Déclaration de Rached Mabrouk, avocat d' Issam et Helmi
Les forces syriennes ont intensifié dimanche la répression des opposants en procédant à de nouvelles arrestations dans plusieurs villes du pays, au terme de l'une des semaines les plus meurtrières depuis le début du soulèvement populaire contre le président Bachar al Assad, rapportent des habitants et des militants.
Des dizaines de personnes ont été arrêtées dans des opérations menées par les forces de sécurité dans la province de Daïr az Zour (est), sur le plateau du Hauran (sud) et dans des villages proches de la ville de Hama (centre).
Selon un avocat de la ville de Deera, berceau du mouvement de contestation dans le sud du pays, des dizaines de soldats ont encerclé le village de Yadouda.
"Je les ai vus par hasard et je me suis enfui. J'ai appris qu'ils étaient ensuite entrés dans des maisons. Ils peuvent venir à tout moment, lancer une opération et procéder à des arrestations", a indiqué au téléphone cet avocat, qui a requis l'anonymat.
"On peut soit disparaître et plus personne n'entendra plus jamais parler de nous, revenir avec des bleus et des trous sur tout le corps à la suite de coups et de torture pour faire de nous un exemple, soit tout simplement revenir dans un cercueil", a-t-il ajouté.
Les autorités syriennes, qui n'ont commenté aucune accusation de torture depuis le début de la répression, assurent que les arrestations se font en conformité avec la Constitution.
BILAN CIVIL
Selon les Nations unies, 2.200 personnes ont été tuées depuis le début des manifestations hostiles au régime mi-mars.
Cette semaine, au moins 113 civils, dont cinq membres d'une même famille à Homs, ont été tués dans des opérations de l'armée et des fusillades, selon l'organisation syrienne des droits de l'homme, Saouasiah.
Trois militants ont également été tués à la suite d'actes de tortures commis en prison, ajoute l'organisation dans un communiqué.
"La répression menée la semaine dernière est sans précédent. De nombreux Syriens, y compris des enfants, des femmes et des personnes âgées, se voient privés du droit de vivre en liberté sans risquer d'être blessés"
Les manifestants, opposés à toute intervention militaire étrangère comme ce fut le cas pour la Libye, ont commencé cette semaine à demander une protection de la communauté internationale.
En visite à Damas samedi, le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil Elaraby, a annoncé que la Ligue arabe s'était mise d'accord avec le président syrien sur une série de mesures destinées à mettre fin à la répression. Ces mesures pourraient être dévoilées lors de la réunion des ministres arabes des Affaires étrangères au Caire.
Nabil Elaraby a également indiqué qu'il avait exhorté Assad à "accélérer le calendrier qui fera comprendre à tous les Syriens qu'il est passé à une nouvelle étape."
Les opposants au régime estiment que les précédentes réformes annoncées par le président syrien n'ont été suivies d'aucun changement.
L'Occident, allié d'Assad avant le soulèvement populaire inédit qui a débuté à la mi-mars, a renforcé ses sanctions contre Damas. L'Union européenne envisage une nouvelle série de mesures contre le secteur pétrolier syrien.
Les pays occidentaux semblent peu enclins à intervenir en Syrie arguant qu'une intervention aurait des répercussions considérables dans la région au vu des alliances nouées entre Assad et l'Iran et le groupe chiite libanais du Hezbollah.
NOUVELLES ARRESTATIONS
Sur le terrain, les offensives de l'armées sont devenues quasi quotidiennes, raconte un habitant de la ville d'Hirak, dans la province de Deera.
"Ils ont intensifié les arrestations dans des villes où de grandes manifestations ont été organisées et où les habitants ont réussi à envoyer des vidéos à Al Djazira", dit Ahmad al Sayyed.
Enumérant les récentes opérations de l'armée, Sayyed a rapporté qu'au moins 250 personnes avaient été arrêtées à Djiza, 40 à Mousseifra, 50 à Bousra al Harir et 30 à Naimeh ces dernières 48 heures.
Selon l'Observatoire syrien pour les droits de l'homme, présidé par le dissident Rami Abdelrahman, une femme de 40 ans a été tuée par des balles tirées par les forces de sécurité dans la ville de Bou Kamal près de la frontière irakienne.
A Darayia, dans la banlieue de Damas, un jeune homme de 17 ans a succombé à ses blessures après avoir été touché par des balles de l'armée lors de l'enterrement d'un militant mort en prison, vraisemblablement sous la torture.
Avec Souleiman al Khalidi, Marine Pennetier pour le service français
Appel à tous les juristes, avocats de France ! Indignés en difficulté
Les Indignés partis de Toulouse, arrivés depuis quelques jours à Orléans , où ils vont être rejoints par les Espagnols venus de Madrid, lancent un appel urgent auprès de toute personne pouvant les aider d'un point de vue juridique car ils se voient refuser tout bivouac, tout campement sur les places publiques. La police les surveille étroitement. Demain à Orléans (où ils seront plus de 70), plus tard à Paris, il va y avoir de gros problèmes et ils demandent une protection juridique.
Toute personne pensant pouvoir les aider peut téléphoner à Jafar au 06 78 16 05 56. On doit bien trouver, si ce n'est dans notre bonne ville d'Aix réputée pour sa fac de droit, au moins dans la France entière, une personne apte à les aider à trouver un moyen de se protéger juridiquement et de pouvoir installer leurs campements, on ne peut plus provisoires et pacifistes !
Mais il faut savoir aussi, ajoute Jafar, qu'Orléans est une des villes-tests pour M. Sakozy, du point de vue des radars et de la vidéosurveillance ! Même les SDF sont obligés de se cacher pour dormir ...
Pour Cent Paroles
Christiane, relayant Jafar
Grossman : « Qu'Israël le premier reconnaisse la Palestine »
(Beyrouth, le 7 septembre 2011) ─ La levée par la Tunisie des principales réserves qu’elle a émises sur la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) constitue une étape importante vers l’égalité homme-femme, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Le gouvernement tunisien devrait désormais s’assurer que toutes les lois nationales sont conformes aux normes internationales et éliminer toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, a commenté Human Rights Watch.
La Tunisie est le premier pays de la région à avoir retiré toutes les réserves spécifiques qu’il avait émises sur le traité. Bien qu’ayant ratifié le traité, la Tunisie avait recouru à ces réserves pour s’affranchir de certaines dispositions.
Le Conseil des ministres tunisien a adopté un projet de décret le 16 août 2011 dans le but de lever ces réserves. « Nombre des réserves limitaient l’égalité des femmes au sein de leur famille, et leur suppression reconnaît enfin les femmes comme des partenaires égales dans le mariage et dans la prise de décisions relatives à leurs enfants », a déclaréNadya Khalife, chercheuse sur les droits des femmes au sein de la division Moyen-Orient à Human Rights Watch. « Le gouvernement tunisien, en levant d’importantes réserves émises sur la CEDAW, proclame son engagement envers la promotion des droits des femmes. »
Le décret du 16 août lève toutes les réserves à l’exception d’une déclaration générale selon laquelle la Tunisie« ne prendra aucune décision législative ou organisationnelle conformément aux exigences de la CEDAW, si cette décision risque d’entrer en conflit avec les dispositions du chapitre 1 de la Constitution tunisienne ». Le chapitre premier établit ainsi que l’Islam est la religion d’État. Human Rights Watch estime que cette déclaration devrait également être supprimée étant donné qu’aucun État ne devrait pouvoir se servir de sa propre constitution pour justifier sa non-conformité aux normes internationales. La Tunisie ne s’est toutefois pas servie de la déclaration pour tenter de justifier un maintien des lois ou pratiques qui portent atteinte à la CEDAW, selon Human Rights Watch.
La Convention a été adoptée en 1979 par l’Assemblée générale des Nations Unies. Elle définit diverses formes de discrimination à l’égard des femmes et instaure un plan d’action auquel les nations doivent recourir pour mettre un terme à ces types de discrimination. Certains États parties ont émis des réserves à l’égard du traité afin de ne pas avoir à appliquer certaines dispositions.
Les réserves de la Tunisie portaient sur les exigences établies par le traité concernant l’égalité homme-femme dans les affaires familiales. Parmi ces exigences figurent la transmission de la nationalité de la mère à ses enfants, les droits et responsabilités durant le mariage et après le divorce, certaines questions relatives aux enfants et à leur tutelle, les droits personnels des époux et épouses concernant leur nom de famille et leur occupation, et la propriété des biens. La CEDAW prévoit la pleine égalité homme-femme dans tous ces domaines.
Bien que la Tunisie dispose de l’un des codes du statut personnel les plus progressistes de la région, celui-ci contient encore aujourd’hui des dispositions discriminatoires. Ainsi, dans les affaires d’héritage, les femmes n’ont pas droit à une part égale. La loi autorise leurs frères, et parfois d’autres hommes de leur famille, comme des cousins, à en percevoir une part plus importante. L’article 58 du code du statut personnel donne au juge la liberté d’accorder, selon son propre jugement, le droit de garde à la mère ou au père en fonction du meilleur intérêt de l’enfant, mais interdit à une femme remariée d’avoir la garde de ses enfants. Aucune restriction de ce type ne s’applique aux pères remariés.
« Bien que la levée des réserves précédemment émises sur la CEDAW soit propice à la concrétisation de l’égalité homme-femme en Tunisie, il reste encore beaucoup à faire pour supprimer les dispositions discriminatoires à l’égard des femmes stipulées dans le code du statut personnel », a commenté Nadya Khalife. « Lorsqu’un nouveau corps législatif élu sera en place, il devrait faire de l’examen et de l’amendement des dispositions juridiques discriminatoires à l’égard des femmes l’une de ses principales priorités. »
La Tunisie est le premier pays de la région à lever toutes les réserves spécifiques se rapportant à la CEDAW. C’est également l’un des deux seuls pays de la région Moyen-Orient/Afrique du Nord à avoir adopté le protocole facultatif à la CEDAW, qui permet à des particuliers ou groupes de particuliers de déposer plainte devant le Comité de la CEDAW en cas d’atteintes aux droits des femmes.
Cependant, la Tunisie est également l’un des quatre pays membres de l’Union africaine à avoir refusé de signer, avant même d’envisager de ratifier, le Protocole à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatif aux droits des femmes en Afrique (Protocole de Maputo). La Tunisie a émis des réserves sur certaines des clauses de la Charte se rapportant au mariage.
« La Tunisie a prouvé qu’elle joue un rôle de chef de file dans le domaine des droits de la femme dans la région, et nous espérons qu’elle montrera l’exemple lorsque les appels à la réforme se propageront à travers le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord », a conclu Nadya Khalife. « Pour veiller à conserver son leadership dans le domaine de l’égalité homme-femme, la Tunisie devrait aussi signer et ratifier le Protocole de Maputo. »
Lire le texte en Arabe : http://www.hrw.org/ar/news/2011/09/06
Dans les années 80, la CIA incite Awatha al-Zuwawi à créer une officine en Libye pour recruter des mercenaires et les envoyer au jihad en Afghanistan contre les Soviétiques. À partir de 1986 les recrues libyennes sont formées au camp de Salman al-Farisi (Pakistan), sous l’autorité du milliardaire anti-communiste Oussama Ben Laden.
Lorsque Ben Laden se déplace au Soudan, les jihadistes libyens l’y suivent. Ils y sont regroupés dans leur propre compound. À partir de 1994, Oussama Ben Laden dépêche des jihadistes libyens dans leur pays pour tuer Mouammar Kadhafi et renverser la Jamahiriya populaire et socialiste.
Le 18 octobre 1995, le groupe se structure sous la dénomination Groupe islamique combattant en Libye (GICL). Durant les trois années qui suivent, le GICL tente par quatre fois d’assassiner Mouammar Kadhafi et d’instaurer une guérilla dans les montagnes du Sud. À la suite de ces opérations, l’armée libyenne —sous le commandement du général Abdel Fattah Younés— mène une campagne d’éradication de la guérilla, et la Justice libyenne lance un mandat d’arrêt contre Oussama Ben Laden, diffusé à partir de 1998 par Interpol.
Selon l’agent du contrespionnage britannique David Shayler, le dévelopment du GICL et la première tentative d’assassinat de Mouammar Kadhafi par Al-Qaida sont financés à hauteur de 100 000 livres par le MI6 britannique [1].
À l’époque, la Libye est le seul État au monde à rechercher Oussama Ben Laden, lequel dispose encore officiellement de soutiens politiques aux États-Unis bien qu’il se soit opposé à l’opération « Tempête du désert ».
Sous la pression de Tripoli, Hassan el-Tourabi expulse les jihadistes libyens du Soudan. Ils déménagent leurs infrastructures en Afghanistan où ils installent le camp de Shaheed Shaykh Abu Yahya (juste au nord de Kaboul). Cette installation fonctionne jusqu’à l’été 2001, lorsque les négociations de Berlin entre les États-Unis et les Talibans à propos du pipe-line transafghan échouent. À ce moment-là, le mollah Omar, qui se prépare à l’invasion anglo-saxonne, exige que le camp passe sous son contrôle direct.
Le 6 octobre 2001 le GICL est inscrit sur la liste établie par le Comité d’application de la résolution 1267 du Conseil de sécurité des Nations Unies. Il y figure toujours. Le 8 décembre 2004, le GICL est inscrit sur la liste des organisations terroristes établie par le département d’État des États-Unis. Il y figure toujours. Le 10 octobre 2005, le ministère britannique de l’Intérieur interdit le GICL sur son territoire. Cette mesure est toujours valide. Le 7 février 2006, le Comité des Nations Unies prend des sanctions à l’égard de 5 membres du GICL et de 4 sociétés qui leurs sont liées, qui continuent impunément à opérer sur le territoire du Royaume-Uni sous protection du MI6.
Durant la « Guerre contre la terreur », la mouvance jihadiste s’organise. L’expression « Al-Qaida », qui désignait au départ une vaste base de données dans laquelle Oussama Ben Laden choisissait les mercenaires dont il avait besoin pour des missions ponctuelles, devient progressivement un groupuscule. Sa taille diminue au fur et à mesure de sa structuration.
Le 6 mars 2004, le nouveau chef du GICL, Abdelhakim Belhadj, qui s’est battu en Afghanistan aux côtés d’Oussama Ben Laden [2] et en Irak, est arrêté en Malaisie, puis transféré dans une prison secrète de la CIA en Thaïlande où il est soumis au sérum de vérité et torturé. À la suite d’un accord entre les États-Unis et la Libye, il est renvoyé en Libye où il est torturé, mais par des agents britanniques cette fois, à la prison d’Abou Salim.
Le 26 juin 2005, les services secrets occidentaux organisent à Londres une rencontre d’opposants libyens. Ils constituent la « Conférence nationale de l’opposition libyenne » en unissant trois factions islamiques : les Frères musulmans, la confrérie des Sénoussi, et le GICL. Leur manifeste fixe trois objectifs :
renverser Mouammar Kadhafi ;
exercer le pouvoir pour un an (sous le nom de « Conseil national de transition ») ;
rétablir la monarchie constitutionnelle dans sa forme de 1951 et faire de l’islam la religion d’État.
En juillet 2005, Abu al-Laith al-Liby parvient contre toute vraisemblance à s’échapper de la prison de haute sécurité de Bagram (Afghanistan) et devient l’un des chefs d’Al-Qaida. Il appelle les jihadistes du GICL qui ne l’ont pas encore fait à rejoindre Al-Qaida en Irak. Les Libyens deviennent majoritaires parmi les kamikazes d’Al-Qaida en Irak [3]. En février 2007, al-Liby conduit une attaque spectaculaire contre la base de Bagram alors que le vice-président Dick Cheney s’apprête à la visiter. En novembre 2007, Ayman al-Zawahiri et Abu al-Laith al-Liby annoncent la fusion du GICL avec Al-Qaida.
Abu al-Laith al-Liby devient l’adjoint d’Ayman al-Zawahiri, et à ce titre le numéro 2 d’Al-Qaida puisque l’on est sans nouvelles d’Oussama Ben Laden. Il est tué par un drone de la CIA au Waziristan, fin janvier 2008.
Durant la période 2008-2010, Saif el-Islam Kadhafi négocie une trêve entre la Jamahiriya et le GICL. Celui-ci publie un long document, Les Etudes correctrices, dans lequel il admet avoir commis une erreur en appelant au jihad contre des coreligionnaires dans un pays musulman. En trois vagues successives, tous les membres d’Al-Qaida sont amnistiés et libérés à la seule condition qu’ils renoncent par écrit à la violence. Sur 1 800 jihadistes, plus d’une centaine refuse cet accord et préfère rester en prison.
Dès sa libération, Abdelhakim Belhadj quitte la Libye et s’installe au Qatar.
Début 2011, le prince Bandar Bin Sultan entreprend une série de voyages pour relancer Al-Qaida en élargissant son recrutement, jusqu’ici presque exclusivement arabe, aux musulmans d’Asie centrale et du Sud-Est. Des bureaux de recrutement sont ouverts jusqu’en Malaisie [4]. Le meilleur résultat est obtenu à Mazar-i-Sharif, où plus de 1 500 Afghans s’engagent pour le jihad en Libye, en Syrie et au Yémen [5]. En quelques semaines, Al-Qaida, qui n’était plus qu’un groupuscule moribond, peut aligner plus de 10 000 hommes. Ce recrutement est d’autant plus facile que les jihadistes sont les mercenaires les moins chers du marché.
Le 17 février 2011, la « Conférence nationale de l’opposition libyenne » organise la « journée de la colère » à Benghazi, qui marque le début de la guerre.
Le 23 février, l’imam Abdelkarim Al-Hasadi proclame la création d’un Émirat islamique à Derna, la ville la plus intégriste de Libye dont sont originaires la majorité des jihadistes devenus kamikazes d’Al-Qaida en Irak. Al-Hasadi est un membre du GICL de longue date qui a été torturé par les États-Unis à Guantanamo [6]. La burqa devient obligatoire et les châtiments corporels sont rétablis. L’émir Al-Hasidi organise sa propre armée, qui débute avec quelques dizaines de jihadistes et en regroupe bientôt plus d’un millier.
Le général Carter Ham, commandant de l’Africom, chargé de coordonner l’opération alliée en Libye, exprime ses interrogations quant à la présence parmi les rebelles qu’on lui demande de défendre des jihadistes d’Al-Qaida qui ont tué des GI’s en Afghanistan et en Irak. Il est relevé de sa mission qui est transmise à l’OTAN.
Un peu partout en Cyrénaïque « libérée », les hommes d’Al-Qaida sèment la terreur, pratiquant massacres et tortures. Ils se font une spécialité d’égorger les kadhafistes et de leur arracher un œil, et de couper les seins des femmes impudiques. L’avocat de la Jamahiriya, Me Marcel Ceccaldi, accuse l’OTAN de « complicité de crimes de guerre ».
Le 1er mai 2011, Barack Obama annonce qu’à Abbottabad (Pakistan), le commando 6 des Navy Seals a éliminé Oussama Ben Laden dont on était sans nouvelles crédibles depuis presque 10 ans. Cette annonce permet de clore le dossier Al-Qaida et de relooker les jihadistes pour en refaire des alliés des États-Unis comme au bon vieux temps des guerres d’Afghanistan, de Bosnie-Herzégovine, de Tchétchénie et du Kosovo [7]. Le 6 août, tous les membres du commando 6 des Navy Seals meurent dans la chute de leur hélicoptère.
Abdelhakim Belhadj revient dans son pays dans un avion militaire qatariote au début de l’intervention de l’OTAN. Il prend le commandement des hommes d’Al-Qaida dans les montagnes du Djebel Néfoussa. Selon le fils du général Abdel Fattah Younés, c’est lui qui commandite le 28 juillet 2011 l’assassinat de son vieil ennemi qui était devenu le chef militaire du Conseil national de transition. Après la chute de Tripoli, Abdelhakim Belhadj ouvre les portes de la prison d’Abou Salim et libère les derniers jihadistes d’Al-Qaida qui y étaient détenus. Il est nommé gouverneur militaire de Tripoli. Il exige des excuses de la CIA et du MI6 pour le traitement qu’ils lui ont fait subir par le passé [8]. Le Conseil national de transition lui confie la charge de former l’armée de la Libye nouvelle.
L'opposition libyenne se réveille à l'est. Vendredi après-midi, quelques centaines de manifestants ont défilé dans les rues de Benghazi, encadrés par une dizaine de voitures de police. L'atmosphère était bon enfant, certains policiers scandant eux-mêmes les slogans dans les haut-parleurs de leur véhicule. Mais le propos était sérieux: dire onze fois «non» au Conseil national de transition (CNT), l'organe politique de la révolution.
Les banderoles reprenaient les onze articles d'un manifeste rédigé par 56 organisations, embryons de partis politiques ou ONG. Elles accusent le CNT, formé au début de la révolte dans une certaine opacité, de les exclure du débat et de ne pas représenter suffisamment le peuple libyen. «Non au népotisme, non aux opportunistes, non à l'attribution de responsabilités à des figures du régime de Kadhafi», écrivent-ils. Leur principal refus concerne le projet de constitution, qui prévoit deux élections, la première dans huit mois et la deuxième dans 21 mois à dater de la déclaration finale de libération, qui devrait intervenir à la capture ou à la mort de Kadhafi. «Trop compliqué», dit Nasser Ahdash, l'un des organisateurs, président du «Forum national». Comme les autres signataires, il propose la nomination d'un CNT élargi, qui inclurait les nouveaux partis politiques comme le sien.
Cette assemblée nommerait un comité chargé de rédiger une nouvelle constitution, qui serait soumise à référendum. Les partis qui défilaient à Benghazi reprochent entre autres au projet de texte actuel un langage reflétant, à leurs yeux, l'idéologie islamiste de nombreux membres de l'actuelle direction. «L'article 1 dit que la Libye est un pays islamique, sans ajouter arabe ni africain, c'est typique de leur pensée», accuse Nasser Ahdash. Les partis disent aussi «non» à l'exclusion des femmes, à la mainmise sur les médias, d'après eux, par une «certaine vision politique» sous-entendu, là encore, celle des islamistes.
Leur manifeste, assure les organisateurs, rassemble toute la Libye. Ils admettent toutefois que la plupart des partis qui l'ont signé appartiennent à l'est du pays. Et leur texte traduit la colère de Benghazi. Le berceau de la libération réclame son dû: «Non à la centralisation, à la concentration de tous les ministères dans une seule ville, et à la marginalisation de la ville qui a combattu pour cette révolution». L'un des slogans les plus populaires de la manifestation clamait: «Le premier martyr était de Benghazi!» Le leader du Forum national met les points sur les i: «Nous voulons que la constitution déclare Benghazi capitale économique de la Libye, et que l'on y installe des ministères clés. Sinon, nous ferons entendre notre voix. N'oubliez pas que nous possédons la majorité des réserves de pétrole.»
D'autres villes combattantes, comme Misrata, s'estiment elles aussi sous-représentées. Alors que la guerre n'est pas encore terminée, la lutte pour le pouvoir et l'influence ne fait que commencer. À Benghazi, les manifestants promettent de revenir vendredi prochain.
source : http://www.lefigaro.fr/international/2011/09/09/01003-20110909ARTFIG00678-des-rebelles-de-benghazi-s-estiment-leses-par-le-cnt.php
Malgré la fin de l’ultimatum du Conseil national de transition (CNT) aux soldats pro-Kadhafi, ces derniers ne désarment pas. Ce samedi après-midi, les rebelles libyens qui pensaient avoir repoussé les dernier kadhafistes à l'intérieur de Bani Walid ont été pris par surprise par une contre-offensive à l'arme lourde à 5km de la ville. Quelques minutes avant, le CNT annonçait pourtant avoir sécurisé les environs de Bani Walid.
L'attaque kadhafiste s'est déroulée en milieu d'après midi, quelques minutes à peine après le point presse d'un porte-parole du Conseil national de transition (CNT) à 5 km au nord de Bani Walid. Sur ce dernier check-point les rebelles ont d'abord essuyé des rafales de mitrailleuses lourdes puis ont été pilonné à la roquette par les pro-Kadhafi. Pris par surprise, une partie de ces insurgés se sont alors repliés en toute hâte avec des dizaines de journalistes.
Dans le même temps d'autres tentaient de tenir la position. En ripostant à coup de roquette tandis que les chasseurs de l'Otan sillonnaient le ciel. Pourtant quelques minutes avant au même endroit le CNT affirmait triomphant que les rebelles avaient pénétré dans la périphérie du bastion kadhafiste et tentaient de déloger une centaine de snipers et d'habitants fidèles à l'ancien régime.
Depuis les combats à l'arme lourde se poursuivent autour du bastion qui refuse toujours de se soumettre. Même si les rebelles sont désormais aux portes de Bani Walid, les dernières forces kadhafistes lourdement armées résistent fermement et parviennent encore à semer la panique dans les rangs de l’autre camp.
Avec notre envoyé spécial aux environs de Bani Walid : http://www.rfi.fr/afrique/20110910-contre-offensive-surprise-kadhafistes-pres-bani-walid