L'indépendance tunisienne est-elle menacée?
Plus d'un an après sa révolution, la Tunisie fête l'anniversaire de son indépendance. L'occasion de faire le point sur l'influence du Qatar et les rumeurs d'interventionnisme dans la reconstruction tunisienne.
"Non à l'Amérique, non au Qatar, peuple tunisien peuple libre". Manifestation à Tunis, 14 janvier 2012. REUTERS/Zoubeir Souissi
C'est dans un climat toujours plus tendu, marqué par desaffrontements, scandales, manifestations et une absence deperspectives économiques, et ce, au seuil de la saison touristique, que la Tunisie fête, le 20 mars 2012, le 56e anniversaire de son indépendance. Un jour férié pour les Tunisiens qui sous l'ancien régime se résumait à un énième ressort de propagande distillé à coup d'affiches et de messages radios et vidéos.
Outre les éloges à sa propre gloire, le dictateur déchu, Zine el-Abidine Ben Ali, établissait en son temps les conditions d'une République tunisienne indépendante:
«Nul ne peut affirmer son identité ni préserver sa dignité, dans le contexte d'une dépendance économique qui porterait atteinte à l'indépendance du pouvoir national de décision», précisait l'ex-président lors d'une cérémonie commémorative le 20 mars 2009.
En dehors d'avoir sciemment confondu l'indépendance économique nationale et l'enrichissement personnel, cette déclaration du dictateur, toujours et à «jamais» exilé à Jeddah en Arabie saoudite, n'était pourtant pas dépourvue de bon sens. La commémoration du 20 mars 1956, date de la libération des Tunisiens sous la colonisation française, est l'occasion, cinquante-six ans après, de faire le point sur leurs libertés, qu'elles soient économique, politique, médiatique ou même spirituelle.
Le chemin de l'indépendance
A ce jour, renforcée par les récentes bourdes diplomatiques, la question de la colonisation française en Tunisie est en partie réglée. Son influence n'est plus qu'un souvenir fait de résidus culturels et linguistiques. Même si les relations économiques ont perduré entre les deux pays, les décisions politiques nationales sont restées pendant plus de cinquante ans dans les mains du pouvoir tunisien. Au prix du sang et de milliers de victimes, le peuple tunisien avait fait le choix de s'émanciper et de participer au grand mouvement de décolonisation de l'Afrique. Cette libération a permis à ce pays de se doter d'une administration, inexistante jusqu'alors, ainsi que d'un système éducatif que beaucoup envient, aujourd'hui:
«Le problème de l'indépendance avec la France est résolu depuis longtemps. Les restes sont plutôt positifs, comme le système éducatif. Les tentatives de pointer la langue française ou l'influence culturelle française répond d'une science politique appelée "mobilisation" et qui consiste à chercher des problèmes identitaires qui trouvent échos chez les populations moyennes ou pauvres pour dévier les regards des urgences économiques ou sociales», confiait à Slate Afrique le directeur du Centre arabe de recherches et d'analyses politiques et sociales (Caraps), Riadh Sidaoui.
Pour mémoire, l'épisode de l'indépendance tunisienne s'est déroulé dans la résistance et les pertes civiles. C'est en 1920, suite à la création du parti Destour (constitution en arabe), que le thème de l'indépendance apparaît pour la première fois. Suite à l'assassinat de Farhat Hached, grande figure de l'Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT) en 1952, les nationalistes tunisiens suivent l'exemple de leurs voisins algériens, ils se réfugient dans les montagnes et lancent des opérations de guérilla contre les colons français. Le 1er juin 1954, après dix années d'enfermement et d'assignation à résidence, Habib Bourguiba (1903-2000) l'un des fondateurs du parti Destour et de son extension, le parti néo-Destour, fait son retour triomphal à Tunis.
El-Moujahid El-Akbar, «le combattant suprême», souhaite diminuer l'influence islamique afin que tous les Tunisiens qu'elle que fût leur religion puissent accéder à l'égalité juridique, suscitant ainsi les ressentiments de l'aile dure des musulmans. En juillet 1954, Pierre Mendès France se rend à Carthage pour promettre l'autonomie interne. Le 20 mars 1956, la France reconnaît l'indépendance tunisienne. L'Assemblée constituante alors dominée par les néo-destouriens proclame la République tunisienne. Bourguiba devient chef du gouvernement et les premières réformes sont d'inspiration occidentale: enseignement obligatoire, égalité des sexes devant la loi, nouvelle législation économique et sociale. Dans la foulée, le 13 août 1956, sur les bases d'une politique moderniste d'influence occidentale, le fameux Code du statut personnel (CSP), le premier du genre dans la région, est définitivement adopté.
«L’indépendance n’est pas un but: c’est un commencement. C’est un premier pas qui nous a permis de prendre conscience de nos devoirs envers nous-mêmes et envers l’humanité», déclarait le président Bourguiba à Tunis le 20 mars 1957.
Par la suite, au prix de grèves et d'émeutes sévèrement réprimées sous les gouvernements de Bourguiba et de Ben Ali, la Tunisie s'est emparée de son histoire en s'éloignant de l'emprise coloniale. Particulièrement fiable et solide, son administration a bel et bien résisté au dernier souffle révolutionnaire qui a fait suite à la chute de l'ex-dictateur et à la fin du régime autocratique.
La Tunisie en a-t-elle fini avec le protectorat?
Pourtant, plus d'un an après les premiers soulèvements populaires de décembre 2010, dans un contexte économique particulièrement fragile, nombre de Tunisiens s'inquiètent de voir telle ou telle puissance extérieure, le Qatar en tête de file, s'immiscer dans les affaires du pays à coups de promesses d'investissements et de nominations politiques controversées.
«En ce moment, nous avons un genou à terre. Et dans ce contexte de fragilité, toute intention étrangère doit être rigoureusement surveillée. De part son emplacement géographique stratégique, sa culture ouverte et ses relations relativement saines avec l'Occident, la Tunisie est en proie aux instrumentalisations de grande envergure», confiait une universitaire tunisoise.
Dans les cafés, les universités ou sur les réseaux sociaux, on ne compte plus les appels à la résistance face à l'hypothèse d'un complot impliquant l'émirat mais aussi et en toile de fond, l'influence américaine, considérée comme «grotesque» par certains éditorialistes.
Il faut dire que la présence de l'émir du Qatar, Hamad Ben Khalifa Al Thani, lors du premier anniversaire de la révolution, le 14 janvier 2012, avait fini d'alimenter les rumeurs. A plus d'un titre, les Tunisiens sont devenus peu à peu «allergiques» à la prononciation récurrente du mot «Qatar» après leur révolution. L'implication médiatique et militaire de l'émirat dans les révoltes successives des pays arabes leur semblait déjà suspecte, mais en accompagnant d'aussi près le processus de transition, les dirigeants qatari ont suscité l'inquiétude des Tunisiens.
Le parti Ennahdha majoritaire au sein de l'Assemblée constituante n'avait pourtant jamais cachéses bonnes relations avec le Qatar. Même si le financement par l'émirat de la campagne n'est pas avéré, les premiers déplacements des dirigeants élus ont été en faveur des dirigeants qataris.
A la suite des élections démocratiques d'octobre 2011, cette influence s'est concrétisée par l'obtention de postes gouvernementaux stratégiques, tels que le ministère des Affaires étrangères, revenu à Rafik Abdessalem, ancien chef du département de recherche au centre d'études de lachaîne satellitaire qatarie Al-Jazeera. Et, à ce jour, plusieurs accords et mémorandums d'entente économique ont été signés début janvier entre le Qatar et la Tunisie. Les élus tunisiens ont bien réorienté les intérêts nationaux en se détournant en partie de l'Europe au profit de leurs «frères arabes», selon les termes employés par l'actuel ministre des Affaires étrangères.
Cependant, en dehors des relations de plus en plus étroites entre les deux pays, on peut s'interroger sur l'éventuelle menace d'un prochain «protectorat qatari» qui, à plus d'un titre, ne semble pas résister à l'analyse dans le cas de la Tunisie.
Pas de «protectorat», mais un «lobby qatari»
Forte de son passé de peuple colonisé, de son apprentissage de la contestation et de la démocratie, de ses multiples influences identitaires et culturelles, la Tunisie semble plus à même de contrer toute nouvelle tentative d'ingérence politique ou d'hégémonie culturelle. Considéré comme l'un des carrefours du monde, le pays ne peut à nouveau s'enfermer dans un seul et même modèle:
«La mise en place d'un autre “protectorat” est impossible, le pays est traversé de trop de courants culturels, religieux, et maintenant politiques. Mais le problème qui se pose pour les Tunisiens c'est que ces pays du Golfe ne sont pas des démocraties, mais bien des dictatures.Ce sont des pays aux moyens de propagande très forts. Il n'y a pas moins de 150 chaînes islamistes. Des chaînes de télévision londoniennes financées par le Qatar.
Le problème identitaire ne devrait pas se poser en Tunisie, c'est un problème artificiel, importé des dictatures, avec des traditions et des coutumes propres à des régions retardées en matière de droits de l'homme. Ces pays ne sont pas des modèles, ils ont beaucoup investi afin de façonner à leur guise leur société traditionnelle», estime Riadh Sadoui, également rédacteur en chef du site webTaqadoumiya.
Face à ce que certains nomment, à tort ou à raison, le nouveau «protectorat qatari», le politologue préfère quant à lui évoquer un «lobby qatari»:
«Il faut avoir en tête que le parti Ennahdha emmené par son leader, Rached Ghannouchi, a trouvé sa légitimité via la chaîne Al-Jazeera. Tout comme l'actuel président provisoire, Moncef Marzouki», poursuit l'analyste.
Suite à une présentation en 2006 sur la chaîne qatari de l'opposant à Ben Ali, Moncef Marzouki, l'ex-président avait en effet, en guise de protestation, rappelé son ambassadeur à Doha.
Le Qatar, colosse aux pieds d'argile
Pour Riadh Sidaoui, le Qatar n'est pas «une grande puissance, ni militaire, ni politique, ni même économique» contrairement aux idées reçues. Comme l'Arabie saoudite en son temps, le Qatar ne fait que «payer aujourd'hui les factures de la stratégie américaine», celle du «pouvoir local»:
«Au lieu de contrer les islamistes en épousant les positions de dirigeants ayant perdu toute légitimité auprès de la population, on a décidé de composer avec eux. LesFrères musulmans ont exactement le même modèle économique (l'économie de marché, ndlr) que les Etats-unis», expliquait le politologue.
Le Qatar n'aurait donc pas de stratégie définitive, mais seulement la force de ses liquidités, mises au service d'un potentiel regroupement du monde arabo-musulman. Des moyens par ailleurs devenus cruciaux à l'heure du protectionnisme occidental. Concernant d'ailleurs la France, le sujet est peut-être plus inquiétant qu'en Tunisie. Les multiples acquisitions de l'émirat dans l'Hexagone, sont devenues pour certains observateurs des plus préoccupantes.
Du côté tunisien, les investissements ne sont pas encore effectifs et restent soumis à certainesconditions de taux d'emprunt, à ce jour, toujours en débat. De même, le Qatar n'intervient pas dans les décisions politiques nationales et n'ordonne pas à l'armée tunisienne, toujours présentée comme le rempart indépendant aux menaces intérieures et extérieures.
Le «Dégage» fortement ancré dans les têtes
Enfin, la vigilance des nouveaux médias de plus en plus nombreux, alliée au sentiment de liberté renforcé au sortir de la dictature, a développé chez les Tunisiens l'assurance d'avoir un peu plus en mains leur destin:
«Moi je ne veux pas que la Tunisie deviennent un pays salafiste ou wahhabiste. Oui pour un partenariat, mais sans obligations de s'habiller ou de penser. A l'inverse, le Qatar pourrait aussi se nourrir de notre culture, une forme d'échange», souhaite Myriam, 28 ans, Sfaxienne et commerciale.
A les interroger, les Tunisiens ne comptent plus se laisser abuser ou instrumentaliser et se tiennent régulièrement informés des derniers choix politiques:
«Si l'influence qatarie se fait trop forte, on redescendra dans les rues. Le Dégage est encore fortement ancré dans nos têtes. On ne se laissera pas faire, quel que soit l'adversaire. Mais en ce moment, vu la situation économique, le tourisme, tout est bon à prendre. Mais pas à n'importe quel prix», conclut Mohammed, trentenaire et informaticien.
Récemment, les élections universitaires et la large victoire de l'Union générale des étudiants tunisiens (UGET) ont renforcé le sentiment démocratique et la pluralité des voix dans le pays. Comme pour l'ensemble de la société, c'est, peut-être, en composant avec ces nouveaux partenariats étrangers, et sans se laisser envahir, que les Tunisiens se réapproprieront leur identité dont ils ont trop longtemps été privés.
Mehdi Farhat
source slateafrique
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Rafik Abdessalem: Le manque de diplomatie de Monsieur gendre
Le ministre tunisien des Affaires étrangères Rafik Abdessalem continue de défrayer la chronique et multiplie les couacs.
Son manque de connaissances des rouages diplomatiques, mais aussi du langage et de la retenue que doit avoir tout diplomate en chef, suscite moult interrogations. Au manque d’expertise et d’expérience dans son domaine, s’ajoute un manque terrible de connaissances de l’Histoire et de la géographie de son pays.
Quand son nom a commencé à circuler lors de la composition du gouvernement, les observateurs politiques et éditorialistes ont crié au scandale. Il est inconcevable de nommer le gendre de Rached Ghannouchi à la tête de la diplomatie tunisienne.
L’opposition, quasiment unanime, ne voulait pas de népotisme familial, mais n’avait pas de réels arguments supplémentaires pour justifier son refus à part le fait que Rafik Abdessalem était un haut cadre de la galaxie de la chaîne qatarie Al Jazeera.
Le refus de cette nomination n’a pas touché que l’opposition. Au sein même d’Ennahdha, on était sceptiques. Selon certaines indiscrétions, très bien informées et très crédibles, pas moins de huit hauts cadres du parti islamiste ont manifesté ce refus. Et toujours selon ces indiscrétions, ces huit hauts cadres ont été «convoqués» un à un par Rached Ghannouchi pour des réunions en tête-à-tête au bout desquelles ils ont changé d’avis ou, plutôt, ont acquiescé du bout des lèvres.
Il faut dire que logiquement, pour qu’une personne d’aussi proche parenté soit nommée à un poste de cette envergure, il faut vraiment démontrer qu’elle est la meilleure possible à ce poste dans tout le pays, et de ce fait, sa nomination s’imposerait à tous. Ce qui est loin d’être le cas.
Chez Ennahdha, on a une qualité de taille: le linge sale se lave en famille et la discipline est de mise. L’affaire n’a donc pas fait de bruit et n’a jamais été médiatisée. Le mot d’ordre est donné: il faut soutenir Rafik Abdessalem et ne jamais le présenter comme étant le Monsieur gendre, mais plutôt comme la compétence unique capable de diriger la diplomatie du pays.
Autre argument du parti islamiste : le monsieur a dû, lui aussi, subir les affres du régime Ben Ali en sa qualité de gendre et de militant fort actif d’Ennahdha et ne peut donc pas être sanctionné pour ce lien familial dont il a subi les conséquences lors des années de braise.
On omettra de rappeler, bien entendu, que le bonhomme a quasiment toujours vécu à l’étranger et on ne voit vraiment pas de quelles affres parle-t-on. Entre le militantisme et les années de prison subies par les Jebali, Dilou, Ben Salem ou Ellouze, il n’y a absolument aucune comparaison.
Rafik Abdessalem est une compétence ? Va pour ça et on ne demande qu’à voir.
Trois mois plus tard, on a vu ce qu’on a vu et entendu ce qu’on a entendu.
Il s’avère que le ministre des Affaires étrangères ne maîtrise pas vraiment la langue française, deuxième langue du pays et première langue des affaires en Tunisie. Surtout, c’est la première langue de la diplomatie et la langue du premier partenaire économique. Diplomatiquement parlant, le signal est des plus mauvais. «Ce n’est pas une tare, diront ses défenseurs, Rafik Abdessalem maîtrise parfaitement l’anglais, première langue des affaires dans le monde et la Tunisie est un pays arabe, les Français doivent comprendre cela une fois pour toutes». Allez expliquer que la France a, certes, besoin de la Tunisie, mais que la Tunisie, économiquement parlant, ne peut en aucun cas se passer de la France. Et à ce titre, elle gagnerait à s’abstenir de lui envoyer un tel message improductif au meilleur des cas, inamical au pire.
Le personnel du ministère des Affaires étrangères a été parmi les tout premiers à s’apercevoir des «limites» de leur nouveau ministre et les tensions se sont ressenties dès les premiers jours.
A l’origine de cette tension, «une méconnaissance par M. Abdessalem des dispositions administratives régissant l’action du ministère», écrivait Le Maghreb le 29 janvier. A titre d’exemple, «il se met en colère à chaque fois qu’on lui dit qu’il n’est pas possible de prendre en charge les frais de mission d’une personne ne faisant pas partie du personnel du département».
Sans oublier que le ministre n’a pas reçu, jusqu’à présent, une délégation des employés qui lui ont demandé une audience les poussant à annoncer un préavis de grève.
Trois mois plus tard, les esprits ne se sont pas vraiment calmés et on se plaint, dans les couloirs du ministère, des frais de missions onéreuses du ministre et de son manque de tact et de diplomatie dans la gestion des affaires.
Quelques semaines plus tard, la polémique a été déclenchée avec son annonce spectaculaire de renvoyer l’ambassadeur de Syrie en Tunisie. Un ambassadeur qui a déjà quitté le pays depuis des mois déjà. Pour se défendre, l’entourage de Rafik Abdessalem a rappelé que ce renvoi a été précédé par plusieurs avertissements (que la majorité des observateurs a oubliés) et qu’il fallait envoyer un signal fort. Peut-être, mais on aurait pu dire, par souci de précision et afin d’éviter toute tromperie, que l’on a renvoyé le chargé d’affaire faisant office d’ambassadeur. En matière de diplomatie, chaque mot doit être pesé lourdement avant d’être prononcé.
Fin février, le ministre provoque la colère des Amazighs suite à ses déclarations lors du congrès ministériel des pays du Maghreb. Il a, en effet, émis une objection à la proposition de son homologue marocain, Saâd Eddine El Othmani, qui a appelé à changer la dénomination du «Maghreb Arabe» pour «l’Union Maghrébine», en référence à la grande variété de civilisations, de cultures, de populations et de langues réunie dans les pays du Maghreb.
Selon le chef de la diplomatie tunisienne, cette objection serait justifiée par la dimension culturelle, civilisationnelle mais aussi géographique que comporte le terme «arabe». Une appellation qui, selon lui, réunit les pays du Maghreb, constituant «la partie occidentale du monde arabe».
L’observatoire amazigh des droits et des libertés a publié un communiqué dans lequel il regrette la ségrégation dont découle le refus de la proposition marocaine et qualifie les déclarations de Rafik Abdessalem d’«aberrantes», en référence à l’argument géographique émis par le ministre.
M. Abdessalem ne manquera pas de défrayer la chronique en réalisant une première dans la diplomatie internationale. Dans une interview sur Al Jazeera, le ministre osera critiquer sévèrement les médias tunisiens qu’il juge partiaux et il ne manquera que de dire, malhonnêtes. Le linge sale d’Ennahdha a beau se laver en famille, celui des médias tunisiens se lave en public et sur une chaîne internationale loin, très loin, d’être impartiale. Le hic, c’est que le ministre comprend parfaitement la partialité des médias qataris (ou britanniques) en parfaite cohésion avec leur propre ligne éditoriale, mais feint de ne pas comprendre la partialité des médias tunisiens.
Sa même remarque sur les médias, il la formulera devant l’Assemblée nationale constituante dans une posture similaire à celle d’un orateur lambda dans une conférence d’une association de quartier. Ses coudes collés au pupitre, l’autosatisfaction de son propre travail et du travail gouvernemental (le meilleur gouvernement de tous les temps dira-t-il) en disent long sur le manque de tenue et de retenue que doit observer tout diplomate.
On taira au passage la fameuse histoire du vrai faux complot contre le gouvernement puisque c’est par son biais que la «réunion» des diplomates étrangers à Tunis a été ébruitée.
La dernière prouesse du ministre nous viendra de cette conférence-débat tenue fin février à Doha. Encore une fois, il ne se retiendra pas de dénigrer ses compatriotes en public et dans un pays étranger. L’opposition? Des 0,00%.
Il sera la risée de tout le monde en indiquant que les côtes tunisiennes ne s’étalent que sur 500 kilomètres. Un élève de la 6ème année primaire ne s’y tromperait pas et aurait été sévèrement sanctionné par son instituteur suite à une telle erreur.
Mais la sanction tombera sur notre collègue Mohamed Ammar, journaliste résidant au Qatar, qui a eu le «culot» de corriger le ministre en public. Il sera privé d’interview, na!
La haute compétence dont a parlé Rached Ghannouchi, suivi comme des soldats disciplinés par les différents responsables d’Ennahdha, a clairement montré ses limites.
La Tunisie et sa révolution jouissent d’une excellente aura à l’international, a dit à maintes reprises le M. Abdessalem. Toute la difficulté réside dans l’habilité à garder cette belle image et ce n’est certainement pas avec un ministre qui dénigre ses critiques en Tunisie et à l’étranger et ne maîtrise ni ses dossiers, ni l’histoire et la géographie de son pays, que cette belle image pourra être préservée.
«Les diplomates trahissent tout excepté leurs émotions», disait Victor Hugo. Monsieur gendre n’a même pas été capable de cela. Dommage!
source businessnews