Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
26 mai 2011 4 26 /05 /mai /2011 08:17
 

Appel à l'ONU : 220 ONG de pays arabes condamnent la répression

 

 Plus de 220 associations de 18 pays arabes ont écrit hier aux membres du Conseil de sécurité des Nations unies, leur demandant de «condamner le recours excessif à la force» contre les manifestants en Syrie et un «accès immédiat pour l'assistance humanitaire».

«Plus de 1000 civils ont été tués et 10 000 arrêtés dans 16 villes syriennes. Alors que la situation se détériore davantage, la coupure des communications imposée depuis le 22 avril empêche toute évaluation objective des besoins humanitaires», ont écrit ces associations de la société civile des pays arabes, dans une lettre dont l'AFP a obtenu une copie.

«Nous croyons que le silence du Conseil de sécurité des Nations unies envoie le mauvais message et échoue à dissuader de nouvelles violences et atteintes aux droits humains de la part des autorités syriennes», ont ajouté ces associations, basées notamment en Égypte, en Libye, au Qatar, au Maroc, au Yémen, en Syrie, en Algérie et en Arabie saoudite.

Les signataires demandent une résolution qui «condamne le recours excessif à la force létale contre les manifestants pacifiques en Syrie et demande une cessation complète de la violence ainsi que des attaques et abus à l'encontre des civils».

Ils souhaitent également que cette résolution «demande aux autorités syriennes de fournir des garanties et un accès immédiat pour l'assistance humanitaire».

____________________________________________________________________

 

Hama ....

 

 

Madrid : une minute de silence ....

____________________________________________________________________

 

Des militants préparent une poursuite des responsables du régime El Assad  pour crime contre l'humanité

 

__________________________________________________________________

Les habitants de la ville de Nahta dénoncent l'utilisation de «CHABIHA» [équivalent de BALTAJIA égyptien] contre les manifestants pacifiques et réclament la chute du régime Bachar

__________________________________________________________________________

 

 

DEUX MOIS DE REVOLUTION EN SYRIE. UN PREMIER BILAN (1/3)

 

 

Les historiens discuteront certainement plus tard du jour exact où il convient de considérer qu’a démarré en Syrie la "révolution" contre le régime baathiste. On postulera ici que le 15 mars, marqué à Damas par un défilé de protestataires dans le Souq Hamidiyeh et par plusieurs autres manifestations dans diverses localités, peut constituer un point de départ acceptable pour le mouvement. Celui-ci a donc légèrement dépassé aujourd’hui ses deux mois d’existence. Quel bilan peut-on en dresser ? Quels sont les acquis et les échecs des parties en présence ? Surtout, comment se profile l’issue du bras de fer qui oppose désormais le régime aux manifestants et à l’opposition ?

 

1 / LES ACQUIS ET LES ECHECS DU REGIME DE BACHAR AL ASSAD

 

1.1 - Le régime est toujours en place

Le régime de Bachar Al Assad était parvenu, grâce à des mesures sécuritaires préventives, à repousser de près d’un mois et demi, du 4 février au 15 mars, la mise en mouvement de la population syrienne. D’autres initiatives, strictement économiques, avaient été adoptées dans l’urgence au cours des premières semaines de l’année 2011, dans l’espoir de la maintenir au calme. Lorsque les Syriens sont finalement sortis dans les rues de Daraa, pour les raisons structurelles et conjoncturelles désormais bien connues, le régime a refusé d’entendre les doléances. Il a imaginé que les moyens de répression qui lui avaient jusqu’ici toujours réussi suffiraient encore une fois à intimider les mécontents et à les faire rentrer chez eux. Mais le recours des forces de sécurité à une violence aussi aveugle qu’inutile, qui s’est exercée d’abord sur des enfants, a produit des effets contraires. Un cercle vicieux s’est mis en place : le nombre croissant des victimes a entraîné la multiplication des funérailles ; des protestataires y ont participé en nombre sans cesse accru ; les services de sécurité ont fait à chaque fois dans leurs rangs de nouvelles victimes ; leurs enterrements ont offert l’occasion à la population de laisser libre cours à une colère grandissante ; les slogans sont naturellement allés en se radicalisant… Dans le reste du pays, l’usage de la violence et des armes a suscité une vague de solidarité sans précédent, de Lattaquié à Deïr al Zor en passant par Homs et Douma, entre des villes et des régions qui n’entretenaient jusqu’alors aucun rapport particulier. Les Syriens ont commencé à manifester pour apporter leur soutien aux populations réprimées à l’autre bout du pays et pour affirmer qu’ils partageaient leurs revendications. Vendredi 20 mai, plus d’une cinquantaine de manifestations ont réuni des dizaines de milliers de participants. Mais le régime est toujours en place, et tout indique dans son comportement qu’il ne veut pas céder.

 

1.2 - Le régime a montré qu’il ne se laisserait pas facilement abattre

 

Pour se maintenir et pour assurer la survie de son régime, le président Bachar Al Assad a montré qu'il était prêt à tout et, pour plagier la formule jadis utilisée pour qualifier l’action de son pays au Liban et son soutien à une partie des Palestiniens, qu’il "résistera… jusqu’au dernier Syrien". Il a donné carte blanche à son frère Maher Al Assad, le militaire de la famille. Il a aussi fermé les yeux sur les excès de ses appareils de sécurité, au sein desquels ses cousins Hafez Makhlouf et Atef Najib se sont fait remarquer par leur cruauté. Il a mobilisé ici et là les chabbiha, des bandes de voyous, de voleurs et de criminels, jadis constituées par ses cousins, Moundher et Fawwaz Al Assad, Mohammed Al Assad, Haroun Al Assad, Noumeïr Al Assad… pour faire régner leur loi sur la côte et dans la montagne alaouite, berceau de la famille présidentielle. Leur bilan commun, en termes de morts, de blessés, de prisonniers, de disparus… est impressionnant. Mais, après avoir utilisé contre des manifestants sans défense les chars et les forces spéciales, le régime a sans doute atteint les limites de ses possibilités. A moins d’appeler à la rescousse son aviation, une option délicate compte-tenu de la réaction internationale au précédent libyen, ou de recourir à l’arme chimique comme l’avait fait Saddam Huseïn en 1988 contre les Kurdes de Halabja, qui lui serait fatale.

 

1.3 - Le régime est resté uni autour des Al Assad cramponnés au pouvoir

 

Les développements intervenus à partir du 15 mars ont mis en première ligne plusieurs membres importants de la famille présidentielle, qui détient non seulement la décision en matière politique, mais également les leviers de la vie économique, les clés de la situation militaire et le contrôle des questions de sécurité. Personne en Syrie ne s’attendait à ce que les intéressés étalent au grand jour leurs éventuelles divergences. Mais certains estimaient possible que, sous la pression des évènements, la coexistence pacifique et la répartition des rôles deviennent intenables entre "les deux camps" : d’une part, un président Bachar Al Assad présenté comme "raisonnable et moderne", en phase avec la jeunesse de son pays, assisté par une jeune femme encore plus charmante et encore plus moderne, tous les deux partisans de réformes dont il est de bon ton d’affirmer, puisque l'objection de "la vieille garde" a montré ses limites, que la mise en œuvre a été entravée par "l’opposition de leur entourage" ; d’autre part, le camp des "méchants" arcboutés sur la sauvegarde de leurs intérêts, composé du militaire de la famille, Maher Al Assad, du banquier de la famille, Rami Makhlouf, et des gendarmes de la famille, Hafez Makhlouf et Atef Najib. Or c’est apparemment sans difficulté et sans état d’âme que le chef de l’Etat, contredisant l’image qu’on avait voulu donner de lui, s’est rangé dans le camp des faucons dont il a pris la direction et assumé les agissements. Les rumeurs concernant un départ pour Londres de la Première dame, Asma Al Akhras, avec les enfants du couple présidentiel, et celles concernant une mise en garde sévère de Bouchra Al Assad, adressée depuis Doubaï à ceux de ses frères ou de ses cousins qui oseraient s’en prendre à son mari Asef Chawkat, ancien chef des services de renseignements de l’armée de terre et actuel chef adjoint d’Etat-major pour les questions de sécurité, n’ont jamais été confirmées.

 

1.4 – Le régime a prévenu les divisions au sein des forces armées

 

Les unités utilisées pour mater la rébellion ont été choisies de manière à ne pas exposer la troupe à des risques de division, sur fond d’appartenance communautaire. En privilégiant la Garde Républicaine, les Forces spéciales et la 4ème division, c’est-à-dire les unités d’élite de son armée, essentiellement composées de soldats alaouites encadrés par des officiers et sous-officiers eux aussi alaouites, le régime a de facto tenu à l’écart de la répression les militaires issus de la communauté sunnite. Alors que cette dernière fournit aujourd’hui la masse de la troupe, puisque les Alaouites préfèrent désormais à la carrière des armes la fonction publique, facile d’accès pour eux, plus lucrative et moins contraignante, la communauté majoritaire en Syrie ne pèse d’aucun poids au sein de l’institution. Les rares postes de commandement attribués à certains de ses représentants sont dépourvus de valeur stratégique et leurs détenteurs sont surveillés de près par leurs subordonnés alaouites. Depuis le déclenchement des troubles, des cas de rébellion ont eu lieu, à différents niveaux, de la part de soldats et parfois d’officiers sunnites et druzes. Les Kurdes ont signalé la remise à leurs familles de plusieurs soldats abattus par leurs chefs pour avoir refusé d’obtempérer aux ordres et d’ouvrir le feu sur les manifestants. Mais, en veillant à ne faire appel qu’en dernier recours aux unités composées de soldats sunnites encadrés par des officiers sunnites, et en restreignant leurs interventions à des théâtres éloignés de leur base, le pouvoir a été jusqu’ici en mesure de prévenir l’explosion de l’armée qui demeure l’une de ses grandes préoccupations.

 

1.5 - Le régime a marqué quelques points en agitant un complot

 

Refusant de considérer d’abord que les demandes des protestataires étaient légitimes, exigeant ensuite qu’elles soient exprimées autrement que dans la rue, et niant finalement contre toute évidence le caractère politique et pacifique des manifestations, le régime a tour à tour ou simultanément imputé les troubles et les pertes en vies humaines à tout ce qu’il compte d’ennemis plus ou moins réels dans son environnement régional. Il a ainsi mis en cause Israël et ses alliés Américains, les agents du prince saoudien Bandar bin Sultan, les partisans de Saad Al Hariri, du Courant du Futur et du 14 mars au Liban, les salafistes, les wahhabites, les jihadistes... Dans un raisonnement de son point de vue imparable, il n’a cessé de redire que, puisque le "complot" visait la Syrie en raison de "ses positions courageuses sur la question palestinienne à laquelle elle apportait un soutien sans faille", il n’était pas seulement en droit mais il avait le devoir de se défendre et "d’éradiquer les saboteurs, les terroristes et les infiltrés, qui s’attaquaient à sa stabilité pour faire le jeu de puissances extérieures". Cette rhétorique sans surprise n’a pas empêché le mouvement de se poursuivre dans la rue, mais elle a redonné du courage aux partisans du régime qui commençaient à s’interroger sur son avenir et sur le leur. Elle a aussi redonné de la voix à ceux qui considèrent, en Europe et ailleurs, que tout mouvement de revendication contre un régime autoproclamé "progressiste, aussi mafieux et néfaste soit-il pour sa propre population et pour son environnement régional, ne peut qu’être un complot ourdi par les Américains.

 

1.6 - Le régime a confirmé que le Parti Baath ne lui servait plus à rien

 

Au cours de sa conférence de presse du 24 mars, Bouthayna Chaaban, conseillère politique et médiatique du chef de l’Etat, avait pris soin d’indiquer que les décisions économiques et politiques dont elle annonçait la prochaine mise en œuvre avaient été "adoptéesar le commandement régional du Parti Baath". Composé de 14 membres "élus", le commandement régional, la plus haute instance du parti, a pour secrétaire régional le chef de l’Etat. Il s’agissait sans doute d’une figure de style, car, dans son intervention du 30 mars devant l’Assemblée du Peuple, dont la moitié des 250 membres sont automatiquement des représentants désignés par ce même parti, Bachar Al Assad n’a pas jugé utile de mentionner une seule et unique fois le nom du Baath. Ce parti restait pourtant à cette date, et il l’est encore aujourd’hui en dépit de l’annonce de la révision imminente de l’article 8 de la Constitution de 1973, le "parti dirigeant de l’Etat et de la société". Cette omission n’avait rien d’un oubli de la part du chef de l’Etat, puisque, deux semaines plus tard, le 16 avril, en mettant en place le nouveau gouvernement et en donnant ses instructions aux nouveaux ministres, pour la moitié d’entre eux baathistes, Bachar Al Assad n’a, encore une fois, jamais utilisé les mots Baath et parti… Les seuls baathistes à avoir retenu l’attention des médias depuis le déclenchement des manifestations en Syrie sont paradoxalement les députés et les militants de Daraa et Banias, qui ont décidé d’abandonner leur siège et de rendre leur carte pour protester contre la répression. S’agissant de répression justement, on indiquera que des étudiants baathistes se sont illustrés, à la cité universitaire d’Alep interdite aux forces de l’ordre, en se chargeant d’assurer la dispersion de leurs camardes qui prétendaient y exprimer leurs revendications. Ce faisant, ils ont confirmé ce que les Syriens avaient eu l'occasion de constater depuis l’arrivée au pouvoir de Bachar Al Assad, à savoir que les membres du parti n’ont plus guère d’utilité pour le régime que comme auxiliaires des moukhabarat.

 

1.7 – Le régime a conservé certaines villes à l’abri de la contestation

 

Bachar Al Assad peut se targuer d’avoir dissuadé jusqu’ici les villes de Damas et d’Alep de rejoindre le mouvement. Pour des raisons différentes, son statut de capitale pour la première et son quadrillage sécuritaire étroit pour la seconde, mais aussi pour des raisons identiques, leur structure sociale extrêmement composite et les bénéfices retirés par leurs élites de l’ouverture économique initiée par le président, ni l’une ni l’autre n’ont pour le moment tenté de se soulever comme l’ont fait Daraa, Lattaquié ou Banias. Deux autres villes importantes, Homs et à un moindre degré Hama, leur ont tracé la voie, mais jusqu’ici sans succès. Le régime continue pourtant de les surveiller avec méfiance : l’histoire de la Syrie indépendante démontre que, à Damas et Alep, l’aspiration à la liberté et à la démocratie sont au moins aussi fortes qu’ailleurs. Chez l’une et l’autre, les pratiques autoritaires et mafieuses du régime font l’objet de critiques unanimes, mais la prudence retient de les exprimer autrement que dans des cercles très privés. La peur des moukhabarat, d’une part, et, d’autre part, les incertitudes liées à la possibilité pour les industriels, commerçants et hommes d’affaires, de conserver leurs privilèges et de continuer à s’enrichir dans la "Syrie nouvelle", incitent nombre de Damascènes et d’Alépins à temporiser. En tout état de cause, y compris pour beaucoup de bénéficiaires du système actuel, l’absence de participation au mouvement de protestation ne vaut pas adhésion au régime. D’ailleurs, si l’on est encore loin d’un soulèvement de ces deux villes aussi puissant qu’à Homs, peu à peu, semaine après semaine, de nouveaux quartiers y rejoignent la contestation.

 

1.8 - Le régime continue de se prévaloir du soutien des hommes d’affaires

 

Les récentes déclarations au New York Times de Rami Makhlouf, affirmant que "nous sommes bien décidés à nous battre jusqu’au bout", ont constitué une sorte d’avertissement, au moment où certains membres de l’élite économique commençaient à s’interroger sur la meilleur option. Le cousin du chef de l’Etat indiquait ainsi à ses partenaires en affaire, en particulier ceux de la Holding Cham et de la Holding Souriya, créées sous les auspices de Bachar Al Assad au début de 2007 pour dissimuler la main mise de la famille présidentielle sur la vie économique et pour mutualiser les critiques et les risques, qu’il n’était pas question de laisser quiconque abandonner le navire. Il fallait faire face. Et sa menace de ne "pas souffrir seuls", qui visait d’abord les "terroristes islamiques", coupables entre autres choses de dénoncer le quasi-monopole exercé par sa compagnie Syriatel sur la téléphonie mobile en Syrie, pouvait tout aussi bien servir d’avertissement à ceux qui, de gré et parfois de force, s’étaient retrouvés embarqués à son côté dans l’aventure des holdings. Le silence étourdissant des hommes d’affaires au cours des deux mois écoulés permet au régime de considérer qu’ils sont toujours de son côté. Il en est sans doute beaucoup moins sûr qu’il veut bien le dire.

 

1.9 - Le régime apparaît encore à certaines minorités comme un moindre mal

 

Il en va de Damas et d’Alep comme des minorités religieuses, qui, dans ces deux villes plus que partout ailleurs, vivent à la fois imbriquées et repliées sur elles-mêmes. Elles ne sont pas convaincues, comme le régime ne perd jamais une occasion de l’affirmer… et comme il tente parfois d’en fournir la démonstration en manipulant des groupes terroristes, que la mise à terre du régime actuel, dominé par une famille de confession alaouite et par ses comparses de la majorité sunnite et des autres minorités, signifiera fatalement l’arrivée au pouvoir des Frères Musulmans. Mais, en Syrie comme ailleurs, le capital est couard, et mieux vaut garantir de petits bénéfices, même au prix d’humiliations répétées, que se lancer dans une aventure où il pourrait y avoir quelque chose à perdre, mais certainement pas beaucoup plus à gagner. Cela vaut pour les Chrétiens, dont le nombre décroit constamment pour ne plus dépasser aujourd’hui les 8 % de la population, qui sont traumatisés par les drames vécus par leurs coreligionnaires en Irak et en Egypte et qui sont loin d’être rassurés par les conseils de "rester vigilants", voire de s’armer pour assurer leur protection, que leur prodiguent leurs amis des services de sécurité. Cela vaut pour les Ismaéliens, répartis entre la région de Masiaf et Qadmous et celle de Salamiyeh. Cela vaut pour les Druzes, regroupés dans la région excentrée et historiquement négligée du Hauran. Cela vaut surtout pour les Alaouites, dont une grande majorité n’a jamais bénéficié de la présence à la tête du régime d’une famille et de comparses issus de leurs rangs, mais qui sont à présent devant un choix difficile : prendre leurs distances avec le régime et être sanctionnés comme des traîtres, ou ne pas prendre parti et être entraînés dans sa défaite.

 

1.10 - Le régime n’a pu empêcher les Kurdes de rejoindre le mouvement

 

Principale minorité ethnique en Syrie, avec près de 15 % de la population, les Kurdes ont eu droit, depuis le début de la contestation, a un traitement particulier de la part du régime. Leur solidarité communautaire, leurs qualités de combattants et le soutien qu’ils sont susceptibles de trouver auprès de leurs frères du Kurdistan du sud (en Irak) et du nord (en Turquie), ont imposé aux responsables syriens de rechercher avec eux un accommodement. Le régime voulait éviter de s’affaiblir en déployant l’armée et les services de sécurité sur la totalité du territoire national. Comme d’habitude dans une telle situation, il a donc fait des promesses, en l’occurrence la restitution de la nationalité syrienne aux "Kurdes étrangers". Mais, pour ne pas dilapider cette carte, il en a différé la mise en œuvre. Ou plutôt, il a conditionné son application à la neutralité des Kurdes dans la période actuelle, dont il a tenté de sous-traiter la gestion à ses anciens alliés du Parti des Travailleurs du Kurdistan contre la Turquie. Après s’être interrogés sur la meilleure manière pour eux de gérer ce moment, qui leur offrait l’opportunité de négocier avec un pouvoir en difficulté la récupération des "droits nationaux" des Kurdes de Syrie (autorisation de parler et d’enseigner la langue kurde, création de radios et de télévisions kurdes, possibilité d’observer et de célébrer les fêtes kurdes…), les responsables politiques kurdes ont fini par rejoindre leur base et par placer, comme les autres Syriens, les revendications de liberté et de citoyenneté en tête de leurs priorités. La relative bienveillance dont les autorités sécuritaires continuent de faire preuve vis-à-vis de ceux qui sortent désormais par milliers pour réclamer la liberté pourrait donc ne pas durer. Surtout si, après le quartier kurde de Rokneddin, à Damas, les quartiers kurdes d’Alep et la ville kurde de Qoubani (Aïn al Arab), les villages kurdes s’étendant du Liwa’ d’Iskenderun à la frontière irakienne décidaient d’entrer sans réserve dans le mouvement.

 

1.11 - Le régime a été moralement discrédité par ses agissements

 

L’usage immodéré de la violence s’est d’ores et déjà retourné contre le régime. Accueillis comme des héros à leur sortie de prison, d’où ils avaient été expulsés après quelques jours de tortures et de pressions pour laisser la place à d’autres, les premiers détenus ont raconté à ceux qui en doutaient encore de quelle férocité pouvaient faire montre les sbires du régime. Au lieu de dissuader leurs parents, leurs amis et leurs voisins, comme les tortionnaires aux ordres du pouvoir l’imaginaient, leurs récits et les traces des mauvais traitements les ont incités à sortir davantage et à radicaliser leurs revendications. Aux premiers jours des manifestations, les Syriens défilaient au cri de "Liberté". Quelques semaines plus tard, ils réclamaient la "chute du régime". Certains veulent aujourd’hui que le chef de l’Etat, qui laisse faire ces horreurs sans intervenir… s’il ne les ordonne pas, et qui en porte de toute manière la responsabilité, fasse comme ses anciens homologues tunisien et égyptien : qu’il "dégage". Le bombardement de Homs, le siège de Tall Kalakh, l’humiliation des jeunes d’Al Bayda, la marche de la honte imposée à ceux de Banias, les tirs contre des manifestations de femmes, les crimes commis à Daraa et la découverte de charniers dans et autour de cette dernière ville, ne sont pas de nature à apaiser la volonté des manifestants de se débarrasser désormais de Bachar Al Assad et de son entourage dont l’immoralité est aujourd’hui patente.

 

1.12 - Le régime a d’ores et déjà perdu la bataille médiatique.

 

Ayant constaté l’effet dévastateur pour les pouvoirs en place de la diffusion des images des troubles plus tôt intervenus en Tunisie, en Egypte et en Libye, le régime syrien, qui n’avait rien à craindre des médias syriens publics et privés, tous contrôlés de près par des officiers des moukhabarat, s’était entendu, dès le mois de janvier 2011, avec son allié qatari. Il s’agissait, en muselant la chaine Al Jazira, dont la couverture des événements dans les autres pays avait contribué à populariser les mouvements de protestation, de prévenir la diffusion des images de la répression que le régime syrien avait bien l’intention de mettre immédiatement en œuvre pour ne pas se laisser déborder. Mais, suite à un différend provoqué entre Damas et Doha par les interventions en faveur des protestataires du cheykh Yousef Al Qardawi, les responsables de l’Emirat, désespérant de Bachar Al Assad et de son entourage, ont laissé la chaîne qu’ils patronnent couvrir comme elle l’avait fait ailleurs la contestation populaire en Syrie. Face aux reportages et aux interviews en direct d’acteurs ou de témoins des faits par la chaîne qatarie, mais aussi par la chaîne saoudienne Al Arabiya, la BBC et France 24, le régime n’a pu s’appuyer que sur ses propres médias. Manquant aussi bien de crédibilité que d’audience, à l’intérieur comme à l’extérieur de la Syrie, ceux-ci n’ont pu faire entendre la version officielle des faits et des événements qu’à ceux qui lui étaient déjà acquis. Mis en difficulté par la monstruosité des accusations proférées contre lui, le régime n’a rien fait pour se tirer d’affaire. Il a au contraire donné le sentiment qu’il avait beaucoup de choses honteuses à cacher, en s’obstinant, contre son intérêt, à refuser l’entrée dans le pays de tous les médias étrangers indépendants, y compris ceux dont il n’avait pas à redouter un a priori défavorable à son égard.

 

1.13 - Le régime a largement dilapidé son capital diplomatique

 

Au début de l’année 2011, un consensus existait entre les membres permanents du Conseil de Sécurité pour considérer qu’il serait toujours délicat de sanctionner la Syrie, non pas en raison de son poids militaire mais du fait des capacités de nuisance élevées qu’elle conservait et qu’elle était susceptible de mettre en œuvre à tout moment dans son environnement régional. L’affichage de sa proximité avec l’Iran préoccupait les uns et irritait les autres. Mais personne n’envisageait alors d’aller au-delà des sanctions jadis infligées au pays et à certains de ses membres dirigeants par l’administration américaine précédente. La situation a depuis lors considérablement évolué. En quelques mois, le régime de Bachar Al Assad est parvenu à décourager la quasi-totalité de ses meilleurs soutiens. L’émir du Qatar, qui avait jadis tant fait pour aider le chef de l’Etat syrien à réintégrer la communauté internationale via la France, vient de s’en détourner. La Turquie de Recep Tayyip ERDOGAN, lassée de le mettre en garde contre sa politique du tout-répressif et de lui prodiguer des conseils d’ouverture en direction de sa population, adopte à son endroit un discours de jour en jour plus critique. A son instigation, semble-t-il, le président américain Barack Obama vient de donner à Bachar Al Assad une dernière chance : soit il réforme sérieusement, soit il sera lui-même réformé. Pour sa part, le chef de la diplomatie française ne cherche plus à dissimuler le dégoût que lui inspire le comportement des dirigeants syriens. Avec le soutien du président de la République, qui accueillait encore il y a six mois son jeune homologue syrien à l’Elysée, il milite au sein des instances européennes pour l’inscription du nom de Bachar Al Assad en tête de liste des responsables syriens sanctionnés pour leur rôle dans la répression. Il vient d'obtenir gain de cause. La Syrie compte toujours, évidemment, quelques soutiens de poids, comme la Russie ou la Chine. Mais elle a eu l’occasion de constater, au cours des années passées, que, en dépit de leurs réserves et de leurs menaces, ni l’une ni l’autre n’ont jamais utilisé en sa faveur leur droit de véto. Le paradoxe de la situation est que le meilleur avocat international de la Syrie de Bachar Al Assad reste aujourd’hui… l’Etat d’Israël. Reconnaissants pour la protection de la frontière commune que les Al Assad père et fils ont assurée à leur pays depuis l’accord de désengagement sur le Golan de 1975, et pour le renoncement à toute tentative de récupérer par la force cette portion revendiquée de leur territoire national par les hérauts de "la résistance et de l’obstruction", les responsables israéliens n’hésitent pas à dire tout haut qu’ils "préfèrent le diable qu’ils connaissent à celui qu’ils ne connaissent pas". Mais là non plus, les choses ne sont pas définitives.

 

1.14 - Le régime est désormais menacé par une crise économique

 

La tension créée en Syrie par les protestations et par leur répression n’a pas tardé à se répercuter sur la vie économique. Dans la capitale, dont le centre n’a pourtant connu de manifestations qu’aux premiers jours du mouvement, au milieu du mois de mars, les Syriens et les étrangers ont perdu l’habitude de sortir le soir et, en journée, la population songe davantage à ménager ses ressources qu’à fréquenter les commerces de la vieille ville et les nouvelles galeries marchandes. Les touristes, sur lesquels la Syrie fondait beaucoup d’espoirs et qui avaient retrouvé le chemin de Damas, se sont orientés vers d’autres destinations. Les prix très attrayants proposés par la Syrian Air n’ont pas suffi à les faire changer d’avis. L’Union Européenne a annoncé qu’elle suspendait le financement de certains projets. Les entreprises de plusieurs pays du Golfe ont gelé ceux qu’elles réalisaient dans le pays. La Bourse de Damas, qui peinait à démarrer, est devenue atone. Au début du mois d’avril, un vent de panique s’est emparé des milieux financiers, en raison de pressions considérables sur le dollar, devenu introuvable sur le marché des changes. Au milieu du mois de mai, le gouverneur de la Banque Centrale a menacé ceux qui avaient profité de ces circonstances pour retirer plus que les 10 000 $ autorisés par la loi. Il est douteux qu’il ait été entendu, le principal auteur de ces retraits étant, selon toutes probabilités, un riche homme d’affaire proche du pouvoir soucieux de se débarrasser des millions de livres syriennes que lui rapporte chaque mois son entreprise de téléphonie mobile…

 

1.15 - Le régime a multiplié les engagements… qu’il n’a pas tenus

 

Pour mettre un terme à la spirale dangereuse amorcée à Daraa entre violence de la répression et radicalisation des demandes des manifestants, Bachar Al Assad, joignant la carotte au bâton, est entré, vers la fin du mois de mars, dans un cycle de promesses. Le 24 mars, il a demandé à sa conseillère politique et médiatique d’annoncer, dans une conférence de presse, une prochaine intervention publique. Il devait y dévoiler tout un train de mesures économiques et politiques, parmi lesquelles la levée de l’état d’urgence en vigueur depuis 48 ans. Cette déclaration aurait dû remplir d’aise les protestataires. Mais, d’une part, elle venait trop tard puisque ces derniers s’étaient déjà fixé comme nouvel objectif le renversement du régime. Et, d’autre part, elle manquait de crédibilité, puisqu’une autre annonce faite le même jour, la fin des tirs sur les manifestants, était aussitôt démentie sur le terrain, à Daraa et à Lattaquié. Du coup, personne n’a été outre mesure surpris de constater que, lors de son intervention devant l’Assemblée du Peuple, le chef de l’Etat, réduisant les revendications des protestataires à de simples demandes sociales et économiques et dénonçant les comploteurs à l’origine des troubles, n’a même pas pris la peine de confirmer cet engagement. Au cours des jours suivants, Bachar Al Assad a procédé au limogeage des gouverneurs des villes de Daraa, Homs et Lattaquié, dans lesquelles la crise avait pris une tournure particulièrement aigue. Il semblait ainsi attribuer à la gestion des intéressés une large part de responsabilité dans la dégradation de la situation. Mais la réponse qu’il apportait au problème, le remplacement de civils par des militaires à la retraite, a immédiatement confirmé aux habitants des lieux et à l’ensemble des Syriens que le chef de l’Etat restait moins en quête d’une solution politique que d’un retour au calme et d’un dénouement sécuritaire. Le 3 avril, le président de la République a dissout le gouvernement de Mohammed Naji Otri et chargé le ministre de l’Agriculture sortant, Adel Safar, de constituer un nouveau gouvernement. Quelques mois plus tôt, cette initiative aurait rempli d’aise les Syriens, qui trouvaient depuis longtemps que le cousin de la belle-mère du chef de l’Etat, en place depuis 2003, n’avait pas suffisamment combattu la corruption, et qui attribuaient à son équipe économique la dégradation rapide de leurs conditions d’existence. Mais, au moment où elle est intervenue, cette décision ne leur importait plus en rien. Ce n’est pas à un changement de gouvernement qu’ils aspiraient désormais, mais à un changement de régime. L’affaire de l’état d’urgence, dont la levée a été finalement annoncée sans que cela modifie quoi que ce soit au comportement arbitraire des services de sécurité sur le terrain, et celle de la restitution de la nationalité syrienne aux Kurdes "étrangers", décidée et inscrite dans un décret sans qu’aucun de ses bénéficiaires potentiels n’ait encore récupéré ses droits, ne contribuent pas peu à ôter au régime en général, et à Bachar Al Assad en particulier, le peu de crédibilité dont ils pouvaient encore se prévaloir au sein de la population syrienne.

 

1.16 - Le régime a annoncé un dialogue sans parvenir à convaincre

 

Contraint par une situation de plus en plus délicate, le régime s’est finalement résigné à envisager, sans renoncer à des manœuvres, l’ouverture d’un "dialogue". Au milieu du mois d’avril et au début du mois de mai, une journaliste proche du régime, Samira Al Masalmeh, puis la conseillère politique et médiatique du chef de l’Etat, Bouthayna Chaaban, ont successivement affirmé qu’elles avaient "initié un dialogue" avec des membres de l’opposition en vue de rechercher une issue à la crise. Elles ont toutes deux aussitôt été contredites par lesdits membres de l’opposition, qui ont reconnu avoir parlé avec elles, mais de manière informelle, et ont nié avoir entamé des négociations pour lesquelles ils ne disposaient d’aucune procuration de la part de quiconque. Au milieu du mois de mai, le ministre de l’Information, Adnan Mahmoud, a déclaré à son tour lors d’une conférence de presse que "les jours à venir allaient voir la mise en place d’un dialogue national global au niveau des gouvernorats". Vague à souhait, la formule pouvait être comprise par chacun comme il le voulait. L’absence de référence explicite à "l’opposition" pouvait signifier la reconnaissance tacite, par le pouvoir, que ce n’était plus avec les seuls opposants traditionnels qu’il devait discuter, mais avec ceux qui, dans les rues des différentes villes, animaient depuis deux mois le mouvement. Mais elle pouvait aussi faire redouter que, une fois encore, le régime tente de diviser les rangs des manifestants pour circonscrire là où il le pouvait les protestations. D’autant que le rappel, par le ministre, de la "concomitance entre la restauration de la sécurité et de la stabilité, d’une part, et la mise en œuvre des réformes, d’autre part", signifiait que le pouvoir entendait dialoguer les armes à la main. On apprenait peu après que Bachar Al Assad avait chargé quatre de ses proches de mener ce dialogue. Il s’agissait des deux vice-présidents de la République, Farouq Al Chareh et Najah Al Attar, du conseiller pour les questions de sécurité du premier nommé, le général à la retraite Mohammed Nasif Khayr Bek, et de la conseillère politique et médiatique du chef de l’Etat, Bouthayna Chaaban. Ce choix a été accueilli avec un mélange de surprise et de moquerie par leurs futurs interlocuteurs, qui ont relevé l’âge vénérable de deux d’entre eux, le rôle largement décoratif joué depuis leur nomination par les deux vice-présidents, et le peu de considération manifestée naguère encore par le chef de l’Etat pour Bouthayna Chaaban, dont il n’écoute apparemment pas les conseil politiques et qu’il charge d’annoncer aux médias des projets qu’il n’a nullement l’intention de mettre en œuvre… Surtout, la poursuite simultanée de la répression sanglante a immédiatement rendu caduc tout espoir de voir les manifestants répondre à une telle proposition, qui ne pouvait que leur apparaître comme une manœuvre destinée non pas à répondre à leurs revendications politiques, mais à casser la dynamique de leur mouvement.

 

xxxxx

 

Convaincu que "l’exception syrienne" le maintiendrait hors d’atteinte des soubresauts du "Printemps arabe", et persuadé que le mur de la peur édifié autour de sa population par près de 50 années d’état d’urgence et d’abandon de la société aux services de sécurité suffirait à le protéger, le régime de Bachar Al Assad a tardé à prendre la mesure du mécontentement des Syriens. Il a répondu à leurs demandes comme il l’avait toujours fait, en adoptant à leur égard une posture agressive et en s’efforçant de les réduire au silence par la force des armes. Deux mois après le début du mouvement de protestation, son bilan apparaît des plus mitigés. Certes, il est toujours en place et il a sauvegardé l’essentiel, son unité et celle des forces armées. Il conserve autour de lui un certain nombre "d'amis". Mais il a déjà joué et gaspillé plusieurs cartes, puisque les manifestations se poursuivent et qu’elles vont même en se développant. Arrivées trop tard et proposant trop peu, les concessions finalement annoncées par le régime se sont révélées incapables de répondre aux revendications des manifestants, elles aussi devenues plus radicales avec le temps. Tout donne à croire que la "coalition autoritaire" au pouvoir continuera à "faire de la résistance"

Mais elle ne fera ainsi que s’enfoncer plus profondément dans l’impasse où, par aveuglement et surdité, elle s’est elle-même engagée.

 

 

_______________________________________________________

 

 

Partager cet article
Repost0
25 mai 2011 3 25 /05 /mai /2011 03:42
 Le 18 mai à proximité  de la ville Inkhel, une découverte macabre : une fosse commune  ….
 Alep : manifestation

 

_______________________________________________________________

 

Au moins 1.062 personnes tuées dans la répression en Syrie

 

C'est Ammar Qourabi, président de l'Organisation nationale des droits de l'Homme qui a annoncé ces chiffres.

Le régime syrien maintenait mardi une attitude de défi après les sanctions imposées à son président Bachar al-Assad par l'Europe et les Etats-Unis, même s'il se retrouve de plus en plus isolé en raison de la répression du mouvement de contestation qui a fait un millier de morts. Au moins 1.062 personnes ont été tuées par les forces de sécurité syriennes depuis le déclenchement à la mi-mars des manifestations, a affirmé à l'AFP Ammar Qourabi, président de l’Organisation nationale des droits de l’Homme, en précisant qu'elles avaient "été tuées par balles". Selon lui, 10.000 personnes ont également été arrêtées. M. Qourabi, basé en Egypte, a précisé que l'opposition syrienne allait "tenir du 31 mai au 2 juin un congrès à Antalya (en Turquie) pour soutenir la révolte en Syrie et les revendications du peuple syrien".

 

Ce congrès sera ouvert à tous les courants de l'opposition, aux personnalités indépendantes et aux représentants de toutes les confessions, a-t-il ajouté, évoquant notamment des courants qui se sont exprimés dans le cadre de la "déclaration de Damas", un groupe de réformateurs réclamant des changements démocratiques lancé en 2005.

 

Alors que la révolte est entrée dans son troisième mois sans signe de fléchissement, le régime syrien continue de défier les pressions et les sanctions en rejetant toute "ingérence" dans ses affaires et en poursuivant ses tentatives de faire taire la contestation.

 

Sur le terrain, les forces de sécurité et l'armée maintiennent le siège de plusieurs foyers de la révolte, dont Homs (centre), Banias (nord-ouest) et Deraa (sud), où les informations filtrent au compte-gouttes vu le black-out ordonné par Damas et les fortes restrictions imposées aux médias étrangers. Mardi, au lendemain de l'annonce des sanctions, la presse gouvernementale syrienne a accusé l'Union européenne de même que les Etats-Unis d'"ingérence", leur faisant prêter des "plans" visant à marginaliser le rôle de Damas dans la région, surtout face à Israël.

 

"Sous prétexte de chercher à défendre les droits de l'Homme et d'instaurer une démocratie à l'Américaine, des complots ont été tramés pour servir les intérêts des Etats-Unis aux dépens des autres", écrit Al-Thawra.

Pour le journal Baas, du nom du parti unique qui dirige d'une main de fer la Syrie depuis près de 50 ans, "les sanctions ignorent les réformes annoncées, (les Européens) cherchant à mettre en application leurs propres objectifs dans la région".

 

En pleine révolte, le pouvoir a abrogé l'état d'urgence en vigueur depuis les années 1960 mais il a dans le même temps continué à réglementer les manifestations et à réprimer les protestataires.

Les Européens "ont commis une erreur lorsqu'ils s'en sont pris au président en adoptant des sanctions qui nuisent au peuple syrien", a lancé de son côté lundi soir le chef de la diplomatie, Walid Mouallem.

 

"La Syrie ne restera pas silencieuse face à ces mesures qui vont nous affecter comme elles affecteront les intérêts de l'Europe", a-t-il dit,. Selon la liste complète publiée mardi, dix personnalités du régime, dont M. Assad et le chef d'état-major de ses forces armées Dawoud Rajiha, ont été sanctionnées par l'UE qui les a interdits de visa et a gelé leurs avoirs. Ces personnes viennent s'ajouter à une liste de 13 caciques du régime déjà visés depuis le 10 mai par ces mêmes sanctions.

 

Considérant M. Assad comme "ordonnateur et maître d'oeuvre de la répression contre les manifestants" en Syrie, la Suisse a également gelé ses éventuels avoirs, ont indiqué les autorités helvétiques.

Les Etats-Unis ont eux aussi sanctionné la semaine dernière M. Assad, le président Barack Obama le prévenant au passage qu'il avait le choix entre "diriger la transition, ou s'écarter".

Les Européens ne vont pas aussi loin et s'abstiennent d'évoquer son départ. Mais s'il ne change pas "rapidement" de cap, l'UE se dit "prête à prendre des mesures supplémentaires sans délais".

Néanmoins, l'organisation de défense des droits de l'Homme Amnesty International a estimé qu'il existait "le danger" que tout cela ne soit que "trop peu et trop tard" et a appelé le Conseil de sécurité de l'ONU à agir de façon "plus déterminée" avec la Syrie.

Les discussions se poursuivent aux Nations unies. Mais la "menace d'un veto russe" pèse toujours, a convenu le chef de la diplomatie française Alain Juppé.

Lien : http://www.lalibre.be/actu/international/article/662836/au-moins-1062-personnes-tuees-dans-la-repression-en-syrie.html?utm_source=twitterfeed&utm_medium=twitter

____________________________________________________________________________
 Un tabou brisé : réunion de soutien au peuple syrien
La réunion s’est tenue dans un hangar abandonné sous la haute surveillance des FSI.
La réunion s’est tenue dans un hangar abandonné sous la haute surveillance des FSI.
Une réunion de soutien au peuple syrien (la première du genre, brisant ainsi un tabou non dit) s'est tenue hier à Sin el-Fil, dans un bâtiment abandonné. La semaine dernière, ses organisateurs n'avaient pas pu se rassembler à l'hôtel Le Bristol, l'établissement ayant reçu des menaces qui l'ont dissuadé d'accueillir la réunion.

Environ 150 personnes se sont rassemblées hier dans un hangar abandonné de Sin el-Fil pour manifester leur soutien « à la dignité et à la liberté du peuple syrien ». La rencontre, organisée par deux ONG, Moultazimoun et Moukaouimoun, et par des militants des droits de l'homme, proches du mouvement du 14 Mars, a surtout mobilisé la presse libanaise et les FSI qui étaient déployées en masse autour du bâtiment, installant un important cordon de sécurité, au point que certains ont observé que la police et les correspondants des médias étaient aussi nombreux que les personnes réunies. N'empêche que cette réunion, tenue deux mois après le début des événements en Syrie, était hautement symbolique dans un pays qui veut à tout prix garder ses distances des événements en Syrie, en ménageant le régime de Damas, afin de protéger son propre équilibre fragile interne.

La semaine dernière, cette même réunion, qui devait se tenir à l'hôtel Le Bristol, avait été annulée parce que l'établissement avait reçu des menaces. « Les organisateurs ont ensuite cherché à louer des salles dans une cinquantaine d'hôtels de la ville, mais en vain. L'espace (une sorte de hangar aux murs en béton brut) a été généreusement cédé gratuitement par son propriétaire », raconte Mia, une militante. Quatre députés du mouvement du 14 Mars étaient présents hier au rassemblement, il s'agit de Nohad Machnouk, Mohammad Kabbara, Mouïn Merhebi et Khaled Daher.

Le secrétaire général du mouvement du 14 Mars, Farès Souhaid, a quitté les lieux peu avant le début de la réunion, soulignant, en partant, qu'il « est venu à titre personnel manifester son soutien au peuple syrien ».
Des tables couvertes de nappes blanches ont été placées dans le hangar ainsi que des chaises en plastique et des bouteilles d'eau pour aider les participants à supporter la chaleur.


Assis côte à côte, Saleh Machnouk, Youssef Bazzi, Walid Fakhreddine, Ayman Charrouf, Riad Tok et Charles Jabbour ont donné le coup d'envoi de la réunion en lisant le projet d'un communiqué, ouvrant ainsi la voie à la discussion.
Lors du dialogue, l'éditorialiste d'al-Hayat, Hazem Saghieh, a mis l'accent sur le manque de liberté au Liban, la preuve étant qu'une réunion pour soutenir la Syrie n'a pu être organisée que dans un hangar abandonné dans la banlieue de Beyrouth.


De son côté, notre confrère Michel Hajji-Georgiou a proposé l'organisation de sit-in devant les ambassades étrangères à Beyrouth pour soutenir le peuple syrien.
Quant à l'ancienne présentatrice du journal télévisé de la LBCI, May Chidiac, elle a souligné que si les Libanais soutiennent aujourd'hui le peuple syrien, c'est parce qu'ils veulent simplement que les droits de l'homme soient respectés.


Le communiqué final a ensuite été adopté. Le texte souligne que « la liberté et la démocratie en Syrie sont des nécessités libanaises aussi bien que syriennes ». Il appelle le régime syrien « à arrêter immédiatement les massacres contre son propre peuple et à ne pas importer sa crise au Liban à travers une campagne mensongère ». Il invite aussi « la Ligue arabe et les Nations unies à assumer leurs responsabilités vis-à-vis de la Syrie et à protéger le peuple syrien ».
Les personnes réunies ont manifesté leur solidarité « avec les revendications du peuple syrien en matière de liberté, de justice et de dignité, valeurs qui édifient les bases d'un meilleur avenir pour le Liban et la Syrie ».


Elles ont aussi « catégoriquement » refusé « la participation du Liban, malgré la volonté de son peuple, à des crimes contre l'humanité ». Elles ont aussi stigmatisé le fait que l'État « arrête et remette aux autorités syriennes des soldats et des civils ayant fui vers le Liban pour se protéger des massacres ». Elles ont également appelé le gouvernement à « accueillir et protéger tous les réfugiés syriens ».


À la fin de la réunion, lecture a été donnée d'une lettre de l'opposante syrienne Razan Zeitouni, qui se trouve actuellement à Damas.
Zeitouni souligne, dans son message aux organisateurs de l'événement, que « les Syriens qui subissent un sort tragique sourient aujourd'hui parce qu'ils savent que des personnes libres dans le monde les soutiennent et parce que Beyrouth, à travers votre rencontre, rappelle le sourire de Samir Kassir qui protège l'intifada syrienne pour la liberté ».
Dans un bref entretien avec L'Orient-Le Jour, le journaliste Youssef Bazzi a mis l'accent sur la symbolique du rassemblement. Interrogé sur les mesures qui pourront être prises à l'avenir, il a indiqué : « Nous sommes prêts à aider le peuple syrien, en lui envoyant par exemple des vivres et des aides humanitaires. Nous formerons un comité de suivi pour penser aux mesures qui seront prises ultérieurement. »

 

Lien : http://www.lorientlejour.com/category/Liban/article/705417/Un_tabou_brise_%3A_reunion_de_soutien_au_peuple_syrien.html

 

_______________________________________________________

Point de vue

Sanglant "printemps syrien"

 

Comment comprendre les événements syriens face à l'imbroglio qui règne depuis plusieurs semaines ? Complots ou théories du complot se superposent et brouillent les pistes. Des témoins rapportent que des civils, déguisés en moukhabarat (agents de sécurité), terrifient les commerçants du souk de Damas pour les inciter à rejoindre le mouvement de protestation ; des moukhabarat affublés d'un turban et d'une barbe à la mode salafiste se seraient infiltrés parmi les manifestants à Homs pour agiter le spectre de la menace islamiste. Ou pas. Il est en effet difficile de recouper les sources pour avancer des informations fiables.

 

 

Le "printemps syrien" prend des allures vaudevillesques qui pourraient faire sourire si les circonstances n'étaient aussi tragiques. Les organisations des droits de l'homme font état de plus de 1 000 victimes depuis le 15 mars, date du début du mouvement de protestation. Les "vendredis de la résistance", ainsi baptisés par les manifestants, se sont transformés en bains de sang.

 

De nombreux observateurs ont comparé les révoltes syriennes qui se poursuivent depuis le 15 mars au mouvement d'insurrection qu'avait connu ce pays au début des années 1980, en particulier les événements d'Hama en 1982 à ceux de Deraa. Pourtant, si quelques similitudes sont manifestes, notamment en termes de méthodes de répression, de nombreux points de divergence devraient conduire à nuancer la comparaison et à l'employer avec plus de circonspection.

D'abord les mouvements de protestation anti-régime survenus à partir de 1980 ont eu lieu exclusivement dans des grands centres urbains - Alep, Homs, Hama. Damas, lieu clos du régime, est longtemps restée à l'écart de la contestation. Le mouvement n'avait guère pris en milieu rural, chasse gardée du parti Baas. Et pour cause. Il était conduit par des acteurs urbains, pour la plupart issus de familles de grands notables sunnites dont le rôle dans la lutte contre les Français leur avait conféré une aura et une autorité incontestées, et par l'élite religieuse réunie sous la houlette des Frères musulmans.

 

A partir des années 1970, la contestation s'est polarisée autour de la mise en place d'un système politique autoritaire et répressif, du développement de la corruption, de l'accaparement des richesses du pays par un clan. Elle a fini par absorber d'autres tendances politiques (les communistes, les baasistes pro-irakiens et les nassériens) et d'autres catégories sociales (les syndicats de professions libérales : ordre des avocats, des médecins, etc.). En reformulant et en s'appropriant les doléances de tous les opposants au régime baasiste, les Frères musulmans sont alors parvenus à s'ériger en figure de proue de la contestation. Le mot d'ordre est devenu "démocratie" (c'est encore le cas aujourd'hui).

Mais l'organisation s'est retrouvée dépassée par une branche entrée en dissidence, la Tali'a al-Muqâtila (l'Aile combattante) partisane d'attaques violentes sans compromis avec le régime qualifié d'"impie" dont le sectarisme et l'intransigeance avaient de quoi faire frémir les minorités. C'est cette branche qui a lancé l'ultime assaut d'Hama en février 1982, perpétré sans l'aval officiel du bureau politique des Frères musulmans.

 

Le 2 février, alors que leur quartier général venait d'être découvert par les "Panthères roses", sobriquet donné aux Brigades de défense, garde prétorienne dirigée par Rifaat Al-Assad, frère du président Hafez Al-Assad, les militants de l'Aile combattante parviennent à repousser l'assaut et à briser la chape de plomb qui s'abat sur eux.

Aussitôt, ils proclament la guerre sainte, assiègent la ville, pendent sur les places publiques tous les éléments assimilés au régime (faisant plus d'un millier de morts) et arment les habitants hamiotes en prétendant agir sur les ordres du bureau politique, déclenchant un engrenage de violence irréversible. L'appareil sécuritaire syrien rétorque à l'artillerie lourde. Bilan : entre 15 000 et 30 000 morts, selon les estimations, majoritairement civils.

A Deraa, la situation est très différente, même si les méthodes répressives et la nature de l'intervention sécuritaire renvoient cyniquement à l'épisode d'Hama. A raison. Maladresse ou volonté de faire passer un message, les forces qui interviennent aujourd'hui à Deraa et dans d'autres poches d'insurrection sont, entre autres, des divisions de la garde prétorienne aujourd'hui dirigée par le frère cadet de Bachar Al-Assad, Maher Al-Assad, jadis sous la houlette de l'oncle Rifaat Al-Assad.

 

Aujourd'hui, les instigateurs de la contestation ne sont ni les garants d'un ordre social menacé, comme ce fut le cas dès 1963, ni des moudjahidin, comme à Hama en 1982. La majorité des émeutiers de Deraa sont des jeunes paupérisés, des laissés-pour-compte du système qui réagissent, au même titre que les acteurs des révoltes tunisienne et égyptienne, à la fois à leur condition sociale et politique d'Homo sacer, telle que définie par Giorgio Agamben, c'est-à-dire d'"exilés non exilés" privés d'existence juridique et victimes d'un "état d'exception" permanent. L'affaire qui a déclenché les événements de Deraa en est l'illustration. Alors que les parents des collégiens emprisonnés pour avoir tagué des slogans révolutionnaires tentaient une conciliation avec Atif Najib, directeur des moukhabarat locaux (depuis, il a été révoqué) et cousin du président, pour libérer leurs enfants, ce dernier leur aurait rétorqué : "Rentrez chez vous et oubliez vos enfants !"

 

Leur refus d'"oublier" s'est soldé par l'assaut armé des moukhabarat. C'est contre cet Etat d'exception, qui autorise l'arbitraire et s'arroge la possibilité d'atteindre les corps et de les faire disparaître sans justification et en toute impunité, que les habitants de Deraa se sont avant tout insurgés, galvanisés par les exemples tunisien et égyptien.

Si les jeunes sunnites sont une composante notable du mouvement d'insurrection, d'autres acteurs issus de minorités religieuses ou ethniques, autre chasse gardée sur laquelle le Baas s'est appuyé, s'y sont greffés. Ainsi, des Kurdes du gouvernorat d'Hassaké - qui sont dans la dissidence depuis 2004 -, des Druzes de Sweida, et d'autres minorités confessionnelles en marge ont pris part à la contestation.

 

Le principal slogan, "Par notre âme, par notre sang, nous nous sacrifierons pour toi, ô Deraa" - qui a ironiquement détourné un slogan officiel s'achevant par "nous nous sacrifierons pour toi ô Bachar" -, montre que le mouvement s'est développé par un instinct de solidarité nationale et de reconnaissance sociale transcendant les clivages confessionnels - même si la communauté chrétienne se montre toujours très frileuse.

Le 24 mars, le groupe Facebook The Syrian Revolution 2011, qui réunit aujourd'hui plus de 180 000 membres - un peu plus que la page de fans de Bachar Al-Assad -, publiait un "Code d'éthique contre le sectarisme en Syrie" dans lequel il condamnait le sectarisme et "toute forme de discrimination entre les Syriens", accordant le primat à la bannière nationale.

 

Aujourd'hui, le "printemps syrien" scelle l'échec du projet baasiste - qui s'est essoufflé depuis trois décennies. Populaire en son temps par les possibilités de promotion sociale qu'il offrait en milieu rural et au sein des minorités confessionnelles, le parti Baas n'est plus qu'une coquille vide. Deraa, bastion historique du Baas qui n'avait pas pris part aux insurrections des années 1980, en est l'illustration.

 

En s'éloignant de son leitmotiv socialiste (rappelons que le Baas syrien se définit comme un parti laïque, panarabe et socialiste) et en délaissant sa base sociale de soutien - le monde rural et certaines minorités, dont les Kurdes -, le Baas s'est désarçonné. La libéralisation économique, amorcée à la fin des années 1980, pour bénéfique qu'elle ait été à l'économie du pays, n'a profité qu'à une mince oligarchie et à une coterie de clients.

Les Makhlouf, en particulier Rami, et les frères Shalîsh, Riyad et Zoulhamma, tous cousins du président, sont cloués au pilori des "Trabelsi de Syrie". Rami Makhlouf a, entre autres, la haute main sur le secteur des télécommunications et les frères Shalîsh dirigent la Fondation de construction militaire pour les travaux et le bâtiment qui gère tous les marchés de construction publique, comme le projet de détournement des eaux du Tigre pour irriguer le gouvernorat de Hassaké, voté récemment et évalué à 2 milliards de dollars (1,4 million d'euros).

 

A une échelle plus locale, certains observateurs avancent qu'à Homs, seul grand centre urbain à être touché par un mouvement de contestation de masse pour l'instant, les habitants se seraient en partie révoltés contre le clan Al-Akhlas, famille élargie de l'épouse du président, dont les frasques et les passe-droits seraient désignés à la vindicte. Le projet baasiste a quasiment reproduit la situation socio-économique qui prévalait avant son arrivée au pouvoir : 5 % de la population bénéficie de plus de 50 % du revenu national, selon les économistes.

 

L'alibi de défenseur de la cause palestinienne et les théories conspirationnistes suffiront-ils à calmer la contestation et à sauver le régime ? Il est vrai que l'argument du complot visant à déstabiliser la Syrie, répandu par le régime pour justifier la répression, trouve un large écho chez ses partisans et dans certaines franges de la société syrienne, d'autant qu'il paraît étayé par certains faits. Ainsi, deux proches d'Abdel Halim Khaddam, Ahmad Moussa et Mohammad Ala'a Bayati, responsables de l'organisation des protestations et des bandes armées à Baniyas, fief et ville d'origine de l'opposant exilé, auraient été arrêtés dans la nuit du 10 avril. Autre exemple, des rumeurs plausibles indiquent que l'administrateur du groupe Facebook The Syrian Revolution 2011 serait Fida'ad-Dîn Tari'if as-Sayyid'Isa, responsable de la branche des Frères musulmans en Suède

 

L'appareil coercitif est certes en mesure de contenir le mouvement pour l'instant, mais à l'heure où les images circulent en temps réel, ses marges de manoeuvre sont plus limitées. Si en 1982, la ville d'Hama a pu être bombardée par le 41e groupe aéroporté des Unités spéciales dans une relative indifférence de la communauté internationale, l'exemple libyen exhorte à se faire plus discret.

A supposer que l'option militaro-sécuritaire l'emporte, le ressentiment et la crise de confiance qu'elle instille ne disparaîtront pas du jour au lendemain, sans réformes profondes, à même de conduire à une véritable transition démocratique, conformément aux revendications populaires.

 


Doctorante à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) et attachée de recherche et d'enseignement à la chaire d'histoire contemporaine du monde arabe Henry Laurens du Collège de France, Nora Benkorich est sur le point d'achever sa thèse portant sur l'histoire de la Syrie baasiste (depuis 1963). Elle est lauréate du prix Michel Seurat 2011, délivré par le CNRS. Nora Benkorich, historienne

 

Publié par : http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/05/23/sanglant-printemps-syrien_1526135_3232.html

Partager cet article
Repost0
23 mai 2011 1 23 /05 /mai /2011 05:57

« Bye-bye Bachar » dans les faubourgs de Damas

 

Quelque 50 personnes tuées depuis vendredi... La répression ne faiblit pas en Syrie. Ce qui n'a pas empêché les protestataires de donner de la voix dans un faubourg de Damas où résonnait ce slogan : « Bye-bye Bachar ».

Une nouvelle journée de funérailles a eu lieu hier en Syrie après la mort, en deux jours, de quelque 50 personnes tuées par les forces de sécurité pendant des manifestations antirégime.
Quelque 10 000 Syriens rassemblés dans un faubourg de Damas pour les obsèques d'un militant tué la veille par les forces de sécurité ont réclamé hier le départ du président Bachar el-Assad, a rapporté un habitant. « Le peuple veut la chute du régime », scandaient les participants qui sortaient en procession de la grande mosquée de Saqba, a précisé ce témoin qui habite le faubourg. Les forces de l'ordre avaient ouvert le feu samedi à Saqba, où des manifestants leur avaient lancé des pierres, selon des militants. Vendredi déjà, des manifestants avaient défilé dans cette ville aux cris de « Bye-bye, Bachar », selon des vidéos publiées sur Internet par des militants.
 
À Homs, troisième ville du pays désormais en pointe de la contestation, des obsèques ont également été l'occasion d'une nouvelle mobilisation : des centaines de protestataires sont descendus dans la rue, scandant « À bas le régime ». Ammar Qourabi, président de l'Organisation nationale des droits de l'homme, a indiqué que des tirs avaient eu lieu pendant les processions funéraires, sans pouvoir préciser s'il y avait eu des victimes. Samedi, les forces de sécurité avaient tué au moins cinq civils dans cette ville en ouvrant le feu sur une foule qui sortait d'un cimetière après les funérailles des 13 victimes d'une autre fusillade la veille. Selon M. Qourabi, les services de sécurité poursuivaient hier une campagne d'arrestations à Homs et dans la région d'Idlib (Ouest), également théâtre de manifestations antirégime ces derniers jours.

Selon les militants, au moins 44 manifestants, dont un enfant de 12 ans et plusieurs adolescents, avaient été tués vendredi dans tout le pays. Certains manifestants, en particulier dans la ville côtière de Banias (Nord-Ouest), avaient pourtant défilé torse nu pour montrer qu'ils n'avaient pas d'arme.

Selon des militants des droits de l'homme, les tirs des forces de sécurité, y compris sur une foule en deuil comme samedi à Homs, sont le signe que le gouvernement est en train de perdre sa crédibilité. « Leur répression féroce a échoué parce que le mur de la peur s'est écroulé malgré les arrestations massives et la torture », a assuré un militant joint par téléphone. « Et personne ne croit plus une minute à leurs propos sur un dialogue national parce que le gouvernement ne va pas au cœur du problème. La colère monte dans les rues parce que les gens ne savent pas où on va. Et les tueries continuent d'alimenter cette colère et ce sentiment de rancœur », a-t-il ajouté.

Même la Turquie, une alliée de la Syrie, a exhorté le régime à agir avant qu'il ne soit trop tard, l'avertissant que continuer à recourir à la force contre les manifestants pourrait avoir « des conséquences très négatives ». Le roi Abdallah II de Jordanie a appelé de son côté Bachar el-Assad à dialoguer avec son peuple. L'Organisation de la conférence islamique (OCI) a exprimé quant à elle sa « profonde préoccupation concernant l'escalade de violence » et prôné le dialogue pour instaurer des réformes dans ce pays où le recours à la force pourrait rendre la situation « incontrôlable ». Les États-Unis, qui ont imposé des sanctions au président Bachar el-Assad, l'ont pour leur part sommé de diriger la transition ou de partir. Mais le régime est jusqu'à présent resté sourd à ces appels.
(Source : agences)
_______________________________________________________________
Deux ans à Damas, 23 jours dans ses geôles : Ce qui se passe vraiment en Syrie , Khaled Sid Mohand raconté par Kamel Daoud
 

Que se passe-t-il vraiment en Syrie ? Qu'est-ce qui explique cette révolution dans un pays hyperpolicé et fortement soumis par ses «Moukhabarates» ? Que veulent les Syriens et pourquoi le régime a soudainement créé le consensus contre lui ?

Discussion avec un journaliste algérien qui a vécu deux ans à Damas et 23 jours dans ses prisons. Mohand Sid Khaled, cet homme que la mobilisation internationale a sauvé des geôles, indemne, et qui raconte. La rencontre se fait à Paris, dans le Xème il y a quelques jours. Un humble restaurant indien, la semaine dernière, pas loin de la bouche de métro Barbès. Cela fait deux ans que l'auteur de ces lignes n'avait pas revu Khaled Mohand. Et il y a deux ans déjà, cet homme pas encore quadragénaire, aux yeux timides et pétillants, racontait son amour pour Damas et le pays du Cham en général. Un second pays d'adoption car Khaled est franco-algérien en quelque sorte mais algérien surtout. «Avec un passeport algérien», explique-t-il. Il a vécu longtemps à Paris avant de se choisir une terre. En Syrie, il travaillait comme «pigiste» pour le journal français Le Monde ou pour des radios, dont France Culture.
Depuis cette époque des enthousiasmes contrôlés, l'homme a changé. La raison ? La Révolution, le fameux printemps arabe qui touche aujourd'hui le pays du Sham et avec une violence inattendue. Khaled en fera les frais avec 23 jours de prison, des séances de tabassages en règle, d'horribles heures d'attente face aux cris des torturés et une mobilisation internationale pour le faire relâcher, avec une mobilisation forte de la diplomatie algérienne.
Que s'est-il passé ?

Khaled, la colère rentrée, encore sous stress, le raconte en fumant une cigarette après l'autre, comme il l'a fait à beaucoup après sa libération et son retour en France. «Un simple piège : les manifestations duraient depuis des jours déjà. Une femme m'appelle au téléphone et me parle d'informations à me fournir. Elle avait un fort accent étranger. Irakienne. Quelque temps après, je la rencontre dans un café et là, je commence à soupçonner le piège : elle n'avait rien d'une militante qui voulait dénoncer quelque chose. «Vous n'avez pas peur de me parler ?», lui dis-je. Et elle me répond de suite : «C'est à toi d'avoir peur !». Immédiatement après, six gars me tombent sur le dos, je suis menotté et là commence mon voyage dans les sous-sols syriens».

Au début, notre témoin a hésité à raconter : «Je ne veux pas que cela soit mal interprété», insiste-t-il et il fallait penser à la sécurité des gens restés «là-bas». Une autre raison ? «Ici en France, beaucoup se contentent de me poser la question sur ma détention ou sur les conditions de prison. Personne ne veut qu'on parle des Syriens et de ce qu'ils subissent là-bas». Le black-out sur ce peuple est presque total et pour des raisons de «politiques stratégiques» évidentes : le régime syrien est un verrou régional, un «meilleur ennemi» d'Israël et un pilier de l'équilibre instable de la région.

Démocratiser la Syrie est synonyme d'instabilité pour l'Occident et Israël surtout. Khaled en est conscient, «sauf qu'il me faut parler. Il faut que je dénonce ces monstres en Syrie et ce qu'ils font subir aux Syriens. Il faut que le monde sache». Images de torturés, «d'hommes dans mon couloir de cellule que j'entendais pleurer comme des petites filles après les tortures». Un instant, dans ce resto fermé sur lui-même comme tout l'Occident, Khaled pleure. Il est seul à entendre les cris et à revoir les images du cauchemar syrien. Moment de silence. Dans le resto, cliquetis des fourchettes sur les assiettes. Impression que la terre est composée de sept planètes. Chacune dans un monde à part. Isoloirs des drames modernes dans l'étreinte de la mondialisation qui en sélectionne les best-sellers.
Le numéro 22 raconte : «Après, ils ont fouillé mon appartement et emporté mes micros et mes disques durs. La scène était assez hilarante, avec moi menotté pendant que l'un des agents fouillait mon ordi en me jetant des regards de lourds soupçons». La suite sera plus dure : passage à tabac, interrogatoires réguliers et serrés, menaces, etc. «Je n'ai pas été torturé mais les prisonniers, autour de moi, l'ont été et affreusement», raconte Khaled. Images des «instruments de la Question» dans la salle des agents. «Dans les couloirs, on s'appelait par nos numéros, entre voisins de cellules.
N° 22 ? Vous êtes là ? Moi je suis le n° 26». Parfois, c'était des gamins. Horribles scènes. Je ne pardonnerai jamais à ces gens d'avoir fait ce qu'ils ont fait de ce peuple. Il faut le dire partout, le dénoncer, le crier».

Les questions étaient parfois absurdes. «Un simple coup de fil d'un pays étranger, retrouvé dans le répertoire, signifiait une collaboration ou de l'espionnage. Israël, Arabie Saoudite, factions libanaises, etc. A un certain moment, on comprend que «les Moukhabarates» sont prises dans leur propre délire. C'est une hystérie clinique, pas une répression uniquement. J'ai un moment songé à la grève de la faim mais j'ai un peu hésité : d'abord à cause de la torture qui frappe tous ceux qui osent faire grève. Sous la torture éventuelle, j'aurais pu pour les gens que j'ai connus dans ce pays. Pour ceux qui y habitent et que je pourrais citer. J'avais peur».

La prison, sans jour ni nuit «Je ne savais pas où j'étais. Vous savez, il existe six «services» en Syrie. On a l'impression persistante de leur large autonomie vis-à-vis du pouvoir central et de la Présidence surtout. Combien de temps ? A un certain moment, on perd le décompte. On ne sait plus s'il s'agit de la nuit ou du jour. On perd la date, les dates et les chiffres. J'avais espéré une libération après deux semaines à peu près, et cet espoir m'a un peu brisé passé ce délai. Je me disais qu'après deux semaines, ils devaient opter pour un choix et me relâcher, mais j'ai vu que j'en étais déjà à plus et je commençais à avoir réellement peur. Cela s'annonçait mal cette prolongation».

La raison de cet emprisonnement de 23 jours ? «Je ne sais pas. Je possédais beaucoup d'archives en tant que journaliste. Je pense parfois qu'ils avaient besoin de délais pour tout fouiller et analyser. Je ne savais rien de ce qui se passait dehors». Rien donc de la mobilisation internationale qu'a provoquée l'arrestation de Khaled Mohand. Pétitions, appels d'intellectuels, mobilisation de la diplomatique algérienne et de celle de la France, etc.

Il aura fallu donc 23 jours pour retrouver où était Khaled Sid Mohand et qui le détenait. «Les derniers jours, le traitement et le comportement des agents des Services avaient changé». C'était la fin d'un séjour absurde, menaçant pour la vie et pouvant déboucher sur le pire. Des milliers de Syriens sont déjà en prison dans ce pays, des centaines ont «été disparus», d'autres vont suivre, dans les sous-sols ou les charniers. «La terreur qui avait disparu après la mort de Assad le père est de retour et encore plus terrible. Les gens ont peur mais continuent à parler malgré tout. Le 23e jour, il sera cependant libre après une intervention directe et frontale des diplomates algériens et français en poste dans ce pays. «J'ai été rapatrié vers notre ambassade et pris en charge. Autant par les nôtres que par les Français».

Anecdotes sur une amabilité étonnante, sur quelques leçons de morale et témoignages de solidarité «qui m'ont profondément ému». Aux portes de la prison, celle de Kaffar Soussy, l'un des sièges des Moukhabarates, le journaliste se retrouve en effet sans rien, «pas même mes vêtements ni mes papiers».

Quelques jours de repos et de discussions «émouvantes et humaines» avec ses hôtes des deux pays avant l'embarquement dans un avion à destination de Paris. «J'ai été accompagné par nos diplomates et un diplomate français jusqu'à la dernière minute : rien n'était déjà plus certain de ce pays».

Mais que s'est-il vraiment passé dans ce pays ?

«C'est long à raconter. D'abord, il faut savoir que les Syriens sont un peuple d'un calme et d'un civisme incroyables. En deux ans, je n'ai jamais assisté à une seule dispute violente dans la rue et, tout d'un coup, c'est la révolution». D'autant plus imprévisible dans un pays «domestiqué» par la mainmise totale des Moukhabarates sur toute la vie sociale. «Un peu moins qu'à l'époque du père Assad, mais cela a violement changé depuis», explique notre interlocuteur. Le basculement est dû au vent de changement dans tout le monde arabe, mais aussi à des facteurs internes. «Vous savez, après la fuite de Ben Ali, la réponse des Syriens sur une révolution chez eux était claire : «Comme au Liban ou en Irak et avec le même chaos ? Non, trop peu pour nous», explique Mohand.

Le cas irakien avait créé un immense effet repoussoir en Syrie et les gens craignaient le morcellement ethnique et confessionnel de leur pays, soudé par sa politique de «front de refus» et uni sous le principe de «dictature consentie». «Les réformes promises par Bachar, je le suppose, ont été retardées par la gestion de l'environnement immédiat de la Syrie et par la gestion de l'immense flux de migrants irakiens qui sont venus s'y installer, et qui ont importé avec eux leurs crises intercommunautaires et leurs tensions. C'est le cas irakien qui explique les réticences des Syriens à vouloir aller vers la confrontation en quelque sorte. Et c'est ce cas qui explique les réserves de la communauté chrétienne qui a vu ce qui s'est passé pour les chrétiens en Irak. La conclusion était qu'il valait mieux un régime dur et sécurisant qu'une «démocratisation» avec de grands risques de basculement et de déséquilibre entre communautés», analyse notre témoin.

Le cas des chrétiens d'Irak, installés désormais en Syrie, et leur appartenance à une classe moyenne forte sont l'une des clefs qui expliquent la psychologie de prudence des Syriens. «Vous savez, l'équation de base pour le Syrien était «sécurité contre liberté». Je cède sur le droit de la liberté contre celui de la sécurité. Ce deal a été brisé et d'abord à Deraa». Cette ville martyre, foyer de la première étincelle, a connu une répression féroce et une contestation devenue irréversible.

Selon des témoins, le départ de feu est parti de quelques slogans anti-Assad peints sur des murs par des enfants. «Des gamins de dix ans qui ont été arrêtés et torturés. Des enfants à qui on a arraché les ongles !». Par la suite, et selon ce récit, les notables de la ville ont tenté une médiation avec les autorités de la ville. «Pour le Syrien, poser son tarbouche sur la table, entre lui et l'homme d'autorité, était un signe de déférence et de respect profond.
Le pire est de jeter les tarbouches par terre et c'est ce qui a été commis apparemment et selon des récits. Un geste de déshonneur on ne peut plus grave». La «révolution» est partie de ce geste de mépris et se greffera sur un sentiment partagé de droit à la liberté, de déception après dix ans de réformes promises mais jamais honorées et de certitude d'une corruption endémique.

«A Daraa, le siège du parti a été incendié mais aussi le siège de la société de téléphonie de Syrie, celle appartenant au fameux cousin de Bachar El-Assad, alias Rami Makhlouf, empereur de l'ombre et symbole de la terreur et de la corruption. Les images de chars de l'armée syrienne se dirigeant pour assiéger les villes syriennes ont «cassé la seule et la plus forte légitimité du régime syrien : celui du front du refus opposé à Israël, celui de l'obligation d'unité face à l'ennemi extérieur et l'image d'une armée-bouclier contre l'invasion israélienne et capable, un jour, de ramener le Golan vers la terre du pays».

Le contrat liberté contre sécurité se retrouvera caduc avec les images des premières répressions. «Les Syriens n'avait plus aucune raison de respecter un régime qui s'en prenait à leur sécurité au lieu de la défendre. Par ailleurs, la légitimité extérieure était tombée avec une dictature qui servait plus les intérêts de l'ennemi en assurant le statu quo que les intérêts locaux avec l'espoir de récupérer la terre volée». «Wahed, Wahed !» (un par un), criait la foule pour exorciser le spectre de la division communautaire sur laquelle le pouvoir joue pour faire peur». «Allah, Souria, Hourria». (Dieu, la Syrie, la liberté) étaient l'autre slogan d'une union sacrée.

Les milices clandestines des Chebiha étaient recrutées dans les environs immédiats des villages à mater : des délinquants et des mercenaires que les habitants connaissaient un par un. Chose qui a décrédibilisé le régime encore plus. Les SMS étaient émis en boucle, jouant alaouites contre sunnites, chrétiens contre Druzes, etc.». Peine perdue car les Syriens bougeaient de concert et par témoignage des images. «Je n'oublierai jamais cette immense clameur sourde, quelques jours avant mon arrestation, le 18 mars, dans la mosquée des Omeyades à Damas. Pendant que j'en traversais l'immense esplanade, un «Allah Oukabar», d'abord murmuré, lancé par des poitrines en colère, décidées à réclamer la liberté».

Liberté : autre mot-clé du cas syrien : «Les gens, au début du moins, ne demandaient pas la chute du régime car ils en avaient besoin. Ils voulait la liberté et des réformes réelles», raconte le journaliste. Cela aussi est une occasion perdue par le clan Assad apparemment.

Pourquoi une répression aussi lourde et une propagande aussi grossière ?

Le régime syrien, parasité par ses Moukhabarates, reste un mystère pour l'observateur étranger. Qui y commande ? «Question sans réponse exacte», explique-t-on. «Tout étranger un peu observateur finit par conclure que le centre de décision n'est pas la Présidence. Certains parlent même d'un immense coup d'Etat en quelque sorte pour casser un Bachar dont les ordres de ne pas tirer ne sont pas exécutés, qui est démenti par les actions d'une armée qui ne lui obéit pas. Un Bachar qui n'a pas hésité à lever, en partie, l'immunité du clan alaouite dans ses tentatives de réformes. D'où ce qui se passe actuellement ? «Possible.

Les «Services» sont puissants, autonomisés et presque indépendants». Autour du Président, gravitent d'autres centres de décision : son frère qui est à la tête du puissant 4e régiment, quelques généraux et son clan divisé entre soutiens et animosités. Une mosaïque «informelle», aggravée par la composition confessionnelle du pays, les inégalités sociales, l'illégitimité du pouvoir et ses alliances externes de plus en plus floues et en contradiction avec sa propagande interne, la proximité d'Israël, le cas irakien et l'absence de vision au sein d'un clan miné par la concurrence dans la prédation. Un cocktail qui explique pourquoi cela «a pris» en Syrie et pourquoi cela ne s'arrête plus.
Un cas qui explique aussi pourquoi l'Occident se tait sur les crimes de Assad : dans un entretien avec le quotidien américain The New York Times, le cousin de Bachar, le fameux Rami Makhlouf, patron des plus grands monopoles sur l'économie de la Syrie, a été clair : le régime est l'ennemi d'Israël mais garant de sa stabilité. Bien loin des banderoles sur le front de refus et l'engagement indéfectible pour la cause.
Partager cet article
Repost0
22 mai 2011 7 22 /05 /mai /2011 04:06

 Comment ne pas succomber au sentiment le plus immonde, la vengeance, lorsque ces images frappent l'esprit et le cœur ? Bachar El Assad , sa familles et les caciques de son régime utilisent le mal  social pour domestiquer les déshérités et le lumpenprolétariat à tuer comme des bêtes… Tuer pour survivre… Tuer pour être récompensé… Et l’habitude de tuer transforme le meurtre politique en acte jouissif, comme montrent bien les images ci-dessous… 

 

____________________________________________________
Partager cet article
Repost0
21 mai 2011 6 21 /05 /mai /2011 19:04

 Homs, Tell Nasr : la boucherie continue..... : des tirs empêchant des manifestants de ramasser leur camarade tué par les balles du régime (21-05)… Quel drame !

Partager cet article
Repost0
21 mai 2011 6 21 /05 /mai /2011 13:08

Zabdani, hier soir ... « le peuple exige la chute du régime»... «Bachar Dégage !»


 
Sagba : gaz et balles réelles...

 

Hama : balles rèlles


 
_____________________________________________________________________________

 

En Syrie, le « vendredi de la liberté » noyé dans le sang

 

Selon les contestataires, cette image, prise d’une vidéo YouTube, montre un jeune manifestant tué par balle à Lattaquié.


Selon les contestataires, cette image, prise d’une vidéo YouTube, montre un jeune manifestant tué par balle à Lattaquié.

 

La situation en Syrie est un motif « d'inquiétude aiguë », a déclaré Barack Obama hier, au terme d'une nouvelle journée de révolte baptisée « vendredi de la liberté ». Une journée qui s'est soldée par la mort d'au moins 34 manifestants.

 

À l'appel de l'opposition pour un « vendredi de la liberté » et de l'unité nationale, des milliers de personnes ont de nouveau manifesté hier en Syrie. La contestation était vive à Homs, Deraa, Banias, Qamichli, Jableh, Amouda et Derbassiyeh notamment. Des manifestations, certes limitées, ont aussi eu lieu près d'Alep et à Damas, toutes deux jusqu'à présent globalement épargnées par les protestations.
Selon des militants des droits de l'homme, les forces de sécurité ont tué au moins 34 personnes en ouvrant le feu pour disperser les manifestants qui réclamaient la liberté et la chute du régime de Bachar el-Assad. Des dizaines de manifestants ont en outre été blessés par les forces de l'ordre, ont ajouté ces militants

Le bilan le plus lourd a été enregistré dans la localité de Maaret al-Naamane, près de la ville d'Idlib, où 15 personnes, dont un adolescent de 15 ans, ont été tuées. À Homs, 12 manifestants, dont un enfant de 10 ans et deux adolescents de 15 et 16 ans, ont péri sous les balles des forces de sécurité. « Le peuple veut la chute du régime », scandaient les manifestants, en grande majorité des hommes, avant que le bruit de tirs ne retentisse et la foule ne se disperse, selon une vidéo diffusée par des militants sur Internet. On y voit en arrière-plan deux véhicules de police garés en travers de la rue. Sept autres personnes ont été tuées dans la région de Deraa, deux à Deir Zor, un à Lattaquié et un à Hama où 20 000 personnes se seraient rassemblées. À Banias, les manifestants portaient des branches d'olivier et des hommes ont défilé torse nu pour montrer qu'ils n'étaient pas armés, contrairement aux accusations du régime qui attribue depuis le début du soulèvement les troubles à « des gangs criminels armés » ou à des « groupes terroristes ». Les forces de sécurité ont tiré sur la foule, mais aucun bilan n'était disponible. Elles ont également tiré à balles réelles à Sanamine. Dans la localité kurde de Aïn Arab, près d'Alep, des centaines d'opposants ont scandé « Non à la violence, oui au dialogue », « Nous voulons la liberté ».


Par ailleurs, un témoin a dit avoir constaté une forte présence des forces de sécurité et des barrages dans les faubourgs de Damas, probablement pour empêcher les opposants de marcher sur le centre de la capitale. Mais cela ne les a pas arrêtés. À Daraya, une banlieue de Damas, un manifestant est mort. Les manifestants ont aussi envahi les rues à Douma, Hajaz al-Assouad et Saqba, près de la capitale. À Saqba, les manifestants ont crié « Bye-bye Bachar ». Un internaute a indiqué sur son site que les protestataires ont défié M. Assad d'envoyer des troupes sur le Golan. Selon le site des activistes syriens, FNN, les forces de sécurité ont dispersé la foule à coups de gaz lacrymogènes à la mosquée al-Kabir à Damas même. Un témoin a en outre raconté à la chaîne al-Jazira que plus de 5 000 personnes ont manifesté dans la capitale et ses environs. Il a ajouté que les autorités ont mis en garde les chefs tribaux, leur enjoignant de mettre un terme à leur contestation faute de quoi ils seraient accusés d'être des « agents sionistes ».


La répression du mouvement d'opposition a fait depuis le 15 mars au moins 850 morts et entraîné plus de 8 000 arrestations, selon des ONG et l'ONU. Elle a poussé des milliers de Syriens à prendre le chemin de l'exode, notamment les habitants de Tall Kalakh, ville frontalière avec le Liban. L'armée avait annoncé jeudi le début de son retrait de la ville où, selon des habitants et des militants, le régime a commis « des massacres ».


Plus de deux mois après le début de cette révolte sans précédent, le pouvoir continue d'ignorer les appels internationaux pressants à cesser de réprimer le mouvement, y compris celui du président américain Barack Obama, qui a demandé à son homologue syrien de « diriger la transition » ou de partir. D'abord prudents, les États-Unis ont finalement haussé le ton. « Le peuple syrien a montré son courage en exigeant une transition vers la démocratie. Le gouvernement doit cesser de tirer sur les manifestants et autoriser les protestations pacifiques », a dit jeudi M. Obama, au lendemain de l'annonce de sanctions américaines contre M. Assad. Mais les autorités syriennes ont rejeté cet appel en affirmant que M. Obama n'avait pas à « dire à un pays souverain ce qu'il devait faire ». Hier, lors d'une entrevue avec le Premier ministre israélien, M. Obama a réitéré ses propos, affirmant que la situation en Syrie représente un motif « d'inquiétude aiguë » tant pour Israël que pour les États-Unis.

(Source : rédaction
et agences)

 

 

Lien : http://www.lorientlejour.com/category/Moyen+Orient+et+Monde/article/704855/En_Syrie,_le_%3C%3C+vendredi_de_la_liberte+%3E%3E_noye_dans_le_sang.html

 

______________________________________________________________________

 

Alors que les réfugiés de Tall Kalakh aux mains des FSI sont libérés, le sort de trois militaires syriens reste inconnu

 

Un tout jeune réfugié syrien à Wadi Khaled prenant possession d’un sac de pommes de terre dans le cadre de l’aide humanitaire offerte à plus de 1 400 personnes qui ont fui vers le Liban la terreur en Syrie. Joseph Eid/AFP
Un tout jeune réfugié syrien à Wadi Khaled prenant possession d’un sac de pommes de terre dans le cadre de l’aide humanitaire offerte à plus de 1 400 personnes qui ont fui vers le Liban la terreur en Syrie. Joseph Eid/AFP

 

La pression des associations de droits de l'homme en vue de la libération des réfugiés syriens arrêtés au Liban semble avoir abouti hier, trois jours à peine après que les services de renseignements de l'armée libanaise eurent entamé une vague d'arrestations dans ces milieux, sous prétexte d'absence de documents d'identification. Nabil Halabi, président de l'Association libanaise pour la démocratie et les droits de l'homme, particulièrement active sur le terrain à Wadi Khaled (Akkar), a fait part hier soir à L'Orient-Le Jour de contacts entamés avec les forces de sécurité et la Sûreté générale pour obtenir « la libération de tous les réfugiés détenus ».

 

Tard dans l'après-midi d'hier, la libération des détenus pris en charge par les FSI a commencé, alors que la libération de ceux qui sont aux mains de la Sûreté générale doit avoir lieu aujourd'hui. Mais cette dernière a conditionné la libération des détenus par un délai de deux mois pour « avoir un garant libanais et payer une certaine somme d'argent ». Quoi qu'il en soit, leur libération aura été facilitée par le fait que « ces personnes ne peuvent être classées dans la même catégorie que celle des immigrés clandestins », a expliqué M. Halabi, qui s'est montré reconnaissant pour cette coopération des forces de l'ordre, « respectueuses des libertés individuelles ». Et d'ajouter : « Certains agents de la Sûreté générale ont fait une tournée hier dans les maisons abritant les réfugiés pour s'acquitter de leur situation. Ils ont même demandé des copies de l'article 3 du traité international contre la torture, auquel le Liban est partie prenante. » C'est cet article en effet qui a été hier à la base des appels lancés par les associations civiles, notamment Human Rights Watch, pour la libération des détenus syriens. HRW a déploré l'arrestation des Syriens fuyant « la violence et la répression », et a rappelé le texte de l'article interdisant le transfert de toute personne vers un lieu où elle risque la torture.

 

Enfin des chiffres, mais contradictoires...


L'organisation HRW a fait part de l'arrestation documentée, depuis le 15 mai, de « neuf hommes et un enfant » ayant traversé la frontière libano-syrienne, dont « au moins sept sont désormais pris en charge par la Sûreté générale ». Mais selon des sources bien informées, le nombre serait plus grand. S'agissant du nombre de réfugiés, dont l'État libanais ne possédait pas encore de chiffres avant-hier, M. Halabi a fait état hier d'au moins 15 000 sur l'ensemble du territoire, 10 000 ayant été recensés au Akkar par le Haut Comité de secours, et 5 à 10 000 réfugiés (non recensés) qui se seraient dispersés dans les maisons de parents ou de connaissances entre Tripoli, Beyrouth et la Békaa.


Toutefois, le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) a indiqué hier que « les autorités locales estiment qu'au total environ 4 000 Syriens sont passés au Liban récemment ». Au cours de cette dernière semaine, « quelque 1 400 personnes ont traversé la frontière dans les régions de Wadi Khaled et Tall Biri », fuyant les « bombardements » dans la ville frontalière de Tall Kalakh, a ajouté le porte-parole du HCR, rappelant que ces réfugiés « sont partis sans rien prendre avec eux et ont besoin de nourriture, d'abris et d'assistance médicale ». Dans ce cadre, M. Halabi a jugé nécessaire de créer « une zone de protection pour les réfugiés, sous l'égide de HCR, apte à assurer leurs besoins vitaux, auxquels les habitants locaux, aussi bien intentionnés soient-ils, ne peuvent subvenir dans le long terme ».

L'armée libanaise adopte une position controversée


C'est la mobilisation des militants locaux qui aurait amené les ONG internationales à exercer une pression internationale pour la libération des détenus, selon M. Halabi. Mais s'agissant de l'armée, son attitude autant que ses mobiles demeurent obscurs. M. Halabi a confié n'avoir pu établir « aucun contact avec l'armée ». Celle-ci s'est d'ailleurs refusée hier à tout commentaire concernant l'arrestation des réfugiés. Selon M. Halabi, l'absence de contact direct avec l'armée ne saurait entraver la libération convenue des détenus puisque ceux-ci sont immédiatement transférés aux FSI et à la Sûreté générale. Toutefois, il a exprimé son inquiétude « concernant la situation de deux détenus appréhendés à Wadi Khaled et dont on a perdu toute trace depuis le 8 mai, date à laquelle ils avaient été déférés au parquet par les FSI ». Et d'ajouter : « Je crains qu'ils n'aient été livrés aux autorités syriennes. » M. Halabi n'a pas manqué de rapprocher la « disparition de ces détenus civils, dont le sort est désormais inconnu », avec la disparition de quatre soldats syriens (dont l'un est décédé des suites de ses blessures), qui auraient traversé la frontière après les affrontements à Tall Kalakh, sans que les médias ne parviennent à déterminer s'ils ont été arrêtés par les services de sécurité libanais ou « enlevés par les réfugiés », comme l'affirment certains médias.


Notons dans ce cadre que la Fondation des droits de l'homme et du droit humanitaire (FDHDH) a soulevé, dans un communiqué de presse, le cas des soldats syriens en question, soulignant que si ces derniers ont franchi la frontière, « même illégalement », pour fuir la répression, ils sont automatiquement considérés comme réfugiés, et leur cas relève alors de l'article 3 du traité contre la torture ainsi que de la Convention de Genève de 1949. La FDHDH a exhorté sur ce plan les États-Unis, l'Union européenne, les organisations internationales et locales de défense des droits de l'homme à se saisir de l'affaire afin de faire toute la lumière sur le sort des soldats syriens en question.
Hier soir, l'armée a tenu à affirmer à cet égard « l'absence totale de soldats syriens en territoire libanais », avant de souligner qu'elle a remis les soldats blessés aux autorités syriennes, « après consultation des autorités judiciaires compétentes, qui leur ont nié toute qualité de réfugiés ou de déserteurs ».


Cette déclaration survient « alors que nous avions déjà dévoilé la remise des soldats aux autorités syriennes », a affirmé de son côté M. Halabi. Selon un observateur, « aucun document n'est disponible, pouvant servir de preuve à une investigation qui est censée avoir été conduite avec les soldats, comme c'est le cas avec tout étranger entré illégalement dans le pays ».
D'ailleurs, personne ne semble avoir vu ou rencontré les soldats, à l'exception peut-être de la Croix-Rouge internationale, laquelle ne peut en faire état au nom de sa neutralité.

Lien : http://www.lorientlejour.com/category/Liban/article/704836/Alors_que_les_refugies_de_Tall_Kalakh_aux_mains_des_FSI_sont_liberes,_le_sort_de_trois_militaires_syriens_reste_inconnu.html

 

 

Partager cet article
Repost0
20 mai 2011 5 20 /05 /mai /2011 17:47

Hama : répression policière ...

Homs : tirs sur les manifestants


 

Adleb

Deraa  « le peuple exige la chute du régime »..

Damas : « la mort et non l'indignité »

 Kassoi

Daria

Latakia

Kamachli

Kafar Nabl

Dar Zour : tirs sur les manifestants

Artouz

 

____________________________________________________________________

Au moins 21 morts en Syrie

 

Manifestation devant l'ambassade syrienne à Londres, le 7 mai 2011.

Manifestation devant l'ambassade syrienne à Londres, le 7 mai 2011. (Andrew Winning / Reuters)

 

Les forces de sécurité syriennes ont tué au moins 21 personnes, dont un enfant, en ouvrant le feu vendredi sur des manifestants réclamant la démocratie dans plusieurs villes de Syrie, selon un nouveau bilan des militants des droits de l'Homme.

Sept personnes sont mortes dans la localité de Maaret al-Naamane, près de la ville d'Idlib (ouest), ont précisé les militants.

Deux autres personnes ont été tuées dans la région de Deraa (sud), foyer de la contestation qui fait rage dans le pays depuis plus de deux mois, et un manifestant est mort à Daraya, une banlieue de Damas, ont-ils ajouté.

L'enfant et dix autres personnes ont été tués à Homs (centre).

Dans cette ville, selon un groupe d'opposants, ils étaient quelque 25.000 à défiler.

-> Vidéo tournée à Homs, ce 20 mai, selon le groupe d'opposants SyrianJasmine. On y voit des manifestants affronter la police, qui tire.

D'autres militants des droits de l'Homme ont également indiqué que les autorités ont tiré sur la foule à Banias (nord-ouest). Aucun bilan n'était disponible dans l'immédiat. Selon des militants, de nombreux hommes marchaient torse nu dans cette localité pour montrer qu'ils n'étaient pas armés, contrairement aux accusations du régime.

-> Vidéo signalée par le groupe d'opposants SyrianJasmine. Tournée à Banias, ce vendredi. «Dieu est grand», scandent les manifestants, arrosés au jet d'eau:

 

Des milliers de personnes manifestaient vendredi pour la liberté et l'unité nationale à l'appel de l'opposition, y compris près d'Alep et à Damas, les deux premières villes du pays jusque-là globalement épargnées par les manifestations. Ce dixième vendredi consécutif de mobilisation était baptisé le «Vendredi de l'azadi» (liberté en kurde).

Des manifestations avaient lieu à Rokn el-deen, dans la capitale, et à Douma, non loin de là, de même qu'à Hama et Homs (centre), Jableh (sur la côte), Qamishli (près du Kurdistan irakien et de la Turquie) et d'autres villages du nord-est.

-> Voir la carte des villes mobilisées, établie par SyrianJasmine:

 

Dans les environs d'Alep, deuxième ville du pays située au nord, des centaines d'opposants scandaient «non à la violence, oui au dialogue» et «nous ne sommes pas islamistes ni salafistes, nous voulons la liberté», a raconté par téléphone Radif Mustapha, dirigeant d'une organisation kurde de défense des droits de l'Homme.

«Personne n'appelle à la chute du régime», a-t-il ajouté, tandis qu'en arrière-fond on entendait la rue lancer «azadi, azadi».

 

L'opposition syrienne avait appelé la population à descendre dans les rues après la prière de ce «Vendredi de la Liberté, Azadi», affirmant que les deux principales villes du pays -Damas et Alep- surprendraient les autorités.

<- Avatar de la page Facebook «The Syrian revolution 2011»

«La population est prête pour ce vendredi. Damas et Alep préparent une surprise au régime et aux chabiha», ces miliciens accusés de semer la terreur dans les villes théâtre de manifestations contre le régime, avait averti la page Facebook de «Syrian Revolution 2011», moteur du mouvement de contestation.

-> Voir d'autres liens sur la révolte syrienne, de plus en plus structurée sur Internet. Les partisans du régime sont eux aussi mobilisés.

 

Damas et Alep, deux premières villes du pays, ont jusqu'à présent été globalement épargnés par les manifestations qui secouent la Syrie depuis plus de deux mois.

Les autorités syriennes sont accusées de réprimer dans le sang les manifestations qui secouent le pays depuis le 15 mars. Selon des ONG et l'ONU, la répression a fait au moins 850 morts et entraîné plus de 8.000 arrestations.

Les restrictions imposées aux médias par Damas empêche toute vérification indépendante.

 

Des syriens fuient les violences et passent au Liban vers Wadi Khalked, le 14 mai 2011 (AFP)

 

Ces violences ont poussé des milliers de Syriens à prendre le chemin de l'exode. Les autorités libanaises estiment qu'au total environ 4.000 civils -surtout des femmes et enfants- sont passés au Liban récemment, a indiqué vendredi à Genève un porte-parole du Haut-commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR).

 

En une semaine, quelque 1.400 civils ont traversé la frontière avec le Liban pour fuir les «bombardements» de Tall Kalakh, dans l'ouest, a-t-il dit.

 

L'armée syrienne a annoncé jeudi qu'elle entamait son retrait de cette ville sunnite frontalière.

D'abord prudents, les Etats-Unis ont haussé le ton cette semaine.

«Le peuple syrien a montré son courage en exigeant une transition vers la démocratie», a déclaré le président américain Barack Obama dans un discours sur les révoltes arabes, au lendemain de l'annonce de sanctions américaines visant le président Assad et six de ses proches collaborateurs.

«Le président Assad est maintenant face à un choix. Il peut diriger la transition, ou s'écarter», a-t-il estimé.

-> Lors d'une manifestation en faveur de Bachar al-Assad, devant l'ambassade syrienne en Jordanie, le 20 mai:

(Ali Jarekji / Reuters)

 

Lien : http://www.liberation.fr/monde/01012338558-syrie-les-manifestants-pacifistes-a-nouveau-cibles-de-tirs-de-police

 

Partager cet article
Repost0
20 mai 2011 5 20 /05 /mai /2011 05:02

Obama à propos de la Syrie

 

Arrestation et répression à Latakia (19-05)

 

Manif de soir à Hama 


 

________________________________________________________________________ 

 

 La Syrie rejette les sanctions américaines et poursuit sa répression

 

Du village libanais de Boqaya, on pouvait voir hier matin des blindés et des hommes armés se déployer à Arida, en Syrie, et entrer dans les maisons. Mohammad Azakir/Reuters
Du village libanais de Boqaya, on pouvait voir hier matin des blindés et des hommes armés se déployer à Arida, en Syrie, et entrer dans les maisons. Mohammad Azakir/Reuters

 

Les blindés commencent à se retirer de Tall Kalakh, à la veille d'une nouvelle journée de manifestations « pour la liberté».

Les forces syriennes et leurs blindés ont commencé hier à se retirer de Tall Kalakh cinq jours après leur entrée dans cette ville proche de la frontière libanaise pour y mater, comme dans le reste du pays, le mouvement de contestation du régime de Bachar el-Assad. Des dizaines d'autocars remplis de soldats et des véhicules de transport de troupes ont quitté Tall Kalakh vers midi en direction du Nord, a dit un habitant ayant requis l'anonymat. « Pour l'essentiel, l'armée est partie. Il n'y a plus de policiers des services de sécurité dans les rues mais ils sont toujours dans leur QG en périphérie de Tall Kalakh et ils occupent toujours le principal hôpital », a dit ce témoin.


D'après un militant des droits de l'homme, au moins 27 civils ont été tués à Tall Kalakh durant les cinq jours d'intervention des forces de sécurité. Un autre militant a affirmé que 14 corps calcinés ont été découverts dans la ville.
Ailleurs en Syrie, les forces de sécurité et l'armée continuaient d'assiéger ou d'intervenir dans plusieurs foyers de la contestation contre le régime, dont Homs (centre), Banias (Nord-Ouest) et Deraa (Sud).
Malgré la répression et la traque des opposants, la page Facebook de Syrian Revolution 2011, moteur du mouvement de contestation, a appelé à des manifestations « pour la liberté » et l'unité nationale. « Le vendredi de la Liberté, Azadi (mot signifiant liberté en kurde) », écrivent les militants en appelant à des manifestations à travers le pays, y compris dans les villes kurdes du Nord.

Parallèlement, les autorités syriennes ont rejeté avec force hier les sanctions imposées par les États-Unis au président et six de ses proches collaborateurs. Selon Damas, ces sanctions n'influeront pas sur les décisions du régime et visent « en premier lieu à servir les intérêts d'Israël ».
Les États-Unis ont justifié ces mesures dans le cadre de leurs efforts cherchant à stopper la répression du mouvement de contestation qui a fait depuis le 15 mars au moins 850 morts selon des ONG et l'ONU, et entraîné plus de 8 000 arrestations. Parmi les responsables visés par un gel de leurs biens aux États-Unis se trouvent le vice-président Farouk el-Chareh, ainsi que les ministres de l'Intérieur Mohammad Ibrahim el-Chaar, de la Défense Ali Habib Mahmoud et le chef des renseignements militaires, Abdel Fattah Qoudsiya. Les mesures américaines touchent aussi deux chefs des gardiens de la révolution, force d'élite du régime iranien, pour leur rôle présumé dans la répression en Syrie. Le 29 avril, Washington avait imposé une première série de sanctions contre plusieurs responsables du régime, dont le frère cadet du président, Maher el-Assad.

Pour Haïssam al-Maleh, personnalité éminente de l'opposition syrienne, la décision américaine signifie que « les membres du régime sont désormais assiégés ». « La moindre initiative de la communauté internationale est susceptible d'aider le peuple syrien à poursuivre son soulèvement », a-t-il dit à Reuters.
Un diplomate européen a déclaré que l'UE élargirait probablement ses sanctions la semaine prochaine pour inclure à son tour Bachar el-Assad.

La France, qui cherche à faire adopter à l'ONU un texte condamnant la Syrie, a dénoncé l'aggravation de la répression contre la population civile et exhorté les dirigeants syriens à des réformes. « La répression s'aggrave en Syrie tandis que s'accumulent les informations sur l'existence de fosses communes et les témoignages de torture », a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Bernard Valero.

De son côté, la journaliste américano-canado-iranienne de la télévision al-Jazira, Dorothy Parvez, a dit avoir entendu « des bruits de tortures sauvages » infligées à des détenus dans la prison syrienne où elle a été détenue fin avril, avant son transfert en Iran et sa libération mardi.
(Source : agences)
Lien :
________________________________________________________________________

À Alep, pas de révolte, sauf chez les étudiants

 

 

 
Sur ces vidéos filmées sur le campus d’Alep (nord-ouest de la Syrie), on voit des centaines d’étudiants manifester contre le régime de Bachar Al-Assad, avant que les forces de l’ordre interviennent et procèdent à des arrestations. Dans cette ville où la contestation reste faible, seuls les étudiants se soulèvent. Notre observatrice nous explique pourquoi.
Les vidéos sont tournées depuis le bâtiment qui se trouve en face de l’entrée de l’université d’Alep. On entend les personnes qui filment indiquer qu’il s’agit de la nuit du 17 au 18 mai.
 
Vidéo publiée sur YouTube.
 
 
 
Vidéo publiée sur YouTube.
 
La vague de contestation a mis un certain temps pour atteindre les grandes villes syriennes, mais Alep demeure tout de même une exception. La deuxième ville du pays ne connaît que des manifestations sporadiques et qui sont quasi-exclusivement menées par les étudiants.
Alep est la capitale économique de la Syrie. Elle compte plus de 1,7 million habitants.
"Alep reste calme car c’est une ville de commerçants"
Oum Chahama habite Alep :
« Les étudiants qui manifestent ne sont pas d’Alep. Ce sont pour la plupart des jeunes gens venus des autres villes du pays qui vivent dans les foyers universitaires. Ils protestent contre la répression dont sont victimes leurs familles et leurs amis dans leurs villes d’origine.
Ces manifestations ont souvent lieu la nuit. En journée, la vie se déroule normalement, à croire qu’il n’y a rien eu la veille. Alep reste calme car c’est une ville de commerçants. Ici, les habitants ont trop peur pour leurs intérêts pour oser se révolter contre le régime. Il y a certes eu quelques rassemblements dernièrement, à l’occasion de la mobilisation nationale du vendredi.
Mais à peine l’armée est elle arrivée pour disperser les manifestants que tout le monde a déguerpi. D’ailleurs, les forces de sécurité voient bien que les habitants d’Alep ne sont pas aussi déterminés que ceux des autres villes et ils évitent de jeter de l’huile sur le feu. Mes quatre frères ont été arrêtés dernièrement lors d’une manifestation, mais on ne les a gardés que quelques heures au commissariat. On est loin des récits de torture ou des manifestants tués par des soldats qui circulent sur les autres villes.
Alep n’est pas non plus une ville frontalière, où la situation sécuritaire est forcément plus tendue. On a du coup l’impression d’être en décalage avec le reste du pays. »

 

Cet article a été rédigé en collaboration avec Sarra Grira, journaliste à France 24.
 
 
   
Partager cet article
Repost0
19 mai 2011 4 19 /05 /mai /2011 16:14

 

Les corps démembrés auraient été déterrés d’une fosse découverte dans un champ non loin de Deraa, épicentre de la révolte syrienne. Les habitants de la ville affirment avoir identifié parmi les cadavres un homme, Abdel Razzaq Abazid, et quatre de ses fils. Abdullah Abazid, un activiste connu de Deraa, a affirmé à CNN que ces cinq personnes ont probablement été tuées parce qu'elles étaient des membres de sa famille. Les autres corps seraient ceux d’une femme, d’un enfant et de plusieurs hommes non identifiés.
[ACTUALISATION - 19/05/2011 : Contacté par FRANCE 24, l'activiste Abdullah Abazid a expliqué que les corps retrouvés dans la fosse n'étaient pas des membres de sa famille et qu'il ne pensait pas que leurs morts soit liées à son cas personnel].
Deux vidéos amateur postées sur YouTube le 16 mai montrent clairement ce qui semble être des corps humains démembrés déterrés d’une fosse peu profonde à l’aide d’une pelleteuse.
Dans la vidéo ci-dessous, on entend la personne qui filme affirmer que la scène se situe dans les environs de Deraa, et qu’elle est datée du 16 mai (de nombreux manifestants syriens ont pris l’habitude d’inclure des éléments dans leurs vidéos amateur qui aident les journalistes à les authentifier). L’homme affirme ensuite que cinq des corps déterrés sont ceux de son oncle et de ses quatre fils. À 1’41 minute, la caméra s’arrête sur la plaque d’immatriculation de la pelleteuse, sur laquelle le mot Deraa est écrit en arabe.
Partager cet article
Repost0
19 mai 2011 4 19 /05 /mai /2011 05:55
 La grève générale est suivie à Homs...

 

 

Tell Kalakh _ Tirs sur la ville : 8 vicitmes

 

 

Syrie/siège de l'armée : 8 morts

 

AFP _ Au moins huit personnes ont été tuées aujourd'hui dans la localité syrienne de Tall Kalakh (ouest) assiégée par l'armée depuis plusieurs jours, ont indiqué à l'AFP deux militants des droits de l'Homme qui ont fait état de bombardements et de tirs à l'arme automatique.

Ils ont fait état de bombardements sur la ville et de tirs à l'arme automatique, ajoutant que de nombreux blessés gisaient dans la rue sans pouvoir être évacués. Hier, des habitants joints par téléphone avaient parlé d'un "massacre" et fait état de dizaines de blessés dans les rues.

Un appel à la grève générale, lancé contre le régime autocratique qui réprime depuis deux mois une révolte sans précédent en Syrie, semblait avoir été peu suivi aujourd'hui.
La répression a fait depuis le 15 mars au moins 850 morts selon des ONG et l'ONU, et entraîné plus de 8.000 arrestations et la fuite de milliers de Syriens. Le régime accuse des "groupes terroristes armées" d'être à l'origine des troubles.

 

 

___________________________________________________________________________________

 

 Deraa : contrairement aux prétentions du régime syrien, l'armée est encore à Deraa

 

_____________________________________________________________________

 

Une journaliste d'Al Jazeera raconte sa mésaventure dans la prison du régime El Assad

 

 

________________________________________________________________________
Washington décide de sanctionner Bachar al-Assad
Image tirée d'une vidéo publiée sur YouTube le 13 mai 2011. Des manifestants antirégime déchirent une affiche du président Bachar Al-Assad.

Photo: AFP/YouTube  Image tirée d'une vidéo publiée sur YouTube le 13 mai 2011. Des manifestants antirégime déchirent une affiche du président Bachar Al-Assad.

 

Les États-Unis comptent sanctionner directement le président syrien, Bachar al-Assad, et six hauts responsables du régime pour leur rôle dans la répression des manifestations.

Les sanctions concernent des piliers de l'exécutif de Damas, le vice-président Farouk al-Shara, le premier ministre Adel Safar, le ministre de l'Intérieur Mohammad Ibrahim al-Shaar, le ministre de la Défense Ali Habib Mahmoud, le chef des renseignements militaires Abdul Fatah Qudsiya, et le « directeur de la sécurité politique » Mohammed Dib Zaitoun.

Les sanctions vont du gel des avoirs détenus aux États-Unis par Bachar al-Assad et les six autres responsables à l'interdiction aux Américains de faire des affaires avec eux.

 

C'est la première fois que l'administration américaine cible directement le président syrien depuis le début de la crise.

L'ordre, signé par le président Barack Obama, est une mesure décisive qui vise à « accroître la pression sur le gouvernement syrien afin qu'il cesse la violence contre son peuple et entame la transition vers un système démocratique », précise un communiqué de la diplomatie américaine et du département du Trésor.

Le président Obama avait imposé le 29 avril une première série de sanctions contre plusieurs responsables du régime syrien, dont le frère cadet du président Assad, Maher.

 

Des militants des droits de l'homme rapportent qu'au moins huit personnes ont été tuées mercredi à Tall Kalakh, une ville de l'ouest de la Syrie assiégée par les forces de l'ordre.

Dans le même temps, le président syrien assurait que la crise était « en passe d'être terminée ».

Les forces de sécurité ont commis des erreurs lors des manifestations, dont la répression a fait plus de 850 morts en deux mois, estime le président Bachar al-Assad, selon des propos rapportés mercredi par le quotidien Al-Watan. Des erreurs qui seraient attribuables, entre autres, à une formation insuffisante au sein de la police.

 

Radio-Canada.ca avecAgence France Presse et Presse canadienne

 

Lien : http://www.radio-canada.ca/nouvelles/International/2011/05/18/008-syrie-sanctions-washington.shtml

 

_____________________________________________________________

 

La grève générale peu suivie en Syrie

 

En Syrie, l'opposition a voulu une nouvelle fois défier le régime. Elle avait lancé un appel à la grève générale pour ce mercredi 18 mai. Un appel qui a été finalement peu suivi. La répression a semblé porter ses fruits et elle a fait également de nouvelles victimes.

Les organisations des droits de l'homme parlent de 8 civils tués à Tall Kalakh. Cette ville se trouve à l'ouest du pays. Elle est assiégée et bombardée depuis plusieurs jours par les forces de l'ordre. Des personnes touchées par des balles giseraient encore dans les rues. Selon un habitant, Tall Kalakh ressemble désormais à une ville fantôme.

 

Face à la répression sanglante du régime, la majorité des Syriens n'ont pas suivi l'appel à la grève générale. « Les gens ont peur », a expliqué un homme d'affaires à Damas. Et justement, dans la capitale, les écoles et les commerces sont restés ouverts. C'était aussi le cas à Alep, la deuxième ville du pays.

Seulement dans quelques foyers de contestation, comme à Homs, l'activité a tourné au ralenti. Des vidéos diffusées sur YouTube montrent des gens qui manifestent dans un des souks de cette ville. Mais ils étaient peu nombreux, pas plus qu'une dizaine. Il est toujours impossible de vérifier ces images de façon indépendante. Les médias étrangers ne sont pas autorisés à entrer dans le pays.

 

Lien :  http://www.rfi.fr/moyen-orient/20110518-greve-generale-peu-suivie-syrie
________________________________________________________
Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : thala solidaire.over-blog.com
  • : ThalaSolidaire est dédié à la ville de Thala, ville phare de la Révolution tunisienne. Thala est une petite agglomération du centre-ouest de la Tunisie. Elle est connue pour son histoire antique, ses sources, ses carrières de marbre, devenues une sorte de tragédie écologique et économique, sa résistance et sa misère. Thala solidaire a pour objectif de rassembler toutes les voix INDIGNÉES pour donner à cette terre ainsi qu'à toutes autres terres un droit à la vie et à la dignité…
  • Contact

Recherche

Vidéos

Catégories