La réussite des transitions arabes passe nécessairement par l’adhésion du plus grand nombre à un projet commun, et donc par le compromis et la négociation. A cet égard, le système proportionnel retenu en Tunisie qui écrête les raz de marée électoraux au lieu de les amplifier et contraint le vainqueur à trouver des alliés est judicieux ; il permet d’éviter une situation à l’algérienne, lorsque le Front islamique du salut retourna à son profit en 1991 un système conçu pour favoriser le FLN. »

« La volonté exprimée par des opposants historiques tels que Moncef Marzouki et Mustapha Ben Jaafar, dont les partis ont obtenu des résultats encourageants, de trouver des terrains d’entente avec Ennahda dessine un tout autre chemin, celui d’un apprentissage de la démocratie qui passe moins par l’anathème que par le dialogue. Sans faire preuve d’un angélisme excessif, il est permis de le juger prometteur. »

Et les élections tunisiennes seront à marquer d’une pierre blanche sur la longue voie des peuples arabes vers la démocratie.

par Alain Gresh 

source : http://blog.mondediplo.net/2011-10-27-Tunisie-les-editocrates-repartent-en-guerre

 

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Victoire programmée pour les islamistes


Tout dépend désormais de la façon dont les Tunisiens sauront s’unir pour emprisonner les islamistes dans leurs promesses libérales.

Un jeune femme au quartier général du parti Ennahda le 25 octobre à Tunis. (AFP - Fethi Belaid)Un jeune femme au quartier général du parti Ennahda le 25 octobre à Tunis. (AFP - Fethi Belaid)

Il y a décidément des surprises qui impatientent ! Car la victoire des islamistes en Tunisie était prévue, attendue, programmée. Tous les opposants à Ennahda et à Rachid Ghannouchi le savaient : à moins d’être unis contre eux, ce serait la défaite.

Ils se sont comportés comme s’ils l’ignoraient. Ils ont joué avec le feu. Ils ont préféré la compétition à la concurrence, la rivalité et la division à la victoire. C’est une dure leçon. Nous savons bien, nous Français, combien elle est amère.

Tout le monde aurait pu prévoir que Le Pen arriverait au second tour en 2002 du fait des divisions de la gauche et du centre. Et lorsque c’est arrivé, nous n’avons pu retenir nos lamentations. Un homme s’est tenu, dignement, c’est Lionel Jospin.

Aujourd’hui, parmi les Tunisiens, il y a un homme qui lui ressemble : Ahmed Néjib Chebbi.

Pourquoi cette victoire était-elle attendue ? D’abord parce qu’en dehors des islamistes, tout le monde avait collaboré avec le pouvoir du dictateur renversé et de son épouse. Abattre le dictateur, c’était donc rendre justice à ses ennemis les plus déclarés. Ce sont les islamistes qui ont été les plus pourchassés, les plus persécutés et les plus torturés dans les prisons. Leur cause ne nous plaisait pas ? Sans aucun doute ! Cela ne les empêchait pas de combattre comme des martyrs.

Le Printemps arabe s'assombrit

La deuxième raison de leur victoire, c’est que leur mouvement est demeuré dans la clandestinité, et pendant vingt quatre longues années le plus solide, le plus déterminé et le plus structuré. Ce sont les islamistes qui était le mieux préparé à confisquer aux jeunes révolutionnaires les fruits de leurs combats.

Le plus triste, c’est que cette victoire altère les couleurs du Printemps arabe, décourage les insurrections modernistes, et galvanise les insurgés religieux. La Tunisie était un exemple à suivre pour tous les nouveaux combattants arabes de la démocratie. Elle est devenue un modèle pour les mouvements religieux. Dieu vient de dérober au peuple sa victoire.

Une bonne partie des opinions publiques, tant en Occident que dans les pays arabo-musulmans, s’étaient détournées des compétitions sportives ou de la crise financière mondiale pour s’intéresser à ce qu’il se passait dans un petit pays méditerranéen de 12 millions d’habitants.

Quelle liberté pour les élections ?

Ce petit pays, c’est la Tunisie où vient de se dérouler une consultation électorale dont les enjeux dépassent de beaucoup les dimensions démographiques ou topographiques de ce pays. Et cela parce qu’il est à l’origine du prodigieux séisme dont les fécondes turbulences ont déjà abouti à faire tomber hors de leur trône une série de tyrans - et rien ne dit que ce soit terminé.

Les Tunisiens se sont donné le droit de vote. Encore fallait-il que les élections fussent libres. Elles l’ont été pour la première fois et chacun s’est incliné devant le civisme allègre des citoyens qui, par leur vote à près de 90%, étaient supposé charger les 217 constituants d’établir une forme d’Etat de droit en respect avec les principes essentiels qui font une démocratie. Le combat reste ouvert mais il est compromis. On va voir si les Tunisiens savent se reprendre et organiser une coalition qui empêche les 70 nouveaux constituants d’imposer leurs lois.

Revenons en arrière. Si une vigilance, parfois ombrageuse, s’est imposée aux familiers de l’histoire du Maghreb dès qu’il a été question d’élections libres en Tunisie, c’est parce qu’ils gardaient à l’esprit ce qui s’était passé, en Algérie, entre le 5 octobre 1988 et le 14 janvier 1992. Bilan : environ 150.000 morts.

Sans doute la Tunisie n’est-elle pas l’Algérie. Les deux pays n’ont pas accédé de la même façon à l’indépendance. Point essentiel : le rôle des deux armées y est complètement différent. Enfin et surtout, les islamistes du mouvement tunisien Ennahda prétendent désormais accepter, comme le font les Turcs, les « acquis de la démocratie », y compris tout ce qui concerne le statut des femmes. Tandis que les héritiers algériens du Front Islamique du Salut n’ont jamais voulu une autre Constitution que celle issue du Coran.

Le désastreux précédent algérien

Il est tout de même des faits que l’on ne doit pas oublier.

D’abord, le "printemps tunisien" a eu un précédent en Algérie. Il a commencé en avril 1981 avec le "printemps berbère" dans toute la Kabylie. Il s’est poursuivi en novembre 1986 avec des manifestations d’étudiants à Sétif et à Constantine. Surtout, il a explosé du 4 au 10 octobre 1988 avec de très violentes émeutes qui n’ont pas fait moins de 700 morts. Il s’agissait là de la première grande révolte de la jeunesse maghrébine. Elle a été noyée dans le sang, la révolte des jeunes a été brisée pour longtemps, mais ce n’est pas une raison pour l’oublier.

Le malheur a voulu que cette répression, en discréditant totalement le pouvoir algérien, ait provoqué une immense réaction islamiste. Aux élections de février 1992, le Front Islamique du Salut est sorti vainqueur au premier tour en remportant, à la stupeur générale, les deux tiers des sièges de l’Assemblée nationale. C’est alors que l’armée a pris la décision historique d’annuler le second tour des premières élections vraiment libres que l’Algérie ait connues.

Populaire aux yeux de l’opinion démocratique, ce coup d’Etat militaire a sans doute protégé l’Algérie d’une victoire des ennemis islamistes de la démocratie. Mais il a provoqué l’émergence d’un vrai fanatisme religieux et la multiplication de nouveaux mouvements terroristes, grâce aux renforts bientôt fournis par l’Afghanistan et le Pakistan et grâce à l’aide financière de l’Arabie saoudite.

Si je rappelle ici le désastreux précédent algérien, c’est parce que tout le monde y pense parmi les révoltés du monde arabe. Les chefs militaires en Tunisie et en Egypte ne l’ont pas non plus oublié.

Peut-on croire Ennahda ?

Aujourd’hui, pour ce qui est de la construction d’un Etat de droit, les Tunisiens se posent une seule question : quel degré de confiance peut-on faire aux nouveaux élus d’Ennahda ?

Représentent-ils ce "Moyen-Orient post-islamiste" et post-idéologique que chantent les experts du "New York Times"? Rachid Ghannouchi paraît avoir séduit la diplomatie américaine, aux yeux de laquelle la République turque et son Premier ministre Recep Tayyip Erdogan représentent les modèles d’une conciliation entre la démocratie et l’islam.

Pour nombre de laïcs ou simplement de républicains, fussent-ils les plus musulmans, l’expression "islam modéré" est un oxymore : il y a contradiction absolue entre les deux mots. Pour d’autres, la capacité de résoudre les problèmes considérables que la construction et le développement de la Tunisie vont poser est assez faible sans l’appui des forces qui se disent encore islamistes mais qui ne sont souvent que conservatrices. Elles répondent au besoin d’ordre et d’autorité qui, dans l’histoire, est toujours apparu après le chaos provoqué par des journées insurrectionnelles.

Mais les islamistes des différents pays s’influencent les uns les autres. Or en Egypte, les Frères Musulmans s’apprêtent à imposer leur présence sinon leur pouvoir avec des conceptions bien plus radicales. Quant aux voisins Libyens, dont les richesses accroissent la capacité de nuisance, ils viennent de proclamer qu’aucune disposition de la future constitution ne pourrait être contraire à l’islam et à la charia !

C’est ce débat et ce combat autour de l’évolution de l’islamisme qui suscite l’intérêt passionné de tous les pays méditerranéens, et c’est pourquoi la Tunisie demeure encore un pays exemplaire, passionnant et menacé.

par Jean Daniel

source : http://tempsreel.nouvelobs.com/jean-daniel/20111026.OBS3263/victoire-programmee-pour-l

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27 octobre 2011 4 27 /10 /octobre /2011 04:44
  • France : Mise en garde à peine voilée de Juppé aux nouveaux vainqueurs des élections tunisiennes !

     

  • “Les mises en garde“, si l’on ose les exprimer ainsi, commencent déjà à l’étranger. En effet, tout en se déclarant  "optimiste" après les élections de l'assemblée constituante, Alain Juppé, le ministre français des affaires étrangères, a déclaré que le G8 va mettre en place une aide économique en faveur de la Tunisie, mais que cette aide sera conditionnée “au respect des valeurs démocratiques“, selon la TAP.

    Et M. Juppé de préciser: "Naturellement, cette aide, nous l'apporterons dans la mesure où les lignes rouges ne seront pas franchies. Je pense que c'est important d'avoir cette conditionnalité… Le respect de l'alternance démocratique, des droits humains, de l'égalité hommes-femmes font partie de ces lignes rouges“.

    Pour autant, le ministre français ne veut pas anticiper sur un éventuel “franchissement“ de ces lignes rouges : “Je vais être optimiste sur la Tunisie. On ne va pas se plaindre qu'il ait eu des élections.  (...) Il y a eu des élections libres, il n'y a pas eu de tricherie (...) et le peuple tunisien s'est exprimé. Nous devons respecter ce suffrage", cite la même source.

    Par ailleurs, selon l'AFP, le président français, Nicolas Sarkozy, lui aussi a souoligné en substance, à la suite de son ministère des Affaires étrangères, que "nous (le G8) surveillerons attentivement ce qui se passe en Tunisie...". 

    Ces déclarations risquent d’entraîner des réactions en Tunisie, sans doute de la part d’Ennahdha.

    Source : http://www.webmanagercenter.com/management/article-111989-france-mise-en-garde-

     

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    hamadi_jebali
     (TAP) - Le secrétaire général du parti Ennahdha, Hammadi Jébali, a annoncé "être le candidat de son parti pour diriger le prochain gouvernement", relevant que "le secrétaire général du parti qui remporte la majorité aux élections, dans toutes les démocraties du monde, occupe le poste de chef de gouvernement".

    Dans un entretien avec l'agence TAP, M. Jebali a souligné que le parti Ennahdha a aussi ses candidats à la présidence qu'il va proposer aux autres partenaires politiques représentés à l'assemblée nationale constituante.

    Il a cité, à ce sujet, le secrétaire général d'Ettakattol (Forum démocratique pour le travail et les liberté -FDTL), Mustapha Ben Jaâfar et le président du Congrès pour la République (CPR), Moncef Marzouki, sans exclure que le poste de président soit également proposé au Premier ministre du gouvernement de transition, Béji Caïd Essebsi.

    Hammadi Jébali considère, d'autre part, que "la victoire du mouvement Ennahdha avec un taux qui peut atteindre ou dépasser 50 pc des voix n'est pas un motif de satisfaction pour les militants du parti et sa direction", en raison du mode de scrutin à la proportionnelle, "qui n'est pas équitable dans la distribution des sièges."

    Le secrétaire général d'Ennahdha a souligné, en outre, que le choix d'une partie importante du peuple tunisien reflète une grande confiance dans son programme et son action sérieuse pour le servir et pour remédier aux grands problèmes que connaissent certains secteurs. Il a approuvé certaines explications indiquant que ceux qui ont choisi Ennahdha ont voulu la récompenser pour son action militante et la répression qu'elle avait subie tout au long des dernières décennies de la part des deux précédents régimes.

    Au sujet des allégations selon lesquelles le Mouvement va "imposer une constitution comme elle le conçoit et qui abroge certaines libertés, comme la liberté de croyance, les libertés individuelles, la situation juridique de la femme et sa place dans la société", il a souligné que la nouvelle constitution sera élaborée dans le cadre d'un "consensus avec les autres partis et les partenaires représentés au sein de l'Assemblée constituante", qu'elle "ne reviendra pas sur aucune liberté et qu'au contraire, elle cherchera à les consolider toutes."

    Il a, dans ce sens, affirmé que les représentants du Mouvement au sein de la Constituante "vont travailler en cohésion totale avec les autres partis et qu'il ne s'opposeront à aucune proposition, notamment un référendum sur la constitution."

    Répondant à une question sur la proposition de Hechmi Hamdi, président du courant "Al Aridha Al Chaâbia" (Pétition populaire) concernant une alliance avec Ennahdha, Hamadi Jebali a exprimé "le rejet total" de cette proposition.

    Evoquant les acquis de la femme en Tunisie, il a affirmé qu'il n'y aura aucune atteinte au Code du statut personnel (CSP), qu'il n'y aura pas de proposition de la polygamie, ni de port du Hijab pour la femme qui sera libre de pratiquer sa religion et ses convictions. Il a ajouté, dans ce sens, qu'il "n'est pas question de faire revenir la femme au foyer comme cherchent à le propager des ennemis du Mouvement", considérant que le travail de la femme est important et constitue un plus pour la société.

    Le secrétaire général d'Ennahdha a, en outre, affirmé que "le Mouvement sera le premier à accorder aux femmes la moitié des sièges qui lui seront accordés, qu'elles portent le Hijab ou non".

    Dans les domaines social et économique, Hamadi Jebali a indiqué que "le Mouvement ne touchera à aucun secteur, mais va chercher à consolider les acquis et à trouver des solutions rapides aux problèmes qui entravent la réalisation du développement équitable, entre les régions et la réduction du chômage".

    Il a affirmé que le secteur touristique est parmi les acquis à ne pas mettre en cause. "Est-il raisonnable de paralyser un secteur vital comme le tourisme, en interdisant les boissons alcoolisées et le port de maillots de bain, ou autres pratiques? Ce sont des libertés individuelles garanties aussi bien pour les étrangers que pour les Tunisiens". a-t-il indiqué.

    Au sujet des craintes de certains hommes d'affaires et des retombées des orientations du Mouvement, sur le secteur financier, M. Jebali a indiqué qu'il n'y a "aucune intention de généraliser les banques islamiques ou d'abroger le système financier en vigueur en Tunisie, ni de restreindre les activités des hommes d'affaires." Au contraire, a-t-il précisé, "ils seront soutenus, à travers la polarisation des investissements arabes et étrangers, affirmant que "ces craintes n'ont aucune justification".

    source : http://www.tap.info.tn/fr/fr/la-une/12092-le-secretaire-general-du-

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    Le prochain «Sa Majesté Cheikh» le Premier ministre Hammadi Jébali.... Bonne chance...  les Tunisiennes, les Tunisiens, les Bistros, les Bordels... Les Athées, les Homos, les Agnostiques, les Cinéastes, les Poètes mécréants et tous ceux qui ne sont pas marqués au front par la Prière… !!! 


     

     

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    Les ambitions de Ghannouchi

     

    Les dernières 72 heures ont été marquées par une agitation sourde chez les partis classés en tête, pour dégager des noms ministrables. Dans les chaumières politisées, en tout cas, le débat est engagé autour de l’identité du futur Exécutif. Gouvernement de technocrates ou gouvernement d’union nationale ? Les avis sont partagés dans la rue tunisienne mais pas aux QG des partis qui viennent de remporter les élections.


    Le nom de Mohamed Kamel Nabli, l’actuel gouverneur de la Banque tunisienne, ou encore celui de Béji Caïd Essebsi, qui serait reconduit à son poste de Premier ministre, sont les plus cités par les partisans d’un Exécutif neutre. Mais les choses vont très vite chez les gagnants. 

    Au niveau d’Ennahda, on ne l’entend pas de cette oreille. Son leader, Rached Ghannouchi, a même pris l’initiative d’annoncer, hier, sa décision de placer son secrétaire général, Hamadi Jebali, à la tête du gouvernement, puisque sa victoire confortable le lui permet.
    Jebali, journaliste et éditeur du quotidien Al Fajr, proche d’Ennahda, emprisonné par Ben Ali pour ses opinions avant d’être libéré en 2006, a confirmé ces intentions mardi soir sur les ondes d’une radio locale.
    Même si les urnes lui donnent ce pouvoir, le parti islamiste a compris qu’il ne pourra pas gouverner seul le destin d’une société tunisienne culturellement sécularisée.


    D’ailleurs, le parti de Ghannouchi a multiplié les interventions pour rassurer sur ses intentions. Hier, son responsable des relations extérieures, Samir Dilou, a fait le déplacement au centre de presse pour répondre longuement aux questions des journalistes.
    Ghannouchi souffle le chaud et le froid
    A une question sur la déclaration d’Alain Juppé qui a dit que les aides européennes à la Tunisie seront conditionnées par les garanties de la démocratie, Dilou a répondu simplement que M. Juppé avait raison, suggérant que le parti est prêt à fournir ces assurances.
    Ennahda a mis donc le cap sur un gouvernement d’union nationale. Il prévoit même, selon Hamadi Jebali, de soutenir la candidature de Béji Caïd Essebsi, Mustapha Ben Jaâfar (Ettakatol) ou de Moncef Marzouki (Congrès pour la République, CPR), au poste de président de la République. D’autres noms, tels Ahmed Ben Salah, Ahmed Mestiri, Mustapha Filali, circulent aussi pour faire partie du prochain gouvernement, en plus d’autres membres du gouvernement de transition, qu’Ennahda estime compétents, à l’instar de Tayeb Bekkouche, ministre de l’Education.


    Hormis, la Pétition populaire (PP) et son meneur Hachemi Hamedi à qui Ghannouchi tourne le dos pour des raisons de divergence historique, Ennahda a établi des liens avec des partis comme Ettakatol et le CPR, bien avant les élections. Moncef Marzouki, militant des droits de l’homme, n’a pas hésité à pactiser avec Ennahda dès son retour d’exil. Il est même allé accueillir Ghannouchi lors de son arrivée à l’aéroport.
    Ceci lui a valu l’inimitié des démocrates tunisiens qui voient mal ce rapprochement entre un parti de gauche et les islamistes. Marzouki, lui, n’a pas cessé de répéter que la transition exige l’union de toutes les forces quel que soit le courant. Hier encore, lors d’une conférence de presse tenue au siège du CPR au centre de Tunis, Marzouki est revenu sur ce sujet, précisant que son parti est moderniste tout en étant attaché aux valeurs identitaires. Une conviction qu’il dit refuser cependant d’en faire un point de discorde avec les autres et en tout cas, qui doit être, selon lui, éloignée des débats politiques.


    A son retour en Tunisie en janvier dernier, Marzouki s’est déclaré très intéressé par la présidence, idée qu’il a abandonnée dans son discours de campagne, contrairement à Mustapha Ben Jaâfar qui, lui, est le plus présidentiable.
    C’est compter sans l’influence des Etats-Unis et de l’Union européenne, notamment la France, qui préfèrent garder l’actuel Premier ministre, Béji Caïd Essebsi.

    source : http://www.elwatan.com/international/les-ambitions-de-ghannouchi-27-10-2011-145096_112.php

     

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     Enahdha aux commandes... Et après!

    ghannouchi-ennahdha-1.jpgC’est à la faveur d’une anecdote qu’a vécue une amie journaliste devant le siège d’Ennahdha mardi 25 octobre que l’on pourrait faire un éclairage sur ce que vit la Tunisie actuellement. Discutant avec un sympathisant, elle lui demande s’il ne se sentait pas en quelque sorte pris en otage par Ennahdha. La réponse fut sans équivoque: «C’est nous qui la tenons!»

    Ce témoignage résume les paradoxes des votes des Tunisiens. Vote conviction, sanction ou utile? Cette Tunisie, qui se réveille de ces élections de l’Assemblée Constituante et qu’elle en ait compris ou pas les enjeux, a des attentes énormes auxquelles il faut répondre vite et au mieux. Le risque de désenchantement des Tunisiens a mis son compte à rebours en marche. Il risque de tout bouleverser y compris la classe politique balbutiante qu’il a élue. Même si l’on dit que les promesses n’engagent que ceux qui les croient, allez expliquer cela à un peuple qui attend depuis des mois un changement concret dans son portemonnaie et des solutions miracles pour ses problèmes de chômage, de santé, de pauvreté…

    Ennahdha était la mieux disposée pour rafler les élections. Nul n’en doute et c’est ce qu’elle a fait. Face à l’amateurisme politique qui règne en Tunisie, rater ce rendez-vous pour le parti le plus structuré était quasiment impossible. A quoi reconnaît-on un parti politique si ce n’est à sa forte capacité de conquête, de mobilisation et d’interactivité avec sa base? Ennahdha est un parti qui a su intégrer la modernité. Il a appris dans la clandestinité et à l’exil à se gérer et à s’organiser et affiche plusieurs longueurs d’avance sur le reste des partis politiques tunisiens. Sur le terrain, il est déjà en campagne pour les législatives et les municipales alors qu’à son sommet il affiche une diplomatie de circonstance qui impose autant de respect que de vigilance.

     

    Si les enjeux majeurs pour la Tunisie se joueront dans les choix fondamentaux pour la Constitution, aujourd’hui c’est de l’urgence de créer un consensus autour d’un gouvernement pour commencer à travailler qu’il s’agit. Ennahdha sait que pour gouverner, il ne peut être seul. Gérer un pays est un métier. Un métier que, quand même ce parti serait fort de ses milliers de compétences et de ses propres militants au sein de l’Administration centrale de ce pays, il ne pourrait affronter seul.

    D’ailleurs, le parti multiplie les tractations et envoie messages sur messages aux principales formations politiques en tête du scrutin, sans toutefois nommer les autres. Face à cette échéance, Enahdha n’a aucun intérêt à être le principal acteur au Gouvernement à former. Ne voulant pas assumer seul l'échec ou la déception, il essaye d'impliquer les autres forces politiques dans la gestion de l’état et préfère rester influent au niveau de la constitution.

    Pendant ce temps, la classe politique tunisienne s’interroge sur l’“Outsider“ d’El Aridha. Qui est-il? Quelle est sa position sur l’échiquier politique tunisien? Quelle est sa relation avec les anciens du RCD décapité, de la mafia du système déchu et d’Ennahdha dont le leader a été proche dans le passé?

    Pour le moment et selon certains observateurs, ce parti, qui n’en serait pas un, «est un mélange de populisme, d’une frange des anciens de la branche mafieuse du système déchu qu’il faut observer de près». Reste que près 800.000 Tunisiens ont voté pour lui et qu’il faut les respecter en attendant de comprendre. Ennahdha a, quant a elle, exprimé sa position et ses distances clairement vis-à-vis d’El Aridha.

    Pour l’instant et selon certaines récentes déclarations, El Aridha pas plus que le CPR ou Ettakatol ne sont pou pour une coalition avec Ennahdha. C’est la question du gouvernement d’union nationale qui est en négociation. Ennahdha aurait-elle recours au maintien du gouvernement en place ou d’une grande partie pour éviter le grand test? Pour le moment, rien ne porte à le croire mais la question mérite d’être reposée surtout si le parti venait à être boycotté par les autres forces politiques. Faut-il pousser Ennahdha vers la modernité et l’ouverture ou au contraire l’en exclure?

    Reste que si Ennahdha venait à composer son gouvernement, elle serait tentée d’éviter la soumission de la Constitution au référendum.

    Lire la suite ici : http://www.webmanagercenter.com/management/art

     

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    Liby-Tunisie : le spectre de l'islamisme revient hanter les commentaires
    Didier Billion
    Spécialiste du monde arabe à l'Iris

     

    La concomitance des déclarations du président du Conseil national de transition (CNT) libyen sur la charia, le 23 octobre, et de la proclamation du résultat des élections pour l'Assemblée constituante en Tunisie le 26 octobre, ont suscité des amalgames bien mal inspirés sur le danger islamiste qui, telle une hydre à mille têtes, menacerait les pays du monde arabe qui se sont récemment débarrassés de leurs tyrans respectifs.

    Le devoir de vigilance est sûrement une vertu citoyenne qu'il convient de cultiver, encore faut-il que cela se fasse avec calme et méthode. Ainsi, comment amalgamer Tunisie et Libye alors que les dynamiques politiques des deux pays sont à ce stade radicalement différentes ? Comment évoquer les islamistes comme une sorte de masse informe sans prendre la peine de décliner ce que représente chaque organisation ou parti se réclamant de l'islam politique ?

    La charia varie d'un pays à l'autre

    En Libye, la référence à la charia vient il est vrai à contretemps et bien précocement puisque l'élaboration d'une constitution est justement l'un des principaux points de l'agenda politique des mois à venir. Mais l'essentiel ne réside pas dans le moment de la déclaration. Le concept même de charia est pour le moins flou puisqu'il se base sur des interprétations du Coran qui peuvent considérablement varier d'un pays à l'autre.

    Que l'on sache, l'évocation de la charia n'a d'ailleurs pas la même capacité d'effrayer les bonnes âmes quand elle est appliquée par les Etats du Golfe, qui, il est vrai, ont l'insigne qualité d'être de solides alliés et d'importants clients des puissances occidentales… Si l'évocation de l'abolition de la loi interdisant la polygamie en Libye a légitimement suscité de fortes désapprobations, ces dernières doivent alors se manifester avec la même vigueur à l'égard de tous les pays concernés. Il convient de réaffirmer que l'égalité entre les femmes et les hommes est un principe qui se doit d'être universel. Il y a d'ailleurs eu depuis sa déclaration une forme de rétropédalage de Moustapha Abdeljalil qui indique l'hétérogénéité politique du CNT et les profondes divergences qui le traversent. Après 42 années de tyrannie, le contraire serait pour le moins étonnant, cela ne rend pas moins nécessaire le devoir de vigilance évoqué précédemment.

    Les vrais dangers en Libye

    Toutefois le plus préoccupant en Libye ne nous semble pas être les références à la charia mais bien plutôt l'absence de pouvoir réel, la multiplicité des centres de décision politique et l'absence de contrôle des groupes armés. Il est certes illusoire de penser qu'un système démocratique puisse se mettre en place d'un coup de baguette magique, il n'empêche que l'on peut concevoir quelques inquiétudes, non fantasmatiques celles-ci, sur le moment présent de la situation libyenne.

    La plus prégnante réside certainement dans les conditions par lesquelles le CNT est parvenu au pouvoir. Si les combattants anti-Kadhafi ont montré un indéniable courage, il n'en demeure pas moins que la prise du pouvoir s'est réalisée grâce à l'intervention massive de l'OTAN et que cette dernière a semé l'illusion que la force militaire pouvait résoudre les défis politiques. La culture de guerre, l'impossibilité à concevoir le compromis politique sont probablement les paramètres qui recèlent aujourd'hui les plus graves dangers.

    Les informations concernant les éliminations de partisans de Kadhafi et révélées par Human Rights Watch sont pour le moins problématiques, les conditions même de la mort du tyran, qui s'apparente à un assassinat, ne le sont pas moins… On peut craindre que les libertés qui ont été prises par l'OTAN quant au respect de la lettre et de l'esprit de la résolution 1973 rejaillissent négativement sur les modalités des confrontations politiques à venir en Libye.

    Plus que la référence à la charia, ce sont ces questions qui posent problème. Ce n'est pas parce que le terme de charia est prononcé qu'il faut avoir un réflexe pavlovien et considérer qu'une dictature islamiste va être mise en place. Kadhafi est mort, la Libye a été proclamée libérée. La page blanche, qui est à écrire, ne peut pas l'être uniquement par ceux qui se sont autoproclamés à la tête de la rébellion, et la question de la charia n'est pas le sujet principal.

    Comprendre la victoire d'Ennahda

    La victoire d'Ennahda, en Tunisie, n'est aucunement comparable. Cette victoire est le produit d'une campagne électorale dont tous les partis politique tunisiens et tous les observateurs s'accordent à considérer qu'elle s'est déroulée dans le respect des points de vue pluriels exprimés. De plus, la très forte participation indique avec éclat que les citoyens tunisiens se sont exprimés avec détermination. Le sens de ce vote est assez clair. Non seulement les partisans de Ennahda sont les vainqueurs, mais, déjouant les pronostics politiques, les autres partis qui s'affirment sont ceux qui sont favorables à une coopération avec le parti islamiste.

    Ceux qui s'opposaient à toute perspective de travail en commun sont a contrario sévèrement battus. Plutôt que de se réfugier dans une sorte d'angoisse à la seule évocation du vocable d'islamiste, ce qu'il importe désormais de saisir, c'est la réalité des rapports de force. Comme dans tout processus de transition démocratique ceux-ci sont singulièrement mouvants et l'évolution du parti Ennahda ne fera pas exception à cette règle.

    En ce sens, il serait plus pertinent d'évoquer les islams politiques et de tenter d'évaluer les rapports qui se nouent entre les différents segments qui s'en réclament. Il est ainsi politiquement erroné d'amalgamer le courant salafiste et une partie de la direction d'Ennahda qui ne cesse de répéter que son modèle est celui de l'AKP turc.

    Il est utile de saisir pourquoi une partie de la base d'Ennahda peut être attirée par la radicalité des salafistes et comment Ghannouchi tente de s'ériger au-dessus des sensibilités qui traversent son parti.

    Il convient de comprendre pourquoi les forces de gauche et libérales sont profondément divisées quant à leurs rapports avec Ennahda et pourquoi certaines s'apprêtent à gouverner avec lui.

    Pourquoi, enfin, ces forces n'ont pas été capables de s'unir pour la compétition électorale.

    En un mot, plutôt que de s'abriter devant des formules de stigmatisation des islamistes, il importe de comprendre les dynamiques de la société tunisienne, de cesser une fois pour toutes de la concevoir au travers de nos lunettes françaises et/ou occidentales et de la décrire de la façon dont on voudrait qu'elle soit. Il faut en revenir à la Tunisie réelle, cela évitera les désillusions inutiles.

    Le pire aveuglement est atteint quand certains nous expliquent doctement que la société civile tunisienne va réagir. Ainsi donc, pour ces commentateurs, les dizaines de milliers de Tunisiens qui ont voté Ennahda ne feraient pas partie de ladite société civile tunisienne !

    Et pourtant ses militants n'ont cessé de quadriller le terrain, dans les cités et les villages, ce qui du point de vue de l'exercice démocratique est plus probant que de se contenter d'afficher le sigle d'un parti sur son profil Facebook…

    Les inepties sur la révolution 2.0

    Décidément le principe de réalité revient au galop et les inepties sur la révolution 2.0 ont du plomb dans l'aile. Cela ne doit pas nous empêcher de noter que Ennahda a bénéficié de fonds financiers importants en provenance de pays du Golfe et que le parti a largement eu recours à la démagogie, voire parfois à des menaces.

    Nous nous rappelons que la stigmatisation de l'islamisme a empêché de saisir les profondes dynamiques politiques qui ont abouti à la chute de certaines dictatures, il importe désormais de ne pas reproduire les mêmes erreurs et de se prémunir des amalgames, éventuellement confortables mais qui rendent aveugles.

    source : http://www.rue89.com/2011/10/26/libyetunisie-quand-le-spectre-de-lislamisme-revient-hanter-

     

     

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