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20 mars 2012 2 20 /03 /mars /2012 04:18

L'indépendance tunisienne est-elle menacée?

Plus d'un an après sa révolution, la Tunisie fête l'anniversaire de son indépendance. L'occasion de faire le point sur l'influence du Qatar et les rumeurs d'interventionnisme dans la reconstruction tunisienne.

"Non à l'Amérique, non au Qatar, peuple tunisien peuple libre". Manifestation à Tunis, 14 janvier 2012. REUTERS/Zoubeir Souissi

C'est dans un climat toujours plus tendu, marqué par desaffrontementsscandales, manifestations et une absence deperspectives économiques, et ce, au seuil de la saison touristique, que la Tunisie fête, le 20 mars 2012, le 56e anniversaire de son indépendance. Un jour férié pour les Tunisiens qui sous l'ancien régime se résumait à un énième ressort de propagande distillé à coup d'affiches et de messages radios et vidéos.

Outre les éloges à sa propre gloire, le dictateur déchu, Zine el-Abidine Ben Ali, établissait en son temps les conditions d'une République tunisienne indépendante:

«Nul ne peut affirmer son identité ni préserver sa dignité, dans le contexte d'une dépendance économique qui porterait atteinte à l'indépendance du pouvoir national de décision», précisait l'ex-président lors d'une cérémonie commémorative le 20 mars 2009.

En dehors d'avoir sciemment confondu l'indépendance économique nationale et l'enrichissement personnel, cette déclaration du dictateur, toujours et à «jamais» exilé à Jeddah en Arabie saoudite, n'était pourtant pas dépourvue de bon sens. La commémoration du 20 mars 1956, date de la libération des Tunisiens sous la colonisation française, est l'occasion, cinquante-six ans après, de faire le point sur leurs libertés, qu'elles soient économique, politique, médiatique ou même spirituelle.

Le chemin de l'indépendance

A ce jour, renforcée par les récentes bourdes diplomatiques, la question de la colonisation française en Tunisie est en partie réglée. Son influence n'est plus qu'un souvenir fait de résidus culturels et linguistiques. Même si les relations économiques ont perduré entre les deux pays, les décisions politiques nationales sont restées pendant plus de cinquante ans dans les mains du pouvoir tunisien. Au prix du sang et de milliers de victimes, le peuple tunisien avait fait le choix de s'émanciper et de participer au grand mouvement de décolonisation de l'Afrique. Cette libération a permis à ce pays de se doter d'une administration, inexistante jusqu'alors, ainsi que d'un système éducatif que beaucoup envient, aujourd'hui:

«Le problème de l'indépendance avec la France est résolu depuis longtemps. Les restes sont plutôt positifs, comme le système éducatif. Les tentatives de pointer la langue française ou l'influence culturelle française répond d'une science politique appelée "mobilisation" et qui consiste à chercher des problèmes identitaires qui trouvent échos chez les populations moyennes ou pauvres pour dévier les regards des urgences économiques ou sociales», confiait à Slate Afrique le directeur du Centre arabe de recherches et d'analyses politiques et sociales (Caraps), Riadh Sidaoui.

Pour mémoire, l'épisode de l'indépendance tunisienne s'est déroulé dans la résistance et les pertes civiles. C'est en 1920, suite à la création du parti Destour (constitution en arabe), que le thème de l'indépendance apparaît pour la première fois. Suite à l'assassinat de Farhat Hached, grande figure de l'Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT) en 1952, les nationalistes tunisiens suivent l'exemple de leurs voisins algériens, ils se réfugient dans les montagnes et lancent des opérations de guérilla contre les colons français. Le 1er juin 1954, après dix années d'enfermement et d'assignation à résidence, Habib Bourguiba (1903-2000) l'un des fondateurs du parti Destour et de son extension, le parti néo-Destour, fait son retour triomphal à Tunis.

El-Moujahid El-Akbar, «le combattant suprême», souhaite diminuer l'influence islamique afin que tous les Tunisiens qu'elle que fût leur religion puissent accéder à l'égalité juridique, suscitant ainsi les ressentiments de l'aile dure des musulmans. En juillet 1954, Pierre Mendès France se rend à Carthage pour promettre l'autonomie interne. Le 20 mars 1956, la France reconnaît l'indépendance tunisienne. L'Assemblée constituante alors dominée par les néo-destouriens proclame la République tunisienne. Bourguiba devient chef du gouvernement et les premières réformes sont d'inspiration occidentale: enseignement obligatoire, égalité des sexes devant la loi, nouvelle législation économique et sociale. Dans la foulée, le 13 août 1956, sur les bases d'une politique moderniste d'influence occidentale, le fameux Code du statut personnel (CSP), le premier du genre dans la région, est définitivement adopté. 

«L’indépendance n’est pas un but: c’est un commencement. C’est un premier pas qui nous a permis de prendre conscience de nos devoirs envers nous-mêmes et envers l’humanité»déclarait le président Bourguiba à Tunis le 20 mars 1957.

Par la suite, au prix de grèves et d'émeutes sévèrement réprimées sous les gouvernements de Bourguiba et de Ben Ali, la Tunisie s'est emparée de son histoire en s'éloignant de l'emprise coloniale. Particulièrement fiable et solide, son administration a bel et bien résisté au dernier souffle révolutionnaire qui a fait suite à la chute de l'ex-dictateur et à la fin du régime autocratique.

La Tunisie en a-t-elle fini avec le protectorat?

Pourtant, plus d'un an après les premiers soulèvements populaires de décembre 2010, dans un contexte économique particulièrement fragile, nombre de Tunisiens s'inquiètent de voir telle ou telle puissance extérieure, le Qatar en tête de file, s'immiscer dans les affaires du pays à coups de promesses d'investissements et de nominations politiques controversées.

«En ce moment, nous avons un genou à terre. Et dans ce contexte de fragilité, toute intention étrangère doit être rigoureusement surveillée. De part son emplacement géographique stratégique, sa culture ouverte et ses relations relativement saines avec l'Occident, la Tunisie est en proie aux instrumentalisations de grande envergure», confiait une universitaire tunisoise.

Dans les cafés, les universités ou sur les réseaux sociaux, on ne compte plus les appels à la résistance face à l'hypothèse d'un complot impliquant l'émirat mais aussi et en toile de fond, l'influence américaine, considérée comme «grotesque» par certains éditorialistes.

Il faut dire que la présence de l'émir du Qatar, Hamad Ben Khalifa Al Thani, lors du premier anniversaire de la révolution, le 14 janvier 2012, avait fini d'alimenter les rumeurs. A plus d'un titre, les Tunisiens sont devenus peu à peu «allergiques» à la prononciation récurrente du mot «Qatar» après leur révolution. L'implication médiatique et militaire de l'émirat dans les révoltes successives des pays arabes leur semblait déjà suspecte, mais en accompagnant d'aussi près le processus de transition, les dirigeants qatari ont suscité l'inquiétude des Tunisiens.

Le parti Ennahdha majoritaire au sein de l'Assemblée constituante n'avait pourtant jamais cachéses bonnes relations avec le Qatar. Même si le financement par l'émirat de la campagne n'est pas avéré, les premiers déplacements des dirigeants élus ont été en faveur des dirigeants qataris.

A la suite des élections démocratiques d'octobre 2011, cette influence s'est concrétisée par l'obtention de postes gouvernementaux stratégiques, tels que le ministère des Affaires étrangères, revenu à Rafik Abdessalem, ancien chef du département de recherche au centre d'études de lachaîne satellitaire qatarie Al-Jazeera. Et, à ce jour, plusieurs accords et mémorandums d'entente économique ont été signés début janvier entre le Qatar et la Tunisie. Les élus tunisiens ont bien réorienté les intérêts nationaux en se détournant en partie de l'Europe au profit de leurs «frères arabes», selon les termes employés par l'actuel ministre des Affaires étrangères.

Cependant, en dehors des relations de plus en plus étroites entre les deux pays, on peut s'interroger sur l'éventuelle menace d'un prochain «protectorat qatari» qui, à plus d'un titre, ne semble pas résister à l'analyse dans le cas de la Tunisie.

Pas de «protectorat», mais un «lobby qatari»

Forte de son passé de peuple colonisé, de son apprentissage de la contestation et de la démocratie, de ses multiples influences identitaires et culturelles, la Tunisie semble plus à même de contrer toute nouvelle tentative d'ingérence politique ou d'hégémonie culturelle. Considéré comme l'un des carrefours du monde, le pays ne peut à nouveau s'enfermer dans un seul et même modèle:

«La mise en place d'un autre “protectorat” est impossible, le pays est traversé de trop de courants culturels, religieux, et maintenant politiques. Mais le problème qui se pose pour les Tunisiens c'est que ces pays du Golfe ne sont pas des démocraties, mais bien des dictatures.Ce sont des pays aux moyens de propagande très forts. Il n'y a pas moins de 150 chaînes islamistes. Des chaînes de télévision londoniennes financées par le Qatar.

Le problème identitaire ne devrait pas se poser en Tunisie, c'est un problème artificiel, importé des dictatures, avec des traditions et des coutumes propres à des régions retardées en matière de droits de l'homme. Ces pays ne sont pas des modèles, ils ont beaucoup investi afin de façonner à leur guise leur société traditionnelle», estime Riadh Sadoui, également rédacteur en chef du site webTaqadoumiya.

Face à ce que certains nomment, à tort ou à raison, le nouveau «protectorat qatari», le politologue préfère quant à lui évoquer un «lobby qatari»:

«Il faut avoir en tête que le parti Ennahdha emmené par son leader, Rached Ghannouchi, a trouvé sa légitimité via la chaîne Al-Jazeera. Tout comme l'actuel président provisoire, Moncef Marzouki», poursuit l'analyste.

Suite à une présentation en 2006 sur la chaîne qatari de l'opposant à Ben Ali, Moncef Marzouki, l'ex-président avait en effet, en guise de protestation, rappelé son ambassadeur à Doha.

Le Qatar, colosse aux pieds d'argile

Pour Riadh Sidaoui, le Qatar n'est pas «une grande puissance, ni militaire, ni politique, ni même économique» contrairement aux idées reçues. Comme l'Arabie saoudite en son temps, le Qatar ne fait que «payer aujourd'hui les factures de la stratégie américaine», celle du «pouvoir local»:

«Au lieu de contrer les islamistes en épousant les positions de dirigeants ayant perdu toute légitimité auprès de la population, on a décidé de composer avec eux. LesFrères musulmans ont exactement le même modèle économique (l'économie de marché, ndlr) que les Etats-unis», expliquait le politologue.

Le Qatar n'aurait donc pas de stratégie définitive, mais seulement la force de ses liquidités, mises au service d'un potentiel regroupement du monde arabo-musulman. Des moyens par ailleurs devenus cruciaux à l'heure du protectionnisme occidental. Concernant d'ailleurs la France, le sujet est peut-être plus inquiétant qu'en Tunisie. Les multiples acquisitions de l'émirat dans l'Hexagone, sont devenues pour certains observateurs des plus préoccupantes.

Du côté tunisien, les investissements ne sont pas encore effectifs et restent soumis à certainesconditions de taux d'emprunt, à ce jour, toujours en débat. De même, le Qatar n'intervient pas dans les décisions politiques nationales et n'ordonne pas à l'armée tunisienne, toujours présentée comme le rempart indépendant aux menaces intérieures et extérieures.

Le «Dégage» fortement ancré dans les têtes

Enfin, la vigilance des nouveaux médias de plus en plus nombreux, alliée au sentiment de liberté renforcé au sortir de la dictature, a développé chez les Tunisiens l'assurance d'avoir un peu plus en mains leur destin:

«Moi je ne veux pas que la Tunisie deviennent un pays salafiste ou wahhabiste. Oui pour un partenariat, mais sans obligations de s'habiller ou de penser. A l'inverse, le Qatar pourrait aussi se nourrir de notre culture, une forme d'échange», souhaite Myriam, 28 ans, Sfaxienne et commerciale.

A les interroger, les Tunisiens ne comptent plus se laisser abuser ou instrumentaliser et se tiennent régulièrement informés des derniers choix politiques:

«Si l'influence qatarie se fait trop forte, on redescendra dans les rues. Le Dégage est encore fortement ancré dans nos têtes. On ne se laissera pas faire, quel que soit l'adversaire. Mais en ce moment, vu la situation économique, le tourisme, tout est bon à prendre. Mais pas à n'importe quel prix», conclut Mohammed, trentenaire et informaticien.

Récemment, les élections universitaires et la large victoire de l'Union générale des étudiants tunisiens (UGET) ont renforcé le sentiment démocratique et la pluralité des voix dans le pays. Comme pour l'ensemble de la société, c'est, peut-être, en composant avec ces nouveaux partenariats étrangers, et sans se laisser envahir, que les Tunisiens se réapproprieront leur identité dont ils ont trop longtemps été privés.

Mehdi Farhat

source slateafrique

 

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Rafik Abdessalem: Le manque de diplomatie de Monsieur gendre

 

Le ministre tunisien des Affaires étrangères Rafik Abdessalem continue de défrayer la chronique et multiplie les couacs. 
Son manque de connaissances des rouages diplomatiques, mais aussi du langage et de la retenue que doit avoir tout diplomate en chef, suscite moult interrogations. Au manque d’expertise et d’expérience dans son domaine, s’ajoute un manque terrible de connaissances de l’Histoire et de la géographie de son pays. 

Quand son nom a commencé à circuler lors de la composition du gouvernement, les observateurs politiques et éditorialistes ont crié au scandale. Il est inconcevable de nommer le gendre de Rached Ghannouchi à la tête de la diplomatie tunisienne. 
L’opposition, quasiment unanime, ne voulait pas de népotisme familial, mais n’avait pas de réels arguments supplémentaires pour justifier son refus à part le fait que Rafik Abdessalem était un haut cadre de la galaxie de la chaîne qatarie Al Jazeera. 

Le refus de cette nomination n’a pas touché que l’opposition. Au sein même d’Ennahdha, on était sceptiques. Selon certaines indiscrétions, très bien informées et très crédibles, pas moins de huit hauts cadres du parti islamiste ont manifesté ce refus. Et toujours selon ces indiscrétions, ces huit hauts cadres ont été «convoqués» un à un par Rached Ghannouchi pour des réunions en tête-à-tête au bout desquelles ils ont changé d’avis ou, plutôt, ont acquiescé du bout des lèvres. 

Il faut dire que logiquement, pour qu’une personne d’aussi proche parenté soit nommée à un poste de cette envergure, il faut vraiment démontrer qu’elle est la meilleure possible à ce poste dans tout le pays, et de ce fait, sa nomination s’imposerait à tous. Ce qui est loin d’être le cas.
Chez Ennahdha, on a une qualité de taille: le linge sale se lave en famille et la discipline est de mise. L’affaire n’a donc pas fait de bruit et n’a jamais été médiatisée. Le mot d’ordre est donné: il faut soutenir Rafik Abdessalem et ne jamais le présenter comme étant le Monsieur gendre, mais plutôt comme la compétence unique capable de diriger la diplomatie du pays. 

Autre argument du parti islamiste : le monsieur a dû, lui aussi, subir les affres du régime Ben Ali en sa qualité de gendre et de militant fort actif d’Ennahdha et ne peut donc pas être sanctionné pour ce lien familial dont il a subi les conséquences lors des années de braise. 
On omettra de rappeler, bien entendu, que le bonhomme a quasiment toujours vécu à l’étranger et on ne voit vraiment pas de quelles affres parle-t-on. Entre le militantisme et les années de prison subies par les Jebali, Dilou, Ben Salem ou Ellouze, il n’y a absolument aucune comparaison. 

Rafik Abdessalem est une compétence ? Va pour ça et on ne demande qu’à voir. 

Trois mois plus tard, on a vu ce qu’on a vu et entendu ce qu’on a entendu. 
Il s’avère que le ministre des Affaires étrangères ne maîtrise pas vraiment la langue française, deuxième langue du pays et première langue des affaires en Tunisie. Surtout, c’est la première langue de la diplomatie et la langue du premier partenaire économique. Diplomatiquement parlant, le signal est des plus mauvais. «Ce n’est pas une tare, diront ses défenseurs, Rafik Abdessalem maîtrise parfaitement l’anglais, première langue des affaires dans le monde et la Tunisie est un pays arabe, les Français doivent comprendre cela une fois pour toutes». Allez expliquer que la France a, certes, besoin de la Tunisie, mais que la Tunisie, économiquement parlant, ne peut en aucun cas se passer de la France. Et à ce titre, elle gagnerait à s’abstenir de lui envoyer un tel message improductif au meilleur des cas, inamical au pire.

Le personnel du ministère des Affaires étrangères a été parmi les tout premiers à s’apercevoir des «limites» de leur nouveau ministre et les tensions se sont ressenties dès les premiers jours.
A l’origine de cette tension, «une méconnaissance par M. Abdessalem des dispositions administratives régissant l’action du ministère», écrivait Le Maghreb le 29 janvier. A titre d’exemple, «il se met en colère à chaque fois qu’on lui dit qu’il n’est pas possible de prendre en charge les frais de mission d’une personne ne faisant pas partie du personnel du département».

Sans oublier que le ministre n’a pas reçu, jusqu’à présent, une délégation des employés qui lui ont demandé une audience les poussant à annoncer un préavis de grève. 
Trois mois plus tard, les esprits ne se sont pas vraiment calmés et on se plaint, dans les couloirs du ministère, des frais de missions onéreuses du ministre et de son manque de tact et de diplomatie dans la gestion des affaires. 

Quelques semaines plus tard, la polémique a été déclenchée avec son annonce spectaculaire de renvoyer l’ambassadeur de Syrie en Tunisie. Un ambassadeur qui a déjà quitté le pays depuis des mois déjà. Pour se défendre, l’entourage de Rafik Abdessalem a rappelé que ce renvoi a été précédé par plusieurs avertissements (que la majorité des observateurs a oubliés) et qu’il fallait envoyer un signal fort. Peut-être, mais on aurait pu dire, par souci de précision et afin d’éviter toute tromperie, que l’on a renvoyé le chargé d’affaire faisant office d’ambassadeur. En matière de diplomatie, chaque mot doit être pesé lourdement avant d’être prononcé. 

Fin février, le ministre provoque la colère des Amazighs suite à ses déclarations lors du congrès ministériel des pays du Maghreb. Il a, en effet, émis une objection à la proposition de son homologue marocain, Saâd Eddine El Othmani, qui a appelé à changer la dénomination du «Maghreb Arabe» pour «l’Union Maghrébine», en référence à la grande variété de civilisations, de cultures, de populations et de langues réunie dans les pays du Maghreb.
Selon le chef de la diplomatie tunisienne, cette objection serait justifiée par la dimension culturelle, civilisationnelle mais aussi géographique que comporte le terme «arabe». Une appellation qui, selon lui, réunit les pays du Maghreb, constituant «la partie occidentale du monde arabe».
L’observatoire amazigh des droits et des libertés a publié un communiqué dans lequel il regrette la ségrégation dont découle le refus de la proposition marocaine et qualifie les déclarations de Rafik Abdessalem d’«aberrantes», en référence à l’argument géographique émis par le ministre. 

M. Abdessalem ne manquera pas de défrayer la chronique en réalisant une première dans la diplomatie internationale. Dans une interview sur Al Jazeera, le ministre osera critiquer sévèrement les médias tunisiens qu’il juge partiaux et il ne manquera que de dire, malhonnêtes. Le linge sale d’Ennahdha a beau se laver en famille, celui des médias tunisiens se lave en public et sur une chaîne internationale loin, très loin, d’être impartiale. Le hic, c’est que le ministre comprend parfaitement la partialité des médias qataris (ou britanniques) en parfaite cohésion avec leur propre ligne éditoriale, mais feint de ne pas comprendre la partialité des médias tunisiens. 
Sa même remarque sur les médias, il la formulera devant l’Assemblée nationale constituante dans une posture similaire à celle d’un orateur lambda dans une conférence d’une association de quartier. Ses coudes collés au pupitre, l’autosatisfaction de son propre travail et du travail gouvernemental (le meilleur gouvernement de tous les temps dira-t-il) en disent long sur le manque de tenue et de retenue que doit observer tout diplomate. 
On taira au passage la fameuse histoire du vrai faux complot contre le gouvernement puisque c’est par son biais que la «réunion» des diplomates étrangers à Tunis a été ébruitée. 

La dernière prouesse du ministre nous viendra de cette conférence-débat tenue fin février à Doha. Encore une fois, il ne se retiendra pas de dénigrer ses compatriotes en public et dans un pays étranger. L’opposition? Des 0,00%. 
Il sera la risée de tout le monde en indiquant que les côtes tunisiennes ne s’étalent que sur 500 kilomètres. Un élève de la 6ème année primaire ne s’y tromperait pas et aurait été sévèrement sanctionné par son instituteur suite à une telle erreur. 

Mais la sanction tombera sur notre collègue Mohamed Ammar, journaliste résidant au Qatar, qui a eu le «culot» de corriger le ministre en public. Il sera privé d’interview, na!
La haute compétence dont a parlé Rached Ghannouchi, suivi comme des soldats disciplinés par les différents responsables d’Ennahdha, a clairement montré ses limites. 


La Tunisie et sa révolution jouissent d’une excellente aura à l’international, a dit à maintes reprises le M. Abdessalem. Toute la difficulté réside dans l’habilité à garder cette belle image et ce n’est certainement pas avec un ministre qui dénigre ses critiques en Tunisie et à l’étranger et ne maîtrise ni ses dossiers, ni l’histoire et la géographie de son pays, que cette belle image pourra être préservée. 


«Les diplomates trahissent tout excepté leurs émotions», disait Victor Hugo. Monsieur gendre n’a même pas été capable de cela. Dommage! 

source businessnews

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20 mars 2012 2 20 /03 /mars /2012 03:25

Communiqué 

 

« Le 20 mars, fête de l’Indépendance, commémore les luttes de générations de Tunisiens pour la libération de la Tunisie du joug de la domination coloniale, l’émancipation du peuple tunisien et la construction d’un Etat moderne.

Le 20 mars célèbre l’aboutissement des mouvements réformistes et progressistes que la Tunisie a engendrés à travers les siècles.

Le 20 mars célèbre l’Histoire de la Tunisie avec ses heures de gloires et ses travers, tout ce qui a fait notre identité tunisienne et dont nous avons toutes les raisons d’être fiers.

Cette identité qui s’est nourrie de millénaires d’histoires, enracinée dans son arabité et dans son islamité, singulière par ses spécificités et ouverte aux cultures du monde, au progrès et à la modernité.


Le 20 mars 2012 nous célébrons le passé et traçons le futur, pour une Tunisie Tolérante, une Tunisie Libre, une Tunisie Plurielle…


Aux côtés des différentes composantes de la société civile, Kolna Tounes appelle à un grand rassemblement le 20 mars 2012 à partir de 11h à l’avenue Habib Bourguiba à Tunis pour réitérer notre attachement au caractère civil de l’État, aux valeurs républicaines, à la Démocratie, aux Libertés et à l’Égalité.

Kolna Tounes appelle tous les Tunisiens où qu’ils sont à faire entendre leur voix. N’oublions pas que la fracture sociale a été à l’origine de la révolution.

 

On tente aujourd’hui de briser l’unité de la nation et de provoquer une fracture idéologique pendant que la réalisation des objectifs de la révolution est reléguée au dernier rang des préoccupations ».

 

 

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Les « progressistes » appellent à manifester aujourd’hui en Tunisie


Des appels à manifester aujourd’hui, jour anniversaire de l’indépendance tunisienne, proclamée en 1956 après 75 ans de protectorat français, ont été lancés par plusieurs mouvements et citoyens pour la défense d’une « Tunisie démocratique » et pour rappeler le « caractère civil » de l’État.

 
Le mouvement citoyen Kolna Tounes (Nous sommes tous des Tunisiens) par exemple a appelé à « un grand rassemblement pour réitérer l’attachement au caractère civil de l’État, aux valeurs républicaines, à la démocratie, aux libertés et à l’égalité ». « N’oublions pas que la fracture sociale a été à l’origine de la révolution. On tente aujourd’hui de briser l’unité de la nation et de provoquer une fracture idéologique », ajoute Kolna Tounes, en référence à l’opposition « islamistes » contre « modernistes » qui éclipse tout autre débat depuis des mois en Tunisie.

 

La manifestation des « progressistes » se déroulera cinq jours après celle de milliers de sympathisants islamistes qui ont réclamé vendredi devant l’Assemblée constituante l’inscription de la charia dans la future Constitution tunisienne.

 
Par ailleurs, Hamma Hammami, le chef du Parti communiste des ouvriers tunisiens (PCOT), a estimé hier que le peuple tunisien est inquiet, en mettant en cause « l’incapacité » du pouvoir transitoire à réaliser les objectifs de la révolution. « La Tunisie vit une situation d’immobilité cinq mois après l’élection des membres de l’Assemblée nationale constituante (ANC) et trois mois après la désignation d’un nouveau pouvoir transitoire », a déploré M. Hammami lors d’une conférence de presse. « Au lieu de parler de la démocratie et de la protection des libertés individuelles et publiques, on entend parler de l’identité et de l’application de la charia, la loi islamique, dans la nouvelle Constitution », a-t-il poursuivi. Revenant sur des actes de profanation du Coran et des mosquées survenus la semaine dernière dans le Sud et à Tunis, il a estimé que ces incidents n’avaient qu’un seul but, « diviser les Tunisiens entre musulmans et ennemis de l’islam, alors que le problème de la religion n’a jamais été une pomme de discorde dans la société ».

source lorientlejour

 

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Rassemblement citoyen contre la dérive religieuse  


 

Date : 20 mars 2012

Heure : 11 h

Lieu : Avenue Habib Bourguiba (Tunis)


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soyez au rendez-vous ! 

 

 

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19 mars 2012 1 19 /03 /mars /2012 06:25

Une nouvelle alliance politique voit le jour


Le Parti Communiste des Ouvriers, le Parti Populaire pour la Liberté et le Progrès, le mouvement Bâath, le mouvement des Patriotes Démocrates et le parti de la Lutte Progressiste ont déclaré, lors d'une réunion à la bourse du travail de Tunis, qu'ils forment désormais le front du 14 Janvier.

Notre envoyé sur place, Amira Mohamed nous en dit plus, écoute 

 

Lors de cette même réunion, plusieurs des participants ont appelé au boycott définitif du Mouvement Ennahdha, écoute  

 

Le secrétaire général du mouvement Bâath Othmen Belhaj Amor évoque le règlement intérieur du front et ses principes. écoute 

 

A la fin de la réunion, Jalloul Azzouna a été nommé porte parole de la nouvelle alliance en attendant l'élaboration de son règlement interne, écoute 

source mosaiquefm

 


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الجبهة الشعبية 14 جانفي: ائتلاف جديد يجمع أحزابا يسارية وقومية

الجبهة الشعبية 14 جانفي: ائتلاف جديد يجمع أحزابا يسارية وقومية

 

أعلن اليوم كل من حزب العمال الشيوعي وحركة الوطنيين الديمقراطيين وحزب النضال التقدمي حركة البعث والحزب الشعبي للحرية والتقدم عن تأسيسي ائتلاف جديد يحمل اسم “الجبهة الشعبية 14 جانفي”.

ويأتي هذا الائتلاف الجديد منسجما مع ائتلافات أخرى ضمت أحزاب وسطية وحداثية استعدادا للانتخابات الرئاسية والتشريعية القادمة التي تعقب عمل المجلس الوطني التاسيسي.

واجتمعت الـ5 أحزاب التي تحسب على التيارات اليسارية الراديكالية والتيار القومي العروبي اليوم في مقر بورصة الشغل اين أعلنت انصهارها في ائتلاف موحد لمواجهة الاستحقاقات الانتخابية القادمة.

واكد المتدخلون خلال الندوة ان جبهة 14 جانفي ستعمل على المحافظة على حرية المرأة وعلوية القانون والتصدي للقوى الرجعية الظلامية كما ستطرح بدائل واقعية لمشاكل البطالة والتنمية الجهوية كما ستكرس سلطة الشعب وتتصدى للتدخل الأجنبي.

كما اتهمت الجبهة حركة النهضة بالالتفاف على المسار الثوري عبر مواصلة مسار النظام السابق في فتح البلاد امام القوى الاستعمارية للنهب الاقتصادي. كما أدانت الجبهة تغاضي النهضة عن العنف باسم الدين التي تمارسه الجماعات الدينية.

mepanorama

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19 mars 2012 1 19 /03 /mars /2012 05:51

 
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19 mars 2012 1 19 /03 /mars /2012 04:45

Entretien avec Mustapha Ben Jaafar, Président de l’Assemblée constituante la charia est ouverte à toutes les interprétations et sa prise pour source principale de législation remet en cause les fondements ``séculiers``  de l’État et met par là même en péril l’unité et la stabilité du pays. C’est pourquoi Ben Jaafar  déclare clairement être contre de telle proposition. 


 

 

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La troïka tiendra-t-elle le choc des Salafistes et de la Chariâ? 


Ceux qui ont toujours cru que la ligne de politique générale (sociale, économique et politique intérieure) d’Ennahdha, montre déjà assez clairement ses limites, viennent de recevoir un appui de taille. Cette déclaration de Mustapha Ben Jaafar, rapportée, samedi, par le quotidien Al Maghreb, en administre la preuve. «Devant la situation difficile que vit le pays, les dirigeants sont maintenant prêts à toutes les éventualités, y compris la participation de quelques experts dans le gouvernement». Dite par un des membres de la troïka, l’annonce de cette «situation difficile», prend la nette apparence d’une évidence qui devra nécessairement entraîner des changements, au risque d’imploser le gouvernement Jbali, sans besoin de recourir à un quelconque complot.

La situation difficile, on en retrouve, malheureusement les traces, dans différents endroits de la situation et conjoncture, notamment internes, de la Tunisie d’après le 22 décembre 2011, date de la présentation à la Constituante par Hamadi Jbali de son gouvernement, huit jours après sa désignation au poste de chef de Gouvernement par Moncef Marzouki.


- Situation économique.

Trois mois presque après le verrouillage de tous les postes- clés du gouvernement entre les mains d’Ennahdha, l’économie tunisienne ne tournait toujours pas rond. La balance commerciale est toujours déficitaire, le déficit courant s’élargit, les IDE clopinent et les investisseurs voient d’un mauvais œil la hausse des coûts de production dans la Tunisie révolutionnaire, les ressources se raréfient, les prix sont à la hausse et l’inflation est galopante. L’investisseur local a peur et les politiques ne lui font pas confiance. La production bat de l’aile, fortement chahutée par l’escalade des grèves et la floraison des sit-in. Pas de création de richesses, pas de création d’emplois.

Dire le contraire de tout ceci pourrait certes faire plaisir à Ennahdha, parti et gouvernement, mais ne serait pas du nationalisme. Même s’il n’est pas de celui que prône à tout bout de champ Rached Ghannouchi.


- Paix sociale et sécurité.

La Tunisie est certes désormais loin, en matière de sécurité, de l’état de l’année 2011. On est loin du ministère de l’Intérieur bardé de fils de fer. On est loin des évasions successives de prison et de la recrudescence des braquages et autres. Les forces de l’ordre en Tunisie reprennent progressivement les choses en main, les coups de filets se suivent et les arrestations se multiplient. La menace salafiste armée reste cependant à l’ordre du jour. L’affirmation du ministre, à l’arrestation du groupe de Bir Ali Ben Khalifa, que le but était d’entreposer des armes et la situation libyenne qui ne se clarifie pas encore, n’auguraient de rien de bon pour une sécurisation totale du pays.

D’un autre côté, la paix sociale bat toujours de l’aile. Grèves et sit-in sont toujours de rigueur et les coupures des routes aussi.


- La question, le problème, salafiste.

Les choses semblent cependant prendre un autre tournant, lorsqu’aux deux difficultés majeures (économie et sécurité), étaient venues s’ajouter la question des Salafistes. Cette question avait éclaté au grand jour, par le cas de la Faculté des lettres de La Manouba. Sa tutelle, un ministère dirigé par un Nahdhaoui, réussit à transformer un débat administratif en un grand débat d’idées et ensuite en un véritable conflit idéologique entre laïques et religieux. A l’image des positions, indécises, contradictoires et illogiques du ministre Moncef Ben Salem, celles de son parti Ennahdha à tous ses étages, refusaient de trancher pour ou contre le phénomène salafiste et continuaient de privilégier la voie d’un dialogue que les Salafistes refusent. La bulle salafiste gonfle et enfle, lorsqu’intervinrent les premiers débats de la nouvelle Constitution sur la place de la Chariâ dans cette Constitution. Le refus de tout dialogue se fit ainsi clairement voir. A Tunis, devant la Constituante, les hordes de barbus scandaient leur refus de la démocratie et de la Constitution. A Sfax, et sans que personne ne le remarque, un barbu monte sur le toit de Radio Sfax, brandissant la bannière des Salafistes sur le front de l’immeuble où devait se trouver le drapeau. (On n’a pas vu franchement si ce dernier a été descendu ou s’il n’était déjà pas là). Devant le siège de Radio Sfax, Imams et barbus demandaient que, seule la Chariâ soit la source des lois.

On pourrait naïvement croire, bien sûr, comme pour le cas du sit-in devant la TV Watanya, que ces milliers de personnes n’avaient aucune appartenance politique et n’étaient mûs par aucun agenda de ce type. Il n’en sera pas moins vrai que ces deux manifestations ont été conçues comme un moyen de pression en faveur d’un Etat, non laïque et complètement religieux où la Chariâ fera tourner, seule, tous les rouages de l’Etat, de la société, de la culture, de l’économie, du sport, des loisirs et pourquoi pas des relations des couples, le double langage étant désormais une politique consacrée chez le parti au pouvoir en Tunisie.


- Marzouki et Ben Jaafar d’une seule voix : la laïcité est une ligne rouge.

N’ayant jamais pris clairement ses distance avec les Salafistes, Ennahdha reste, qu’elle le veuille ou non, soupçonnée jusqu’à ce qu’elle donne la preuve du contraire, d’être derrière la pression populaire en faveur de l’islamisation complète de la Tunisie.

Jusqu’à présent, malgré les critiques et les erreurs de communication commises à ne plus en finir par plus d’un membre du gouvernement Jbali, la troïka a pu résister et présenter encore une façade unie. Les trois pouvoirs en place avaient jusque-là su et surtout pu, dépasser les positions et les déclarations des uns et des autres des têtes pensantes de la troïka et rester unis, même devant de grands choix, économiques et sociaux, indécis, toujours des non-dits du gouvernement.

Ce n’est que face au danger salafiste que la façade unie se fissure réellement. En effet, face aux positions indécises d’Ennahdha et son gouvernement qui ne dit mot à ce propos, présidence de la République comme présidence de la Constituante disaient clairement non au courant salafiste et à l’islamisation de la Tunisie

Alors que les dirigeants d’Ennahdha minimisaient à l’envi l’affaire de la profanation du drapeau tunisien et traitent même le profanateur de fou, Moncef Ben Jaafar déclare que «nous somme avec la liberté d’opinion, l’avis et l’avis contraire, mais la tolérance et l’indulgence ont des limites». Il est plus net et tranchant vis-à-vis de la question de la laïcité de l’Etat, lorsqu’il affirme que son parti ne sera jamais d’accord sur l’introduction de la Chariâ dans la Constitution. Des sources proches de Ben Jaafar au sein d’Ettakattol précisent pour Al Maghrib que «cette question est une ligne rouge » et que la coalition avec Ennahdha pourrait se défaire si Ennahdha insiste pour introduire la Chariâ en tant que source principale des lois dans la Constitution.

Moncef Marzouki, le laïque qui pactise avec les islamistes d’Ennahdha, retrouve quand même ses réflexes de laïque pour affirmer que «il ne sera toléré à quiconque d'imposer ses opinions par la violence, de traiter autrui de mécréant et de porter atteinte à tout citoyen tunisien pour ses choix idéologiques ou politiques quels qu'ils soient». La position du président de la République tunisienne, à propos de la Chariâ ne sont certes pas aussi tranchantes que celles du Président de la Constituante. On retiendra quand même cette conversation de Marzouki avec le ministre-président de la Wallonie et de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Rudy Demotte.

«Nous sommes dans une phase intermédiaire, compliquée », a expliqué Moncef Marzouki à l'issue de la rencontre avec Rudy Demotte. «Cependant, je peux vous assurer qu'il existe un consensus au sein des partis de la majorité sur le fait que nous préférerions que la charia ne figure pas dans la constitution. Ce texte doit être basé sur la Déclaration universelle des droits de l'homme", a ajouté le président tunisien». Ira-t-il jusqu’au divorce avec Ennahdha ? Il ne le dit pas encore. La troïka n’en est pas moins actuellement sérieusement menacée. africanmanager

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19 mars 2012 1 19 /03 /mars /2012 04:02

"Inquiétude" de la présidence après des profanations de mosquées

 

La présidence tunisienne a exprimé dimanche sa "consternation" et son "inquiétude" après des actes de profanation dans des mosquées à Ben Guerdane (sud) et Tunis, et a mis en garde contre "des tentatives de semer la discorde et diviser la société".

La présidence "suit avec inquiétude les violations répétées du sacré et des symboles de l'unité et de l'identité nationale", selon une déclaration du porte-parole du chef de l'Etat Moncef Marzouki.

Des corans ont été retrouvés déchirés jeudi dans des mosquées de Ben Guerdane, ville du sud tunisien frontalière avec la Libye, et des oeufs jetés sur les murs. A Tunis, des étoiles de David ont été taguées sur les murs de la mosquée El Fath, d'où partent souvent les manifestations organisées le vendredi par la mouvance salafiste.

La déclaration fait également référence à un incident qui a profondément choqué les Tunisiens début mars, lorsqu'un salafiste a tenté de remplacer le drapeau national par le drapeau noir de l'islam sur le toit de la Faculté des Lettres de la Manouba.

"Ces actes visent à diviser et opposer le peuple sur des questions comme l'identité, la sacralité du drapeau national et le caractère intouchable des symboles du sacré", ajoute la présidence.

Pour sa part, le Parti démocrate progressiste (PDP, opposition), a condamné "le ciblage de lieux saints dans une tentative désespérée d'instiller la sédition dans la communauté nationale".

"La concomitance de ces attaques dans plusieurs endroits du pays témoigne d'une stratégie de certaines mouvances en vue de semer la discorde entre Tunisiens et de les entraîner dans le terrain de la haine et des conflits", ajoute le communiqué du PDP.

Ces événements surviennent dans un contexte tendu en Tunisie, où l'opposition entre les "camps" islamiste et progressiste éclipse désormais toutes les autres questions, en raison notamment de plusieurs incidents violents ces derniers mois liés à des groupes de la mouvance salafiste. maghrebemergent

 

 

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Qui sont les salafistes tunisiens?

Dans cette interview, Samir Amghar*, spécialiste des mouvements islamistes, estime qu’Ennahdha et les salafistes sont rivaux, mais complémentaires. Il y a comme «une division du travail politique implicite entre les deux mouvements».

Propos recueillis par Samir Bouzidi

 

Samir Bouzidi : Les Tunisiens s’expliquent mal l’émergence rapide de la mouvance salafiste dans leur pays en rupture totale avec leur tradition religieuse. Les salafistes tunisiens étaient-ils constitués sous Ben Ali ? En Egypte ou en Libye, les salafistes étaient aux premiers rangs dans les affrontements, comment expliquez-vous la discrétion des salafistes tunisiens pendant la révolution tunisienne ?


Samir Amghar :La mouvance salafiste était implantée sous Ben Ali. Elle est le fruit du retour de diplômés tunisiens partis en Arabie saoudite, étudier dans les universités islamiques. Ils ont connu un développement important, produit du succès des chaînes satellitaires salafistes très appréciées des Tunisiens. Elle était tolérée par le régime car elle développait auprès des Tunisiens un discours strictement religieux et très critique à l’égard des islamistes d’Ennahdha. Cependant, les salafistes tunisiens ont vécu le départ de Ben Ali comme une véritable délivrance. Ils sont restés très prudents car ils n’étaient pas du tout organisés et craignaient un échec de la révolution et une répression du régime.

De nombreux responsables salafistes à travers le monde ont salué cette révolution. Selon le chercheur Romain Caillet, «le courant salafiste jihadiste, qui prône ouvertement la lutte contre l’Occident et tous les régimes arabes, a tenté pour sa part de s’approprier cette révolution : Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) l’a saluée, tandis qu’Abū Basīr at-Tartūsī, prédicateur jihadiste installé à Londres, l’a qualifiée d’«Intifada populaire islamique».


La montée en puissance rapide et régulière des salafistes depuis le 14 janvier traduit une organisation et des moyens notoires. Que savez-vous sur leur mode de fonctionnement (leaders, associations, lieux de rassemblement, etc.) et leurs sources de financement ? En particulier, l’Arabie Saoudite qui a financé publiquement le développement des réseaux salafistes en Europe dans les années 90 soutient-elle les salafistes tunisiens ? Est-il envisageable qu’ils soient financés par des forces contre-révolutionnaires qui auraient un intérêt au chaos ?


Ils ne sont pas organisés en partis politiques mais en associations religieuses et de bienfaisance. Ils contrôlent un certain nombre de mosquées dont la grande mosquée de Msaken près de Sousse. Ils bénéficient du soutien de certains théologiens saoudiens qui se rendent en Tunisie pour y donner des conférences. C’est le cas, par exemple, de Muhammad Mûssa Sharîf, qui est venu dans la mosquée de Msaken.


 
Samir Amghar et son dernier ouvrage


Je ne sais rien du financement éventuel des salafistes en provenance de l’Arabie saoudite. Les réseaux sont opaques et il est difficile d’avoir des informations sur le sujet. Toujours est-il que l’Arabie saoudite a vu dans un premier temps d’un mauvais œil les événements en Tunisie avant de rattraper le train en marche pour «contrôler» celle-ci via les prédicateurs salafistes. L’objectif pour l’Arabie saoudite n’est pas de ralentir le processus de démocratisation mais plutôt de disposer de relais pro-saoudiens en Tunisie afin de défendre les intérêts stratégiques du royaume des Al Saoud. N’oublions pas que l’Arabie saoudite aspire à devenir une puissance politique dans la région d’autant plus que se joue entre ce pays et l’Iran une guerre froide.


Dans votre livre ‘‘Le salafisme d’aujourd’hui’’, vous avez identifié trois principaux courants chez les salafistes : les quiétistes (synonyme : passifs), les politiques et les jihadistes.  Où situez-vous les salafistes tunisiens ? Quelles sont leurs caractéristiques principales et discriminantes ?


Il semblerait que les salafistes quiétistes soient complètement débordés par les deux autres tendances (politique et jihadiste) parce que les quiétistes s’opposent à toute politisation de l’islam et à toute opposition au régime. Il y a en Tunisie une volonté d’organiser la mouvance salafiste en parti politique à la manière du parti Al-Nour en Egypte, d’autant plus que l’exemple de l’Egypte et le succès électoral des salafistes dans ce pays inspirent de nombreux salafistes en Tunisie.

Le but de cette tendance est de créer in fine un Etat et une société conformes aux préceptes coraniques. Quant à la tendance jihadiste, ultra-minoritaire, elle use de l’agit-prop et de la violence politique afin de faire pression sur le gouvernement pour une plus grande islamisation de la société.

 

La mouvance tunisienne est-elle susceptible d’avoir noué des connexions internationales (Algérie, France…) ? En particulier, les Tunisiens étant bien représentés dans les réseaux salafistes en Europe (France et Italie notamment), avez-vous identifié des mécanismes d’ influence (et de support) entre leurs cellules et  la Tunisie ?


Beaucoup de prédicateurs salafistes actifs actuellement en Tunisie étaient auparavant réfugiés en Europe et notamment en France. C’est le cas de Béchir Ben Hassan, Khemais Mejri ou encore Abou Ayoub Attounoussi. Certains avaient fréquenté les milieux jihadistes du Londonistan en Grande-Bretagne. Tandis que d’autres ont longtemps vécu dans la péninsule arabique et entretiennent de bonnes relations avec certains théologiens de cette région du monde.


Neutralisation des mosquées, actions punitives dans les universités et contre les médias, invitation de prêcheurs étrangers controversés, profanation du drapeau…, les coups de force des salafistes se multiplient depuis 1 an avec un sentiment général de clémence voire d’impunité de la part du gouvernement. L’hypothèse d’une répartition des rôles avec Ennahdha : le terrain pour les salafistes et l’action politique pour Ennahdha est elle plausible ? Une telle alliance contre nature entre deux courants rivaux est-elle pérenne ?


Je ne pense pas qu’Ennahdha et les salafistes sont rivaux. Ils agissent sur des terrains différents. A ce titre, ils sont complémentaires. Il y a à mon sens, une division du travail politique implicite entre Ennahdha et les salafistes. Ces derniers ont des positions qu’Ennahdha ne pourrait pas avoir. Le pari est le suivant pour Ennahdha : si une alliance avec les salafistes a lieu, c’est dans l’objectif de les incorporer et de les mettre sous contrôle.


La stratégie vis-à-vis des salafistes fait l’objet de tiraillements réguliers entre pragmatiques et radicaux au sein d’Ennahdha. Comment Ennahdha en tant que parti de gouvernement peut-il réussir à concilier ce double impératif : rallier une société civile tunisienne majoritairement laïque et consolider sa base électorale très conservatrice ?


La situation pour Ennahdha est très délicate. Le parti islamiste aspire à montrer sa capacité à gérer les affaires politiques avec modération et sans radicalisme afin, par exemple, de ne pas inquiéter les chancelleries occidentales. En cela, il prend comme exemple l’Akp en Turquie, mais en même temps, il y a chez les islamistes tunisiens une tentation identitaire très forte pour satisfaire une base électorale très conservatrice.

L’enjeu est, tout en participant au système politique, de conserver son potentiel mobilisateur et contestataire. Le but est donc d’apparaître comme des forces stabilisatrices, tout en continuant à porter les frustrations politiques et sociales d’une partie de la population tunisienne. D’autant plus qu’en l’absence de programme politique économique et social structuré, les islamistes se positionnent plus facilement sur des questions religieuses. C’est une forme de populisme.


A cela s’ajoute qu’ils subissent des pressions des salafistes dans le domaine religieux. Et Ennahdha est obligé de se rallier sur les positions salafistes pour éviter de se voir dépasser par les salafistes sur le sujet.


Quelle doit-être la stratégie de la société civile pour contrecarrer cette menace de l’extrémisme religieux ?


Il faut rééquilibrer les forces politiques et sociales. Il faut cesser d’avoir une lecture religieuse de la société tunisienne, opposant religieux et laïcs. La situation est beaucoup plus complexe que cela. Si opposition il y a, elle serait entre conservateurs et progressistes. Pour l’instant, le rapport de force est en faveur des conservateurs. De plus, les partis politiques de gauche comme de droite doivent avoir un programme politique, économique et social cohérent.

N’oublions pas que la révolution tunisienne est plus imputable à des revendications économiques et sociales. C’est là, à mon sens que le sort de la Tunisie se jouera plus que sur un débat identitaire et religieux. Les personnes qui ont voté pour Ennahda attendent ce parti sur les questions économiques et sociales. Et les islamistes risquent de voir leur crédibilité politique disparaître s’ils ne respectent pas leurs promesses électorales en matière économique.


Quelle évolution prédisez-vous pour les partis islamiques en Tunisie ?


Difficile à dire. A l’arrivée au pouvoir des islamistes en Tunisie, je pensais qu’ils se social-démocratiseraient, qu’ils deviendraient des partis de gouvernement. Au vu des événements en Tunisie, je serais plus prudent.

Une évolution des islamistes vers la dé-radicalisation politique implique nécessairement que des rapports de forces les amènent à se transformer. Autrement dit, en s’alliant à d’autres organisations politiques non islamistes, ils seront obligés de se transformer. Or, en l’espèce, les partis auxquels ils se sont alliés (Cpr et Ettakatol) ne pèsent pas assez lourd car très divisés. Donc ce contexte, Ennahdha a comme les mains libres.

* Sami Amghar est l’auteur de plusieurs ouvrages, notamment ‘‘Le salafisme d’aujourd’hui’’ et de ‘‘Les islamistes au défi du pouvoir’’ (Ed. Michalon) kapitalis

 

 

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السلفيون ماضون في “أفغنة” تونس و “النهضة” متواطئة لأسباب انتخابية



أعادت «الغارة» التي شنتها عناصر سلفية على كلية الآداب في ضاحية منوبة شمال العاصمة تونس الأسبوع الماضي، إبراز الخطر الذي يشكله السلفيون على التجربة الديموقراطية اليافعة في البلد، بخاصة بعدما نزعوا العلم التونسي عن سطح الكلية ووضعوا مكانه رايتهم ذات اللون الأسود. وأثارت العملية موجة استنكار واسعة اضطرت معها الأحزاب الممالئة لهم إلى انتقادهم علناً. غير أن موقعة منوبة، التي أسفرت عن إصابة ما لا يقل عن خمسة طلاب هاجمتهم عناصر أتت من خارجها، ليست سوى الجزء العائم من جبل الثلج الذي تشكله الحركات الأصولية العنيفة التي تصول في البلد من دون أن تقوى الدولة على ردعها.

منذ الأيام التي تلت انتصار الثورة التونسية غادر مئات العناصر السلفية المرتبطين بتنظيم «القاعدة» أو بفروعها، السجون ليشكلوا جماعات قليلة العدد، إلا أنها لا تتردد في اللجوء إلى استخدام العنف مع مجتمع اعتاد، بحكم مزاجه وتاريخه، على الاعتدال والوسطية.

ويرفض مثقفون كثر تسمية هؤلاء بالسلفيين، بالنظر إلى أن الحركة السلفية التي ظهرت في أواخر القرن التاسع عشر وبواكير القرن العشرين كانت جزءاً من حركة الإصلاح والتنوير القائمة على التغيير السلمي. أما السلفيون الحاليون فأطلقوا العنان لملاحقة السيدات في الشوارع من أجل حملهن على ارتداء الحجاب أو النقاب، وأغاروا على مكتبات لتمزيق كتب وحجب أخرى، مع تهديد اصحابها بحرق المحلات إن لم يمتثلوا. كما غزوا المنتجعات على السواحل صيفاً لطرد النساء وفرض الجلباب على الجميع، وكانت آخر تظاهرة أقامها السلفيون في مدينة سوسة، أحد المنتجعات الرئيسية في البلد، لطرد السياح منها، ما سيدمر قطاعاً كان يُؤمن نحو خُمس إيرادات البلد من العملة الصعبة.

من أفغانستان إلى العراق والجزائر

من الصعب التغافل عن الارتباط بين السلفيين الجهاديين التونسيين وشبكة «القاعدة» الدولية، فأبرز عناصرهم متورطون في هجمات مسلحة، سواء في داخل تونس أم خارجها. ونفذ سلفيون جهاديون تونسيون عمليات انتحارية شهيرة في العراق بعدما كانوا حاضرين أيضا في أفغانستان. وعاد كثير منهم إلى بلدهم بعد الثورة، وهم يتحركون اليوم علناً بمعرفة أجهزة الأمن. وكان الرأي العام عرف بوجودهم عندما جرت أكبر عملية ملاحقة لعناصرهم في أواخر 2006 في أعقاب اكتشاف معسكر تدريب في جبل طبرنق جنوب العاصمة تونس، كان يُديره أسعد ساسي الذي تدرب مع «الجماعة السلفية للدعوة والقتال» الجزائرية، والتي تشكلت منها لاحقاً «القاعدة في بلاد المغرب الإسلامي». وتسلل ساسي مع عناصر مدربة أخرى بينــــها موريتاني إلى تونــــس لتنفـــــيذ عمليات، إلا أن الجيش التونسي اكتشف المعسكــــر وطوقه يوم 23 كانون الأول (ديسمبر) 2006، قبل أن يُقتل ساسي في معارك دارت في مدينة سليمان عند سفوح جبل طبرنق بعد عشرة أيام من المعركة الأولى، وألقي القبض على باقـــــي عناصر المجموعة. ومن ضمن القياديين السلفيين العاملين في تونس اليوم سيف الله بن حسين الذي يتزعم تنظيماً يُعرف بـ «أنصار الشريعة»، وهو تلميذ للأردني أبو قتادة ويُنسب اليه أنه أدار معسكراً لتدريب المغاربيين في أفغانستان قبل اعتقاله وسجنه في تونس.

واستطاع بن حسين وعناصر مجموعة سليمان مغادرة السجن بعد الثورة ليشكلوا مجددا جماعات ضغط ركزت نشاطها في البدء على المناطق الحدودية مع ليبيا لمؤازرة اللاجئين، ومنعت فرقاً موسيقية ومسرحية جاءت للترفيه عنهم من تقديم أي عروض. والأرجح أن السلفيين الجهاديين التونسيين جزء لا يتجزأ من شبكة دولية، فتسمية «أنصار الشريعة» هي نفسها التي يعمل تحت لوائها أيضا السلفيون القاعديون في اليمن. كما أن أسلوب السيطرة على مدن صغيرة وإبعاد السلطات المحلية منها لإعلان تطبيق الشريعة هو نفسه المستخدم في اليمن وتونس على السواء. ولولا تدخل القوى الأمنية لمساندة الأهالي لأحكم السلفيون قبضتهم على مدينتي منزل بورقيبة في العام الماضي وسجنان في مطلع العام الجاري، من أجل تطبيق الحدود. وأظهرت إحدى القنوات التلفزيونية المحلية عناصر سلفية تعتقل مواطناً في مدينة القيروان بعدما اتهمته بالسرقة، وكانت تستجوبه وتحاول إقناعه بالتوبة لما داهمتها قوات الأمن وأخذته منها.

بهذا المعنى يسعى السلفيون المرتبطون بـ«القاعدة» إلى إقامة حكم إسلامي وإن في معقل صغير، أملاً بتوسعة الإمارات لاحقاً. وشكلت «إمارة سجنان» إنذاراً قويا فتح عيون النخب على الخطر الداهم، ما حمل السلطات على التحرك لإنهائها، لكن بعد أيام. ومن الغريب أن تتشابه أخبار اليمن وتونس في باب الإمارات السلفية، على رغم المسافة الكبيرة التي قطعها التونسيون في مجال التحديث منذ القرن التاسع عشر نخبة ومجتمعاً ودولة. وتعكس الأزياء التي يرتديها السلفيون طبيعة المشروع الذي يرومون جر البلد إليه، وهو نموذج حركة «طالبان» الأفغانية. ففي الأشهر الأولى التي أعقبت اطاحة النظام السابق، بدت القمصان البيض واللحى الطويلة في الشوارع التونسية مشهدا آتياً من كهوف التاريخ، فشعر الناس إزاءه بخليط من الاستغراب والاستفزاز. لكن ثمة اليوم تطويعاً للمجتمع تحت عنوان أن هؤلاء يحكمون باسم الله، وهي عملية أبعد من أن تكون سلمية، وما الاعتداء على كلية الآداب في منوبة سوى أحدى تجليات ذلك العنف الوافد على المجتمع من أواسط آسيا.

حسابات انتخابية؟

غير أن السلفيين ليسوا وحدهم في هذه المعركة الرامية الى مسح المكاسب التي حققها المجتمع منذ نحو قرن، عندما انطلقت حركات الإصلاح الاجتماعي فأدخلت الفتاة إلى المدرسة وحررت المرأة من القيود الغريبة عن الاسلام. يدعم السلفيين اليوم كل من «حزب التحرير» الذي لم يحصل على إجازة العمل القانوني، لكنه يتحرك بحرية كاملة، و «جمعية الأمر بالمعروف والنهي عن المنكر» التي شكلها عناصر من حزب «النهضة» الحاكم، والتي قبلت تغيير اسمها إلى «الجمعية الوسطية» لامتصاص موجة الغضب التي أثارها الاعلان عنها. ويبدو التآلف جلياً بين المكونات الثلاثة من خلال وسائل العمل التي تركز في الدرجة الأولى على استخدام المساجد ساحة للتعبئة، وبخاصة بعد صلاة الجمعة، مع أن الحزب الحاكم يردد في خطابه الرسمي أنه ملتزم النأي بأماكن العبادة عن السجالات السياسية. وتدعم التحالف من خلال مواقف قيادة «النهضة» الداعية إلى إجازة «حزب التحرير» والتيار السلفي بدعوى ترويضهما وتوريطهما بمقتضيات العمل الشرعي، وترافع أعضاء بارزين في «النهضة» مثل المؤسسين صادق شورو وحبيب اللوز عن المواقف المتشددة نفسها في المجلس التأسيسي. إلا أن محللين رأوا ان خلف هذا الموقف أهدافاً انتخابية ترمي لجعل التنظيمين ذراعاً طويلة لحزب «النهضة» في الحملة الانتخابية المقبلة، على نمط شبيه بعلاقة الإخوان في مصر بحزب «النور» السلفي. ورأى آخرون أن التودد للسلفيين يرمي الى طمأنة الجناح المتشدد داخل «النهضة» الذي لا تختلف طروحاته عن طروحات السلفيين، والذي التقى معهم في جميع معاركهم وأوصل صوتهم إلى المجلس التأسيسي.

خلط أوراق

وتُعتبر المخاوف التي تبديها النخب التونسية من هذا السيناريو مشروعة، إذ إن التعاطي مع التيار السلفي القائم على العنف بوصفه اجتهاداً من الاجتهادات، يخلط الأوراق ويفتح باب الاحتراب الفكري والاجتماعي على مصراعيه. لا بل إن الأخطر هو أن يُترك من يدعون (ويعملون) لإخضاع المجتمع إلى رؤاهم بقوة السلاح طلقاء، فيُفاجأ المجتمع ومعه أجهزة الأمن بجماعات تُعد لتفجيرات وتخطط لأعمال عنف مستثمرة مناخ الحرية. وهذا ما حصل لدى كشف مجموعة مسلحة في منطقة بئر علي بن خليفة (جنوب) كانت تنقل سلاحاً من ليبيا إلى شمال تونس لتنفيذ عمليات إرهابية، وأثبتت التحقيقات طبقاً لتصريحات وزير الداخلية، أن بعض عناصرها ينتمون الى مجموعة سليمان الذين أخلي سبيلهم بعد الثورة (قُتل منهم اثنان وأسر ثالث خلال الاشتباكات مع قوات الجيش في بئر علي).

لم تكن تلك هي العملية الأولى بعد الثورة، إذ جندل أعضاء من التنظيم ضابطاً سامياً خلال عملية كانت قرية الروحية (شمال) مسرحاً لها في العام الماضي قبل تمكن الجيش من السيطرة عليهم. وما من شك في أن لهذا التنظيم امتداداً اقليمياً في الجزائر، واستطراداً في منطقة الساحل والصحراء، يصله بتنظيم «القاعدة»، وترى الحكومة ان أقوم السبل لمجابهته هو إهداؤه ترخيصاً للعمل الشرعي كي يتخلى عن العنف، مثلما يُفتي بذلك بعض قياديي «النهضة»، ! لقد بدت تونس طيلة القرن الماضي في مقدمة المجتمعات العربية التي تملك مناعة اجتماعية عالية وقدرة على السير الحثيث نحو التحديث، مع المحافظة على مقومات شخصيتها العربية الاسلامية. وإذا ما تغاضى أهلها اليوم عن خطر تفكيك تلك المناعة ومضوا في التساهل مع أيديولوجيات العنف، بدافع الانسياق وراء حسابات انتخابية، سيدفعون البلد إلى نفق الصراعات العقيمة التي عرفها المشرق، ويُفككون التماسك الذي ميزه عن سواه ربما إلى غير رجعة.

عبد الرؤوف المالكي

elwazir

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18 mars 2012 7 18 /03 /mars /2012 08:33
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18 mars 2012 7 18 /03 /mars /2012 07:37
Senoussi, pilier de l'ex-régime libyen de Kadhafi, arrêté en Mauritanie


Pilier du régime libyen déchu de Mouammar Kadhafi dont il était le beau-frère, le colonel Abdallah al-Senoussi, recherché par la Cour pénale internationale (CPI), a été arrêté dans la nuit de vendredi à samedi à l'aéroport de Nouakchott en Mauritanie. (c) Afp

Pilier du régime libyen déchu de Mouammar Kadhafi dont il était le beau-frère, le colonel Abdallah al-Senoussi, recherché par la Cour pénale internationale (CPI), a été arrêté dans la nuit de vendredi à samedi à l'aéroport de Nouakchott en Mauritanie. (c) Afp

Pilier du régime libyen déchu de Mouammar Kadhafi dont il était le beau-frère, le colonel Abdallah al-Senoussi, recherché par la Cour pénale internationale (CPI), a été arrêté dans la nuit de vendredi à samedi à l'aéroport de Nouakchott en Mauritanie.

La Libye a très vite annoncé avoir demandé son extradition, la France qu'elle allait le faire rapidement, mais selon une source policière, la Mauritanie doit enquêter avant de se prononcer sur ces demandes.

Ancien chef des services libyens de renseignements, Senoussi a été arrêté par les services de sécurité mauritaniens au moment où il arrivait de Casablanca par un vol régulier de Royal air Maroc, selon une source sécuritaire mauritanienne, qui a précisé qu'il voyageait avec "un passeport malien falsifié".

Il a été conduit dans les locaux de la sûreté de l'Etat à Nouakchott, selon cette source, mais on ignorait les intentions du gouvernement mauritanien à son égard, en particulier s'il serait livré à la CPI à La Haye, ou extradé en Libye ou en France.

La Mauritanie n'est pas signataire du statut de Rome portant création de la CPI et n'a en théorie pas l'obligation de lui livrer Senoussi.

A Tripoli, le Conseil national de transition (CNT, au pouvoir) a confirmé l'arrestation et fait savoir qu'il avait demandé son extradition, se disant prêt "à le juger lors d'un procès équitable".

La présidence française a également déclaré qu'elle réclamerait "dans les prochaines heures" que lui soit livré l'ex-responsable.

"Abdallah Senoussi fait en effet l'objet d'un mandat d'arrêt international à la suite de sa condamnation par contumace à la réclusion criminelle à perpétuité dans l'affaire de l'attentat terroriste du 19 septembre 1989 contre le vol UTA 772 qui a coûté la vie à 170 personnes, dont 54 Français", a expliqué l'Elysée.

L'association des familles de l'attentat du DC10 d'UTA ont estimé que la France a l'avantage de "l'antériorité" sur la CPI et la Libye, dans sa demande d'extradition.

"Crimes contre l'humanité"

A Nouakchott, une source policière a affirmé que la Mauritanie va devoir, en association avec Interpol, enquêter sur M. Senoussi avant d'examiner les demandes d'extradition, sans préciser le temps que cela prendrait.

Beau-frère de l'ancien "Guide de la révolution" libyenne, Senoussi, un colonel âgé de 62 ans, faisait partie du premier cercle des fidèles entourant Kadhafi. Il a longtemps été chef des renseignements militaires de Libye, l'"un des organes de répression les plus puissants et efficaces du régime", selon la CPI.

Le chef de la diplomatie britannique, William Hague, a salué dans un communiqué l'arrestation de Senoussi, qui "comme tous ceux qui ont pensé pouvoir échapper à la justice, va devoir répondre de ses actes et être jugé" pour ce dont il est accusé.

L'arrestation de Senoussi, selon William Hague, rappelle de nouveau à toutes "les personnes à tous les niveaux, qu'elles doivent penser aux conséquences de leurs actes, soit en ordonnant des attaques contre des civils, soit en les menant ou bien en supprimant la volonté du peuple qui veut un meilleur avenir".

Des sources de sécurité nigérienne et malienne avaient affirmé en octobre 2011 qu'Abdallah al-Senoussi, invisible depuis la chute de Tripoli, en août 2011, était passé du Niger au Mali avec quelques-uns de ses hommes.

Un mois plus tard, en novembre, le nouveau régime libyen avait annoncé son arrestation dans la région de Sabha, dans le sud de la Libye. Mais depuis aucune image de lui n'avait été diffusée.

La CPI avait émis un mandat d'arrêt à son encontre le 27 juin 2011, l'accusant d'avoir, "par l'intermédiaire de l'appareil d'État libyen et des forces de sécurité libyennes", commis "des meurtres et des persécutions de civils constitutifs de crimes contre l'humanité" dès le début de la révolte anti-Kadhafi à la mi-février, en particulier à Tripoli, Benghazi et Misrata.

"Il y a des motifs raisonnables de croire que, du 15 février 2011 au 20 février 2011 au moins, à Benghazi en particulier, la population civile a été victime d'actes inhumains commis par les forces de sécurité sous le commandement d'Abdallah al-Senoussi", ajoutait la CPI dans son mandat d'arrêt.

L'ancien responsable est aussi pointé du doigt dans le massacre de la prison d'Abou Salim, où se trouvaient de nombreux prisonniers politiques, à Tripoli, et où plus d'un millier de prisonniers ont été tués dans une fusillade en 1996.

Abdallah al-Senoussi est resté fidèle à Mouammar Kadhafi jusqu'au bout. Le 21 août 2011, jour de l'entrée des rebelles dans la capitale, il était venu parler aux journalistes étrangers à Tripoli, en accusant "les renseignements occidentaux et l'Otan de travailler côte à côte avec Al-Qaïda pour détruire la Libye".

source tempsreel.nouvelobs

 

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Tripoli a demandé l'extradition d'Abdallah al-Senoussi


Le gouvernement libyen a annoncé samedi qu'il avait demandé à la Mauritanie l'extradition de l'ex-chef des renseignements libyens, Abdallah al-Senoussi, recherché par la Cour pénale internationale (CPI) et arrêté à Nouakchott.

Le porte-parole du gouvernement, Nasser al-Manaa, a indiqué au cours d'une conférence de presse qu'une demande d'extradition avait été envoyée à Nouakchott via Interpol.

Le gouvernement libyen est prêt à recevoir Abdallah al-Senoussi, à le détenir dans une prison libyenne et à le juger lors d'un procès équitable, a-t-il précisé.

M. Manaa a ajouté qu'Abdallah al-Senoussi avait été arrêté alors qu'il était en compagnie d'une autre personne qui pourrait être son fils.

L'arrestation de cet ancien pilier du régime déchu de Mouammar Kadhafi à l'aéroport de Nouakchott, dans la nuit de vendredi à samedi, a été annoncée par une source sécuritaire mauritanienne.

Abdallah al-Senoussi, beau-frère de Mouammar Kadhafi, a été interpellé par les services de sécurité mauritaniens au moment où il arrivait de Casablanca, au Maroc, par un vol régulier, a ajouté cette source en précisant qu'il voyageait avec un passeport malien falsifié.

Le président français Nicolas Sarkozy a annoncé que la France allait demander l'extradition de M. Senoussi, condamné par contumace à la réclusion criminelle à perpétuité dans l'affaire de l'attentat terroriste du 19 septembre 1989 contre le vol UTA 772 (170 morts dont 54 Français).

Le porte-parole du Conseil national de transition (CNT), qui dirige la Libye depuis la chute du régime Kadhafi, a pris note de la demande de la France mais a insisté que M. Senoussi devrait être jugé en Libye pour les crimes commis dans le pays.

Les juges libyens ont la priorité en ce qui concerne le jugement de Senoussi, a-t-il souligné, remerciant les autorités mauritaniennes pour son arrestation.

M. Harizi a dit ne pas avoir de détails sur comment et quand M. Senoussi, qui selon lui semble être en bonne santé, avait quitté la Libye.

La Mauritanie n'est pas signataire du statut de Rome portant création de la CPI et n'a en théorie pas l'obligation de lui livrer Senoussi accusé de crimes contre l'humanité durant la révolte contre Mouammar Kadhafi. Ce dernier est mort après sa capture par les rebelles en octobre 2011.

source romandie

 

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20120317160000.jpg

تساؤلات حول كيفية دخول السنوسي إلى المغرب وإقامة به

اعتقل عبدالله السنوسي، احد اركان نظام معمر القذافي والملاحق من المحكمة الجنائية الدولية ليل الجمعة السبت في مطار نواكشوط بموريتانيا. وافادت مصادر امنية موريتانية ان اجهزة الامن الموريتانية اعتقلت رئيس الاستخبارات العسكرية سابقا لدى وصوله من الدار البيضاء في المغرب على متن رحلة جوية عادية موضحة انه كان يسافر "بجواز سفر مالي مزور".

'لاماب' تنشر الخبر دون الإشارة إلى المغرب

ونشرت وكالة الأنباء الرسمية المغربية الخبر بدون الإشارة إلى أنه كان يوجد في المغرب، مكتفية بالإشارة إلى الرجل البالغ من العمر 62 سنة، صدرت بحقه مذكرة توقيف من قبل المحكمة الجنائية الدولية.

من جهة أخرى قالت مصادر أمنية موريتانية لوكلة فرانس بريس، إنه تم اقتياد السنوسي الى مقر امن الدولة في نواكشوط، ولم يتبين ما الذي تنوي الحكومة الموريتانية ان تفعله به وهل ستسلمه الى مقر المحكمة الجنائية الدولية في لاهاي. فيما طالبت ليبيا وفرنسا بتسليمه لهما.

وافاد بيان من الرئاسة الفرنسية ان "مذكرة توقيف دولية صدرت بحق عبد الله السنوسي بعدما دانته محكمة فرنسية غيابيا بالسجن مدى الحياة في التاسع عشر من سبتمبر 1999 لدوره في اعتداء العاشر من سبتمبر 1989 على طائرة كانت تقوم برحلة يوتا 772، والذي اسفر عن مقتل 170 راكبا منهم 54 فرنسيا".

وقاد العقيد عبد الله السنوسي (62 عاما)، صهر معمر القذافي ومن المخلصين له لمدة طويلة جهاز الاستخبارات العسكرية في ليبيا الذي تعتبره المحكمة الجنائية الدولية "احد اقوى الاجهزة واكثرها فاعلية بين اجهزة القمع في النظام".

وقد اكدت مصادر امنية في النيجر ومالي في اكتوبر 2011 ان عبد الله السنوسي، الذي اختفى منذ سقوط طرابلس في غشت 2011، انتقل الى النيجر ثم مالي مع عدد من رجاله. وبعد شهر من ذلك اعلن النظام الليبي الجديد اعتقاله في منطقة سبها جنوب ليبيا لكن لم تبث له اي صورة من حينها.

وقد اصدرت المحكمة الجنائية الدولية بحق السنوسي مذكرة توقيف في السابع والعشرين من يونيو اكدت فيها انه "من خلال نظام الدولة الليبية وقوات الامن الليبية" ارتكب السنوسي "جرائم ومطاردة بحق مدنيين تشكل تهمة جريمة ضد الانسانية" منذ اندلاع الثورة الليبية منتصف فبراير 2011 وخصوصا في طرابلس وبنغازي ومصراتة.

وقالت المحكمة الجنائية في مذكرة التوقيف "هناك اسباب معقولة تدفع الى الاعتقاد انه من 15 فبراير 2011 حتى 20 فبراير 2011 على الأقل وخصوصا في بنغازي، تعرض المدنيون لأعمال غير انسانية ارتكبتها قوات الامن بقيادة عبدالله السنوسي".

كما اتهم السنوسي بالتورط في مذبحة سجن ابو سليم في طرابلس حيث كان يعتقل العديد من السجناء السياسيين وحيث قتل اكثر من الف منهم بالرصاص سنة 1996.

كيف دخل السنوسي إلى المغرب؟

ويطرح اعتقال السنوسي، في حالة ما إذا تأكد أنه كان يقيم في المغرب الكثير من الأسئلة حول طريقة دخوله إلى المغرب وإقامته فيه والمدة التي أقامها فيه.

وكانت صحيفة ليبية هي "برنيق"، قد كشفت أن مجموعة من المطلوبين لدى السلطات الليبية يوجدون بالأراضي المغربية. وذكر الموقع الالكتروني للصحيفة أن مجموعة من كبار المسؤولين الأمنيين في نظام العقيد القذافي يوجدون في المغرب، ومن بينهم من مازالوا يصدرون أوامرهم الهاتفية للقيام بعمليات تخريبة في ليبيا على حد ما جاء في نفس الموقع.

أسلحة بسفارة ليبيا في الرباط

وكانت مصادر إعلامية قد كشفت في وقت سابق عن أن السلطات الليبية عثرت مؤخرا على كمية من المتفجرات والأسلحة داخل مقر سفارة ليبيا في العاصمة المغربية الرباط، مؤكدة العثور أيضا على سيارة من نوع (بي أم دبليو) مفخخة أمام مبنى السفارة.

وذكر في وقت سابق أن التحقيقات الأولية كشفت عن أن هذه التحركات كان القصد من ورائها اغتيال الملك عبدالله بن عبدالعزيز آل سعود، موضحا أن العناصر التي كانت مكلفة بهذه العملية قادمة من دولة موريتانيا

source lakome

 

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La Libye et la France demandent l'extradition d'al-Senoussi ex-bras droit de Kadhafi
Abdallah al-Senoussi, ancien chef des services de renseignement libyens et beau-frère de Mouammar Kadhafi, arrêté à Nouakchott, dans la nuit du 17 au 18 mars 2012.
Abdallah al-Senoussi, ancien chef des services de renseignement libyens et beau-frère de Mouammar Kadhafi, arrêté à Nouakchott, dans la nuit du 17 au 18 mars 2012.
Reuters

Le colonel Abdallah al-Senoussi, recherché par la CPI, a été arrêté dans la nuit du 17 au 18 mars à l'aéroport de Nouakchott. Al-Senoussi était un pilier de l'ancien régime libyen, beau-frère de Kadhafi et ancien chef des services libyens de renseignement. Une fois l'information connue, plusieurs demandes d'extradition ont été formulées. La Mauritanie peut choisir seule où elle extradera Abdallah al-Senoussi, réclamé à la fois par la France, la Libye et la CPI. De source mauritanienne, l'arrestation de l'ancien chef de services libyen de renseignement, est le fruit de la coopération de plusieurs services.

D’après plusieurs sources diplomatiques, Abdallah Senoussi avait été repéré depuis plusieurs jours. Son arrestation serait le fruit de collaboration entre plusieurs services de renseignement occidentaux et régionaux, et ceux notamment de la France, de la Mauritanie et du Maroc. Le communiqué publié par l’Elysée quelques heures après son interpellation mentionnait qu’elle était « le résultat d’efforts conjoints des autorités françaises et mauritaniennes ».

Toujours de source diplomatique, on apprend que l’ex-chef des renseignements militaires libyens aurait possédé plusieurs passeports dont le faux passeport malien avec lequel il a été arrêté. Ces passeports feraient mention de noms d’emprunt et leur photo montrerait un Abdallah Senoussi que se serait fait pousser la barbe pour masquer son visage.

C’est donc à son arrivée à Nouakchott dans la nuit de vendredi à samedi qu’Abdallah Senoussi a été arrêté. Il voyageait en provenance de Casablanca sur un vol régulier de la Royal Air Maroc prévu d’atterrir à 23H45 . Un membre du personnel de l’aéroport souligne que l’arrestation a été particulièrement discrète. « J’étais sur place, à l’arrivée de l’avion, et je n’ai rien vu. Pas même une présence sécuritaire renforcée », a-t-il déclaré.

Par ailleurs, des sources sécuritaires laissent entendre qu’Abdallah Senoussi ne séjournait pas au Maroc, mais aurait fait plutôt escale en provenance d’un autre pays africain mais elles refusent d’en dire plus sur son éventuel pays de départ.

Abdallah al-Senoussi se trouve pour le moment dans les locaux de la sûreté de l'Etat dans la capitale mauritanienne.

Al-Senoussi, un pilier de l'ancien régime libyen

Fidèle parmi les fidèles, le colonel Senoussi soutiendra jusqu'au bout Mouammar Kadhafi. Proche du Guide libyen depuis les années soixante-dix, il prendra au fil du temps de plus en plus de pouvoir. Véritable patron des services de renseignements Abdallah Senoussi sera l'homme de toutes les basses oeuvres du régime de Tripoli.

Impliqué dans plusieurs attentats, la justice française l'a condamné à la perpétuité par contumace pour son rôle dans l'attentat en 1989 du DC 10 d'UTA qui a couté la vie à 170 personnes, dont 54 Français. Senoussi est d'ailleurs toujours sous le coup d'un mandat d'arrêt émis par la France.

En Libye, il est accusé d'avoir ordonné la fusillade en 1996 de plus d'un millier de détenus de la tristement célèbre prison d'Abou Salim. Aujourd'hui c'est la Cour pénale internationale qui l'accuse de crimes contre l'humanité pour avoir ordonné des meurtres et des persécutions de civils dès le début de l'insurrection contre le régime Kadhafi en février 2011.

Depuis la chute de Tripoli, le colonel Senoussi circulait ces derniers temps entre le Mali et le Niger. Sa cavale semble donc se terminer en Mauritanie. Le gouvernement mauritanien qui n'est pas signataire du traité de Rome livrera t-il Abdallah Senoussi à la CPI ou bien aux Français ou encore aux Libyens qui pourraient vouloir le juger?

On devrait être fixé rapidement sur le sort que Nouakchott va réserver au dernier pilier du régime de feu Mouammar Kadhafi.

La demande d'extradition de la Libye

Hier, le porte-parole du gouvernement libyen a déclaré que tous les efforts nécessaires seraient déployés pour « juger au plus vite » Abdallah Senoussi en Libye-même. Mais dans le climat de fébrilité actuelle, le gouvernement est-il capable de mener à bien un procès aussi sensible ?

Salah Al Manaa, porte-parole du gouvernement libyen déclare que Tripoli « est prêt à accueillir Abdallah Senoussi pour jugement, un jugement équitable. Conforme aux normes internationales et conforme aux critères de la cour pénale internationale. Cette cour s'est exprimée à propos du cas de Seif Al Islam Kadhafi, en faveur d'un jugement en Libye. Nous travaillons pour que le cas de Abdallah Senoussi suive le même chemin ».  

Salah Al Manaa

Porte-parole du gouvernement libyen

Nous demandons à nos frères mauritaniens une réponse rapide afin que le suspect soit jugé pour sa participation à de nombreux crimes. Le peuple libyen souhaite que ce criminel soit jugé le plus vite possible devant la justice de son pays.

18/03/2012 par Aabla Jounaïdi

Il faut rappeler que la Mauritanie n'est pas signataire du statut de Rome portant création de la Cour pénale interntionale, ce qui veut dire qu'elle n'a pas en théorie l'obligation de lui livrer Abdallah al-Senoussi. Amnesty international, l'organisation des droits de l'homme a réagi en affirmant qu'il devait être déféré devant la CPI.

 

La demande l'extradition de la France

Rien ne s'oppose à ce que l'ex-bras droit de Mouammar Kadhafi soit rejugé, mais ce n'est pas sans risque pour le pouvoir français comme l'explique Patrick Haimzadeh, ex-officier de l'armée française et spécialiste de la Libye où il a été en poste comme diplomate.

Patrick Haimzadeh

Ex-officier de l'armée française et spécialiste de la Libye

Paris pourrait récupérer al-Senoussi et le rejuger . Mais l'ex-colonel libyen pourrait faire des révélations embarrassantes pour le pouvoir français.

18/03/2012 par Ghislaine Dupont

Patrick Haimzadeh est l'auteur de l'ouvrage «Au coeur de la Libye de Kadhafi» paru aux Editions Jean-Claude Lattès.

En réclamant que lui soit livré Abdallah al-Senoussi, la présidence française s'appuie sur la condamnation de l'ex-responsable libyen en 1999 par le tribunal de Grande instance de Paris par contumace à la prison à perpétuité dans l'attentat du DC 10 d'UTA en 1989. Cela fait dire alors à Guillaume Denoix de Saint Marc, président de l'association des familles de l'attentat, que dans sa demande d'extradition, la France a l'avantage de « l'antériorité » sur la CPI et la Libye. 

Guillaume Denoix de Saint Marc

Président de l'association des «Familles de l'attentat du DC10 d'UTA»

Nous voulons que Senoussi soit jugé pour répondre de l'ensemble de ses crimes.

 

18/03/2012 par Sylvie Koffi

source rfi.fr

 

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_________________________________________L’Autre Point de Vue

 

Abdallah al-Senoussi, le poker menteur international et l’arrogance française.

Abdallah al-Senoussi

Abdallah al-Senoussi

Il n’y a que les pays africains qui acceptent le diktat insipide des instances dites internationales, mises sur pied pour poursuivre l’esclavage. Le colonel Abdallah al-Senoussi, beau-frère du frère guide Mouammar Kadhafi, et ex dignitaire libyen, recherché par la Cour pénale internationale (CPI), a été arrêté dans la nuit de vendredi à samedi à l’aéroport de Nouakchott en Mauritanie. En provenance du Maroc, il portait sur lui un passeport malien semble-t-il. La Libye et la France demandent son extradition.  

On saura si la Mauritanie est un pays indépendant, dans la mesure où, d’un côté, il n’a pas ratifié le traité de Rome et par conséquent n’a pas l’obligation de livrer al-Senoussi à la CPI; et de l’autre, d’accepter les doléances des renégats libyens et de la France. Cette dernière, qui met en avant le dossier du crash du désert du Ténéré au Niger, veut le beurre, l’argent du beurre et la crémière. Dans un communiqué, l’Elysée stipule:

“Abdallah Senoussi fait en effet l’objet d’un mandat d’arrêt international à la suite de sa condamnation par contumace à la réclusion criminelle à perpétuité dans l’affaire de l’attentat terroriste du 19 septembre 1989 contre le vol UTA 772 qui a coûté la vie à 170 personnes, dont 54 Français”.

Pour rappel, Abdallah al-Senoussi faisait partie de la délégation qui accompagnait Mouammar Kadhafi à Paris en 2007. Où était donc l’Elysée ? Une vaste escroquerie en l’espèce donc, car, le 13 septembre 2003, malgré le fait que l’implication de la Libye est discutable dans ce crash décliné en attentat, il y avait eu un accord. Seif al-Islam, le fils du frère guide Mouammar Kadhafi, alors président de la fondation de bienfaisance Kadhafi, avait révélé la teneur de l’accord entre la Libye et la France. L’accord signé avec la France prévoyait l’abandon de toutes les procédures intentées contre la Libye et ses citoyens (6 citoyens libyens avaient été condamnés par contumace par la justice française pour le crash du DC10 d’UTA) et l’indemnisation à hauteur de 1 millions de dollars par famille. Renverser la table est simplement hypocrite et malsain. Une preuve supplémentaire que ces gens ne respectent rien, d’autant plus qu’il y a une élection à venir. Bien sûr, aucun média ne va rappeler cet épisode. Aucun. 

Renvoyer cet homme en Libye est aussi criminel dans la mesure où, tout le monde sait ce qui se passe sur place. Pire, avec le sang nègre qui coule dans ses veines, mélangé avec celui de la tribu des  kadhafa, on sait le sort qui lui sera réservé avec les fausses accusations à son encontre. Bien sûr, ce n’est pas un saint, et les autres, non plus. 

source allainjules

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18 mars 2012 7 18 /03 /mars /2012 01:13

Le ministère de l'Enseignement supérieur minimise le succès des élections universitaires

 

La polémique continue entre l'Union générale des étudiants de Tunisie (UGET) et l'Union générale Tunisienne des étudiants (UGTE) sur les résultats définitifs des élections des conseils scientifiques.


Le ministère de l'Enseignement supérieur et de la  Recherche scientifique a publié la liste des représentants des étudiants élus sans préciser leur appartenance syndicale ou politique, suscitant une polémique entre l'UGET et l'UGTE. Chacune des deux parties prétend avoir remporté la majorité des voix.

Une source autorisée au ministère a précisé à l'agence TAP que le département n'a pas demandé aux candidats de préciser leurs appartenances dans un souci d'équité entre les organisations estudiantines.

La même source ajoute que le département a rassemblé les résultats en vue d'établir une base de données sur la composition des conseils scientifiques.

Les conseils scientifiques sont composés d'enseignants élus l'été dernier,  des étudiants et de représentants d'organismes économiques et socioculturels.

Rached Kahlaoui, porte-parole officiel du comité de coordination des partisans de l'UGTE a déclaré à la  TAP que l'UGTE s'est présentée dans 99 établissements universitaires et a remporté 152 sièges sur un total de 300 sièges, soit 51,66 pc des voix.

Pour sa part, Ezzeddine Zaatour, secrétaire général de l'UGET affirme la victoire de son organisation qui s'est porté candidate dans 120 établissements universitaires et a obtenu jusqu'à présent 175 sièges, affirme-t-il.

Le ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique précise, dans un communiqué, que 485 étudiants et étudiantes ont été élus, jeudi.

Les étudiants étaient en lice pour les 529 sièges dans les 188 établissements universitaires où se sont déroulés les élections. La  Tunisie 193 établissements d'enseignement supérieur.

Le ministère ajoute que le taux de participation à ces élections avoisine les 20pc. Le taux de participation définitif à ces élections sera communiqué ultérieurement.

Le nombre des sièges vacants s'élève à 44, précise encore le communiqué puisque les élections ont été reportées dans quatre établissements universitaires à savoir l'institut supérieur des sciences appliquées et de la technologie de Mateur, l'école nationale d'architecture et d'urbanisme de Tunis, l'école nationale d'ingénieurs de Sfax et l'institut préparatoire aux études d'ingénieurs de Sfax.

Aucune candidature n'a été présentée dans cinq établissements universitaires à savoir l'institut supérieur de l'animation pour la jeunesse et la culture de Bir El Bey, l'institution supérieur des études appliquées en humanités de Zaghouan, l'école supérieure de l'audiovisuel et de cinéma de Gammarth, l'institut supérieur des sciences infirmières du Kef et l'institut supérieur des études technologiques à Charguia.

Il convient de noter que les étudiants élus pour les conseils scientifiques siègent également aux conseils de discipline.

source businessnews


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الإتحاد العام التونسي للطلبة يطالب وسائل الإعلام بالإعتذار إلى الرّأي العام


بيان صحفي -بيان صحفي - بمناسبة نجاح سير انتخابات المجالس العلميّة في الجامعة التّونسيّة يوجّه الاتّحاد العام التّونسي للطّلبة تهنئة إلى كلّ الطّلبة الفائزين كما يوجّه تحيّة شكر إلى كلّ الأطراف التي ساهمت في إنجاح هذا العرس الدّيمقراطي من إدارة وعملة وطلبة.
ونهنّئ مناضلي ومناضلات الاتّحاد العام التّونسي للطّلبة بالإنجاز التّاريخي الذي حقّقوه بمشاركتهم في هذه المحطّة بمختلف الجامعات والأجزاء بعد غياب عن السّاحة الطّلابية دام أكثر من عقدين .
و على إثر هذا الحدث و تفاعلا مع بعض ما روّجته بعض الصحف ووسائل الإعلام فإنّنا نتوجّه للرّأي العام الطّلابي بما يلي :
- نستنكر المغالطات التّي نشرتها بعض الوسائل الإعلاميّة التّي لم تراعي الضوابط المهنيّة و الموضوعيّة في بحثها عن الخبر و التثبّت منه و نتسائل عن سبب هذه الهجمة الشرسة و المريبة التّي تشنّها بعض الصّحف على الإتّحاد العام التونسي للطّلبة .
- نطالب وسائل الإعلام المعنيّة بالإعتذار إلى الرّأي العام و إلى أنصار الإتّحاد العام التّونسي للطّلبة عن الأخبار الزائفة التّي نشرتها بخصوص نتائج الإنتخابات .
- ندعوا جميع ممثلي الطلبة في المجالس العلميّة من كلا المنظمتين ومن المستقلّين إلى التعاون وتوحيد الصفّ في سبيل خدمة الطالب و الجامعة و الرقيّ بالوضع التعليمي و التربوي .
- ندعوا جميع مناضلي الإتّحاد العام التّونسي للطّلبة و أنصاره إلى مواصلة العمل الحثيث و العطاء في مسار إحياء هيكلهم النّقابي و الإستعداد الجيّد للمؤتمر الخامس .
- نعلن و بشكل رسمي حصول الإتّحاد العام التّونسي للطّلبة على النتائج التّالية :

جامعة تونس المنار 10 مقاعد.
جامعة تونس 10مقعد .

جامعة الزيتونة 5 مقاعد.
جامعة منوبة 09 مقاعد .
جامعة قرطاج 11 مقاعد

 

 

جامعة المنستير 17 مقعد .
جامعة قابس 24 مقعد .
جامعة قفصة 17 مقعد .
جامعة جندوبة 14 مقعد .
جامعة سوسة 21 مقعد
جامعة قيروان 12 مقعد.
معهد الدراسات التكنولوجية برادس 3 مقاعد .
مجموع المقاعد تساوي 153 مقعد أي بنسبة تقارب 32 بالمئة على مستوى الجامعة التونسية .
شارك الإتحاد العام التونسي للطلبة في 99 جزء جامعي أي نافس على ما يقارب281مقعد و بالتالي تكون النسبة حسب المقاعد التي نافسنا عليها 54,4 بالمئة .
هذه النتائج اولية قابلة للتعديل .

عاشت الجامعة التونسية حرة و مستقلة
عاش الإتحاد العام التونسي للطلبة حرا و مناضلا ومستقلا

تنسيقية هيئات انصار الإتحاد العام التونسي للطلبة

 

 

source babnet.net

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17 mars 2012 6 17 /03 /mars /2012 03:18

L'islam politique est une hérésie 

 

Faouzi Skali : Il s’agit là d’une confusion bien malheureuse. A l’origine, l’islamisme s’est développé contre les confréries. Le soufisme a été définitivement désigné par le wahabisme comme un ennemi juré qu’il fallait éradiquer. Les islamistes ont puisé dans ce réservoir idéologique la majeure partie de leurs thèses.

 

On oublie souvent qu’au Maroc, l’offensive des wahabistes ne date pas d’aujourd’hui… Il suffit de lire le Kitab Al Istiqçaâ de l’historien Nassiri pour comprendre la guerre que livre ce mouvement pour détourner le pays de ses fondements culturels et religieux en s’attaquant plus particulièrement au soufisme des confréries. On y apprend qu’au début du 19ème siècle, il y avait eu des soulèvements populaires massifs contre l’incursion du wahabisme. De nombreux maîtres spirituels, comme Moulay Larbi Darkaoui, avaient conduit cette insurrection. C’est dire combien il est inadéquat de confondre, aujourd’hui, islamisme et confréries, extrémisme religieux et soufisme. Je crois qu’il est absolument indispensable à présent de clarifier les choses pour éviter l’amalgame.

 

MHI : C’est très bien, mais des confréries comme celle des Boutchichis ne tirent-elles pas également leur légitimité d’une idéologie bien particulière ?

 

 F.S. : Contrairement aux idées reçues, les cheikhs [3] soufis se sont avant tout souciés de ce que doit être le musulman, de ce qui constitue généralement sa vie spirituelle, des devoirs qui lui incombent, non seulement par rapport à la religion, mais surtout dans ses rapports avec la société. Les guides spirituels ont de tout temps cherché à diriger les gens vers une conception de la religion qui leur permette d’atteindre un état d’élévation spirituelle grâce à leur bonne compréhension.

 

MHI : ne s’agit-il pas alors d’une religion dans la religion ?

 

 F.S. : Dans le Coran, il est dit qu’il n’y a "point de contrainte" dans l’Islam. La religion musulmane n’est en aucun cas le monopole de quiconque. Il est du devoir de chacun d’apprendre sa propre religion convenablement, comme il est de son devoir de la pratiquer autant qu’il le peut. Les extrémistes religieux se réfèrent à une interprétation complètement erronée des principes de l’islam, pour justifier des actes tout à fait arbitraires.

 

MHI : La confrérie des Boutchichis organise régulièrement des rassemblements où sont conviés des milliers de personnes. D’aucuns trouvent ces rassemblements plutôt suspects ?

 

F.S. : Je ne pense pas qu’on puisse provoquer des rassemblements d’une telle ampleur, inciter au déplacement de milliers de personnes qui viennent de partout dans le monde sur la base d’une grossière manipulation. Ces personnes, de grands intellectuels, des savants, des penseurs qui ont pignon sur rue, qui ont une soif spirituelle sincère, choisissent la confrérie qui leur paraît être la plus proche de leurs convictions.

L’idée que la religion ne doit exister qu’en rupture de ban de la société, est une notion dangereuse. La mouvance qui est née contre l’islam traditionnel marocain a développé une idéologie du "pour ou contre", d’où les prêches enflammés et les appels au meurtre. Le soufisme, lui, est étranger à ce débat.

 

MHI : Vous voulez dire que le soufisme n’a pas de réponse au politique ?

 

F.S. : Pour les guides spirituels, le soufisme constitue un cadre d’élévation spirituelle et sociale du musulman. Mais pas question pour eux de prétendre apporter une réponse à toutes les questions. C’est pour cela qu’un penseur musulman aussi illustre que Ghazali disait que le faqih [4] n’a pas à donner de réponse politique. Par son caractère modéré, le soufisme marocain reste fortement impliqué dans le social et la maturité politique, c’est justement de ne pas tout confondre, chaque citoyen a sa propre opinion politique ; mais la politique, c’est un métier et à chacun sa spécialité.

"La religion qui apporte une réponse à toutes les questions" est une hérésie, ce qui correspond à une espèce de délire, à une déconnexion par rapport à la réalité.

 

MHI : Vous voulez dire que les extrémistes religieux sont complètement déconnectés d’avec le réel ?

 

F.S. : Comment définir quelqu’un qui décide de se faire exploser au nom d’une religion qui a pourtant sacralisé la vie ? Dans cet acte, il y a un déni de réalité poussé à son extrême. Le fait est dangereux, puisque la religion n’est plus une voie de réalisation sociale et spirituelle. On rejette l’histoire et le fait de vivre avec son temps, l’évolution pour recréer une religion des origines, dans une espèce de refonte de la religion jusqu’à en faire une véritable pathologie. Il s’agit d’une idéologie déconnectée avec la réalité. Quelqu’un avait trouvé un titre significatif "l’Islamisme est la maladie de l’Islam".

 

MHI : On a souvent tendance à considérer le soufisme dont se réclame la tariqa Boutchichie comme une alternative à l’échec de l’islamisme au Maroc. Qu’en est-il ?

 

F.S. : Les turuq [5], au Maroc comme ailleurs, ne cherchent pas à se placer contre qui que ce soit.

Contrairement aux thèses extrémistes, le soufisme est un hymne à la vie en groupe, il est au cœur de ce projet de société marocain qui a résisté à des siècles de combat contre l’obscurantisme. Les confréries ont été les gardiennes du respect des pluralités culturelles, religieuses ou ethniques avec des règles de vie basées essentiellement sur l’hospitalité, la générosité et la courtoisie.

 

MHI : Pour répondre à l’islamisme, certains préconisent de remiser le religieux dans les placards, pensez-vous qu’il s’agit là d’une réponse appropriée ?

 

F.S. : Le risque est grand de tomber dans un faux débat entre religieux et laïcs, entre musulmans et athées, Si on met le doigt dans cet engrenage, nous sommes alors bons pour vivre le scénario algérien. Parce que, aujourd’hui, le danger, c’est que la frontière entre "islam" et "islamisme" s’estompe et que chaque musulman devienne forcément intolérant et peut même être considéré comme un terroriste potentiel.

Au contraire, on doit pouvoir continuer à s’intéresser aux traditions religieuses, en les abordant, de l’intérieur.

S’attacher aux spécificités de l’islam marocain, avec cette spiritualité bien particulière qu’est le soufisme. Le soufisme mais également la référence au rite malékite qui fait partie de notre identité culturelle et historique. Revaloriser l’islam au lieu de le dénigrer, c’est la meilleure manière de lutter contre l’intégrisme.

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[1] La Voie Soufie ; Traces de Lumières chez Albin Michel, Le Face à Face des Coeurs, Ed. Le Relié,

[2] Nous remercions chaleureusement Maroc Hebdo International et tout particulièrement M. Abdellatif El Azizi, journaliste, pour leur autorisation de reproduire cet entretien initialement paru dans Maroc Hebdo International N¨é560 du 31 mai au 5 juin 2003

[3] NDLR : Maîtres spirituels

[4] NDLR : juriste en droit musulman

[5] NDLR : Voies spirituelles soufies, confrèries

source soufisme

 

__________________________________________________________Point de vue 

Tunisie postrévolutionnaire. Le choc des cultures

 

À l’heure où se joue l’avenir démocratique du monde arabe, les aspirations tunisiennes et arabes de façon générale, sont de deux tendances : un penchant progressiste moderne, et un autre nourri d’une obsessionnelle régression avec le rêve d’un monde soumis à la religion. Laquelle va finalement triompher ? La position des Islamistes au pouvoir les met dans une situation fragile qui démontre d’ores et déjà leur incapacité à diriger des peuples épris de libertés et de démocratie, aspirant à recouvrir les Devoirs Fondamentaux de l'Homme.

Nous assistons à un projet de transformation de la société tunisienne, étonnés, ahuris, scandalisés et choqués par ce qui se passe depuis l’arrivée des Islamistes sur la scène politique.

 Pays moderne, considéré comme la Grèce de l’Afrique du nord, la Tunisie a, et demeure encore le fleuron des acquis fondamentaux quant aux droits de la femme, à l'éducation et à l’ouverture au monde. Aux confluents de l’Europe, de la méditerranée, de l’Orient et de l’Afrique, la Tunisie s’affiche, fidèle à son histoire, une mosaïque des civilisations, un monde où toutes les cultures s’y sont intégrées sans réticences aucunes, parce qu’elles y ont trouvé la chaleur du climat et des peuples qui l’ont habité. C’est mon pays.

 Les Islamistes, toutes tendances confondues, sont des individus dogmatiques, leurs préoccupations majeures : changer les mentalités, opprimer et inférioriser les femmes, instituer la charia, créer une société selon les préceptes coraniques, participer à instaurer un VIème califat, projet d’envergure des régimes islamistes qui se mettent en place en Egypte, en Lybie, au Maroc, au Yémen et sans doute bientôt en Syrie et en Algérie. C’est la course vers l’obscurantisme à qui mieux mieux.

 

 Que voit-on au jour le jour ?

 Les quartiers des villes tunisiennes sont investis de barbus pour la majorité incapables d’une réflexion sérieuse sur la réalité, passionnés par la vie et l’itinéraire d’un prophète dont ils sacralisent l’apport et la pensée, aveuglés par leurs instincts primaires où la femme semble prendre une place de choix, vivant dans un univers où le passé islamique est à la fois leurs présent et futur. Tout se confond en un seul et unique versant. Aucune vision dialectique ou raisonnée de l’histoire, l’unique et perpétuelle histoire qu’ils connaissent est celle de l’Islam. Leur monde s’arrête et commence là, au VIème siècle de J-C, il va jusqu’à la déchéance des Arabes après la chute du Vème califat… leur monde est sans perspectives, immobilisé dans les rêveries d’un retour aux sources d’un Islam fort, belliqueux, illuminé et hégémonique. C’est un rêve de barbarie dont ils font l’exercice au quotidien contre les hommes et les femmes, contre la jeunesse qui aspire à un futur de modernisme, de laïcité, de démocratie, une voie vers un humanisme authentique où les dogmes religieux n’ayant plus de crédibilité, sont relégués à la sphère personnelle, dans les mosquées, loin de la vie citoyenne et même en rupture avec elle. beaucoup d'entre eux sont revenus de l'exil où relâchés des prisons lors de la chute du régime de Ben Ali. 

 Les Islamistes pratiquent une politique complexe de répressions, régressions et obscurantismes. Ils profitent de la démocratie pour s’installer, mais contestent ses pratiques et valorisations, ses substance et réalisations. Bref, leur politique refuse d’admettre ceux qui sont différents, qui ne sont pas Islamistes, qui ne sont pas ou ne se reconnaissent plus dans l’Islam et ceux qui veulent que religion et politique soient séparés. C’est l’image des Rhinocéros courant sur la scène d’Ionesco, où se trame la critique de l’extrémisme fasciste, qui me revient à chaque fois que je réfléchis sur la politique des religieux. Pourquoi, me diriez-vous ? Je réponds d'abord par une phrase : je les ai vus se transformer.

 Je réponds ensuite plus longuement : la mutation culturelle est une idée inconnue chez les Islamistes. Ils ont une vision égocentrique de la culture et de la civilisation arabes. Tout en reconnaissant les autres religions du Livre, ils sont convaincus que l’Islam en est l’apogée, et même une version parfaite du monothéisme. Lorsqu’on lit la Bible, notamment l’Ancien Testament, après avoir bien lu et bien connu le Coran, on se rend compte de l’intertextualité qui relie les deux Livres. La réponse est facile : l’Arabie du VIème siècle comptait beaucoup de tribus chrétiennes et des communautés hébraïques où même certains camarades de Mahomet ont appris à lire et à écrire l’hébreux et l’araméen, langues dominantes à l’époque, l’arabe n’ayant encore aucun système codé et formant des dialectes divers. Ce sont les poètes préislamiques, à travers une tradition orale longue de plusieurs siècles, qui ont déclenché et développé la promotion de la langue arabe. Et il est assez visible, lorsqu’on a découvert toute cette tradition, que même si le Coran est la première prose poétique arabe, il s’inspire largement de la poésie préislamique qui l’a nourri tout autant que les textes religieux hébraïques et chrétiens. Il ne s’agit là d’aucune infériorisation du texte coranique, au contraire, cette brève démonstration vise à le remettre dans son contexte originel et à en montrer les richesses à la fois culturelles, littéraires et historiques. Quant à la question de savoir pourquoi le Coran est en versets et pas en vers, cela est facile je pense, il s’inspire dans sa forme prosaïque de l’Ancien Testament qui est lui aussi en versets. Le Coran ne devait pas se confondre avec la poésie, même les aèdes Quraychites qui ont classé Mahomet parmi les poètes furent massacrés à une époque, pourtant elle y est présente avec force.

On voit donc, contrairement à la vision immuable de l’histoire que proposent les Islamistes, toutes tendances confondues, que les religions ne sont pas le produit d’un esprit statique, mais en mouvement, en changement perpétuel. L’Histoire ne peut pas être ignorée dans le but de servir les ambitions politiques de religieux chevronnés dont le regard, au lieu de se poser sur les hommes qui la font, est constamment dirigé vers le ciel, à la recherche de quelque miracle qui nous tomberait sur la tête pour améliorer nos vies.

Pire encore, nos vies, si elles ne s’améliorent pas, ou peu, ou même jamais, elles ne comptent pas, c’est la vie après la mort qui est meilleure… La vie sur terre est un passage qui même dans la misère, ne doit pas être méconnue, remise en question, nourrie de nos révoltes et nos mécontentements. Elle doit se suffire à elle-même et on doit s’y résigner. Dans une sorte de cercle vicieux, les Islamiques veulent emprisonner les sociétés arabes qui se réveillent enfin, parce qu’elles répugnent et refusent la dictature, toutes les dictatures désuètes, la résignation, toutes les résignations aveugles, le dogme, tous les dogmes précuits.

 La transcendance absolue apparue avec la sémiticité, une des matières fondamentales à côté de lasacralité et de la médiévalité du monothéisme, mettant l’homme en position de faiblesse et de crainte, de fascination et d'obéissance absolue à un Dieu justicier et centre-souverain du monde, ne peut plus fonctionner aujourd’hui en politique et même dans la pensée humaine de façon générale. La souveraineté en politique relève de la monarchie absolue, or les Islamistes viennent s’installer au pouvoir dans des systèmes républicains qu'ils souhaitent transformer en tyrannies nouvelles. Ces républiques veulent acquérir leurs droits les plus fondamentaux et fonder un système juste et cohérent avec les réalités du monde actuel.

C’est là que l’on voit clairement la stratégie politique islamiste, fondée non sur une pragmatique du monde, mais sur la transcendance : l’homme et le monde se trouvent dans une réalité qui ne se définit que comme étant le signe de la réalité divine indivisible et souveraine. Le projet islamiste est donc hégémonique et il ne peut pas en être autrement. Pour ceux qui continuent à prôner un Islam modéré, je dirai qu’aucune religion n’est modérée, car la religion est Passion et la modération ne vient que de la Raison.

À ceux qui veulent tourner définitivement cette page islamiste, je dirai qu’il est fondamental de reléguer les religions à l’espace personnel en les séparant de la vie citoyenne et de la politique.

Il est temps de fonder une éthique nouvelle où l’Homme aura enfin sa place dans l’Univers. agoravox

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