Au moins 42 morts après de nouvelles manifestations
AFP- Six semaines après le début du mouvement de contestation contre le régime du président Bachar al-Assad, quelques dizaines de milliers de personnes ont défilé dans plusieurs villes malgré l'interdiction.
Des milliers de Syriens scandant "nous n'avons pas peur!" sont descendus dans les rues de plusieurs villes du pays à l'occasion d'une "Journée de colère" ce vendredi contre le régime du président
Bachar el-Assad. Les forces de sécurité ont de nouveau ouvert le feu sur la foule et au moins 42 personnes ont été tuées, dont 15 à Deraa (sud), selon une organisation de défense des droits de l'homme.
L'appel à cette "Journée de colère", après les prières du vendredi, a notamment été lancé par des militants des droits de l'homme sur les réseaux sociaux, en solidarité avec les victimes de la répression à Deraa, point de départ de la contestation il y a deux mois. Pour la première fois, l'appel à manifester a été relayé par les Frères musulmans, mouvement d'opposition interdit.
La télévision d'Etat avait averti que le ministère de l'Intérieur ne tolérerait "aucun défilé, manifestation ou sit-in" et les considérerait comme une atteinte à la sécurité du pays.
Deraa, selon des témoignages, est bouclée depuis lundi par l'armée, intervenue avec des blindés. Ce vendredi, les forces de sécurité ont tiré sur des personnes qui tentaient de pénétrer dans la ville, a déclaré Mazen Darwish, responsable du Centre syrien pour les médias et la liberté d'expression.Le militant des droits de l'homme Mustafa Osso, dont l'organisation est basée en Syrie, a précisé qu'au moins 42 personnes avaient été tuées dans le pays vendredi.
Un habitant de Deraa, joint par téléphone, a expliqué à l'Associated Press que "personne ne peut bouger" dans la ville. "Ils ont des tireurs embusqués sur les toits, et tirent sur tout ce qui bouge", a-t-il ajouté. Les habitants, a-t-il dit, n'ont pas osé sortir de chez eux pour assister aux prières du vendredi. "Nous sommes dans nos maisons mais nos coeurs sont à la mosquée", selon ce témoin, qui a requis l'anonymat par peur de représailles.
A Lattaquié, dans le nord-ouest du pays, des policiers en civil ont fait tiré sur les manifestants, au nombre d'un millier. Des tirs ont également eu lieu à Idlib dans le nord, a précisé Mustafa Osso, un militant des droits de l'homme qui regroupe les informations lui parvenant de divers endroits du pays.
A Damas, quelque 2.000 personnes ont défilé dans le quartier de Midan dans le centre de la capitale, aux cris de "Dieu, la Syrie et seulement la liberté!". La encore, selon des témoins, les policiers ont tiré des gaz lacrymogènes et des munitions réelles pour disperser la foule. On ignore s'il y a eu des victimes.
D'autres manifestations ont été signalées à Barzeh, dans les faubourgs de Damas, à Raqqa, Hama (nord), Qamishli (nord-est). A Homs, dans le centre du pays, plusieurs milliers de manifestants se sont rassemblés, scandant notamment "Au revoir Bachar, on se reverra à La Haye", siège de la Cour pénale internationale.
Les Etats-Unis devaient annoncer vendredi des sanctions économiques visant trois hauts responsables syriens, l'agence de renseignement syrien et les Gardiens de la Révolution iraniens en raison de leur rôle dans la répression des manifestations en Syrie, ont annoncé des responsables de l'administration Obama sous le couvert de l'anonymat.
Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU, basé à Genève, a "condamné" vendredi la répression du régime syrien contre les manifestants. Dans une résolution adoptée par 26 voix contre 9, le Conseil a également précisé qu'il demanderait au bureau du haut commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Navi Pillay, d'envoyer d'urgence une mission pour enquêter sur "toutes violations présumées" des droits de l'homme en Syrie.
La répression menée par le régime syrien depuis le début de la contestation à la mi-mars a fait plus de 450 morts, dont 120 au cours du dernier week-end, selon les organisations syriennes de défense des droits de l'homme.
Source : http://www.lalibre.be/actu/international/article/657700/syrie-au-moins-42-morts-apres-de-nouvelles-manifestations.html?utm_source=twitterfeed&utm_medium=twitter
________________________________________________________________________
Le Conseil des droits de l'Homme de l'Onu demande l'envoi d'une mission en Syrie
La résolution a été adoptée ce vendredi, à l'issue d'une longue journée de négociations, pour enquêter sur les violations présumées des droits de l'Homme.
Le Conseil des droits de l'Homme de l'Onu a demandé l'envoi urgent d'une mission en Syrie pour enquêter sur les violations des droits de l'Homme, alors qu'au moins 48 manifestants ont été tués vendredi 29 avril dans le pays selon des militants.
La résolution, proposée par les Etats-Unis, a été adoptée par le Conseil des droits de l'Homme à l'issue d'une longue journée de négociations entre les 47 Etats membres du Conseil par 26 votes pour, 9 contre et 7 abstentions.
Elle demande au Haut commissaire de l'Onu aux droits de l'Homme d'envoyer de "façon urgente une mission en Syrie pour enquêter sur les violations présumées des droits de l'Homme et pour établir les faits et circonstances de ces violations et des crimes commis". Le texte condamne par ailleurs "explicitement l'usage de la violence meurtrière contre les manifestants pacifiques par les autorités syriennes".
"Un dangereux précédent"
Le représentant de la Syrie au Conseil, Faysal Khabbas Hamoui, avait estimé avant le vote qu'adopter la résolution "va seulement compliquer la situation des droits de l'Homme en Syrie et renforcer les tensions dans le pays".
Si ce dernier a admis que des "manifestants pacifiques appelaient à des réformes", il a insisté que les forces de l'ordre agissaient contre "des groupes de saboteurs". "Soixante officiers et conscrits ont été tués et 300 personnes ont été très grièvement blessées", a-t-il ajouté devant le Conseil.
Le représentant de la Chine, Xia Jingge, qui s'est déclaré contre ce texte, a pour sa part estimé que la résolution "pourrait créer un dangereux précédent". Parmi les pays à avoir voté contre le texte, figurent la Chine, la Russie, le Pakistan et Cuba, tandis que la France, le Brésil, les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont voté pour.
"Nous ne fermerons pas les yeux"
Dans la journée, l'ambassadeur français auprès de l'Onu, Jean-Baptiste Mattéi, a souligné que "la France condamne fermement la poursuite de la répression en Syrie".
La représentante américaine, l'ambassadrice Eileen Chamberlain Donahoe, a rappelé que la communauté internationale avait "fermement condamné le meurtre, l'arrestation et la torture de manifestants pacifiques en Syrie". "Nous ne fermerons pas les yeux alors que vous emprisonnez de façon arbitraire, que vous torturez et tuez vos propres citoyens", avait-elle lancé à l'adresse de Damas. Elle a admis que la Syrie avait besoin de temps pour mener à bien des réformes, mais a estimé que durant ce processus les autorités syriennes ne pouvaient pas "descendre les gens dans leurs rues (...) et envoyer des tireurs d'élite".
En Syrie, des chars ont été déployés contre les manifestants et ont tiré des obus sur des zones "densément peuplées", la distribution de nourriture a été stoppée, l'électricité coupée et les transports publics fermés, a indiqué Kyung-wha Kang, adjointe de la Haut commissaire aux droits de l'Homme.
Appel à "s'abstenir" de manifester
Les Etats-Unis ont par ailleurs vivement critiqué la candidature de la Syrie à l'un des sièges au sein du Conseil. "Les gouvernements qui utilisent les armes contre leurs propres citoyens n'ont pas de place dans ce Conseil", avait insisté Eileen Chamberlain Donahoe.
A Damas, les autorités ont appelé les citoyens à "s'abstenir" de manifester, alors que les contestataires ont lancé des appels à un "vendredi de la colère" dans tout le pays. Malgré ces appels, au moins 48 civils ont été tués vendredi en Syrie lors des manifestations contre le régime du président syrien Bachar al-Assad, la plupart à Deraa dans le sud du pays, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme.
Depuis le début de la contestation, plus de 500 personnes ont été tuées dans tout le pays, selon le "Comité des martyrs du 15 mars", proche des opposants. Un porte-parole militaire a démenti ce chiffre, expliquant que 148 personnes avaient été tuées - 78 militaires et policiers et 70 civils.
Nouvelobs.com - AFP
Source : http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/monde/20110429.OBS2114/le-conseil-des-droits-de-l-homme-de-l-onu-demande-l-envoi-d-une-mission-en-syrie.html