Urgent
L'est de la Libye déclare son autonomie et revendique le fédéralisme
Pour Mustapha Abdeljalil, la déclaration d'autonomie de l'Est n'aura "aucune conséquence".
© AFP
Plusieurs chefs de tribus et de milices de l’est de la Libye ont décrété l’autonomie de leur région mardi 6 mars. La "Cyrénaïque", région pétrolière d’où est partie la révolte contre Mouammar Kaddafi, entend prendre sa revanche après avoir été marginalisée pendant des dizaines d’années.
La Libye se dirige-t-elle vers la partition ? C’est en tout cas les craintes soulevées par l’annonce faite par plusieurs chefs de tribus et de milices de l’est de la Libye dans un communiqué conjoint diffusé mardi 6 mars. « La région fait le choix du système fédéral », ont-ils annoncé.
En clair, les dirigeants concernés expliquent qu'ils ont d’ores et déjà doté l'entité territoriale qui court de la frontière égyptienne à la ville de Syrte, d’un chef, d’un nom et d’un Conseil en charge de la gestion des affaires de la région.
« Le Conseil intérimaire de Cyrénaïque a été établi sous la direction de Cheikh Ahmed Zoubaïr el-Senoussi pour gérer les affaires de la région et défendre les droits de ses habitants », précise le communiqué. La Cyréanique, riche en pétrole, veut aujourd’hui prendre sa revanche après avoir été marginalisée pendant 42 ans sous le règne de Mouammar Kaddafi.
Les dirigeants de la région avait auparavant appelé le Conseil national de transition (CNT) à la mise en place d’un système fédéral. « Les Libyens se sont battus pour une Libye unie, si bien que ces demandes n'auront aucune conséquence », avait répondu Moustapha Abdeljalil, le chef du CNT, lundi 5 février. « Nous n'avons pas besoin du fédéralisme et nous ne sommes pas obligés d'adopter un système fédéral. Nous ne voulons pas retourner 50 ans en arrière », avait fustigé pour sa part le Premier ministre Abderrahim el-Kib.
Le CNT, "symbole de l’unité"
La création de cette entité à en tout cas suscité un flot d’enthousiasme parmi les habitants de la région, qui se sont réunis par milliers pour fêter l’évènement. Mais si elle veut plus d'indépendance, la Cyréanique reconnaît toutefois le CNT, un « symbole de l'unité du pays et représentant légitime (de la Libye) aux sommets internationaux », estime le communiqué.
Cousin de l'ancien roi Idriss el-Senoussi renversé par Kaddafi en 1969, le nouveau « dirigeant » Ahmed Zoubaïr est lui-même membre du CNT. Quant à la Cyréanique, elle était autrefois une des trois régions administratives de la Libye, avec la Tripolitaine (l’ouest) et le Fezzane (le sud). Le système fédéral a été supprimé en 1963.
Le CNT, qui a déménagé son siège de Benghazi à Tripoli après la libération du pays, peine à exercer son autorité à travers le pays, et notamment dans l’est, d’où est partie la révolution qui a mené à la chute du « Guide » libyen.
source : jeuneafrique
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Des dirigeants déclarent l'autonomie de la région est
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Le chef du nouveau pouvoir libyen a accusé, mardi 6 mars, certains pays arabes de soutenir la "sédition", faisant référence à l'autonomie proclamée dans la matinée par des chefs de tribus et de milices de l'est de la Libye.
"Des pays arabes frères, malheureusement, financent et parrainent la sédition qui s'est produite dans l'Est pour ne pas être contaminés par la révolution", a affirméMoustapha Abdeljalil, président du Conseil national de transition (CNT) au pouvoir, lors d'une conférence de presse à Tripoli.
Quelques heures plus tôt, des chefs de tribus et de milices de l'Est libyen avaient déclaré l'autonomie de cette région pétrolière, baptisée Cyrénaïque, où est née il y a un an la révolte ayant fait chuter Mouammar Kadhafi.
"La région fait le choix du système fédéral", affirment ces dirigeants dans un communiqué conjoint, malgré le fait que les nouvelles autorités se sont plusieurs fois prononcées contre le fédéralisme. Le communiqué fait également état de l'élection d'Ahmed Zoubaïr à la tête de l'entité, qui s'étend de la frontière égyptienne à Syrte, région natale du colonel Kadhafi. Cousin de l'ancien roi Idriss Al-Sénoussirenversé par Kadhafi en 1969, Ahmed Zoubaïr est lui-même membre du CNT.
Des milliers de personnes ont assisté à cette cérémonie au cours de laquelle a également été nommé un conseil chargé de gérer les affaires de la région, marginalisée durant les quarante-deux années de règne sans partage du colonel Kadhafi. Avant que le système fédéral ne soit supprimé en 1963, la Libye était divisée en trois régions administratives : la Cyrénaïque, la Tripolitaine (ouest) et le Fezzane (sud).
Les trois provinces traditionnelles de Libye.Wikimedia Commons
Le CNT, qui a déménagé son siège de Benghazi à Tripoli après la libération du pays, peine à exercer son autorité à travers toute la Libye. Beaucoup d'anciens rebelles ont ignoré ses appels à se placer sous l'autorité du gouvernement. lemonde.fr
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Libye/autonomie: des pays arabes soutiennent la sédition à l'Est
TRIPOLI - Les autorités de transition en Libye ont accusé mardi, sans les nommer, certains pays arabes de soutenir la sédition, faisant référence à l'autonomie proclamée dans la matinée par des chefs de tribus et de milices de l'est de la Libye.
Des pays arabes frères, malheureusement, financent et parrainent la sédition qui s'est produite dans l'Est pour ne pas être contaminés par la révolution, a affirmé Moustapha Abdeljalil, président du Conseil national de transition (CNT) au pouvoir, lors d'une conférence de presse à Tripoli.
C'est leur crainte de la révolte qui a poussé ces pays frères à accorder leur appui à la sédition, a estimé M. Abdeljalil.
Ce qui arrive aujourd'hui est le début d'une conspiration contre le pays. C'est une question très dangereuse qui menace l'unité nationale, a-t-il dit, mettant en garde contre des conséquences dangereuses pouvant conduire à une Libye divisée et non-démocratique.
La Libye, depuis le début, est une nation avec une capitale, Tripoli, a-t-il ajouté.
Des milliers de personnes ont assisté mardi matin à une cérémonie de proclamation de l'autonomie de la Cyrénaïque (est) au cours de laquelle a également été nommé un Conseil chargé de gérer les affaires de cette région, marginalisée durant les 42 années de règne sans partage du colonel Kadhafi et d'où est partie la révolte il y a un an.
Le Conseil intérimaire de Cyrénaïque a été établi sous la direction de Cheikh Ahmed Zoubaïr al-Sénoussi pour gérer les affaires de la région et défendre les droits de ses habitants, précise le communiqué. Lire la suite
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Libérée de Kadhafi, la Libye s'enfonce dans le chaos
Six mois après la chute de Moammar Kadhafi, le gouvernement de Tripoli s'avère incapable de diriger la Libye, et l'instabilité n'a fait qu'empirer. D'autres pays qui se sont débarrassés de leurs dirigeants dans les révoltes du printemps arabe -l'Egypte, la Tunisie et le Yémen- passent par des périodes de transition difficiles, mais aucun n'a connu un effondrement de l'autorité centrale comme en Libye.
Aujourd'hui, une bonne partie du pouvoir est détenue par les villes, les régions, mais aussi les milices et les tribus.
Après la chute du régime du colonel Kadhafi, les Libyens espéraient que leur pays, qui compte six millions d'habitants, devienne un nouveau Dubaï, avec une population réduite, regorgeant de pétro-dollars et attirant comme un aimant les investissements. Maintenant, ils craignent de connaître une situation similaire à celle de la Somalie, une nation qui n'a pas eu de véritable gouvernement depuis plus de vingt ans.
Si la Libye devrait éviter l'éclatement, elle pourrait en tous cas être condamnée à des années d'instabilité alors qu'elle se remet de quatre décennies de pouvoir de Moammar Khadafi, qui dressait les gens les uns contre les autres, les villes contre les villes, et les tribus contre les tribus. Le ressentiment et l'amertume qu'il a suscités se traduisent aujourd'hui par une anarchie générale.
"Ce que Kadhafi a laissé en Libye depuis 40 ans est un héritage très, très lourd", affirme Mustafa Abdul-Jalil, président du Conseil national de transition (CNT) qui, en théorie, dirige la Libye, mais qui en fait ne parvient même pas à contrôler la capitale, Tripoli. "C'est dur de surmonter ça en un an ou deux, ou même en cinq ans".
Partout, on peut voir des signes de la faiblesse du gouvernement. Tripoli reste sous le contrôle d'ex-révolutionnaires devenus miliciens, qui ont décliné les offres visant à les intégrer dans une armée nationale.
Koufra, situé dans une zone désertique du sud-est du pays, est le théâtre de violents combats entre deux tribus rivales, l'une arabe et l'autre africaine, qui ont fait plusieurs dizaines de morts en deux semaines le mois dernier.
Misrata, la troisième ville du pays, à seulement deux heures de route de la capitale, est gouvernée de manière autonome, avec des milices ignorant les demandes du gouvernement et n'hésitant pas à avoir recours à des méthodes brutales pour se venger de quiconque suspecté d'avoir soutenu le colonel Kadhafi.
Dans un garage de Misrata transformé en prison par des miliciens, un détenu, Abdelkader Abdel-Nabi, a les doigts coupés. Il affirme que des miliciens lui ont fouetté la main avec une cravache jusqu'à ce que ses doigts soient tranchés.
"Ensuite, ils m'ont jeté du haut des escaliers alors que j'avais la main en sang", raconte-t-il. Ceux qui l'interrogeaient voulaient qu'il avoue avoir collaboré avec les forces de Kadhafi pendant la guerre civile, l'an dernier, et contribué aux meurtres de combattants insurgés.
Quelque 800 autres détenus sont incarcérés dans cet endroit, que l'Associated Press a été autorisée à visiter. Les prisonniers sont accusés d'être impliqués dans des tueries, tortures, viols et autres crimes commis sous l'ère Kadhafi. Actuellement, il n'y a pas de tribunal capable de les juger, alors les détenus sont totalement à la merci des miliciens.
Des médecins travaillant dans un dispensaire mis sur pied dans le garage disent avoir soigné plusieurs dizaines de détenus torturés pendant des interrogatoires. Un médecin s'exprimant sous couvert d'anonymat affirme qu'il a vu neuf prisonniers dont les organes génitaux ont été coupés, alors que d'autres ont reçu des décharges électriques.
Ces violences et cette anarchie témoignent de la faiblesse du CNT, constitué de représentants venus de toute la Libye. Le CNT est censé superviser la transition vers la démocratie après la chute de Kadhafi, notamment l'organisation d'élections prévues pour le mois de juin. Mais l'instance est elle-même minée par les divisions, alors que du côté de Benghazi (est), certains dirigeants sont tentés par la création d'une "union fédérale" qui leur donnerait une grande autonomie.
Quant à Mustafa Abdul-Jalil, le président du CNT, beaucoup lui reprochent son manque d'autorité. Il reconnaît avoir commis des erreurs. "Mais la raison, c'est la démocratie (...) Pour chaque décision, je dois avoir le vote" des 72 membres du CNT, assure-t-il.
source tempsreel.nouvelobs
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Moustapha Abdeljalil réélu à la tête du Conseil National de Transition
Le dirigeant libyen Moustapha Abdeljalil a été réelu lundi à la tête du Conseil national de transition (CNT) qui a désigné deux vice-présidents, ont indiqué à l'AFP des membres de cette instance.
«Durant la session de ce lundi, nous avons réelu Moustapha Abdeljalil à la tête du CNT et désigné Moustapha al-Huna comme premier vice-président et Salim Ganan comme second vice-président», a précisé Moustapha Landy, membre du CNT. Selon lui, le gouvernement intérimaire va poursuivre sa tâche jusqu'à l'élection d'une assemblée constituante, en juin.
Créé le 27 février dans les jours qui ont suivi le début de la révolte contre le régime libyen, le CNT avait dirigé la rébellion jusqu'à la chute en août du colonel Mouammar Kadhafi.
source 20minutes
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Un an après, le point de vue des ``experts``
Un an après le soulèvement populaire qui a permis de renverser l’ancien dictateur, le gouvernement transitoire de la Libye n’a pas encore réussi à offrir un leadership cohérent et à exercer un véritable contrôle de l’État, selon les analystes.
La lutte de pouvoir qui oppose des centaines de milices menace la transition de la Libye vers un État démocratique sécuritaire. En l’absence d’institutions nationales, les rebelles qui ont contribué à renverser l’ancien leader Mouammar Kadhafi gèrent maintenant tous les établissements, des centres de détention aux hôpitaux, mais ils se sont également engagés dans des affrontements meurtriers et font l’objet d’accusations de violations des droits de l’homme.
Augmentation des violences entre les milices
On a rapporté, au cours des dernières semaines, une augmentation de la violence entre les milices ; l’assassinat d’un membre de l’ancien régime ; et des affrontements tribaux meurtriers dans le sud du pays. Les attaques de représailles menées contre l’ensemble de la communauté tawergha auraient, selon certaines informations, été répétées contre d’autres accusés d’avoir combattu aux côtés du colonel Kadhafi pendant la guerre.
Si le gouvernement de transition ne parvient pas à ramener la stabilité dans les institutions de l’État au cours des prochains mois, les observateurs craignent que l’élection nationale, qui doit se tenir en juin 2012, n’entraîne une nouvelle escalade du conflit.
Amnesty International
Dans un rapport publié le 16 février , Amnesty International accuse le Conseil national de transition (CNT) de manquer à la fois de l’autorité et de la volonté politique nécessaires pour mater les milices, que l’organisation décrit comme « hors de contrôle ». Selon le rapport, les milices commettent des violations généralisées des droits de l’homme, notamment en torturant certains détenus, parfois jusqu’à la mort, pendant les interrogatoires. Des détenus ont dit à Amnesty qu’ils avaient avoué des viols et des meurtres qu’ils n’avaient pas commis pour faire cesser la torture. Le rapport d’Amnesty indique par ailleurs que les milices jouissent d’une « impunité totale » et que les autorités n’ont « rien » fait pour enquêter sur les crimes de guerre et engager des poursuites.
Médecins Sans Frontières
Médecins Sans Frontières (MSF) a suspendu ses opérations médicales dans la ville côtière de Misrata à la fin janvier. L’organisation a indiqué qu’elle traitait de plus en plus de patients qui avaient été torturés lors d’interrogatoires. Les milices demandaient à MSF de soigner les détenus pour qu’elles puissent les interroger et les torturer à nouveau, une pratique qualifiée d’« inacceptable » par les responsables de MSF.
Nations Unies
À la fin novembre, le rapport du Secrétaire général des Nations Unies au Conseil de sécurité sur la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL) a abordé le problème de la discrimination contre les ressortissants d’États tiers et cité des cas d’individus ayant été ciblés à cause de la couleur de leur peau. La rapport indique par ailleurs que les milices auraient placé des enfants en détention avec des adultes et des femmes sous la supervision d’hommes et qu’elles auraient contraint des membres de la minorité ethnique tawergha, qui ont été nombreux à se battre aux côtés de Kadhafi pendant la guerre, à quitter leur foyer pour les battre ou les exécuter en détention.
International Crisis Group
Les milices sont désormais bien établies ; elles sont bien organisées et ont mis en place leurs propres procédures pour l’enregistrement des membres et des armes, a indiqué l’International Crisis Group (ICG) en décembre, dans son plus récent rapport sur la Libye. Leurs membres sont cependant unis par une quête de pouvoir et de sécurité territoriale plutôt que par un véritable agenda politique. « Les milices imitent l’organisation de l’armée… Elles émettent des mandats, arrêtent et détiennent des suspects… ce qui a parfois des conséquences graves pour les communautés qui font l’objet de discrimination et de sanctions collectives ». Si les inégalités géographiques, les jeux de pouvoir et la fragmentation des chaînes de commandement ont entraîné des affrontements armés entre les différentes milices et affecté la capacité du pays à se développer, les milices ne devraient pas, néanmoins, être contraintes de rendre les armes avant que leurs intérêts ne soient considérés et leurs craintes sécuritaires, apaisées, indique le rapport de l’ICG. « Si la reconstruction de la Libye exige qu’on décide de leur sort [des milices], la précipitation serait tout aussi dangereuse que l’apathie dans ce domaine. »
Institut pour l’analyse militaire du Moyen-Orient et du Golfe
Un désarmement trop rapide ou trop brutal pourrait avoir un effet contraire à celui qui est attendu et provoquer un mouvement de résistance, a reconnu l’Institut pour l’analyse militaire du Moyen-Orient et du Golfe (INEGMA) en novembre 2011. « Certaines personnes évaluent à près de 50 pour cent les risques d’un nouveau conflit. » Ash Rossiter, chargé de recherche à l’INEGMA, estime que le CNT devrait, pour l’éviter, prendre tous les moyens nécessaires pour renforcer sa propre légitimité et mettre progressivement en place une force de sécurité nationale.
En l’absence de contrôle, les violences commises par les milices pourraient replonger le pays dans la guerre civile, a mis en garde Moustafa Abdel Jalil, le président du CNT, en janvier.
Centre d’innovation pour la gouvernance du secteur sécuritaire
Les ministères de la Défense et de l’Intérieur devront renforcer leurs capacités de manière significative pour parvenir à transformer ces groupes disparates en une armée nationale et une force de police, a écrit, début février, Bob Perito, directeur du Centre d’innovation pour la gouvernance du secteur sécuritaire (Security Sector Governance Center of Innovation) de l’Institut américain pour la paix (USIP), après avoir rencontré des responsables de la police, de l’armée et du gouvernement en Libye.
‘Institut de développement d’outre-mer
Alina Menocal, chercheuse pour le programme « politiques et gouvernance » de l’Institut de développement d’outre-mer (Overseas Development Institute, ODI), a dit que la transition vers une nouvelle Libye exigerait plus que l’abolition pure et simple des milices. Elle a souligné la nécessité d’engager un dialogue sur la façon de parvenir à un consensus politique qui permettrait aux miliciens de se sentir suffisamment en sécurité pour renoncer à leurs armes et au pouvoir. « Un règlement politique de base fait défaut », a-t-elle écrit dans un billet publié le 2 février sur un blogue de l’ODI.
ICG
Selon le directeur adjoint du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord de l’ICG Joost Hiltermann, qui a participé à un débat public sur la Libye organisé par l’ODI à la fin janvier, le pays est confronté à un cercle vicieux. Le vide sécuritaire qui règne ralentit les efforts pour renforcer l’État de droit, car les citoyens se tournent vers les milices et les seigneurs de guerre pour les défendre. « Les milices régionales resteront donc en place dans l’ensemble du pays et il n’y aura aucune possibilité de démobilisation tant qu’un gouvernement légitime ne sera pas élu. »
Département de développement et de reconstruction post-conflit de l’université d’York
Les élections en Libye seront « difficiles à organiser » dans les délais serrés qui ont été convenus, selon Sean Delly, directeur adjoint du département de développement et de reconstruction post-conflit (Post-war Reconstruction and Development Unit, PRDU) de l’université d’York et ancien conseiller principal pour le relèvement auprès du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), qui a également participé à l’événement.
Brookings Institution
En décembre 2011, Ibrahim Sharqieh, spécialiste de la politique étrangère auprès de la Brookings Institution et directeur adjoint du Centre Brookings de Doha, a insisté sur le fait que la victoire ne devait pas être confondue avec la légitimité dans la Libye post-révolutionnaire. D’après cet expert en résolution des conflits dans le monde arabe, les rebelles devront, en l’absence d’une idée fédératrice comme la lutte contre le régime de Kadhafi, apprendre à travailler ensemble pour atteindre des objectifs nationaux. Ce n’est qu’à cette condition que nous pourrons espérer la fin des violences. L’appropriation [du processus démocratique], la légitimité, l’inclusion, la réconciliation et la mise à profit du tribalisme et des compétences des rebelles sont essentielles pour aller de l’avant, a-t-il dit. « La reconstruction de la Libye bénéficiera certainement de la diversité des expériences des rebelles, car le processus lui-même comporte de multiples facettes. »
Université allemande de Bayreuth
Selon Thomas Hüsken, de l’université allemande de Bayreuth, toute mesure destinée à assurer la stabilité devra prendre en compte la culture politique tribale de la Libye, car les milices sont souvent étroitement liées aux tribus. Elles ont par ailleurs permis aux leaders tribaux d’acquérir du pouvoir et d’exercer une profonde influence sur le CNT et l’ordre actuel, a-t-il écrit dans un article publié en janvier par le Centre libyen d’études et de recherche (Libyan Centre for Studies and Research). Or, la structure tribale n’est pas compatible avec les modèles occidentaux de démocratie et sa relation avec les jeunes et la société civile urbaine est « hautement problématique », a-t-il dit. « Au cours des derniers mois, des hommes politiques tribaux n’ont pas hésité à exclure les groupes progressistes, les jeunes citadins éduqués et, en particulier, les femmes de la sphère politique afin d’acquérir davantage de pouvoir. » Cette tendance risque de continuer à se manifester pendant la période de transition.
Institut américain pour la paix
Les divisions qui règnent entre les milices et le gouvernement et entre la structure tribale et les éléments de la société civile ne sont que deux éléments parmi de nombreux autres. Si les Libyens se sont approprié leur révolution, la complexité de ce processus d’appropriation pourrait affaiblir le sentiment d’unité que la révolution a permis de développer, a indiqué l’Institut américain pour la paix (USIP) dans un rapport spécial publié en janvier 2012. Les divisions entre le mouvement de la jeunesse et le CNT ; entre les Libyens qui sont restés et ceux de la diaspora ; entre les groupes laïques et religieux ; entre les tribus et les groupes ethniques ; et, bien entendu, entre les différentes milices ont alimenté les tensions existantes et pourraient atteindre un point de non-retour si on ne parvient pas à les désamorcer. « La nature changeante des allégeances entre les groupes rebelles » risque de compliquer encore plus le retour à la normalité, indique le rapport.
Fondation Jamestow
Dans une série de deux articles publiée en février, la Fondation Jamestown a dit que l’instabilité en Libye avait dépassé les frontières et qu’elle avait entraîné des problèmes sécuritaires en Afrique du Nord et de l’Ouest. La disponibilité des armes pillées en Libye a encouragé une rébellion touarègue au Mali et pourrait faciliter la création de nouveaux groupes armés en Afrique de l’Ouest, a indiqué le groupe de réflexion. « Le soutien inapproprié accordé par l’Occident à une rébellion libyenne spontanée qui n’avait ni idéologie, ni objectifs communs, ni réelle organisation a donné lieu à la réalité actuelle. »
La Fondation Jamestown a également souligné que des appels au renversement du CNT avaient été publiés sur les médias sociaux. On accuse en effet le CNT d’ouvrer pour le « retour de la dictature de Kadhafi ». Ses responsables ont reçu des insultes et fait l’objet de violentes attaques de la part de manifestants ou de milices armées. « La capacité [du CNT] à envisager ou à promouvoir la conciliation semble diminuer plutôt qu’augmenter », indique l’auteur des articles.
source surlefeu